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Penthesileee
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Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner Empty Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner

par Penthesileee Mer 12 Déc 2018 - 9:10
Bonjour,

Je viens ici vous exposer ma situation pour essayer d'évacuer un peu.

J'avais déjà posté il y a 2 ans suite à des soucis avec une classe pendant mon année de T1 (TZR) qui avait eu pour conséquence un assez long arrêt pour burn out (la totale : dépression, crises d'angoisses et de larmes, léthargie... ça a été une période vraiment très difficile).
La pause m'avait fait beaucoup de bien, par la suite je suis devenue maman, j'ai pris du recul...
Et j'ai donc repris le chemin de l'enseignement en me disant que ça serait différent et qu'il n'y avait pas de raison que ça se passe mal cette fois ci.

L'année a plutôt bien démarré : nouvel établissement, nouveaux collègues sympathiques dans l'ensemble. Collège très défavorisé (anciennement rep mais plus depuis quelques année) mais ça se passait pas trop mal. Je suis arrivée à peu près à instaurer un rythme de travail même si je me laisse parfois un peu déborder par les bavardages.
Et puis depuis fin octobre, c'est devenu très compliqué avec une de mes classes. Des élèves qui refusent de travailler, n'amènent pas leur matériel, qui s'interpellent dans la classe, font preuve d'insolence (petites remarques limites). J'ai à nouveau cette affreuse impression d'être transparente et surtout pas crédible.
Dans les autres cours des collègues, ça se passe plutôt bien avec cette classe, il n'y a pas trop de bavardages et les élèves se mettent à peu près tous au travail (je le vois quand je passe devant leurs salles). les élèves ont fait remonté au conseil de classe qu'il y avait surtout des soucis avec certaines matières, et sans avoir été nommée, je me suis sentie visée. Du coup j'angoisse, je me sens nulle, je n'ai pas le moral et ça n'arrange pas la situation : je me braque, je prends tout pour moi...

Pourtant en fait objectivement il n'y a pas (encore) grand chose : je n'en suis pas au stade où les élèves lancent des chaises...
J'ai puni, mis des mots dans les carnets (mais milieu défavorisé, beaucoup d'élèves sont peu ou pas du tout suivi par les familles, ou avec des familles très défaillantes), mis des heures de colles (mais beaucoup ne sont pas faites, la vie scolaire suit moyen). Malgré tout, je n'arrive pas à instaurer "l'autorité" ou le "respect" : les élèves se moquent de ce que je dis, cela glisse sur eux. Je passe mon temps à fliquer (sans grand succès) ceux qui ne travaillent pas et qui perturbe la classe, et je n'ai absolument pas de temps à me consacrer à ceux qui bossent : je me sens inutile.
Je rajoute que j'ai beaucoup d'élèves en grande difficulté (qui savent à peine lire / écrire, qui devraient avoir des AVS mais qui n'en ont pas) et c'est difficile de leur faire produire quelque chose.

Hier je suis rentrée complètement déprimée : je recommence à avoir des bouffées d'angoisse comme la fois précédente, et je redoute de craquer. Dès que j'ai 5 minutes de libres, je tourne en rond et je ressasse (le pire, c'est les heures de trou au collège : je n'arrive pas à me concentrer)
Je ne souhaite pas me mettre en arrêt : je l'avais vécu comme un échec la dernière fois et je passais les journée à ressasser chez moi et à redouter de croiser quelqu'un du boulot/ que quelqu'un m'en parle.
Si ça doit se reproduire, j'ai peur que ça ne soit pire encore.
J'aimerais donc terminer l'année pour ne pas avoir à nouveau cette impression de tout abandonner à la première difficulté, mais je me demande si je suis faite pour ce métier.
Est-ce que vous avez déjà eu ce sentiment de malaise profond ? Est-ce que ça passe par la suite ? Est-ce la première année / les premières années qui sont dures et est-ce que ça s'améliore après ? Je crains de ne jamais arriver à tenir mes classes, de ne jamais progresser sur ce plan là.
Et surtout je n'arrive pas à comprendre pourquoi ça m'angoisse autant au point de me bouffer tout le temps... je n'arrive pas à passer à autre chose.

Merci de m'avoir lue,

Penthésiléee
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artaxerxes
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par artaxerxes Mer 12 Déc 2018 - 15:24
Il est difficile de te conseiller, mais on ne peut te laisser sans réponse. Tu peux selon ton caractère chercher une solution de ton côté (psy ?) ou du côté de l'institution : médecin du Rectorat, dispositif de remédiation, stages pour renforcer ton "assertivité" ; il existe aussi des consultations dans certaines sections de la MGEN, et dans les IA une assistante sociale des personnels. Ce ne sont pas des solutions en elles-mêmes, mais des pistes pour trouver une issue et ne pas rester seule avec tes difficultés - qui sont le lot de beaucoup d'enseignants.

