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Kolay gelsin
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Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :  Empty Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :

par Kolay gelsin 14.03.16 14:03
Bonjour à tous,

Jeudi 7 avril prochain à 19 heures la Bibliothèque François VILLON, où je travaille, organisera une soirée spéciale consacrée au système éducatif coréen.

Nous commencerons par la projection du film Les forçats de l'école, diffusé il y a quelques années dans l'émission Envoyé Spécial.

Nous céderons ensuite la parole à Jean-Claude de Crescenzo, Maître de conférences à l’Université de Provence et Directeur de la revue de littérature coréenne Keulmadang, qui nous aidera à mieux comprendre le documentaire en nous apportant sa connaissance fine de l'histoire et de la pensée coréennes.

La fiche de présentation de cet événement, avec notamment les informations pratiques concernant l'accès à notre bibliothèque  se trouve ici : http://quefaire.paris.fr/fiche/138994_education_la_coree_un_modele_a_suivre_projection_et_conference

Cette animation s'inscrit dans le cadre de l'année France-Corée, une opération organisée par l'Institut français et qui consiste en une série d'échanges culturels entre les deux pays pour une durée d'un an.

Pour une présentation de l'année France-Corée, voir ici : http://www.institutfrancais.com/fr/saisons/coree

A titre personnel, j'espère très sincèrement profiter de cette soirée pour rencontrer quelques Néoprofs et, pourquoi pas, échanger, dans le cadre de nos métiers, sur l'avenir des écoles et les bibliothèques.

Comme expliqué dans ma présentation, j'ai été emploi-jeune en école primaire, et j'en garde un vif intérêt pour des questions telles que l'apprentissage de la lecture ou l'influence des écrans sur le développement affectif et intellectuel des enfants (j'en ai deux).

Si vous avez des questions au sujet de cette soirée, n'hésitez pas à me les poser, j'y répondrai avec plaisir.

L'entrée est libre, en espérant vous accueillir nombreux,

Bien à vous,

Jean COLOMBANI
Bibliothèque François Villon
81, boulevard de la Villette - 75010 Paris
Kolay gelsin
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Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :  Empty Re: Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :

par Kolay gelsin 30.03.16 11:29
Bonjour à tous,

Le 7 avril approche et je fais remonter ce sujet, car je serai aux côtés de notre invité pour animer la rencontre.

Si certains d'entre vous se posent des questions au sujet de la Corée et de ses performances éducatives, n'hésitez pas à les poser : je peux tout à fait m'appuyer dessus ce soir-là pour lancer le débat, et nous donnerons la parole ensuite au public.

En espérant voir certains d'entre vous la semaine prochaine Smile
Luigi_B
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Grand Maître

Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :  Empty Re: Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :

par Luigi_B 30.03.16 21:59
Kolay gelsin a écrit:Comme expliqué dans ma présentation, j'ai été emploi-jeune en école primaire, et j'en garde un vif intérêt pour des questions telles que l'apprentissage de la lecture ou l'influence des écrans sur le développement affectif et intellectuel des enfants (j'en ai deux).

A ce sujet, je me cite : il est très amusant de constater à la lecture du dernier rapport PISA sur les pratiques numériques à l'école que les pays les plus performants dans PISA 2012 sont non seulement les pays les plus en pointe des technologies numériques mais également ceux qui intègrent le moins ces mêmes technologies numériques en classe. Un paradoxe que ne formule pas le rapport PISA.

Ainsi 10% des élèves de Shanghai (1er à PISA 2012) naviguent sur Internet à l’école (contre 42% en moyenne dans l’OCDE), 4% des élèves japonais (5e à PISA 2012) travaillent en groupe sur des ordinateurs (contre 23% dans l’OCDE) ou 2% des élèves japonais font leurs devoirs sur un ordinateur de l’école (contre 21% dans l’OCDE), 2% des élèves coréens (4e à PISA 2012) postent leur travail sur le site du collège (contre 12% dans l’OCDE).

