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venus13
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Methodo Commentaire 1ere efficace ? Empty Methodo Commentaire 1ere efficace ?

par venus13 Mer 9 Mai 2012 - 10:26
Bonjour Smile je suis catastrophée !! je ne sais plus par quel bout (si j'ose dire) prendre la méthodologie du commentaire No mes élèves de 1ere ne s'en sortent pas et rendent des copies catastrophiques :shock: auriez-vous une méthode pour le commentaire à me faire partager svp ? certes, ils auront le choix entre 2 autres sujets mais bon ... malgré tout, la moitié persiste à choisir le commentaire ! tout conseil sera le bienvenue Smile
Libé-Ration
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par Libé-Ration Mer 9 Mai 2012 - 10:47
Je distribue celle-ci aux élèves ...

et surtout quand on fait les LA en classe, j'explicite ou je fais expliciter les différentes étapes.

J'essaie en outre de mener les LA selon différents angles d'attaque pour que chacun y trouve son compte : linéaire / composé / à partir de la stylistique / à partir de ce qu'on a trouvé dans un autre texte d'un même auteur, etc.

Autre chose : quand on fait un commentaire noté, je le corrige avec le max de conseils et de remarques, et j'invite les élèves à le refaire à la maison, à l'aide de mes annontations et de la correction. En général, les élèves en difficulté font l'effort, récupèrent des points et surtout font mieux la prochaine fois. C'est chronophage, mais terriblement efficace, pour tous les travaux d'écriture, et tous tous les niveaux que j'ai eus.
venus13
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par venus13 Mer 9 Mai 2012 - 12:54
ah oui, j'y avais éventuellement pensé de faire refaire avec mes annotations et conseils donc tu me confortes dans mon idée Smile je vais essayer cela, merci à toi Smile

d'autres conseils ?
Azad
Azad
Habitué du forum

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par Azad Mer 9 Mai 2012 - 13:32
Je ne peux malheureusement pas t'aider : je suis dans le même cas !
Pour les séries générales, je constate surtout la difficulté des élèves à trouver un plan pour leur commentaire... Difficile de les aider.
annacamille
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par annacamille Mer 9 Mai 2012 - 18:23
Pour mes STI (très faibles mais "gentils", c'est également la cata! Nous avons souvent fait des tableaux : "Je cite" "j'analyse le procédé" "j'interprète/je cherche l'effet produit" pour étudier les textes. Nous avons également travaillé sur des corrigés rédigés intégralement (temps fou passé à rédiger des commentaires hyper carrés de mon côté) : "je souligne en rouge l'annonce de l'idée du paragraphe", "en vert les analyses de procédés", "en rouge les interprétations", "je surligne la phrase bilan"...je sais, ce n'est pas très "fun" mais repérer des points de méthodo sur un commentaire rédigé, ils apprécient, c'est plus "concret" pour eux...Résultat : ils massacrent leurs propres commentaires de texte, paraphrasent, n'organisent rien...je capitule!
NLM76
NLM76
Grand Maître

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par NLM76 Mer 9 Mai 2012 - 18:54
En un mois, ce n'est pas facile !
Une première étape qu'on néglige souvent pour faire le commentaire : le comprendre !
Lorsqu'on lit les commentaires des élèves au bac, on s'aperçoit qu'une bonne moitié d'entre eux ne comprennent pas le sens du texte.
En particulier, il arrivent à peu près à voir de quoi parle le texte ; ils n'arrivent pas à voir ce qu'il en dit.
C'est une des raisons pour lesquelles je leur recommande de commencer par établir le plan détaillé du texte, lequel sera un outil précieux pour le commentaire.

_________________
Sites du grip :
  • http://instruire.fr
  • http://grip-editions.fr

Mon site : www.lettresclassiques.fr

«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
venus13
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par venus13 Mer 9 Mai 2012 - 21:27
Azad a écrit:Je ne peux malheureusement pas t'aider : je suis dans le même cas !
Pour les séries générales, je constate surtout la difficulté des élèves à trouver un plan pour leur commentaire... Difficile de les aider.

