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anoukis59
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par anoukis59 Jeu 24 Avr 2014 - 12:37
Marie Laetitia a écrit:
Ragnetrude a écrit:Je n'ai pas encore eu le temps de bien réfléchir à ce sujet, mais c'est autre chose qui me gène dans la manière de faire d'Elyas : le fait de demander aux élèves de se mettre dans la peau d'une personne qui travaille (un mec du FMI (horreur), une personne de l'office du tourisme, d'une bibliothèque...). Je vois ce que cela a de motivant, de concret pour les élèves. Mais faire cela d'une manière systématique me donne l'impression d'une vision très utilitariste du savoir, que l'on retrouve dans l'approche par compétence.

La question que tu poses est bien en rapport avec le récit qu'avec le principe de la classe inversée, je crois. Bon, disons qu'il s'agit de réfléchir à ce que l'on fait faire aux élèves en classe, avec ce principe de la classe inversée. Pour ma part, ce n'est pas la conception utilitariste du savoir qui me pose problème avec cette manière de faire faire des récits, des plaquettes touristiques ou autre chose du même type. C'est plus le côté imagination qui ne m'emballe pas, je trouve que l'on s'éloigne de l'histoire. En revanche, travailler avec le collègue de français, pour que les élèves écrivent un récit en partie tiré de leur imagination à partir des éléments réels vus en HG, oui. Mais le côté imagination en HG, j'hésite. J'ai essayé pour le chapitre sur Rome, je n'étais pas emballée. Le récit que je leur ai fait faire sur Marathon, qui n'englobait pas d'invention, m'a semblé correspondre davantage aux principes de la méthode historique.

Je suis plutôt d'accord avec toi sur ce point car moi aussi lors du chapitre sur la République romaine (les élections à Rome, la découverte du Forum), j'ai voulu leur faire rédiger un "récit-imaginaire" mais j'ai récupéré des textes trop fantaisistes et imaginaires à mon goût. Au contraire, pour la bataille d'Alésia, les élèves ont rédigé un récit factuel qui m'a beaucoup plus emballée pour le coup!
Je ne sais pas vraiment quelle est la politique des IPR à propos de cette question...
Mélophore
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par Mélophore Jeu 24 Avr 2014 - 16:21
Les IPR de ces temps, en tout cas les miens, ont du mal avec l'imaginaire, pour eux, le récit doit coller le plus possible au réel, au document historique. Il m'a reprocher une illustration contemporaine de Jeanne d'Arc sur un de mes dossiers documentaires.

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Isis39
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par Isis39 Jeu 24 Avr 2014 - 18:17
Le problème avec l'imaginaire, c'est que l'élève se croit dans une rédaction et oublie souvent les éléments historiques essentiels...
Elyas
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par Elyas Jeu 24 Avr 2014 - 18:36
Marie Laetitia a écrit:
*Fifi* a écrit:J'avais pas mal lu sur cette méthode, et j'avais regarde les cours en ligne de collègues. Beaucoup font des vidéos à la place du cours polycopié dont tu parles. Ce qui me chiffonne un peu c'est que ça donne beaucoup de boulot au prof le temps de préparer la vidéo ou de faire un cours personnel (et beaucoup de photocopies !). Utiliser le manuel, pourquoi pas, mais commenr leur demander alors une lecture "active" qui remplacerait le stabylotage ?

Je préfère éviter à mes élèves de me retrouver en vidéo, surtout avec un talent de réalisateur proche du zéro...  :lol: Plus sérieusement, l'inconvénient du texte à stabyloter, c'est pour les dyslexiques, à moins qu'ils ne puissent travailler en binôme avec un camarade qui leur lise le texte... Disons qu'il faut tenir compte de ce genre de particularité.

Personnellement, je ne vais pas sur cette voie. Je pense plus à un joli cours et pour les dyslexiques, excellente remarque. Mais le temps d'autonomie que tu laisses en cours aux autres te donnera sans doute la marge de manoeuvre pour venir à leur aide. Là, sur le coup, je n'ai pas d'idée.

