Professeur agrégé au collège ?

Ascagne a écrit:

Paul Dedalus a écrit:Néanmoins, en tant que débutant, j'insiste sur le grand écart entre théorie et pratique : le moment de l’acquisition du savoir et celui de la capacité à le transmettre correctement de manière claire ne concordent pas nécessairement.

D'autant plus que cette transmission est corrélée à beaucoup d'autres facteurs, parmi lesquels la gestion de classe et le bon déroulement des cours. L'adaptation que tu évoques inclut aussi le rapport aux élèves, au groupe. Et puis, être enseignant du secondaire, cela comprend aussi toute une série d'autres tâches que le cours et les corrections, tâches auxquelles un concours comme l'agrégation externe ne prépare pas, bien entendu.

Oui bien sûr, j'incluais le cadre dans la difficulté soulignée.

Par exemple ça me peine un peu de voir que la plupart des élèves des classes de 1ère et de seconde que j'ai eues en stage cette année n'ont retenu que le fait que je m'étais légèrement trompé sur telle ou telle figure de style, ou que je ne connaissais pas par cœur la versification en poésie, sans être sensibles au fait que je leur proposais des analyses de textes hyper substantielles et solides. De même pour les corrigés de dissertation et l'apport culturel et philosophique.
Bon, certains le sont plus que d'autres quand même, mais ces attentes de technicité (sans contenu) dans l'enseignement, me peinent toujours (et déjà, vu mon peu d'expérience).

Paul Dedalus a écrit:Bon, certains le sont plus que d'autres quand même, mais ces attentes de technicité (sans contenu) dans l'enseignement, me peinent toujours (et déjà, vu mon peu d'expérience).

Les élèves se raccrochent à ce qui leur parle. De même, en STMG un bon prof de maths c'est forcément un dieu de la calculatrice .

Oui et ça leur donne une bonne excuse : "le prof y fait pas de méthode". Les commentaires sur les copies ? Ils ne sont pas lus (j'en fais de moins en moins, du coup). Les astuces données ? Elles ne sont pas retenues. J'ai des terminales qui ne savent toujours pas faire une intro, malgré mes rabachages continuels, mais qui ne comprennent pas pourquoi leur note est mauvaise, parce que non seulement ils ne maîtrisent pas la méthode, mais en plus sont d'une inculture abyssale.

C'est quelque chose que je constate effectivement : ils ne lisent plus les annotations. Tu te fais ch*** à détailler les erreurs, expliquer les règles et au devoir suivant, les mêmes erreurs sont commises, aucune révision n'a été faite avant le devoir. Comment progresser en procédant de cette façon?
Du coup, je suis énervé quand je corrige et je deviens cinglant dans mes commentaires.

Je deviens aussi de plus en plus cinglante. Comme ça en plus de me dire que je n'explique pas, ils se plaignent que je suis méchante.

Autant je ne déteste pas être cinglant avec quelqu'un qui la ramène de mauvaise foi, autant je vois mal l'intérêt d'être cinglant dans des commentaires de copies. Faire un constat sans détour, oui. Il m'arrive de noter dans la marge "baratin" quand ils tentent de meubler sans rien dire ou dans l'appréciation générale "Cette copie est vide", mais c'est juste un constant. Le problème avec le cinglant dans ce cas-là n'est-il pas qu'il exprime surtout la frustration de l'enseignant devant son impuissance ? En plus avec le risque que ce mode de communication devienne de plus en plus majoritaire dans la relation aux élèves ce qui n'est pas la meilleure façon de faire avancer le schmilblick.
Mais nous nous éloignons du sujet.

Exemple de ce que j'appelle être cinglante (en terminale ES...) :
"ainsi nous nous demanderons en quoi ce document sont-il un anjeu importan" "ma conclusion c'est que l'afrique ait un pays avec beaucoup d'anjeu mais que les africain devrait mieux se défandre dans la mondialisation": "L'orthographe et la syntaxe ne sont pas une option"/"orthographe, syntaxe et réflexion indignes de votre niveau".
Ou alors, le type qui présente les documents pour un commentaire dans la conclusion  : "heureusement que je vous dis depuis le début de l'année où faire la présentation dans l'introduction"
ça n'est pas bien méchant en soi mais j'ai des pulsions violentes quand je lis des copies de cet acabit à longueur de vacances...

Après je n'ai ce type de commentaires qu'en terminale, avec les secondes je ne vois pas trop l'intérêt de tirer sur les ambulances. Et puis finalement j'ai infiniment plus de tendresse pour les bourdes de mes secondes qui se dépatouillent tant bien que mal mais souvent avec enthousiasme, que pour les terminales blasés qui se contentent du minimum en râlant qu'ils ne sont pas assez bien servis.

