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lilith888
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 - Définir ce que l'on nomme l'égalité Empty Définir ce que l'on nomme l'égalité

par lilith888 Mar 27 Mar 2012, 20:19
Je crée le topic car il me semble avoir vu que cette question revenait souvent ces temps-ci. Moi même je me la pose, et j'avoue que le terme d'égalité me hérisse de plus en plus le poil (... que je n'ai pas, voir topic épilation :lol: )

Pour moi, l'égalité, c'est l'égalité en droits. En gros, pour tout ce qui concerne le droit à l'éducation, à la justice, à la dignité humaine, etc. Donc, plutôt au niveau des lois. That's all.

Pour le reste, qui semble pourtant obtenir une grande place dans les discours, j'avoue que je ne vois pas bien à quoi cela peut ressembler. Et il me semble que ce mot devient de plus en plus néfaste, parce que, pour nous enseignants, c'est là qu'est la pierre de Sisyphe (mener tous les élèves, par n'importe quels moyens, et surtout les plus chronophages et les moins efficaces, à la fameuse "égalité"). Je parlais aussi de Graal dans un autre topic.

Bref, z'en dites quoi les gens ?
JPhMM
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par JPhMM Mar 27 Mar 2012, 20:27
Question difficile, qui peut donner rapidement lieu à des malentendus... mais question diablement intéressante, merci.

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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke

Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
ysabel
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par ysabel Mar 27 Mar 2012, 20:28
lilith888 a écrit:
Pour moi, l'égalité, c'est l'égalité en droits. En gros, pour tout ce qui concerne le droit à l'éducation, à la justice, à la dignité humaine, etc. Donc, plutôt au niveau des lois. That's all.


comme toi car pour le reste nous sommes tous diantrement inégaux... et personne n'y pourra jamais rien si mon voisin est naturellement plus rapide au 100m que moi Razz

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Carabas
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par Carabas Mar 27 Mar 2012, 20:28
Que l'égalité, ce n'est pas l'égalitarisme.
Que l'école, en proposant le même enseignement de qualité, en imposant la même exigeance à tous, devrait permettre de compenser les manques de certains à la maison.

Mais que ce n'est pas en supprimant tout ce qui permet de remarquer l'absence d'égalité dans les faits (notes, devoirs, diplômes, épreuve de culture générale, pour reprendre des débats récents) que l'on arrivera à une égalité réelle, puisque de toute façon, les mêmes auront accès au savoir, tandis que les autres n'y parviendront jamais.

Donc pour résoudre un problème on propose une solution à l'envers. L'égalité, c'est offrir à tous les moyens d'arriver au plus haut de leurs compétences. Si l'on supprime ces moyens (valorisation du travail, de la culture, exigeance), seuls sont qui sont déjà favorisés s'en sortiront.

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par lilith888 Mar 27 Mar 2012, 20:37
Carabas a écrit:L'égalité, c'est offrir à tous les moyens d'arriver au plus haut de leurs compétences. Si l'on supprime ces moyens (valorisation du travail, de la culture, exigeance), seuls sont qui sont déjà favorisés s'en sortiront.

+100000

Dans l'autre topic, j'avais parlé de mon fiston. Je sais très bien qu'il va y avoir des domaines où il y aura de grosses difficultés. Bon, c'est un fait. Par contre, je suis ultra exigeante avec lui sur ce qu'il PEUT faire. Tous les soirs, c'est la demi-heure de devoirs obligatoire (il est en CE1). Mais ce serait totalement stupide de ma part de remettre en cause l'enseignement général donné parce que mon fils ne peut pas réussir dans tout ce qui y est demandé. Par contre, il a droit à une AVS et j'ai pris la décision que si le rectorat la lui supprimait pour des questions financières je mettrai en route une grève de la faim devant les locaux. Pour moi, c'est ça l'égalité des chances : faire en sorte que chacun, comme tu le dis, puisse donner son maximum, même si le degré de maximum n'est pas le même pour tout le monde (et c'est une évidence, il me semble)
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thaliane
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par thaliane Mar 27 Mar 2012, 21:09
Lilith, pour moi, il y a une contradiction dans ce que tu dis : dans ton premier post, tu parles de l'égalité en droits. Ce qui signifie que chaque individu a exactement les mêmes droits que son voisin, ni plus, ni moins.
Dans le dernier, tu parles d'égalité des chances pour ton fils. Qui est l'occurrence passe par un droit supplémentaire (le droit à une avs).

