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Iphigénie
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Question sur Etéocle & Polynice (mythe d'Antigone). - Page 2 Empty Re: Question sur Etéocle & Polynice (mythe d'Antigone).

par Iphigénie Dim 12 Mai 2013, 11:38 am
Merci Robin. Chez Sophocle il est clair que le thème majeur est l'écrasement de l'homme sous le poids du destin, contrebalancé par une interrogation sur la "dignité d'être un homme" malgré tout.
Pour l'histoire qui nous occupe, je n'ai pas l'impression que l'ordre de naissance ait ici grande importance.
2téocle et Polynice sont sur-déterminés:
-par une race maudite (les Labdacides)
-par une naissance incestueuse
-par 'hybdris en effet qui leur a fait déjà préférer le pouvoir à la solidarité du clan: c'est ce que leur reproche Oedipe en les maudissant une fois de plus dans Oedipe à Colone: seules ses filles l'ont accompagné dans le malheur, les garçons n'ont pas eu pitié de leur père.
-Selon les versions le premier à régner a été déterminé par le sort, c'est Etéocle qui refuse de transmettre le trône à son frère
-Polynice ajoute à tout cela d'en appeler aux autres cités pour se battre contre la sienne et son frère.
A tous les niveaux de l'histoire, Etéocle et Polynice ne respectent pas la loi du sang, Polynice encore moins qu'Etéocle.
A la différence de leur père (d'où Oedipe réhabilité à Colone) ils sont victimes du destin mais indignes en tant qu'hommes.(en sachant qu'en Grèce être homme veut dire être membre d'un génos.)
C'est d'ailleurs aussi la trahison de son sang(et l'hybris) qui,également, conduisent dans Antigone Créon,pourtant épris de justice, au désastre :non seulement à l'égard de Polynice et d'Antigone mais d'Hémon, son fils (son nom: aimôn= le sang en grec)
Je me demande d'ailleurs si la comparaison avec Horace et Camille ne serait pas plus éclairante qu'avec Romulus et Rémus: pour Corneille, l'état est au dessus de l'individu et Horace sera sauvé malgré son crime, alors que même pour la démocratie grecque le citoyen n'est rien hors de sa tribu: la cité fonctionne comme un gros clan , en quelque sorte.
Robin
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Question sur Etéocle & Polynice (mythe d'Antigone). - Page 2 Empty Re: Question sur Etéocle & Polynice (mythe d'Antigone).

par Robin Dim 12 Mai 2013, 5:04 pm
iphigénie a écrit:Merci Robin. Chez Sophocle il est clair que le thème majeur est l'écrasement de l'homme sous le poids du destin, contrebalancé par une interrogation sur la "dignité d'être un homme" malgré tout.
Pour l'histoire qui nous occupe, je n'ai pas l'impression que l'ordre de naissance ait ici grande importance.
2téocle et Polynice sont sur-déterminés:
-par une race maudite (les Labdacides)
-par une naissance incestueuse
-par 'hybdris en effet qui leur a fait déjà préférer le pouvoir à la solidarité du clan: c'est ce que leur reproche Oedipe en les maudissant une fois de plus dans Oedipe à Colone: seules ses filles l'ont accompagné dans le malheur, les garçons n'ont pas eu pitié de leur père.
-Selon les versions le premier à régner a été déterminé par le sort, c'est Etéocle qui refuse de transmettre le trône à son frère
-Polynice ajoute à tout cela d'en appeler aux autres cités pour se battre contre la sienne et son frère.
A tous les niveaux de l'histoire, Etéocle et Polynice ne respectent pas la loi du sang, Polynice encore moins qu'Etéocle.

A la différence de leur père (d'où Oedipe réhabilité à Colone) ils sont victimes du destin mais indignes en tant qu'hommes.(en sachant qu'en Grèce être homme veut dire être membre d'un génos.)
C'est d'ailleurs aussi la trahison de son sang(et l'hybris) qui,également, conduisent dans Antigone Créon,pourtant épris de justice, au désastre :non seulement à l'égard de Polynice et d'Antigone mais d'Hémon, son fils (son nom: aimôn= le sang en grec)
Je me demande d'ailleurs si la comparaison avec Horace et Camille ne serait pas plus éclairante qu'avec Romulus et Rémus: pour Corneille, l'état est au dessus de l'individu et Horace sera sauvé malgré son crime, alors que même pour la démocratie grecque le citoyen n'est rien hors de sa tribu: la cité fonctionne comme un gros clan , en quelque sorte.

Oui, certainement. Mais ce que montre Heidegger dans son commentaire des paroles du Chœur d'Antigone dans l'Introduction à la métaphysique, c'est que l'ubris n'est pas un "défaut" de tel ou tel héros qui pourrait éventuellement, comme Œdipe "se racheter" à la fin en devenant "modéré", mais qu'elle est inscrite en quelque sorte dans le rapport du Da-sein (l'homme) à l'Etre et dans la violence qu'il exerce sur l'étant (la terre, la Mer, les animaux) qu'il constitue en tant que mer, terre, animaux et qu'il délimite par la technè. Bref que la tragédie comme "inquiétude" est inscrite dans la constitution ontologique du Dasein et ne concerne donc pas seulement le héros tragique, victime du Destin (Ananké), mais qu'elle est le destin de tous les hommes, bien que certains d'entre eux soient appelés à répondre d'une façon particulière à l'appel de l'Etre dans la création de formes nouvelles (les fondateurs de Cités, les grands hommes, les héros, les poètes, les artistes et les philosophes).
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par Iphigénie Dim 12 Mai 2013, 6:04 pm
Je ne vous suivrai pas, Robin sur le terrain de la philosophie que je ne maîtrise pas... Very Happy
Je veux bien entendre ce que dit Heidegger de l'hubris, mais il me semble qu'il extrapole par rapport à ce que dit Sophocle,me semble-t-il: il me semble (avec prudence) qu'effectivement tout humain est soumis à l'hubris mais que justement pour Sophocle en tout cas, la part de grandeur de l'homme est de la reconnaître et de la dominer ou au moins de l'assumer, à l'exemple justement d'Oedipe qui s'inflige lui-même son chatiement: les fils d'Oedipe au contraire se laissent emporter et éteignent la malédiction de leur race dans leur propre perte réciproque;après ,la différence de traitement entre les deux frères est le coeur du débat: la position de Créon est au nom de l'Etat (le traître)t, celle d'Antigone au nom de la famille et du sang ( le frère). Il me semble me souvenir que les chants du choeur dans Antigone sont de moins en moins une célébration de la "merveille" de l'homme et de plus en plus celle de la toute puissance des dieux ou plutôt même de la Nécessité qui comme le disait très justement Zazk pèse aussi sur les dieux; après je crois que le débat tourne un peu à vide dans la mesure où il faudrait voir les choses de près selon qu'il s'agit de la vision d'Eschyle, de Sophocle ou d'Euripide...
Ce qui est sûr néanmoins c'est que l'enjeu tragique ce sont bien les valeurs qui fondent la cité grecque.
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