_________________
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges.
*Ombre*
*Ombre*
Grand sage

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par *Ombre* Mer 12 Déc 2018 - 16:05
Penthésilée, le plus important me paraît de réussir à prendre de la distance pour te protéger.
D'abord, essaie de voir le positif : avec tes autres classes, cela se passe bien. Donc tu es capable.
Le fait que, pour ta classe difficile, les choses se passent mieux pour tes collègues ne signifie pas grand chose et ne doit pas te pousser à te remettre en cause (pas de façon destructrice, en tout cas). D'abord, tu es nouvelle dans l'établissement, et il est bien connu que les élèves testent les nouveaux arrivants, ce que tes collègues installés n'ont pas à subir. Par ailleurs, nous avons de plus en plus d'élèves en grande difficulté avec l'écrit. Le français est la matière avec laquelle ils ne peuvent pas tricher, celle qui les confronte sans arrêt à leurs difficultés les plus aiguës. Ils réagissent souvent par la dissipation (stratégies d'évitement) ou la mise en cause (défense par l'attaque). Mais cela n'a rien à voir avec toi. C'est seulement le reflet de leurs difficultés dans la discipline que tu enseignes. Avoir bien conscience de cela pour ne pas être excessivement affectée par la situation me semble le plus important.
Ensuite, que faire ?
Plusieurs possibilités, non exclusives les une les autres.
Continuer de tenir bon sur tes exigences, parce qu'elles sont légitimes.
Ne pas hésiter à demander des conseils au PP, voire à demander explicitement à ton CDE son appui et celui de la vie scolaire. Quand tu donnes une heure de colle, elle doit être faite. Sinon, c'est ta propre administration qui te met en difficulté.

Côté enseignement, pour bien connaître ce public, je dirais qu'il y a deux bons moyens de raccrocher de tels élèves.
1°) Leur montrer qu'en grammaire au moins, le travail peut rapidement être payant. Et donc être très méthodique dans l'enseignement de cette discipline. Je te conseillerais, avec des élèves de REP, de ne surtout pas travailler en séquences, mais d'adopter une progression indépendante qui va asseoir progressivement leurs connaissances, et de nombreux rituels rassurants comme la phrase du jour. Valorise le travail en multipliant les petits contrôles de cours auxquels ils peuvent réussir. Encourage-les en consacrant quelques minutes en début et en fin de cours à la mémorisation. En orthographe, tu peux aussi faire progresser rapidement les élèves grâce à certaines techniques, comme la dictée à tirets. Henriette a expliqué comment elle faisait sur le forum, je peux retrouver le fil si cela t'intéresse. Cette technique, couplée à ma méthode de correction, oblige les élèves à beaucoup se concentrer et réfléchir et donne de bons résultats.
2°) Leur montrer que la littérature les concerne, leur parle d'eux, de leurs émois d'êtres humains, et la leur rendre accessible. Lire systématiquement toi-même tous les textes aux élèves et, quand tu en parles, éviter tout technicisme. Concentre-toi sur le sens d'une part, et les personnages, ce qui leur arrive, leurs motivations, leur émotions. Présente à tes élèves la littérature pour ce qu'elle est : le partage d'une expérience humaine. Cela peut relancer leur intérêt pour les textes. Et tant pis pour les lectures analytiques. OSF.
En REP (comme ailleurs mais plus encore), il y a fort à parier que le vocabulaire fait beaucoup obstacle à la compréhension. N'hésite pas à expliquer et faire apprendre ce vocabulaire AVANT d'étudier les textes, pour lever les difficultés les plus prévisibles. Fais-le aussi réemployer à l'écrit, d'abord dans des phrases, puis dans de tout petits textes très cadrés, et montre aux élèves à quel point cela enrichir leur écriture. S'ils se voient progresser, ils te reconnaîtront plus facilement pour légitime et se mettront plus volontiers au travail.

J'espère que certaines de ces pistes te seront utiles.

Tout cela dit, il faut admettre que, les classes infectes, ça existe, y compris dans une matière précise, surtout le français, pour les raisons déjà évoquées. J'ai vingt ans de métier, essentiellement en REP, et il m'arrive encore d'en faire l'expérience. Parfois, les alchimies de groupe sont tellement négatives qu'on n'arrive à rien. C'est triste, pour les élèves avant tout, mais cela ne doit pas te détruire.

Bref, fais ce que tu peux faire honnêtement de ton côté, cherche des appuis et, si rien ne marche, prends ton mal en patience (c'est parfois nécessaire, hélas !) mais, surtout, relativise.

Bon courage à toi.


Dernière édition par *Ombre* le Mer 12 Déc 2018 - 16:08, édité 1 fois
décembre
décembre
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par décembre Mer 12 Déc 2018 - 16:06
Dans ce que tu décris on perçoit une classe objectivement difficile à gérer : élèves en grande difficultés, peu de soutien du coté de la vie scolaire, de plus tu es nouvelle dans l'établissement, donc les élèves te testent davantage. Je pense qu'on a tous vécu une année ou une autre ce genre de situation. Dans tes autres classes ça se passe mieux, c'est donc que tu n'es pas "nulle".
Maintenant à toi de voir à quel point cela te touche et si tu te sens capable de supporter cette situation et de prendre de recul. la période n'est pas facile: de la fatigue et des élèves énervés… Tu peux aussi attendre les vacances pour te reposer et faire le point.
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Penthesileee
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par Penthesileee Mer 12 Déc 2018 - 17:44
Merci pour vos conseils.
Je pratique déjà pas mal des rituel indiqués, dont la "phrase dictée du jour", parfois la lecture du jour (c'est moi qui lis un extrait d'un livre, une petite histoire...).... Avec mes autres classes, je prévois des temps de mémorisation du cours (soit seul, soit chacun interroge son voisin, soit je leur laisse 5 min puis j'interroge tout le monde, je fais répéter...) mais avec cette classe j'ai du mal car impossible de les concentrer assez pour qu'ils puissent se poser et mémoriser.
J'essaie aussi de faire apprendre assez régulièrement quelques mots de vocabulaire de base des textes et en début de cours je les interroge à l'oral dessus et je demande à chacun de m'écrire une phrase utilisant un des mots.
Pour la conjugaison, je fais souvent des rituels de "verbes à piocher" après une leçon pour manipuler. Si par exemple on a travaillé l'imparfait, je fais prendre à chaque élève un bout de papier sur lequel il écrit un verbe. Chacun met son papier dans une urne, on mélange et on repioche pour conjuguer le verbe du voisin. On en corrige ensuite quelques-uns au tableau. Par contre je travaille toujours en séquences (saleté d'espe).
J'ai parfois un peu du mal à trouver des supports de travail adaptés aux élèves (les manuels de collège sont absolument incompréhensibles pour eux, même en prenant les années en dessous : je me dis quelquefois qu'il me faudrait des exemples de ressources du primaire)
Le problème c'est que j'ai du mal à mettre en place mes idées concrètement. Exemple : la dictée du jour. Je dois me battre 10 min contre les "j'ai pas de feuille", les élèves qui ne sortent pas leurs affaires, qui font répéter exprès qui soufflent, disent que ça ne sert à rien, ne prennent pas la correction...
+ les cas problématiques des multidys sans AVS qui sont incapables d'écrire un seul mot (je dois leur prendre le cours systématiquement, même un titre) qui du coup ne font pas vraiment l'activité. Plus des élèves allophones (une qui ne sait ni lire ni écrire notre alphabet et qui a deux pauvres heures de FLE par semaine  et 2 qui ont à peine le langage courant et qui déchiffrent/ écrivent vaguement). Bon là j'exagère parce qu'ils ne sont pas tous dans la même classe, mais ça me donne un gout d'échec : je ne sais pas comment m'occuper de ces élèves en plus des autres.
Je sais que certains élèves sont dans une attitude de refus (par peur de faire face à leurs difficultés) et que ce n'est pas spécialement ma faute, mais je ne peux pas m'empêcher de me comparer aux collègues et de me dire qu'ils s'en sortent mieux.
Aujourd'hui, le cours ne s'est pas trop mal passé, j'ai réussi globalement à les mettre au travail dans une ambiance compliquée (il y a eu une histoire de couteau dans la cour, les élèves étaient en ébullition) même si certains cas posent toujours problème.

