Les élèves mentent-ils de plus en plus ?

maiiiiiiiiiiiiiiiiiiis je compte pas faire ça toute maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa vie...

scot69 a écrit:Et avec les élèves, je n'en parle même pas... et je remarque de plus en plus une tendance à jurer sur les textes sacrés de leur religion. (avant, on jurait sur la tête des gens...)
."

Jamais un élève n'a juré sur la Bible ou la Torah chez moi. "Le texte sacré d'une religion" serait plus juste.

John a écrit:Pardon mais j'ai vu exactement la même anecdote du petit mot avalé quand j'étais élève ! Et la réponse était : "non non, je n'ai pas écrit de mot !"

Quoi, John, tu as mangé un petit mot que tu étais en train d'écrire ? Je n'aurais jamais cru ça de toi.  :lol!:

Spartacus a écrit:Un vieux prof de philo m'avait raconté cette anecdote qu'il venait de lire dans un livre et qui l'avait laissé bien songeur :

"Un missionnaire avait à son service un factotum indigène en qui il avait toute confiance. Un jour, le missionnaire se rend compte que son domestique lui a menti.

"Mais pourquoi est-ce que je vous aurais dit la vérité?"

Je déteste l'image d'Epinal du missionnaire (blanc ?) et du domestique "indigène".
En revanche, la question m'a, il y a peut-être 8 ou 9 ans, beaucoup fait réfléchir : quel est le statut de la vérité et du mensonge ? Face à des personnes qui mentaient, je me suis rendu compte que le mensonge était "possible", pas illégal. La vérité est une exigence morale et éthique, mais bien souvent, elle n'est pas explicitement demandée. Y a-t-il écrit dans vos règlements intérieurs d'établissements que vos élèves doivent dire la vérité ? Non. C'est implicitement admis comme la règle éthiquement acceptable, mais c'est implicite. Or tout le monde n'a pas les mêmes codes...
Depuis ce temps, j'ai toujours un peu de mal avec le mensonge, mais je l'accepte comme possibilité de mon interlocuteur. Je pars de ce qu'il dit. Ce qui est vrai c'est qu'il le dit à l'instant-t. Mais ça ne veut pas dire que ça s'est vraiment passé comme ça.

Évidemment, les adultes aussi peuvent mentir... Il y a prescription car c'était il y a plusieurs années maintenant. Tel professeur ne veut pas corriger le DNB. A la direction il dit qu'il ne peut pas car il a un colloque. Au rectorat il dit qu'il ne peut pas car il a un RV médical pris de longue date. A la salle des profs, il dit qu'il est hors de question qu'il aille corriger à la place de cette vieille bique de Mme *** qui s'était désistée (pour une vraie raison, elle).
Vàlà.

Quoi, John, tu as mangé un petit mot que tu étais en train d'écrire ?

Ah non, moi jamais : j'ai bien précisé que je l'ai "vu" faire quand j'étais un élève.

Je ne trouve pas que les élèves mentent de plus en plus, je trouve qu'on les croit de plus en plus, et qu'ils "assument" moins, quand il sont pris en flagrant délit de mensonge, ils n'admettent pas ce qu'ils ont fait.

Mais j'admets que le mensonge de l'apprenant ne me dérange pas tellement : je trouve que c'est une réaction normale d'un individu immature. Quand, en revanche, ils ne reconnaissent pas, pris en flagrant délit, leur "faute", je monte dans les tours. Et vite.

Je crois qu'on ne trouve à peu près nulle part l'idée que dire la vérité est une lubie qu'il faudrait en soi justifier. En revanche, sans même aller chercher chez des «indigènes» parfois un peu fantasmés, on trouve assez souvent l'idée qu'on ne doit pas la vérité à tout le monde. Il y a même une Rêverie de Rousseau là-dessus.

À mon avis c'est plutôt par là qu'il faut creuser la question. Le réflexe conditionné du «tout fout l'camp» ne mènera pas bien loin (surtout si on l'assaisonne de diagnostics délirants sur ce qu'«ils» sont ou sont devenus). Évidemment, en revanche, la question du crédit généralement accordé à l'institution et à ses représentants a de l'importance, et justement on peut la rejoindre à partir de là. Indépendamment même d'une analyse de l'intérêt du mensonge comme stratégie, intérêt à court terme qui est de toute façon évident et le rend en quelque sorte naturel.

PauvreYorick a écrit:Je crois qu'on ne trouve à peu près nulle part l'idée que dire la vérité est une lubie qu'il faudrait en soi justifier.

Permets-moi d'être Sceptique à ce sujet.

