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Blablatrice occasionnelle
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classe - Saut de classe pour tous ? Empty Saut de classe pour tous ?

par Blablatrice occasionnelle Dim 9 Oct 2016 - 6:21
J'ai un témoignage issu de mon expérience de parent (je présente mes excuses à la modération) sur lequel je voudrais votre éclairage.

J'ai parlé de saut de classe à la demande des parents, et récemment j'en ai mis un en pratique en primaire. Expérience banale: instit opposée au saut au motif que l'enfant "est comme les autres" (expression gravée dans ma mémoire parce que prononcée sur un ton très agressif), devant notre insistance convocation du psychologue scolaire, QI, l'école cède parce que "précocité". Passage du CE1 vers le CM1.

Après un mois de CM1 verdict de l'intéressé (bon élève au prix d'un effort minimum dans les deux classes): "au CE1 j'étais comme les autres et on s'ennuyait un peu. Au CM1 je suis comme les autres et on s'ennuie un peu. Donc ça ne change rien. Bon c'est peut-être un peu plus intéressant". Je me suis souvenue de l'expression de le l'instit: "comme les autres", interloquée de la retrouver dans la bouche de mon enfant: eh, elle avait raison!

C'est une école publique avec population intellectuellement favorisée, des enfants sans problèmes de discipline, souvent brillants, des parents présents. Beaucoup de gamins pourraient sauter une classe, mais les parents n'en font pas la demande. Certains instits poussent les apprentissages, font de l'enrichissement et de la différenciation, et vont beaucoup plus loin que les programmes. Mais la plupart les respectent à la lettre, rendant inutile voire contre-productif le louable effort de leurs collègues, puisque leurs classes n'en sont alors que plus creuses.

Mon gamin, au départ réticent au saut, ne veut plus retourner au CE2. Mais il y a ses bons copains et ne comprend pas qu'ils ne puissent pas le rejoindre, puisque c'est (un peu) mieux au CM1. Et moi, je ne comprends pas non plus... Face à leurs parents, je suis mal à l'aise, j'ai l'impression d'avoir usé d'une ruse en faisant jouer le test de QI (d'accord, c'était "précoce", mais comme quelqu'un l'a remarqué un fil parallèle, n'est-on pas tous "précoces"? et quelle importance?), parce que je connais le système un peu mieux qu'eux. Je ne regrette pas, mes enfants passent avant mes principes, mais je n'aime pas jouer des coudes pour passer devant. Pourquoi mon enfant aurait-il droit d'apprendre un peu plus que le leur? Et pourquoi est-il obligé de quitter ses copains au passage?

Pourquoi au juste ne propose-t-on pas de saut de classe à tous (ou presque)? Il me semble que dans une école qui a allégé beaucoup ses contenus une majorité d'enfants pourrait apprendre beaucoup, beaucoup plus. Alors plutôt que de dépasser les programmes en flirtant avec l'illégalité au risque quasi-certain de voir tôt ou tard les élèves dont on a ébauché l'éducation retourner douloureusement dans le moule, pourquoi ne pas leur proposer massivement de saut de classe? Il me semble (de mémoire) que dans les années 1950, 20% d'une classe d'âge avait un an d'avance, et l'école ne se portait pas plus mal qu'aujourd'hui, alors qu'ils ne sont que 2%...
anthinéa
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classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par anthinéa Dim 9 Oct 2016 - 6:57
Peut-être parce que certains passages ne sont absolument pas obligatoires et au contraire contre productifs !
Le quotien émotionnel ras les pâquerettes associé à un quotien intellectuel élevé ou juste élevé fait des dégâts absolus. 
Le saut de classe n'est utile que si l'enfant a la maturité pour l'assumer. 
Je parle en connaissance de cause. Mes parents n'ont jamais accepté de me faire sauter des classes et pourtant mon déphasage était positif. 
Je m'explique. J'étais plus mature que mes camarades. J'aurais peut être pu assumer d'être avec des élèves d'un voire de deux ans plus âgés mais ne pas le vivre ne m'a pas traumatisée non plus. 

Maintenant, les psys scolaires ne prennent pas toujours en compte tous les paramètres pour parler de précocité et nous retrouvons, au collège,  des enfants d'un voire de deux ans d'avance qui finalement, ne peuvent les assumer: une immaturité terrible, un manque d'autonomie important, un probleme de rythme et de lourdeur des devoirs, des problèmes de compréhension et de concentration. Et, ils perdent leur avance voire décrochent car se retrouvent en difficulté. 

Le saut de classe n'est nullement la solution miracle ni un Eldorado à atteindre. 

Personnellement, mon fils ne s'ennuie pas mais finit/comprend très vite et puis bavarde ou part dans ses pensées. Maîtresse de cette année veut, encore, le faire tester. J'y tiens pas. Je faisais  l'autruche pour ne pas à devoir prendre cette décision un jour. 

Il est en CM1 et il passera en sixieme avec sa tranche d'âge car c'est ce qu'il veut. Il a vraiment le syndrome du caméléon: être exactement dans la norme, adopter le caractère ou l'attitude du camarade. Le saut de classe ne lui serait pas positif.
Malaga
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Modérateur

classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par Malaga Dim 9 Oct 2016 - 7:10
Le saut de classe pour éviter l'ennui, je n'y crois pas. J'ai moi-même eu un an d'avance (comme beaucoup d'entre nous ici). Lorsque je suis arrivée au CP, la maîtresse a convoqué mes parents au bout de quinze jours pour le demander leur accord et donc me faire passer en CE1, notamment parce que je savais lire. Mes parents qui avaient une grande confiance en l'école ont accepté. Je précise qu'à l'époque (tout début des années 1990), on ne demandait pas de test de QI.