En fait j'ai l'impression que le soucis vient de moi, dans le sens où je n'arrive pas à prendre du recul, que je me fais toute seule une montagne de pas grand chose et que je dramatise beaucoup (parce que j'aimerais que tout se passe très bien, que les élèves progressent.... et forcément ça ne marche pas toujours). Je ne vois que les choses négatives et jamais les petites réussites dans des conditions parfois difficiles. Est ce que ça s'apprend, de prendre du recul ? Est-ce qu'on finit par se "blinder" au bout d'un moment ?


Dernière édition par Penthesileee le Jeu 13 Déc 2018 - 10:19, édité 1 fois
kokille
kokille
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par kokille Mer 12 Déc 2018 - 18:41
Penthésilée, ce que tu écris me touche beaucoup : j'y retrouve ce que j'ai ressenti mes premières années de prof. C'est véritablement extrêmement difficile dans les conditions que tu décris, de ne pas tout prendre pour soi et de ne pas se remettre en question. Au bout de plusieurs années où j'ai connu ce que tu décris, je suis finalement arrivée ( je suis toujours TZR, cela fait 11 ans que j'enseigne) dans des établissements plus faciles; et presque aussitôt , ce sentiment de culpabilité incessant, dont je ne parlais à personne tant j'avais honte de moi, s'est évanoui. Le plaisir d'enseigner est arrivé, et j'ai enfin retrouvé la motivation qui m'avait fait choisir ce métier et traverser ...tout ce qu'on traverse depuis les concours en passant par l'année de stage , j'en passe et des meilleures. J'ai compris alors que l'image de soi-même en tant que prof dépend énormément de ce que nous renvoient les élèves. Quand je rentrais de mes cours,"avant", je me sentais salie , diminuée, humiliée, pour n'avoir pas su obtenir le calme en classe, pour n'avoir pas su trouver le moyen d'intéresser mes élèves, pour avoir supporté mille incivilités, et parfois , même avec des collègues plutôt sympa, une pointe de condescendance et de distance ( ou du moins je me l'imaginais, ayant perdu totalement confiance en moi). Toutes les questions que tu te poses, je me les suis posées, dans une grande solitude, et sans espoir d'en sortir, autrement que par un burn out ou autre maladie.
Dans ces "meilleurs" établissements où j'ai la chance de tourner depuis 4 ans environ, je me suis surprise à sortir contente des cours, l'image que j'avais de moi-même peu à peu s'est éclaircie. Il m'est arrivé de m'imaginer que j'étais devenue un bon prof. ( Ce que pensaientt d'ailleurs sans sourciller les collègues de ces établissements supposés" faciles").Seulement la vraie différence vient des élèves: les êtres que j'ai devant moi maintenant sont capables de me regarder, de m'écouter, d'essayer de bien faire, et leurs maladresses, leurs défauts, leur mauvaise éducation ( je ne travaille pas non plus au pays des bisounours) ne sont pas envahissants au point de m'empêcher de faire mon métier, qui est de transmettre et de partager (à mon sens). C'est ce que tu ne peux pas faire actuellement, car même si certains d'entre nous y parviennent,et je les admire , nous sommes nombreux à ne pas avoir la fibre " éducateur spécialisé" , ce qui ne fait pas de nous de mauvais professeurs pour autant. Il faut donc surtout que tu cesses de te remettre en question, et simplement que tu vois avec toi-même où est ta limite, ce que tu es prête à supporter ou pas. Toi seule peux le faire, et parfois les conseils , même bienveillants, des autres peuvent être , sans le vouloir, maladroits, tant qu'ils n'évacuent pas cette culpabilité qui n'a absolument pas lieu d'être, et qui doit en effet te faire du mal , pour rien!
D'autre part, ce que j'ai pu remarquer aussi quand j'étais dans des établissements difficiles, voire très difficiles, c'est que les enseignants "adaptent" leurs exigences, autrement dit ils les baissent drastiquement... Quitte à avoir un stock de copies et de stylo bic dans ton bureau, ou des fiches à trous ultra simples à compléter, et tout l'arsenal des ruses qui sécurisent à la fois l'élève et le prof... Je te souhaite beaucoup de force et de courage pour les quelques jours qui restent avant la pause bien méritée de Noël. Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner 1479945104
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Penthesileee
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Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner Empty Re: Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner

