Au collège Saint-Exupéry, un rituel d'entrée est proposé aux élèves.

Toucher les élèves ! et puis quoi encore ! J'évite déjà au maximum les serrages de mains…

Le maximum que j'aie pu faire, dans des situations exceptionnelles, c'est poser une main compatissante sur l'épaule d'un élève en détresse venu s'épancher chez moi. Dans la même situation, il m'est arrivé d'appeler cet élève "Poulette" ou "Bonhomme".
Mais c'est le seul et unique cas. Faire une accolade (oui je suis prof de lettres, je ne dis pas "hug"), merci les odeurs et puis tout simplement... non. Le check est irrespectueux. La poignée de main, oui, quand ils arrivent en rendez-vous avec leurs parents, épicétout. Sinon, je les appelle par leur prénom ou, quand je ne le connais pas ou que je suis fâchée, "jeune fille" ou "jeune homme". Non mais.

Franchement ça m'a surprise au début, je n'ai compris tout de suite le sens des images à toucher mais je trouve ça cool de se saluer individuellement. Même le hug ne me choque pas en fait , du moment qu'ils peuvent l'éviter.

Bah, ça occupe 10 minutes, c'est déjà ça !
Sinon, pourquoi pas mais après tweeter et compagnie, le côté promotionnel du truc va dans un sens qui n'est pas celui que je préfère. Sinon, on a un collègue de philo qui serre la main de chaque élève. Après tout..

Ah et sinon, pour avoir été dans un collège Saint-Exupéry comme élève, les profs nous interdisaient d'écrire St car ce n'était pas un saint et nous n'étions pas en privé…..

Un élève (ou un enseignant) avec le syndrome d'Asperger serait très probablement mis en difficulté par cet accueil dans le "collège du bien-être".

C'est super glauque. Quelle angoisse.

J'ajouterais qu'en tant que professeur, je vois très vite quelle est l'humeur de mes élèves. Pas besoin qu'on nous prenne pour des idiots. Et bientôt ce sera quoi ? On devra "faire en fonction de cette humeur" ? Ah, il a mis "rouge", on ne l'interroge pas ? :lol:

roxanne a écrit:Ah et sinon, pour avoir été dans un collège Saint-Exupéry comme élève, les profs nous interdisaient d'écrire St car ce n'était pas un saint et nous n'étions pas en privé…..

Ben, ils avaient raison, comme pour Saint-Simon ou Sainte-Beuve.

nicole 86 a écrit:Un élève (ou un enseignant) avec le syndrome d'Asperger serait très probablement mis en difficulté par cet accueil dans le "collège du bien-être".

Pas seulement ceux-là !
Et comme professeur je me refuserais à cette pratique : est-ce que dans ce cas on passe du côté de la maltraitance ?

Je croyais qu'il fallait de la distance physique avec les élèves, même en EPS, et là on fait des embrassades ? (= prise dans les bras ; l'accolade, c'est quand le contact est limité aux têtes )

Oudemia a écrit:

Je croyais qu'il fallait de la distance physique avec les élèves, même en EPS, et là on fait des embrassades ? (= prise dans les bras ; l'accolade, c'est quand le contact est limité aux têtes )

Oui, mais là ce n'est pas pareil, c'est innovant et bienveillant.
Et puis, ça fait bien sur Truitor.

Fires of Pompeii a écrit:C'est super glauque. Quelle angoisse.

J'ajouterais qu'en tant que professeur, je vois très vite quelle est l'humeur de mes élèves. Pas besoin qu'on nous prenne pour des idiots. Et bientôt ce sera quoi ? On devra "faire en fonction de cette humeur" ? Ah, il a mis "rouge", on ne l'interroge pas ? :lol:

+1 Comme élève ou professeur.
Mais c'est bien, on se rapproche de plus en plus des centres aérés.
Se mettre sur le pas de la porte et dire bonjour avec un sourire, ça suffit pas comme rituel ?
Ras le bol de vouloir enlever le côté sérieux de la scolarité !

Ça m'a fait penser à certains rituels des écoles américaines, mais avec des élèves plus grands ça me paraît bizarre, voire glauque et/ou ridicule. Quelle perte de temps également. Quelle utilité aussi ? Comment retenir que X a choisi le rouge et Y le vert sur une classe de 30 élèves. Et puis le "collège du bonheur" merci bien.