c'est à dire ? tu capitules ? :shock: ou au contraire tes élèves sont "trop forts" ? :lol:

annacamille a écrit:Pour mes STI (très faibles mais "gentils", c'est également la cata! Nous avons souvent fait des tableaux : "Je cite" "j'analyse le procédé" "j'interprète/je cherche l'effet produit" pour étudier les textes. Nous avons également travaillé sur des corrigés rédigés intégralement (temps fou passé à rédiger des commentaires hyper carrés de mon côté) : "je souligne en rouge l'annonce de l'idée du paragraphe", "en vert les analyses de procédés", "en rouge les interprétations", "je surligne la phrase bilan"...je sais, ce n'est pas très "fun" mais repérer des points de méthodo sur un commentaire rédigé, ils apprécient, c'est plus "concret" pour eux...Résultat : ils massacrent leurs propres commentaires de texte, paraphrasent, n'organisent rien...je capitule!

j'ai opté pour cela depuis les vacs, du moins avant les vacances un peu : "j'observe" puis "j'analyse ou interprète" Smile tu es la deuxième à me conseiller de davantage travailler sur leurs copies, je vais le faire davantage alors même si, finalement, c'est moi qui stresse car je sens les semaines passer à une vitesse folle et l'examen approcher :lol:

nlm76 a écrit:En un mois, ce n'est pas facile !
Une première étape qu'on néglige souvent pour faire le commentaire : le comprendre !
Lorsqu'on lit les commentaires des élèves au bac, on s'aperçoit qu'une bonne moitié d'entre eux ne comprennent pas le sens du texte.
En particulier, il arrivent à peu près à voir de quoi parle le texte ; ils n'arrivent pas à voir ce qu'il en dit.
C'est une des raisons pour lesquelles je leur recommande de commencer par établir le plan détaillé du texte, lequel sera un outil précieux pour le commentaire.

oui, tu as tout à fait raison : tout réside dans le faire de comprendre le texte, à voir ce qu'il en dit Smile

je ne sais pas trop pourquoi les élèves se précipitent sur ce sujet 😕 ils le confondent, au vue de leurs copies, avec un listing de figures ou de paraphrases affraid ou alors c'est moi qui m'y prends mal Rolling Eyes je suis davantage à l'aise avec la dissertation, j'ai toujours préféré ce sujet Razz donc j'espère que je ne leur transmets pas mon retrait pour ce type de sujet 😢 désolé de mon humeur un peu "déprimée" ce soir ... merci de vos conseils cheers
NLM76
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Grand Maître

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par NLM76 Mer 9 Mai 2012 - 21:40
Un "truc" qui éclaire le visage de certains (en gros, les futés, mais qui ne se croient pas littéraires) : il s'agit de démontrer pourquoi ce texte sort de l'ordinaire. Pourquoi mérite-t-il d'être lu, relu, appris par cœur. Une autre façon de le dire : qu'est-ce que ce texte a de plus que ce que moi j'écrirais sur ce sujet ?
Ce qui est, soit dit en passant, tout le contraire d'une certaine critique universitaire, qui vise à montrer en quoi le texte est exactement comme les autres, tout ce qu'il y a de plus banal.

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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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User5899
Demi-dieu

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par User5899 Mer 9 Mai 2012 - 22:46
Azad a écrit:Je ne peux malheureusement pas t'aider : je suis dans le même cas !
Pour les séries générales, je constate surtout la difficulté des élèves à trouver un plan pour leur commentaire... Difficile de les aider.
C'est souvent parce qu'ils n'ont pas de conclusion, c'est-à-dire de but. Moi, j'ai fini par leur demander d'expliciter ce qui fait selon eux l'intérêt du texte, et d'organiser l'argumentation de cette réponse en deux temps, qui deviennent leurs deux parties principales.
venus13
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par venus13 Mer 9 Mai 2012 - 22:48
ah oui, bonne idée aussi !
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retraitée
Doyen

Methodo Commentaire 1ere efficace ? Empty Re: Methodo Commentaire 1ere efficace ?

par retraitée Sam 12 Mai 2012 - 18:23
Commence par des descriptions, c'est le plus simple. Une partie consacrée à l'organisation de la description
1) qui raconte, qui voit; les divers sens sollicités;
2) ordre de la description : du proche au lointain, ou l'inverse, de droite à gauche ou tout autre chose;

Une partie consacrée au contenu de cette description
1) que décrit-on ?
2) comment. Les impressions du narrateur (ou de l'observateur)

Une partie consacrée à la fonction de cette description.


C'est un peu simpliste, certes. Tu peux ne faire que deux grandes parties, mais cela leur donne des repères au début.