par Penthesileee Ven 14 Déc 2018 - 9:29
Pourtant je ne crois pas avoir été dans des établissements particulièrement difficiles (rien à voir avec les rep +). Ce sont certes des établissements avec des milieux sociaux globalement très défavorisés et un niveau faible, mais il y a relativement peu de problème de violence : ça reste des choses exceptionnelles. En plus, je n'ai pas hérité des classes les plus difficiles : les collègues ont été sympas et ce sont des collègues "anciens de l'établissement" qui ont pris les classes avec le plus d'élèves problématiques. Et effectivement, en comparaison des miennes, c'est autre chose. Bon après, il y a sans doute des établissements/ des classes plus "faciles" aussi, mais je crois être dans "la moyenne", on va dire.

Si j'essaie de lister ce qui me pose problème, j'identifie les points suivants :

- en premier lieu, le fait de ne pas me sentir crédible avec certains élèves au niveau de la gestion de classe : je suis trop gentille, je ne punis pas assez tôt / assez fort au début de l'année, et après les élèves prennent des habitudes où se permettent des choses qu'il est très difficile de rectifier (bavardages presque permanents, petites remarques déplacées, interpellations entre eux). J'y arrive au tout début d'année, mais dès que ça se passe assez bien pendant quelques temps, mon naturel revient, je relâche la garde et patatras (cette année, ça a été à la rentrée de la Toussaint).

- en deuxième lieu, l'impression d'être inutile, de ne pas arriver à les faire progresser / les intéresser. J'essaie au maximum de varier les activités, de ritualiser, mais évidemment tous les élèves n'accrochent pas toujours et certains ne travaillent pas quel que soit le support... et les jours où je suis fatiguée / je n'ai pas trop le moral / dois faire la police / où les élèves ne sont pas du tout réceptifs... ça me donne l'impression que mes cours sont ennuyeux, mal fichus, que je n'arrive rien à leur apprendre. + la grande difficulté d'aider certains élèves avec de très grosses lacunes / les dys / les allophones : j'essaie de "différencier" mais bon franchement, je n'ai jamais vraiment réussi (et je n'ai pas le calme nécessaire pour pouvoir mettre les élèves en autonomie sur des choses différentes. Puis le moment de la correction ensuite pose problème).  Parfois j'ai l'impression que mon boulot c'est juste de faire la garderie et d'essayer vaguement de les occuper pendant une heure.
Je sais que mes cours ne sont pas parfaits et que c'est normal : qu'ils s'amélioreront par la pratique, en testant ce qui marche et ne marche pas. Par exemple, je sais que je ne suis pas assez "cadrante" et "rassurante" (dire de quelle couleur il faut écrire le titre, combien de lignes il faut sauter...). J'y travaille et c'est déjà mieux qu'à mes tout débuts. Mais objectivement, je ne pense pas faire des cours atroces non plus du point de vue du contenu.

- en troisième lieu, ce qui découle des 2 points précédents : le stress. Quand ça ne marche pas, je me stresse. Comme je me stresse, je suis moins enthousiaste, moins efficace, je réagis moins bien. Du coup je stresse encore et c'est le cercle vicieux : je prends tout pour moi, je n'arrive plus à couper du boulot, j'ai l'impression que c'est écrit "prof nulle" sur mon front, j'ai l'impression que les élèves chuchotent en parlant de moi dans les couloirs et je me dis, au conseil de classe, quand vient le tour des parents / des délégués de parler, qu'ils ils vont dire que ça se passe mal dans ma matière parce que je ne sais pas tenir/ mettre au travail la classe.... bref je deviens excessivement parano, et j'amplifie des choses qui ne sont en fait pas si graves.
Je n'arrive pas à "lâcher prise".
zigmag17
zigmag17
Guide spirituel

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par zigmag17 Ven 14 Déc 2018 - 20:03
J'entame ma vingt-neuvième année d'enseignement. Je retrouve ce que tu dis avec certaines classes, car il est inhérent au métier de devoir composer avec des élèves rétifs et parfois décourageants pour de nombreuses raisons.
Interrogations et doutes font partie je crois des dommages collatéraux de l'exercice de cette profession.
Tu dois être convaincue que tu es légitime à enseigner, et que ta place d'enseignant(e) t'autorise de fait à établir des règles et à les faire respecter; car toi tu sais, davantage que des jeunes pousses de quinze ans ou moins, dans quelles conditions un apprentissage peut se faire si l'on veut qu'il soit utile (silence, écoute, respect d'autrui...). N'aie aucun doute là-dessus.
Au début de ma carrière j'ai failli démissionner (classes de LP très dures, âge trop proche de celui des élèves, remarques déplacées à tel point qu'aujourd'hui certainement je n'hésiterais pas et irais porter plainte pour harcèlement et insultes...); je ne sais pas ce qui m'a fait tenir. Une certaine "fibre" peut-être, l'envie de transmettre, je ne sais pas.
Tout s'est arrangé lorsque j'ai changé de lycée, et de "public": en LP toujours, mais avec des profils d'élèves qui me correspondaient mieux. Là tout a disparu comme par enchantement: l'impression d'être dépassée, la boule au ventre avant d'aller travailler le matin, les pleurs tous les soirs... c'était fini. J'ai (re)trouvé une certaine tranquillité d'esprit.
Les doutes sont toujours là, la lassitude souvent aussi (l'âge...). Mais cela ne m'empêche pas de trouver mon compte dans ce que je fais.
J'ai appris deux choses: 1- C'est toi l'adulte, c'est toi le chef d'orchestre dans ta classe, cela n'a pas à être mis en question même si c'est à chaque cours à reconquérir et 2- C'est un métier de représentation, aussi la distance émotionnelle aide beaucoup à ne pas trop s'impliquer dans les comportements que l'on pourrait considérer comme parfois blessants de certains élèves (ils participent? Génial! Le cours ne les intéresse pas? A eux de travailler, c'est leur avenir!)
Et 3- Rien, jamais, n'est perdu avec une classe (je ne parle pas de classes infernales, mais d'après ce que tu dis avec les tiennes tu peux trouver des stratégies).
Courage!

