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Dalva
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 20:19
Si ce n'est que mon hypothèse ne consistait pas à mettre tous les salaires à plat mais à diminuer les plus hauts pour augmenter les plus bas, sans pour autant les mettre à égalité.
Quel rapport vous semble acceptable entre le plus bas salaire d'une société (au sens de pays, pas d'entreprise) et le plus haut ? De 1 à 20 ? de 1 à 10 ? de 1 à 7 ?
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 20:25
Mais enfin, Thrasybule, il n'y a pas de tabou face à l'argent !
Le tabou, ici, c'est vous qui le posez, en refusant qu'on puisse dire qu'un prof ne gagne peut-être pas assez, mais pas si mal que ça !
Je partage exactement ton analyse et celle de Patissot quant à ce métier. Je suis déçue moi aussi. Pour autant, je ne vois pas pourquoi je prétendrais que nous sommes extrêmement mal payés alors que d'autres personnes en France aujourd'hui n'ont pas de quoi vivre du tout en bossant à temps plein.

Encore une fois, oui, on devrait gagner plus. Non, ce n'est pas là-dessus que je base mon intérêt ou mon désintérêt pour ce métier et non, ce n'est pas ma revendication prioritaire. Cela ne veut pas dire que je ne veux pas parler d'argent. Cela veut simplement dire que, même si on m'augmente, je ne trouverai pas mes conditions de travail actuelles meilleures.

Quand je lis "être enseignant aujourd'hui", je ne pense pas automatiquement "salaire". Je pense d'abord "fatigue, déception, usure, mépris".
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par Lefteris Dim 24 Fév 2013 - 20:30
Dalva a écrit:Vous semblez tous les deux partir du principe, que nous partageons pas, qu'il faut obligatoirement que certains gagnent (beaucoup) plus que d'autres et que, donc, si la grille indiciaire baisse, c'est tout qui baisse. On pourrait imaginer que les plus hauts salaires baissent pour permettre aux plus bas de monter un peu. Le but étant qu'en travaillant à temps plein, chacun puisse s'assumer, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Maintenant, sachant ce que c'est que l'Homme, je suis bien d'accord que rien d'autre ne fonctionne. Enfin, l'Homme, ça progresse et ça s'éduque. Un peu. Non ? C'est mon espoir en tout cas.
Mais l'ajustement indicaire est déjà une pratique : on ne revalorise qu'une catégorie, ça s'est fait depuis les années 90 pour les catégories les plus basse, la catégorie D a intégré la catégorie C et a été mise en extinction. On ne peut pas payer moins les fonctionnaires, qui même hors enseignement ont des revenus plus bas que les autres métiers à qualification égale ou supérieure. Sinon, il sera difficile de recruter partout, même avec la sécurité de l'emploi. Dans les années 95- 2000, on ne trouvait plus de policiers, tu te souviens peut-être, ça faisait l'actualité. Une réforme a passé les gardiens de la paix en catégorie B en ajoutant 25% de point d'indice et en débloquant le pyramidage d'avancements : un gardien de la paix gagne maintenant comme un certifié environ, et les concours font le plein. Il n'y a pas de secret.
La différence indiciaire entre le plus mal payé en début de carrière est de moins de 1 à 2 , d'environ 3,5 en fin de carrière , et de moins de 1 à 7 en fin de carrière entre le plus bas débutant et le plus haut à la veille de la retraite. J'exclus les postes discrétionnaires, comme préfet , TPG , recteur, ou les "pantouflages". Je parle des carrières normales, de gens issus des concours.

lene75 a écrit:Le problème de ce type de système, c'est qu'il conduit à la démotivation : il faut avoir une sacrée vocation chevillée au corps pour accepter des années de sacrifices et d'études difficiles, NON RÉMUNÉRÉES et qui ont au contraire un coût, et la difficulté des débuts de carrière (mutations loin de chez soi, trajets, affectations sur plusieurs établissements, etc.), et de la suite, d'ailleurs, quand on sait qu'on pourra gagner la même chose mais beaucoup plus tôt (donc finalement gagner plus sur l'ensemble d'une carrière que quelqu'un qui a perdu des années de salaire à faire des études) en acceptant n'importe quel job près de chez soi et en ayant toutes ses soirées et ses we pour soi. Pour les cadres et les postes "haut placés", ça me paraît même dangereux : pourquoi accepter le stress et la pression des postes à responsabilités, et souvent accumuler des heures, quand on pourrait gagner la même chose en travaillant 35h et sans avoir à assumer autant de responsabilités, sinon par goût du pouvoir et de la domination ?
C'est d'ailleurs ce qui se passe.

