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InvitéMA
Fidèle du forum

Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par InvitéMA Mar 7 Jan 2014 - 18:45
Eh bien, je ne pense pas qu'il faille envisager une reconversion. Si cela ce passe bien avec certaines classes, cela montre que tu aimes enseigner et que tu peux aimer le relationnel avec les jeunes.
Il faudrait donc que tu trouves une manière de mieux supporter tes 3e en cours (quant-au reste: la rue, les couloirs du collège...euh, c'est un combat sans fin, je m'y suis frottée plusieurs fois et cela ne m'a apporté que des problèmes). Il faut que, dans tes réactions, tu leur fasses comprendre que leurs bêtises n'ont pas de prise sur toi, qu'elles glissent comme sur les ailes d'un canard - tout en punissant. Plus tu t'entraineras, plus cela deviendra réel et à la fin, tu seras moins énervée par toutes ces choses qui sont objectivement anormales, irrespectueuses etc.
JaneB
JaneB
Neoprof expérimenté

Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par JaneB Mar 7 Jan 2014 - 18:53
lapetitemu a écrit:Tout d'abord, à chaud, pour la remarque d'holderfar : est-ce que si j'étais parent et que je lisais ça, je serais choquée ? Je n'en sais rien. C'est bien pour ça que je demandais, dans le premier message, si certains d'entre vous avaient changé d'avis après être devenus parents.
Si j'étais élève ? Je n'en sais rien non plus, mais ce que je sais, c'est qu'ado, j'avais la décence de ne pas emm*** les adultes avec mes problèmes. Les amis que j'avais se tenaient correctement aussi, en présence d'adultes. Et quand je relis les mots qu'on s'écrivait dans nos agendas (ancêtres des réseaux sociaux), il me semble que c'était moins vide que ce que je vois aujourd'hui. Donc j'aurais peut-être été choquée par un discours généralisant, mais en même temps je ne me reconnais pas du tout (ni mes amis d'alors) dans les comportements adolescents que je vois aujourd'hui. Donc c'est difficile à dire.


Ensuite, à froid, c'est-à-dire après une bonne nuit de sommeil et une première journée de cours en 2014 :
J'en suis toujours au même point, à savoir l'impression d'être prisonnière d'un piège. En gros, quand on lit ce fil, il en ressort une idée dominante : soit on aime l'âge adolescent et on est fait pour être prof, soit on ne l'aime pas et on doit changer de métier. Idée confirmée par le parcours de certains.
Et c'est bien ça qui me gêne, m'agace, m'angoisse, tout ce que vous voulez.
J'adore mon boulot en 6e. J'enseigne ma matière et, en même temps, j'ai un rapport serein et agréable avec mes élèves. C'est de l'affectif que j'apprécie : pas du copinage, pas du chantage (du style : je ne vous traiterai pas de p** si vous êtes gentille avec moi et que vous ne m'obligez pas à travailler). Je n'ai absolument aucun problème au fait de dire aux élèves de tourner la page quand celle-ci est finie. Ou plutôt : ça m'agace, mais je le fais parce que je sais que je dois le faire. Comme je collerais des enveloppes, tâche ingrate mais obligatoire, si je devais le faire, pour reprendre l'exemple donné par Reine Margot.
Donc tirer la conclusion que je ne suis pas faite pour le métier et que je dois en changer le plus tôt possible : je ne peux pas.
Mais dès que les élèves commencent à entrer dans les travers adolescents, je ne les supporte plus. Bon, je veux bien ne pas généraliser, donc on va nuancer et dire que, dans mon établissement, il y en a une majorité qui se comporte comme je l'ai décrit. Et que pour beaucoup, ils ne font que reproduire un modèle donné par les adultes de leur famille. Cela étant posé, le problème reste le même : pas de perspective de mutation pour un établissement plus correct, pas de garantie non plus qu'ailleurs, l'herbe soit plus verte.

Donc j'ai une partie de mon travail qui me plaît beaucoup et dans laquelle je pense être compétente, et une autre partie qui me pèse terriblement. C'est de là que vient le problème.

