- MilovanNiveau 2
Comment appelle-t-on le contraire d'une personnification, c'est-à-dire le fait de réifier un être humain ou de lui attribuer des caractéristiques animales ("le peuple croassant" par exemple)? Appelle-t-on cela une chosification, voire une réification? Ces mots sont-ils reconnus?
- MrBrightsideEsprit sacré
Réification oui, mais c'est pas quand on transforme l'homme en objet plutôt qu'en animal?
"Le peuple croassant", je dirais hypallage, encore que...
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- Thalia de GMédiateur
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http://www.neoprofs.org/t40694-reification-ou-chosification?highlight=Reification
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
- MilovanNiveau 2
Donc, il s'agirait de deux figures distinctes, ce qui semble en effet assez logique. Et d'après le lien, le terme est réification et non chosification, d'accord. Reste maintenant le cas assez courant des êtres humains traités en animaux...
- User5899Dieu de l'Olympe
Ca m'embête un peu. L'hypallage, à mon sens, demande que la phrase contienne les deux mots, celui avec lequel va le terme déplacé, et celui avec lequel il aurait dû aller ("vastes oiseaux des mers" > "oiseaux des vastes mers"). Sinon, ben c'est une métaphore ou une métonymie simple, non ? Je ne suis pas sûr qu'il y ait un terme. Bon, j'attends d'autres idées@MrBrightside a écrit:Réification oui, mais c'est pas quand on transforme l'homme en objet plutôt qu'en animal?
"Le peuple croassant", je dirais hypallage, encore que...

- egometGrand sage
@Milovan a écrit:Donc, il s'agirait de deux figures distinctes, ce qui semble en effet assez logique. Et d'après le lien, le terme est réification et non chosification, d'accord. Reste maintenant le cas assez courant des êtres humains traités en animaux...
Je parle d'animalisation, tout bêtement. Du moins quand c'est péjoratif.
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- IphigénieBon génie
Moi je dirais encore plus bêtement: périphrase pour "les grenouilles".
(et d'ailleurs les grenouilles coassent plutôt
)


- PluiedetoilesExpert spécialisé
Mais là il s'agit de corbeaux, non ?
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- IphigénieBon génie
je crains que non

Deux taureaux combattaient à qui posséderait
Une génisse avec l'empire.
Une grenouille en soupirait.
« Qu'avez-vous?' »se mit à lui dire
Quelqu'un du peuple croassant.
« - Eh ! ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l'exil de l'un ; que l'autre, le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne régnera plus sur l'herbe des prairies,
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux ;
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l'une, et puis l'autre, il faudra qu'on pâtisse
Du combat qu'a causé Madame la Génisse. »
Cette crainte était de bon sens.
L'un des taureaux en leur demeure
S'alla cacher, à leurs dépens :
Il en écrasait vingt par heure.
Hélas, on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises de grands.
- thrasybuleOracle
Il n y a ni hypallage, ni réification mais l utilisation d un procédé dont les exemples sont légion chez Lf: "le peuple vautour", " la gent marécageuse", " la gent marcassine"," le peuple aquatique", " les citoyennes des étangs", etc... Il y a plutôt une " anthropomorphisation"(je crois qu un critique emploie le terme) plus qu une personnification car il y interférence burlesque entre monde animal et humain avec un effet de décalage et de dissonance comique. La figure est une périphrase codee chez le fabuliste(Iphigénie
) avec presque une expression qui pourrait être assimilée à l épithète homérique avec parodie du style epique

- Luigi_BGrand Maître
Périphrase burlesque effectivement dans "le peuple coassant" (c'est bien "coassant" dans les éditions que j'ai consultées). Et il ne s'agit pas d'attribuer des caractéristiques animales à un être humain, mais l'inverse.
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>>> "Jean-Michel Blanquer : un cas d’école d’une fabrique médiatique"
- IphigénieBon génie
Dans mon antique édition Hachette 1929, il y a bien "croassant" et l'indication que La Fontaine fait deux fois cette bévue, on la retrouve dans la fable Le Soleil et les Grenouilles où il est question d'une "ambassade coassante" (selon le procédé parfaitement analysé par Thrasybule
)

- MilovanNiveau 2
Merci pour ces réponses. J'ignorais que "le peuple croassant" (ou "coassant" selon les éditions) provenait d'une fable de La Fontaine. Vu le contexte, il s'agit bien d'une périphrase, ce qui rend mon exemple complètement inadéquat.
- MrBrightsideEsprit sacré
@iphigénie a écrit:je crains que non
Deux taureaux combattaient à qui posséderait
Une génisse avec l'empire.
Une grenouille en soupirait.
« Qu'avez-vous?' »se mit à lui dire
Quelqu'un du peuple croassant.
« - Eh ! ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l'exil de l'un ; que l'autre, le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne régnera plus sur l'herbe des prairies,
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux ;
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l'une, et puis l'autre, il faudra qu'on pâtisse
Du combat qu'a causé Madame la Génisse. »
Cette crainte était de bon sens.
L'un des taureaux en leur demeure
S'alla cacher, à leurs dépens :
Il en écrasait vingt par heure.
Hélas, on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises de grands.
Evidemment, avec le contexte, on y voit plus clair!

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- User5899Dieu de l'Olympe
Et le pire, c'est qu'expliqué par vous deux, ça me semble limpide, alors qu'hier, je n'y arrivais pas@iphigénie a écrit:Dans mon antique édition Hachette 1929, il y a bien "croassant" et l'indication que La Fontaine fait deux fois cette bévue, on la retrouve dans la fable Le Soleil et les Grenouilles où il est question d'une "ambassade coassante" (selon le procédé parfaitement analysé par Thrasybule)



- Luigi_BGrand Maître
– Si nous faisions des vers ? dit Pécuchet.
– Plus tard ! Occupons-nous de la prose, d’abord.
On recommande formellement de choisir un classique pour se mouler sur lui mais tous ont leurs dangers – et non seulement ils ont péché par le style – mais encore par la langue.
Une telle assertion déconcerta Bouvard et Pécuchet et ils se mirent à étudier la grammaire.
Avons-nous dans notre idiome des articles définis et indéfinis comme en latin ? Les uns pensent que oui, les autres que non. Ils n’osèrent se décider.
Le sujet s’accorde toujours avec le verbe, sauf les occasions où le sujet ne s’accorde pas.
Nulle distinction autrefois entre l’adjectif verbal et le participe présent, mais l’Académie en pose une peu commode à saisir.
Ils furent bien aises d’apprendre que leur, pronom, s’emploie pour les personnes mais aussi pour les choses, tandis que où et en s’emploient pour les choses et quelquefois pour les personnes.
Doit-on dire cette femme a l’air bon ou l’air bonne ? – une bûche de bois sec ou de bois sèche – ne pas laisser de ou que de – une troupe de voleurs survint, ou survinrent ?
Autres difficultés : Autour et à l’entour dont Racine et Boileau ne voyaient pas la différence – imposer ou en imposer synonymes chez Massillon et chez Voltaire ; croasser et coasser confondus par La Fontaine, qui pourtant savait reconnaître un corbeau d’une grenouille.
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