Les pays qui obtiennent les meilleures performances sont également ceux où :
- les élèves n’allant jamais sur internet à l’école sont les plus nombreux (50 à 75% dans les cinq meilleurs pays de PISA 2012 contre 36% dans l’OCDE).
- le temps passé chaque jour sur Internet à l’école est le plus faible : « L’utilisation plus fréquente d’Internet chaque jour à l’école est aussi généralement associée à l’obtention de moins bons résultats. »
- les élèves utilisent le moins l’ordinateur à la maison pour le travail scolaire.

On voit même des pays comme la Corée faire machine arrière entre 2009 et 2012, avec une proportion d’élèves utilisant des ordinateurs à l’école – par ordinateur, on entend : ordinateur fixe, portable ou tablette – diminuer d’un tiers. De même pour l’accès à un ordinateur ou à Internet à l’école.

http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/129-ecole-numerique

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par JPhMM 30.03.16 22:05
Merci infiniment pour cette mise au point.

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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke

Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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par Olympias 30.03.16 22:13
On est donc à rebours de collège 2016
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par JPhMM 30.03.16 22:14
Tout le monde pensait que "2016" désignait la date de mise en place, mais non, il s'agit du rang PISA visé.

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par KrilinXV3 30.03.16 22:19
Luigi_B a écrit:
Kolay gelsin a écrit:Comme expliqué dans ma présentation, j'ai été emploi-jeune en école primaire, et j'en garde un vif intérêt pour des questions telles que l'apprentissage de la lecture ou l'influence des écrans sur le développement affectif et intellectuel des enfants (j'en ai deux).

A ce sujet, je me cite : il est très amusant de constater à la lecture du dernier rapport PISA sur les pratiques numériques à l'école que les pays les plus performants dans PISA 2012 sont non seulement les pays les plus en pointe des technologies numériques mais également ceux qui intègrent le moins ces mêmes technologies numériques en classe. Un paradoxe que ne formule pas le rapport PISA.

Ainsi 10% des élèves de Shanghai (1er à PISA 2012) naviguent sur Internet à l’école (contre 42% en moyenne dans l’OCDE), 4% des élèves japonais (5e à PISA 2012) travaillent en groupe sur des ordinateurs (contre 23% dans l’OCDE) ou 2% des élèves japonais font leurs devoirs sur un ordinateur de l’école (contre 21% dans l’OCDE), 2% des élèves coréens (4e à PISA 2012) postent leur travail sur le site du collège (contre 12% dans l’OCDE).

Les pays qui obtiennent les meilleures performances sont également ceux où :
- les élèves n’allant jamais sur internet à l’école sont les plus nombreux (50 à 75% dans les cinq meilleurs pays de PISA 2012 contre 36% dans l’OCDE).
- le temps passé chaque jour sur Internet à l’école est le plus faible : « L’utilisation plus fréquente d’Internet chaque jour à l’école est aussi généralement associée à l’obtention de moins bons résultats. »
- les élèves utilisent le moins l’ordinateur à la maison pour le travail scolaire.

On voit même des pays comme la Corée faire machine arrière entre 2009 et 2012, avec une proportion d’élèves utilisant des ordinateurs à l’école – par ordinateur, on entend : ordinateur fixe, portable ou tablette – diminuer d’un tiers. De même pour l’accès à un ordinateur ou à Internet à l’école.

http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/129-ecole-numerique
+ 1000

L'OMS rappelle régulièrement les méfaits de l'excès d'écrans. Un rapport de l'académie des Sciences; http://www.academie-sciences.fr/fr/Rapports-ouvrages-avis-et-recommandations-de-l-Academie/l-enfant-et-les-ecrans-l-avis.html

Certains ingénieurs de la Silicon Valley ne veulent plus que leurs enfants travaillent avec des ordinateurs: http://www.liberation.fr/societe/2013/02/01/dans-la-silicon-valley-l-ecole-fait-ecran-noir_878754

Après, je pense qu'il y a des applications numériques très formatrices pour certains types de tâches dans certaines matières (en géographie et pas en histoire, par exemple, dans ma discipline). Mais généraliser l'usage du numérique pour des tâches où il n'a pas sa place, en pensant que ça va régler tous les problèmes de climat scolaire, ça relève de la pensée magique. Et j'en aurais bien plus à dire (électoralisme, achat de la "paix sociale", conséquences économiques et environnementales).

