Devenir prof de philo sans formation spécifique

Levincent a écrit:Mais si je comprends bien, on ne peut proposer de poste à un professeur que dans l'académie où il habite déjà, n'est-ce pas ? Ou bien un professeur peut-il être envoyé arbitrairement en province ?
Excusez-moi de poser des questions de base, mais je débarque complètement.

L'académie dans laquelle exercera le professeur une fois titularisé, c'est celle qu'il aura réussi à obtenir au mouvement inter-académique (première phase du mouvement des personnels). En philosophie, la région parisienne est quasi inaccessible à un débutant, et même les points de rapprochement de conjoint (et d'enfants) ne garantissent pas à tous les coups un résultat. Il faudrait regarder les barres des années récentes pour Créteil et Versailles.

(Un professeur est agent de l'État, il va là où l'État a décidé qu'il avait besoin de lui.)

En général, l'année de stage se déroule en revanche dans l'académie où l'agent s'est inscrit pour le concours. Sauf dans tous les cas où ça ne se passe pas ainsi

Hmm, je vois. Voilà qui mérite réflexion, donc.
Merci pour ces renseignements en tout cas.

Ce que font parfois ceux qui veulent échapper à ce type de « mobilité contrainte » c'est passer le CAFEP plutôt que le CAPES (bref la version enseignement privé). Moins de places, mais concurrence moins rude aussi (moins de candidats, barres d'admission souvent légèrement inférieures), et l'affectation sur établissement obéit à des règles différentes. Mais je n'y connais pas grand'chose et ne pourrai donner beaucoup plus de détails.

Tout ceci est en effet tristement vrai et les mutations en fin de stage sont en général l'occasion de bien des angoisses... qui ne sont, la plupart du temps, que le début d'une longue série d'angoisses du genre.  

J'aurais en revanche juste un bémol à faire à ce sujet-là :

Nita a écrit:Enfin, si ce que tu aimes vraiment, c'est faire de / réfléchir à la philo, ce n'est pas en enseignant en lycée que tu pourras vraiment le faire.

Je ne serais vraiment pas aussi radicale que cela. Il y a vraiment moyen de faire de la vraie philo en enseignant en lycée. Evidemment, pas avec toutes les classes, pas à chaque cours, etc. Mais d'une part, je me souviens clairement de ma sensation lors du stage, de l'obligation de construire mon cours, qu'il m'avait donné la sensation de faire, pour la première vraiment, de la philosophie moi-même, et pas simplement de répondre à l'attente d'un prof ou d'un examinateur. Et d'autre part, il m'arrive, en cours, à l'occasion de la nécessité de clarifier une thèse, d'approfondir mes connaissances pour pouvoir expliquer ce que je visais, d'amener mes élèves à entrer réellement dans la démarche d'un auteur, bref, il m'arrive de sortir du cours avec le sentiment d'avoir vraiment fait de la vraie philo, et cela, toutes classes confondues ; la dernière fois par exemple, c'était en STMG... si si ! c'est possible.  
Alors évidemment, cela dépend du degré d'investissement, de l'envie, des élèves, des circonstances, de l'occasion, bref, de toute une série de facteurs. Mais je trouve qu'il est très exagéré de dire qu'on ne peut pas vraiment faire de la philo en enseignant en lycée.

Aspasie a écrit: J'aurais en revanche juste un bémol à faire à ce sujet-là :

Nita a écrit:Enfin, si ce que tu aimes vraiment, c'est faire de / réfléchir à la philo, ce n'est pas en enseignant en lycée que tu pourras vraiment le faire.

Je ne serais vraiment pas aussi radicale que cela. Il y a vraiment moyen de faire de la vraie philo en enseignant en lycée.

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PauvreYorick a écrit:

Aspasie a écrit: J'aurais en revanche juste un bémol à faire à ce sujet-là :

Nita a écrit:Enfin, si ce que tu aimes vraiment, c'est faire de / réfléchir à la philo, ce n'est pas en enseignant en lycée que tu pourras vraiment le faire.

Je ne serais vraiment pas aussi radicale que cela. Il y a vraiment moyen de faire de la vraie philo en enseignant en lycée.

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Tant mieux !

Vous avez raison, mais ça dépend bien de la classe et de quelle philosophie on veut faire; si ce qui nous intéresse c'est, par exemple, la logique formelle, on ne se fera plaisir que quelques heures dans l'année, par contre si on adore tout Rousseau, on sera comme un poisson dans l'eau si les élèves écoutent un peu et qu'on ne cherche pas à faire un séminaire doctoral.

