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John
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par John Sam 7 Fév 2015 - 0:41
Extrait :
Pour vous, y a-t-il encore un avenir pour un service public d'éducation, ou aspirez-vous à une libéralisation totale du système ? Mais alors, sur quel financement ?

Ah, les grands mots... Libéralisation totale... Qui en France aurait le mauvais goût d'y être favorable ? Concrètement, l'État doit garantir à tout élève une instruction de qualité suffisante pour qu'il puisse penser par lui-même, trouver un métier et apporter une contribution responsable à la vie de la cité. Y arrive-t-il aujourd'hui alors qu'il y a 40 % d'enfants en échec à l'entrée en sixième selon ses propres statistiques et un chômage des jeunes parmi les plus élevés d'Europe ? Non, à l'évidence. Alors, puisqu'il est incapable de se remettre en question pour devenir performant (l'horrible mot quand il s'agit d'une noble chose comme l'éducation !), il faut que ce système public tolère davantage qu'il ne le fait des alternatives à sa proposition éducative, dans le respect des lois de la République française, bien entendu. Condorcet lui-même le disait : l'école publique a besoin de l'émulation d'écoles privées pour donner au peuple le meilleur d'elle-même.

Je ne vois pas ce que cette approche aurait à voir avec une quelconque marchandisation de l'éducation, bien au contraire. Plus l'État prendra en charge le financement des alternatives à l'offre publique, plus la perspective d'une marchandisation du secteur éducatif s'éloignera. Mais si l'État refuse de financer le libre choix de l'école, alors fleuriront mille officines lucratives sur les décombres de l'Éducation nationale qui ne feront qu'accroître les inégalités de chances dans notre pays. Aujourd'hui, le privé n'est accessible qu'à ceux qui ont un réseau social et certains moyens financiers. Bref, un petit nombre de privilégiés, 20 % pour être précis. N'est-il pas temps pour l'État d'abolir les privilèges et de reconnaître que les pauvres aussi ont droit à inscrire leur enfant dans une école de leur choix s'ils le souhaitent ?

L'égalité des chances aujourd'hui passe par le droit à recevoir une instruction exigeante qui forme l'esprit solidement. Force est de constater qu'en dehors d'une poignée d'établissements publics prestigieux, c'est dans les écoles libres que l'on trouve aujourd'hui les meilleures formations. Il est donc temps, au nom de la justice, de trouver un moyen pour que tous puissent accéder à une école conforme à leurs besoins, quitte à inventer - en plus des écoles publiques, sous contrat ou hors contrat existantes - un nouveau type d'école plus libre dans sa pédagogie et son recrutement mais financée sur fonds public, soumise à des inspections indépendantes du ministère de l'Éducation nationale et à la publication obligatoire de ses résultats académiques. Une idée pour 2017 à n'en pas douter !
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-coffinier-c-est-dans-les-ecoles-libres-qu-on-trouve-les-meilleures-formations-06-02-2015-1902880_1886.php

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par Reine Margot Sam 7 Fév 2015 - 6:56
"Plus l'État prendra en charge le financement des alternatives à l'offre publique, plus la perspective d'une marchandisation du secteur éducatif s'éloignera"

Je ne vois pas en quoi le financement de sa propre concurrence par l'Etat va empêcher la marchandisation de l'école. C'est la mauvaise qualité de l'enseignement public aujourd'hui et le refus de toute exigence qui fait l'épanouissement des "officines" privées dont elle parle.

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par User21714 Sam 7 Fév 2015 - 7:04
Reine Margot a écrit:"Plus l'État prendra en charge le financement des alternatives à l'offre publique, plus la perspective d'une marchandisation du secteur éducatif s'éloignera"

Je ne vois pas en quoi le financement de sa propre concurrence par l'Etat va empêcher la marchandisation de l'école. C'est la mauvaise qualité de l'enseignement public aujourd'hui et le refus de toute exigence qui fait l'épanouissement des "officines" privées dont elle parle.

Tout à fait:
Sur 32 CM2 cette année dans notre école élémentaire, 12 demandent à aller vers le collège privé du secteur.
C'est énorme!
Petite structure, pas de cours le mercredi matin, des options sport très nombreuses...
Mon dernier fils ira, lui, au collège public du secteur malgré tout: gros effectifs, travail le Mercredi, peu d'options.
Qui veut noyer son chien...
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par Kolyma Sam 7 Fév 2015 - 7:32
Toujours cette foi inconditionnelle en le Marché... Un peu de concurrence pour stimuler l'Ecole publique et l'aider à se réformer. Il y a un petit côté darwinien sympathique dans cette théorie de l'incitation : seuls les meilleurs établissements, les meilleurs programmes, les meilleures pédagogies survivront, si on laisse aux parents le choix d'établir leurs gamins et au marché la tâche de mettre en relation l'offre et la demande d'éducation.

