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par miss terious Jeu 1 Mar 2012 - 12:11
Le "travailler plus pour gagner plus" dans l'éducation est peu concluant


LEMONDE.FR | 29.02.12 | 18h09 • Mis à jour le 01.03.12 | 09h41










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Au collège Jean Jaurès, une journée organisée par l'association "Un stage et après" mettant en relation des professionnels des divers corps de métiers qui viennent présenter leurs activités.Eric Garault




Des enseignants "plus présents" dans les établissements scolaires ; l'idée, vantée par le candidat Nicolas Sarkozy de 2007 vient d'être reprise par le président-candidat de 2012, qui a proposé aux enseignants de travailler plus pour gagner plus, lors d'un meeting à Montpellier, mardi 28 février.


La veille, il en avait vanté les mérites au micro de RTL : "Certains enfants ont besoin à la sortie de classe d'avoir des adultes qui les accompagnent, qui les aident. Nous avons commencé à faire avec le primaire en mettant fin aux "orphelins de 16 heures". Il y a plus d'un million d'enfants qui bénéficie d'études dirigées depuis que je suis président de la République".




Mais ce principe du renforcement de la présence enseignante pour améliorer les accompagnements individuels qui est déjà au cœur de la politique éducative du gouvernement depuis 2007 n'a fait la preuve ni de son efficacité auprès des élèves ni de sa popularité chez les enseignants.

MULTIPLICATION DES AIDES SCOLAIRES

"Etudes dirigées", "aide personnalisée" ou "accompagnement éducatif" ? Lorsque nous avons sollicité sur la participation des lecteurs du Monde.fr via Les Décodeurs, beaucoup ont noté la confusion de langage du président qui mêle les "études dirigées", créees en 1995 par François Bayrou, alors ministre de l'éducation, pour décharger les élèves des devoirs à la maison et l'"accompagnement éducatif", lancé à la rentrée 2007.

Les études dirigées, comprises dans le temps scolaire, n'existent aujourd'hui plus mais, par abus de langage, c'est encore ainsi qu'on appelle les heures consacrées, après l'école, à l'aide aux devoirs, dans le cadre de l'"accompagnement éducatif". A ne pas confondre non plus avec l'"aide personnalisée", dispositif mis en place en 2009 pour compenser la suppression du temps scolaire du samedi matin et qui impose à tous les enseignants du primaire de consacrer 60 heures par an aux élèves en difficulté, après les cours ou à la pause déjeuner.

UN MILLION D'ÉLÈVES BÉNÉFICIAIRES, DONT 80 % AU COLLÈGE

Un accompagnement "fourre-tout". Ce dont s'est vanté Nicolas Sarkozy, lundi, c'est bien de l'accompagnement éducatif, qui offre deux heures d'encadrement supplémentaire par jour aux élèves qui le souhaitent. Il peut prendre la forme d'une aide aux devoirs (dans 60 % des cas), d'une pratique artistique ou culturelle (environ 20 %) ou sportive (environ 12 %), un "fourre-tout selon les établissements, où on trouve le pire (bricolage, football) comme le meilleur (aide aux devoirs)", d'après un proviseur de lycée soumis au devoir de réserve en période électorale.

Instauré à la rentrée 2007 pour les élèves des collèges en zone prioritaire, ce dispositif a depuis été étendu à tous les collèges et aux écoles de l'enseignement prioritaire. Selon les chiffres du ministère de l'éducation, il y a bien près d'un million d'élèves (943 683) qui ont bénéficié en 2011 de cet accompagnement mais dans le premier et le second degré réunis (165 000 élèves dans le seul primaire).

Beaucoup de témoignages envoyés au Monde.fr font état d'une mauvaise organisation, tel le proviseur anonyme qui raconte que "les questions de transport scolaire n'ayant jamais trouvé de solutions (il aurait fallu mettre en place un deuxième circuit de ramassage à 18 heures ou 19 heures pour les élèves participants à l'accompagnement éducatif), la plupart des établissements ont intégré l'accompagnement éducatif dans l'horaire normal des cours".