J'ai halluciné du comportement d'une de mes élèves de première la semaine dernière, digne d'une collégienne ; à peine j'avais distribué un document : "Monsieeuuuuuuur! C'est trop dur, on ne va pas faire ça quand même! Je ne comprends pas la consigne, ça veut dire quoi ce mot, et celui-ci?"

Alors que les définitions étaient sous le document...

Commencez par prendre du recul, par lire le document, par réfléchir, par chercher et après on verra.
J'ai beaucoup de mal avec les élèves qui n'ont aucune retenue et aucune patience.

Cette même fille m'a amené trois de ses copies de l'année et m'a demandé de les re-corriger et elle n'a même pas pris le temps de lire les nombreuses annotations avant de revenir me voir. Tout ce qu'elle attendait, c'est que je lui confirme qu'elle était sous-notée par sa prof. Ce que je n'ai évidemment pas fait malgré son insistance en lui disant qu'en plus, sa prof était sans aucun doute bien plus à même de juger de son niveau que moi.

"Non, ne vous inquiétez pas, C., vos notes sont justes. Vous ne voyez pas les intentions de l'auteur et vous partez sur des pistes de lecture fausses en essayant vainement de paraphraser, ça donne des commentaires très superficiels".

Débutant et déjà un peu méchant.

Ceci dit, sur un ensemble de 18 élèves, j'ai pu observer qu'elle était parmi les plus immatures, c'est rassurant quand même.
Mais ce genre d'élève fait perdre un temps précieux au cours. Non par manque d'intelligence mais par manque de retenue, j'ai l'impression qu'elle voulait surtout de l'attention.

Pour revenir plus près du sujet, certains d'entre vous ont-ils connaissance de cas d'agrégés souhaitant aller en collège et qui ne le peuvent pas (dans les matières enseignées également au collège et au lycée, bien entendu) ?

Austrucheerrante a écrit:Pour revenir plus près du sujet, certains d'entre vous ont-ils connaissance de cas d'agrégés souhaitant aller en collège et qui ne le peuvent pas (dans les matières enseignées également au collège et au lycée, bien entendu) ?

Oui, j'ai des copines agrégées qui souhaitent aller dans un collège (notamment pour des raisons de proximité avec le domicile familial, pas par amour délirant pour les nouveaux programme), et qui n'ont pas pu parce que pas de poste dans le coin. Il s'agit de régions, notamment dans le Sud de la France, où les postes valent plusieurs centaines de points, car les gens bougent peu et font toute leur carrière au même endroit comme les moules accrochées au rocher.

D'accord. Mais dans ce cas, c'est peut-être davantage une volonté de se rapprocher qu'une volonté d'aller en collège proprement dite : tes amies n'auraient peut-être rien contre un lycée, voire même le préfèrerait, s'il y en avait un près de chez elles. Non ?

Oui et non, pour deux d'entre elles c'est aussi parce qu'elles sont mariées avec quelqu'un de souvent absent et qu'elles ont plein d'enfants (plus de deux, quoi ^^). Le but est donc de limiter le boulot de correction de copies et de limiter le temps de trajet.

J'ai eu l'agreg interne alors que j'étais en collège. J'étais le seul agrégé du collège. J'ai eu une opportunité d'aller dans un lycée à proximité cette année, je l'ai saisie mais je dois avouer que je ne me sentais pas toujours très à l'aise avec des petites remarques de collègues...

kioupsPBT a écrit:J'ai eu l'agreg interne alors que j'étais en collège. J'étais le seul agrégé du collège. J'ai eu une opportunité d'aller dans un lycée à proximité cette année, je l'ai saisie mais je dois avouer que je ne me sentais pas toujours très à l'aise avec des petites remarques de collègues...

On y a droit aussi au lycée... :|

Caspar, l'inverse est également plus qu'une réalité.

C'est au-delà du réel...

Tamerlan a écrit:...l'appréciation générale "Cette copie est vide", mais c'est juste un constant.

C'est bien là ce qui nous déprime  

Paul Dedalus a écrit:J'ai halluciné du comportement d'une de mes élèves de première la semaine dernière, digne d'une collégienne ; à peine j'avais distribué un document : "Monsieeuuuuuuur! C'est trop dur, on ne va pas faire ça quand même! Je ne comprends pas la consigne, ça veut dire quoi ce mot, et celui-ci?"

Alors que les définitions étaient sous le document...

Commencez par prendre du recul, par lire le document, par réfléchir, par chercher et après on verra.
J'ai beaucoup de mal avec les élèves qui n'ont aucune retenue et aucune patience.

