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Grand sage

Professeurs : «Tout s'accumule pour faire de nous des dépressifs» Empty Professeurs : «Tout s'accumule pour faire de nous des dépressifs»

par Docteur OX Mer 2 Nov 2011 - 8:07
http://plus.lefigaro.fr/note/burn-out-des-professeurs-tout-pour-faire-de-nous-des-depressifs-20111021-577686

La semaine passée, l’immolation par le feu d’une enseignante désespérée à Béziers a suscité une vive émotion. Un suicide qui pourrait en grande partie s’expliquer par un «burn-out» : soit une situation de très grand épuisement professionnel, un surmenage extrême qui toucherait selon une étude 17% des enseignants. Plusieurs professeurs internautes du Figaro ont répondu à notre appel pour expliquer que ce «burn-out» n’a rien d’une découverte pour eux.

«Je suis découragé, épuisé par les conflits permanents»

Ce surmenage des enseignants, Christophe aimerait en sortir. Professeur depuis plus de 15 ans dans le secondaire, il cherche désormais à quitter son métier. «Je suis découragé, épuisé par les conflits permanents avec les élèves et la hiérarchie. Je vis de semaine en semaine, et non plus d’année en année, une dégradation de mes conditions de travail.»

Pour ce professeur, les raisons de cette désespérance sont plus morales que matérielles. Elles n’en sont pas moins préoccupantes : «Insultes, violences, sentiment d’inutilité, culpabilisation des professeurs par les élèves, l’institution, la hiérarchie, la société. Tout s’accumule pour faire de nous des dépressifs, alors que nous sommes censés donner le goût d’apprendre et de vivre à des jeunes qui se cherchent.»

L’internaute Inès est arrêtée pour cause de dépression. Elle explique l’impuissance qu’elle ressentait à faire cours devant une classe réfractaire : «Rendez-vous compte : 30 élèves en face de vous qui n’ont strictement rien à faire de votre autorité, de votre savoir et de leurs études ! Si vous les excluez de cours, ils refusent de sortir. Et lorsque vous alertez la direction, on vous répond que certains jeunes refusent l’autorité féminine et qu’il faut faire attention aux remarques que l’on peut leur faire…»

«Une fois lauréate du concours, j’espérais avoir une meilleure situation»

Certains enseignants ayant répondu à l’appel du Figaro pointent également du doigt la faillite de l’institution scolaire et sa mauvaise organisation, à l’origine de conditions de travail très défavorables, qui peuvent parfois conduire à la dépression.

C’est le cas de l’internaute Thomas, professeur dans un lycée privé : «Depuis la rentrée, j'enseigne à quatre classes de seconde, deux de première et une terminale. La charge de travail est très lourde, surtout que je passe en parallèle le concours. Ce qui veut dire également que je n'ai eu aucune formation, comme mes collègues venant de réussir le concours après tout.»

Et au-delà du nombre de classes dont Thomas est responsable, les effectifs de celles-ci peuvent aussi poser problème : «La moitié de mes classes compte plus de 27 élèves. Certains sont en grosse difficulté, et refusent l'institution.»

Pour un professeur, la titularisation est un cap à franchir, mais est-il bien suffisant pour connaître une certaine «tranquillité de l’esprit» ? L’internaute Inès ne le croit pas : «Une fois lauréate du concours, j’espérais avoir une meilleure situation, mais je me trompais ! Certes, j'ai eu une paye correcte sans attendre, mais en tant qu'individu, en tant que "personne" je n'existe pas !»

Thomas, l’internaute du Figaro qui débute l’enseignement dans le privé, se demande même s’il ne va pas baisser les bras : «Après un mois et demi d'enseignement, je me réveille déjà la nuit, inquiet de mes classes. Aurais-je la motivation requise pour réussir ce concours ?»

«Cette administration ne prend pas soin de son personnel»

Plus grave encore, l’internaute Georges dénonce l’absence de prise en charge des enseignants par la médecine du travail : «J'ai fait un infarctus en 1989, avec arrêt de trois mois et mi-temps thérapeutique. Par la suite, et jusqu’à ma retraite il y a deux ans, à aucun moment je n'ai été vu par la médecine du travail malgré la pathologie cardiaque dont je souffrais.»

Par son témoignage, Georges espère simplement «démontrer la situation regrettable d’une administration qui ne prend pas soin de son personnel».

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