C'est vrai. Et c'est peut-être une occasion de souligner un autre point : enseigner en terminale, c'est aborder un programme qui couvre tous les domaines de la philosophie. Du coup, la personne qui serait monomaniaque (sans connotation péjorative) ne pourrait pas "trouver son compte" dans cet enseignement. Il y faut un intérêt général pour la démarche philosophique elle-même, qui fait que, même sans être féru de philosophie analytique par exemple, on peut sans souci, à l'occasion d'un chapitre sur le langage ou sur la croyance, aborder avec intérêt et plaisir les analyses qu'elle propose et y trouver des clés pour problématiser les notions en questions avec les élèves.

Tu as sur ce lien les barres d'entrée dans les académies : http://second.sgen-cfdt-plus.org/barres/inter/index.php3

Quand on débute, on a en général 21 points (chaque échelon vaut 7 points, après le stage, nous sommes à l'échelon 3 donc 3x7 = 21). A cela se rajoute 50 points donnés aux débutants et à utiliser dans les trois ans. Les académies franciliennes sont à 131 points pour la moins chère d'entre elles (ce qui signifie que le dernier entrant dans l'académie avait 131 points). Les autres académies en France semblent beaucoup plus accessibles.

Malaga a écrit:Tu as sur ce lien les barres d'entrée dans les académies  : http://second.sgen-cfdt-plus.org/barres/inter/index.php3

Quand on débute, on a en général 21 points (chaque échelon vaut 7 points, après le stage, nous sommes à l'échelon 3 donc 3x7 = 21). A cela se rajoute 50 points donnés aux débutants et à utiliser dans les trois ans. Les académies franciliennes sont à 131 points pour la moins chère d'entre elles (ce qui signifie que le dernier entrant dans l'académie avait 131 points). Les autres académies en France semblent beaucoup plus accessibles.

Je rajoute juste que si tu es marié, tu as des points en plus (150), ce qui facilite souvent l'accès à sa région d'origine. Après une académie est grande et rien ne garantit que tu seras près de chez toi si tu habites un département recherché.

Les enfants aussi comptent dans le barême ; il y a une case "rapprochement de la résidence de l'enfant" non ?
Enfin, pour faire simple, le mieux est sans doute d'aller lire le fil qui a été posté à ce sujet dans le forum et les liens qu'il contient...

Levincent, tes posts font plaisir à lire.
Renseigne-toi sur les conditions d'entrée dans le métier (concours, mutations, premières affectations) pour voir si cela pourrait coller avec ta vie de famille, mais pour le reste, fonce ! Tu sembles motivé et confiant en tes chances.
Tu as raison, ce forum (comme d'autres) est très chronophage et il ne faut pas confondre préparation à un concours et addiction à un site, quel qu'il soit, cependant, afin d'être sûr que c'est quand même bien ce que tu souhaites faire, essaye de prendre aussi un peu de temps pour aller voir les topics "gestion de classe", "vie quotidienne dans les établissements scolaires", etc.
Pour ce qui est de l'enseignement de ta future discipline, tu sembles déjà très clair avec cela alors cela semble un projet tout à fait viable.
Bon cheminement dans ce changement professionnel, et bonne chance pour le concours !

Merci beaucoup pour toutes ces réactions, qui me donnent matière à réfléchir et à préciser mon projet.
Il me semble que, étant muni d'un bac +5, il m'est possible de tenter également l'agrégation en externe, car je n'ai vu nulle part qu'il fallait un bac+5 en philosophie. Cela dit, j'ai fait un tour sur les sujets des années passées, et ça m'a l'air très, très dur. Pourtant, j'ai lu ailleurs que l'agrégation externe était presque plus facile à avoir que le CAPES, donc je suis perplexe...
Y en a-t-il parmi vous qui ont passé le concours de l'agrégation externe ?

Pour le mouvement, donc l'entrée dans une académie, c'est le même pour certifiés et agrégés ! Il y a juste une petite bonification (50 points?) pour les agrégés demandant les lycées ; en philo ce n'est que du lycée, cela serait du bonus par rapport aux certifiés (mais avec épouse et enfants, si c'est bien pris en compte, tu sembles avoir de la marge). L'intérêt est aussi dans les 15h de service par rapport aux 18h.

Levincent, l'agrégation de philosophie est un Everest !

Levincent a écrit: étant muni d'un bac +5, il m'est possible de tenter également l'agrégation en externe

Absolument.

Mr_Z a écrit:Levincent, l'agrégation de philosophie est un Everest !

Compte tenu de l'évolution du nombre de postes aux concours (72/103 pour 2015 aux concours externes), on peut dire qu'elle tend à redevenir nettement plus difficile que le CAPES (auquel il est arrivé, au cours des 15 dernières années, que moins de postes y soient offerts qu'à l'agrégation), mais parler d'Everest me semble néanmoins excessif. Ce qui est certain c'est que la concurrence est plus rude, dans la mesure où il y a toujours quelques candidats plus ou moins assurés d'avance d'obtenir un concours qui ne préparent que l'agrégation.