J'aimerais ajouter que je ne suis pas un partisan forcené de la classe inversée. J'ai juste proposé ça comme solution à un collègue et de fil en aiguille, on en est venu à essayer de voir comment faire fonctionner ça en collège Wink
Dr Raynal
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par Dr Raynal Jeu 24 Avr 2014 - 19:09
J'ai le projet de tourner en fin d'année des videos sur le fonctionnement du corps humain, programme de SVT cinquième. Je les monterai ensuite pour en faire des séquences, et je testerai l'an prochain le fonctionnement "inversé" avec une classe, en la comparant avec une autre, classique, qui me servira de témoin. (je prendrai deux classes "équivalentes" - avec les mêmes langues, par exemple) Je me demande ce que je vais trouver...
Ragnetrude
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par Ragnetrude Jeu 24 Avr 2014 - 19:12
Je fais utiliser l'imaginaire à mes élève en 5e : ils doivent se mettre à la place d'un seigneur ou d'un paysan et raconter sa vie quotidienne. En général c'est un exercice qui marche très bien ! Mais il est très balisé... je les laisse pas libres de grand chose. Ce qui me dérange surtout c'est de placer les élèves en position de travailleurs qui doivent réaliser une tâche... Mais effectivement cela n'a aucun rapport avec la classe inversée sur laquelle je n'ai pas d'avis pour l'instant...
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par Elyas Jeu 24 Avr 2014 - 20:05
Ragnetrude a écrit:Je n'ai pas encore eu le temps de bien réfléchir à ce sujet, mais c'est autre chose qui me gène dans la manière de faire d'Elyas : le fait de demander aux élèves de se mettre dans la peau d'une personne qui travaille (un mec du FMI (horreur), une personne de l'office du tourisme, d'une bibliothèque...). Je vois ce que cela a de motivant, de concret pour les élèves. Mais faire cela d'une manière systématique me donne l'impression d'une vision très utilitariste du savoir, que l'on retrouve dans l'approche par compétence.

Il y a une différence entre le fait de faire un jeu de rôle produisant un écrit avec les langages de l'histoire ou de la géographie et faire travailler les élèves sur quelque chose d'imaginaire. Pour ce type de travail, oui, cela paraîtra utilitariste mais j'ai bien précisé que je ne faisais ça que dans le cadre de la pédagogie de "Créons l'événement !", de temps en temps.

Mes élèves écrivent des récits et des développements construits ultra-rigoureux plus d'une 20aine de fois dans l'année. De temps en temps, pour éviter le ras-le-bol, je les fait travailler différemment mais avec les mêmes impératifs au niveau des pratiques langagières (en rigolant, l'un d'entre eux, brillant élève, m'a dit que j'étais un escroc, qu'on faisait la même chose, c'était juste l'emballage qui changeait).
Elyas
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par Elyas Jeu 24 Avr 2014 - 20:13
balthamos a écrit:Cette méthode est intéressante et je serai curieux de lire les retours des collègues l'ayant expérimentée.

Chez moi, le travail à la maison (et l'apprentissage des cours à la maison) se résume au néant. Je n'ose imaginer si je demandais aux élèves de revenir en classe après avoir lu/ appris le cours pour des exercices.
Ils ne font pas les ex à la maison (meme les plus simples), ne rendent pas les DM, et retiennent que ce qu'ils font en classe (pas d'apprentissage personnel- je suis en mode Don Quichotte)

Sinon, pour le travail en classe proposé plus haut, cela me fait penser aux taches complexes et pas besoin d'une classe inversée pour en faire.

Pour la vision utilitariste, c'est un risque effectivement, mais elle est réclamée par les élèves et les parents (je constate, je ne donne pas mon avis sur ce fait). Puis elle dépend aussi de l'énoncée de la tâche complexe (vous êtes un soldat d'Alexandre le Grand par exemple, même si les 6èmes ont de l'ambition, c'est trop tard pour faire carrière comme hoplite).