Dalva a écrit:Je ne comprends pas : vous avez tous choisi l'enseignement en croyant gagner bien votre vie ? Je ne le crois pas.
[...]

J'ose vraiment espérer que, pour une grande majorité, ce n'est pas la hauteur du salaire qui conduit à choisir son métier.
Un choix est toujours un compromis : j'ai accepté une baisse financière pour des raisons diverses (et encore j'y ai mis des bornes, parce que les charges, elles, ne bougent pas). Mais plus le métier se dégrade (je trouve que ça va vite, très vite) et devient inintéressant, plus les charges extra-pro s'accumulent, plus les compensations financières se font pressantes pour nombre de collègues.

Par ailleurs, je ne considère pas mes années d'études comme des années de sacrifice, au contraire
Moi non plus, mais avec les études que font les professeurs , on peut tout à fait passer d'autres concours et profiter de la matière qu'on aime. Je lisais tout aussi bien Lysias ou Cicéron sans être devant des sauvageons Very Happy

Patissot a écrit:J'ai choisi l'enseignement parce que je pensais qu'il s'agissait d'une profession intellectuelle. :lol!:
En fait il s'agit d'un choix qui était surtout motivé par intérêt pour ma discipline, En tout cas je n'envisage en aucun cas de passer plus de d'une dizaine d'année dans l'éducation nationale. Quitte à faire un métier inintéressant autant être rémunéré correctement et accomplir une tache qui ait un minimum de sens.
Tu résumes ce qui se passe dans la tête de beaucoup. Du reste tu es jeune apparemment, tu la feras ta thèse, et tes 50 prochaines années de travail seront plus douces ... Wink

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

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par Patissot Dim 24 Fév 2013 - 20:50
Lefteris a écrit:
Patissot a écrit:J'ai choisi l'enseignement parce que je pensais qu'il s'agissait d'une profession intellectuelle. :lol!:
En fait il s'agit d'un choix qui était surtout motivé par intérêt pour ma discipline, En tout cas je n'envisage en aucun cas de passer plus de d'une dizaine d'année dans l'éducation nationale. Quitte à faire un métier inintéressant autant être rémunéré correctement et accomplir une tache qui ait un minimum de sens.
Tu résumes ce qui se passe dans la tête de beaucoup. Du reste tu es jeune apparemment, tu la feras ta thèse, et tes 50 prochaines années de travail seront plus douces ... Wink
Il me semble que les études en mathématiques fondamentales n'offrent guère plus de débouchés que celles du grec ancien ou des us et coutumes des chevaliers paysans de l'an mil du lac de Paladru. La thèse m'aiderait surtout à faire le deuil de ma vocation de mathématicien, j'aurais plus de facilités à passer à autre chose après cela. Si je n'avais pas ce désir, c'est avec grand plaisir que je me ferais licencier.
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 20:52
Bien sûr qu'un choix est toujours un compromis. Nous pensions tous que nous aimerions le métier d'enseignant. Ce qui nous déçoit, ce n'est pas le salaire, soyons honnête, car nous n'avons pas même pensé (sauf ceux qui ont changé de carrière en cours de route comme vous) à vérifier quel serait le salaire avant de nous engager.

On aura beau faire, je n'arriverai pas à me plaindre de ne pas gagner assez - et pourtant je sais que nous ne sommes pas assez payés.
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 20:53
Patissot, pourquoi faire le deuil d'une vocation ?
Les études en mathématiques fondamentales offrent des tas de débouchés, c'est certain. Il faut sans doute juste virer le bouchon soi-même...
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par Patissot Dim 24 Fév 2013 - 21:31
Dalva a écrit:Bien sûr qu'un choix est toujours un compromis. Nous pensions tous que nous aimerions le métier d'enseignant. Ce qui nous déçoit, ce n'est pas le salaire, soyons honnête, car nous n'avons pas même pensé (sauf ceux qui ont changé de carrière en cours de route comme vous) à vérifier quel serait le salaire avant de nous engager.