J'ai le souvenir de m'être légèrement ennuyée durant toute mon école primaire. Je m'explique : j'avais le plus souvent fini rapidement les exercices, le travail demandé. Donc je passais pas mal de temps à rêvasser, à m'inventer des histoires a partir des phrases de l'exercice.

La plupart des enfants que je vois en tant que prof et qui ont un an d'avance ont un profil assez similaire. Ils continuent à être plus rapide que leurs camarades, sont souvent parmi les meilleurs de la classe. Et certains peuvent être bavards et agités en classe, d'autres pas. A titre perso, je ne crois pas que cette agitation est liée à une précocité mais plutôt à un caractère et à une éducation donnée par les parents.

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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
anthinéa
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classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par anthinéa Dim 9 Oct 2016 - 7:16
Et bien, moi, justement, je vois beaucoup de -1 ou -2, qui sont vraiment à la ramasse.
Et pour cause. Lorsqu'on regarde le dossier, on voit un bilan très hétérogène.

Le coup des histoires et des rêves, c' était tout moi et mon fils doit être comme cela aussi en classe.
Rabelais
Rabelais
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classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par Rabelais Dim 9 Oct 2016 - 7:17
J'ai mis un peu de temps à comprendre ce que tu voulais suggérer, Blablatrice, mais je vois.
Effectivement, dans nos classes, nous avons toujours un petit groupe ( hélas petit) de bons élèves qui peut s'ennuyer lors de toutes les reprises destinées au reste de la classe.
Malgré les tentatives de différenciation, je conçois leur lassitude.
Ceci dit , l'ennui n'est pas le mal absolu et beaucoup de grandes découvertes et de grands auteurs sont nés de l'ennui , puisqu'il stimule l'imagination.
Bref.
Tu proposes de laisser sauter de classe ce groupe, qui risquerait effectivement de se retrouver en décalage affectif et/ou dans la même situation au niveau supérieur.
Je ne pense pas que ce soit envisageable ou possible.
En revanche, créer un peu moins d'heterogeneite dans les classes pour pouvoir proposer un enseignement réellement différencié et adapté , ça doit être possible.
Arrêter le non- redoublement , aussi.

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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
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lisette83
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classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par lisette83 Dim 9 Oct 2016 - 7:19
Surtout que "sauter" une classe ne présage en rien de la réussite future dans les études, post-bac en particulier.
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lisette83
Érudit

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par lisette83 Dim 9 Oct 2016 - 7:21
Je pense qu'effectivement le plus douloureux est certainement ce que vivent les enfants qui passent au niveau supérieur sans en avoir les acquis.
Une passante
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Expert spécialisé

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par Une passante Dim 9 Oct 2016 - 7:22
Je partage l'avis d'anthinéa, le saut de classe n'apporte finalement que davantage de "nourriture intellectuelle" à l'enfant, plutôt que faire sauter une classe à tous ceux qui seraient demandeurs de cette nourriture, il faudrait la leur fournir ! La question de l'immaturité est essentielle, si elle ne se voit pas tout de suite, elle risque de venir plus tard dans la scolarité. En lycée, on voit régulièrement de ces élèves qui passent finalement à côté de leur adolescence, ils sont encore des "bébés" alors que les autres ont commencé leur apprentissage sentimental. Ce n'est pas le cas pour tous, heureusement, mais comment savoir à l'avance ?
J'ai refusé le saut de classe pour mon fils pour cette raison, et finalement, je vois bien qu'il aurait pu sauter une classe sans problème. Au lieu de cela, il a appris à se "fondre dans le moule", il a toujours un livre sur lui pour patienter quand les autres n'ont pas fini le travail demandé, il sait trouver ailleurs qu'à l'école de quoi assouvir sa curiosité.
L'école ne remplit malheureusement plus son rôle : elle s'adapte aux plus faibles, et oublie d'aider les meilleurs à développer leurs aptitudes, c'est contre cela qu'il faut se battre...
ipomee
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par ipomee Dim 9 Oct 2016 - 8:07
Une passante a écrit:Je partage l'avis d'anthinéa, le saut de classe n'apporte finalement que davantage de "nourriture intellectuelle" à l'enfant, plutôt que faire sauter une classe à tous ceux qui seraient demandeurs de cette nourriture, il faudrait la leur fournir ! La question de l'immaturité est essentielle, si elle ne se voit pas tout de suite, elle risque de venir plus tard dans la scolarité. En lycée, on voit régulièrement de ces élèves qui passent finalement à côté de leur adolescence, ils sont encore des "bébés" alors que les autres ont commencé leur apprentissage sentimental. Ce n'est pas le cas pour tous, heureusement, mais comment savoir à l'avance ?
J'ai refusé le saut de classe pour mon fils pour cette raison, et finalement, je vois bien qu'il aurait pu sauter une classe sans problème. Au lieu de cela, il a appris à se "fondre dans le moule", il a toujours un livre sur lui pour patienter quand les autres n'ont pas fini le travail demandé, il sait trouver ailleurs qu'à l'école de quoi assouvir sa curiosité.
L'école ne remplit malheureusement plus son rôle : elle s'adapte aux plus faibles, et oublie d'aider les meilleurs à développer leurs aptitudes, c'est contre cela qu'il faut se battre...