Bonsoir,

Alors Levincent, as-tu tenté le concours ? Te passionnes-tu toujours autant pour l'enseignement de la philosophie ? Ton expérience pourrait être intéressante pour d'autres, ici, qui se poserait également cette question : tenter le capes de philosophie sans avoir obtenu un master de philosophie.
Merci à toi.

eliesheva a écrit:Bonsoir,

Alors Levincent, as-tu tenté le concours ? Te passionnes-tu toujours autant pour l'enseignement de la philosophie ? Ton expérience pourrait être intéressante pour d'autres, ici, qui se poserait également cette question : tenter le capes de philosophie sans avoir obtenu un master de philosophie.
Merci à toi.

Mon post date d'il y a environ un an, et est quasiment contemporain de ma décision de changer de carrière. Les inscriptions étaient alors closes, ce qui fait que je n'ai pas pu passer les concours en 2015. Par contre, je suis en train de me préparer pour l'agrégation externe de 2016 (eh oui, j'suis comme ça, moi !). Je me suis inscrit au CNED pour avoir des cours et des devoirs corrigés, mais en ce moment j'ai beaucoup de mal à avancer au rythme que je voudrais. Préparer un tel concours quand on travaille et qu'on a des enfants est vraiment épuisant, et il y a des soirs où je n'ai tout simplement pas l'énergie pour me mettre à réviser. Sans compter les petites contrariétés (mon fils qui tombe malade pile le jour où j'avais débloqué une journée pour bosser en bibliothèque) qui ne m'aident pas. Je vais voir où j'en serai en mars, mais pour l'instant c'est loin d'être gagné. En ce qui concerne l'intérêt que j'éprouve pour la discipline, ça me plaît toujours, même si j'aimerais parfois lire autre chose que de la philosophie, surtout que certaines œuvres du programme (les Topiques d'Aristote, pour ne pas les citer) sont vraiment rasoir.

Bon courage, tiens le coup.

Tu devrais quand même passer le Capes aussi pour assurer tes arrières, qui peut le plus peut le moins.

Botchan a écrit:Bon courage, tiens le coup.

Tu devrais quand même passer le Capes aussi pour assurer tes arrières, qui peut le plus peut le moins.

Merci.
L'année prochaine, si je décide de poursuivre l'aventure, je m'inscrirai aux deux concours. Préparer l'agreg me fait faire de gros progrès qui me seraient profitables pour le CAPES.

D'où l'intérêt de passer les deux dès cette année, même si tu vas au Capes "en touriste". Je n'enseigne pas la philo mais je pense que mon conseil est valable pour n'importe quelle matière mais bon...les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Après tout, même les profs d'EPS peuvent se mettre à enseigner la philo !! Mais tu seras plus doué que lui Levincent, je n'en doute pas :

Merci pour ces nouvelles et surtout bon courage.
Ayant déjà passé un capes, mais n'ayant pas d'agrégation en documentation, je suivrai quand même les conseils des collègues. Autant tenter également le capes. Cela fait un peu plus de possibilités d'être admissible.
Bon courage à toi.

Les dates d'inscription au CAPES sont passées, de toute manière.

Bon courage pour cette année, Levincent, rien n'est jamais perdu, même si l'on est très en retard sur son planning et qu'on n'a lu qu'une partie du programme : il est à mon avis de toute manière très difficile, pour ne pas dire impossible, de le couvrir décemment. Je n'ai aucune honte à le dire : je n'ai pas (re)lu tout Platon, Marx, et L'être et le néant l'an dernier. Ce n'est que mon avis, mais je te conseille de hiérarchiser et de te concentrer sur les textes les plus incontournables et "rentables" (de ce point de vue, ne pas hésiter à anticiper une future utilisation d'Aristote, Spinoza, et les autres auteurs au programme, dans les épreuves de dissertation/leçon), et surtout de ne pas hésiter à revoir ce que tu connais déjà et qui a de bonnes chances de constituer la besace dans laquelle tu piocheras instinctivement le jour de l'épreuve.

Merci Panturle,

Effectivement, je me demande si je vais aller au bout des Topiques.
Mon manque de temps se fait surtout sentir au niveau des devoirs, pour lesquels j'ai besoin de plages de temps disponible assez longues (je veux éviter de faire un devoir de 7 heures en 14 fois une demi-heure).
Merci du conseil en tout cas.

Je lis souvent qu'il est conseillé de passer et le CAPES et l'agrégation de philosophie la même année. Comment faire pour se préparer correctement (eu égard à la masse de travail et aux exigences propres) aux deux concours?