On aura beau faire, je n'arriverai pas à me plaindre de ne pas gagner assez - et pourtant je sais que nous ne sommes pas assez payés.
Si l'on conçoit le salaire comme la contrepartie du temps que l'on sacrifie à son travail et des compétences que l'on met au service de son employeur, le déséquilibre entre la peine occasionné par son travail et sa mauvaise rétribution renforce l'image négative que l'on a de son emploi.
Je crois que je préfèrerais avoir un poste précaire, moins rémunéré et exigeant une charge de travail plus conséquente si cela me permettait de faire de "vrais" cours de maths. En somme j'accepterais d'être sous-payé dans une certaine mesure mais seulement parce que le travail accompli serait vécu comme moins contraignant, voir même plaisant. Il y a toujours cette notion d'équilibre.
Dalva a écrit:Patissot, pourquoi faire le deuil d'une vocation ?
Les études en mathématiques fondamentales offrent des tas de débouchés, c'est certain. Il faut sans doute juste virer le bouchon soi-même...
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par Lefteris Dim 24 Fév 2013 - 21:50
Patissot a écrit:
Dalva a écrit:Bien sûr qu'un choix est toujours un compromis. Nous pensions tous que nous aimerions le métier d'enseignant. Ce qui nous déçoit, ce n'est pas le salaire, soyons honnête, car nous n'avons pas même pensé (sauf ceux qui ont changé de carrière en cours de route comme vous) à vérifier quel serait le salaire avant de nous engager.

On aura beau faire, je n'arriverai pas à me plaindre de ne pas gagner assez - et pourtant je sais que nous ne sommes pas assez payés.
Si l'on conçoit le salaire comme la contrepartie du temps que l'on sacrifie à son travail et des compétences que l'on met au service de son employeur, le déséquilibre entre la peine occasionné par son travail et sa mauvaise rétribution renforce l'image négative que l'on a de son emploi.
Je crois que je préfèrerais avoir un poste précaire, moins rémunéré et exigeant une charge de travail plus conséquente si cela me permettait de faire de "vrais" cours de maths. En somme j'accepterais d'être sous-payé dans une certaine mesure mais seulement parce que le travail accompli serait vécu comme moins contraignant, voir même plaisant. Il y a toujours cette notion d'équilibre.
Dalva a écrit:Patissot, pourquoi faire le deuil d'une vocation ?
Les études en mathématiques fondamentales offrent des tas de débouchés, c'est certain. Il faut sans doute juste virer le bouchon soi-même...
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Analyse partagée, d'autant que la fantaisie de devenir prof peut se répercuter sur la famille, vu que les charges fixes ne baissent pas, la société n'en a strictement rien à cirer que nous nous faisions ce plaisir pour une gloire supposée. Je n'ai jamais eu d'illusions ( je ne pensais pas ça si inintéressant quand même avec certaines classes...) , d'où mon raisonnement qui peut paraître froid, mais c'est aussi la raison pour laquelle je ne déprime pas comme Dalva, je fais ça comme je ferais autre chose parce que je sais pertinemment que la vie, ce n'est pas fait pour s'amuser, et que "s'éclater dans son taf ", c'est un concept de luxe, presque d'enfant gâté. Là aussi , c'est un compromis , la mise dans la balance de deux éléments : par exemple je sais que je vais supporter demain, une partie de la matinée des élèves très pénibles, (rien que les voir justifierait une prime Razz ) mais à midi, je n'y penserai plus. Si l'on me faisait faire de l'extra -pro en m'imposant de la présence supplémentaire pour des âneries pédagoles , là je serai vraiment malheureux.