L'égalité, ce n'est effectivement pas simple. Si on parle d'égalité en droits, on va dire que tout le monde a le droit d'accès à la même éducation par exemple. Sauf que certains vont utiliser ce droit d'accès à fond (en faisant des études supérieures par exemple), d'autres pas. Et, du coup, les premiers auront un droit au financement de leur éducation bien supérieur aux seconds (un doctorant a coûté beaucoup plus cher à l'état qu'un môme sorti sans diplôme à 16 ans). On pourrait alors dire que les seconds ont droit à un financement de leur formation tout au long de vie supérieur pour rétablir l'égalité en droits.
Autre exemple : égalité en droits devant la justice. Est-ce avoir droit au même avocat pour tous ou simplement au même traitement par le juge ?
Bref, l'égalité en droits implique de définir de quels droits on parle concrètement...

Pour moi (et là je pense traduire assez justement la philosophie d'ATD Quart Monde), l'égalité, c'est l'égale dignité de tous les êtres humains. Chaque individu est à la fois unique et égal à tous les autres êtres humains. L'égalité, c'est tenir compte à la fois de son égale dignité d'humain et de son unicité.
Et pour y parvenir, en ce qui concerne l'éducation, ça ne peut passer que par l'égalité des chances. Avant qu'un enfant ne soit un adulte, la récompense du "mérite" est biaisée puisqu'il est à la charge des adultes qui accompagnent l'enfant dans sa transformation en adulte de justement lui construire son mérite, c'est à dire "ce qui le rend digne d'estime". Concrètement, pour moi, ça signifie que "le goût d'apprendre et le goût de l'effort" n'est pas une aptitude innée d'un enfant qu'un autre n'aurait pas reçu mais bien quelque chose que les adultes vont lui permettre de construire. Et tout enfant a droit à cette construction. Après, une fois adulte, à lui de choisir ce qu'il en fait.

Après la question et le débat porte plutôt sur qui fournit cette égalité des chances. Dans de nombreuses tribus d'Afrique, on dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant. J'aime beaucoup cette image et je la crois vraie. Sauf que nous ne vivons pas dans un village mais dans une société. Alors, selon moi (mais c'est de l'ordre de mes croyances, au même titre que d'autres croient en Dieu par exemple), c'est la société toute entière qui doit élever ses enfants. Et si un enfant échoue à devenir un adulte libre, c'est la société toute entière qui a échoué. Attention, je suis loin de réduire la société à l'éducation nationale ! Ni même à l'Etat. J'y inclus les médias, les entreprises, les associations, les voisins (rien ne m'horripile davantage que d'entendre parfois dans la rue les commentaires bien-pensants "m'enfin, t'as vu ce gosse qui fait une bêtise et sa mère n'est même pas là pour le surveiller" : qu'est-ce qui nous empêche, nous qui sommes adultes, de dire à cet enfant "dis donc mon petit coco, là ce que tu es en train de faire, c'est une bêtise alors tu arrêtes immédiatement. Et sans discuter parce que tous les adultes présents nous sommes d'accord").
Christian-HG-TZR67
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par Christian-HG-TZR67 Mar 27 Mar 2012, 21:19
Bonaparte disait (je cite de mémoire): ''tous mes soldats partent avec un bâton de maréchal, la fortune, le mérite et le talent font le reste''.

Egalité est à mon sens l'égalité de DEPART, que chacun puisse exprimer et exploiter pleinement son potentiel. Ce que ne veut pas dire que chacun a la même chance d'arriver.

