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Isis39
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Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro) Empty Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro)

par Isis39 Mar 28 Aoû - 15:55

"Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit
Par Mickaël Bertrand
Historien
LE PLUS. C’est devenu un marronnier journalistique et éditorial. À chaque rentrée, le débat sur l’enseignement de l’histoire de France ressort du cartable avec la même tonalité angoissante qu’une sonnerie d’école annonçant le début des cours. Doit-on pour autant crier au casse de l’histoire ? Analyse de Mickaël Bertrand, enseignant et historien.
RENTRÉE SCOLAIRE. C'est le "Figaro Magazine" qui a donné le top départ de cette traditionnelle fronde réactionnaire. En 2011 déjà, ses journalistes s’inquiétaient de "ce que les enfants n’apprenaient plus à l’école". En 2012, ils s’attaquent désormais à ceux qui voudraient "casser l’histoire de France".

Autant mettre fin au suspens immédiatement : nul n’est en mesure de dire à la fin de cet article qui sont ces "hooligans" qui veulent briser les couronnes de Clio.

C’est une des particularités de son auteur, Jean Sevillia, qui s’évertue à faire retentir régulièrement les sirènes hurlantes d’une mise à mort de l’histoire de France, sans jamais parvenir à identifier ses fossoyeurs. Au mieux cible-t-il la "rue de Grenelle" ou encore "les mandarins de l’inspection générale" sans davantage préciser sa pensée.

Des critiques récurrentes

L’article du "Figaro Magazine" est en tout cas l’occasion de faire une magnifique promotion à ces intervenants qui ont tous un ouvrage à vendre en cette rentrée.

Dimitri Casali apparaît comme le véritable chef de file de cette corporation, voire comme un véritable héros pour Jean-Christophe Buisson, le journaliste du "Figaro Magazine", qui le présente comme celui pour qui "tous les moyens sont bons pour réapprendre aux Français à aimer l’histoire".

Peut-être aurait-il dû se concerter cependant avec le journaliste Jean Sevillia qui rappelle quelques lignes auparavant que selon un sondage paru en 2009 dans la revue "Historia", les Français sont 82% à s’intéresser à l’histoire… Voilà donc Dimitri Casali malencontreusement transformé en Don Quichotte se battant contre les moulins à vent.

Une mention spéciale doit être accordée à la plus jeune recrue de ces défenseurs d’histoire scolaire à qui on a souvent reproché d’être trop éloignés des salles de classe. Vincent Badré est ainsi présenté comme un jeune professeur d’histoire-géographie qui a décortiqué "les idées reçues qui sont développées dans les manuels scolaires".

L’idée est tellement innovante qu’elle est depuis plusieurs décennies au centre des préoccupations de l’Institut Georg Eckert de recherche internationale sur les manuels scolaires. Ce qui est encore plus regrettable, c’est que son livre repose sur un vaste malentendu puisqu’en France, ce ne sont pas les manuels mais les programmes qui ont une valeur officielle. Souvent rédigés dans l’urgence et avec des impératifs économiques et esthétiques imposés par les maisons d’édition, ces ouvrages peuvent donc parfois contenir des erreurs et des aberrations que les professeurs sont censés pouvoir corriger.

L’obsession du "roman national"

Parmi les accusations adressées aux casseurs anonymes de l’histoire, on retrouve de vieilles marottes inlassablement répétées depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, mais qui ne sont cependant pas toutes à jeter avec l’eau du baptême de Clovis.

Jean Sevillia regrette ainsi que "la chronologie, condamnée il y a plus de trente ans au nom d’une approche thématique et transversale de l’histoire" ne soit toujours pas rentrée en grâce. Quoique caricaturale, cette affirmation n’en a pas moins trouvé une magnifique actualisation dans les nouveaux programmes de première mis en place à la rentrée 2011 et qui invitent à étudier "la guerre au XXe siècle" (y compris la Seconde Guerre Mondiale) avant d’évoquer "le siècle des totalitarismes" (et donc la montée du nazisme). De quoi défriser sa chronologie !

