Sourdun, internat d'excellence

Quelques "internats d'excellence", sortis de terre depuis deux ans, peuvent-ils camoufler la grande misère de l'enseignement français ? Ou sont-ils, au-delà de l'effet-vitrine, la promesse balbutiante de quelque chose qui pourrait émerger, l'évidence que "c'est possible", et que ce qui est pour le moment localisé dans quelques sites serait, demain, généralisable, au grand dam de tous ceux qui croient que seuls le laisser-aller, la gabegie pédagogique et l'égalitarisme forcé sont l'avenir de l'Education nationale ?
Claire Mazeron, vice-présidente du SNALC, a été invitée à visiter l'internat de Sourdun, en Seine-et-Marne. Elle en a tiré un récit précis, documenté, livré aux lecteurs de Bonnet d'âne — sans en modifier une ligne. Mais comme le maître du blog partage, entre autres, ses analyses…

La suite sur
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/05/27/internats-d-excellence.html

par contre, si j'ai bien compris, ce sont les "pédagogies innovantes" qui sont à l'honneur dans ces établissements, non?

je vais lire l'article.

Non, non, à ce que m'a dit la visiteuse, c'est du disciplinaire à hautes doses — à Sourdun au moins. À Montpellier, en revanche (elle ira prochainement), c'est beaucoup plus pédagogo-branché. Tout dépend de l'impulsion initiale. Et de la direction.

en effet si c'est du disciplinaire à hautes doses c'est une bonne idée. C'est assez inquiétant de voir que chaque établissement fait sa sauce, une vraie destructuration de l'école républicaine...

Reine Margot a écrit:en effet si c'est du disciplinaire à hautes doses c'est une bonne idée. C'est assez inquiétant de voir que chaque établissement fait sa sauce, une vraie destructuration de l'école républicaine...

Je ne vous le fais pas dire…
C'est la combinaison de l'autonomie des pédagos, et du libéralisme version Chatel.
Tout ce qui reste, c'est de fabriquer des lieux d'excellence, et d'y attirer des foules nombreuses — en espérant, contre toute logique, que c'est le meilleur modèle qui l'emportera, et non le plus démago.

oui, tout ce qui reste, comme vous dites...

Ouaih, mais du disciplinaire, à haute dose, ça peut aussi être très mal fait.

Finalement, cette autonomie semble ne laisser le choix qu'entre des caricatures d'enseignement.

cet exemple-là, en tout cas, fait rêver... Et en tant qu'enseignant et en tant que parents ou élève...

Au risque de choquer et de passer pour une dangereuse anarchiste, ça ne me choque pas que le système s'adapte aux situations locales, aux besoins particuliers.
Que cet internat existe et que ce type de lieux puissent se développer pour les jeunes et adultes qui s'y plaisent et à qui ça réussi, je vote pour. Qu'on décide que tout le monde doit y passer au nom de l'égalitarisme républicain, je dis non.
Je crois même que ce qui marche, c'est l'idée que les gens ont qu'ils sont un peu unique, qu'on s'occupe d'eux en fonction d'eux. C'est l'impression d'appartenance qui compte beaucoup. Ca marche bien en sens inverse : la stigmatisation des gens ou des établissements rend les gens moins bons, plus nuls. Avoir l'impression d'appartenir à un établissement d'élite, ou un peu spécial dans le bon sens du terme, rend meilleur de la même façon. Que cet établissement soit fondé sur la discipline traditionnelle ou les projets pédagos

Pour celui que je connais, le recrutement des enseignants a été fait dans le plus grand secret, sur le mode de la cooptation. Ils ont été recrutés comment, ceux de Sourdun ?

La transparence, ce n'est franchement pas encore pour aujourd'hui.

John a écrit:Pour celui que je connais, le recrutement des enseignants a été fait dans le plus grand secret, sur le mode de la cooptation. Ils ont été recrutés comment, ceux de Sourdun ?

La transparence, ce n'est franchement pas encore pour aujourd'hui.