Dhaiphi
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par Dhaiphi Mar 27 Mar 2012, 21:24
thaliane a écrit:"m'enfin, t'as vu ce gosse qui fait une bêtise et sa mère n'est même pas là pour le surveiller" : qu'est-ce qui nous empêche, nous qui sommes adultes, de dire à cet enfant
Que chacun s'occupe déjà des siens (parents démissionnaires) et le recours au voisin se fera plus rare.
Parents qui seront les premiers à s'insurger que l'on supplée à leur rôle éducatif ou au contraire seront bien contents que l'on endosse leurs responsabilités.

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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.  
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thaliane
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par thaliane Mar 27 Mar 2012, 21:33
Si on ne s'occupe que des siens, alors, à mon sens, on se tait et on ne critique pas avec la voisine. Il est pas couillon le môme, il se rend bien compte que ça piapiate dans son dos...
Mais c'est vraiment culturel l'approche aux enfants des autres (il faut lire Emmanuel Todd sur les différentes structures familiales, c'est passionnant).
Je crois que mon regard a changé là dessus parce que la nounou de mes enfants était ivoirienne et elle se retrouvaient au square entre copines nounous. Les premières fois que je les ai rejoints au square, je ne comprenais pas ce qui m'apparaissait comme un joyeux bordel et qui, en fait, était une communauté d'enfants sous le regard d'une communauté d'adultes : toutes les nounous s'occupaient de tous les enfants. Et ma foi, ça m'a interloquée parce que ça m'a choquée de prime abord (vieux réflexe du "j'ai choisi MA nounou pour MES enfants") et, en fait, j'ai vu que ça se passait hyper bien. A la fois entre les enfants et les nounous et entre enfants.
Mufab
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par Mufab Mar 27 Mar 2012, 21:40
thaliane a écrit:Lilith, pour moi, il y a une contradiction dans ce que tu dis : dans ton premier post, tu parles de l'égalité en droits. Ce qui signifie que chaque individu a exactement les mêmes droits que son voisin, ni plus, ni moins.
Dans le dernier, tu parles d'égalité des chances pour ton fils. Qui est l'occurrence passe par un droit supplémentaire (le droit à une avs).

Je comprends la contradiction que tu exposes, mais l'AVS est là, en général, pour compenser une inégalité : celle de ne pas manifester les mêmes aptitudes à l'autonomie que la majorité des enfants de la même classe d'âge.

"Egalité" ne signifie pas, comme on veut nous le faire croire parfois, nier les différences entre les enfants, faire comme si un élève présentant des troubles (du comportement par exemple), ou une précocité... va exactement profiter de la même façon d'une journée de classe que le tout-venant (pardon pour l'expression, mais c'est la seule qui me vient), et qu'en le plongeant dans un milieu ordinaire, il va le devenir.

L'égalité en droits, c'est aussi donner à chacun la possibilité de profiter au maximum de sa scolarité, et cela passe parfois par des aménagements (maintien, saut de classe, aide spécialisée, classe à effectif réduit...)


Dernière édition par Mufab le Mar 27 Mar 2012, 21:58, édité 1 fois
Mufab
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par Mufab Mar 27 Mar 2012, 21:42
thaliane a écrit:Si on ne s'occupe que des siens, alors, à mon sens, on se tait et on ne critique pas avec la voisine. Il est pas couillon le môme, il se rend bien compte que ça piapiate dans son dos...
Mais c'est vraiment culturel l'approche aux enfants des autres (il faut lire Emmanuel Todd sur les différentes structures familiales, c'est passionnant).
Je crois que mon regard a changé là dessus parce que la nounou de mes enfants était ivoirienne et elle se retrouvaient au square entre copines nounous. Les premières fois que je les ai rejoints au square, je ne comprenais pas ce qui m'apparaissait comme un joyeux bordel et qui, en fait, était une communauté d'enfants sous le regard d'une communauté d'adultes : toutes les nounous s'occupaient de tous les enfants. Et ma foi, ça m'a interloquée parce que ça m'a choquée de prime abord (vieux réflexe du "j'ai choisi MA nounou pour MES enfants") et, en fait, j'ai vu que ça se passait hyper bien. A la fois entre les enfants et les nounous et entre enfants.