Toute aussi anachronique est la critique de l’enseignement à partir des documents, puisque selon le journaliste, les élèves n’auraient "ni la culture, ni la maturité nécessaires pour analyser". Non seulement il est triste d’avoir si peu foi en la capacité réflexive de nos élèves, mais cette remarque laisse également pensif sur la méconnaissance de la pédagogie actuelle par l’auteur puisque plus personne dans les inspections ne recommande depuis longtemps d’enseigner exclusivement à partir de documents.

Enfin, reviennent inlassablement les lamentations contre la perte de repères et l’abandon du roman national au profit de "la mondialisation, l'ouverture des frontières et le droit à la différence". Dont acte.

Puisque Jean Sevillia termine son article en rappelant que l’avenir de l’histoire à l’école repose sur "la capacité de notre société de répondre à des questions toutes simples. Qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où voulons-nous aller ?", nous devons probablement comprendre que le droit à la différence est accessoire à ses yeux, que le processus d’ouverture des frontières est amené à se refermer et que la mondialisation est un phénomène secondaire.

Une indignation à retardement

D’autres critiques nouvelles sont néanmoins apparues aux côtés de ces poncifs éculés ramassés à la pelle à chaque rentrée automnale.

Ainsi, Dimitri Casali publie en cette rentrée un nouvel essai dans lequel il s’insurge contre l’esprit de repentance qui animerait les hommes politiques français. Encore une fois, l’idée est tellement neuve qu’elle a constitué l’un des axes politiques de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne électorale en 2007…

Après s’être représenté l’année dernière sur toutes les scènes pour déplorer le prétendu abandon des symboles de la France que seraient Clovis, Louis XIV et Napoléon, le musicien-historien fait son come-back en dénonçant la disparition de la fierté de notre histoire. Ne serait-ce pas ce qu’on appelle un remix ?

La lutte pour le rétablissement de l’histoire et de la géographie comme disciplines obligatoires pour les terminales scientifiques ainsi que la réforme du programme de première sont cependant désormais placées en bonne position dans les revendications de ces justiciers autoproclamés de l’histoire. Il était temps !

Alors que Dimitri Casali et Jean Sevillia s’émouvaient l’année dernière de l’apparition dans les programmes de "la Chine des Hans" et de "l'empire du Mali", j’avais rappelé à l’époque que le vrai danger qui aurait dû tous nous rassembler se trouvait au lycée où l’enseignement même de l’histoire était remis en cause.

Les non-dits de ce débat

À travers ces querelles qui peuvent parfois paraître techniques (et pour lesquelles Jean Sevillia et Dimitri Casali n’ont pas toujours tort), c’est finalement l’aspect idéologique de la controverse qui agace au plus haut point de nombreux enseignants et historiens las de voir leur discipline et leurs métiers ballotés au gré des alternances politiques. Car si ces auteurs prétendent sauver l’histoire de ses "casseurs", ils oublient de préciser que leur combat s’inscrit dans une démarche au moins aussi connotée.

Il suffit pour s’en convaincre de lire l’encadré qui présente la controverse autour des travaux de Lorànt Deutsch comme une cabale d’un élu du Front de gauche. Quitte à porter le débat sur le terrain politique, autant le faire honnêtement en rappelant que de son côté, Lorànt Deutsch n’hésite jamais à rappeler ses opinions catholiques, de droite, et sa volonté de voir réapparaître en France une monarchie parlementaire. De quoi laisser songeur quand on sait que l’historien du dimanche est régulièrement invité à la télévision publique et dans les écoles de la République pour délivrer son message.

De plus, il convient de rappeler que les critiques qui entourent ses travaux n’ont nullement été initiées par le Front de gauche, mais par plusieurs historiens qui depuis des mois s’évertuent à démontrer scientifiquement et sans animosité que son "Métronome" contient de très nombreuses erreurs.

L’autre intervention pour le moins encombrante dans ce dossier est celle de Laurent Wetzel présenté comme "professeur et inspecteur d’académie à la retraite". Pour être tout à fait complet, il aurait probablement fallu préciser aussi que l’ancien maire de Sartrouville a un parcours politique pour le moins atypique, passé au Centre des démocrates sociaux (CDS) puis divers droite tout en faisant campagne en 1995 pour "l’identité et la grandeur française" aux côtés de Jean-Marie Le Pen.