Entièrement d'accord. J'ajouterai aussi que la culture peut et doit provenir de l'école, quand les parents ne l'apportent pas.
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XIII
Neoprof expérimenté

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par XIII Dim 9 Oct 2016 - 8:26
Mais vous avez oublié de faire de l'enseignement en "barrettes.."?? :lol:

Après les "îlots" les barrettes !

Cisil
Cisil
Habitué du forum

classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par Cisil Dim 9 Oct 2016 - 8:44
anthinéa a écrit:Peut-être parce que certains passages ne sont absolument pas obligatoires et au contraire contre productifs !
Le quotien émotionnel ras les pâquerettes associé à un quotien intellectuel élevé ou juste élevé fait des dégâts absolus. 
Le saut de classe n'est utile que si l'enfant a la maturité pour l'assumer. 
Je parle en connaissance de cause. Mes parents n'ont jamais accepté de me faire sauter des classes et pourtant mon déphasage était positif. 
Je m'explique. J'étais plus mature que mes camarades. J'aurais peut être pu assumer d'être avec des élèves d'un voire de deux ans plus âgés mais ne pas le vivre ne m'a pas traumatisée non plus. 

Maintenant, les psys scolaires ne prennent pas toujours en compte tous les paramètres pour parler de précocité et nous retrouvons, au collège,  des enfants d'un voire de deux ans d'avance qui finalement, ne peuvent les assumer: une immaturité terrible, un manque d'autonomie important, un probleme de rythme et de lourdeur des devoirs, des problèmes de compréhension et de concentration. Et, ils perdent leur avance voire décrochent car se retrouvent en difficulté. 

Le saut de classe n'est nullement la solution miracle ni un Eldorado à atteindre. 

Personnellement, mon fils ne s'ennuie pas mais finit/comprend très vite et puis bavarde ou part dans ses pensées. Maîtresse de cette année veut, encore, le faire tester. J'y tiens pas. Je faisais  l'autruche pour ne pas à devoir prendre cette décision un jour. 

Il est en CM1 et il passera en sixieme avec sa tranche d'âge car c'est ce qu'il veut. Il a vraiment le syndrome du caméléon: être exactement dans la norme, adopter le caractère ou l'attitude du camarade. Le saut de classe ne lui serait pas positif.
+1

Mon fils a été testé en CM1, après suggestion de son instit, qui avait elle-même un enfant précoce et reconnaissait en lui certains signes. Conclusions de la psy : si la précocité était bien confirmée, elle déconseillait vivement le saut de classe, car elle considérait qu'il n'était pas prêt, qu'il lui manquait la "maturité affective et émotionnelle" nécessaire. Comme elle avait vu juste !
On a suivi les conseils de la psy, malgré l'insistance de l'instit, et aujourd'hui, on ne le regrette pas.

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"Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul."  Montaigne.

"When I went to school, they asked me what I wanted to be when I grew up. I wrote down ‘happy’. They told me I didn’t understand the assignment, and I told them they didn’t understand life.”  John Lennon
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Blablatrice occasionnelle
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classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par Blablatrice occasionnelle Dim 9 Oct 2016 - 15:31
Chaque cas est particulier, chaque décision individuelle peut se justifier. Je suis aussi partie de mon expérience de parent mais ce n'est plus ma préoccupation, pour mon enfant la question a été tranchée, je ne m'inquiète pas pour lui, et ce n'est pas le jeu de s'exprimer ici en tant que parent. Je suis donc à la recherche d'arguments rationnels et de statistiques, je ne comprends pas les décisions collectives, que je les trouve injustes pour les autres enfants.

Je réponds à vos arguments exprimés en tant qu'enseignants, que je ne comprends pas.
anthinéa a écrit:Peut-être parce que certains passages ne sont absolument pas obligatoires et au contraire contre productifs !
Le quotien émotionnel ras les pâquerettes associé à un quotien intellectuel élevé ou juste élevé fait des dégâts absolus. 
Le saut de classe n'est utile que si l'enfant a la maturité pour l'assumer. 
Certains enfants ont moins d'empathie que d'autres, et plus de difficulté à lier des amitiés, quel que soit le contexte...

Si l'enfant n'a aucune difficulté d'apprentissage, le problème de  "maturité" se résume à la gestion de sa différence d'âge. S'il y avait 20% de sauteurs comme dans les années 1950, donc environ 5 enfants par classe, cette différence serait bien moindre. L'enfant ne serait plus seul avec sa particularité et pourrait s'il le souhaite fréquenter des camarades de même âge. Mais je ne crois pas que ce soit un si gros problème, il suffit d'observer les enfants en colo: ils se lient certes avec des enfants d'à peu près même âge, mais pas à une année près. D'ailleurs, je crois qu'une étude américaine montre qu'un décalage d'un an n'est pas statistiquement pénalisant pour le relationnel.
Malaga a écrit:Le saut de classe pour éviter l'ennui, je n'y crois pas.
Je ne comprends pas comment on peut écrire ça et croire en l'enseignement qu'on fait: si un gamin peut suivre sans effort après un saut de classe, sans avoir passé ses vacances à rattraper quoi que ce soit, c'est bien qu'il n'avait rien à apprendre dans la classe qu'il a sautée, non? Alors d'accord l'ennui de temps à autre c'est formateur, mais si le gamin peut se passer d'une année entière sans encombre autant dire que l'école ne lui sert à rien.