OK, mais je ne suis pas la nounou des gosses de mes voisins.
Et puis je n'aimerais pas que mes voisins s'occupent de l'éducation de mes filles (sauf si je le leur demande expressément), nan mais oh !
JPhMM
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par JPhMM Mar 27 Mar 2012, 21:51
(D'avance, désolé pour le langage obscur, il m'est difficile de dire la même chose sans en passer par cela).

Égalité. Le mot, pour un mathématicien, est fortement marqué. Il désigne l'absence de différence de grandeur. Deux masses sont égales quand elles réalisent l'équilibre de la balance. Ce sens vernaculaire et, parallèlement, savant, est donc lié au concept de mesure, mais presque contradictoirement, pas strictement à celui de quantité. Ainsi, nous savons que si le segment [AB] est deux fois plus long que le segment [CD], leurs mesures ne sont donc pas égales (AB = 2 x CD), pourtant ces deux objets géométriques ont même quantité de points, c'est-à-dire qu'ils sont composés d'autant d'éléments fondamentaux. Mathématiquement, ils sont dits de même cardinalité, équipotents, c'est-à-dire de même puissance, ce qui n'est vrai que parce que cette cardinalité est infinie. Pour le dire autrement, précisément le fait d'avoir même puissance et inégalité est, à traduction de définition près, une caractéristique de l'infinité de la puissance d'un objet.

Ce constat est troublant et remarquable. A titre d'information, remarquons de surcroit que [0;1] et ]0;1[ sont équipotents et de même mesure, mais non identiques, et même de substances topologiques totalement opposées, bien que de même essence mathématique.

Constatons aussi que ce qui est manifeste n'a pas besoin d'être érigé en loi. En effet, nulle loi n'impose au ciel d'être bleu — il l'est pro et contra toute loi des hommes. Au contraire, les lois de la physique et de la chimie ayant pour corollaire la question de la couleur du ciel ne peuvent être validées qu'à condition de se conformer au bleu du ciel.

Revenons aux êtres humains. Toute mesure sur les êtres humaines manifeste des inégalités, de taille, de masse, de force physique, de beauté, de santé, etc. Ainsi donc, il n'y nulle égalité humaine en ses mesures, et donc en ses caractéristiques accidentelles. L'égalité n'est donc pas à trouver en ces mesures.
Aucune de mes caractéristiques accidentelles ne me définit en tant que personne, ni en tant qu'être humain. Léonard de Vinci m'est sans commune mesure, pas plus que nul être humain. Non pas parce certaines de ses caractéristiques accidentelles seraient désespérément plus grandes que les miennes, mais car ce qui le définit comme Léonard de Vinci n'est pas mesurable. Nous ne sommes pas identiques et nos substances (topologiques, de l'être-là entendu comme être-soi-là) sont incommensurables, elles se refusent à toute tentation de mesure. De là, prétendre à mesurer les substances est voué à l'échec, sinon au fascio en bornant les incommensurabilités ; et y poser une notion d'égalité revient à vouloir nier, par principe, la pluralité des substances, réduire l'irréductible, uniformiser l'unicité fondamentale de l'individu. Point d'égalité donc là encore.

Pourtant je pense. Ce que la seconde précédente je ne pensais pas encore. A chaque seconde. Pourtant aussi Léonard de Vinci et moi sommes de même essence, qui est que nous sommes êtres humains. Tout peut m'être soustrait, je suis humain, sauf à me soustraire ce qui m'est essentiel, et que je partage avec de Vinci, et avec chaque humain. Cette essence m'est indicible, car elle est ce par quoi je suis et que je ne peux me soustraire, fut-ce même en pensée, pour la placer devant moi et l'observer pour la dire. Mais je peux la compter : ma quantité. Je suis un. Avec Léonard, nous sommes deux. Et avec la personne qui lit, nous sommes trois. Chacun un un-en-soi, mais aussi un-pour-autrui, cet autrui qui est également un un-en-soi. Peut-être est-elle là l'égalité, de ce que nous sommes trois, chacun un, mais aucun plus qu'un autre, sinon nous ne pourrions être trois, mais deux et un. Égalité dans l'un autant que tous les autres, dans cette altérité fondamentale — l'autre comme un autre moi — et égalité dans ce dénombrement, que nous sommes tous ensemble, et pourtant chacun un. Vous êtes chacun un au même titre que moi, que tous les autres, à ce titre nous sommes égaux.