Un truc : la quasi totalité du texte doit se trouver reprise par les citations illustrant les idées. Si de longs fragments sont laissés de côté, c'est mauvais; Certains passages peuvent servir deux fois, même.

Ci joint un exemple. La première partie est traitée en style télégraphique, les deux suivantes sont rédigées. Hélas, la mise en page saute toujours sur néoprofs, en particulier le gras et l'italique. Si tu veux le bon texte, donne-moi ton mail par MP


EN 1868, après avoir publié son premier roman, Thérèse Raquin, Zola conçoit le projet d’une vaste fresque romanesque, qui contera “L’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire”. Cette fresque, intitulée Les Rougon-Macquart, compte vingt volumes, dont chacun se nourrit d’une documentation minutieuse. Ainsi, pour écrire Au Bonheur des Dames, publié en 1883, Zola enquête dans le milieu des grands magasins, alors en pleine expansion, comme, par exemple, Le Bon Marché et Le Louvre. Dans ce roman, Zola nous conte la brillante réussite d’Octave Mouret, un membre de cette famille Rougon-Macquart, patron d’un grand magasin, le Bonheur des Dames,.
Le chapitre IV de ce roman est tout entier consacré au récit d’une grande journée de vente organisée par Mouret, vente qui attire en masse les clientes, appâtées par l’offre d’une soie à bon marché, le Paris- Bonheur. Le passage que nous allons commenter se situe à la fin de ce chapitre IV. Constitué d’un seul long paragraphe descriptif, il évoque les derniers moments de cette journée exceptionnelle, et le désordre qui règne dans le magasin.
Après avoir étudié les caractéristiques de cette description, nous verrons en quoi cette page nous fournit nombre de détails réalistes sur l’organisation et le fonctionnement d’un grand magasin, enfin nous montrerons comment Zola, dépassant ce réalisme, donne à cette description un caractère épique et poétique, qui en révèle la véritable signification.


Caractéristiques de cette description
Passage tout entier à l’imparfait, à l’exception de six verbes au PQP, correspondant à des actions antérieures au moment de la description, et à l’aspect accompli.
La focalisation : narrateur omniscient, qui décrit ce qui se passe simultanément à deux étages différents du magasin. Tandis qu’à l’entresol, on constate des ravages, au fond de la maison, le service du départ est toujours en pleine activité. Ce narrateur omniscient connaît également les pensées intimes des personnages : ainsi, Hutin est enragé de sa mauvaise chance. Cependant, ce narrateur épouse aussi un point de vue plus limité, celui que pourrait avoir un témoin fictif, auquel le lecteur peut facilement s’identifier. La description est faite de l’intérieur du magasin, et si le monde extérieur est évoqué, c’est par les perceptions auditives qu’on en a de l’intérieur, roulement des derniers fiacres venant du dehors, au milieu de la voix empâtée de Paris. De même, le lecteur découvre les lieux en épousant le déplacement de ce témoin, désigné par le pronom indéfini on, qui semble parcourir les différents rayons. Nous pouvons ainsi relever des verbes appartenant au champ lexical du déplacement, on longeait, il fallait enjamber , on ne passait plus du tout, on butait, on marchait. En outre, ce déplacement est mimé par une longue phrase composée, dans laquelle seuls les points virgules marquent le passage d’un rayon à un autre.
Organisation de la description. Les premières lignes du texte sont consacrées à une vue d’ensemble des lieux: raréfaction de la foule, dernières clientes attardées, évocation des bruits venus de la rue, magasin en désordre, vendeurs épuisés. Ensuite, la description s’intéresse successivement aux différents étages du magasin, dont les rayons sont passés en revue : d’abord, les galeries du rez-de-chaussée, ainsi que deux des vendeurs ; puis on monte en haut, à l’entresol, avant d’évoquer ce qui se passe en bas, au fond de la maison. On revient ensuite dans le hall, où il ne reste rien de la soie mise en vente. Après un gros plan sur les deux vendeurs de ce rayon, au milieu de ce vide, on termine par tout le magasin, cette fois métonymie du personnel, dont l’activité est similaire à celle des vendeurs, “alignant également des chiffres, flambant d’une même fièvre.