En fait, l'objectif et le résultat de la réforme proposée par Anne Coffinier serait surtout de précariser davantage les profs et autres travailleurs de l'éducation.

Une comparaison avec la SNCF (autre bureaucratie inefficace...) s'impose. Emmanuel Macron veut développer le commerce des autocars. Son idée est qu'un peu plus de concurrence dans le transport de voyageurs bénéficierait aux consommateurs (baisse des prix, hausse de la qualité) et conduirait la SNCF à se réformer (si elle souhaite survivre). Bon, en fait Macron n'a aucune idée des effets de sa réforme sur le marché du transport de voyageurs (aucune étude d'impact n'a été menée, comme l'a relevé le Conseil d'Etat), mais il sait en revanche qu'elle contribuera à mettre au pas les cheminots, l'un des rares corps de métiers qui soit encore capable de se mobiliser pour défendre ses droits sociaux.

Sic transit gloria mundi.

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« Quand on dit que l'éducation n'est pas une question de moyens, c'est qu'on s'apprête à les réduire... »
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par Iphigénie Sam 7 Fév 2015 - 10:17
D'un autre côté force est de constater que l'EN comme la SNCF ne fournissent plus un service satisfaisant. Et que peut-être nous n'avons effectivement plus les moyens, tout simplement, d'assurer de façon satisfaisante ce service.
Il n'y a qu'à voir le nombre d'enseignants du public qui ont leurs enfants dans le privé: je ne sais pas chez vous, mais chez nous c'est quasi tous (pour le primaire et le collège, pour le lycée un peu moins parce que les lycées privées sont loin, mais uniquement pour cela!).
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par Anaxagore Sam 7 Fév 2015 - 10:23
Iphigénie a écrit:D'un autre côté force est de constater que l'EN comme la SNCF ne fournissent plus un service satisfaisant. Et que peut-être nous n'avons effectivement plus les moyens, tout simplement, d'assurer de façon satisfaisante ce service.
Il n'y a qu'à voir le nombre d'enseignants du public qui ont leurs enfants dans le privé: je ne sais pas chez vous, mais chez nous c'est quasi tous.

C'est une affaire de réflexion et de volonté plus que d'autre chose.
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par Kolyma Sam 7 Fév 2015 - 10:43
Sujet de l'agrégation interne de SES : "Le marché est-il une solution efficace aux défaillances de l'Etat ?

Vous avez 7 heures.

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par User5899 Sam 7 Fév 2015 - 10:52
[Supprimé]


Dernière édition par John le Dim 8 Fév 2015 - 9:04, édité 1 fois (Raison : Cf. charte.)
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archeboc
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par archeboc Sam 7 Fév 2015 - 10:53
C'est une affaire de réflexion et de volonté plus que d'autre chose.

Cette affirmation me pose des problèmes. Elle laisse entendre qu'il n'y a pas de difficulté systémique qui empêche que les choses se passent bien. Elle ressemble à une version bien éduquée du "yaka, focon".

L'absence de réflexion que vous dénoncez a toutes les apparences d'une faillite de l'expertise politique et pédagogique sur l'école. L'absence de volonté, de son côté, est d'abord une absence d'ambition.

Ainsi, La défaite de l'école ne trouve pas sa cause première dans l'incurie de quelques décideurs incapables qu'il suffirait d'écarter. Si l'incurie se maintient si longtemps, si elle trouve des appuis solides dans le monde politique et médiatique, c'est qu'il y a des causes plus profondes.
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User5899
Demi-dieu

