Maitre-Aux depuis trois ans, j'hésite à rester dans l'enseignement.

Je poste en espérant pouvoir trouver un peu d'aide auprès de vous.

Maître auxiliaire depuis trois ans, je suis perdue entre le fait de quitter l'enseignement ou rester.

Les raisons qui font que j'ai envie de partir:

-le bruit quasi incessant, le fait de devoir toujours gueuler et sanctionner pour obtenir un semblant de calme et plus généralement, le fait de devoir faire de la discipline (je ne me sens pas du tout à l'aise avec ça, je n'arrive pas à m'imposer et les élèves en profitent).
-l'investissement personnel que nécessite ce métier, en cours mais surtout en dehors des cours, et le fait que le retour sur investissement soit proche du néant (pas ou peu de travail de la part des élèves, des connaissances qui sont zappées au bout de deux jours...)
-le fait de devoir toujours être en représentation, ce qui nécessite d'avoir une bonne forme physique et d' être au top moralement.
-les parents qui viennent t'expliquer comment faire ton boulot et qui contestent tout.
-les méthodes initiées par l'éducation nationale qui prônent le zapping et la futilité. Ça ne correspond pas à l'idée que je me fais de l'enseignement et ça me donne la désagréable sensation de participer à une mascarade...
-le sentiment tout simplement de ne pas être à ma place, pas suffisamment passionnée ni compétente pour pouvoir enseigner à un public de jeunes en devenir (c'est à mon sens une grosse responsabilité).

Celles qui me donnent envie de rester:

-le contact avec les jeunes, l'échange intéressant que j'ai avec eux quand un sujet les passionne.
-les anciens élèves qui me disent bonjour avec le sourire et qui viennent me voir pour me dire qu'ils m'appréciaient et appréciaient mes cours.

Je vous serais reconnaissante si vous pouviez m'apporter vos éclairages et/ou expériences.

Et bonsoir à tous, pardon pour l'impolitesse.

T'imagines-tu encore prof dans 5 ans, 10 ans?

Je ne sais pas. Dans l'état d'esprit où je suis en ce moment, j'aurais tendance à dire non. Je suis déjà lassée au bout de trois ans alors qu'est-ce que ça sera dans dix...

T'imagines tu dans une autre profession dans 5, 10 ans ?

Je me vois bien bibliothécaire (c'était ma première idée après mes études ; je suis arrivée dans l'enseignement par hasard) ou libraire.

perso j'ai 12 années d'enseignement et j'hésite encore à rester, après avoir passer l'agreg et multiples concours et entretiens je suis toujous au même endroit, avec des élèves qui n'en n'ont rien à f... et pas moyen d'avoir un poste en classe prepa donc si j'étais toi....

Je pense quand même rester ( je me suis trop investi pour partir) mais une chose est sûre : mes enfants ne feront JAMAIS prof !

bil36 a écrit:perso j'ai 12 années d'enseignement et j'hésite encore à rester, après avoir  passer l'agreg et multiples concours  et entretiens je suis toujous au même endroit, avec des élèves qui n'en n'ont rien à f... et pas moyen d'avoir un poste en classe prepa  donc si j'étais toi....

Je pense quand même rester ( je me suis trop investi  pour partir) mais une chose est sûre : mes enfants ne feront JAMAIS prof !

:shock:

"Mes chéris, que ça soit clair dans votre esprit, si vous entrez dans l'E.N., Papa et Maman vous feront découvrir l'intérieur du congélateur. Oui. Même à vingt-cinq ans."

Bil36: j'avais toujours dit que je ne ferais jamais le métier de ma mère.
Quand je suis entrée dans l'enseignement (au départ je n'étais censée faire qu'un contrat d'un mois ; c'était histoire de voir à quoi ça ressemblait), elle est tombée des nues et m'a dit que je faisais une belle c*******!

Bonsoir floxmulder,

Je me reconnais assez dans vos interrogations sur le métier d'enseignant et dans vos idées de reconversions éventuelles. De mon côté, je suis professeur stagiaire (enfin peut-on vraiment parler de stagiaire lorsque l'on nous impose à peine entré dans le métier un service complet à 18h?) et j'étais plongée, depuis quelques temps, dans les mêmes interrogations qui ont, à force de réflexion constante, fini par trouver leurs réponses. Partir ou rester? De mon côté et dans les circonstances actuelles qui sont celles des stagiaires lauréats de la session exceptionnelle du capes 2014, la réponse a été "partir" malgré tout ce que cela suppose après tant d'efforts pour devenir enfin professeur.

Merci pour ce témoignage, Araucaria.
Quel est ton choix de reconversion?

PS: merci de te présenter dans la section prévue pour cela: https://www.neoprofs.org/f26-votre-presentation

floxmulder tu es dans le privé? As-tu fait plusieurs établissements ?

