Interview de Nicole Belloubet à l'occasion de la publication du Rapport sur la Refondation de l'Ecole : "Il faut cesser de dire qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du primaire".

Bien vu Paratge, je retarde...Mais il n'en reste pas moins que c'est atterrant de ..............de quoi ??? Restons diplos !

Mareuil a écrit:
Et en 1822 le Conseil général du Calvados s'inquiétait des progrès de l'enseignement de la lecture - deux ans au lieu de cinq - réalisés dans les écoles mutuelles :

« Le plus grand service à rendre à la société serait peut-être d’imaginer une méthode qui rendit l’instruction destinée à la classe inférieure et indigente de la société plus difficile et plus longue... Cette instruction trop facilement acquise engendre à la fois cette nombreuse bureaucratie qui dévore la France et cette foule dangereuse de désœuvrés qui en corrompt les mœurs... Nous regrettons de voir son Excellence faire la part de l’instruction trop forte au détriment de l’éducation... Il faut occuper les enfants de 4 à 12 ans, ne pas laisser se créer ce vide que permettrait une instruction de 20 mois... L’enseignement mutuel est révoltant parce qu’il apprend à lire, écrire, chiffrer machinalement... »

Mareuil, pouvez-vous fournir les références de ce texte ?
Le débat entre instruction et éducation est ancien et opposait, sous la Révolution française, Condorcet à Rabaut Saint-Étienne ou Le Peletier de Saint-Fargeau qui préféraient l’éducation nationale à l’instruction publique dans leurs projets révolutionnaires de 1791.

« L’instruction publique demande des lycées, des collèges, des académies, des livres, des instruments de calcul, des méthodes, elle s’enferme dans des murs ; l’éducation nationale demande des cirques, des gymnases, des armes, des jeux publics, des fêtes nationales, le concours fraternel de tous les âges et de tous les sexes, et le spectacle imposant et doux de la société humaine rassemblée ».
Rabaut Saint-Etienne, Projet d’Éducation nationale

Aïe ! C'est qu'il y va, le bougre ! Deux siècles après, on repart là où il a laissé les choses...

"Plus ça change, plus c'est toujours la même chose"! Alphonse Karr

Système en décompo/recomposition...

Les rêves de Nicole Belloubet....

Nicole Belloubet, professeur de droit public a-t-elle envisagé/rêvé/vécu ces scènes ?

[justify]Scène 1 : il y a quelques décennies, une institutrice pédagogiste répond doctement à ses parents qui trouvent qu'elle ne progresse pas assez vite (ils espèrent qu'elle deviendra professeur (d'université ?) et pour cela, ma bonne dame, il faut savoir lire...) : "Mais ne vous inquiétez donc pas ! Vous savez, maintenant, on a toute la vie pour apprendre à lire !!"

Scène 2 : Nicole est arrivée à la fac, la voilà face à ses premiers étudiants. Mais quelle déception !! Ils écrivent comme des pieds et pensent avec leurs cheveux !! Elle essaie patiemment de répondre à leurs questions idiotes (pourquoi n'ont-ils pas lu les ouvrages qu'elle leur a conseillé le mois dernier ????).
Voilà les premières copies....O rage, ô désespoir....
Elle fulmine...Mais que font donc ces profs du secondaire ?? Pourquoi nous envoient-ils tous ces petits c...s qui ne savent pas écrire trois mots sans faire de fautes d'orthographe et qui comprennent les arrêts de cour d'appel de travers ??. En plus, ces idiots confondent les juridictions !! Mais elle leur avait pourtant conseillé d'apprendre par coeur la carte des ressorts des cours d'appel ! Merde à la fin !

Et oui, Nicole, si vos étudiants pensent avec leurs cheveux et écrivent avec leurs pieds...il y a bien une raison....

Mais je retiens d'une interview qu'elle a donné il y a quelques jours à un journal méridional, cette réponse (alors qu'on l'interroge sur ce qu'on lui a transmis dans sa famille....) : Le travail. C'est la valeur première

Et oui Nicole, moi qui ai des racines familiales géographiquement assez proches des vôtres (même si on ne saurait confondre le Ségala aveyronnais et le Ségala lotois...mais pour ça, il faut savoir lire...) je confirme : [b]le travail, il n'y a que ça de vrai !! Pourquoi donc vouloir l'épargner à tous nos élèves ?????????????

Olympias a écrit:le travail, il n'y a que ça de vrai !! Pourquoi donc vouloir l'épargner à tous nos élèves ?????????????

Parce que le travail est désormais connoté très négativement : "Arbeit macht frei" est passé par là.
Le travail c'est le mal, le travail c'est fasciste.

Parce que la société de consommation est passée par là.
Le temps libre, y'a que ça de vrai.

Le travail aliène. La société du grand capital force les gentils travailleurs à travailler pendant que les méchants patrons du Cac40 sont en perpétuelles vacances grâce à leur jet privé.

Alors oui, les "luttes sociales" pour réglementer le travail me paraissent saines et censées, et ont une vraie utilité publique,
mais oui, j'affirme aussi que le travail n'est pas punition/souffrance/aliénation. Il porte en soi de vraies valeurs.

Comme dire cela, c'est être taxé de facho quasi immédiatement, la Chine et les pays émergents ont de beaux jours devant eux.
(Et en plus on va me ranger direct' dans le camp des déclinologues. Ah, on me souffle dans l'oreillette que je m'y suis rangée toute seule comme une grande. :lol: )

(Et en plus on va me ranger direct' dans le camp des déclinologues. Ah, on me souffle dans l'oreillette que je m'y suis rangée toute seule comme une grande. )

Nous sommes plusieurs...on se sent moins seul !