Je crois qu'on a pris ceux qui étaient motivés, à Sourdun, et que l'équipe est au final plutôt jeune, car c'est quand même paumé au milieu de nulle part et que ça ne facilite pas la vie de famille.

John a écrit:Pour celui que je connais, le recrutement des enseignants a été fait dans le plus grand secret, sur le mode de la cooptation. Ils ont été recrutés comment, ceux de Sourdun ?

La transparence, ce n'est franchement pas encore pour aujourd'hui.

En principe le recrutement se fait sur des postes spécifiques académiques.

Daphné a écrit:

John a écrit:Pour celui que je connais, le recrutement des enseignants a été fait dans le plus grand secret, sur le mode de la cooptation. Ils ont été recrutés comment, ceux de Sourdun ?

La transparence, ce n'est franchement pas encore pour aujourd'hui.

En principe le recrutement se fait sur des postes spécifiques académiques.

Tiens, il me semblait que c'était spécifié dans le texte…

C'est la vieille néotit qui parle (elle a encore perdu ses codes :boulet: John, au secours!! )

Pour le recrutement, ce n'est en rien opaque: c'est un recrutement sur postes spécifiques académiques (il faut certes être déjà à Créteil - pas trop difficile en soi!), les postes sont affichés par discipline sur le site de Sourdun et celui de l'académie. Franchement, j'ai plutôt eu l'impression qu'ils cherchaient des candidats, notamment pour les prépas (PCSI et ECE) qui peinent à recruter si loin de tout. Evidemment, à Montpellier, vu l'emplacement ça doit être davantage demandé!

Pour le reste, disons que pour une fois qu'une expérimentation n'est pas une grosse bouse pédagogo, pour une fois qu'on ne l'impose pas aux profs ou aux élèves (tous volontaires) et pour une fois que l'Etat ne laisse pas au privé ce genre d'initiative, je vois mal pourquoi je cacherais mon enthousiasme. Il y a assez de raisons de râler dans l'EducNat, et je ne m'en prive pas en général. Ca ne guérira pas tous les maux des ZEP, mais ça n'est pas non plus de la charité façon conventions ZEP-Sciences PO. Et si ça peut diffuser, à terme, tant mieux!

Je te renvoie des codes

Au sujet des postes : les postes en prépa, eux, n'étaient de toute façon pas des postes spécifiques académiques (?). Et je suis sûr qu'ils n'étaient pas indiqués parmi les postes vacants en prépa l'année dernière.

Pour les postes de niveau 2nde-1ère-Tle, il ne me semble pas non plus les avoir vus dans les SPEA en avril dernier, mais là je peux me tromper.

Je crois que le mieux, pour ceux qui seraient intéressés, c'est d'entrer en contact directement avec le proviseur, Jean-François Bourdon.
L'inspection générale de philo a eu par exemple le plus grand mal à trouver quelqu'un pour enseigner en prépas…

Le recrutement s'est vraiment fait différemment selon les internats d'excellence : apparemment, dans d'autres, il n'y a pas eu d'ouverture de poste en prépas, mais simplement quelques heures ajoutées au service d'enseignants du secondaire, et donc attribuées à l'enseignant le mieux informé de l'équipe pédagogique la plus proche de la prépa.

Je crois qu'un professeur que je connais a postulé pour un poste à Sourdun l'année dernière... Il n'y a pas eu un reportage à propos de cet internat sur Canal + l'année dernière?

Edition: j'ai fait une petite recherche et effectivement, c'est bien cet internat! Je n'ai plus vraiment de nouvelles de ma collègue, je me demande si elle a eu le poste proposé (d'autant plus que le directeur lui avait fait miroiter la possibilité d'enseigner en prépa)...

Pour être commissaire paritaire sur Créteil et avoir eu plusieurs retours sur ce bahut, je peux vous garantir que cela n'est pas forcément la joie là-bas...
Comme dans toute bonne vitrine rectorale, les problèmes y sont étouffés en moins de deux...
Pour le reportage,
http://snesfsu.wordpress.com/2010/05/16/la-grande-histoire-linternat-dexcellence-de-sourdun/

Le lien est faux ou mal daté. Il n'y a pas d'émission du 5 mai.