Ce que j'espérais trouver sur ce fil, surtout, c'était une manière de m'aider à trouver le "trésor caché" des ados (je mets des guillemets mais j'ai vraiment l'impression que c'est le point de vue majoritaire ici).
Je vais reprendre philann juste au-dessus : l'aider à trouver sa nouvelle peau.
Oui, mais comment ? Ou plutôt : comment faire, déjà, pour arriver à voir à travers l'ancienne peau ?

En fait, ce que je trouve particulièrement difficile, c'est de supporter l'irrespect total des ados de mon établissement pour les adultes. Je n'ai pas précisé au début du fil, mais je ne parle pas spécialement de mes classes : j'ai deux classes de 6e (que j'aime bien, donc) et une seule classe de "grands" (3e). Donc on est au-delà d'un problème de gestion de classe : je parle vraiment d'un climat général, que je trouve dans les couloirs de mon bahut, sur les trottoirs de ma ville, à la télé, etc... Pour rester dans mon collège, cette année, on a des élèves qui insultent un professeur différent par jour. Qui tiennent tête à la principale. Et c'est ça qui me pèse : pas uniquement ce que les élèves peuvent me faire à moi, mais tout ce que j'entends et vois autour de moi. C'est aussi pour ça que je ne supporte pas certains collègues (qui tiennent bien leurs classes) dire "Non, mais ici, c'est tranquille". Sont-ils si aveugles, ou bien manquent-ils totalement de solidarité ? Moi, quand j'entends un collègue se faire insulter, ça me donne la gerbe autant que si c'était moi.

Ah, et une toute dernière chose : le type d'adolescent que je décrivais n'est pas un rebelle car (je crois avoir trouvé un moyen de le dire) il ne dit pas non pour défier quelqu'un qui lui dirait non : il dit non par principe parce qu'on lui a toujours dit oui. L'enfant-roi, quoi.

Bon ! Avec tout ça, je suis toujours aussi déprimée, pas plus avancée, mais je voulais préciser que les grands discours sur la reconversion, merci, mais ce n'est pas tout à fait ce que j'attendais de cette discussion.

Et tu as raison de t'indigner! Je partage ton sentiment ...
Infiniment
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Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par Infiniment Mar 7 Jan 2014 - 19:00
Je pense qu'il n'y a pas de règle... Chacun fait comme il peut, avec ce qu'il est, avec sa sensibilité propre, en fonction d'un grand nombre de paramètres très variables. Je crois que la nature profonde des élèves n'a pas changé ; l'humain reste ce qu'il est et, sans doute, ce qu'il a toujours été. Ce qui a changé, c'est tout ce qui nous entoure, notre environnement et notre société, nos modes de vie et de pensée, et donc, de facto, nos comportements. Je suis assez d'accord avec un certain nombre de choses que j'ai lues sur ce fil, notamment au sujet de l'absence de retenue des adolescents, d'un rapport à l'adulte qui n'est pas celui que nous avions. Ils sont, pour la plupart, très à l'aise et se permettent des réflexions qui, à mon sens, n'ont pas leur place dans un rapport prof-élève. Cela peut être usant à la longue.

En revanche, un mot récurrent sur ce fil est pour moi source de grandes interrogations : l'affection. Sommes-nous dans un rapport affectif ? Ai-je de l'affection pour mes élèves ? Je ne crois pas. De l'intérêt, toujours. De la sympathie, de la bienveillance, souvent. Mais d'affection, il ne me semble pas.

_________________
Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !
Lefteris
Lefteris
Esprit sacré

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par Lefteris Mar 7 Jan 2014 - 19:14
lapetitemu a écrit:Tout d'abord, à chaud, pour la remarque d'holderfar : est-ce que si j'étais parent et que je lisais ça, je serais choquée ? Je n'en sais rien. C'est bien pour ça que je demandais, dans le premier message, si certains d'entre vous avaient changé d'avis après être devenus parents.
Si j'étais élève ? Je n'en sais rien non plus, mais ce que je sais, c'est qu'ado, j'avais la décence de ne pas emm*** les adultes avec mes problèmes. Les amis que j'avais se tenaient correctement aussi, en présence d'adultes. Et quand je relis les mots qu'on s'écrivait dans nos agendas (ancêtres des réseaux sociaux), il me semble que c'était moins vide que ce que je vois aujourd'hui. Donc j'aurais peut-être été choquée par un discours généralisant, mais en même temps je ne me reconnais pas du tout (ni mes amis d'alors) dans les comportements adolescents que je vois aujourd'hui. Donc c'est difficile à dire.