Tu as tout à fait raison, si on ne fait que des TACOs.
Cependant, si on demande aux élèves de faire des fiches de révision/cartes mentales et des frises chronologiques pour voir s'ils ont analysé et synthétisé un cours long et détaillé, c'est différent. Le professeur peut intervenir pour répondre aux questions, aidant la compréhension, guider les élèves dans la synthèse pour que ce soit efficace. En clair, on travaille à la fois la compréhension et la méthodologie.
Mon souci en proposant les TACOs était le problème des capacités demandant de savoir raconter. Et si au final, c'était dans l'évaluation de connaissance qu'on voyait cela. Bref, ça commence à émerger dans ma tête.
Elyas
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par Elyas Jeu 24 Avr 2014 - 20:19
Isis39 a écrit:
Marie Laetitia a écrit:
Ragnetrude a écrit:Je n'ai pas encore eu le temps de bien réfléchir à ce sujet, mais c'est autre chose qui me gène dans la manière de faire d'Elyas : le fait de demander aux élèves de se mettre dans la peau d'une personne qui travaille (un mec du FMI (horreur), une personne de l'office du tourisme, d'une bibliothèque...). Je vois ce que cela a de motivant, de concret pour les élèves. Mais faire cela d'une manière systématique me donne l'impression d'une vision très utilitariste du savoir, que l'on retrouve dans l'approche par compétence.

La question que tu poses est bien en rapport avec le récit qu'avec le principe de la classe inversée, je crois. Bon, disons qu'il s'agit de réfléchir à ce que l'on fait faire aux élèves en classe, avec ce principe de la classe inversée. Pour ma part, ce n'est pas la conception utilitariste du savoir qui me pose problème avec cette manière de faire faire des récits, des plaquettes touristiques ou autre chose du même type. C'est plus le côté imagination qui ne m'emballe pas, je trouve que l'on s'éloigne de l'histoire. En revanche, travailler avec le collègue de français, pour que les élèves écrivent un récit en partie tiré de leur imagination à partir des éléments réels vus en HG, oui. Mais le côté imagination en HG, j'hésite. J'ai essayé pour le chapitre sur Rome, je n'étais pas emballée. Le récit que je leur ai fait faire sur Marathon, qui n'englobait pas d'invention, m'a semblé correspondre davantage aux principes de la méthode historique.

Je partage ton avis ( qui est d'ailleurs celui de mes IPR). Pas d'imagination mais un récit de l'événement.

Idem. Sinon on fait du roman historique, et ça, c'est plus en lettres (voire nulle part dans le système scolaire français). On me demande souvent si on peut faire unr écit à "je" ou "dans la peau de", ma réponse a toujours été non même si, dans certains cas, je comprends le but de la consigne, sans l'approuver.
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par doctor who Jeu 24 Avr 2014 - 20:30
Isis39 a écrit:Le problème avec l'imaginaire, c'est que l'élève se croit dans une rédaction et oublie souvent les éléments historiques essentiels...

Justement, en lettres, on aimerait tellement qu'ils n'oublient pas les éléments historiques essentiels dans leurs rédacs...

Je ne suis pas pour faire faire de l'imagination en histoire, excepté pourquoi pas dans ce qu'on appelait un "tableau", c'est-à-dire le récit itératif (ie d'événements répétés, à l'imparfait ou au présent, et non au passé simple ou au passé composé). Tableau de la vie d'un paysan, de la journée d'un noble du XVIIIe siècle, etc.

En français, je trouve finalement qu'on devrait nous aussi faire davantage de factuel, qui engage moins les élèves à puiser dans leur sac à clichés.

Idéalement, les rédac de français devraient pouvoir profiter des acquis d'histoire, de géo et de science. On n'en est pas encore là...


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par Marie Laetitia Jeu 24 Avr 2014 - 21:41
Elyas a écrit:
Isis39 a écrit:
Marie Laetitia a écrit:

La question que tu poses est bien en rapport avec le récit qu'avec le principe de la classe inversée, je crois. Bon, disons qu'il s'agit de réfléchir à ce que l'on fait faire aux élèves en classe, avec ce principe de la classe inversée. Pour ma part, ce n'est pas la conception utilitariste du savoir qui me pose problème avec cette manière de faire faire des récits, des plaquettes touristiques ou autre chose du même type. C'est plus le côté imagination qui ne m'emballe pas, je trouve que l'on s'éloigne de l'histoire. En revanche, travailler avec le collègue de français, pour que les élèves écrivent un récit en partie tiré de leur imagination à partir des éléments réels vus en HG, oui. Mais le côté imagination en HG, j'hésite. J'ai essayé pour le chapitre sur Rome, je n'étais pas emballée. Le récit que je leur ai fait faire sur Marathon, qui n'englobait pas d'invention, m'a semblé correspondre davantage aux principes de la méthode historique.