bernardo
bernardo
Fidèle du forum

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par bernardo Ven 14 Déc 2018 - 22:45
Penthesileee a écrit:Bonjour,

Je viens ici vous exposer ma situation pour essayer d'évacuer un peu.

J'avais déjà posté il y a 2 ans suite à des soucis avec une classe pendant mon année de T1 (TZR) qui avait eu pour conséquence un assez long arrêt pour burn out (la totale : dépression, crises d'angoisses et de larmes, léthargie... ça a été une période vraiment très difficile).
La pause m'avait fait beaucoup de bien, par la suite je suis devenue maman, j'ai pris du recul...
Et j'ai donc repris le chemin de l'enseignement en me disant que ça serait différent et qu'il n'y avait pas de raison que ça se passe mal cette fois ci.

L'année a plutôt bien démarré : nouvel établissement, nouveaux collègues sympathiques dans l'ensemble. Collège très défavorisé (anciennement rep mais plus depuis quelques année) mais ça se passait pas trop mal. Je suis arrivée à peu près à instaurer un rythme de travail même si je me laisse parfois un peu déborder par les bavardages.
Et puis depuis fin octobre, c'est devenu très compliqué avec une de mes classes. Des élèves qui refusent de travailler, n'amènent pas leur matériel, qui s'interpellent dans la classe, font preuve d'insolence (petites remarques limites). J'ai à nouveau cette affreuse impression d'être transparente et surtout pas crédible.
Dans les autres cours des collègues, ça se passe plutôt bien avec cette classe, il n'y a pas trop de bavardages et les élèves se mettent à peu près tous au travail (je le vois quand je passe devant leurs salles). les élèves ont fait remonté au conseil de classe qu'il y avait surtout des soucis avec certaines matières, et sans avoir été nommée, je me suis sentie visée. Du coup j'angoisse, je me sens nulle, je n'ai pas le moral et ça n'arrange pas la situation : je me braque, je prends tout pour moi...

Pourtant en fait objectivement il n'y a pas (encore) grand chose : je n'en suis pas au stade où les élèves lancent des chaises...
J'ai puni, mis des mots dans les carnets (mais milieu défavorisé, beaucoup d'élèves sont peu ou pas du tout suivi par les familles, ou avec des familles très défaillantes), mis des heures de colles (mais beaucoup ne sont pas faites, la vie scolaire suit moyen). Malgré tout, je n'arrive pas à instaurer "l'autorité" ou le "respect" : les élèves se moquent de ce que je dis, cela glisse sur eux. Je passe mon temps à fliquer (sans grand succès) ceux qui ne travaillent pas et qui perturbe la classe, et je n'ai absolument pas de temps à me consacrer à ceux qui bossent : je me sens inutile.
Je rajoute que j'ai beaucoup d'élèves en grande difficulté (qui savent à peine lire / écrire, qui devraient avoir des AVS mais qui n'en ont pas) et c'est difficile de leur faire produire quelque chose.

Hier je suis rentrée complètement déprimée : je recommence à avoir des bouffées d'angoisse comme la fois précédente, et je redoute de craquer. Dès que j'ai 5 minutes de libres, je tourne en rond et je ressasse (le pire, c'est les heures de trou au collège : je n'arrive pas à me concentrer)
Je ne souhaite pas me mettre en arrêt : je l'avais vécu comme un échec la dernière fois et je passais les journée à ressasser chez moi et à redouter de croiser quelqu'un du boulot/ que quelqu'un m'en parle.
Si ça doit se reproduire, j'ai peur que ça ne soit pire encore.
J'aimerais donc terminer l'année pour ne pas avoir à nouveau cette impression de tout abandonner à la première difficulté, mais je me demande si je suis faite pour ce métier.
Est-ce que vous avez déjà eu ce sentiment de malaise profond ? Est-ce que ça passe par la suite ? Est-ce la première année / les premières années qui sont dures et est-ce que ça s'améliore après ? Je crains de ne jamais arriver à tenir mes classes, de ne jamais progresser sur ce plan là.
Et surtout je n'arrive pas à comprendre pourquoi ça m'angoisse autant au point de me bouffer tout le temps... je n'arrive pas à passer à autre chose.