Certes, il existe des gamins pour qui le saut ne résout pas le problème de l'ennui, mais ils sont relativement peu nombreux, moi je parle de 20%. Et même pour ceux qui sont un peu plus plus "exceptionnels" (par exemple, j'en ai un à la maison dont le QI est dans les top 0,2%) ce n'est pas tout-noir-tout-blanc, on n'apprend pas assez mais quand même un peu plus avec un an d'avance, et on peut tenter un compromis, d'ailleurs, a-t-on vraiment le choix? Donc au final, qu'on parle du top 20% ou du top 0,2% c'est un peu même combat...
anthinéa a écrit:nous retrouvons, au collège,  des enfants d'un voire de deux ans d'avance qui finalement, ne peuvent les assumer: une immaturité terrible, un manque d'autonomie important, un probleme de rythme et de lourdeur des devoirs, des problèmes de compréhension et de concentration. Et, ils perdent leur avance voire décrochent car se retrouvent en difficulté. 
Curieux argument, opposé au précédent. Les statistiques montrent pourtant que les enfants en avance ont en moyenne de meilleurs résultats que les autres. Du moins les statistiques des années 1960, quand il y avait beaucoup plus de sauteurs et que l'exigence scolaire était autrement plus élevée...
anthinéa a écrit:Et bien, moi, justement, je vois beaucoup de -1 ou -2, qui sont vraiment à la ramasse.
Et pour cause. Lorsqu'on regarde le dossier, on voit un bilan très hétérogène.
Evidemment! Souvent le saut est la réponse à un problème, quand le gamin ne va pas bien: réponse bonne ou mauvaise, mais sans doute pas miraculeuse. Ça c'est la conséquence de la pression associative, de parents qui pour obtenir des aménagements ont mis en avant la souffrance parce que les arguments naturels n'étaient pas recevables. Alors certes il existe quelques gamins brillants à problèmes dont personne ne sait très bien ce qu'il faut faire, ils font couler beaucoup d'encre, leur cas est compliqué. Mais c'est une minorité.

Pour moi le vrai problème est la masse de gamins sans souci qui ont le potentiel d'apprendre un peu plus, ou beaucoup plus, et pour lesquels l'école trouve normal de ne rien en faire, sous prétexte qu'ils ne sont pas particulièrement malheureux. Il me semble que beaucoup de gamins pourraient rester excellents élèves dans la classe du dessus, autrement dit n'apprennent pas grand chose là où ils sont, simplement ce ne sont pas eux qui sautent des classes. Un gamin sans problèmes, bien dans ses baskets, qui supporte bien l'ennui parce qu'il a des copains et ne fait pas d'excès de zèle pour être premier de la classe, se fait rarement remarquer. Or c'est à priori un futur citoyen parmi les plus prometteurs, et il serait logique au contraire d'accorder un soin particulier à sa formation... Quel gâchis!

Peu nombreux sont les les parents qui, comme nous, forcent le saut contre l'avis de l'enfant et de l'école, pour les raisons sus-mentionnées. D'ailleurs, il semblerait que les parents-enseignants soient un peu plus nombreux à le faire que les autres. Ce n'est pas bien surprenant, c'est une initiative pédagogique. Mais justement, elle devrait relever de l'école!
Une passante a écrit:Je partage l'avis d'anthinéa, le saut de classe n'apporte finalement que davantage de "nourriture intellectuelle" à l'enfant, plutôt que faire sauter une classe à tous ceux qui seraient demandeurs de cette nourriture, il faudrait la leur fournir !
En théorie la différenciation est la solution optimale. Mais en pratique elle est contre-productive dès qu'elle n'est pas menée de manière cohérente par tous les enseignants jusqu'en terminale, et ça c'est utopique. Il y a des coins où ce n'est pas possible, où c'est trop dur, où il faut s'occuper des plus nécessiteux (même si j'ai du mal à accepter cet ordre de priorités). Mais même là où c'est possible d'enseigner plus, on ne le fait pas toujours non plus!

(Cf l'expérience slecc - d'ailleurs, existe-t-il des études sur le devenir des élèves slecc après leur retour dans le système normal avec quelques années de recul?)
Rabelais a écrit:Effectivement, dans nos classes, nous avons toujours un petit groupe ( hélas petit) de bons élèves qui peut s'ennuyer lors de toutes les reprises destinées au reste de la classe. (...) créer un peu moins d'heterogeneite dans les classes pour pouvoir proposer un enseignement réellement différencié et adapté, ça doit être possible.
C'est la solution "classes de niveaux", qui s'accompagnerait inévitablement d'une sélection sociale. On peut argumenter que de facto, cette sélection existe déjà, mais ça devient un problème politique, c'est donc difficile à mettre en œuvre. Aussi, les opposants aux groupes de niveau argumentent qu'il faut des éléments moteurs dans les classes faibles: argument à mon sens recevable, à condition que ces éléments moteurs utilisent leur moteur...
Une passante a écrit:L'école ne remplit malheureusement plus son rôle : elle s'adapte aux plus faibles, et oublie d'aider les meilleurs à développer leurs aptitudes, c'est contre cela qu'il faut se battre...
C'est le sens de mon intervention! La question est comment. Et je ne comprends pas pourquoi la politique du saut massif, certes imparfaite mais très simple à mettre en place et qui a quand même des qualités, ne trouve pas davantage d'adeptes. Je ne connais aucune étude qui invalide l'expérience plutôt positive des années 1950...
Pat B
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Érudit

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par Pat B Mer 12 Oct 2016 - 18:52
J'aurais pu sauter une ou deux classes, je m'ennuyais (c'est pas grave, je m'occupais à lire ou à écrire des romans). Mes parents ont refusé parce que j'avais mis tant de temps à me faire une ou deux copines qu'ils ne voulaient pas m'en séparer, et ils avaient raison sur ce point. Après, si j'avais sauté une classe, je m'en serais faites d'autres... Et dans mon cas, l'absence de saut de classe n'a strictement rien changé à mes études futures (peut-être donné davantage de temps pour rêver ?).Donc à quoi bon ?

