Qu'attendiez-vous de votre métier ?

Bonjour,

On parle souvent du malaise des enseignants. Pour ma part, je pense qu'une partie de ce malaise provient d'une inadéquation entre les attentes sur ce métier et la réalité du terrain (cf l'article sur le moral des agrégés).

D'où ma question. J'insiste bien sur le fait qu'il s'agit des attentes que vous aviez, avant de devenir réellement enseignant. Plusieurs choix sont possibles.

Cordialement.

J'ai coché les 6 premières cases...
Je ne me faisais pas de grandes illusions : mon père est prof, j'avais donc un regard de l'intérieur...

Petite-fille et nièce d'institutrices, j'ai toujours imaginé que je serai prof. Et quand j'ai annocné à mes anciens profs que je l'étais devenue, tous ont trouvé ça évident.

Pour moi, prof, c'était le prestige du savoir, l'élégance des connaissances, des lettres bien écrites, des livres partout, des voyages...

Aujourd'hui, je ne peux pas dire à ma grand-mère qu'on m'a crevé les pneus de la voiture, que je n'ai pas de quoi me payer des vacances avec mes deux bestioles, que je me suis faite menacer par des morveux de 15 ans, que les parents viennent se plaindre de la punition donné à Kévinou..

j'ai coché épanouissement, position sociale, temps, sécurité.

bilan au bout de 8 ans:
épanouissement: oui au début, mais j'ai changé (heureusement, qd j'ai commencé je n'étais qu'une ado...)
position sociale: MOUHAHAHAHA!!!
temps: oui, quand l'edt le permet, mais j'en ai marre des transports....
sécurité: oui, mais dans quelles conditions?

maintenant: je veux gagner plus d'argent.

J'ai coché 1, 4, 5, et 6; pour l'instant (depuis 1 an) je ne suis pas encore déçue, sauf pour le 5: le temps libre :s

Salaire correct, temps libre, sécurité.
Je savais que j'aurais droit à un poste pourri et à une reconnaissance toute relative (mais pas à ce point là tout de même).
En revanche, je suis déçue par le manque d'humanité du système dans lequel nous ne sommes que des pions (suppressions de postes, compléments, tézédariat à perpette... ce qui remet en cause ma vision de la sécurité de l'emploi façon EN ) et surtout par le salaire qui mériterait d'être largement revu à la hausse (ça n'arrivera pas, faut pas rêver, pffffffffffffff).

Du temps - et la sécurité de l'emploi- !!!!! Pour faire autre chose (dessiner, écrire, faire de la photo...). Ce n'est pas la meilleure des raisons ? Ça doit expliquer à quel point mon quotidien est en inadéquation avec mes attentes. Enfin, je ne m'imaginais pas manquer si souvent de sommeil et avoir tant de souci d'anxiété et le travail toujours en tête... Pas non plus que je considérerais le moment où je fais la cuisine, et même le ménage ou la vaisselle, comme un délicieux moment de pause...

Bon, j'attendais aussi un certain épanouissement, un travail dont je sois fière, et un salaire correct, sans plus (avec beaucoup de temps libre, on ne peut pas tout avoir quand même).

D'abord et avant tout la sécurité de l'emploi: primordial de nos jours.

Ma mère était professeur et a longtemps pu travailler dans des conditions correctes voire agréables, a toujours pu muter pour suivre les mutations fréquentes de mon père.

Je comptais faire le même métier

même si mes parents sont tous les deux profs, j'avoue que ce n'est pas tout à fait pareil que ce que j'attendais...

j'ai coché épanouissant et sécurité de l'emploi, j'aurais pu en cocher plus:

épanouissant: oui, pour une classe sur 4, d'une manière générale je trouve que les 3e-ado-rien-ne-m-interesse sont surtout source de frustration et de déception. Heureusement, il y a toujours une classe qui sort du lot, un élève qu'on arrive à faire progresser

la position sociale:...mmh je m'attendais surtout à la reconnaissance de notre travail et de notre statut, au respect, au moins par les adultes, du prof... je tombe toujours des nues quand je vois (ou lis) les parents qui défendent petit chéri contre le méchant professeur ou qui m insultent...

un salaire relativement correct: je savais qu on ne faisait pas prof pour le fric, mais quand même, mes parents ont toujours eu des chevaux, on a manqué de rien... mais quand même aujourd'hui si mon homme ne gagnait pas quasiment le double de mon salaire, on serait toujours dans un petit appart, on ne pourrait pas partir en vacances ni avoir mis la princesse en route...

la sécurité de l'emploi: ça c'est ma grosse desillusion! Quand je vois l'évolution de notre boulot, ce qu'on nous prépare pour les années à venir, je me dis que notre métier et nos postes sont vraiment menacés, qu on aura du mal à faire ce métier toute notre vie, et ça me fait très peur.