"SAUPOUDRAGE" DE "MESURES ÉPARSES"

"Le dispositif est très discriminant à la campagne où les "orphelins de 16 heures" qui le sont vraiment n'en bénéficient pas si ils n'habitent pas le bourg du collège", raconte également Simon Millet, professeur d'arts plastiques au collège de Vittel (Vosges) qui regrette qu'il n'y ait "aucune réunion d'harmonisation, d'explication ou de suivi".

Même ressenti pour Roland Hubert, co-secrétaire général du SNES (syndicat majoritaire dans le secondaire), qui estime qu'il est très difficile de tirer un bilan global, qu'il ne s'agit que de "mesures éparses", qui "existent dans leur coin" ou pour Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp (majoritaire dans le primaire) qui parle de "saupoudrages".

Cet accompagnement est censé être assuré par des professeurs volontaires (et dépend donc des compétences des enseignants présents) qui sont rémunérés à l'heure supplémentaire effective (HSE), majorée de 25 % de plus que les heures supplémentaires annuelles (attribuées pour la totalité de l'année scolaire et limitées à 36 heures), soit 37,36 euros l'heure pour un enseignant certifié.

Dans le cadre de la loi TEPA (travail, emploi, pouvoir d'achat), ces heures sont exonérées d'impôt et de cotisation sociale et, selon le ministère de l'éducation, cette double exonération se traduit par un gain de revenu moyen supplémentaire équivalent à 28 % de la rémunération perçue. Soit un gain plus avantageux que celui de 25 % proposé mardi 28 février par Nicolas Sarkozy. Sans compter que, depuis 2008, une prime annuelle de 500 euros est accordée aux enseignants qui font au moins trois heures supplémentaires chaque semaine toute l'année (soit 21 heures par semaine).

PEU POPULAIRE, PEU EFFICACE

Malgré cela, MM. Hubert et Sihr assurent que le dispositif reste peu populaire chez les enseignants et, à titre de preuve, le ministère précise que "l'essentiel de la dépense de l'accompagnement éducatif [283 million d'euros] ne provient pas des heures supplémentaires mais de la rémunération de 6 000 assistants d'éducation".

Enfin, il existe un dernier dispositif de rattrapage scolaire, organisé hors du temps de l'école et basé sur le même principe : les stages de remises à niveau. Mis en œuvre à la rentrée 2008, ils sont proposés aux élèves volontaires de CM1 et de CM2 pendant les vacances de printemps et d'été et assurés par des professeurs eux aussi volontaires, également rémunérés en HSE.

Quel bilan ? De tous ces dispositifs, M. Sihr tire la même leçon : "Ce n'est pas la solution pour les élèves en grande difficulté. Les résultats des évaluations de primaire le montrent : les élèves moyens progressent mais ceux qui sont en lourd échec scolaire le restent", explique-t-il. Quant au concept d'"acadomia" public" que le ministère de l'éducation nationale dit vouloir installer, il juge qu'il "entre dans un fantasme de l'individualisation dans lequel on abandonne le temps scolaire et la classe pour créer une usine à individualisation en dehors".

"C'est comme si l'on créait un deuxième hôpital pour accueillir les patients qui auraient été mal soignés dans le premier", ajoute-t-il. "Nous préférerions que l'argent dépensé dans ces dispositifs le soit pour améliorer en profondeur les conditions de travail dans l'éducation", renchérit M. Hubert. "Un gadget de plus dans un quinquennat qui a passé plus de temps à organiser le hors temps scolaire qu'à rénover l'enseignement au quotidien", conclut pour sa part le proviseur de lycée soumis à l'anonymat.
Hélène Bekmezian


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par Lédissé Jeu 1 Mar 2012 - 12:19
Très bon article (hélas).

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