Par contre, je peux témoigner d'un souci pour certains sauts de classe : l'orientation en fin de collège. J'ai cette année en seconde un élève qui a un an d'avance, un peu hyperactif, peut-être un peu à haut potentiel, je ne sais pas, mais surtout absolument pas motivé par les apprentissages scolaires, et qui a une vocation professionnelle passant par un bac pro. Le souci c'est qu'à 14 ans, on lui a refusé car trop jeune (législation du travail, âge pour les stages). Il est donc en seconde, où il s'ennuie à mourir et gêne tout le monde, ne fiche rien et est en échec ; et en fin de seconde, lorsqu'il demandera ce bac pro, il ne sera pas prioritaire (les élèves venant de collège ont une priorité sur ceux venant de seconde, peut-être pour pousser les enfants à choisir leur voie en troisième et ne pas faire une seconde "juste pour voir" ?). Et vu comme il est parti, il n'aura pas son orientation (alors qu'il l'aurait eu en fin de troisième s'il avait eu l'âge). Tout ça parce qu'il a sauté une classe...

Un saut de classe, ça devrait être réservé à un gros décalage (avec une maturité suffisante), et surtout uniquement dans le cas où le jeune a une vraie appétence pour la scolarité. Pas dans le cas d'un gosse qui "bouge beaucoup parce qu'il s'ennuie" alors qu'en réalité il n'a surtout pas de goût prononcé pour le travail intellectuel (et c'est son droit!). Or on voit trop de sauts de classes de ce profil-là, qui soit se trouvent en échec dans le secondaire, soit sont coincés pour leur orientation.
MelanieSLB
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par MelanieSLB Mer 12 Oct 2016 - 20:07
Pat B a écrit:J'aurais pu sauter une ou deux classes, je m'ennuyais (c'est pas grave, je m'occupais à lire ou à écrire des romans). Mes parents ont refusé parce que j'avais mis tant de temps à me faire une ou deux copines qu'ils ne voulaient pas m'en séparer, et ils avaient raison sur ce point. Après, si j'avais sauté une classe, je m'en serais faites d'autres... Et dans mon cas, l'absence de saut de classe n'a strictement rien changé à mes études futures (peut-être donné davantage de temps pour rêver ?).Donc à quoi bon ?

Par contre, je peux témoigner d'un souci pour certains sauts de classe : l'orientation en fin de collège. J'ai cette année en seconde un élève qui a un an d'avance, un peu hyperactif, peut-être un peu à haut potentiel, je ne sais pas, mais surtout absolument pas motivé par les apprentissages scolaires, et qui a une vocation professionnelle passant par un bac pro. Le souci c'est qu'à 14 ans, on lui a refusé car trop jeune (législation du travail, âge pour les stages). Il est donc en seconde, où il s'ennuie à mourir et gêne tout le monde, ne fiche rien et est en échec ; et en fin de seconde, lorsqu'il demandera ce bac pro, il ne sera pas prioritaire (les élèves venant de collège ont une priorité sur ceux venant de seconde, peut-être pour pousser les enfants à choisir leur voie en troisième et ne pas faire une seconde "juste pour voir" ?). Et vu comme il est parti, il n'aura pas son orientation (alors qu'il l'aurait eu en fin de troisième s'il avait eu l'âge). Tout ça parce qu'il a sauté une classe...

Un saut de classe, ça devrait être réservé à un gros décalage (avec une maturité suffisante), et surtout uniquement dans le cas où le jeune a une vraie appétence pour la scolarité. Pas dans le cas d'un gosse qui "bouge beaucoup parce qu'il s'ennuie" alors qu'en réalité il n'a surtout pas de goût prononcé pour le travail intellectuel (et c'est son droit!). Or on voit trop de sauts de classes de  ce profil-là, qui soit se trouvent en échec dans le secondaire, soit sont coincés pour leur orientation.

Pour ce que j'ai mis en gras: on peut tout à fait remettre dans Affelnet les notes de fin de 3e plutôt que celles de 2de, donc ce petit pourra avoir son orientation s'il y a des places.

_________________
La réforme du collège en clair : www.reformeducollege.fr .

Et pour ceux qui voudraient en comprendre quelques fondements idéologiques:
De l’école, Jean-Claude Milner, visionnaire en 1984 (ça ne s'invente pas!) de ce qui nous arrive: "On ne dira pas que les enseignants sont l'appendice inutile d'une institution dangereuse et presque criminelle; on dira seulement qu'ils doivent devenir Autres: animateurs, éducateurs, grands frères, nourrices, etc. La liste est variable. Que, par là, les enseignants cessent d’être ce qu'ils doivent être, c'est encore une fois sortir de la question. On ne dira pas que les enseignants n'ont pas à exister, mais qu'ils ont à exister Autrement. Que cette Autre existence consiste à renoncer à soi-même pour disparaître dans la nuit éducative et s'y frotter, tous corps et tous esprits confondus, avec les partenaires de l'acte éducatif - manutentionnaires, parents, élèves, etc. -, seul un méchant pourrait en prendre ombrage." (page 24)
Dalva
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Vénérable

classe - Saut de classe pour tous ? Empty Re: Saut de classe pour tous ?

par Dalva Mer 12 Oct 2016 - 20:34
J'apporte un témoignage de parent à mon tour, contradictoire avec les réponses apportées à Blablatrice.