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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 22:00
Mais quand même, Lefteris, il y a forcément quelque chose qui a présidé à votre choix réfléchi de changer de fonction publique en cours de route. Si ce n'était ni pour le salaire, ni pour l'intérêt du travail, qu'était-ce donc ?
Un plaisir masochiste ? Razz
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 22:01
Patissot, je voulais dire qu'en frappant aux bonnes portes, on pouvait sûrement trouver un travail intéressant (mais peu payé, faut pas rêver) qui touche aux mathématiques fondamentales. Quant à savoir s'il y a de la place pour vous, c'est autre chose. Il faudra peut-être pousser les plus vieux dehors.
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par thrasybule Dim 24 Fév 2013 - 22:03
Je répète, au cas où la question aurait échappé à Patissot: pourquoi, oui, pourquoi, dit-il, faire le deuil d'une vocation? Tu t'en sors bien?
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 22:04
Oui, c'était quand même une bonne question, hein ! (Je ne dis pas que des âneries, quand même...)
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par Lefteris Dim 24 Fév 2013 - 22:27
Dalva a écrit:Mais quand même, Lefteris, il y a forcément quelque chose qui a présidé à votre choix réfléchi de changer de fonction publique en cours de route. Si ce n'était ni pour le salaire, ni pour l'intérêt du travail, qu'était-ce donc ?
Un plaisir masochiste ? Razz
Là aussi , j'ai mis beaucoup dans la balance, et j'ai pesé. En premier, vraiment envie de partir en raison de situations conflictuelles de plus en plus fréquentes : le "management" a gagné beaucoup de secteurs l'administration, et l'enfer c'est les autres. Ma philosophie est celle d'Héraclite : ni commander, ni être commandé. Au moins dans l'EN on peut encore garder son quant-à-soi . Restait après la question "que faire? " Ben je ne sais pas faire grand chose d'autre, une amie m'a dit : "tu as eu le capes par le passé, tu es peut-être encore capable de l'avoir". Je n'avais pas trop perdu, et voilà . Ensuite le goût pour ma matière, on a toujours l'espoir qu'on va en distiller un peu (pour être honnête, ça m'arrive de temps en temps, et ça m’arrivait plus au début, nous avions de meilleures classes). Ensuite en vrac , le pari risqué de me rattraper un peu avec l'agreg, le reclassement assuré chez moi (je bosse à 10 minutes), la possibilité de gérer son boulot et les vacances.
Je ne suis donc pas malheureux : faire de la garderie à ces mal élevés ne me plaît pas spécialement, mais je suis très loin de déprimer, je suis même plutôt heureux dans la vie. D'ailleurs, je ne vois pas ce que je ferais d'autre désormais comme métier, à part le même avec des vrais élèves. Smile
Ca ne m'empêche pas de faire des constats que je veux lucides et étayés, surtout concernant la désaffection du métier. Je vois la détresse de nombreux collègues, surtout plus jeunes."Il y a quelque honte à être heureux à la vue de certaines misères". Et je m'inquiète pour l'avenir collectif. Retirer un gosse du public ne s'est pas fait de gaîté de cœur, pour un républicain bleu blanc rouge jusqu'au caleçon...

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par Patissot Dim 24 Fév 2013 - 22:27
thrasybule a écrit:Je répète, au cas où la question aurait échappé à Patissot: pourquoi, oui, pourquoi, dit-il, faire le deuil d'une vocation? Tu t'en sors bien?

D'un point de vue académique j'ai raté mes études. C'est un échec difficile à assumer, d'autant plus que dans ma discipline la jeunesse et la précocité ont presque autant de valeur que dans les milieux sportifs. A mon âge Galois était déjà mort, et les mathématiciens ayant suivi un parcours normal ont fini d'écrire leur thèse. Pourtant il me semble que malgré mes nombreux détours ce soit la discipline qui m'intéresse le plus.

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« Déjà, certaines portions de ma vie ressemblent aux salles dégarnies d'un palais trop vaste, qu'un propriétaire appauvri renonce à occuper tout entier. »
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par Lefteris Dim 24 Fév 2013 - 22:41
Patissot a écrit:
thrasybule a écrit:Je répète, au cas où la question aurait échappé à Patissot: pourquoi, oui, pourquoi, dit-il, faire le deuil d'une vocation? Tu t'en sors bien?

D'un point de vue académique j'ai raté mes études. C'est un échec difficile à assumer, d'autant plus que dans ma discipline la jeunesse et la précocité ont presque autant de valeur que dans les milieux sportifs. A mon âge Galois était déjà mort, et les mathématiciens ayant suivi un parcours normal ont fini d'écrire leur thèse. Pourtant il me semble que malgré mes nombreux détours ce soit la discipline qui m'intéresse le plus.
Fallait faire des langues anciennes : on se bonifie en vieillissant Razz . (Bon les débouchés... Rolling Eyes )

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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 22:53
Ma fille cadette a déjà trouvé un débouché pour les langues anciennes : cryptologie. Elle est persuadée qu'elle pourra parler en latin avec sa camarade dans la cour de récréation et que cela lui assurera le secret... :lol:
MarieL
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par MarieL Dim 24 Fév 2013 - 22:54
Aemilia a écrit:
lene75 a écrit:Le problème de ce type de système, c'est qu'il conduit à la démotivation : il faut avoir une sacrée vocation chevillée au corps pour accepter des années de sacrifices et d'études difficiles, NON RÉMUNÉRÉES et qui ont au contraire un coût, et la difficulté des débuts de carrière (mutations loin de chez soi, trajets, affectations sur plusieurs établissements, etc.), et de la suite, d'ailleurs, quand on sait qu'on pourra gagner la même chose mais beaucoup plus tôt (donc finalement gagner plus sur l'ensemble d'une carrière que quelqu'un qui a perdu des années de salaire à faire des études) en acceptant n'importe quel job près de chez soi et en ayant toutes ses soirées et ses we pour soi. Pour les cadres et les postes "haut placés", ça me paraît même dangereux : pourquoi accepter le stress et la pression des postes à responsabilités, et souvent accumuler des heures, quand on pourrait gagner la même chose en travaillant 35h et sans avoir à assumer autant de responsabilités, sinon par goût du pouvoir et de la domination ?