Ensuite, à froid, c'est-à-dire après une bonne nuit de sommeil et une première journée de cours en 2014 :
J'en suis toujours au même point, à savoir l'impression d'être prisonnière d'un piège. En gros, quand on lit ce fil, il en ressort une idée dominante : soit on aime l'âge adolescent et on est fait pour être prof, soit on ne l'aime pas et on doit changer de métier. Idée confirmée par le parcours de certains.
Et c'est bien ça qui me gêne, m'agace, m'angoisse, tout ce que vous voulez.
J'adore mon boulot en 6e. J'enseigne ma matière et, en même temps, j'ai un rapport serein et agréable avec mes élèves. C'est de l'affectif que j'apprécie : pas du copinage, pas du chantage (du style : je ne vous traiterai pas de p** si vous êtes gentille avec moi et que vous ne m'obligez pas à travailler). Je n'ai absolument aucun problème au fait de dire aux élèves de tourner la page quand celle-ci est finie. Ou plutôt : ça m'agace, mais je le fais parce que je sais que je dois le faire. Comme je collerais des enveloppes, tâche ingrate mais obligatoire, si je devais le faire, pour reprendre l'exemple donné par Reine Margot.
Donc tirer la conclusion que je ne suis pas faite pour le métier et que je dois en changer le plus tôt possible : je ne peux pas.
Mais dès que les élèves commencent à entrer dans les travers adolescents, je ne les supporte plus. Bon, je veux bien ne pas généraliser, donc on va nuancer et dire que, dans mon établissement, il y en a une majorité qui se comporte comme je l'ai décrit. Et que pour beaucoup, ils ne font que reproduire un modèle donné par les adultes de leur famille. Cela étant posé, le problème reste le même : pas de perspective de mutation pour un établissement plus correct, pas de garantie non plus qu'ailleurs, l'herbe soit plus verte.

Donc j'ai une partie de mon travail qui me plaît beaucoup et dans laquelle je pense être compétente, et une autre partie qui me pèse terriblement. C'est de là que vient le problème.

Ce que j'espérais trouver sur ce fil, surtout, c'était une manière de m'aider à trouver le "trésor caché" des ados (je mets des guillemets mais j'ai vraiment l'impression que c'est le point de vue majoritaire ici).
Je vais reprendre philann juste au-dessus : l'aider à trouver sa nouvelle peau.
Oui, mais comment ? Ou plutôt : comment faire, déjà, pour arriver à voir à travers l'ancienne peau ?

En fait, ce que je trouve particulièrement difficile, c'est de supporter l'irrespect total des ados de mon établissement pour les adultes. Je n'ai pas précisé au début du fil, mais je ne parle pas spécialement de mes classes : j'ai deux classes de 6e (que j'aime bien, donc) et une seule classe de "grands" (3e). Donc on est au-delà d'un problème de gestion de classe : je parle vraiment d'un climat général, que je trouve dans les couloirs de mon bahut, sur les trottoirs de ma ville, à la télé, etc... Pour rester dans mon collège, cette année, on a des élèves qui insultent un professeur différent par jour. Qui tiennent tête à la principale. Et c'est ça qui me pèse : pas uniquement ce que les élèves peuvent me faire à moi, mais tout ce que j'entends et vois autour de moi. C'est aussi pour ça que je ne supporte pas certains collègues (qui tiennent bien leurs classes) dire "Non, mais ici, c'est tranquille". Sont-ils si aveugles, ou bien manquent-ils totalement de solidarité ? Moi, quand j'entends un collègue se faire insulter, ça me donne la gerbe autant que si c'était moi.