Ainsi donc, par essence (partagée, qui nous définit comme égaux), nous sommes égaux dans notre réalisation comme substance unique, égaux en puissance. Équipotents. Et poser par humaine loi égalité par principe revient dès lors à permettre à chacun (chaque un) d'avoir la possibilité de tendre vers ce qu'il est en puissance, et qui nous est, par définition, inconnu, car infini. En effet, puisque je pense. Ce que la seconde précédente je ne pensais pas encore. A chaque seconde.


Dernière édition par JPhMM le Mar 27 Mar 2012, 22:16, édité 1 fois

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thaliane
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par thaliane Mar 27 Mar 2012, 22:02
JPhMM, je suis fascinée ! (sincèrement. J'adore)

Mufab, je suis complètement d'accord : l'égalité en droit d'accès à l'éducation passe par une égalité des chances donc des "compensations"
(sauf sur la précocité, j'ai toujours pas compris en quoi la précocité ou le hpi était un handicap à compenser mais c'est hors sujet).
Et si je me suis investie à l'école, c'est parce que je crois qu'il y a non seulement des inégalités que j'appellerais "psy" ou relevant de la MPDH à compenser mais aussi des inégalités sociales. Et que, pas plus qu'un handicap reconnu par la MDPH, ce n'est la faute de l'enfant ni la faute de ses parents. Et donc que c'est le rôle de la communauté éducative (au sens large) de rétablir l'égalité des chances.

Après, comment établir cette égalité, c'est bien toute la question...
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par JPhMM Mar 27 Mar 2012, 22:11
thaliane a écrit:JPhMM, je suis fascinée ! (sincèrement. J'adore)
Merci. J'ai eu peur d'être incompréhensible.

thaliane a écrit:Après, comment établir cette égalité, c'est bien toute la question...
Ce que je dis sur le bleu du ciel.
Il y a égalité, ou il n'y a pas. Cela ne s'établit pas, cela se constate. Or je constate qu'il y a égalité. Il s'agit donc, pour les lois humaines, de se conformer à cette égalité, qui est nôtre par essence. Mais effectivement, comment faire ? je ne sais pas. Sauf à donner liberté à chacun d'être ce qu'il peut être, mais cette potentialité est infinie. Je ne sais pas.

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thaliane
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par thaliane Mar 27 Mar 2012, 22:22
Un enfant, à la naissance, n'est pas libre c'est bien le problème : il peut, ou pas, acquérir cette liberté par l'éducation...
Le paradoxe est que tous les enfants sont égaux et pourtant ils ne le sont pas. Donc comment donner à tous les mêmes chances puisqu'ils n'ont pas tous reçu les mêmes chances (et sans enlever de chances à ceux qui en ont reçu davantage)
Malviduplo
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par Malviduplo Mar 27 Mar 2012, 22:26
thaliane a écrit:JPhMM, je suis fascinée ! (sincèrement. J'adore)

+10000 veneration
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par lilith888 Mer 28 Mar 2012, 08:48
thaliane a écrit:Lilith, pour moi, il y a une contradiction dans ce que tu dis : dans ton premier post, tu parles de l'égalité en droits. Ce qui signifie que chaque individu a exactement les mêmes droits que son voisin, ni plus, ni moins.
Dans le dernier, tu parles d'égalité des chances pour ton fils. Qui est l'occurrence passe par un droit supplémentaire (le droit à une avs).

