Ali Baba en 5ème : trop violent ?

Bonjour,

Je suis en train de relire Ali Baba en prévision de mon chapitre sur le merveilleux en 5ème - et je me demandais si le passage sur le meurtre de Cassim par les voleurs (qui le découpent en morceaux) n'était pas un peu violent pour des 5ème....

J'adore ce conte mais ce moment est un peu violent (et je ne peux pas l'escamoter, puisque la suite du conte en dépend : recoudre le cadavre, etc.)

Qu'en pensez-vous ? Est-ce moi qui me fait des noeuds au cerveau ??
Merci beaucoup !!
Lola

Je l'ai souvent étudié, il n'y a aucun problème.
Et les élèves l'aiment beaucoup.

OK ! Merci beaucoup, Henriette !!!

Quand on voit les jeux auxquels ils jouent... quand je passe des extraits sur le génocide des Arméniens ca ne choque pas grand monde aujourd'hui.

Je hais cet argument. Non, tous les gamins ne sont pas biberonnés aux jeux et films ultra-violents.

Je suis d'accord, l'argument est douteux. Par contre on parle d'oeuvres littéraires, la violence y est mediée. La représentation de la violence s'inscrit dans un contexte socio culturel, historique, artistique.

L'important est de ne pas nier la perception des élèves. Mais je ne vois aucune raison de l'interdire. D'autant que ce sont les adultes alors qui prêtent préventivement des réactions aux élèves.

Globalement les élèves de 202* sont très largement capables de s'exprimer face à leurs professeurs. Et on ne peut anticiper les réactions de 28 individus.

J'ai lu mon bel oranger en 6e, la mort de l'ami de José, emporté avec sa voiture par un train, m'a impressionné. Mais cela demeure une belle lecture. Peut-être la première qui m'ait fait prendre conscience du pouvoir des mots. C'est probablement la naissance de ma vocation littéraire.

A titre personnel, les textes les plus violents sont les récits de combats de l'Antiquité grecque, la voiture violence y est donnée avec une crudité et une rigueur effrayantes. La mort d'Hector, celle des prétendants.

Mais les morts dépourvues de toute prétention réaliste de la chanson de Roland impressionnent certain-es élèves de 5e malgré leur côté grandguignolesque...

L'important c'est de fonder ses choix sur une réflexion didactique. C'est notre champ d'expertise professionnelle et le fondement de notre légitimité.

Lola56 a écrit:Bonjour,

Je suis en train de relire Ali Baba en prévision de mon chapitre sur le merveilleux en 5ème - et je me demandais si le passage sur le meurtre de Cassim par les voleurs (qui le découpent en morceaux) n'était pas un peu violent pour des 5ème....

J'adore ce conte mais ce moment est un peu violent (et je ne peux pas l'escamoter, puisque la suite du conte en dépend : recoudre le cadavre, etc.)

Qu'en pensez-vous ? Est-ce moi qui me fait des noeuds au cerveau ??
Merci beaucoup !!
Lola

Moi c'est le passage où les 40 voleurs se font ébouillanter vivants que je trouve dur - Cassim est déjà mort me semble-t-il quand son cadavre est découpé. Mais cela ne m'empêcherait pas d'étudier le texte.

Il me semble que c'est justement une des fonctions de la littérature que de dire l'indicible, de raconter la mort, la violence, le viol, l'inceste et autres injustices pour amener le lecteur à s'y confronter dans la fiction pour mieux pouvoir affronter ces faits dans la réalité ou pour pouvoir affronter individuellement la part de mauvais qui se trouve en chaque individu.

Lire dans un conte qu'un personnage se fait découper en morceau, cela doit aussi permettre à l'élève de comprendre qu'un tel fait doit rester dans la fiction et dans l'écriture. Et donner à penser que si on a très envie de trucider son voisin, prendre sa plume et écrire un roman est une solution.

À un moment on trouvait Ali Baba, mis en scène par Macha Makeieff, sur France Culture. Il est plutôt intéressant. Mes élèves, en 4e théâtre, avaient beaucoup aimé.

Mon expérience personnelle vaut ce que vaut une expérience personnelle, mais depuis cinq ans, tous mes élèves de 5èmes ont adoré les textes dans lesquels ils trouvaient un peu de violence.
La pièce secrète de Barbe bleue, les combats d'Yvain, le sacrifice dans "Vendredi ou la vie sauvage" rencontrent toujours un franc succès.
J'ai l'impression que ces textes leur permettent d'extérioriser toute la violence que nous les empêchons, à raison, d'exprimer.

Je suis un peu surpris par la question...Il me semble que le fait que ce soit un conte mette de la distance avec la violence (je ne sais pas si je suis clair), mais je vois ça de l'extérieur: je n'enseigne pas le français.

Les contes y compris de Perrault contiennent toujours de la violence, on sait depuis Bettelheim que ces histoires aident les enfants à extérioriser leurs conflits intérieurs. Comme dit Nanou, ils adorent et en redemandent.

Merci pour vos réponses. Vous m'avez convaincue !!
Merci encore