Ah, et une toute dernière chose : le type d'adolescent que je décrivais n'est pas un rebelle car (je crois avoir trouvé un moyen de le dire) il ne dit pas non pour défier quelqu'un qui lui dirait non : il dit non par principe parce qu'on lui a toujours dit oui. L'enfant-roi, quoi.

Bon ! Avec tout ça, je suis toujours aussi déprimée, pas plus avancée, mais je voulais préciser que les grands discours sur la reconversion, merci, mais ce n'est pas tout à fait ce que j'attendais de cette discussion.
Je comprends parfaitement ce que tu dis , j'ai une vision proche, mais je réagis tout à fait différemment, sans doute parce que j'ai beaucoup plus de recul (devenu néoprof quadra, ça doit jouer  Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 2289946511 ) et que je n'attends pas de satisfactions particulières du monde du travail, après avoir vécu l'enfer. Si je peux en avoir, tant mieux, sinon tant pis. Donc je crois -mais ça ne s'improvise sans doute pas - qu'il faut prendre vraiment du recul .
Ce qui ne signifie pas se désintéresser (comme toi je m'intéresse à ce qui se passe, la preuve, j'interviens) , mais relativiser, savoir décrocher. Le système va mal , notamment en raison du déni organisé qui laisse les profs porter à bout de bras ce qui reste . Ce n'est pas à toi de quitter le métier, c'est à l'institution d'organiser les meilleures conditions pour la transmission des savoirs, et lutter contre toutes les tendances les plus pourries de la société ambiante, résister au liue de suivre. Et il faut le faire chacun à son niveau, en attendant que ça se réveille en haut , si jamais ça arrive.

Je vais me faire vomir par les gens qui voient leur métier par l'affect, mais je suis vraiment persuadé qu'on peut faire son métier avec du recul, beaucoup de recul , sans aimer particulièrement les ados, sans les détester systématiquement non plus. Je me vis comme spécialiste de certains domaines, rémunéré pour transmettre. Là c'est des jeunes souvent pénibles -pas tous- , tant pis, je m'adapte (je punis plus, je ne les sors jamais), si j'ai un meilleur public un jour , tant mieux , un peu comme le maçon qui bosse tantôt sous la pluie , tantôt au soleil.

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
lapetitemu
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par lapetitemu Mar 7 Jan 2014 - 19:15
Philann : comment peut-on faire alors, concrètement, pour aider les élèves à ne pas ressembler à leurs parents ? Quel pouvoir avons-nous que leurs parents n'auraient pas ? Est-ce dans notre apport pédagogique, au fait que nous leur enseignons quelque chose ? (Mais comment faire si ces mêmes élèves arrivent braqués par rapport à cet apport ?)

MarieAnne : je pense aussi que j'ai peur, en étant moins énervée, de devenir résignée. Je ne dis pas que c'est le cas pour toi, mais j'ai l'impression que pas mal de collègues s'en "sortent" mieux que moi parce qu'ils s'habituent à certaines choses. Or, pour moi, s'habituer, c'est déjà accepter (même si on continue de punir).
Idem d'ailleurs pour le fait de leur faire comprendre que leurs bêtises glissent sur moi : comment, en même temps, faire comprendre à un ado qu'il a dépassé les bornes ET se détacher soi-même de la chose pour ne pas en être affecté ?
J'ai un vrai problème par rapport à ça. Parfois, bien sûr, je punis sobrement, sans m'épancher en commentaires, sans crier, juste pour punir, et je passe à autre chose. Mais j'ai toujours l'impression, au fond de moi, qu'en procédant ainsi, j'ai baissé les bras et pas suffisamment fait comprendre à l'élève qu'il était en faute.
Je ne sais pas si je suis claire...
lapetitemu
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Expert

Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par lapetitemu Mar 7 Jan 2014 - 19:19
Lefteris a écrit:
Je comprends parfaitement ce que tu dis ,  j'ai une vision proche, mais je réagis tout à fait  différemment, sans doute parce que j'ai beaucoup plus de recul (devenu néoprof quadra, ça doit jouer   Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 2289946511 ) et que je n'attends pas de satisfactions particulières du monde du travail, après avoir vécu l'enfer. Si je peux en avoir, tant mieux, sinon tant pis. Donc je crois -mais ça ne s'improvise sans doute pas - qu'il  faut prendre vraiment du recul .
Ce qui ne signifie pas se désintéresser (comme toi je m'intéresse à ce qui se passe, la preuve, j'interviens) , mais relativiser, savoir décrocher.  Le système va mal , notamment en raison du déni  organisé qui laisse les profs porter à bout de bras ce qui reste . Ce n'est pas à toi de quitter le métier, c'est à l'institution d'organiser les meilleures conditions pour la transmission des savoirs, et lutter contre toutes les tendances les plus pourries de la société ambiante, résister au liue de suivre. Et il faut le faire chacun à son niveau, en attendant que ça se réveille en haut , si jamais ça arrive.

Je vais me faire vomir par les gens qui voient leur métier par l'affect, mais je suis vraiment persuadé qu'on peut faire son métier avec du recul, beaucoup de recul  , sans aimer particulièrement les ados, sans les détester systématiquement non plus. Je me vis comme spécialiste de certains domaines,  rémunéré pour transmettre. Là c'est des jeunes souvent pénibles -pas tous- , tant pis, je m'adapte (je punis plus, je ne les sors jamais),  si j'ai un meilleur public un jour , tant mieux , un peu comme le maçon qui bosse  tantôt sous la pluie , tantôt au soleil.

Voilà, Lefteris, tu résumes parfaitement ce vers quoi je voudrais tendre. Effectivement, le fait que je sois encore jeune dans le métier (et jeune tout court d'ailleurs) explique beaucoup de choses, sans doute.
Merci d'avoir écrit la phrase que j'ai mise en gras : elle résume ce que je pense profondément mais que j'avais l'impression d'être la seule à penser en lisant ce fil...

Maintenant, reste à travailler sur le point de mon message précédent : arriver à prendre du recul (car, tout comme toi, Lefteris, je pense - j'espère - qu'on peut faire son métier avec recul) sans avoir l'impression d'avoir baissé les bras sur mes convictions.
JEMS
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par JEMS Mar 7 Jan 2014 - 19:52
Perso, je ne suis bien qu'avec les ados, ils sont bruyants, bêtes, travaillés par les hormones mais le contact est très facile et nous arrivons à échanger. 24 ptiots, c'est pas pour moi.
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pitchounette
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Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par pitchounette Mar 7 Jan 2014 - 20:01
Jems avec les petits aussi le contact est facile. Ils sont quand même plus curieux et partant pour des projets que certains ados.
moi je prenais des colos avec les tout petits car j'avais besoin de cette bouffée d'air, d'envie pour faire des choses.

_________________
Le bonheur est dans le pré après 7 ans de région parisienne
Nasopi
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Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par Nasopi Mar 7 Jan 2014 - 20:48
lapetitemu a écrit:
Si j'étais élève ? Je n'en sais rien non plus, mais ce que je sais, c'est qu'ado, j'avais la décence de ne pas emm*** les adultes avec mes problèmes. Les amis que j'avais se tenaient correctement aussi, en présence d'adultes. Et quand je relis les mots qu'on s'écrivait dans nos agendas (ancêtres des réseaux sociaux), il me semble que c'était moins vide que ce que je vois aujourd'hui. Donc j'aurais peut-être été choquée par un discours généralisant, mais en même temps je ne me reconnais pas du tout (ni mes amis d'alors) dans les comportements adolescents que je vois aujourd'hui. Donc c'est difficile à dire.