Ce magasin est décrit à la fin d’une importante journée de vente, commencée depuis le matin, et qui s’achève à la tombée de la nuit. De nombreux détails renvoient à cette fin de journée. Ainsi, les becs de gaz brûlant dans le crépuscule en ont éclairé les secousses suprêmes. À l’intérieur, la foule diminue, de façon progressive , comme le montrent l’emploi des adverbe et locution lentement, peu à peu, de même que l’emploi de l’imparfait duratif. Le magasin se vide de ses clientes, les rayons sont presque déserts; et le petit nombre d’acheteuses est souligné par l’emploi de la négation restrictive ne que , s’appliquant au verbe rester. Seules des clientes oublieuses de l’heure s’attardent dans le magasin. Certains employés ont déjà pris leur repas du soir, puisque les deux premières tables ont été servies à une heure d’intervalle, et que le troisième service est imminent, comme l’indique l’emploi du futur dans le passé allait être servie. De plus, les vendeurs font à présent leurs comptes, tout le magasin aligne des chiffres. De même, à l’extérieur, circulent les derniers fiacres, dont seul le roulement est perçu de l’intérieur . L’instauration progressive du calme est marquée par la négation ne plus que, qui marque la différence avec ce qui a précédé. De la ville provient une rumeur sourde, métaphorique ment assimilée à la voix empâtée de Paris.
Cette journée a été rude, puisque les vendeurs sont harassés de fatigue. et que Liénard sommeille sur les métrages de tissu dépliées, au dessus d’une mer de pièces. Les vendeurs campant parmi la débâcle de leurs casiers semblent s’octroyer un peu de répit avant de tout ranger. Si la journée a ainsi épuisé le personnel, c’est que la vente a été extrêmement fructueuse : les clientes sont venues en foule, en masse, et, à la soie surtout, tout a été vendu, bien que la quantité de tissu soit énorme, comme l’indique l’hyperbole le colossal approvisionnement.. Les expressions le hall restait nu, là elles avaient fait place nette, on passait librement, ce vide. révèlent l’importance des achats effectués par les femmes D’ailleurs, le travail continue au service du départ ,toujours en pleine activité, d’où les voitures emportent les paquets. L’abondance de ces derniers se lit dans l’emploi du verbe éclatait, de même qu’elle était marquée au début du texte par le verbe gaver.
Mais le caractère exceptionnel de cette vente se devine surtout au désordre qui règne dans tout le magasin. Ainsi, casiers et comptoirs semblent avoir essuyé un ouragan. Les chaises obstruent les galeries du rez-de-chaussée chaussée de chaussée. A la ganterie, les cartons s’entassent autour de Mignot, il est impossible de circuler aux lainages, où les piles restées debout sont à moitié détruites. Le linge de maison, le blanc est tombé au sol, et on marche sur les mouchoirs. Il en va de même à l’entresol, puisque les parquets sont jonchés de fourrures, que les vêtements de confection forment un amoncellement, et que les lingeries et la dentelle ont été dépliées froissées, jetées au hasard. Ces trois participes passés passifs, qui se suivent et sont soulignés par le retour des mêmes sonorités en é reproduisent les gestes des clientes dans leur rapide succession. Le désordre se lit aussi dans les nombreux termes commençant par le préfixe dé : (débâcle, débordé, débandade, détruites dépliés, déshabillé, désordre, dégorgeait, déchiqueté, dévorantes), et il est souligné par l’emploi de constructions parallèles, qui créent un effet d’accumulation : les fourrures jonchaient les parquets, les confections s’amoncelaient[…] les dentelles et la lingerie faisaient songer à un peuple de femmes […].


Cependant, l’activité intense dont ce magasin a été le théâtre, cette foule de clientes qu’ont dû affronter les vendeurs, ce désordre qu’elles ont laissé derrière elles sont présentés de façon métaphorique. Ainsi, la journée de vente prend un caractère épique, puisque les clientes sont comparées à des catastrophes naturelles dévastatrices, et que le magasin semble avoir été le théâtre d’un violent combat, révélateur des passions qui animent acheteuses et vendeurs.


