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John
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François Hollande : Discours d'Aurillac du 21 mars 2012 Empty François Hollande : Discours d'Aurillac du 21 mars 2012

par John Ven 23 Mar 2012 - 11:50
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Nous devons regarder les choses en face. Personne en France, d’abord, ne doit manquer de respect. Personne ne doit souffrir de ce qu’il est. Personne ne doit avoir à répondre de son origine, de sa religion, de son lieu de résidence, de sa couleur de peau. Chacun doit être citoyen de la République. Aucune discrimination. La République reconnait tous ses enfants. Elle n’en laissera aucun au bord du chemin. Mais à l’inverse, chacun doit respecter les institutions de la République, la police, l’armée, l’école, ce que nous avons fait ensemble, dans notre histoire et qui nous permet d’être une grande Nation. Et au-delà du respect mutuel, il y a l’apprentissage de ce qu’est la République, c’est-à-dire l’école.

L’école n’est pas un lieu parmi d’autres, c’est l’endroit où la vie s’apprend avec son exigence, sa rigueur, sa discipline. L’école, c’est le lieu où s’acquiert une culture dont nos enfants ne sont pas propriétaires, mais dépositaires. Je tiens ici à exprimer ma confiance, ma reconnaissance, aux enseignants de notre pays. Leur tâche est la plus importante de toutes. Ce sont eux qui permettent cette transmission et qui, malgré toutes les difficultés de la tâche, arrivent à intégrer. Et c’est d’autant plus dommageable d’avoir abîmé depuis cinq ans l’école de la République, d’avoir supprimé des postes (80 000), d’avoir touché à ces structures qui permettaient d’accompagner, et d’accompagner encore, les enfants les plus fragiles. Je pense aux RASED, je pense même ici, dans le Cantal, à l’Erea dont on réduit les moyens, c’est-à-dire l’enseignement adapté. Double peine qui a été infligée, d’abord on supprime des postes pour tout le monde, ensuite on fait l’arbitrage, et ce sont les plus fragiles qui ont à supporter encore davantage de suppressions de postes, de suppressions de moyens, de fermetures ! Je pense aussi au lycée d’Aurillac gravement mis en cause, lui aussi, pour les moyens qui lui sont accordés ou qui ne lui seront plus.

C’est la raison pour laquelle j’ai annoncé il y a déjà plusieurs mois — parce que c’était pour moi la condition pour assurer les réformes de l’école indispensables, pour redonner confiance, pour assurer l’égalité — oui, j’avais annoncé, et je le réaffirme ici, la création en cinq ans de 60 000 postes supplémentaires dans l’Education nationale. Ils couvriront tous les métiers, permettant qu’il y ait plus de professeurs, plus d’infirmières scolaires, plus de médecins scolaires, plus de surveillants, mais aussi un vrai service public de l’orientation. Parce que tout ne peut pas se jouer dès les premiers âges de la vie, et que l’on a besoin d’accompagner un certain nombre des enfants qui peuvent, à un moment, connaître une difficulté puis avoir une deuxième chance, une troisième chance. Car rien ne doit être fatal, rien ne doit être déterminé par avance.

On m’a fait la leçon là-dessus. La droite, ils savent faire des leçons, mais ils ne les apprennent jamais ! Il m’a été dit : « ça coûte trop cher, on n’a plus les moyens ». J’ai fait mes comptes : 60 000 postes, 500 millions d’euros par an, 2,5 milliards à la fin du quinquennat. Mais quand il s’est agi d’alléger ou de supprimer l’impôt sur la fortune, rien ne les a arrêtés ! Pas davantage d’instaurer un bouclier fiscal pendant cinq ans, qui a coûté bien plus que les moyens que je veux redonner à l’Education nationale. Parce que ce qui compte pour moi, ce n’est pas d’accorder un bouclier aux plus favorisés, mais c’est de permettre que les plus jeunes, ceux qui doivent réussir leur vie, aient toutes les armes pour y parvenir.

Ces moyens nous permettront de rétablir la formation initiale des enseignants, une formation digne de ce nom. Je pense ici à l’IUFM d’Aurillac, parce que nous avons besoin de former les jeunes enseignants si nous voulons qu’ils puissent justement transmettre la connaissance, le savoir, les valeurs de la République.

Je lutterai contre un mal nouveau qui frappe au-delà des quartiers de nos villes, et qui s’appelle la déscolarisation scolaire, ces jeunes qui s’échappent avant même la fin de ce qu’on appelle l’obligation scolaire, ces absentéistes, ceux qui ne font plus l’école buissonnière mais ne croient plus du tout en l’école de la République. Je l’affirme ici : aucun jeune de 16 à 18 ans ne restera sans solution : soit il sera dans l’Education nationale en apprentissage, soit en formation ou en service civique. Je ne veux plus voir aucun jeune en situation de rupture par rapport à ce que doivent être son parcours, sa chance et son accomplissement. 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme, sans qualification. J’affirme ici que dans cinq ans, si les Français m’ont permis d’être le prochain président de la République, il y aura moitié moins d’enfants qui seront dans cette situation. Et ce sera encore trop ! Mais c’est le devoir que nous devons nous imposer, parce qu’il n’est pas possible — nous qui avons fait tant et nos anciens encore davantage pour l’école de la République — qu’un seul jeune puisse ne pas avoir, au terme de sa scolarité, la capacité de réussir sa vie. Et s’il ne l’avait pas, je prends un autre engagement : ce jeune devra avoir un capital de formation tout au long de sa vie, pour pouvoir avoir une deuxième chance, une troisième chance, en plus de ce qu’il pourra avoir dans le système de formation professionnelle dans son entreprise. Celui qui n’a pas eu le temps de rester à l’école doit avoir du temps dans sa vie pour de nouveau connaître la transmission du savoir, de la connaissance, de la qualification. C’est l’égalité!

Transmission des valeurs, rôle de l’école, et en même temps, il y a le service civique. Nous ne remplacerons pas le service militaire par un service civique obligatoire. Mais tout de même, c’est une belle idée, le service civique. Il est dommage de l’avoir laissé réduit à peu de chose. A peine 25 000 jeunes sont en service civique aujourd’hui. Il y a en a encore, prenons l’engagement de porter à 100 000, 120 000 le nombre de jeunes qui seraient en service civique dans une génération, pour leur permettre d’être utiles aux autres et d’être utiles aussi à eux-mêmes, d’avoir cette fierté de pouvoir être considérés comme un élément de la Nation.

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François Hollande : Discours d'Aurillac du 21 mars 2012 Empty Re: François Hollande : Discours d'Aurillac du 21 mars 2012

par Pierre_au_carré Ven 23 Mar 2012 - 13:32
John a écrit: Mais c’est le devoir que nous devons nous imposer, parce qu’il n’est pas possible — nous qui avons fait tant et nos anciens encore davantage pour l’école de la République — qu’un seul jeune puisse ne pas avoir, au terme de sa scolarité, la capacité de réussir sa vie. Et s’il ne l’avait pas, je prends un autre engagement : ce jeune devra avoir un capital de formation tout au long de sa vie, pour pouvoir avoir une deuxième chance, une troisième chance, en plus de ce qu’il pourra avoir dans le système de formation professionnelle dans son entreprise. Celui qui n’a pas eu le temps de rester à l’école doit avoir du temps dans sa vie pour de nouveau connaître la transmission du savoir, de la connaissance, de la qualification. C’est l’égalité!

C'était une proposition de Strauss-Kahn aux primaires de 2006.
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