Et pour l'humeur du prof, il n'est pas prévu de "rond noir" ?

Izambard a écrit:Franchement ça m'a surprise au début, je n'ai compris tout de suite le sens des images à toucher mais je trouve ça cool de se saluer individuellement. Même le hug ne me choque pas en fait , du moment qu'ils peuvent l'éviter.

Le prof ne peut pas l'éviter en revanche.

Et puis livrer ses humeurs... et l'intimité on en fait quoi ? Mince quoi. Le collège ce n'est pas la maison.

Même Ned Ryerson, il le sent, le gros malaise :

Je suis déçue de voir le nombre d'opposants au Vivre-Ensemble Comment hésiter un instant à sacrifier à cet Idéal son intimité physique ou morale ou celle de ses élèves ? Comment ne pas comprendre que c'est le But Ultime de notre institution ?

Un autre rituel dans le même collège
https://twitter.com/CollegeSlv/status/1111570987089346561?s=20

Et encore cette expression "collège du bonheur"... Bon sinon, il faudrait voir ce qu'en pensent les professeurs, les élèves...Est-ce un collège difficile ? Est-ce que ça a des effets sur l'ambiance générale ? Sinon, Madonna fait pareil avant ses concerts.

Cette mise en scène s'inscrit je pense dans la théorie de la communication transactionnelle.
L'élève indique de quelle humeur il se sent, il envoie un message au prof "aujourd'hui je suis cool" ou au contraire "prière de ne pas me faire ch... ce matin".
Je pense qu'à la fin l'enseignant doit faire de même devant toute la classe et indiquer son humeur générale.
Le truc du contact physique me laisse plus perplexe.
Mais dans l'ensemble je pense que c'est une très bonne initiative.

79 airlines a écrit:Cette mise en scène s'inscrit je pense dans la théorie de la communication transactionnelle.
L'élève indique de quelle humeur il se sent, il envoie un message au prof "aujourd'hui je suis cool" ou au contraire "prière de ne pas me faire ch... ce matin".
Je pense qu'à la fin l'enseignant doit faire de même devant toute la classe et indiquer son humeur générale.
Le truc du contact physique me laisse plus perplexe.
Mais dans l'ensemble je pense que c'est une très bonne initiative.

Donc c'est bien ce que disait un néo, cet élève le professeur doit le laisser tranquille donc ne pas l'interroger, ne pas l'obliger à travailler ?
C'est vraiment n'importe quoi !
Dans des situations réellement difficiles, les professeurs sont informés et en tiennent compte dans les cours mais là pour le moindre petit problème il faudrait s'adapter à l'humeur de l'élève.

Malheureusement c'est exactement le discours que l'on entend des professionnels, ils ont face à eux de plus en plus de jeunes salariés incapables de se plier aux règles du travail (les horaires déjà, ben oui j'ai mal dormi, je suis fatigué donc je peux pas venir), qui veulent faire ce qu'ils ont envie et au moment où ils en ont envie, qui estiment qu'ils doivent passer avant tout le reste...

celitian a écrit:

Donc c'est bien ce que disait un néo, cet élève le professeur doit le laisser tranquille donc ne pas l'interroger, ne pas l'obliger à travailler ?
C'est vraiment n'importe quoi !
Dans des situations réellement difficiles, les professeurs sont informés et en tiennent compte dans les cours mais là pour le moindre petit problème il faudrait s'adapter à l'humeur de l'élève.

Malheureusement c'est exactement le discours que l'on entend des professionnels, ils ont face à eux de plus en plus de jeunes salariés incapables de se plier aux règles du travail (les horaires déjà, ben oui j'ai mal dormi, je suis fatigué donc je peux pas venir), qui veulent faire ce qu'ils ont envie et au moment où ils en ont envie, qui estiment qu'ils doivent passer avant tout le reste...

disons que ça détend l'atmosphère et donne des indices précieux pour le maintien d'une bonne relation.
A quoi bon embêter qq'un quand il n'est pas réceptif ?
C'est un truc responsabilisant de part et d'autre.