Mon fils "n'apprenait rien" en CP et la maîtresse était gênée de devoir toujours lui demander d'attendre, de ne pas lever la main, de le laisser de côté parce qu'il fallait qu'elle donne aussi la parole aux autres. En revanche il apprenait beaucoup tout court, parce qu'il avait la chance d'être dans une classe à triple niveau CP CE1 CE2.
C'était sans doute la même chose en maternelle, où il se faisait remarquer par ses bavardages, jusqu'à ce que la maîtresse d'alors trouve des petits trucs qui l'intéressaient, et qui le faisaient travailler plus.
Parallèlement, j'étais hyper inquiète parce qu'il manifestait depuis l'âge de 4 ans des symptômes quasi-dépressifs et parlait souvent de se donner la mort, disait qu'il était nul, etc. Par ailleurs, il posait des questions effrayantes parce qu'elles nous confrontaient à des limites auxquelles aucune de nos deux filles, avant lui, ne nous avaient confrontés (et pourtant elles ne sont pas bêtes, c'est rien de le dire). Sensibilité extrême ? Côté mystique ? Bref, j'étais inquiète.
On m'a conseillé de le faire tester pour avoir des réponses (allait-il mal parce qu'il était dépressif ou parce qu'il était particulièrement intelligent et confronté à des questions "trop grandes pour lui" ?) (Je résume tout ça, hein.) Le résultat, c'est que la psychologue m'a dit "Il va très bien, cet enfant." et qu'il est plutôt intelligent (pas précoce, d'après le médecin scolaire, parce que la précocité c'est au-dessus de je ne sais plus combien de QI, lui il est "seulement" aux alentours de 130 avec un 146 pour la compréhension verbale, sans doute influencée par le milieu familial (la psychologue dit que pas vraiment, mais il ne faut pas exagérer, on sait bien que le milieu familial joue sur l'acquisition du langage, du vocabulaire et même de la logique, de l'habitude de la réflexion, etc.).

Mon mari insistait depuis deux ans pour qu'on parle d'un saut de classe avec les maîtresses, mais je n'y étais pas favorable, n'ayant pas envie de le rendre encore plus différent des autres. Déjà qu'il avait du mal à se faire des copains, qu'il était souvent pris pour cible... Et, surtout, je le trouvais complètement immature, affectivement pas prêt, je ne pouvais pas l'imaginer un an plus tôt au CP, ça me paraissait inconcevable.

Résultat, c'est la maîtresse de CP qui a proposé le saut de classe. Ça s'est fait très simplement : elle l'a changé de table au milieu de l'année, on a essayé de rattraper ce que les CE1 avaient appris au premier trimestre, et voilà.

Il a donc fait sa rentrée au CE2 en septembre.
Eh bien mon fils ne dit plus qu'il est nul. Il s'est fait des copains. Il est devenu plus autonome. Il va mieux.
Il conserve évidemment son extrême sensibilité, mais on pourra le faire redoubler, rester dans sa tranche d'âge ou sauter des classes, elle sera toujours là. Je ne la mettrai pas sur le compte du saut de classe.
Il ne parle plus de se donner la mort.
Il conserve des peurs et des questions trop grandes pour lui, mais elles prennent moins de place.
Il reste fainéant comme c'est pas permis, mais il a retrouvé le goût de l'école, il est content d'apprendre des choses.

Tout ce qui chez lui pourrait ne pas aller n'est pas résolu, mais en revanche le saut de classe a justement résolu ce qui me faisait craindre le saut de classe, à savoir son immaturité, son mal-être et ses relations avec les autres. Il n'était pas à sa place, tout simplement. Et ne pas être à sa place, ça empêche d'avoir confiance en soi.

Peut-être bien qu'adolescent, paresseux comme il est, il foutra en l'air une année et qu'il redoublera sa seconde, ou sa terminale, ou qu'il plantera sa première année après le bac, ou qu'il se trompera d'orientation. Mais peu importe, je ne me dirai pas pour autant que l'année d'avance aura été "perdue". Parce qu'en attendant, il aura été bien dans ses baskets.