Cette description est, en effet, écrite dans une tonalité épique.
Les clientes désignées par des pluriels, elles, femmes, sauterelles, sont aussi présentées comme un être collectif, foule, ouragan, masse, peuple .Leur violence est celle des éléments déchaînés, comme l’indique la métaphore le souffle furieux d’un ouragan, se doublant d’allitérations en f et en r, qui en miment le bruit ; une inondation semble, de même, s’être produite aux lainages, qui, dépliés, deviennent une mer de pièces, ou dont les piles à moitié détruites, sont assimilées à des maisons dont un fleuve débordé charrie les ruines. Ce terme débordé renvoie d’ailleurs, non seulement à la foule des clientes, mais également aux vendeurs dépassés par la situation. Quant aux derniers instants de la vente , ce sont des secousses suprêmes, expression qui suggère un tremblement de terre.
Mais, plus que tout, cette journée au Bonheur des Dames est assimilée à l’affrontement de deux armées, et tout le texte est parcouru par une métaphore filée de la guerre. Ainsi, le magasin tout entier est comme un champ de bataille, saccagé, dévasté, que les becs de gaz brûlant dans le crépuscule semblent éclairer comme autant de lueurs d’incendie. Sur ce champ de bataille, la progression est rendue difficile, et s’apparente à un parcours du combattant. Les chaises , personnifiées se muent en fuyards, puisque le narrateur évoque leur débandade, et les vêtements, sans doute vestes et manteaux, entassés à l’entresol semblent des capotes de soldats mis hors de combat, abandonnées sur le terrain.. Les cartons entassés autour de Minot qu’ils semblent protéger sont hyperboliquement désignés par le mot barricade. A la soie, en revanche, nul obstacle, on passe librement. Les principales victimes semblent être les tissus, dont le texte évoque le massacre, et surtout la soie a été déchiquetée, balayée.
Cependant, les vendeurs restent maîtres des lieux, où certains semblent bivouaquer, comme le suggère l’expression camper parmi la débâcle. S’ils ont subi l’assaut des clientes, ils ont aussi rivalisé entre eux, et Hutin, qui a moins vendu que Favier, est battu ce jour-là.. Épuisés par la lutte, ils sont néanmoins animés par un sentiment de triomphe, par la gaieté brutale des soirs de carnage. Ainsi les volées de cloches annonçant le repas peuvent aussi suggérer le carillon joyeux signalant le cessez-le feu et la victoire.
Ces images hyperboliques, l’utilisation de termes collectifs, le vocabulaire guerrier appliqué à la vente de coupons de tissus, de linge de maison ou de vêtements contribuent donc à un véritable grossissement épique, qui concerne aussi le rayon du blanc, où les épaisses piles de serviettes se métamorphosent en banquises, et où les mouchoirs, petits, fins, deviennent poétiquement des flocons légers. Ainsi, le magasin semble prendre la dimension de toute une planète, avec ses fleuves, ses ouragans, ses pôles glacés, et ses régions tropicales dévastées , à l’instar de l’Égypte, par cette malédiction biblique, un vol de sauterelles.


En comparant les clientes à cette plaie, des sauterelles dévorantes, Zola met l’accent sur leurs appétits furieux, assimilés à une rage, à une folie, à l’oubli de la raison, puisque leur rage de dépense leur fait oublier l’heure. Ces Furies sont aussi présentées comme des Bacchantes, et le désordre de l’entresol évoque aussi un coup de désir, un désordre sensuel, souligné par des allitérations en d/ déshabillées dans le désordre d’un coup de désir, et les mêmes sonorités : désordre, désir. On songe à un déshabillage collectif, ces femmes ayant d’abord jeté leurs fourrures sur les parquets, puis les autres vêtements, avant de retirer dentelles et lingerie, jetées en hâte, au hasard.
Tout, dans le magasin stimule ces appétits, et la marchandise vendue au Bonheur des Dames se mue donc en une véritable nourriture : les clientes ont dévoré le colossal approvisionnement du Paris-Bonheur, faisant place nette comme les sauterelles ; le service du départ , gorgé de paquets, les dégorge, et ils s’en vont gaver Paris, personnifié, devenu un ogre, ce personnage de contes, qui se caractérise par son gigantisme et son appétit. Ce verbe gaver marque bien la surabondance des achats effectués par les clientes, évoqués à la ligne 5 par une énumération de groupes nominaux au pluriel, les toiles et les draps, les draps et les dentelles. On peut remarquer que , comme dans un repas, Paris absorbe d’abord des nourritures consistantes, toiles, draps, avant d’en venir à des soies et des dentelles, plus légères, comparables à du dessert. Comme l’ogre du Petit-Poucet, Paris, repu, dort, et le roulement des fiacres , bruit sourd et régulier, devient son ronflement ; ces termes contiennent des sonorités similaires, et on peut, de plus, noter les nombreuses allitérations en r dans les lignes 4 et 5, dehors, roulement derniers fiacres, Paris, ronflement, ogre repu, digérant, draps. De même, la voix empâtée de Paris est une expression difficile à articuler, en raison de la succession de sonorités occlusives et de la répétition du son a, ce qui mime presque cette voix pâteuse d’ogre gavé.