Ne t'inquiète pas, c'est absolument exceptionnel

kioupsPBT a écrit:J'ai eu l'agreg interne alors que j'étais en collège. J'étais le seul agrégé du collège. J'ai eu une opportunité d'aller dans un lycée à proximité cette année, je l'ai saisie mais je dois avouer que je ne me sentais pas toujours très à l'aise avec des petites remarques de collègues...

Je taquinais parfois ma copine-collègue d'anglais qui avait obtenu l'agreg interne en lui disant qu'elle l'avait trouvée dans une pochette surprise, alors que je suis pleine d'admiration pour son parcours : École normale, CAPES de LM et d'anglais, puis agreg interne.
Je ne me serais jamais permis de juger son choix de rester dans le collège dans lequel elle est parfaitement à l'aise, appréciée de ses collègues, parfois moins de la direction à cause de son activité syndicale, mais estimée quand même. Peut-être voudra-t-elle un jour muter en lycée, là encore je n'ai pas à juger.
Inversement, une autre collègue a muté du lycée au collège, elle trouvait les lycéens trop difficiles. Elle a terminé sa carrière en dépression, ses problèmes de gestion de classe ayant sans doute contribué à sa maladie. Et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : que les agrégés se "croivent" mais qu'ils ne sont pas meilleurs.

J'ai connu des bahuts avec deux salles des profs et un certain mépris condescendant. Et cela ne remonte pas à si loin que cela.

SPQR 08 a écrit:J'ai connu des bahuts avec deux salles des profs et un certain mépris condescendant. Et cela ne remonte pas à si loin que cela.

J'ai toujours cru que ces lycées avec deux salles des profs était une légende urbaine tellement ça me semble ridicule et incroyable. Quant aux personnes méprisantes elles trouveront toujours quelqu'un à mépriser.

Quand j'étais stagiaire dans un lycée en 2003, il y avait effectivement 2 salles des profs comme ma tutrice me l'avait bien fait remarquer car elle "en était" et si je voulais la voir, il fallait que j'aille dans sa salle de classe car le lieu VIP m'était inaccessible!

Ces petites remarques que certains se permettent visiblement dans des salles des profs sont un manque de savoir-vivre (je suis polie).

Caspar a écrit:

SPQR 08 a écrit:J'ai connu des bahuts avec deux salles des profs et un certain mépris condescendant. Et cela ne remonte pas à si loin que cela.

J'ai toujours cru que ces lycées avec deux salles des profs était une légende urbaine tellement ça me semble ridicule et incroyable. Quant aux personnes méprisantes elles trouveront toujours quelqu'un à mépriser.

Ayant croisé très vite des témoins directs, j'ai dû y croire tout de suite, mais cela me semble également invraisemblable. Dire qu'on a supprimé les estrades, mais que ces établissements gardent deux salles séparées...

kioupsPBT a écrit:J'ai eu l'agreg interne alors que j'étais en collège. J'étais le seul agrégé du collège...

Je suis dans la même situation, sauf que j'attends toujours un poste en lycée , depuis 4 ans maintenant !
Ce n'est pas faute de vouloir mais les postes sont rares et chers dans mon département .
Pour l'anecdote je dois être l'un des rares agrégés de France qui enseigne en  6e SEGPA, donc à un niveau CP à CE2 ...

LadyC a écrit:

Caspar a écrit:

SPQR 08 a écrit:J'ai connu des bahuts avec deux salles des profs et un certain mépris condescendant. Et cela ne remonte pas à si loin que cela.

J'ai toujours cru que ces lycées avec deux salles des profs était une légende urbaine tellement ça me semble ridicule et incroyable. Quant aux personnes méprisantes elles trouveront toujours quelqu'un à mépriser.

Ayant croisé très vite des témoins directs, j'ai dû y croire tout de suite, mais cela me semble également invraisemblable. Dire qu'on a supprimé les estrades, mais que ces établissements gardent deux salles séparées...

Si je ne le lisais pas ici, je ne le croirais pas.
Surtout qu'en LP, les seuls agrégés qu'on peut croiser, c'est en EPS (mais on est sympas, on leur cause comme si de rien n'était ).

Païkan a écrit:Quand j'étais stagiaire dans un lycée en 2003, il y avait effectivement 2 salles des profs comme ma tutrice me l'avait bien fait remarquer car elle "en était" et si je voulais la voir, il fallait que j'aille dans sa salle de classe car le lieu VIP m'était inaccessible!

"Inaccessible" ? - alors là, je me serais fait un malin plaisir à y aller par provoc, histoire de voir la réaction. C'est assez incroyable de constater à quel point on peut se soumettre à une règle qui n'a pas de sens.