Je ne vois pas où est le problème. L'égalité en droits veut dire que tous les enfants reconnus handicapés (taux d'incapacité du mien : 70%) ont droit à une AVS. Tu prends le problème à l'envers avec une tendance au nivellement par le bas. Ce n'est pas une "chance" d'obtenir une AVS. C'est un droit.
Si le voisin est handicapé, il aura droit à une AVS aussi.

J'avoue que, même en relisant plusieurs fois, je ne vois toujours pas où est la contradiction.
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par lilith888 Mer 28 Mar 2012, 08:54
thaliane a écrit:
Et si je me suis investie à l'école, c'est parce que je crois qu'il y a non seulement des inégalités que j'appellerais "psy" ou relevant de la MPDH à compenser mais aussi des inégalités sociales. Et que, pas plus qu'un handicap reconnu par la MDPH, ce n'est la faute de l'enfant ni la faute de ses parents. Et donc que c'est le rôle de la communauté éducative (au sens large) de rétablir l'égalité des chances.

Non, mille fois non. Ce n'est pas à la communauté éducative d'intervenir là dessus. Un enfant MDPH, bien entendu que ce n'est pas de sa faute ni de celle de ses parents, mais un enfant dont les parents ne s'occupent pas correctement, ce n'est pas de la faute de l'enfant mais bien de ses parents qui l'ont mis en monde. Ce n'est pas aux autres de pallier à cette déficience. Chacun doit prendre ses responsabilités : un enfant, ça demande des efforts. Si l'on n'est pas prêt à fournir ces dits efforts, on ne fait pas d'enfants. Il y en a marre de déresponsabiliser constamment les individus.
Mufab
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 - Définir ce que l'on nomme l'égalité Empty Re: Définir ce que l'on nomme l'égalité

par Mufab Mer 28 Mar 2012, 09:12
lilith888 a écrit:
thaliane a écrit:
Et si je me suis investie à l'école, c'est parce que je crois qu'il y a non seulement des inégalités que j'appellerais "psy" ou relevant de la MPDH à compenser mais aussi des inégalités sociales. Et que, pas plus qu'un handicap reconnu par la MDPH, ce n'est la faute de l'enfant ni la faute de ses parents. Et donc que c'est le rôle de la communauté éducative (au sens large) de rétablir l'égalité des chances.

Non, mille fois non. Ce n'est pas à la communauté éducative d'intervenir là dessus. Un enfant MDPH, bien entendu que ce n'est pas de sa faute ni de celle de ses parents, mais un enfant dont les parents ne s'occupent pas correctement, ce n'est pas de la faute de l'enfant mais bien de ses parents qui l'ont mis en monde. Ce n'est pas aux autres de pallier à cette déficience. Chacun doit prendre ses responsabilités : un enfant, ça demande des efforts. Si l'on n'est pas prêt à fournir ces dits efforts, on ne fait pas d'enfants. Il y en a marre de déresponsabiliser constamment les individus.

+1

Et cette remarque lie plusieurs fils de discussion, je trouve (dont le procès fait aux devoirs à la maison, par exemple; ou les cas d'enfants soutenus par leurs parents contre l'enseignant, dont les décisions sont remises en causes dans les moindres détails - même pédagogiques) : à partir du moment où la relation parent-enfant n'est pas claire (et là, il ne s'agit pas d'égalité, mais d'assumer son rôle éducatif. L'inscription dans une société déjà constituée, avec ses règles propres, n'est pas innée. Et le parent est un peu plus au fait de ses lois), on trouve à détourner le déficit éducatif sur des tiers. C'est devenu classique.
Le prof est actuellement la principale victime du parent inquiet car il a en charge l'enfant une bonne partie du temps. Dès que ça coince dans l'épanouissement de l'enfant, on se tourne vers l'école. Il faut, pour le parent, parfois, un responsable qui le dédouanne de ses manquements.