? tu m'intrigues...
Personnellement, je ne connais PERSONNE qui gagne plus que moi en faisant les 35h, avec ses soirées et ses week-end...

Je connais des gens qui :
- soit sont fonctionnaires dans diverses branches, et qui n'ont donc pas des salaires mirobolants (mais qui envient mes vacances)
- soit sont aux 35h, ont leurs soirées, leurs week-end, mais gagnent moins.
- soit gagnent plus mais font des heures de fou et des déplacements dont je ne voudrais pour rien au monde (des commerciaux...)
- soit galèrent à trouver un boulot correct malgré leur X années d'études
- soit ont un boulot estampillé "bac +2 ou +3" alors qu'en réalité ils ont un master, voire plus

ah si... en fait peut-être que tu parles de chefs d'entreprise ? mon oncle qui a son entreprise de plomberie gagne certainement très bien sa vie... mais je ne voudrais sa place pour rien au monde.

Un poste de "junior" dans la pub., un dessinateur, une responsable en documentation, une secrétaire de direction... je n'en connais pas des dizaines (mais aussi je ne demande pas combien gagnent les autres...) mais ce sont toutes des personnes de mon âge qui gagnaient plus que moi au bout de cinq ou sept ans, et parfois avec un BTS ou un DUT. Et oui, elles sont passées aux 35 heures (quand j'ai commencé la norme était encore de 40 h par semaine), profitent de leurs soirées et de leur week-end (exception faite de la responsable en doc. qui n'hésite jamais à "récupérer" ses heures non plus), et entre les ponts et les RTT partent en vacances plusieurs fois par an (et ont les moyens de le faire sans se poser de questions).


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Je suis ce que je suis et je suis l'être même, je suis ma volonté en moi-même exaucée - A. Kalda
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par Jenny Dim 24 Fév 2013 - 22:58
Dalva a écrit:Ma fille cadette a déjà trouvé un débouché pour les langues anciennes : cryptologie. Elle est persuadée qu'elle pourra parler en latin avec sa camarade dans la cour de récréation et que cela lui assurera le secret... :lol:

Oh, c'est mignon Very Happy Elle a quel âge ?
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 23:02
10 ans, elle entre en 6e l'an prochain, et nous devons choisir entre "bilangue" dès la 6e ou anglais en 6e pour commencer le latin en 5e car :
- seuls deux ou trois élèves demandent allemand première langue si bien qu'aucune classe ne sera ouverte, donc ils devront choisir entre anglais et bilangue allemand-anglais ;
- par une logique qui m'échappe, il est impossible de cumuler l'option bilangue et le latin, ce qui me paraît d'une grande incohérence.
Je crois comprendre que cette petite rêveuse place de grands espoirs dans le latin... Smile

Soit dit en passant, cette désaffection pour l'allemand m'inquiète. Nous sommes un gros collège (6 divisions de 6e), si peu de demandes pour une autre langue que l'anglais me paraît anormal. C'est dû en grande partie au fait que maintenant, tous les enfants commencent une langue au primaire et que, depuis quelques années, cette langue est systématiquement l'anglais.
Cela ne me paraît pas judicieux pour plusieurs raisons. Mais bon.
Jenny
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par Jenny Dim 24 Fév 2013 - 23:05
C'est dommage qu'elle ne puisse pas faire les deux. Sad
Bon courage pour choisir alors.
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par philann Dim 24 Fév 2013 - 23:08
Dalva a écrit:
- par une logique qui m'échappe, il est impossible de cumuler l'option bilangue et le latin, ce qui me paraît d'une grande incohérence. furieux furieux furieux
Je crois comprendre que cette petite rêveuse place de grands espoirs dans le latin... Smile fleurs

Soit dit en passant, cette désaffection pour l'allemand m'inquiète. Nous sommes un gros collège (6 divisions de 6e), si peu de demandes pour une autre langue que l'anglais me paraît anormal. C'est dû en grande partie au fait que maintenant, tous les enfants commencent une langue au primaire et que, depuis quelques années, cette langue est systématiquement l'anglais.
Cela ne me paraît pas judicieux pour plusieurs raisons. Mais bon.

j'aurais pu écrire la même chose!