En exacerbant ainsi les appétits et les désirs, le magasin se mue en un lieu de tentation, ce que révèlent symboliquement des détails qui l’apparentent à l’Enfer.
Ainsi, il y fait chaud, d’une chaleur de massacre. Le texte est encadré par des termes renvoyant à l’idée de feu, de lumière et de chaleur. Ainsi, à l’intérieur, la vente s’est terminée sous le flamboiement des becs de gaz, qui brûlent, et cette flamme se retrouve dans les yeux des vendeurs, qui s’allument de la passion du gain. C’est enfin tout le magasin machine surchauffée, qui flambe d’une même fièvre.
En outre, nombre de péchés capitaux se sont commis ou se commettent au Bonheur des Dames, Gourmandise et luxure , voilà pour les clientes, l’envie ronge Hutin, en proie à la colère également, enragé de sa mauvaise chance. Quant à l’amour de l’argent, la passion , la fièvre du gain c’est sur lui que se clôt le texte.
Flammes réelles ou figurées, chaleur, rage, lutte, satisfaction des appétits, tout concourt à faire du magasin un lieu de tentation, une mécanique bien réglée, une machine, où les clientes, consumées par la rage de dépenser, incapables de résister à leurs pulsions d’achat, consomment en abondance, répondant ainsi au désir du personnel, à sa passion du gain, qui suscite elle-même rivalités et fureur. Le Bonheur des Dames, le Paris-Bonheur…Le bonheur semble ainsi résider dans la consommation, dans les possessions matérielles, dans le souci de parer le corps. La Débauche des marchandises, approvisionnement colossal, suscite la déroute et la débâcle de la raison, dans une véritable débauche d’achats.





Ce texte , qui contient une foule de détails précis sur l’organisation d’un grand magasin à la fin du XIX ème siècle, présente une indéniable valeur documentaire. L’intérêt de ce passage, qui s’inscrit dans un roman, est aussi narratif : en effet, cette journée exceptionnelle marque une étape importante dans l’ascension d’Octave Mouret, montré dans les paragraphes qui suivent cet extrait comme un général victorieux, ayant écrasé le petit commerce, et songeant à agrandir le magasin, devenu une véritable pieuvre poussant partout ses tentacules. Mais cette description vaut surtout par la richesse des images et des symboles qu’elle contient, puisque le magasin, lieu paradisiaque, est aussi lieu de tentation, où se déploient toutes les ressources de la séduction. Zola se montre ici visionnaire, puisqu’il annonce tout ce qui caractérise notre actuelle société de consommation et ce texte illustre fort bien la conception de Zola, en nous présentant “un coin de la création vu à travers un tempérament”.

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par Libé-Ration Dim 13 Mai 2012 - 13:31
Je suis plus à l'aise sur la poésie pour faire la méthode du commentaire, parce qu'on peut le faire linéaire ; or, à mon avis, c'est le seul moyen de montrer au élèves qu'on lit dans le texte ce que l'auteur a dit d'une certaine façon pour faire ressentir au lecteur certaines émotions.

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par Libé-Ration Dim 13 Mai 2012 - 13:34
Nous sommes dans l'OI Capitale de la douleur :

En plus de l'analyse du poème projeté au tableau en couleur (surligné avec les élèves), j'entourais les assonances et les allitérations (zut, les couleurs n'apparaissent pas) :

Séance 4 : LA « Le Sourd et l’aveugle »
Gagnerons-nous la mer avec des cloches
Dans nos poches, avec le bruit de la mer
Dans la mer, ou bien serons-nous les porteurs
D’une eau plus pure et silencieuse ?

L’eau se frottant les mains aiguise des couteaux.
Les guerriers ont trouvé leurs armes dans les flots
Et le bruit de leurs coups est semblable à celui
Des rochers défonçant dans la nuit les bateaux.