Merci de m'avoir lue,

Penthésiléee

Chère collègue,
J'ai failli démissionner des milliards de fois (et même parfois très sérieusement) donc, oui, j'ai déjà eu ce sentiment de malaise profond et ça passe, pas totalement mais ça s'arrange...
Bon, un seul "conseil" : ne passe pas ton temps à fliquer parce que (outre que c'est sans grand succès, ce qui devrait déjà te mettre la puce à l'oreille... pourquoi continuer dans une impasse ?) ce n'est pas ton métier. Ton métier c'est de faire travailler ceux qui veulent travailler (il y en a toujours au moins trois ou quatre, en fait souvent plus). Concentre-toi sur eux, en préparant bien tes cours, et fais cours avec eux, en laissant les autres faire un peu de bruit. Si les autres voient que la professeure est là pour travailler et que des camarades s'intéressent et apprennent, ils comprendront quelque chose au fond d'eux. Ils sentiront que le plus important est établi : on est là pour travailler, et non pour jouer au chat et à la souris. Si tu as préparé un cours, que tu as quelque chose à transmettre et que tu sais quoi, c'est ça ton point d'appui. Tu arrives avec une proposition forte. Et à ceux qui gênent, tu peux dire simplement : s'il vous plaît, il y a des gens qui veulent travailler ici, il y a moi et plusieurs élèves, alors laissez-nous travailler, ne faites pas de bruit pour nous laisser travailler. Si tu es convaincue qu'un cours est utile, qu'une heure de cours est une chose utile et précieuse, que ton métier est utile et précieux, c'est ta conviction qui fera autorité. L'autorité n'est pas abstraite, c'est cette conviction. C'est ça qui fait que ça s'arrange : avec l'expérience, on maîtrise mieux sa matière, les connaissances et la manière de les transmettre. C'est ça qui finit par faire autorité, par construire ton autorité. C'est essentiellement lié à ton savoir et très peu à des techniques de fliquage.

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Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
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Penthesileee
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Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner Empty Re: Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner

par Penthesileee Sam 15 Déc 2018 - 19:14
Et à ceux qui gênent, tu peux dire simplement : s'il vous plaît, il y a des gens qui veulent travailler ici, il y a moi et plusieurs élèves, alors laissez-nous travailler, ne faites pas de bruit pour nous laisser travailler.

Hum ? Et ça marche ? J'avoue que je suis un peu sceptique... L'autre jour j'ai des gamins qui se sont fichus sur la tronche en pleine classe alors bon, je les vois moyennement "laisser travailler les autres".
Rabelais
Rabelais
Vénérable

Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner Empty Re: Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner

par Rabelais Sam 15 Déc 2018 - 19:44
Il y a des variantes Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner 437980826 : » bon, il y a ici des élèves qui veulent avoir au moins une petite chance de choisir leur vie et c’est ici et maintenant que ça se joue . Que ceux qui se sabordent eux mêmes le fassent, et le fassent en silence. Pour les autres, tous ceux qui qui veulent avancer et ne pas rester les deux pieds dans le béton ( bon, j’avoue, en fonction des classes, je ne dis pas le béton ...) pour toujours, sortez vos cahiers, vos feuilles et ouvrez grands vos yeux, ‘c’est la vie qui commence. Séquence 2 séance 3 blabla »

Tu as de la chance, enseigner le français permet une mise en scène quasi systématique des cours.

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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
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Penthesileee
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par Penthesileee Mer 19 Déc 2018 - 15:08
Bon ça y est... je ne revois plus ma classe pénible cette semaine. Je vais donc profiter des vacances pour me reposer et mettre tranquillement tout ça à plat afin de bien redémarrer la rentrée (mode winner on !).
Cette dernière semaine a été compliquée (beaucoup de problèmes de discipline assez importants dans l'ensemble du collège : bagarre d'élèves entre eux, vols, agression avec arme...)), mais finalement je trouve que je ne m'en suis pas si mal tirée : j'ai réussi à les faire à peu près travailler jusqu'au bout (bon, pas toujours dans le calme, certes) et je ne suis pas sortie de mes gonds sous l'effet de la fatigue/ de l'énervement d'une manière que j'aurai regrettée ensuite (j'avais peur, de faire une crise d'énervement soudaine incontrôlée du type "d'un coup je colle/vire tout ce qui bouge en criant comme une furie". Ca n'aurait pas été bénéfique de soudainement faire preuve d'un autoritarisme avancé la semaine avant les vacances, j'aurais braqué toute la classe. Par contre j'ai tenu bon, pas de goûter ou je ne sais quoi, on a bossé jusqu'à la fin (sans trop forcer, mais bossé quand même.


Maintenant, il s'agira de faire un "plan d'attaque" pour la rentrée !
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Penthesileee
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par Penthesileee Ven 11 Jan 2019 - 10:52
Hello,
Je passe donner de mes nouvelles !
Les vacances m'ont fait grand bien, j'étais épuisée ! Ca me permis de relâcher un peu la pression.
La rentrée s'est plutôt bien passée dans l'ensemble : j'ai fait un nouveau plan de classe et essayé de me consacrer davantage à ceux qui voulaient bosser plutôt que de m'énerver sur les zozos. Ca n'a pas été d'un calme miraculeux mais bon, dans l'ensemble ils ont travaillé. Sur chaque heure, j'ai eu au moins 15 min de travail dans un silence complet (et quelques autres moments de remuements divers et variés mais c'est mieux). J'ai quelques élèves qui me cherchent toujours un peu mais comme ils voient que je ne rentre pas dans leur jeu ça se calme.
Par contre j'ai toujours l'impression de ne servir à rien tant les niveaux des élèves sont catastrophiques et hétérogènes (en même temps !). Contrôle de connaissances annoncé sur la conjugaison du passé simple qu'on a dû passer facilement 3 h à travailler en classe avec batterie d'exercices très variés pour manipuler et temps de mémorisation ensemble. J'ai fait ultra simple : j'ai proposé 4 verbes qui étaient dans les modèles du cours (donc les réguliers hein, pas des verbes rares avec des radicaux pièges. Il devait y avoir le verbe être, le verbe marcher, le verbe grandir et le verbe boire) et il fallait les conjuguer (j'avais mis les colonnes je/tu /il... à compléter).
Et bien j'en ai environ 1/3 qui a été incapable de me conjuguer un seul verbe correctement (ils m'ont mis d'autres temps, d'autres verbes ou feuille blanche ou la graphie est illisible) 1/3 qui a conjugué en faisant nombre conséquent de fautes. Pour les dernier tiers, quelques fautes quand même. En tout je dois avoir, sur la classe, 3 élèves qui ont pu me remettre les verbes du cours sans faute.