Ben tu vois, j'aurais pu écrire exactement la même chose de mon fils et de ses copains. Depuis que je suis maman d'ados (j'en ai deux à la maison), "les ados", pour moi, ça n'existe pas ; c'est comme si tu disais "les profs" en partant du principe qu'ils ont tous le même caractère, la même sensibilité, les mêmes opinions, etc. Il y a autant de variété chez "les ados" que chez n'importe quel groupe humain. Et les réduire tous au portrait que tu en fais dans ton premier message, je trouve que c'est très réducteur.
Tu voulais un point de vue de parent, je te le donne.  Wink

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Lizdarcy
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Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par Lizdarcy Mar 7 Jan 2014 - 22:00
Avant d'avoir mes propres enfants, j'étais dans une relation affective avec les élèves. Depuis, ils m'indiffèrent assez individuellement. Maintenant je suis heureuse si je peux les faire progresser, ce pour quoi je suis payée.
doubledecker
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Sage

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par doubledecker Mar 7 Jan 2014 - 22:17
Comment est ce que je fais pour les supporters? Peut être parce que j'ai choisi ce métier avant tout pour travailler avec eux! Je m'explique : j'ai été animatrice en mes vertes années mais il faut bien avouer que cela est assez précaire et payé des nèfles. Alors j'ai choisi de faire prof. Je n'ai donc pas eu à découvrir les travers de certains ados, j'ai fait ce choix en toute connaissance de cause et je dois ajouter que pour moi éduquer et transmettre des connaissances sont d'égale importance dans ma vision de mon métier.

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Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par Invité Mar 7 Jan 2014 - 22:26
lapetitemu a écrit:Tout d'abord, à chaud, pour la remarque d'holderfar : est-ce que si j'étais parent et que je lisais ça, je serais choquée ? Je n'en sais rien. C'est bien pour ça que je demandais, dans le premier message, si certains d'entre vous avaient changé d'avis après être devenus parents.
Si j'étais élève ? Je n'en sais rien non plus, mais ce que je sais, c'est qu'ado, j'avais la décence de ne pas emm*** les adultes avec mes problèmes. Les amis que j'avais se tenaient correctement aussi, en présence d'adultes. Et quand je relis les mots qu'on s'écrivait dans nos agendas (ancêtres des réseaux sociaux), il me semble que c'était moins vide que ce que je vois aujourd'hui. Donc j'aurais peut-être été choquée par un discours généralisant, mais en même temps je ne me reconnais pas du tout (ni mes amis d'alors) dans les comportements adolescents que je vois aujourd'hui. Donc c'est difficile à dire.


Ensuite, à froid, c'est-à-dire après une bonne nuit de sommeil et une première journée de cours en 2014 :
J'en suis toujours au même point, à savoir l'impression d'être prisonnière d'un piège. En gros, quand on lit ce fil, il en ressort une idée dominante : soit on aime l'âge adolescent et on est fait pour être prof, soit on ne l'aime pas et on doit changer de métier. Idée confirmée par le parcours de certains.
Et c'est bien ça qui me gêne, m'agace, m'angoisse, tout ce que vous voulez.
J'adore mon boulot en 6e. J'enseigne ma matière et, en même temps, j'ai un rapport serein et agréable avec mes élèves. C'est de l'affectif que j'apprécie : pas du copinage, pas du chantage (du style : je ne vous traiterai pas de p** si vous êtes gentille avec moi et que vous ne m'obligez pas à travailler). Je n'ai absolument aucun problème au fait de dire aux élèves de tourner la page quand celle-ci est finie. Ou plutôt : ça m'agace, mais je le fais parce que je sais que je dois le faire. Comme je collerais des enveloppes, tâche ingrate mais obligatoire, si je devais le faire, pour reprendre l'exemple donné par Reine Margot.
Donc tirer la conclusion que je ne suis pas faite pour le métier et que je dois en changer le plus tôt possible : je ne peux pas.
Mais dès que les élèves commencent à entrer dans les travers adolescents, je ne les supporte plus. Bon, je veux bien ne pas généraliser, donc on va nuancer et dire que, dans mon établissement, il y en a une majorité qui se comporte comme je l'ai décrit. Et que pour beaucoup, ils ne font que reproduire un modèle donné par les adultes de leur famille. Cela étant posé, le problème reste le même : pas de perspective de mutation pour un établissement plus correct, pas de garantie non plus qu'ailleurs, l'herbe soit plus verte.

