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Esméralda
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Grand sage

Questionnaire ou LA sur Initiales de P. de Bouchet Empty Questionnaire ou LA sur Initiales de P. de Bouchet

par Esméralda Mar 7 Sep 2010 - 20:59
Quelqu'un aurait-il une séance, un questionnaire ou une LA de cette nouvelle qui ne soit pas trop axée sur des questions techniques / narratologiques ... ( sur les questions d'ordre, rythme et tout le bazar ...
miss sophie
miss sophie
Expert spécialisé

Questionnaire ou LA sur Initiales de P. de Bouchet Empty Re: Questionnaire ou LA sur Initiales de P. de Bouchet

par miss sophie Mar 7 Sep 2010 - 21:08
Voici ce que je fais. Il y a beaucoup de "rythme et ordre du récit", mais en lien avec l'intérêt de l'histoire, l'effet recherché par le narrateur; il y a aussi des questions sur les personnages.

Où et quand se passe l’histoire ? Répondez en citant le texte.
L’histoire se déroule « à Paris » (l.4), dans les « grands magasins de la Belle Jardinière » (l.11), « une fin d’après-midi d’avril de l’année 1918 » (l.1).

Comment la guerre est-elle présente dans cette histoire ? Relevez et classez les différents indices. De quelle guerre s’agit-il ?
La guerre est présente à travers de nombreux indices : la référence au « canon allemand » (l.3) silencieux depuis quelques jours seulement ; la qualification de Paris : « si meurtri depuis le début de la guerre » (l.4) ; les conversations inquiètes des clientes qui « évoquaient la terrible offensive allemande dans la Somme, la difficulté qu’avaient les troupes françaises à tenir malgré le renfort des alliés anglais et américains, les blessés, les morts, les fils, les pères, les maris, les frères, dont on était sans nouvelles » (l.15-18) et leur douleur devant cette « bataille qui faisait rage » (l.20) ; la présence du soldat américain en uniforme (l.34) ; enfin l’évocation du départ du soldat : « son régiment partait pour la Somme. (…) La Somme, c’était cette bataille sans merci où tombaient tous les hommes » (l.93-95), « les bataillons alliés, américains, étaient-ils encore sur Paris ? (…) les derniers contingents étaient partis pour la Somme » (l.111-113).
Il s’agit de la Première Guerre Mondiale, opposant l’Allemagne à la France, l’Angleterre et les Etats-Unis.
A travers ces phrases on relève le champ lexical de la guerre : canon, paix, offensive, troupes, alliés, blessés, morts, bataille, meurtrière, uniforme, soldats, régiment, bataillons, contingents.

Qui raconte ?
Le narrateur est extérieur à l’histoire (narration à la 3e personne).

schéma narratif
Situation initiale : En 1918, Juliette, vendeuse, s’apprête à finir sa journée.
Elément perturbateur : un client, jeune soldat américain, arrive.
Péripéties : après un silence embarrassé, Juliette l’aide à choisir un cadeau pour une femme.
Elément de résolution : il lui avoue que c’est à elle qu’il veut offrir ce cadeau avant de partir.
Situation finale : son régiment part pour la bataille de la Somme, elle n’a aucune nouvelle.

Quels mots introduisent l’élément perturbateur et quelle autre marque du passage à l’action relevez-vous dans la même phrase ?
L’élément perturbateur est introduit par la locution adverbiale « Tout à coup » et l’emploi du passé simple (« s’entendit ») marque le début de l’action.

Le rythme du récit
Combien de temps dure la rencontre entre Juliette et le soldat américain ? En combien de lignes est-elle racontée ?
Combien de temps dure le reste de l’histoire ? En combien de lignes cette suite de la rencontre est-elle racontée ?
Etant donné l’organisation de ce récit, dites ce qui intéresse surtout le narrateur.

La rencontre entre Juliette et le soldat américain dure environ une demi-heure (l.8 : « Le magasin allait fermer dans une grande demi-heure » ; l.89 : « Le magasin allait fermer »). Elle est racontée en 72 lignes (lignes 25 à 37 apparition du soldat ; lignes 50 à 108 discussion).
Le reste de l’histoire dure quelques jours (« le lendemain », « quelques jours plus tard ») plus toute la période contenue dans le « jamais » de la dernière ligne. Cette suite de la rencontre est racontée en six lignes (l.109-114).
Etant donné le déséquilibre dans le traitement de la durée, on peut dire que ce qui intéresse surtout le narrateur est donc cette rencontre de deux personnes seules dans un contexte dramatique. Il met en scène un moment émouvant, s’attache à ce qu’éprouvent ces personnages, à leurs sentiments.

NB A la ligne 112, l’ellipse (« quelques jours plus tard ») évite la narration d’absence d’événement nouveau ; le narrateur ne s’intéresse pas aux activités de Juliette mais au lien qu’elle a noué avec cet homme, il n’évoque que cela.

Qu’est-ce qui sépare les personnages ? Qu’est-ce qui les rapproche ?
Ce qui sépare les personnages, c’est leur opposition : lui est un soldat, « un homme qui part » (l.103) et risque de mourir dans des batailles où il va devoir se battre ; elle est une civile, « une femme qui reste » (l.103) et vit, simple auditrice des conversations évoquant ces batailles. Cette guerre va d’ailleurs les séparer physiquement, même si c’est aussi elle qui a contribué à réunir un instant cette Française et cet Américain allié…
Ce qui les rapproche, c’est d’abord la langue anglaise que Juliette est la seule à parler au magasin, et cette origine anglo-saxonne commune (le père de Juliette était anglais). Leur autre point commun est leur solitude, visible dans les projets de Juliette pour la soirée (l.8-10) et dans l’aveu du soldat (l.102), et leur embarras l’un devant l’autre, leur timidité. Le poudrier offert va être un trait d’union concret entre eux.