Merci pour ton témoignage Araucaria. Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant?

Nicolatsar: oui je suis dans le privé. Je travaille sur deux établissements.

De rien pour le témoignage. Je pense faire un sujet sur les conditions de stage de certains stagiaires cette année car c'est franchement exagéré et on en parle très peu.
En ce qui concerne mon projet de reconversion, j'aimerais beaucoup trouvé un poste en bibliothèque, c'est un secteur qui m'a toujours attiré et dans lequel je m'imagine bien. J'espère vraiment y arriver car ça n'est vraiment pas facile cette situation, de devoir tout remettre en cause et recommencer à zéro alors que l'on vient d'obtenir son capes il y a 6 mois et tout cela à cause de conditions de stage qui ne sont juste pas possible à assumer.
Je comprends vraiment, floxmulder, certaines des raisons que tu énuméres notamment la charge de travail à fournir en dehors des heures passées au collège. Quand on vient d'entrer dans le métier et que l'on à 18h à assurer directement, c'est colossal et de nombreux stagiaires peinent réellement à s'en sortir!

J'ai presque 50 ans et je me suis posé la question tous les ans. Et encore aujourd'hui, inconsciemment je me la pose. Qu'est-ce qui fait que je reste ? La trouille peut-être ? J'ai une famille à nourrir et l'EN me rétribue quand même tous les mois. La fainéantise aussi, pourquoi partir et galérer alors que j'ai ma petite vie pépère... Par contre je me suis forgé une armure contre ces petits cons d'élèves, ces gros cons de parents, ces abrutis de la hiérarchie, ces médias ingrats, ces collègues fayots et incompétents (si si, y'en a), ces collègues dépressifs (y'en a aussi). Je terminerai fatigué mais satisfait du service rendu à tous ceux qui ont pu prendre ce que je leur donnais.

Et ce qui me fait rester c'est ça (pas l'orthographe):
Bonjour Mr ******,

Je vous envoie ce petit mail pour vous proposer des petites retrouvailles avec une partie de votre super classe de ***** 2007 – 2009 pour ce donnés des nouvelles autour d’un petit restaurent

Seront Présent : C*****, S*****, A*****, N*****, T*****, J***** et moi-même !

Dans l’attente de votre réponse, Bonne soirée !

C'est un message plutôt encourageant Whypee. Merci.

Les situations sont très diverses d'un établissement à l'autre. Je te conseille d'attendre de connaître plus d'établissements et de niveaux de classe pour te faire une idée. Les concours interne permettent de changer ton statu, passer de maitre aux à titulaire ça change beaucoup la façon d’appréhender le métier !

Une autre pour la route :

La semaine dernière je croise, dans un couloir du lycée, une tête qui me dit quelque chose. Je m'arrête et l'interpelle. C'est en effet un élève que je n'ai vu que le premier jour. Un peu gêné, il m'avoue à demi mot que mon cours ne l'intéresse pas. Je lui suggère quand même de venir pour voir un vrai cours (pas un cours de rentrée). Ce matin je le vois entrer et venir me dire que s'il était revenu c'était parce qu'il avait été très surpris que je l'interpelle par son nom de famille et qu'en plus j'ai conclu ma conversation par "à lundi Adrian". Un prof qui ne l'avait vu que 2 heures il y a six mois se souvenait de lui !

A la fin du cours j'ai eu le droit à un "A la semaine prochaine, monsieur."... Je n'ai pas eu le cœur de lui dire que c'était les vacances

C'est aussi pour ça que je reste.

Comme certains l'ont déjà dit ici, le métier est totalement différent suivant les établissements.
Je suis en REP, j'ai fait du collège et du lycée: trois métiers différents avec des enjeux et des questions différentes.
J'ai un collègue qui a changé d'établissement (loin de notre direction néfaste et incompétente) et avec le même public il me dit revivre, aussi bien dans son métier que le soir chez lui.
Ne te focalise pas sur ton expérience même si ca joue beaucoup et essaye de faire la différence entre le métier et ton établissement.
Si tu aimes ce métier et tu te vois le faire encore mais dans de meilleures conditions, change d'établissement. Si tu ne te vois pas, change de métier.
Phrase plus facile à écrire que sa réponse, j'en conviens.

Nicolatsar a écrit:Les situations sont très diverses d'un établissement à l'autre. Je te conseille d'attendre de connaître plus d'établissements et de niveaux de classe pour te faire une idée. Les concours interne permettent de changer ton statu, passer de maitre aux à titulaire ça change beaucoup la façon d’appréhender le métier !

En quoi ?

A part le fait que ma copine ait bien voulu être ma femme une fois que j'ai obtenu mon concours, je n'ai pas vu de changement...