Je partage ton avis ( qui est d'ailleurs celui de mes IPR). Pas d'imagination mais un récit de l'événement.

Idem. Sinon on fait du roman historique, et ça, c'est plus en lettres (voire nulle part dans le système scolaire français). On me demande souvent si on peut faire unr écit à "je" ou "dans la peau de", ma réponse a toujours été non même si, dans certains cas, je comprends le but de la consigne, sans l'approuver.

Le problème, c'est que le discours sur le récit (hahum...) change vrament d'une académie à l'autre. En formation dans mon acad, se mettre dans la peau d'un soldat à Marathon était vraiment le moyen proposé aux élèves...  Suspect 

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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)


Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
Balthamos
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par Balthamos Jeu 24 Avr 2014 - 22:38
Rendre l'histoire vivante et populaire ou faire passer l'histoire avec rigueur et méthode....
Comme si la rigueur rendait l'histoire moins vivante.
Je suis emballé par les tacos (et pas seulement à cause des mexicains), mais je reste septique sur certains récits.
L'élève par son imagination (normale) perd de vue l'intérêt de l'histoire. Nous ne sommes pas là pour raconter des histoires.

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par doctor who Ven 25 Avr 2014 - 7:38
Mais l'imagination est une faculté majeure de l'historien. Antoine Prost y consacre une de ses douze leçons sur l'histoire.

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par Marie Laetitia Ven 25 Avr 2014 - 8:43
balthamos a écrit:Rendre l'histoire vivante et populaire ou faire passer l'histoire avec rigueur et méthode....
Comme si la rigueur rendait l'histoire moins vivante.
Je suis emballé par les tacos (et pas seulement à cause des mexicains), mais je reste septique sur certains récits.
L'élève par son imagination (normale) perd de vue l'intérêt de l'histoire. Nous ne sommes pas là pour raconter des histoires.

L'ennui, c'est qu'avec le mot même de "récit" l'ambiguïté est entretenue... Entre ça et le fameux paragraphe rédigé (qui comptait plusieurs paragraphes dans les faits), nous avons du mal à désigner l'exercice attendu des élèves...

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par Marie Laetitia Ven 25 Avr 2014 - 8:46
doctor who a écrit:Mais l'imagination est une faculté majeure de l'historien. Antoine Prost y consacre une de ses douze leçons sur l'histoire.
De l'historien, oui. De celui qui a acquis une certaine maîtrise de la méthode historique, ce qui n'est pas le cas d'un élève de collège (en général). Je crois que l'on doit se garder de plaquer tout ce que peut faire un historien sur les  élèves. Il est beaucoup plus intéressant de faire intégrer aux élèves que faire de l'histoire, c'est d'abord (se) poser des questions pour comprendre ou appréhender le passé. C'est l'insistance actuelle, et très positive me semble-t-il, sur la nécessité d'une problématique au début de chaque chapitre. Cela permet de les intéresser, je le constate régulièrement.


Dernière édition par Marie Laetitia le Ven 25 Avr 2014 - 8:47, édité 1 fois

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par tango Ven 25 Avr 2014 - 8:47
juste une question, j'aimerais tester la classe inversée en éco-droit mais j'ai peur que les élèves ne jouent majoritairement pas le jeu (stmg).
A votre avis est-ce réellement possible?

parce que dans ces matières s'ils ne font pas l'effort ils ne peuvent pas comprendre les notions... surtout en droit.


Dernière édition par tango33 le Ven 25 Avr 2014 - 8:47, édité 1 fois
Isis39
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par Isis39 Ven 25 Avr 2014 - 8:47
Marie Laetitia a écrit:
balthamos a écrit:Rendre l'histoire vivante et populaire ou faire passer l'histoire avec rigueur et méthode....
Comme si la rigueur rendait l'histoire moins vivante.
Je suis emballé par les tacos (et pas seulement à cause des mexicains), mais je reste septique sur certains récits.
L'élève par son imagination (normale) perd de vue l'intérêt de l'histoire. Nous ne sommes pas là pour raconter des histoires.