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Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :  Empty Re: Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :

par User4312 30.03.16 22:50
Luigi_B a écrit:
Kolay gelsin a écrit:Comme expliqué dans ma présentation, j'ai été emploi-jeune en école primaire, et j'en garde un vif intérêt pour des questions telles que l'apprentissage de la lecture ou l'influence des écrans sur le développement affectif et intellectuel des enfants (j'en ai deux).

A ce sujet, je me cite : il est très amusant de constater à la lecture du dernier rapport PISA sur les pratiques numériques à l'école que les pays les plus performants dans PISA 2012 sont non seulement les pays les plus en pointe des technologies numériques mais également ceux qui intègrent le moins ces mêmes technologies numériques en classe. Un paradoxe que ne formule pas le rapport PISA.

Ainsi 10% des élèves de Shanghai (1er à PISA 2012) naviguent sur Internet à l’école (contre 42% en moyenne dans l’OCDE), 4% des élèves japonais (5e à PISA 2012) travaillent en groupe sur des ordinateurs (contre 23% dans l’OCDE) ou 2% des élèves japonais font leurs devoirs sur un ordinateur de l’école (contre 21% dans l’OCDE), 2% des élèves coréens (4e à PISA 2012) postent leur travail sur le site du collège (contre 12% dans l’OCDE).

Les pays qui obtiennent les meilleures performances sont également ceux où :
- les élèves n’allant jamais sur internet à l’école sont les plus nombreux (50 à 75% dans les cinq meilleurs pays de PISA 2012 contre 36% dans l’OCDE).
- le temps passé chaque jour sur Internet à l’école est le plus faible : « L’utilisation plus fréquente d’Internet chaque jour à l’école est aussi généralement associée à l’obtention de moins bons résultats. »
- les élèves utilisent le moins l’ordinateur à la maison pour le travail scolaire.

On voit même des pays comme la Corée faire machine arrière entre 2009 et 2012, avec une proportion d’élèves utilisant des ordinateurs à l’école – par ordinateur, on entend : ordinateur fixe, portable ou tablette – diminuer d’un tiers. De même pour l’accès à un ordinateur ou à Internet à l’école.

http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/129-ecole-numerique

Je me permets de compléter : les élèves Japonais utilisent très peu les technologies à l'école et pour l'école, mais ils se rattrapent pour les loisirs : pour un lycéen, utilisation de smartphone (internet, jeux etc) d'en moyenne 4 h par jour et 7h par jour pour une lycéenne. La différence ? Les lycéens sont souvent dans des clubs sportifs qui ont très souvent entraînement avant et après l'école, donc ça réduit mécaniquement le temps consacré aux loisirs. L'appli la plus utilisée est LINE (sorte de messagerie instantanée dont on devient esclave car il faut absolument répondre sinon les interlocuteurs se vexent, plus de 60%), des jeux (à la con, style puzzle and dragons ou RPG, plus de 40%), regarder des vidéos (à la con, style youtube garbage 39%).
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par Kolay gelsin 06.04.16 20:46
Bonsoir !

Dernier petit rappel pour notre rencontre qui se déroulera donc demain jeudi 7 avril à 19 heures

Et merci pour vos messages sur ce fil ! Smile

Si vous venez demain, n'hésitez pas à vous faire connaître !

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par Kolay gelsin 12.04.16 22:36
Bonjour à tous,

un dernier message pour vous dire que la soirée a été, à notre modeste niveau, une belle réussite.