Il faut être idiot pour interdire allemand/ latin...vu que généralement ça concerne le même type d"élèves (sauf sans mon collège à moi, mais cas particulier)
dandelion
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par dandelion Dim 24 Fév 2013 - 23:09
Patissot a écrit:
thrasybule a écrit:Je répète, au cas où la question aurait échappé à Patissot: pourquoi, oui, pourquoi, dit-il, faire le deuil d'une vocation? Tu t'en sors bien?

D'un point de vue académique j'ai raté mes études. C'est un échec difficile à assumer, d'autant plus que dans ma discipline la jeunesse et la précocité ont presque autant de valeur que dans les milieux sportifs. A mon âge Galois était déjà mort, et les mathématiciens ayant suivi un parcours normal ont fini d'écrire leur thèse. Pourtant il me semble que malgré mes nombreux détours ce soit la discipline qui m'intéresse le plus.
Heu Patissot, il semblerait que cette idée que jeune âge et découvertes mathématiques majeures sont liés serait en partie une légende urbaine. Et puis beaucoup d'universitaires brillants ne sont pas médaillés Fields non Wink ? Parfois à force de vouloir être excellent, on s'interdit juste d'être très bon fleurs . Un excellent pianiste deviendra rarement soliste, mais il pourra vivre honnêtement de sa passion.
De ce que j'en sais, on a tout de même vraiment besoin de bons mathématiciens ces temps ci, notamment à cause des besoins en cryptographie non? C'est vraiment une voie que tu exclus?
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 23:19
Ah ben, latin allemand n'est pas expressément défendu : elle peut faire anglais LV1, option latin et allemand LV2.
Mais ce qui m'intéresserait, moi, c'est qu'elle fasse allemand LV1 parce que je sais pertinemment qu'il est plus facile de commencer par cette langue.
Je ne suis pas sûre qu'elle ait les épaules pour assumer bilangue dès la 6e. Et par ailleurs, elle n'est pas très douée pour l'anglais (en tout cas, elle est persuadée de ne pas l'être) donc la faire commencer une langue nouvelle à l'entrée en 6e, une langue plus "carrée" sur le plan de la prononciation comme sur celui de la grammaire, ne me paraît pas dénué de logique.
L'autre choix de LV2 est espagnol.

Y a-t-il beaucoup de collèges dans lesquels, finalement, on n'ait pas le choix de la LV1 à moins de prendre l'option bilangue ?

Patissot, je suis d'accord avec Dandelion (même si nous n'avons pas à préjuger de tes choix et de ta vie). Tu es quand même jeune pour abandonner tes rêves, non ? Si tu veux un détail privé, mon père a approché l'un des siens à 40 ans (brevet de pilote), l'autre à 48 ans (en reprenant quelques études pour faire de l'épidémiologie) et le dernier à 60 ans passés (cours de peinture et de dessin).
Son tout premier rêve était de devenir pilote de chasse mais ses yeux ne le lui ont pas permis, il a abandonné la prépa. Son autre passion étaient les mathématiques. La dernière le dessin, il a toujours caricaturé (ses profs, les hommes politiques, les copains) mais sans aller au bout faute d'oser, alors qu'il aurait pu en faire son métier.
Ne fais pas comme lui : va au bout de tes passions maintenant, ce seront autant d'années de plaisir de gagnées.
Presse-purée
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par Presse-purée Dim 24 Fév 2013 - 23:21
Dalva a écrit:
- par une logique qui m'échappe, il est impossible de cumuler l'option bilangue et le latin, ce qui me paraît d'une grande incohérence. furieux furieux furieux

C'est illégal. Plusieurs circulaires et le discours d'un ancien ministre de l'EN le rappellent.

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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8

"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
Dalva
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par Dalva Dim 24 Fév 2013 - 23:28
Des circulaires ? Des circulaires ! Où sont-elles ? yesyes
(On est bien d'accord, bilangue, c'est quand on commence deux langues en même temps dès la 6e.)
Lefteris
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par Lefteris Dim 24 Fév 2013 - 23:31
Les langues anciennes au secours des maths (ça aura au moins servi à quelque chose) : il me semble que Pythagore , Thalès et quelques autres étaient performants à un âge avancé... Very Happy

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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