D'autant plus !

Si l'on en croit l'autobiographie de Roald Dahl, avant, les élèves mentaient davantage. Il raconte ainsi que, se trouvant en étude, où il était interdit de communiquer avec ses camarades, il a le malheur de demander à son voisin de lui prêter une plume. L'enseignant 'de garde' l'entend et il est convoqué chez le proviseur. Lorsqu'il tente de donner sa version, le proviseur lui renvoie un 'vous dites donc que M. ... ment?'. L'enseignant ne pouvant mentir, c'est donc forcément l'élève qui ment (et qui se fait battre pour la peine). 
Aujourd'hui, on en arrive peut-être  parfois à l'extrême inverse: l'élève ne pouvant mentir, c'est forcément l'enseignant qui ment.
Je me dis aussi que les élèves actuels sont, d'une part, moins influencés par le catholicisme et son interdit, tout de même assez absolu, du mensonge, mais également beaucoup plus au fait du poids de l'aveu en l'absence de preuves (merci les séries policières). Et puis, dans une société individualiste, mentir pour arriver à ses fins est perçu comme une attitude sensée et positive.

Je remarque surtout que ces mensonges prennent des proportions incroyables, souvent pour des détails complètement ridicules, et pour lesquels ils n'auraient souvent même pas été sanctionné s'ils avaient dit la vérité...

Ce n'est même pas tellement le mensonge qui me dérange, mais plutôt l'aplomb et le ton agressif qu'ils prennent: ils nous parlent d'égal à égal et je déteste ça.

Quand, pris en flagrant délit de mensonge, certains de mes élèves jurent sur une certaine ville sainte, en général je leur demande d'arrêter tout de suite avant que la dite ville ne finisse rasée de la carte par la faute de leur vilain mensonge. A mon grand étonnement, ça marche, j'ai toujours des aveux et des excuses juste après.

Bonne idée!

Je vais essayer!!!!

Il y a même des parents d'élèves qui mentent. Il y a deux ans, lors de la répartition des classes au mois de juin, le CDE nous donne les lettres de parents demandant que Untel soit dans la classe de Machine car ils habitent le même village et c'est plus pratique pour le transport etc. Parmi ces lettres, se glisse une lettre de parent demandant que son fils soit avec tel prof de maths mais pas avec cette prof de français là ni avec cette prof d'histoire-géo (moi, en l’occurrence) car il les avait cette année et cela se passait mal (oui, je ne laisse pas les élèves bavarder ou ne pas faire le travail ou se placer où ils le veulent en classe...).

Bref, autant dire que les vœux de ce monsieur n'ont pas été pris en compte. Quelques mois plus tard, je le rencontre à un CA et lui demande de but en blanc pourquoi il ne voulait pas que son fils m'ait. Et bien, le monsieur a juré que "pas du tout, il n'avait pas fait cette demande dans cette lettre" avec la tête paniquée de pris-sur-le-fait !!

Le développement du virtuel leur donne l'envie de nier la réalité. (ou de la fuir).

Malaga a écrit:Il y a même des parents d'élèves qui mentent. Il y a deux ans, lors de la répartition des classes au mois de juin, le CDE nous donne les lettres de parents demandant que Untel soit dans la classe de Machine car ils habitent le même village et c'est plus pratique pour le transport etc. Parmi ces lettres, se glisse une lettre de parent demandant que son fils soit avec tel prof de maths mais pas avec cette prof de français là ni avec cette prof d'histoire-géo (moi, en l’occurrence) car il les avait cette année et cela se passait mal (oui, je ne laisse pas les élèves bavarder ou ne pas faire le travail ou se placer où ils le veulent en classe...).

Bref, autant dire que les vœux de ce monsieur n'ont pas été pris en compte. Quelques mois plus tard, je le rencontre à un CA et lui demande de but en blanc pourquoi il ne voulait pas que son fils m'ait. Et bien, le monsieur a juré que "pas du tout, il n'avait pas fait cette demande dans cette lettre" avec la tête paniquée de pris-sur-le-fait !!

La bonne blague

La semaine dernière, j'ai trouvé une "fiche de révision" sous une table après le contrôle, lorsque j'ai interrogé l'élève j'ai eu trois explications différentes en 5 mn dont le célèbre "c'était pour réviser en récré et c'est tombé de ma poche!". Je crois que l'élève ne se rendait meme pas compte qu'elle mentait (au moins sur deux versions!)

Sur un autre fil, j'avais déjà donné ma formule qui illustre cet état d'esprit "quand ils mangent un renard et que la queue dépasse de leur bouche, ils disent encore que ce n'est pas eux qui ont mangé le renard!"