Rendash a écrit:

Oudemia a écrit:

Je croyais qu'il fallait de la distance physique avec les élèves, même en EPS, et là on fait des embrassades ? (= prise dans les bras ; l'accolade, c'est quand le contact est limité aux têtes )

Oui, mais là ce n'est pas pareil, c'est innovant et bienveillant.
Et puis, ça fait bien sur Truitor.

Ouf! c'est à Saint-Exupéry, pas à Sainte-Marthe ou Saint-Joseph. :fifi:

Le faire travailler c'est l'embêter ? Ben à ce rythme certains élèves ne vont jamais rien faire car ils ne sont jamais d'humeur.
Donner aux élèves le pouvoir de travailler ou pas et totalement contre-productif car cela les oblige à prendre une décision qui devrait être imposée par l'école, bosser, faire des efforts.
Bizarrement j'ai toujours entendu que cela angoissait les enfants d'avoir trop de choix car cela leur donnait justement des responsabilités qu'ils ne sont pas en âge d'assumer.

79 airlines a écrit:

celitian a écrit:

Donc c'est bien ce que disait un néo, cet élève le professeur doit le laisser tranquille donc ne pas l'interroger, ne pas l'obliger à travailler ?
C'est vraiment n'importe quoi !
Dans des situations réellement difficiles, les professeurs sont informés et en tiennent compte dans les cours mais là pour le moindre petit problème il faudrait s'adapter à l'humeur de l'élève.

Malheureusement c'est exactement le discours que l'on entend des professionnels, ils ont face à eux de plus en plus de jeunes salariés incapables de se plier aux règles du travail (les horaires déjà, ben oui j'ai mal dormi, je suis fatigué donc je peux pas venir), qui veulent faire ce qu'ils ont envie et au moment où ils en ont envie, qui estiment qu'ils doivent passer avant tout le reste...

disons que ça détend l'atmosphère et donne des indices précieux pour le maintien d'une bonne relation.
A quoi bon embêter qq'un quand il n'est pas réceptif ?
C'est un truc responsabilisant de part et d'autre.

Encore une fois, je ne sais pas si j'arriverais à me souvenir qu'untel a tapé sur le rouge et tel autre a tapé sur le vert. Si on voit qu'un élève n'est pas réceptif comme tu dis, o, va rarement le titiller et créer des problèmes sans raisons. En anglais on peut établir des rituels collectifs en collège "Good morning class" - "Good morning Sir/Miss" et autres qui permettent de se mettre en route. En lycée, je préfère que les élèves s'installent vite et qu'on ne perde pas trop de temps.

J'ai rien contre (encore que comme déjà souligné il manque un salut sans contact physique type petite inclinaison ou salut type militaire)

Par contre c'est encore une pratique très deux poids deux mesures dont notre institution est friande :avec un nom "innovant" et réalisées par certains, des choses impardonnables dans d'autres contextes passent crème.

Si quelqu'un qui n'est pas dans les petits papiers fait ça on va lui expliquer que c'est mal de toucher les élèves... Mais là c'est un "rituel d'accueil bienveillant" ça passe.

Pareil quelqu'un qui donne des devoirs peut se faire critiquer mais s'il est bien vu et nomme ça "classe inversée" ça passe.

Ou encore réutiliser ses cours d'un niveau à l'autre... Pour certains c'est vu comme un manque d'investissement ou de travail et pour d'autres ça s'appelle du "spiralaire" et c'est super.

Personnellement, je n'aimerais pas. J'aime bien mes élèves mais pas à ce point. Et tout le monde passe, tout le monde fait le geste, caractère obligatoire. Qu'ils manifestent leur bonne ou moins bonne humeur pourquoi pas, mais les enseignants ont-ils aussi ce droit? En gros : " vous avez vu, j'ai mis ma main sur le petit bonhomme en colère, donc me faites pas C.... aujourd'hui"? ou " vous avez vu j'ai pris le petit bonhomme souriant, je vais être cool ".
Et quant au contact physique avec mes grands gaillards en LEP ou d'autres qui sentent mauvais, ou même les plus jeunes et même les filles, trop pour moi. Cela m'arrive quand ils ont quitté l'établissement, mais ce ne sont plus mes élèves.
Je m'étonne que les journaux TV n'en parlent pas, ils trouveraient cela formidable.
Mais si cela convient aux personnels de cet établissement, c'est leur problème.