3ème : le livre de ma mère (en extraits), d'Albert Cohen ?

Bonjour,

Pensez-vous que Le livre de ma mère, en extraits, peut plaire à des adolescents, en zep ? Je suis en train de le relire, et c'est tellement émouvant que j'ai bien envie de me lancer...
Avez-vous déjà essayé de le faire lire à vos classes, en extraits ou intégralement ?
Merci !!

Déjà essayé dans une classe plutôt bonne et c'est passé mais disons qu'en ZEP où l'antisémitisme peut faire des ravages, je ne m'y collerais pas. De plus, trop de références à expliquer.

Je pense aussi le faire lire, en cursive pendant le chapitre sur la tragédie (puisque pour moi ce livre est un chant de deuil, comme la tragédie antique, cf Nicole Loraux), et après avoir travaillé les récits d'enfance. Il faut le lire dans le silence et le calme (si on le commence à la plage, comme moi il y a trois semaines, je vous assure qu'on croit d'abord que ce livre est à jeter à la mer), mais il ne m'a pas semblé particulièrement difficile, et je me suis dit aussi qu'il pouvait plaire aux élèves. Les retours d'expériences m'intéressent aussi, maintenant que je vous vois émettre des doutes.
Simone Boué, de quelles références parlez-vous? Il me semble qu'un cours d'histoire de troisième suffit amplement.

Une mère est une mère et dieu sait qu'il aimait la sienne ! J'en ai pleuré quand je l'ai lu. En choisissant judicieusement les extraits, tu peux sans doute aller vers ce qui rassemble, justement.
"Avec les plus aimés, amis, filles et femmes aimantes, il me faut un peu paraître, dissimuler un peu. Avec ma mère, je n avais qu à être ce que j étais, avec mes angoisses, mes pauvres faiblesses, mes misères du corps et de l âme. Elle ne m aimait pas moins. Amour de ma mère, à nul autre pareil."
Ou encore :
"O toi, la seule, mère, ma mère et de tous les hommes, toi seule, notre mère, mérites notre confiance et notre amour. Tout le reste, femmes, frères, soeurs, enfants, amis, tout le reste n'est que misère et feuilles emportées par le vent. "
Freud, SOS !

Pas mal de référence juives ex :" chaque shabbat à Marseille", "nous qui allions revenir de la synagogue les brins de myrtes à la main", "devant la table de fête qui était déjà un morceau du royaume du Messie"
(et c'est sur une page)
( sinon livre dispo ici en version pdf : http://www.yellobook.cm/admin/uploads/Le_Livre_De_Ma_Mere_-_Albert_Cohen.pdf )
Et quand tu dis en lecture cursive, tu veux dire aussi en lecture autonome? Parce que si c'est le cas, les élèves ne liront pas et se demanderont "ouais, pourquoi il parle tout le temps de sa mère, on s'en fiche". Et l'écriture, si magnifique soit elle, est tout de même aride.

+1 Simone Boué : trop de références pour une lecture autonome. Moi, mon cours d'histoire de 3ème ne m'a pas suffi : je ne connais vraiment pas bien la religion juive et les rites qui s'y rattachent (notamment autour de l'alimentation) et j'ai dû, plus d'une fois, ouvrir le dictionnaire...

Je crois que je n'oserais plus étudier en classe un extrait de ce livre. Je l'ai fait une fois, parce que je l'aime beaucoup. Or, j'ai appris peu après qu'un de mes élèves, dans la classe où j'avais fait cet extrait, était orphelin - à la même époque, dans une autre classe, j'ai eu un élève à la dérive parce que sa mère était gravement malade et condamnée : un livre qui me fait pleurer alors que ma mère est en bonne santé, quel effet peut-il produire sur des personnes dont les parents sont en train de mourir ou déjà disparus ? Je ne sais pas. Dans le doute, je m'abstiens. C'est sans doute bête, mais je n'ose pas.

En plus, c'est un fils adulte qui culpabilise et qui pleurniche aussi beaucoup sur lui. C'est difficile pour des ados d'avoir cette distance.