Catalunya a écrit:

scot69 a écrit:Et avec les élèves, je n'en parle même pas... et je remarque de plus en plus une tendance à jurer sur les textes sacrés de leur religion. (avant, on jurait sur la tête des gens...)
."

Jamais un élève n'a juré sur la Bible ou la Torah chez moi. "Le texte sacré d'une religion" serait plus juste.

C'est juste. Je n'ai jamais entendu un "sur la Bible" ou "sur la Torah".

En revanche j'ai entendu un "ma tête c'est vrai"!

Ne sont-ce pas plutôt les enseignants qui détectent mieux le mensonge avec toutes les couleuvres qu'on leur fait avaler ? Genre, vous faîtes ce métier pour la gloire, pas pour le fric, donc on maintient le gel du point d'indice

Nita a écrit:Je ne trouve pas que les élèves mentent de plus en plus, je trouve qu'on les croit de plus en plus, et qu'ils "assument" moins, quand il sont pris en flagrant délit de mensonge, ils n'admettent pas ce qu'ils ont fait.

Mais j'admets que le mensonge de l'apprenant ne me dérange pas tellement : je trouve que c'est une réaction normale d'un individu immature. Quand, en revanche, ils ne reconnaissent pas, pris en flagrant délit, leur "faute", je monte dans les tours. Et vite.

scot69 a écrit:Je remarque surtout que ces mensonges prennent des proportions incroyables, souvent pour des détails complètement ridicules, et pour lesquels ils n'auraient souvent même pas été sanctionné s'ils avaient dit la vérité...

Ce n'est même pas tellement le mensonge qui me dérange, mais plutôt l'aplomb et le ton agressif qu'ils prennent: ils nous parlent d'égal à égal et je déteste ça.

c'est çà .... et dès le primaire !

Roxanne, ta remarque m'intéresse : je n'ai pas assez de recul (ce n'est que ma 4e rentrée) mais cette année (et l'an dernier avec une élève qui avait même l'air de croire son mensonge) je me suis fait la même réflexion... c'est inquiétant. Et ils n'ont pas l'air de voir où est le problème...

auléric a écrit:

Nita a écrit:Je ne trouve pas que les élèves mentent de plus en plus, je trouve qu'on les croit de plus en plus, et qu'ils "assument" moins, quand il sont pris en flagrant délit de mensonge, ils n'admettent pas ce qu'ils ont fait.

Mais j'admets que le mensonge de l'apprenant ne me dérange pas tellement : je trouve que c'est une réaction normale d'un individu immature. Quand, en revanche, ils ne reconnaissent pas, pris en flagrant délit, leur "faute", je monte dans les tours. Et vite.

scot69 a écrit:Je remarque surtout que ces mensonges prennent des proportions incroyables, souvent pour des détails complètement ridicules, et pour lesquels ils n'auraient souvent même pas été sanctionné s'ils avaient dit la vérité...

Ce n'est même pas tellement le mensonge qui me dérange, mais plutôt l'aplomb et le ton agressif qu'ils prennent: ils nous parlent d'égal à égal et je déteste ça.

c'est çà .... et dès le primaire !

J'ai lu une étude sur le manque de respect, et il ressortait que pour les élèves, parler "d'égal à égal" n'en était pas, du manque de respect.

Rendash a écrit:En revanche j'ai entendu un "ma tête c'est vrai"!  

"J’ai pas envie de travailler.

- on fait souvent des choses parce qu’on est obligé de les faire, pas parce qu’on en a envie …

-sur la vie de ma mère, j’ai pas envie !

-laisse ta mère en dehors de cette histoire !

-sur la vie de ma soeur !

-mais ta soeur n’est pas concernée, c’est entre toi et ton travail !

-sur la vie de ma table !”

WonderWoman a écrit:

Rendash a écrit:En revanche j'ai entendu un "ma tête c'est vrai"!  

"J’ai pas envie de travailler.

- on fait souvent des choses parce qu’on est obligé de les faire, pas parce qu’on en a envie …

-sur la vie de ma mère, j’ai pas envie !

-laisse ta mère en dehors de cette histoire !

-sur la vie de ma soeur !

-mais ta soeur n’est pas concernée, c’est entre toi et ton travail !

-sur la vie de ma table !”

Mais la table n'est pas concernée non plus ! :shock: :lol:

Et pourtant, elle devrait.

Les élèves sans doute - mais à l'image des adultes, dans une société qui semble avoir complètement perdu le sens du vrai et du faux. Je crois que certains n'ont même plus conscience de mentir.