Whypee a écrit:

Nicolatsar a écrit:Les situations sont très diverses d'un établissement à l'autre. Je te conseille d'attendre de connaître plus d'établissements et de niveaux de classe pour te faire une idée. Les concours interne permettent de changer ton statu, passer de maitre aux à titulaire ça change beaucoup la façon d’appréhender le métier !

En quoi ?

A part le fait que ma copine ait bien voulu être ma femme une fois que j'ai obtenu mon concours, je n'ai pas vu de changement...

C'est déjà un grand changement.
Perso celui là m'avait échappé. Faut- il que j'écrive au rectorat pour m'en plaindre?

balthamos a écrit:
C'est déjà un grand changement.
Perso celui là m'avait échappé. Faut- il que j'écrive au rectorat pour m'en plaindre?

Toi aussi tu t'es fait avoir ?

Je ne pense pas que le fait d'être titulaire de mon poste change fondamentalement ma façon de voir les choses. Je détesterai toujours autant corriger les rédactions, par exemple...

Bonjour,

ne pas aimer corriger je comprends c'est pas la tâche la plus simpa dans notre métier mais de la a detester ?
Détestais tu avant ? ou c'est recent ?

floxmulder a écrit:Je poste en espérant pouvoir trouver un peu d'aide auprès de vous.

Maître auxiliaire depuis trois ans, je suis perdue entre le fait de quitter l'enseignement ou rester.

Les raisons qui font que j'ai envie de partir:

-le bruit quasi incessant, le fait de devoir toujours gueuler et sanctionner pour obtenir un semblant de calme et plus généralement, le fait de devoir faire de la discipline (je ne me sens pas du tout à l'aise avec ça, je n'arrive pas à m'imposer et les élèves en profitent).

A voir si c'est un problème de public (auquel cas, il faut muter, ou quitter l'EN effectivement) ou si tu peux progresser en gestion de classe mais pour cela il faut un réel encadrement, le soutien de la hiérarchie, des formations de qualité, beaucoup lire et étudier la question (tenir un cahier où tu consignes après chaque heure ce qui t'a satisfait / ce qui n'allait pas / quelles réactions tu as eues par rapport à ce qui n'allait pas ; et définir pour l'heure suivante des décisions simples auxquelles tu te tiendras m'a personnellement bien aidée).

floxmulder a écrit:-l'investissement personnel que nécessite ce métier, en cours mais surtout en dehors des cours, et le fait que le retour sur investissement soit proche du néant (pas ou peu de travail de la part des élèves, des connaissances qui sont zappées au bout de deux jours...)

Problème très simple à régler : tu t'investis 1) en fonction de ton salaire et 2) en fonction du retour sur investissement des élèves. Ca reviendra apparemment dans ton cas à en faire moins, et tu verras que les élèves ne s'en rendront pas compte, et que tu auras plutôt moins de problèmes. Ca te permettra le cas échéant de te réinvestir dans la mesure que tu juges nécessaire. Et bosse ta matière pour ton plaisir (si tu n'aimes pas bosser ta matière, je te conseille effectivement de changer de voie).

floxmulder a écrit: -le fait de devoir toujours être en représentation, ce qui nécessite d'avoir une bonne forme physique et d' être au top moralement.

Et bien une fois que les points précédents ont été "réglés" (je ne m'investis plus dans le vide, et je mets au point une gestion de classe "sèche", sans représentation justement), on se sent mieux, on a plus d'énergie. Avec des élèves corrects on peut être relativement soi-même, et ça change beaucoup. Je le ressens plus en lycée qu'en collège donc ça rejoint aussi tes possibilités de mut.

floxmulder a écrit:-les parents qui viennent t'expliquer comment faire ton boulot et qui contestent tout.

Aucune réponse à donner à ces gens là, s'ils insistent tu transmets à ton chef. Nuisance = 0.

floxmulder a écrit:-les méthodes initiées par l'éducation nationale qui prônent le zapping et la futilité. Ça ne correspond pas à l'idée que je me fais de l'enseignement et ça me donne la désagréable sensation de participer à une mascarade...

Laisse-les parler dans le vide et fais ce que tu veux dans ta classe. Problème réglé.

floxmulder a écrit:-le sentiment tout simplement de ne pas être à ma place, pas suffisamment passionnée ni compétente pour pouvoir enseigner à un public de jeunes en devenir (c'est à mon sens une grosse responsabilité).

En te mettant moins la pression, tu pourras trouver plus de plaisir. Par contre sur la passion et la compétence, effectivement, je pense qu'elles doivent être là, ce sont même les bases essentielles pour tenir (je ne parle pas de la passion pour l'enseignement mais pour le contenu de sa matière).

En espérant avoir pu t'aider!