L'ennui, c'est qu'avec le mot même de "récit" l'ambiguïté est entretenue... Entre ça et le fameux paragraphe rédigé (qui comptait plusieurs paragraphes dans les faits), nous avons du mal à désigner l'exercice attendu des élèves...

Je suis d'accord, il y a un problème de dénomination. Et comment l'appeler en géo ? Développement construit ?
Malaga
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par Malaga Ven 25 Avr 2014 - 8:53
Mélophore a écrit:Les IPR de ces temps, en tout cas les miens, ont du mal avec l'imaginaire, pour eux, le récit doit coller le plus possible au réel, au document historique. Il m'a reprocher une illustration contemporaine de Jeanne d'Arc sur un de mes dossiers documentaires.

En 2008, quand on nous a présenté les nouveaux programmes, on nous a montré des illustrations contemporaines présentes dans les manuels en nous expliquant que c'était tout à fait approprié pour des collégiens et qu'on devait donc les utiliser... J'aime ces changements de discours d'une année à l'autre, d'une académie à l'autre ou d'un IPR à l'autre.  Rolling Eyes 

Quant aux récits où l'élève se met à la place d'un hoplite, d'un chevalier etc, je préfère désormais les éviter car les élèves ont tendance à beaucoup inventer et à perdre de la rigueur.


Dernière édition par Malaga le Sam 10 Mai 2014 - 7:37, édité 1 fois

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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
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par Marie Laetitia Ven 25 Avr 2014 - 8:54
Je ne suis pas emballée par le mot de "développement", un peu fade, mais ce n'est pas pire, voire c'est mieux, que récit ou paragraphe...

Je serais curieuse de savoir comment ont été désignés les exercices attendus des élèves en HG depuis un petit siècle, en dehors de la dissertation et du commentaire de document.

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Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


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par Marie Laetitia Ven 25 Avr 2014 - 8:57
Malaga a écrit:
Mélophore a écrit:Les IPR de ces temps, en tout cas les miens, ont du mal avec l'imaginaire, pour eux, le récit doit coller le plus possible au réel, au document historique. Il m'a reprocher une illustration contemporaine de Jeanne d'Arc sur un de mes dossiers documentaires.

En 2008, quand on nous a présenté les nouveaux programmes, on nous a montré des illustrations contemporaines présentes dans les manuels en nous expliquant que c'était tout à fait approprié à des collégiens et qu'on devait donc les utiliser... J'aime ces changements de discours d'une année à l'autre, d'une académie à l'autre ou d'un IPR à l'autre.  Rolling Eyes 

Quant aux récits où l'élève se met à la place d'un hoplite, d'un chevalier etc, je préfère désormais les éviter car les élèves ont tendance à beaucoup inventer et à perdre de la rigueur.

Curieusement, les récits de ma (très) bonne 6e sur les élections à Rome étaient vraiment très bien, sans fantaisie anachronique. En ce sens, leurs récits avaient une certaine rigueur (le petit garçon qui suivait son père pendant la journée d'élection s'ennuyait, alors il jouait aux osselets pendant que son père écoutait les discours des orateurs). Mais introduire l'idée de récit imaginaire par nature (se mettre à la place de) c'est vraiment trop éloigné en soi de la logique propre à l'HG...

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Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


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par Marie Laetitia Ven 25 Avr 2014 - 9:00
balthamos a écrit:Rendre l'histoire vivante et populaire ou faire passer l'histoire avec rigueur et méthode....
Comme si la rigueur rendait l'histoire moins vivante.
Je suis emballé par les tacos (et pas seulement à cause des mexicains), mais je reste septique sur certains récits.
L'élève par son imagination (normale) perd de vue l'intérêt de l'histoire. Nous ne sommes pas là pour raconter des histoires.

Je ne peux m'empêcher de revenir là-dessus en pensant aux discussions qui ont opposé plusieurs collègues ici à Brighelli...  classe - La classe inversée en Histoire-Géographie - Page 3 248604097 

Sur ce, je retourne à ma thèse d'apprentie (vraie) historienne... vu qu'il fait trop vilain pour aller jardiner...