Une vision idéologique de l'histoire

Cette information passée sous silence aurait peut-être permis aux lecteurs de mieux comprendre pourquoi selon lui la disparition de l’histoire et de la géographique en terminale scientifique pose problème : elle ne permet plus d’étudier "ni la France depuis 1962, ni l’affirmation de l’islamisme depuis la fin des années 1970". Plutôt curieux quand on sait que ce programme d’histoire contenait aussi d’importants développements sur la colonisation, la Guerre froide et les relations internationales, tandis que la question de l’islamisme n’était censée occuper qu’une ou deux séance maximum dans l’année.

De même, alors que ces nouveaux programmes ont été mis en place par le ministère Chatel, sous le gouvernement Fillon, et avec l’aval du président Sarkozy, il est surprenant de constater que c’est surtout le directeur général de l’enseignement scolaire Jean-Michel Blanquer et le doyen des inspecteurs généraux d’histoire-géographie, Laurent Wirth, qui en prend pour son grade.

Ces silences sont finalement assez similaires à ceux qui ont entouré les sujets de brevet des collèges sur lesquels ont composé des milliers de collégiens au mois de juin 2012. À l’époque, personne au sein de la rédaction du "Figaro" pour s’indigner qu’on illustre une étude de documents sur les pouvoirs du président de la République par une photographie de Nicolas Sarkozy en chef des armées devant les troupes françaises en Afghanistan.

De même, personne pour s’interroger sur un sujet de géographie consacré à la puissance économique et commerciale de l’Union européenne ne permettant aucun regard critique. À seulement quelques semaines des élections présidentielles et législatives, tout le monde savait bien pourtant que ces sujets avaient été préparés et validés par le précédent ministère Chatel.

À la lumière de ces nouveaux éléments d’informations, il est donc permis de reposer la question initiale : qui veut vraiment casser l’histoire de France ? D’anonymes et obscurs comploteurs qui voudraient ruiner le pays en passant par son histoire ou bien des idéologues qui voudraient imposer leur vision de la France en travestissant son passé ? "http://leplus.nouvelobs.com/contribution/615422-enseignement-de-l-histoire-les-casseurs-ne-sont-pas-ceux-qu-on-croit.html
JPhMM
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Demi-dieu

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par JPhMM Mar 28 Aoû - 16:02
la Chine des Hans
Décidément, je ne comprendrai jamais rien aux règles du pluriel des noms propres...

[HS off]

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John
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par John Mar 28 Aoû - 16:47
Très bon texte !

C'est plutôt ce brave homme que le Figaro devrait diffuser, au lieu de Sévillia et Casali...

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Isis39
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Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro) Empty Re: Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro)

par Isis39 Mar 28 Aoû - 16:53
John a écrit:Très bon texte !

C'est plutôt ce brave homme que le Figaro devrait diffuser, au lieu de Sévillia et Casali...

Bien d'accord...
Presse-purée
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Grand sage

Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro) Empty Re: Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro)

par Presse-purée Mer 5 Sep - 8:26
Merci pour le lien.

Jean Sevillia, c'est le même que

Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro) 41DGABCNPML._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_

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User5899
Demi-dieu

Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro) Empty Re: Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit (réponse au Figaro)

par User5899 Mer 5 Sep - 17:12

"Enseignement de l'histoire : les "casseurs" ne sont pas ceux qu'on croit
Par Mickaël Bertrand
Historien
LE PLUS. C’est devenu un marronnier journalistique et éditorial. À chaque rentrée, le débat sur l’enseignement de l’histoire de France ressort du cartable avec la même tonalité angoissante qu’une sonnerie d’école annonçant le début des cours. Doit-on pour autant crier au casse de l’histoire ? Analyse de Mickaël Bertrand, enseignant et historien.
RENTRÉE SCOLAIRE. C'est le "Figaro Magazine" qui a donné le top départ de cette traditionnelle fronde réactionnaire.

A partir d'une analyse précise des termes utilisés, montrez que cette présentation d'article est le départ non d'un propos informatif, mais d'un développement idéologiquement marqué Very Happy
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