C’est la tempête et le tonnerre. Pourquoi pas le silence
Du déluge, car nous avons en nous tout l’espace rêvé
Pour le plus grand silence et nous respirerons
Comme le vent des mers terribles, comme le vent

Qui rampe lentement sur tous les horizons.
« Le Sourd et l’aveugle »
In « Mourir de ne pas mourir », in Capitale de la douleur,
Paul Eluard, 1926


Séance 4 : LA « Le Sourd et l’aveugle »
4 strophes : trois quatrains, et un vers isolé. Irrégularité métrique, même si vers décasyllabes, alexandrins, vers blancs, rejets et enjambements comme pour mimer le mouvement de la mer, comme un roulis. Quatrain central régulier : quatre alexandrins, et rimes de trois vers sur quatre, Comme pour donner un point d’ancrage au texte ; or, c’est le plus violent sur le plan thématique.
Noter les assonances en [-en-] qui mime le grondement de la mer.
La forme et le fonds s’associe ici, comme pour donner le roulis, roulis //malaise devant un monde qui paraît violent et que « nous » ne comprenons pas. Le poète s’efface derrière la 1e PS du pluriel, qui l’englobe dans l’humanité entière (voir les indéfinis de généralité).
Interrogation sur le titre : vue et ouïe sont les deux sens sollicités dans le texte ; mais ces sens ne nous aident pas à déchiffrer le monde, ils ne nous donnent pas de réponse.
Pb : Interrogation du poète face à la violence du monde : comment manifeste-t-il son questionnement sur l’avenir du monde qui l’entoure, de notre humanité mais qu’il ne comprend pas.
Désorientés par le traumatisme lié à la Première Guerre mondiale, les artistes surréalistes éprouvent le besoin de dénoncer l’absurdité de l’humanité qui les entoure et leur incompréhension des horreurs observées. D’une sensibilité toute particulière, Eugène Grindel, plus connu sous le pseudonyme de Paul Eluard, explore de tous ses sens le monde environnant qu’il décrit dans Capitale de la douleur, publié en 1926. Le poème « Le sourd et l’aveugle » pose le doigt sur la question du déchiffrement impossible de ce qui se trouve autour de nous. L’humanité, dont fait partie le poète s’interroge sur son avenir, alors qu’elle ne comprend pas la signification de l’univers. En effet, nos sens ne semblent rien nous apprendre, à cause d’un monde menaçant, alors que nous sommes en quête de sens.
I. La sensualité à l’épreuve.
A. Le titre décrit un homme sourd : le bruit nous rend sourd nous sommes incapables de le déchiffrer, ce n’est jamais la même chose (vers irréguliers), il n’y a pas de rimes, donc pas de sons – sens à quoi se raccrocher. Pourtant, les allitérations et les assonances semblent mimer ce qui est décrit, à savoir la mer : nous devons apprendre à décoder ; mais si nous ne possédons pas de code, alors nous n’avons pas accès au sens, seulement au bruit confus. Les ers sont libres, sauf assonances dispersées les percevons-nous seulement ? Elles semblent aléatoires ; elles ne le sont bien évidemment pas, et terminent 3 vers sur 4 à l 2e strophe, la plus stable, celle qui est constituée de 4 alexandrins. De plus, tant de bruit nous assourdit, nous ne sommes plus capables de distinguer du sens.
B. Le titre décrit un homme aveugle. Or, dans ce poème, de façon surprenante, le poète ne fait pas appel à la vue, pas de champ lexical de ce sens. La mer est perçue autrement, mais pas par la vue. En revanche les verbes au futur semble montrer un homme qui cherche à voir, à prévoir ; cependant la forme interrogative, ou l’interro-négative « pourquoi pas » montre que cette quête n’aboutit pas, l’homme ne voit pas, il ne peut pas se projeter, il n’a pas don de voyance, le poète non plus, il n’est pas là pour guider l’humanité, puisqu’il est au même niveau.
C. Ce sourd et cet aveugle, c’est « nous », humanité, poète inclus. 1ere pers pl tout au long du poème reste indéfini, nous tous, nous l’humanité, nous en quête du sens après la guerre, dans une époque absurde ; l’humanité entière est sourde et aveugle, l’indéfini étant connoté par le masculin singulier. Gommage de toute singularité, car ces noms sont des adjectifs nominalisés (on leur a ajouté un article défini). Face au monde, il est impossible de le voir, soit qu’on ne puisse le percevoir, soit qu’on s’aveugle délibérément il est impossible de l’entendre, soit qu’on soit assourdi, soit qu’on fasse la sourde oreille, pour nier la violence qui lui est inhérente.
II. Un monde menaçant, hostile, absurde, violent.
A. le monde est agité, tempétueux, menaçant.
B. C’est l’absurdité d’un monde dénué de toute signification qui fait que l’homme est si fragile.
III. L’humanité en quête de sens.
A. Pourtant, l’homme s’interroge, et avec lui le poète et donc le lecteur.
Les formes interrogatives, interrogatives, avec pourtant un seul point d’interrogation dans le poème montre le questionnement de ce « nous », 1ère ps du pl qui représente une humanité dans laquelle s’inclut le poète. Or ces questions portent de façon ambigüe les interrogations existentielles : le verbe « être » au futur, qui interroge sur le futur de notre existence, en plaçant le « nous » en étroite relation avec le monde environnant, décrivant l’homme comme un « porteur d’eau », càd comme celui qui contient l’eau et donc l’univers. Ambiguïté du verbe « gagner » conjugué au futur : gagner un lieu, tel que la mer, c’est l’atteindre, se déplacer jusqu’à ce lieu ; mais dans le verbe « gagner » se trouve également la connotation de la victoire, or, le poème fait émerger l’image de la guerre au sein de la mer, et s’interroge donc sur la possibilité de la victoire.
B. En effet, nous sommes à la recherche d’idéaux de pureté, de silence. L’eau que porte l’homme est caractérisée par deux adjectifs épithètes, « pure » au degré comparatif de supériorité, et «silencieuse ». De même la proposition de but, dans la dernière strophe, indique encore cette recherche de « silence », caractérisé par l’adjectif « grand » au superlatif absolu, comme étant la fin par excellence à atteindre par l’humanité. Cela est rendu possible avec la proposition coordonnée de cause « car nous avons en nous tout l’espace rêvé », l’homme semble posséder de façon inhérente les qualités nécessaires à atteindre son idéal de silence et de pureté, grâce à ses rêves qui n’ont pas de limites. L’oymore « le silence du déluge », mise en valeur par l’enjambement du vers, semble indiquer que le silence salvateur provient du déluge, en complément du nom, mais « déluge » nom commun, sans dimension sacré donc. Le déluge peut-être qui effacera la guerre pour permettre la rédemption.