Voilà pour mon verbiage contributif.
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par Dalva Mer 12 Oct 2016 - 20:39
(Et s'il ne fiche pas une année en l'air, ça nous arrangera, ce saut de classe, parce qu'on l'a quand même eu longtemps après les deux premières, et être débarrassée un an plus tôt de toute l'intendance enfantine et adolescente, je ne serai pas contre !)
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par Blablatrice occasionnelle Mer 12 Oct 2016 - 20:57
Pat B a écrit:J'aurais pu sauter une ou deux classes, je m'ennuyais (c'est pas grave, je m'occupais à lire ou à écrire des romans). Mes parents ont refusé parce que j'avais mis tant de temps à me faire une ou deux copines qu'ils ne voulaient pas m'en séparer, et ils avaient raison sur ce point. Après, si j'avais sauté une classe, je m'en serais faites d'autres... Et dans mon cas, l'absence de saut de classe n'a strictement rien changé à mes études futures (peut-être donné davantage de temps pour rêver ?).Donc à quoi bon ?
D'accord, dans ton cas le saut aurait eu moins d'intérêt, mais tu savais rêver et tu étais intellectuellement autonome. C'est rare, combien de jeunes écrivent des romans? Il me semble que beaucoup gagneraient à être plus cadrés...
Pat B a écrit:Par contre, je peux témoigner d'un souci pour certains sauts de classe : l'orientation en fin de collège. J'ai cette année en seconde un élève qui a un an d'avance, un peu hyperactif, peut-être un peu à haut potentiel, je ne sais pas, mais surtout absolument pas motivé par les apprentissages scolaires, et qui a une vocation professionnelle passant par un bac pro. Le souci c'est qu'à 14 ans, on lui a refusé car trop jeune (législation du travail, âge pour les stages). Il est donc en seconde, où il s'ennuie à mourir et gêne tout le monde, ne fiche rien et est en échec ; et en fin de seconde, lorsqu'il demandera ce bac pro, il ne sera pas prioritaire (les élèves venant de collège ont une priorité sur ceux venant de seconde, peut-être pour pousser les enfants à choisir leur voie en troisième et ne pas faire une seconde "juste pour voir" ?). Et vu comme il est parti, il n'aura pas son orientation (alors qu'il l'aurait eu en fin de troisième s'il avait eu l'âge). Tout ça parce qu'il a sauté une classe...
Cet exemple me semble correspondre au cas du saut "parce qu'il y a un problème", et dans ce cas effectivement ça a l'air loupé, mais je pense que c'est un autre débat. Je parle du saut pour gamins sans problèmes particuliers.
Pat B a écrit:Un saut de classe, ça devrait être réservé à un gros décalage (avec une maturité suffisante), et surtout uniquement dans le cas où le jeune a une vraie appétence pour la scolarité.
Concernant le "décalage important": tu parles de décalage avec les autres ou avec les programmes? Parce qu'à mesure que les programmes s'appauvrissent, le décalage augmente...  Il y a une cinquantaine d'années les chantres du surdon ont attiré l'attention sur les problèmes de comportement de jeunes avec facilités, causés par l'ennui: s'ils étaient 2% à l'époque, ils devraient être pas loin de 20% aujourd'hui...

Concernant l' "appétence pour la scolarité": je suis d'accord, c'est un excellent critère, sauf que cette appétence n'est pas tout à fait innée, et justement elle peut dépendre de l'adéquation des contenus. Je pense aussi que c'est en partie un choix éducatif où les parents devraient avoir un mot à dire, on peut vouloir insister plus ou moins sur le scolaire.
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par Blablatrice occasionnelle Mer 12 Oct 2016 - 20:58
Dalva a écrit:J'apporte un témoignage de parent à mon tour, contradictoire avec les réponses apportées à Blablatrice.
Euh, pourquoi contradictoire?
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par Dalva Mer 12 Oct 2016 - 21:06
Parce que beaucoup ont répondu que le saut de classe n'est pas une solution, surtout quand l'enfant ne semble pas être prêt affectivement. Or je témoigne du contraire.
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par Blablatrice occasionnelle Jeu 13 Oct 2016 - 3:05
Au temps pour moi, je ne sais pas lire, j'avais lu "par Blablatrice". Il y a beaucoup de similitudes dans nos expériences, mais dans notre cas le gamin était aussi bien intégré dans sa tranche d'âge. En revanche, j'aurais pu écrire comme toi "paresseux comme il est", sauf que je ne pense pas qu'on soit paresseux de nature, je crains plutôt qu'on le devienne, à force de ne pas être sollicité.
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par Dalva Jeu 13 Oct 2016 - 7:05
Je suis tout à fait d'accord sur ce point.
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par Jane Jeu 13 Oct 2016 - 7:14
Fiston 1er, deux ans d'avance (a sauté classiquement son CE2 et moins ordinairement sa 5e), s'est retrouvé en 4e à 11 ans. Il a servi de punching-ball à des gaillards de plus de 25cm de plus que lui. L'administration du collège a été complaisante, au regard que mon fils ne serait pas "normal" (2 ans d'avance, en effet, pour eux, ce n'était pas "acceptable", alors que les mêmes individus avaient appuyé le saut de 5e).
Alors c'est vrai, il s'ennuyait moins. Mais à quel prix !

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par Dalva Jeu 13 Oct 2016 - 8:53
C'est sûr, Jane, mais j'ai toute une flopée de mômes d'âge normal qui servent eux aussi de punching-ball. Ce n'est pas parce que ton fils est plus jeune, c'est parce que les autres sont des cons. Si on s'arrête à "c'est parce qu'il a deux ans d'avance", qu'est-ce qu'on fait pour tous les autres ?
lene75
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Prophète

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par lene75 Jeu 13 Oct 2016 - 10:08
Une passante a écrit:Je partage l'avis d'anthinéa, le saut de classe n'apporte finalement que davantage de "nourriture intellectuelle" à l'enfant, plutôt que faire sauter une classe à tous ceux qui seraient demandeurs de cette nourriture, il faudrait la leur fournir ! La question de l'immaturité est essentielle, si elle ne se voit pas tout de suite, elle risque de venir plus tard dans la scolarité. En lycée, on voit régulièrement de ces élèves qui passent finalement à côté de leur adolescence, ils sont encore des "bébés" alors que les autres ont commencé leur apprentissage sentimental. Ce n'est pas le cas pour tous, heureusement, mais comment savoir à l'avance ?
J'ai refusé le saut de classe pour mon fils pour cette raison, et finalement, je vois bien qu'il aurait pu sauter une classe sans problème. Au lieu de cela, il a appris à se "fondre dans le moule", il a toujours un livre sur lui pour patienter quand les autres n'ont pas fini le travail demandé, il sait trouver ailleurs qu'à l'école de quoi assouvir sa curiosité.
L'école ne remplit malheureusement plus son rôle : elle s'adapte aux plus faibles, et oublie d'aider les meilleurs à développer leurs aptitudes, c'est contre cela qu'il faut se battre...