Un peu HS mais il fallait que je le dise.
Mufab
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 - Définir ce que l'on nomme l'égalité Empty Re: Définir ce que l'on nomme l'égalité

par Mufab Mer 28 Mar 2012, 09:51
Malviduplo a écrit:
thaliane a écrit:JPhMM, je suis fascinée ! (sincèrement. J'adore)

+10000 veneration

Moi je n'ai pas tout compris Embarassed , mais ça a l'air bien. (En tout cas j'apprécie le style !)

Il y a quand même chez l'humain un truc en plus, la possibilité que nous avons à apprendre, toute notre vie (et c'est peut-être ce que tu appelles, JPhMM, l'infini, ou la pensée), avec en plus la liberté d'aller au-delà de ce qui nous a été transmis, et de créer à partir de ça.

Pour en revenir au sujet, l'égalité passerait pour moi par une école publique (ben oui, il n'y a pas de raison que l'école privée du coin propose des classes à 20 max, ou des études du soir... alors que l'école publique rame à 30) à qui l'on donnerait la possibilité de remplir sereinement sa mission : mettre à la disposition de tous les élèves le maximum d'outils et de connaissances, qui leur permettent de se/nous dépasser.

J'enfonce des portes ouvertes, désolée.

(Et c'est vrai que l'argument "égalité des chances" est utilisé maintenant dans toute argumentation, comme argument suprême, indéniable, et qui permet de s'abstraire de tout désaccord :
"J'utilise telle méthode, je fais lire tels trucs à mes élèves, je donne/ne donne pas de devoirs, utilise/n'utilise pas l'ordi comme outil pédagogique... parce que je suis pour l'égalité des chances." Mouais, bof. Il est plutôt souvent question ici d'efficacité de telle ou telle méthode expérimentée dans un contexte qui dépend de chaque prof en tant qu'humain, et de chaque classe.)
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thaliane
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 - Définir ce que l'on nomme l'égalité Empty Re: Définir ce que l'on nomme l'égalité

par thaliane Mer 28 Mar 2012, 09:57
Je ne comprends pas le lien que vous faites entre inégalités sociales (et culturelles) et déresponsabilisation des parents. Les parents pauvres ou à faible bagage culturel classique ne sont pas plus mauvais parents que les autres, non ? Ou alors il faut instaurer un diplôme minimum ou un revenu minimum pour avoir le droit de faire un enfant ?

Je m'interroge : considérez-vous que les parents sont co-responsables de l'apprentissage scolaire (lecture, écriture, calcul, savoirs classiques - je ne parle pas d'épanouissement je précise) ?
Si c'est non, ça pencherait plutôt pour ne pas donner de devoirs à la maison (qui, de fait, mettent les parents en situation de co-responsables)
Si c'est oui, ce n'est alors pas étonnant que les parents se mêlent des décisions pédagogiques de l'enseignant, non ? Puisque c'est lui in fine qui sera responsable du niveau scolaire de l'enfant...
Mufab
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 - Définir ce que l'on nomme l'égalité Empty Re: Définir ce que l'on nomme l'égalité

par Mufab Mer 28 Mar 2012, 10:12
Mais non, Thaliane, il n'est pas responsable du niveau scolaire in fine, comme tu dis.
Il est responsable de l'éducation -à savoir que si le prof, qui a en charge la pédagogie, et qui donne des devoirs s'il a jugé que c'était pédagogiquement profitable à l'ensemble de sa classe, il s'assure que les devoirs ont été faits, parce que le prof a demandé à ses élèves cet effort à la maison, tout simplement.

Et pour aller plus loin, il a pour tâche de lui demander d'obéir à une injonction d'une autorité (décrétée comme telle de par son statut), parce que cette autorité a réfléchi, dans son contexte propre (sa classe) que lui seul connaît, qu'il considère que les devoirs font partie intégrante de l'apprentissage, et qu'on le paye pour prendre à chaque minute ce genre de décisions : qu'est-ce que je juge le plus efficace pour mes élèves, à ce moment M, et qui puisse répondre à la mission que l'on m'a assignée, à savoir couvrir un programme et le rendre accessible au maximum d'enfants dont j'ai la charge.
Marie Laetitia
Marie Laetitia
Bon génie

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par Marie Laetitia Mer 28 Mar 2012, 10:25
(rien ne m'horripile davantage que d'entendre parfois dans la rue les commentaires bien-pensants "m'enfin, t'as vu ce gosse qui fait une bêtise et sa mère n'est même pas là pour le surveiller" : qu'est-ce qui nous empêche, nous qui sommes adultes, de dire à cet enfant "dis donc mon petit coco, là ce que tu es en train de faire, c'est une bêtise alors tu arrêtes immédiatement. Et sans discuter parce que tous les adultes présents nous sommes d'accord").