L’organisation du récit
La nouvelle ne suit pas toujours l’ordre chronologique (c’est-à-dire la succession dans le temps des actions). Repérez des « décrochages » par rapport à l’ordre normal des faits évoqués.
Le narrateur nous projette parfois dans le futur (proche) avant de revenir au présent : les lignes 7 à 10, 86-87, 92-93, 97 et 105 sont des anticipations. Il revient aussi sur le passé aux lignes 39 à 46 : il évoque l’enfance de Juliette, c’est un retour en arrière.

Anticipations
Quel est le temps verbal dominant dans ces passages ? Relevez les verbes à ce temps et trouvez sa valeur dans un récit. Quel est l’intérêt de cette anticipation ?
Le temps verbal dominant est le conditionnel (irait, s’attarderait ; faudrait, serait trouvé ; aurait, s’occuperait, pourrait ; trouverait ; écrirait) à valeur de futur dans le passé.
L’intérêt de la première anticipation est de nous projeter dans le quotidien de Juliette en nous montrant sa solitude. Elle indique aussi le laps de temps avant la fermeture : une demi-heure, qui va contenir plus d’évènements qu’on n’imagine. Les anticipations suivantes évoquent le départ du soldat et créent de l’émotion et une certaine tension.

Retour en arrière
Quel est le temps verbal dominant dans ce retour en arrière ? Relevez les verbes à ce temps. Quel est l’intérêt de ce passage ? Quel groupe de mots indique que le retour en arrière est terminé ? Quel est l’âge de Juliette au moment de l’histoire ?
Le temps verbal dominant dans ce retour en arrière est le plus-que-parfait (avait parlé, avait suivi, était née, avaient vécu, était parti, étaient restés, était revenu, avaient repris, était resté).
L’intérêt de ce passage est d’une part d’insister sur un point commun entre Juliette et le soldat inconnu : leur origine anglo-saxonne, d’autre part de souligner la part de douleur dans le passé de la vendeuse, marquée par le départ sans retour de son père. La langue anglaise que le soldat va lui permettre d’utiliser à nouveau est marquée affectivement pour elle.
Enfin, à l’issue de notre lecture, nous pouvons faire un parallèle entre l’absence du père que Juliette et sa mère ont passé un temps à « attendre tout en sachant qu’il n’y avait plus rien ni personne à attendre » (l.42-43) et le départ du jeune soldat pour ce lieu d’où « les hommes ne revenaient pas » (l.104) et d’où « il n’écrivit jamais » (l.114), Juliette ne pouvant rien faire d’autre que d’attendre d’hypothétiques nouvelles…
L’expression « Dix ans plus tard » indique que le retour en arrière est terminé car elle nous ramène en 1918. La question que Juliette pose à l’Américain confirme ce retour à l’action de départ. Au moment de l’histoire, en 1918, Juliette a vingt-deux ans puisqu’elle avait « douze ans » (l.45) quand elle est revenue en France et que l’on est « dix ans plus tard » (l.47).

On trouve des ellipses (faits passés sous silence) dans le récit de l’enfance de la jeune femme : l.41, 47.
Quels connecteurs temporels signalent ces ellipses ?
Qu’est-ce qui n’a pas été raconté ? Pourquoi ?
Quel est le principal effet produit par l’emploi d’ellipses à ce moment du récit ?
Les connecteurs temporels signalant ces ellipses sont « plusieurs années », « dix ans plus tard ».
Ce qui n’a pas été raconté est la vie avec le père puis sans le père, surtout. Cela n’a pas d’intérêt pour l’histoire et nous écarterait du sujet.
Le principal effet produit par l’emploi d’ellipses à ce moment du récit est de faire un bond entre cette époque où elle était en Angleterre et ce moment où elle reparle anglais, et de transposer ainsi le lien affectif qu’elle a avec cette langue au soldat qui la parle…

Effet
Pourquoi cette histoire est-elle émouvante ?
Ce récit est émouvant car l’histoire qui commence entre les deux personnages ne pourra pas continuer : on devine à la dernière ligne qu’il est mort, puisqu’il n’écrit pas alors qu’il l’avait promis et que cela semblait important pour lui. Tous les indices du texte convergent vers cette fin : depuis le début le narrateur nous martèle qu’on ne peut que mourir à la Somme : l.16, 20-22, 94-95, 103-104.
Mais ce qui est le plus touchant, c’est ce cadeau qu’il lui fait : il est poignant de savoir que Juliette est la seule femme qu’il ait connue, qu’aucune femme ne l’attend, qu’il n’a personne à qui penser et qui pense à lui, et que cela lui manque ; il a besoin de ce lien avec quelqu’un avant de partir vers la mort.
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Questionnaire ou LA sur Initiales de P. de Bouchet Empty Re: Questionnaire ou LA sur Initiales de P. de Bouchet

par Esméralda Mar 7 Sep 2010 - 21:37
Merci, c'est plus intéressant que ce que je faisais je pense. Du coup, je vais peut-être reprendre cette nouvelle :
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