J'en attendais surtout la sécurité de l'emploi et un job épanouissant, après avoir "galéré" quelques années à faire des petits boulots, en alternance avec des période de chômage et RMI (oui quelle drôle d'idée de faire une maîtrise d'espagnol, quand on n'a pas envie d'être prof)

A ce niveau là j'ai été servie, chaque fois que je passe devant une agence intérim ou un pôle emploi, je souris, en me disant que je n'aurai plus à y mettre les pieds... C'est quand même pas rien!!

Sinon comme je n'attendais pas grand chose de ce métier, et que j'y allais à reculons j'ai plutôt été agréablement surprise...

J'aime ce métier, je me fiche de la reconnaissance sociale (elle sera toujours meilleure que quand j'étais serveuse ou téléopératrice), et comme je suis dans un DOM, je suis plutôt très bien payée! (d'ailleurs je trouve ça un peu scandaleux que les profs mutés de force en région parisienne ne soient pas mieux payés)

épanouissant : je voulais faire ça, je ne voulais pas avoir un job alimentaire.
maintenant, au bout de 11 ans, ça va, je signe à nouveau
salaire correct : ben oui, quand même...mais avec l'évolution des prix et des salaires, je commence à déchanter un peu.
sécurité de l'emploi : oui, mais quand t'as trouvé l'endroit qui te convienne...avant c'est galère d'etre corvéable à merci pour aller à petachnok
un role dans l'éducation : c'était ma motivation numéro 1, j'espère y arriver toutefois...

Travail épanouissant
Sécurité de l'emploi
Rôle dans l'instruction des nouvelles générations

Épanouissement : oui, je me sens bien dans mon métier.

Salaire relativement correct : ça me va.

Sécurité de l'emploi : je l'ai.

Du temps libre : j'en ai.

Bref, je suis satisfait. Mais parce que l'enseigne dans un endroit sympathique, et que je me bats quand quelque chose ne me convient pas, aussi bien au niveau de l'établissement qu'au niveau syndical.

Daphné a écrit:Ma mère était professeur et a longtemps pu travailler dans des conditions correctes voire agréables, a toujours pu muter pour suivre les mutations fréquentes de mon père.

Je comptais faire le même métier

Pareil pour moi (pas de mutations, mais un poste fixe près de la maison... oui, oui, avec jardin et tout, pas du studio que nous pouvons nous payer mon mari et moi à 30km de ladite maison). Et il fallait l'entendre parler de ses élèves, ah, ses élèves, ça donnait vraiment envie !... et elle a pris sa retraite il y a seulement 5 ans
Enfin, cette année, pour moi, avec les élèves, c'était vraiment bien, si seulement ça pouvait être comme ça toute ma carrière, mais quand je pense à l'année dernière, à ce qui m'attend, à l'incertitude du TZR

j'ai coché 1, 3, 4, 5 et 6
le temps libre je l'ai (pendant les vacances parce que en période de cours c'est la course)
le salaire me permet de vivre (pas de faire de grands projets mais comparé au niveau de salaire de mes parents qui étaient ouvriers et employés c'est bien mieux)
l'épanouissement: de moins en moins mais j'attend beaucoup de la mut (parce que c'était plutôt avec la direction et les collègues que ça devient difficile dans mon bahut)
j'ai l'impression d'apporter quelque chose à mes élèves, enfin à certains
en revanche, je ne me suis jamais fait d'illusion sur une reconnaissance sociale!

L'épanouissement personnel : oui. Je le cultive: j'essaye de faire ce qui me plaît, et de préserver le plaisir d'enseigner et d'apprendre.

La sécurité de l'emploi: oui, rétrospectivement surtout. Je ne voulais pas me poser de questions. Mais si je n'avais pas eu le concours, je suis persuadé que j'aurais trouvé aussi bien.

Le salaire : oui même si je ne m'attendais pas à devenir millionnaire. Il me convient. On mène une vie simple; on se fait plaisir et on fait des économies en même temps. On ne se plaint pas.