Donc j'ai une partie de mon travail qui me plaît beaucoup et dans laquelle je pense être compétente, et une autre partie qui me pèse terriblement. C'est de là que vient le problème.

Ce que j'espérais trouver sur ce fil, surtout, c'était une manière de m'aider à trouver le "trésor caché" des ados (je mets des guillemets mais j'ai vraiment l'impression que c'est le point de vue majoritaire ici).
Je vais reprendre philann juste au-dessus : l'aider à trouver sa nouvelle peau.
Oui, mais comment ? Ou plutôt : comment faire, déjà, pour arriver à voir à travers l'ancienne peau ?

En fait, ce que je trouve particulièrement difficile, c'est de supporter l'irrespect total des ados de mon établissement pour les adultes. Je n'ai pas précisé au début du fil, mais je ne parle pas spécialement de mes classes : j'ai deux classes de 6e (que j'aime bien, donc) et une seule classe de "grands" (3e). Donc on est au-delà d'un problème de gestion de classe : je parle vraiment d'un climat général, que je trouve dans les couloirs de mon bahut, sur les trottoirs de ma ville, à la télé, etc... Pour rester dans mon collège, cette année, on a des élèves qui insultent un professeur différent par jour. Qui tiennent tête à la principale. Et c'est ça qui me pèse : pas uniquement ce que les élèves peuvent me faire à moi, mais tout ce que j'entends et vois autour de moi. C'est aussi pour ça que je ne supporte pas certains collègues (qui tiennent bien leurs classes) dire "Non, mais ici, c'est tranquille". Sont-ils si aveugles, ou bien manquent-ils totalement de solidarité ? Moi, quand j'entends un collègue se faire insulter, ça me donne la gerbe autant que si c'était moi.

Ah, et une toute dernière chose : le type d'adolescent que je décrivais n'est pas un rebelle car (je crois avoir trouvé un moyen de le dire) il ne dit pas non pour défier quelqu'un qui lui dirait non : il dit non par principe parce qu'on lui a toujours dit oui. L'enfant-roi, quoi.

Bon ! Avec tout ça, je suis toujours aussi déprimée, pas plus avancée, mais je voulais préciser que les grands discours sur la reconversion, merci, mais ce n'est pas tout à fait ce que j'attendais de cette discussion.
Mais là c'est très différent! Les élèves d'un établissement peuvent être odieux si la direction ne suit pas, s'il n'y a pas de cohésion... Dans ce que tu me dis-là, je te conseillerais plutôt de demander ta mut' (ouais, c'est facile à dire, plus difficile à obtenir.). Ce ne sont pas les ados que tu n'aimes pas: ce sont ce qu'ils deviennent quand on les laisse faire ce qu'ils veulent. Les bahuts "tranquilles" manquent parfois d'une cohésion entre adultes et ne sont du coup pas tranquilles du tout. Bref, je comprends tout à fait que tu sois dégoûtée: je te conseille d'essayer de garder surtout le positif avec tes classes de 6e et d'essayer de te préserver.
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InvitéMA
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Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par InvitéMA Mar 7 Jan 2014 - 22:31
lapetitemu a écrit:je pense aussi que j'ai peur, en étant moins énervée, de devenir résignée. Je ne dis pas que c'est le cas pour toi, mais j'ai l'impression que pas mal de collègues s'en "sortent" mieux que moi parce qu'ils s'habituent à certaines choses. Or, pour moi, s'habituer, c'est déjà accepter (même si on continue de punir).
Idem d'ailleurs pour le fait de leur faire comprendre que leurs bêtises glissent sur moi : comment, en même temps, faire comprendre à un ado qu'il a dépassé les bornes ET se détacher soi-même de la chose pour ne pas en être affecté ?
J'ai un vrai problème par rapport à ça. Parfois, bien sûr, je punis sobrement, sans m'épancher en commentaires, sans crier, juste pour punir, et je passe à autre chose. Mais j'ai toujours l'impression, au fond de moi, qu'en procédant ainsi, j'ai baissé les bras et pas suffisamment fait comprendre à l'élève qu'il était en faute.
Je ne sais pas si je suis claire...