Je suis d'accord avec ça. Le pb n'est pas de faire sauter des classes mais de faire quelque chose des journées de classe plutôt que de laisser les enfants s'ennuyer. Je suis d'ailleurs très étonnée de lire que le groupe des enfants pas assez nourris qui s'ennuie est petit, parce que quand je regarde mon entourage familial, les enfants qui ne s'ennuient pas à l'école primaire (jusqu'au dégoût de l'école pour la plupart) et qui ne trouvent pas que ce qui est proposé est trop facile sont minoritaires et sont des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Nous ne sommes pourtant pas une famille de précoces !!! Le résultat, c'est des enfants qui n'aiment pas l'école et qui prennent l'habitude de toujours réussir sans rien faire, ce qui peut être dommageable pour la suite de leurs études parce qu'ils ne sont pas du tout habitués à faire des efforts.
Ma fille qui est au CP est contente, elle ne s'ennuie pas. Mais quand je vois tout ce qu'elle fait en attendant que les autres aient fini, je me dis "quel gâchis !". Enfin, peut-être deviendra-t-elle une grande artiste grâce à ça : j'ai l'impression qu'elle passe plus de temps dans la journée à colorier et à dessiner en attendant les autres qu'à apprendre à lire et à compter Rolling Eyes Elle est pourtant très loin d'être précoce, elle est très bébé pour son âge, je trouve, elle a marché et parlé assez tardivement, etc. Bref, elle n'a pas du tout le profil d'une enfant qui devrait sauter une classe, mais ce qui est fait à l'école est beaucoup trop facile. Et d'après ce qu'elle dit, elle est loin d'être la seule de sa classe dans cette situation.
Et évidemment, tout ça me rappelle mon enfance. Au CP-CE1, ça allait parce que j'avais des maîtresses qui donnaient à "manger" à tout le monde, mais à partir du CE2, j'ai vécu l'enfer tant je m'ennuyais. On passait des journées entières à attendre des élèves qui en plus, pour autant que je pouvais avoir un jugement objectif à cet âge-là, n'avaient à mon avis pas de difficultés particulières mais simplement préféraient s'amuser plutôt que de se mettre au travail. J'étais première de classe sans rien faire. Très bien intégrée. Et je somatisais : migraines régulières (jusqu'à plusieurs fois par semaine), vomissements, au point qu'on a cru que j'avais l’appendicite et qu'on m'a opérée pour rien. Je ne suis pourtant pas du tout précoce et suis en plus du mois de décembre, donc j'étais plutôt jeune par rapport à la moyenne des élèves de ma classe, raison pour laquelle, d'ailleurs, mes parents ne voulaient pas que je saute de classe. En 6e, mes parents ont décidé de me mettre dans un bon collège, le calvaire s'est terminé. Je ne me suis plus jamais ennuyée à l'école, je n'étais pas en décalage, j'étais toujours en tête de classe mais j'avais une sacrée concurrence et devais pas mal travailler pour me maintenir. Je suis sûre que ma scolarité se serait beaucoup moins bien passée si j'avais eu un an de moins. Mon frère au contraire, à qui mes parents avaient accepté de faire sauter une classe parce que lui n'était pas de fin d'année et parce que sinon il mettait trop le bazar dans sa classe, s'est retrouvé élève moyen dans ce même collège, la preuve qu'il n'avait rien d'exceptionnel. Il a finalement décidé de redoubler une classe au lycée parce que ses résultats étaient trop justes pour obtenir une bonne prépa.

La ségrégation sociale est là, je trouve : ce qui nous a "sauvés", mon frère et moi, c'est d'avoir pu aller dans un bon collège (quant à mes autres frères, qui étaient plus intelligents ou en tout cas plus "vifs", plus "rapides", mais aussi beaucoup plus j'm'en-foutistes, ils ont fini par aller dans le privé, seul endroit où on pouvait les forcer à travailler un peu, ce qui n'est pas mieux), ce que tout le monde ne peut pas faire. Je ne trouve pas normal que l'école abandonne ainsi non seulement les élèves qui sont au-dessus du lot, mais aussi ceux qui qui sont simplement bons, voire moyens, laissant à la charge des familles qui le peuvent de trouver un endroit où ils seront laissés un peu moins à l'abandon.

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par Blablatrice occasionnelle Jeu 13 Oct 2016 - 10:38
Lene, je suis entièrement d'accord avec toi. Et depuis le temps où nous étions jeunes ça ne s'est pas arrangé.

Mais justement, une fois ce constat fait, il me semble qu'une question de responsabilité morale se pose à ceux qui participent à ce système. Proposer des sauts de classe n'est sans doute pas optimal, mais je pense qu'actuellement, dans le cadre d'un système qu'on ne peut pas modifier dans l'immédiat, c'est la meilleure solution individuelle pour beaucoup d'enfants. Quitte à ce que certains reperdent un an ensuite (il n'y a pas que redoublement, on peut par exemple faire un échange à l'étranger pour gagner en maturité, etc...).

La perspective individuelle n'est-elle pas la bonne? Si on peut sauver un individu, ne faut-il pas le faire?
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