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doctor who
Doyen

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par doctor who Mer 14 Sep 2011 - 13:15
Je disais qu'on oublie la dimension historique de ces modes d'écriture. Surtout, on oublie leur dimension "existentielle" (je ne trouve pas mieux, désolé), qui dépasse le cadre de la littérature.

La satire n'est pas que dans la littérature et a des points communs avec des discours sociaux plus quotidiens. De même pour tous les autres registres. Il faut arriver à ce que les manières d'écrire (je reste vague volontairement) "parlent" aux élèves, ne soient pas vus uniquement comme des notions scolaires. Tout le contraire de la nomenclature techniciste !
ysabel
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par ysabel Mer 14 Sep 2011 - 16:08
tout à fait et les nouveaux programmes permettent de sortir de cette vision techniciste, il ne s'agit donc pas d'en rester aux "genres et registres" des programmes Viala, comme si les registres existaient par eux-mêmes...

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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante

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jeunebrunedemo
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par jeunebrunedemo Mer 14 Sep 2011 - 22:24
Je n'ai toujours pas compris comment une notion inexistante peut être opérationnelle.

c'est ton postulat qui est faux, la notion existe, c'est ton postulat qui est non opérationnel d'où ton incompréhension Wink


Dernière édition par jeunebrunedemo le Mer 14 Sep 2011 - 22:34, édité 1 fois
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jeunebrunedemo
Niveau 4

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par jeunebrunedemo Mer 14 Sep 2011 - 22:32
doctor who a écrit:Je disais qu'on oublie la dimension historique de ces modes d'écriture. Surtout, on oublie leur dimension "existentielle" (je ne trouve pas mieux, désolé), qui dépasse le cadre de la littérature. (...) Tout le contraire de la nomenclature techniciste !
Mais écrire c'est A LA FOIS une technique et un discours sur le monde ! Il n'est pas question d'oublier quoi que ce soit de ces deux dimensions.
Quand Balzac veut faire comprendre les rouages psychologiques et sociaux et qu'il décrit de manière pathétique le dévouement de Goriot pour ses filles, il zoome complètement sur la détresse sourde de ce personnage, il souligne le trait, en rajoute pour toucher son lecteur et l'amener comme le fait Rastignac à s'indigner de ce comportement filial. Rastignac ne s'arrête pas là bien sûr, il s'indigne mais comprend aussi que tous les moyens sont permis quand on est ambitieux. Il n'est plus le Candide arrivé à Paris.
Ce pathétisme, c'est de la technique d'écriture qui est au service du sens profond de la littérature !
Par peur du technicisme solitaire, on en va pas non plus tomber dans l'effet inverse et oublier les rouages du texte ! Ignorer la mécanique (sous prétexte qu'on ne voit pas le moteur) pour construire une voiture, ça ne donnera pas une voiture ! CQFD
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User5899
Demi-dieu

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par User5899 Mer 14 Sep 2011 - 23:27
jeunebrunedemo a écrit:
Je n'ai toujours pas compris comment une notion inexistante peut être opérationnelle.