Le temps libre : Primordial. Je crois qu'avec l'épanouissement intellectuel, c'est la principale raison pour laquelle je suis devenu enseignant. J'ai surtout besoin des vacances pour partir et faire ce que j'aime.

Le reste (reconnaissance sociale etc..), je m'en moque.

Je voulais avant tout me sentir utile et avoir du temps pour écrire, lire et pour m'occuper de mes enfants. Je n'ai pas été déçue. Je suis très heureuse de faire ce métier même s'il y a des moments difficiles.
Le plus dur à gérer, pour moi, c'est de subir les c..... décidées d'en haut, le mépris de la société à l'égard du savoir et des profs.

Epanouissement. J'étais convaincue que j'étais faite pour ça. Je voulais faire un métier varié, jouer un rôle dans la formation de l'esprit. Un métier en contact avec la culture et l'humain : quoi demander de plus? Je ne voulais pas d'un truc mécanique, répétitif, du train-train...

Sécurité de l'emploi.

Temps libre.

Résultat : ben je me suis bien bien plantée. J'aurais voulu me planter que je ne m'y serais pas prise autrement.

Et le pire c'est que je ne vois vraiment pas ce que je peux faire.

Repasse le concours. Ailleurs. Tu as changé, mûri, évolué. Tu sais ce sur quoi tu as péché, tu as vu quels étaient tes points forts.
Et surtout, ça reste une vocation pour toi.

Oui Carabas, repasse le concours, tu auras de meilleures conditions de stages et qu'est-ce que tu risques ?
Sinon tu vas avoir des regrets, alors n'hésite pas.

Travail épanouissant.
Rôle dans l'instruction des nouvelles générations.
Sécurité de l'emploi.
Salaire correct.

Ce que j'attendais, je l'ai eu... sauf que l'épanouissement conduit parfois à l'épuisement !
Le temps libre, à part l'été, je ne l'ai pas, et même si ce n'était pas ma motivation, je ne pensais pas que ce serait à ce point.

Celeborn a écrit:

Salaire relativement correct : ça me va.

Est-ce que je suis la seule à penser que nous sommes très mal payés, pour les exigences du métier que nous exerçons?

Chocolat a écrit:

Celeborn a écrit:

Salaire relativement correct : ça me va.

Est-ce que je suis la seule à penser que nous sommes très mal payés, pour les exigences du métier que nous exerçons?

il me semble que dans les années 50 notre salaire a été défini sur 10 mois répartis sur 12 à cause des grandes vacances (mais là ce ne sont que des rumeurs, je n'ai jamais pu trouver les textes: quelqu'un en saurait-il plus? )

pour le salaire, si tu n'as aucune prime, aucun HS et que tu dois faire vivre une famille, ce n'est clairement pas assez
perso, je trouve que quand tu as des HS et que tu es PP, sans enfant, c'est tout-à-fait décent (même si, je le répète, ça ne permet pas de faire de grands projets: quand j'ai simulé un prêt immo et que j'ai vu le genre d'appart que je pouvais m'offrir: )

je crois aussi qu'on a tendance à comparer avec les gens de notre entourage: et pour ma part en comparant salaire et boulot, je ne peux pas me plaindre, je suis même plutôt contente

les choses vont sans doute changer: l'EN est bien partie pour nous faire travailler plus, toujours plus, tout en payant de moins en moins

Chocolat a écrit:

Celeborn a écrit:

Salaire relativement correct : ça me va.

Est-ce que je suis la seule à penser que nous sommes très mal payés, pour les exigences du métier que nous exerçons?

Non, je pense la même chose.

Mais pour avoir participé à pas mal de discussions sur le sujet, ça dépend pas mal du lieu de résidence : je suis en IDF où les salaires du privé sont plus élevés qu'en province et où l'immobilier pèse énormément sur le budget, quand on compare avec les voisins ou les copains, on a vraiment l'impression d'être le dindon de la farce.
Par ailleurs, je trouve que le "ça me suffit pour vivre" ou le "il y a des gens qui gagnent moins" (on en trouvera toujours) ne sont pas des arguments recevables : là n'est pas la question, la rémunération n'est pas liée à des besoins mais à un emploi et je trouve donc que tu as raison de parler des "exigences du métier", aussi bien en termes de travail quotidien qu'en termes de niveau de recrutement.