Ca me dépite ! J'ai l'impression d'essayer de remplir le tonneau des Danaïdes. C'est pareil chez vous ?

Aurevilly
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par Aurevilly Ven 11 Jan 2019 - 11:49
Concernant l'enseignement du passé simple : cela devient de plus en plus difficile d'années en années. On se heurte à une forme de refus larvé parfois inconscient chez un grand nombre d’élèves qui ne rencontrent plus le passé simple à l'écrit (ou trop peu) et, par conséquent, n'ont pas envie de faire l'effort de l'apprendre. Pourquoi déployer tant d'énergie pour apprendre un truc inutile ?
Caspar
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par Caspar Ven 11 Jan 2019 - 14:30
Déjà si tu as réussi à instaurer un climat de travail amélioré c'est un grand pas en avant, bravo. Quant au niveau des élèves, je pense qu'on a tous eu parfois l'impression de ne servir à rien et de remplir ce fameux tonneau, rien de très étonnant.
Celadon
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par Celadon Ven 11 Jan 2019 - 14:58
Aurevilly a écrit:Concernant l'enseignement du passé simple : cela devient de plus en plus difficile d'années en années. On se heurte à une forme de refus larvé parfois inconscient chez un grand nombre d’élèves qui ne rencontrent plus le passé simple à l'écrit (ou trop peu) et, par conséquent, n'ont pas envie de faire l'effort de l'apprendre. Pourquoi déployer tant d'énergie pour apprendre un truc inutile ?
Ca doit être commode pour enseigner ne serait-ce que le discours indirect, sans passé simple...
Lefteris
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par Lefteris Ven 11 Jan 2019 - 15:04
Celadon a écrit:
Aurevilly a écrit:Concernant l'enseignement du passé simple : cela devient de plus en plus difficile d'années en années. On se heurte à une forme de refus larvé parfois inconscient chez un grand nombre d’élèves qui ne rencontrent plus le passé simple à l'écrit (ou trop peu) et, par conséquent, n'ont pas envie de faire l'effort de l'apprendre. Pourquoi déployer tant d'énergie pour apprendre un truc inutile ?
Ca doit être commode pour enseigner ne serait-ce que le discours indirect, sans passé simple...
Tout au plus-que-parfait, le nouveau temps à tout faire : "hier, javais été au cinéma" "j'avais dit ça" "j'avais été à cette place la semaine dernière...". Puis, pour le discours indirect, le futur pour indiquer la postériorité suffit, on se comprend, quoi, pas la peine de compliquer les choses :diable:
Tout le reste, "on le rencontre que dans les livres, et on aime pas lire".

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Celadon
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par Celadon Ven 11 Jan 2019 - 15:11
Ouch. N'en jette plus...
Lédissé
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par Lédissé Ven 11 Jan 2019 - 18:27
Penthésilée, je fais des contrôles de conjugaison systématiques depuis la première deuxième de septembre ; le programme est donné depuis le tout premier cours, avec les verbes et les temps à apprendre pour chaque date, et les contrôles ont toujours la même forme. Ben il y en a toujours qui n'ont "pas compris" (comprendre qu'ils ont un baobab dans les neurones, apparemment auxiliaire + participe passé c'est trop compliqué) et m'écrivent des horreurs, en particulier cette semaine (à croire que les vacances ont servi d'effaceur général).
C'est triste, mais ne te remets pas en cause parce que certains (et même la plupart, cela dépend des classes) ne progressent pas ou presque.
Bon courage pour la suite Smile

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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde


Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer...Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner Vieille etc._  Smile
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Penthesileee
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par Penthesileee Mer 13 Fév 2019 - 9:12
Hello à tous,
Quelques news :
Ca continue de tourner à peu près dans mes classes : les problèmes de gestion de classe n'ont pas spécialement empirés : c'est pénible, il y a des jours difficile, mais c'est tout.

Par contre, mon moral est en chute libre : j'ai de plus en plus de mal à y aller le matin, pendant le trajet je déprime et j'ai envie de partir en courant ou de pleurer environ 10 fois par jour... Le pire, c'est pendant tous les moments de "battement" (dans les heures de trous, le midi...) parce que j'ai le temps d'angoisser.
J'ai pas mal levé le pied niveau préparations : je fais des choses plus simples, plus rapides à préparer (et je ne vois d'ailleurs pas franchement de différence sur le déroulé des cours avec les moments où j'y passais plus de temps). Mais même malgré ça, je n'arrive toujours pas à décompresser et relativiser. Des élèves qui trouvent un cours nul parce que "mais on fait que lire des livres !" ça me déprime. Ca ne m'empêche pas de renvoyer l'élève dans les cordes avec une remarque bien sentie, mais je ne supporte pas au fond de moi cette sensation de faire de la garderie, de les "occuper" en espérant que quelques-uns retiendront peut-être une chose ou deux. Hier j'ai regardé des travaux d'élèves de début d'année (que je leur avais proposés la première semaine) , et j'ai même l'impression que certains ont régressé (en qualité de graphie, en soin, en orthographe...). Ca me renvoie une image déplorable de moi-même
Pourtant ça ne se passe pas spécialement mal, les collègues sont sympathiques.
Mais chaque jour est une lutte intérieure pour ne pas prendre mes jambes à mon cou...
Je ne comprends pas le pourquoi de ce sentiment (même de cette sensation car je le ressens physiquement). Je ne dois vraiment pas être faite pour ça. Cela dit, je tiens vraiment à finir l'année avant d'aviser.