D'abord, l'affluence était vraiment tout à fait honorable pour un sujet qui n'était pas facile : une petite trentaine de personnes présentes.

Ensuite le public a été vivement intéressé, d'abord par le documentaire, qui a fait beaucoup réagir et avait effectivement de quoi interloquer, ensuite par l'exposé clair et vivant de notre invité Jean-Claude de Crescenzo, lequel avait préparé un diaporama spécialement pour l'occasion.

J'avais pensé écrire un résumé, mais ce serait encore trop long, alors je vais juste aborder...

QUELQUES UNS DES POINTS LES PLUS MARQUANTS :

- le documentaire a d'entrée annoncé la couleur en ouvrant sur des images chocs d'enfants inscrits par leurs parents dans un camp militaire pour affermir leur volonté et leur sens du devoir.

- pour les journalistes, il s'agissait d'enquêter sur un pays "malade de son éducation" et, objectivement, on ne pouvait pas totalement leur donner tort, surtout lorsqu'on entendait cette mère de famille déclarer froidement que si elle laissait ses enfants dormir plus de 5 heures par nuit, elle compromettait leurs chances d'entrer à l'université.

- de fait, on comprend assez vite ce qui ne va pas : de l'aveu propre des personnes interrogées, la société coréenne est "très compétitive", et la pression des parents sur le système éducatif est énorme.

- L'école publique, en particulier, bien que respectée en tant qu'institution, est jugée notoirement insuffisante pour former les élèves à l'excellence. Que font alors les parents coréens ? Et bien, ils inscrivent leurs enfants à des cours du soir privés en plus des horaires de l'école publique, et ils sont prêts à débourser des sommes folles pour ça.

- Jean-Claude de Crescenzo nous a, par la suite, expliqué que le surendettement des ménages coréens était un grave problème. Mais pourquoi de tels risques financiers ? Parce que le système de protection sociale (retraite, remboursement des soins) est sensiblement inférieur à celui de notre pays et que l'enfant est donc, pour les parents, celui qui aidera à pourvoir à leurs besoins lorsqu'ils cesseront de travailler.

- De façon plus générale, le système éducatif coréen est un reflet fidèle de la société coréenne, mélange de confucianisme et d'ouverture au libéralisme économique. La cellule familiale est ainsi à la fois très stable (les enfants respectent leurs parents) et très éclatée (les parents, accaparés par leur travail, et les enfants se voient finalement très peu).

- Jean-Claude de Crescenzo a insisté en particulier sur le fait que l'éducation avait été pensé dès le départ comme le moteur du développement économique. Le pays investit depuis 50 ans sur la matière grise pour être à la pointe dans le domaine technologique.

- Sur le plan politique, il faut également dire que les Coréens du sud sont viscéralement anti-communistes et que, pour eux, le capitalisme a été une source d'enrichissement considérable et surtout très récente (il faut savoir qu'il y a 50 ans, ce pays était aussi pauvre que le Tchad, et aussi dépourvu en matières premières). Les Coréens ne veulent donc PAS d'un état fort qui empièteraient sur leurs libertés individuelles, et cela explique que leur jugement soit aussi sévère à l'égard des performances de l'école publique : les profs du public sont accusés de faire garderie et de ne pas transmettre le savoir. En Corée, la part du privé dans le système éducatif est de 48 %, contre 21 % en France.

- Un exemple frappant : les journalistes demandent à un responsable d'un cours privé d'anglais florissant ce qu'il pense des enseignants du public. Celui-ci répond que certains de ces professeurs voudraient bien travailler pour lui (il faut dire que la paye est vraiment conséquente), mais qu'il n'en voudrait sous aucun prétexte. "Ils ne font pas travailler leurs élèves, ils sont protégés par l'Etat. Ici, rien ne nous protège" (sous-entendu, si le parent-client n'est pas satisfait, il va voir ailleurs).