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Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


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*Fifi*
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par *Fifi* Ven 25 Avr 2014 - 9:58
Je n'aime pas trop le terme de récit à donner aux élèves. Je parle de bilan pour ma part, surtout dans les petites classes. Je pense qu'on peut mêler les deux. Je fais faire énormément de "bilans" de forme classique (paragraphes, alinéas, sauts de lignes) avec une consigne "classique" explicite. J'en fais au moins 1 par semaine, évidemment pas tous relevés mais tous en classe.

Mais de temps en temps, j'aime bien faire des travaux moins scolaires, plus type TACOs et ca permet de motiver des élèves plus faibles avec une forme nouvelle. Dans ces cas là, l'imagination est demandée, c'est sûr. Mais c'est pour moi une forme exceptionnelle pour créer un évènement et la nouveauté, ce qui permet à d'autres élèves de prendre plaisir en cours (et du coup de retenir quelques éléments). On a par exemple récemment fait des journaux (unes et articles de presse). Je demandais un respect factuel pour l'article, mais ils pouvaient pour la une ou pour la "décoration" être très imaginatif, et j'ai eu des choses magnifiques et intéressantes historiquement parlant.

Si j'en reviens à la classe inversée, elle pose pour moi plusieurs questions :
- comment créer un exercice qui reprend entièrement ce qu'on aurait fait en 1h ? Ce n'est pas forcément simple car il arrive souvent que l'on fasse plusieurs choses.
- que faire s'ils n'ont pas fini dans le temps prévu ? (peut-être parce qu'ils maîtrisent mal le cours)
- leur laisse t-on le cours pour faire l'activité en classe ? Et si on leur demande un bilan en classe par exemple, comment faire alors pour qu'ils le fassent sans recopier le cours s'ils l'ont, ou sans oublier des éléments s'ils l'ont juste lu chez eux mais pas appris ? Comment faire un bilan en classe qui soit de leur propre cru mais pas une répétition du cours ?
- si on utilise le manuel, que peut-on leur demander puisqu'ils ne pourront pas stabyloter ?
- Quid des dyslexiques ?

PS : ML, quand je parlais des vidéos, il ne s'agissait pas de se filmer soi-même. Mais tous les exemples de classe inversée que je connais via des collègues font des diapo où ils expliquent le cours et donnent la vidéo aux élèves. Il s'agit donc pour le prof de faire un diapo commenté, enregistré... ce qui doit prendre un certain temps !

_________________
Pour accéder à la banque de données en HG, merci de lire le règlement ici :
https://www.neoprofs.org/t36320-bdd-hg-reglement
Isis39
Isis39
Enchanteur

classe - La classe inversée en Histoire-Géographie - Page 3 Empty Re: La classe inversée en Histoire-Géographie

par Isis39 Ven 25 Avr 2014 - 10:12
Les collègues qui sont passés à la classe inversée fournissent un énorme boulot de réalisation de vidéos (comme l'explique Fifi). Il faut avoir le temps. De plus, se pose le problème des élèves qui n'ont pas internet la maison.
Elyas
Elyas
Esprit sacré

classe - La classe inversée en Histoire-Géographie - Page 3 Empty Re: La classe inversée en Histoire-Géographie

par Elyas Ven 25 Avr 2014 - 10:23
Je suis assez triste d'une chose. Cela fait presque 6 ans que l'envie de faire écrire les élèves avec les langages de l'histoire et de la géographie est revenue au coeur des programmes et la situation est terrible. Faire écrire avec les langages de l'histoire et de la géographie les élèves n'est pas encore entré dans les pratiques usuelles. Je me trompe sans doute (et je l'espère), mais cette pratique me semble même minoritaire (en ZEP, par contre, elle semble majoritaire).

Or, dans moins de 3 ans, on va changer de programmes. Les pratiques seront majoritairement restées fidèles au credo des années 90, pratiques qui ont été évaluées dans l'enquête CEDRE déjà évoquée ici et portant sur la dernière cohorte d'élève ayant pratiqué l'ancien programme.

Le récit, sera-t-il mis aux oubliettes ? Je ne l'espère pas.