ça me démange souvent d'intervenir mais cela risque d'être mal pris par les parents... qui peuvent se sentir humilés, pas à la hauteur. Donc je me tais.

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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)


Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
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thaliane
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par thaliane Mer 28 Mar 2012, 10:39
Juste parce que j'aime bien être taquine : étant donné que les devoirs écrits sont interdits par une autorité décrétée comme telle de par son statut (la loi), est-ce que les enseignants qui donnent des devoirs et donc désobéissent à cette autorité ne donnent pas le mauvais exemple ? Razz

Pourtant, de fait, les parents (quel que soit leur niveau social) se sentent coupables de l'échec scolaire de leurs enfants. Preuve en est le chiffre d'affaires du soutien scolaire mais aussi le succès des orthophonistes (qui reconnaissent voir bien plus d'enfants non dyslexiques que dyslexiques), des graphothérapeutes ou récemment des formations à la gestion mentale pour les parents... Et là, on est à plein dans l'inégalité.

(Marie-Laetitia, je parlais du cas où l'enfant est sans ses parents à proximité. Wink )
Mufab
Mufab
Grand Maître

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par Mufab Mer 28 Mar 2012, 10:45
thaliane a écrit:Je ne comprends pas le lien que vous faites entre inégalités sociales (et culturelles) et déresponsabilisation des parents. Les parents pauvres ou à faible bagage culturel classique ne sont pas plus mauvais parents que les autres, non ? Ou alors il faut instaurer un diplôme minimum ou un revenu minimum pour avoir le droit de faire un enfant ?

Je m'interroge : considérez-vous que les parents sont co-responsables de l'apprentissage scolaire (lecture, écriture, calcul, savoirs classiques - je ne parle pas d'épanouissement je précise) ?
Si c'est non, ça pencherait plutôt pour ne pas donner de devoirs à la maison (qui, de fait, mettent les parents en situation de co-responsables)
Si c'est oui, ce n'est alors pas étonnant que les parents se mêlent des décisions pédagogiques de l'enseignant, non ? Puisque c'est lui in fine qui sera responsable du niveau scolaire de l'enfant...

Je crois que notre différence de point de vue vient aussi du fait que tu considères l'enfant particulier, ton enfant, ou sa petite copine que tu connais, avec son milieu familial, alors que je considère un groupe d'enfants, indépendamment de leurs parents, du "bagage" de ces parents, de leurs principes éducatifs, etc. dont je ne sais pratiquement rien, et ce qui n'est pas plus mal, car même le sachant, cela n'a pas à entrer en considération dans mes choix pédagogiques, qui s'adressent, de fait, à un groupe.

Et pour moi, l'égalité vient de là : ils sont réunis ici, dans ma classe, à 27, dans toute leur hétérogénéité, et c'est avec ce groupe qu'il faut composer. On donne (à quelques variantes près, selon la différenciation que l'on met en place ou qu'il est possible de mettre en place) la même nourriture à tous, et on tente de donner à tous les couverts pour l'ingérer, indépendamment de ce qu'ils peuvent vivre chez eux (et qui ne rentre en ligne de compte que très ponctuellement, quand vraiment l'enfant rencontre un souci grave dans sa vie personnelle).

En fait, on peut raisonner différemment sur les devoirs ou les punitions : l'école est-elle obligatoire, oui ou non ?
L'école en tant que durée -6 heures de classe par jour, tant de jours par an- et après basta, ou l'école avec tout ce qu'elle impose pour fonctionner ?
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