c'est ton postulat qui est faux, la notion existe, c'est ton postulat qui est non opérationnel d'où ton incompréhension Wink
- Les registres. Une lecture attentive du programme 2001 (seconde et
première) permettrait peut-être d’en recenser six : le comique, le tragique, le polémique,
l’épique, le lyrique, l’élégiaque. La recension dans les manuels situerait le nombre du côté
de la douzaine. Tout y devient registre, l’ironie et le réalisme, l’élégiaque – qui en est
bien un - et l’épidictique, le polémique et l’oratoire. Le champ d’extension des registres
s’avère quasi infini. L’examen de cette même notion sur quelques sites internet signalés
par un moteur de recherche à l’entrée «registres littéraires » fait osciller le nombre entre
13 et … 33 : à côté des « registres » communs à tous, on trouve entre autres et par ordre
alphabétique l’absurde, le badinage, la diatribe, la dérision, la fantaisie verbale, la
réfutation et le sublime. En l’absence de recherche universitaire qui fasse le point, il faut
admettre que ce terme, fort commode, synonyme grosse modo de tonalités, n’est jamais
défini selon des critères convaincants : est- il même défini, aut rement que par cet énoncé
emprunté aux documents d’accompagnement : les registres seraient ces «attitudes qui
correspondent à des façons fondamentales de ressentir »). Les enseignants sont perplexes,
désorientés et cherchent vainement une référence.
Sur le plan de la simplification didactique, quels sont les « registres » les plus
opératoires, les plus pragmatiquement utiles ? Il est très difficile, reconnaissons- le, de
cerner la notion de «registre ». Tout registre – nous semble-t- il - est lié à l’effet à
produire et se situe au croisement d’un genre premier privilégié, de thèmes qui lui sont
propres, souvent même de topoi, de procédés singuliers récurrents. Quatre critères
articulés donc : un effet visé, un genre «premier », des thèmes singuliers, des procédés
spécifiques. Le registre est atemporel : il parcourt la littérature et l’art universels et ne
saurait donc se confondre avec un mouvement. Le réalisme n’est pas un registre, comme
on le voit trop souvent dans les cahiers de textes, pas davantage le symbolisme. Le
comique en revanche constitue bel et bien un registre : l’effet à produire est explicite, les
thèmes (situations / fonction du langage) apparaissent aisés à recenser, les procédés bien
connus, le genre premier (la comédie) où il s’incarne s’avère facile à définir en seconde.
Le tragique, l’épique obéissent sans difficulté à ces critères de classification, ainsi que le
fantastique, le pathétique, le lyrique et l’élégiaque. Avons-nous besoin en classe de plus
de sept registres, pléiade pertinente pour aider à définir les tonalités et les effets des textes
littéraires ? On pourrait y ajouter le burlesque (le contre épique). Cette liste sera, parionsle,
remise en cause ; du moins permet-elle de limiter la notion et les dégâts
, en
n’autorisant pas l’entrée de prétendus registres qui doivent tout à l’énonciation (l’ironie)
ou à l’histoire d’un genre (l’éloge, le pamphlet,) ou à un mouvement (le réalisme). On a lu
dans un cahier de textes qu’il y avait un « registre classique » dont on a attendu vainement
la définition. Et le programme ne clarifie pas les choses en évoquant à propos de
l’argumentation le registre « polémique ». Il est indispensable que l’institution – les corps
d’inspection, les responsables en Lettres de la formation initiale et continue, des serveurs
académiques – unissent leurs efforts pour faire de cette «perspective littéraire » un objet
aux contours et aux contenus mieux définis. L’apport des universitaires s’avérerait en ce
domaine, comme dans bien d’autres, très précieux.

Voir en particulier le passage en gras.
Jean Jordy, IG de lettres, rapport sur le programme de français de 2001 (qui introduit les registres).
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par ysabel Mer 14 Sep 2011 - 23:36
le registre classique ! je l'avais oublié celui-ci ! Rolling Eyes titanic

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Hannibal
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par Hannibal Jeu 15 Sep 2011 - 9:34
cripure a écrit:Quatre critères articulés donc : un effet visé, un genre «premier », des thèmes singuliers, des procédés spécifiques. Le registre est atemporel : il parcourt la littérature et l’art universels et ne saurait donc se confondre avec un mouvement. (...) Le tragique, l’épique obéissent sans difficulté à ces critères de classification, ainsi que le fantastique, le pathétique, le lyrique et l’élégiaque. Avons-nous besoin en classe de plus de sept registres, pléiade pertinente pour aider à définir les tonalités et les effets des textes littéraires ? On pourrait y ajouter le burlesque (le contre épique). Cette liste sera, parions-le, remise en cause ; du moins permet-elle de limiter la notion et les dégâts[/b], en n’autorisant pas l’entrée de prétendus registres qui doivent tout à l’énonciation (l’ironie) ou à l’histoire d’un genre (l’éloge, le pamphlet,) ou à un mouvement (le réalisme).

Cette définition me paraît tenable, et je souscris en tout cas sans réserve à la remarque finale.
Thalia, le pathétique est bien admis dans ce document. Wink
Artémis
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par Artémis Jeu 15 Sep 2011 - 10:38
Mais ce qui est important pour les élèves, c'est surtout de pouvoir repérer qu'il y a un effet particulier, que le texte produit une émotion, non ? Après, mettre forcément une étiquette, est-ce que ça va leur permettre de mieux le comprendre ? En tout cas, je me réjouis que ce terme de "registre" ait disparu des nouveaux programmes !
Quant au "réalisme" (le procédé, pas le mouvement), je parle d'"effets de réel" comme ça, pas de problème. A mes yeux de toute façon, ce n'est pas un registre.
Hannibal
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par Hannibal Jeu 15 Sep 2011 - 11:15
Artémis a écrit:Mais ce qui est important pour les élèves, c'est surtout de pouvoir repérer qu'il y a un effet particulier, que le texte produit une émotion, non ? Après, mettre forcément une étiquette, est-ce que ça va leur permettre de mieux le comprendre ?