Ensuite, qu'appelle-t-on récit en histoire. C'est avant tout le verbe de consigne au coeur des programmes qu'il faut interroger, "raconter". Pour Prost, « Raconter, c’est expliquer » et pour Paul Ricoeur, « Raconter, c’est déjà réfléchir sur les événemens racontés. »
Le récit en histoire, ce n'est pas créer, c'est analyser et réfléchir. Je sais qu'il y a eu une lutte et un refus du récit historique dans l'historiographie française du XXe siècle. Mais on en revient. La biographie historique n'est que du récit, au sens de Prost et de Ricoeur.

Alors, plutôt que récit, c'est la question de faire pratiquer aux élèves les langages de l'histoire et de la géographie. Cela passe par des verbes de consignes (présents dans la partie capacité des programmes) : situer, décrire, expliquer, raconter, caractériser, connaître et utiliser des repères...

Cela se divise en un tas de pratiques d'écriture comme le "récit", la "synthèse", le "développement construit", "la description"... Chacun a ses règles mais tous partagent des points communs que je peux résumer avec ces deux schémas :

classe - La classe inversée en Histoire-Géographie - Page 3 Image111

classe - La classe inversée en Histoire-Géographie - Page 3 Image211

En conséquence, la pratique de l'écriture avec nos langages disciplinaires n'est pas une dérive pédagogiste comme on peut en entendre parler mais sont véritablement un axe fort de la réussite des élèves.
La difficulté est qu'on sort de deux voire trois décennies de didactique de l'histoire où le fait d'écrire était avant tout un petit exercice au milieu d'un zapping forcené qui tenait lieu de cours (on en a déjà parlé, je l'ai pratiqué comme tous ceux qui ont été à l'IUFM dans les années 1990-2000 et on l'a fait de bon coeur) ou comme une pratique collaborative, donc de facto à mon sens absolument pas pertinente pour aider chaque élève, surtout que le professeur pouvait manipuler cet aspect collaboratif car la montre tournait et qu'il fallait aller là où il fallait (et je l'ai fait).
Faire écrire les élèves permet de travailler la mémorisation, la rigueur, l'appropriation du langage de l'histoire et de la géographie, la réflexion... et sert le cours de mise en perspective/généralisation qui suit ou qui a précédé (là, comme on est dans une phase de démarche inductive, c'est plutôt qui suit) car il travaille par écho avec ce qui a été travaillé par écrit.

En conséquence, un récit de 6e ou 5e peut ressembler à ça (attention, ce sont des copies brutes, ça peut piquer les yeux et les neurones) :

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Ou à ça :

classe - La classe inversée en Histoire-Géographie - Page 3 Image510

Cela me fait penser qu'il faut que je scanne les travaux de mes élèves qui n'écrivent presque pas mais qui évoluent.

En clair, l'usage du mot récit, ô combien polysémique, est source d'implicite. On ne parle pas de récit d'imagination, de récit littéraire, on parle de récit d'histoire. En géographie, il n'y a pas de récit car le verbe de consigne "raconter" n'y est pas présent (et s'il l'était, ce serait très étrange). Par contre, on fait écrire en géographie et on faire réaliser des synthèses, des légendes de croquis ou des développements construits, les exercices varient (mais le développement construit, qu'à partir de la 4e selon moi, mais je n'ai pas de dogme).

La question de l'imagination est particulière en histoire. L'imagination de l'historien lui sert à créer les liens entre les traces que le passé a laissées. Mais l'historien a un esprit qui s'est nourri de milliers de textes d'époques et de l'iconographie de cette époque. L'élève, non. Il a à apprendre l'"alphabet" de chaque époque que le professeur lui fait découvrir. En laissant l'imagination au pouvoir, on se retrouve avec Alexandre le Grand qui envoie un SMS à Aristote qui était dans sa BMW près de l'hôtel du Parthénon. Le travail sur l'iconographie est crucial (mais on en a déjà parlé avec les TACOs et les dépliants). Bref, l'imagination, dangereux pour nous.