Je vois tout à fait ce que tu veux dire, et je crois que je me suis exprimée de façon trop générale! En fait, je pense qu'il faut faire le tri entre les choses qui méritent de s'indigner et le reste. Chacun doit définir ses limites. Pour moi, tout ce qui touche à l'intégrité physique ou morale est inacceptable (cela va du collègue insulté aux moqueries entre élèves, en passant par les tapes et bousculades dans les couloirs). Concrètement, si je constate dans mon cours qu'un élève se moque d'un autre élève, non seulement il va être puni, mais en plus, il va m'entendre, et je ne vais pas hésiter à montrer mon indignation et mon agacement, quitte à en rajouter un peu si la colère n'est pas montée naturellement! En revanche, pour les bavardages, les prises de paroles intempestives, les remarques idiotes, là je punis, mais sans en faire un drame; juste en remettant les élèves à leur place ou en essayant de retourner la situation (parfois avec le sourire) pour qu'ils se sentent un peu penauds. Il ne faut surtout pas qu'ils pensent que leur comportement m'énerve. Il faut qu'ils comprennent que ça perturbe le cours: les autres, eux-mêmes, leur progression etc...Après, en cas d'insolence dirigée contre moi, là c'est plus énervant, mais comme je suis concernée, certes je punis sévèrement, mais jamais sans hurler sur l'élève (ce serait contre productif).
Il ne s'agit donc pas de d'habituer. Il s'agit de continuer de punir, continuer de fixer les limites; et sortir de ses gonds quand c'est grave (SAUF, à mon avis, quand on est directement visé, là, mieux vaut garder de la hauteur).
Non tu ne baisses pas les bras quand tu punis "sobrement", ça embête quand même l'élève qui doit faire signer son carnet. Tu peux aussi rester sobre tout en lui disant calmement pourquoi son comportement est inacceptable ou en le faisant réfléchir là-dessus par écrit.

Pour faire comprendre à un ado qu'il a dépassé les bornes ET se détacher, il faut 1/ se dire que tout cela n'est que du travail (il faut se changer les idées, faire autre chose, voir des amis en dehors plus souvent etc...) 2/se dire aussi que s'ils se permettent plus de choses, c'est entre autres parce que la manière de faire cours a changé (plus d'interaction, donc plus de dérapages possibles!) ainsi que la relation prof/élève (puisqu'il y a plus d'échanges).

Sinon, pour cette histoire d'affection que l'on ressent (ou pas) pour ses élèves, il me semble que cette question est liée à nos parcours personnels, et que ce n'est ni bien ni mal (d'en ressentir ou pas), mais qu'il faut éviter de tomber dans les extrêmes (copinage d'un côté ou "saquage" de l'autre). Je crois qu'on peut être un bon prof ou un mauvais prof dans les deux cas.


Dernière édition par MarieAnne le Mar 7 Jan 2014 - 22:37, édité 2 fois
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InvitéMA
Fidèle du forum

Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par InvitéMA Mar 7 Jan 2014 - 22:35
Et sinon, je suis d'accord avec holderfar  Very Happy
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elena3
Fidèle du forum

Comment faites-vous pour supporter les ados ?  - Page 5 Empty Re: Comment faites-vous pour supporter les ados ?

par elena3 Mar 7 Jan 2014 - 22:55
Je n'ai pas tout lu  Wink et je suis en primaire, mais ce que je peux te confirmer, c'est qu'il y a des différences énormes selon les écoles et les classes. Perso, j'ai l'impression d'avoir vu et subi l'enfer dans certaines écoles avec des classes démoniaques et d'avoir entrevu le paradis vécu de super années avec d'autres. J'ai eu tous les niveaux de PS au CM2 et les difficultés ne sont pas  le fait de l'âge des élèves. Wink
Si tu es T3, t'as encore le temps de voir mieux en changeant de bahut ou de classes; bon reste à finir l'année. Wink 
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