Dernière édition par Penthesileee le Mer 13 Fév 2019 - 14:07, édité 1 fois
Paleoprof
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par Paleoprof Mer 13 Fév 2019 - 9:34
Penthesilee, j'ai lu plusieurs fois sur ce forum que les remarques désobligeantes des élèves ne visent qu'extrêmement rarement l'enseignant en tant qu'individu, mais sont plutôt destinées à l'institution et la fonction qu'incarne l'enseignant. C'est très difficile de prendre du recul par rapport à cela, nous faisons un métier "dangereux" dans le sens où nous nous exposons toute la journée aux regards de personnes pas toujours bien élevées, rarement matures, sans filtres, et à leurs critiques souvent acerbes. Il faut parvenir à prendre du recul par rapport à cela. "Fermer la porte" en rentrant chez soi est très compliqué, en tous les cas pour moi aussi, et il est tentant de toujours se remettre en question avec bien peu d'indulgence envers soi-même.
Prends soin de toi, c'est primordial, pour ta santé physique et mentale, pour ton enfant, et si ce métier te rend vraiment malade, alors prépare-toi une voie de sortie, tu as nécessairement les qualités requises pour exercer une autre profession, dans un environnement plus apaisé.
fleurs2 fleurs :etoilecoeur:

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Penthesileee
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par Penthesileee Mer 13 Fév 2019 - 14:21
Penthesilee, j'ai lu plusieurs fois sur ce forum que les remarques désobligeantes des élèves ne visent qu'extrêmement rarement l'enseignant en tant qu'individu, mais sont plutôt destinées à l'institution et la fonction qu'incarne l'enseignant. C'est très difficile de prendre du recul par rapport à cela, nous faisons un métier "dangereux" dans le sens où nous nous exposons toute la journée aux regards de personnes pas toujours bien élevées, rarement matures, sans filtres, et à leurs critiques souvent acerbes. Il faut parvenir à prendre du recul par rapport à cela. "Fermer la porte" en rentrant chez soi est très compliqué,

Je le sais bien que ce n'est pas contre la personne. D'ailleurs, individuellement, mes élèves sont pour la grande majorité sympathiques, surtout dès qu'on sort du cadre prof- élève (si j'en croise un sur le parking qui attend frigorifié et que je lui dis un petit mot d'encouragement, j'ai souvent un "merci madame" sincère).
Mais en groupe ils se transforment en affreux gremlins malpolis, et puis surtout ils sont feignants et d'un niveau affligeant (et ça me désespère de voir des gamins pas plus bêtes que d'autres, et même des gamins vifs, devenir complètement abrutis (au sens premier) et incultes par manque de travail et lacunes accumulées : je trouve ça tellement triste). Moi ça me déprime qu'un gamin de 4è ne connaisse pas ses voyelles, sa droite et sa gauche, ni même dans quel département il vit (!), qu'il ne sache pas écrire (au niveau de la graphie déjà) et que surtout, il n'ait pas l'air de s'en soucier. D'ailleurs, personne n'a l'air de s'en soucier, le "système" éducation nationale encore moins : pas grave, on va leur faire un beau projet qui va occuper 10h sur la sécurité routière / l'alimentation / le Brésil... Je n'ai rien en soi contre les projets, mais ça doit venir en plus, pas être l'arbre qui cache la forêt.
C'est tellement un immense gâchis...
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jjrousseau
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Pas le moral, angoisse et envie d'abandonner Empty Courage

par jjrousseau Sam 16 Fév 2019 - 8:02
ça arrive à tous d'avoir des moments de découragement, prends une semaine pour te reposer au pire
Penthesileee a écrit:Hello à tous,
Quelques news :
Ca continue de tourner à peu près dans mes classes : les problèmes de gestion de classe n'ont pas spécialement empirés : c'est pénible, il y a des jours difficile, mais c'est tout.

Par contre, mon moral est en chute libre : j'ai de plus en plus de mal à y aller le matin, pendant le trajet je déprime et j'ai envie de partir en courant ou de pleurer environ 10 fois par jour... Le pire, c'est pendant tous les moments de "battement" (dans les heures de trous, le midi...) parce que j'ai le temps d'angoisser.
J'ai pas mal levé le pied niveau préparations : je fais des choses plus simples, plus rapides à préparer (et je ne vois d'ailleurs pas franchement de différence sur le déroulé des cours avec les moments où j'y passais plus de temps). Mais même malgré ça, je n'arrive toujours pas à décompresser et relativiser. Des élèves qui trouvent un cours nul parce que "mais on fait que lire des livres !" ça me déprime. Ca ne m'empêche pas de renvoyer l'élève dans les cordes avec une remarque bien sentie, mais je ne supporte pas au fond de moi cette sensation de faire de la garderie, de les "occuper" en espérant que quelques-uns retiendront peut-être une chose ou deux. Hier j'ai regardé des travaux d'élèves de début d'année (que je leur avais proposés la première semaine) , et j'ai même l'impression que certains ont régressé (en qualité de graphie, en soin, en orthographe...). Ca me renvoie une image déplorable de moi-même
Pourtant ça ne se passe pas spécialement mal, les collègues sont sympathiques.
Mais chaque jour est une lutte intérieure pour ne pas prendre mes jambes à mon cou...
Je ne comprends pas le pourquoi de ce sentiment (même de cette sensation car je le ressens physiquement). Je ne dois vraiment pas être faite pour ça. Cela dit, je tiens vraiment à finir l'année avant d'aviser.
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