Le problème est la diversité des discours selon les Académies. Je crois honnêtement que tout le monde est perdu et qu'on cherche des pistes. Or, beaucoup de collègues voient dans cette réflexion un emballement pédagogiste qui est la source de tous nos problèmes depuis 30-40 ans. Or, ce n'est absolument pas le cas.

Ma conviction est que ce n'est pas compliqué de faire écrire les élèves. Ma pratique quotidienne me renforce sur ce point. Les élèves écrivent en majorité beaucoup quand on leur en laisse l'opportunité, et ça fait peur et ça prend du temps. Or, ceci est notre point de départ. Nous, en tant que professeurs, nous allons leur apprendre à transformer ces immenses textes pleins de vides en textes efficaces et pertinents. Nous savons le faire. Après, il y a le problème de la maîtrise de la langue, c'est vrai.

Pour en revenir à la classe inversée, j'ai eu un sursaut d'ego face à Celeborn ce qui n'est jamais bien . Mais, j'ai réfléchi depuis.

En collège, quels sont les avantages et problèmes que peut avoir la pratique de la classe inversée :

Avantages : aller vite quand on a du retard dans la programmation, travailler la méthodologie de l'apprentissage par la constitution de fiches de révisions sous de multiples formes, rendre autonomes les élèves face à l'apprentissage des leçons.

Désavantages : le problème des dyslexiques, le travail à la maison, le problème de la démarche inductive.

En userai-je ? Je pense qu'après avoir bien formé les élèves aux langages et méthodes de nos disciplines, on peut se permettre de les destabiliser avec une pratique différente pour constater s'ils ont acquis les méthodes et la rigueur qu'on a essayées de leur donner tout au long de l'année. Je l'utiliserai une ou deux fois dans l'année, mais seulement en 4e-3e, voire en 5e avec d'excellentes classes sur des chapitres faciles en apport notionnel.
Marie Laetitia
Marie Laetitia
Bon génie

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par Marie Laetitia Ven 25 Avr 2014 - 10:36
Entendons-nous bien, Elyas. Faire écrire les élèves est excellent, aucun doute pour moi là-dessus.

Elyas a écrit:Ensuite, qu'appelle-t-on récit en histoire. C'est avant tout le verbe de consigne au coeur des programmes qu'il faut interroger, "raconter". Pour Prost, « Raconter, c’est expliquer » et pour Paul Ricoeur, « Raconter, c’est déjà réfléchir sur les événemens racontés. »
Le récit en histoire, ce n'est pas créer, c'est analyser et réfléchir. Je sais qu'il y a eu une lutte et un refus du récit historique dans l'historiographie française du XXe siècle. Mais on en revient. La biographie historique n'est que du récit, au sens de Prost et de Ricoeur.
C'est la polysémie même du mot qui me gêne. Pour être compris des 6e, il faut s'exprimer clairement. Si un historien chevronné sait ce que c'est qu'un récit historique, sait que c'est étroitement lié au fait d'expliquer, ce n'est pas facile à appréhender pour un collégien un peu faible.

Elyas a écrit:En conséquence, la pratique de l'écriture avec nos langages disciplinaires n'est pas une dérive pédagogiste comme on peut en entendre parler mais sont véritablement un axe fort de la réussite des élèves.

Entièrement d'accord.
Mais je comprends tout à fait les collègues réticents à faire écrire des récits, à cause même du mot.

Elyas a écrit:Je pense qu'après avoir bien formé les élèves aux langages et méthodes de nos disciplines, on peut se permettre de les destabiliser avec une pratique différente pour constater s'ils ont acquis les méthodes et la rigueur qu'on a essayées de leur donner tout au long de l'année. Je l'utiliserai une ou deux fois dans l'année, mais seulement en 4e-3e, voire en 5e avec d'excellentes classes sur des chapitres faciles en apport notionnel.

Là encore, tout à fait d'accord avec toi. C'est ce que je me disais, hier, en réfléchissant au sujet de ce fil...

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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)


Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
Elyas
Elyas
Esprit sacré

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par Elyas Ven 25 Avr 2014 - 10:51
Le truc est que dans les programmes, je ne crois pas que le mot "récit" apparaisse. Juste le verbe "raconter". Le mot récit est apparu pour trouver un substantif à ce mot.
Difficile de trouver un autre substantif.
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