Avec des classes de 20 élèves c'est sûr que tout va mieux.
j'ai une première, pas d'excellence, dans ce cas cette année.
Tout est beaucoup plus facile :
-- en prenant un paquet de copies, c'est comme si on avais déjà fait la moitié du travail,
-- on peut passer deux minutes à expliquer un point du cours à un élève en difficulté,
-- des élèves qui seraient odieux dans une classe normale (34) se sentent obligés d'être polis car ils ne peuvent pas se cacher derrière les autres.
En bref c'est quasiment le paradis du prof.

Ceci étant j'ai déjà vu des classes moins nombreuses en collège et il est vrai qu'une classe formée de 18 cas sociaux relevant plus du ministère de la justice que de celui de l'éducation nationale n'est pas un cadeau. mais c'est encore pire quand ils sont 24 ou 30.

À part ça l'article me rappelle vraiment les dithyrambes des communistes sur l'URSS. Du vide et pas d'information. Tout est beau, tout va bien, les chefs sont des génies et il serait vraiment malséant d'aller voir les détails. En gros c'est de la propagande. La quelle n'est d'ailleurs pas forcément mensongère, mais juste peu crédible.

il n'y a rien sur l'internat de sourdun dans ce lien...

verdurin a écrit:
À part ça l'article me rappelle vraiment les dithyrambes des communistes sur l'URSS. Du vide et pas d'information. Tout est beau, tout va bien, les chefs sont des génies et il serait vraiment malséant d'aller voir les détails. En gros c'est de la propagande. La quelle n'est d'ailleurs pas forcément mensongère, mais juste peu crédible.

Mais je vous en prie : allez voir dans les détails !
Il m'avait semblé, moi, que justement l'article fourmillait de détails. Mais s'il y en a qui vous manque, je transmettrai à l'auteur (et non pas auteure comme écrivent les gens qui ignorent le français), qui répondra. Quoique… À un certain niveau de mauvaise foi est-ce bien nécessaire ?

Dernier point : j'ai plaidé, à fil d'ouvrages, pour des différenciations — 15 élèves ici, parfois 40 là. Et non pas 1,7 de moins pour tout le monde.
Parce que 15 élèves difficiles, c'est déjà beaucoup. Mais que 40 élèves excellents, c'est jouable (j'en ai jusqu'à 45, certaines années — c'est lourd en copies, mais c'est reposant pour transmettre des connaissances).
Que Sourdun — qui n'est pas encore en régime de croisière — ait des classes à effectifs réduits est cohérent avec le projet — et si vous voulez bien réfléchir trois secondes, c'est un premier pas dans la dissolution du collège unique, qui est la seule solution raisonnable, à court et moyen terme.
Et les syndicats qui s'y opposent sont, eux, des syndicats vendus. Point barre.

verdurin a écrit:
En gros c'est de la propagande. La quelle n'est d'ailleurs pas forcément mensongère, mais juste peu crédible.

à propos du contenu de la propagande, soit ce contenu est vrai, soit il est faux. S'il est vrai, je ne vois pas comment il peut être peu crédible (ou alors tant pis pour celui qui n'arrive pas à admettre la réalité, pour une fois qu'elle n'est pas si moche qu'il le croit). S'il est faux, en effet, oui... c'est du mensonge !... Mais il n'y a pas de demi-teinte possible, du "pas forcément mensonger mais peu crédible" ça me laisse perplexe.

Va falloir m'éclairer là...

Sinon, j'avoue, je ris un peu. Parce que vous me laissez le choix entre un groupe de 15 ou de 20 qui ne veut pas travailler (ah les gosses de riches de Versailles, persuadés que la réussite était un dû, d'autant plus qu'ils étaient arrivés, Zeus seul sait comment en 2e année) et un groupe de 30 qui veut bosser, mon choix est vite fait !