EN GUISE DE CONCLUSION :

- La Corée du Sud est un pays converti au libéralisme et excellent élève de l'OCDE. En même temps, c'est un pays qui a été le plus clair de son temps sous domination étrangère et a une conscience aigüe de sa fragilité, ce qui incite la population à consentir à tous les efforts et tous les sacrifices simplement pour survivre.

- Un exemple frappant :  lorsque le pays a subi la récession en 1997 et obtenu un prêt du FMI, les coréens sont allés jusqu'à donner leurs économies, parfois même leurs objets personnels pour aider l'Etat à rembourser l'emprunt, ce qui a été chose faite. Cet épisode incroyable est connu sous le nom de "l'armée vertueuse".

- Autre grande caractéristique de la population : son goût pour les nouvelles technologies. Jean-Claude de Crescenzo nous a expliqué que, par exemple, le Smartphone était, pour les enfants coréens, un objet de consommation courante BIEN AVANT l'entrée au collège.

- Cependant, une frontière très nette existe entre l'usage récréatif et l'usage scolaire. On voit par exemple dans ce fameux camp militaire présenté au début du film, un enfant lire une lettre d'auto-critique où il reconnaît trop regarder la télé et trop passer de temps devant l'ordinateur pour jouer.

- Pourtant, Jean-Claude de Crescenzo insiste bien sur un point : l'école est au service du développement économique et de l'innovation et doit, à ce titre, former des esprits créatifs et innovants. Il faut vraiment le répéter : la Corée, de ce point de vue, est vraiment un élève modèle de l'OCDE pour qui il existe un lien direct entre performance du système éducatif et production de richesses. Le système éducatif coréen se soucie beaucoup plus de compétitivité que d'humanisme : elle se donne pour objectif de produire de la main d'oeuvre super-qualifiée, adaptée aux exigences d'adaptabilité et de réactivité de l'économie moderne.

- Seulement, avant de développer créativité et autonomie, le système coréen met les bouchées doubles et même triples sur tout ce qui concerne les fondamentaux (ce qui explique les excellents classements aux tests PISA)

- Enfin, dernière chose : les cadences infernales auxquelles sont soumises les élèves posent un réel problème de santé publique dont le pays prend conscience peu à peu, mais vraiment lentement (une loi est passée stipulant que les horaires des cours du soir à Seoul ne doivent pas aller au-delà de 22 heures, mais son application est problématique, si j'ai bien compris).

VOILA, C'EST TOUT !

Merci ! Smile
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par Bouboule 12.04.16 23:18
Merci pour ce retour.
Tem-to
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Grand sage

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par Tem-to 13.04.16 9:52
Kolay gelsin a écrit: Le système éducatif coréen se soucie beaucoup plus de compétitivité que d'humanisme. (...)
Les cadences infernales auxquelles sont soumises les élèves posent un réel problème de santé publique dont le pays prend conscience peu à peu, mais vraiment lentement (une loi est passée stipulant que les horaires des cours du soir à Seoul ne doivent pas aller au-delà de 22 heures, mais son application est problématique, si j'ai bien compris).

Le problème est là. A moyen terme, c'est une bombe à retardement qui implosera (dégâts intérieurs) et explosera (dégâts mondialisés). Reste à savoir à quelle échelle. Si notre système à nous ne va pas du tout bien non plus, je ne l'échangerai pas contre cet autre.
Luigi_B
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Grand Maître

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par Luigi_B 13.04.16 16:54
Merci pour ce retour. L'éducation de l'ombre (ie en dehors du système éducatif) concerne tous les pays asiatiques.

Du coup, évaluer les systèmes éducatifs sans en tenir compte (comme fait PISA) est tout simplement absurde.

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par archeboc 13.04.16 21:50

Bon, je regrette énormément de n'avoir pu assister à cette soirée. J'ai une question : si les Coréens ne font pas confiance à leur école publique, pourquoi envoient-ils leurs enfants dans des cours privés le soir, et pas plutôt dans la journée, à la place de l'école publique ? L'école publique est obligatoire ?