LouisBarthas a écrit:

Mareuil a écrit:
Et en 1822 le Conseil général du Calvados s'inquiétait des progrès de l'enseignement de la lecture - deux ans au lieu de cinq - réalisés dans les écoles mutuelles :

« Le plus grand service à rendre à la société serait peut-être d’imaginer une méthode qui rendit l’instruction destinée à la classe inférieure et indigente de la société plus difficile et plus longue... Cette instruction trop facilement acquise engendre à la fois cette nombreuse bureaucratie qui dévore la France et cette foule dangereuse de désœuvrés qui en corrompt les mœurs... Nous regrettons de voir son Excellence faire la part de l’instruction trop forte au détriment de l’éducation... Il faut occuper les enfants de 4 à 12 ans, ne pas laisser se créer ce vide que permettrait une instruction de 20 mois... L’enseignement mutuel est révoltant parce qu’il apprend à lire, écrire, chiffrer machinalement... »

Mareuil, pouvez-vous fournir les références de ce texte ?
Le débat entre instruction et éducation est ancien et opposait, sous la Révolution française, Condorcet à Rabaut Saint-Étienne ou Le Peletier de Saint-Fargeau qui préféraient l’éducation nationale à l’instruction publique dans leurs projets révolutionnaires de 1791.

« L’instruction publique demande des lycées, des collèges, des académies, des livres, des instruments de calcul, des méthodes, elle s’enferme dans des murs ; l’éducation nationale demande des cirques, des gymnases, des armes, des jeux publics, des fêtes nationales, le concours fraternel de tous les âges et de tous les sexes, et le spectacle imposant et doux de la société humaine rassemblée ».
Rabaut Saint-Etienne, Projet d’Éducation nationale

Figurez-vous, Louis Barthas, que, à ma grande honte, perdu dans la masse des textes que je compulse, je ne retrouve plus la référence. Laissez-moi un peu de temps.

il faut cesser de dire qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du primaire !

Absolument. Il faut lire & écrire en fin de CP.

Cripure a écrit:

il faut cesser de dire qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du primaire !

Absolument. Il faut lire & écrire en fin de CP.

Exactement

[quote="Daphné"]

Cripure a écrit:

il faut cesser de dire qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du primaire !

Absolument. Il faut lire & écrire en fin de CP.[/quote]

Exactement

Menfin, si vous avez bien lu le CP ça n'existe pas !!
c'est le deuxième année du cycle 2 ... et le cycle 2 va jusqu'au CE1, pas de redoublement possible avant, donc pour le moment on a jusqu'au CE1 pour arriver -non pas à lire - mais à déchiffrer, nuance ... et comme on ne peut repiquer qu'une fois - et que les places en strucdtures spécialisées sont comptées- et ben on va de toute façon, bon an , mal an jusqu'à la fin du cycle 3, soit le CM2 ... et là pourquoi s'embêter à les faire redoubler ... donc, ils continuent !
j'exagère à peine, promis

[quote="Malaca"]

Daphné a écrit:

Cripure a écrit:

il faut cesser de dire qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du primaire !

Absolument. Il faut lire & écrire en fin de CP.[/quote]

Exactement

Menfin, si vous avez bien lu le CP ça n'existe pas !!
c'est le deuxième année du cycle 2 ... et le cycle 2 va jusqu'au CE1, pas de redoublement possible avant, donc pour le moment on a jusqu'au CE1 pour arriver -non pas à lire - mais à déchiffrer, nuance ... et comme on ne peut repiquer qu'une fois - et que les places en strucdtures spécialisées sont comptées- et ben on va de toute façon, bon an , mal an jusqu'à la fin du cycle 3, soit le CM2 ... et là pourquoi s'embêter à les faire redoubler ... donc, ils continuent !
j'exagère à peine, promis

Vous ne croyez pas que je vais lire un texte avec une citation aussi sotte, quand même ?

Cela ne serait pas de la lecture sélective ??

Cette histoire de cycles date quand même de Jospin, 1989 ! même si dans les faits on a toujours continué à parler de CP CE CM...
Mais une chose est sûre de toute façon, c'est qu'un élève ne peut arriver en fin de primaire qu'avec au plus un an de retard ... donc, qu'il sache lire, écrire ou pas il passe ensuite au collège unique ... cela ne sert pas grand chose de le préciser dans un texte puisque c'est déjà sous entendu !

Le premier pas est fait. Et bientôt, on aura des lois qui ressembleront à "De l'horrible danger de la lecture" de Voltaire, petits extraits pour le plaisir :

"1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés."

"4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance."

"A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte."

Effectivement, un élève auquel on parle mal et auquel on ne présente aucun livre chez lui peut mettre plus de temps. Seulement, cela doit justifier plus de moyens sur ce point, et non le retardement de l'échéance ! Sinon, l'échec est assuré d'année en année.
Le vocabulaire d'un élève favorisé et lecteur de CP est déjà plus riche que celui d'un galérien de CM2 (chiffres et tests à l'appui, formation avec les observatoires de la lecture) !
Là, ça ressemble surtout à du : "on ne consacrera pas plus de temps à ça, et tant pis pour les plus faibles." après on fait quoi ? On supprime tout programme au collège pour continuer les fondamentaux ? On forme tous les enseignants du collège à apprendre à lire, chose que pour la plupart nous ne savons pas faire et devant laquelle nous nous trouvons complètement démunis ? "Mais dites-moi dites-moi... jusqu'où s'arrêteront-ils ? Je ne le sais ni. Et que Dieu nenni." (Coluche...)
Après, quand j'étais au GENEPI, des détenus m'avaient expliqué comment ils se débrouillaient fort bien sans savoir lire. C'est peut-être ça, le rêve de cette bonne dame. De la débrouille, comme au temps des cow-boys.