Il est surprenant dans ce poème d’Eluard d’être privé de la vue, et d’avancer comme à tâtons, dans un monde hostile qui prête à interrogations profondes ; les réponses ne semblent pas apparaître dans ce monde menaçant, absurde, violent, qui nous prive de nos sens, et du sens de l’existence. Ou peut-être que tant de violence fait que l’humanité préfère détourner le regard et rester sourd, choisisse de s’aveugler, de se rendre sourd, pour ne pas savoir, pour ne pas comprendre, et peut-être ne pas porter le poids de la culpabilité. En quête de rédemption, lavé par un déluge désacralisé, l’homme est plongé dans un monde quotidien incompréhensible. Heurtés par les violences de la guerre et face à l’absurdité de l’existence, les Surréalistes expriment leurs émotions qui s’entrechoquent par autant d’associations d’images, aussi bien en littérature qu’en peinture.

NLM76
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Grand Maître

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par NLM76 Dim 13 Mai 2012 - 14:47
Libellune a écrit:Je suis plus à l'aise sur la poésie pour faire la méthode du commentaire, parce qu'on peut le faire linéaire ; or, à mon avis, c'est le seul moyen de montrer au élèves qu'on lit dans le texte ce que l'auteur a dit d'une certaine façon pour faire ressentir au lecteur certaines émotions.

On peut faire TOUS les commentaires de façon linéaire ! Le tout, c'est que cette linéarité soit organisée ; suivre le plan du texte pour le commenter c'est presque toujours très pertinent. Beaucoup plus en tout cas que la méthode qui consiste à redire le texte dans un autre ordre.
venus13
venus13
Niveau 9

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par venus13 Ven 25 Mai 2012 - 16:46
je profite de la réouverture du forum et de ce sujet pour remercier tous ceux & celles qui m'ont répondu dans ce sujet cheers vos conseils m'ont bien aidé, je tente de les appliquer désormais Very Happy
lilith888
lilith888
Grand sage

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par lilith888 Ven 25 Mai 2012 - 17:52
nlm76 a écrit:
Ce qui est, soit dit en passant, tout le contraire d'une certaine critique universitaire, qui vise à montrer en quoi le texte est exactement comme les autres, tout ce qu'il y a de plus banal.

De quelle critique universitaire parles-tu ? (simple curiosité de ma part)
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