Cela peut justement aider un peu à ne pas confondre les choses : isoler provisoirement le registre permet de le distinguer des autres dimensions d'un texte, pour mieux interpréter ensuite les relations entre ces diverses dimensions, sachant qu'un texte ne se réduit à aucune d'entre elles.

Pour le "réalisme", je suis d'accord.
lebrudu84
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par lebrudu84 Ven 16 Sep 2011 - 15:11
Pour la confusion "Registre de langue", il faut impérativement passer à la terminologie "nouvelle" dont on avait commencé à nous parler dans les IO collège, qui est "niveau de langue " - qui a le défaut notoire d'introduire une hiérarchie de langage, pas tjrs pertinente suivant les auteurs.
Mais je confirme que ça perturbe les Secondes fraichement débarqués du collège (et même problème avec le polysémique "discours"!)

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cheers Bravo, tu as saisi la différence entre l'auxiliaire "être" et l'auxiliaire "avoir"! veneration
doctor who
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par doctor who Ven 16 Sep 2011 - 15:42
jeunebrunedemo a écrit:
doctor who a écrit:Je disais qu'on oublie la dimension historique de ces modes d'écriture. Surtout, on oublie leur dimension "existentielle" (je ne trouve pas mieux, désolé), qui dépasse le cadre de la littérature. (...) Tout le contraire de la nomenclature techniciste !
Mais écrire c'est A LA FOIS une technique et un discours sur le monde ! Il n'est pas question d'oublier quoi que ce soit de ces deux dimensions.
Quand Balzac veut faire comprendre les rouages psychologiques et sociaux et qu'il décrit de manière pathétique le dévouement de Goriot pour ses filles, il zoome complètement sur la détresse sourde de ce personnage, il souligne le trait, en rajoute pour toucher son lecteur et l'amener comme le fait Rastignac à s'indigner de ce comportement filial. Rastignac ne s'arrête pas là bien sûr, il s'indigne mais comprend aussi que tous les moyens sont permis quand on est ambitieux. Il n'est plus le Candide arrivé à Paris.
Ce pathétisme, c'est de la technique d'écriture qui est au service du sens profond de la littérature !
Par peur du technicisme solitaire, on en va pas non plus tomber dans l'effet inverse et oublier les rouages du texte ! Ignorer la mécanique (sous prétexte qu'on ne voit pas le moteur) pour construire une voiture, ça ne donnera pas une voiture ! CQFD

Naturellement.

Je préfère pour ma part ne pas risquer l'écueil du classement des textes et de leurs effets, qui souvent bloque l'interprétation.

Pour ma part, j'enseigne dès le premier cours de seconde qu'étudier un texte, c'est avant tout l'interpréter. L'analyse ne vient que dans un second temps, pour justifier l'interprétation qu'on fait du texte. Il me paraît plus productif de faire rechercher les "effets" produits à l'aune des sentiments véritablement vécus par les élèves (ou devinés, effleurés, vaguement intuités), plutôt que de leur faire passer dans la tête la liste des registres en mettant les textes sur un lit de Procuste.

En outre, passer par une connaissances théorique sur les registres fait souvent passer à côté de la subtilité du texte. Je fais "Le cor" de Vigny. Celui qui me dit que la première partie est pathétique passe à côté de ce que dit Vigny lui-même des sentiments que son texte cherche à susciter (il parle "[d']airs lointains d'un Cor mélancolique et tendre", deux adjectifs qui s'appliquent à la perfection à la première partie de ce poème).

Il est possible de passer d'une connaissance théorique sur les registres à une application précise, pondérée et sensible à un texte particulier. mais cela demande une sacrée culture et une sacrée faculté de jugement.

Alors, certes, je ne donne pas de boîte à outils aux élèves, mais cette démarche inductive et intuitive me paraît plus propre à leur faire construire leurs propres savoirs sur les textes et la Littérature en général.

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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
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