Enquête sur le moral des personnels de direction

Jul a écrit:Comment expliquer cette récente augmentation du temps de travail des CDE? Et peut-on la quantifier?

La réunionite aiguë les concerne aussi.
On leur demande de plus en plus de rapports.
Les cas à problèmes sont de plus en plus nombreux.
Les normes...
C'est la même tendance que les enseignants (avec moins de possibilités de s'y soustraire ?).
Enfin, j'imagine.

Merci à tous pour vos réponses, et notamment à Gryphe pour sa réponse documentée. Oui, une synthèse du rapport serait très intéressante, à l'occasion.

ça me rappelle quand je bossais en entreprise.

On avait eu un cours d'organisation de notre travail et de gestion du stress (problème assez généralisé dans pas mal de professions et d'entreprises).

En gros le gars nous avait expliqué de ne plus écouter les injonctions diverses et variées.
A mettre en route son cerveau et faire trois tas :
1- ce qui est important (réellement)
2- ce qui est urgent
3- ce qui est important et urgent

Quand tu fais ce tri, tu attaques d'abord la 3/ puis la 1/ et éventuellement la 2/ si il reste du temps (c'est à dire que ce qui est urgent mais pas important passe le plus souvent à la trappe).

ça fonctionne bien quand tu es maître à bord (comme nous les profs le sommes le plus souvent), par contre les personnels de direction font en permanence du 2/ à la place du 1/ pour des raisons diverses liées à l'organisation bureaucratique (la fameuse obéissance aveugle du fonctionnaire), aux règlements, à l'idéologie de l'encadrement (ce qu'on appelle pudiquement des raisons de politique interne),...

C'est pour ça que je les plains.

Le 2- à la place du 1-, c'est aussi beaucoup en raison des affaires de "vie scolaire". Il y a un début de bagarre sans crier gare à la récré et hop !, une heure de perdue (car le CPE n'est pas toujours là pour gérer l'affaire).
Puis un professeur arrive avec un rapport d'incident, et hop !, appel des familles, rendez-vous, mise au point, exclusion temporaire si besoin, communication de la chose aux personnes intéressées et voilà qu'une demi-journée supplémentaire y est passée.
Ceci dit, la partie proprement "administrative" me semble plus lourde qu'il y a quelques années.
Pendant ce temps-là, le planning des conseils de classe est plus qu'au point mort.  

Gryphe a écrit:
Pendant ce temps-là, le planning des conseils de classe est plus qu'au point mort.  

Hooo, quel dommage

N'est-ce pas justement plus important de gérer les bagarres que les conseils de classe ?

Sur le moment, si, mais viendra le moment où des gens vont me dire "c'est quand qu'on aura le planning des conseils ?". D'ailleurs on me l'a déjà demandé.

Gryphe a écrit:Sur le moment, si, mais viendra le moment où des gens vont me dire "c'est quand qu'on aura le planning des conseils ?". D'ailleurs on me l'a déjà demandé.

Ben, la prochaine fois qu'on te le demande, frappe le malotru et déclenche une bagarre, comme ça tu auras une excuse pour reporter la réponse à la question

Ah ça, il y aura toujours des gens pour réclamer plus
En tant que parent (en tant qu'enseignant aussi d'ailleurs), un établissement sans bagarres, ou du moins où elles sont cadrées au mieux, me semble bien préférable à un établissement où les conseils de classes sont systématiquement organisés dans les temps, même si ce second point a une certaine importance.

Bouboule a écrit:

Jul a écrit:Comment expliquer cette récente augmentation du temps de travail des CDE? Et peut-on la quantifier?

La réunionite aiguë les concerne aussi.
On leur demande de plus en plus de rapports.
Les cas à problèmes sont de plus en plus nombreux.
Les normes...
C'est la même tendance que les enseignants (avec moins de possibilités de s'y soustraire ?).
Enfin, j'imagine.

Ca c'est certain pour ce que j'ai souligné. Il est très instructif de lire les très ennuyeux rapports de la FP qui tombent régulièrement, et de humer l'air qui provient des méthodes managériales anglo-saxonnes, de ce qui se passe dans d'autres administrations (où j'étais moi-même).
Le système est un système de défiance perpétuelle, appuyé sur une volonté de réduire les coûts. Donc le manager subit lui aussi le management, et il faut en plus tout écrire, tout formaliser. L'"évaluationnite"  qui frappe tous les métiers depuis la LOLF et la RGPP  procède d'ailleurs de cet état d'esprit, et finit par n'être plus le moyen, mais le but.  La suite, on la connaît : réunions, bilans, paperasses, contrôles, etc.
Et ce système anxiogène génère aussi du zèle de la part de certains, qui anticipent, en font largement plus. Car il est également lié à la compétition, à la course aux places. J'ai connu ce système entre le marteau et l'enclume, mais ce n'était rien à côté de mes chefs de service. Réunions bi-hebdomadaires, statistiques en main, trouillomètre affolé. Quand ils partaient, si on leur mettait une olive là où je pense, ils revenaient avec un litre d'huile...