Petitfils a écrit:
Kolay gelsin a écrit: Le système éducatif coréen se soucie beaucoup plus de compétitivité que d'humanisme. (...)
Les cadences infernales auxquelles sont soumises les élèves posent un réel problème de santé publique dont le pays prend conscience peu à peu, mais vraiment lentement (une loi est passée stipulant que les horaires des cours du soir à Seoul ne doivent pas aller au-delà de 22 heures, mais son application est problématique, si j'ai bien compris).

Le problème est là. A moyen terme, c'est une bombe à retardement qui implosera (dégâts intérieurs) et explosera (dégâts mondialisés). Reste à savoir à quelle échelle.

Pour s'en faire une idée, représentons-nous la crise à venir du pétrole, provoquant pénurie sur toutes chaînes de production. Représentons-nous avant cela la crise de liquidité qui va frapper les pays les plus endettés, la France sûrement avant la Corée. Représentons-nous la bombe à retardement que représente le bourrage de crâne pratiqué à grande échelle sous perfusion de pétro-dollars dans les madrasa d'une trentaine de pays du globe. Cela permet, je pense, de donner sa juste échelle au déficit de sommeil des jeunes coréens.


Petitfils a écrit:Si notre système à nous ne va pas du tout bien non plus, je ne l'échangerai pas contre cet autre.

Je suppose que lorsque l'Etat, notre employeur, aura fait faillite et ne sera plus capable de nous payer tous les mois, nous sentirons grandir l'envie d'échanger notre place avec le fonctionnaire coréen. D'ici là, que pouvons-nous nous souhaiter, sinon un sommeil tranquille et peuplés de beaux rêves ?
Kolay gelsin
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Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :  Empty Re: Education : la Corée, un modèle à suivre ? Une soirée spéciale à la bibliothèque François VILLON (Paris, 10ème) :

par Kolay gelsin 14.04.16 14:02
archeboc a écrit:
Bon, je regrette énormément de n'avoir pu assister à cette soirée. J'ai une question : si les Coréens ne font pas confiance à leur école publique, pourquoi envoient-ils leurs enfants dans des cours privés le soir, et pas plutôt dans la journée, à la place de l'école publique ? L'école publique est obligatoire ?

Le documentaire n'apporte pas de réponse à cette question. D'ailleurs, il parle très peu de l'école publique finalement. En fait il se concentre sur la vie des parents et des élèves : peu d'acteurs du système éducatif sont interviewés, et parmi eux, un seul enseignant du public.

En y réfléchissant, les critiques de l'école publique qu'on entend dans le film émanent justement des acteurs du privé. C'est-dire s'ils ne sont pas les mieux placés pour être objectifs.

En tout cas, d'après l'historien Pascal Dayez-Burgeon, l'enseignement primaire obligatoire existe depuis 1949 seulement et a fait disparaître l'illettrisme en une décennie seulement . (Histoire de la Corée, des origines à nos jours)

Ce que je pense, c'est que, dans l'esprit des parents, l'école publique remplit son rôle à minima mais ne suffit en aucune façon à garantir à leurs enfants les meilleures places à l'université.

En fait, je crois que même en choisissant une école privée, les parents coréens seraient tentés de compléter malgré tout par des cours du soir, avec à l'esprit l'idée que plus leur enfant travaille, mieux il réussira.

Pour info, je lis actuellement, toujours de Pascal Dayez-Burgeon le livre "Les coréens" qui, pour un petit prix, est une mine d'informations.

Sinon, il est empruntable dans nos bibliothèques, dont vous pouvez consulter le catalogue à l'adresse ci-dessous :

http://b14-sigbermes.apps.paris.fr/medias/medias2.aspx?INSTANCE=exploitation&PORTAL_ID=general_portal.xml
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