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par User5899 Sam 7 Fév 2015 - 10:59
Bien sûr qu'il y a des causes plus profondes. Tout le mouvement de structure depuis quarante ans a consisté à abattre, avec l'aide enthousiaste d'un certain nombre de sapeurs particulièrement pompiers et pompants, tous les murs maîtres de la construction, au premier rang desquels la maîtrise du langage. L'école ne peut plus exister que comme centre d'occupation, sa défaite est patente et quasiment définitive, et si l'on devait reprocher quelque chose aux décideurs politiques, ce serait d'avoir laissé à leurs postes un certain nombre d'idéologues dont le but constant était de parvenir à ce résultat. De ce point de vue, le SGEN et l'UNSA devraient avoir de sérieux comptes à rendre si l'envie prenait certains responsables de sanctionner des actes aussi délibérés que honteux.
Kelem
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par Kelem Sam 7 Fév 2015 - 10:59
Curieux cette tendance qui consiste à se dire "Fondation reconnue d'utilité publique" aux fonds entièrement privés et à oublier systématiquement de préciser que les dons privés sont déductibles partiellement des impôts... Fondation pour l'école, Ifrap, même combat pour l'honnêteté intellectuelle. Rolling Eyes
Robin
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par Robin Sam 7 Fév 2015 - 11:06
Les "officines" privées (sans doute pas toutes) jouent souvent un rôle positif dans l'offre éducative.

Dans le centre de formation où je travaille depuis ma retraite de l'EN, nous sommes tous, soit certifiés, soit au moins à bac + 5 et nous récupérons des élèves abîmés par le système, par exemple, il y a trois ans une élève qui est retournée dans le système en seconde et que nous avons scolarisée en cours de 4ème (déscolarisation pour harcèlement grave). L'enseignement privé sous contrat joue également un rôle de filet de protection, de solution de rechange pour les parents. L'enseignement public n'a pas que des défauts, les professeurs sont en général plus diplômés, mais le système est sapé depuis des années (avec une accélération notable dans les années 90) par l'abaissement des exigences et du niveau et l'idéologie pédagogiste.

Le système est conçu pour les tout venants et laisse sur le bord de la route les élèves "lents" qui ont des difficultés qui nécessitent une aide individualisée par un spécialiste de la matière et les élèves doués qui s'ennuient et qui voudraient aller plus loin.

Je suis réticent au sujet de la création d'écoles totalement privées à cause des dérives possibles, mais je trouve que ce que fait Anne Coffinier et son association dans les banlieues (uniforme, exigences scolaires et comportementales...) mérite l'attention et le respect.
Iphigénie
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Prophète

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par Iphigénie Sam 7 Fév 2015 - 11:17
Je crois plus profondément qu'il y a une distorsion totale entre le rêve d'une école égalitaire (voulue par effectivement des décideurs baignés d'idéologie qui tiennent les rênes depuis des décennies, formés par une université et une recherche en sciences de l'éduc qui "baigne dans son jus") et une société et un monde devenus de plus en plus inégalitaires. Tant qu'on continue de rêver, on est juste à côté de la plaque. L'école ne pourra jamais changer le monde, elle ne l'a jamais fait d'ailleurs,(c'est une illusion d'optique) : c'est le monde et ses facteurs économiques qui la changent elle!  , par contre elle doit permettre de pouvoir y nager et prendre sa place, au-delà de prendre ses repères: là elle vise juste à faire couler tout le monde.
Pour le privé, on peut regretter ou rêver de, mais c'est un fait: il y a désormais en France deux systèmes d'enseignement: le public, qui sombre de plus en plus vers un service d'assistance  sociale, et le privé qui répond à la demande de ceux qui veulent autre chose, pour le meilleur ou pour le pire: ce n'est pas un futur à envisager ou refuser, c'est une réalité de fait. Et d'ailleurs le privé est tout autant inégalitaire en interne que dans la concurrence entre public et privé.
ycombe
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par ycombe Sam 7 Fév 2015 - 14:20
Robin a écrit:Les "officines" privées (sans doute pas toutes) jouent souvent un rôle positif dans l'offre éducative.

C'est un peu vite dit. Il y a pas mal de bahuts privés qui ne valent pas le public d'à côté. On voit des familles partir en râlant et revenir la queue basse. Sur le gros bahut privé d'à côté, c'est comme dans le public: il faut prendre les bonnes options (ils ont russe et chinois).

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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".

Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
kero
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Grand sage

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par kero Sam 7 Fév 2015 - 14:25
Iphigénie a écrit:Je crois plus profondément qu'il y a une distorsion totale entre le rêve d'une école égalitaire (voulue par effectivement des décideurs baignés d'idéologie qui tiennent les rênes depuis des décennies, formés par une université et une recherche en sciences de l'éduc qui "baigne dans son jus") et une société et un monde devenus de plus en plus inégalitaires.

Tout est là, en fait.
Robin
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par Robin Sam 7 Fév 2015 - 15:14
kero a écrit:
Iphigénie a écrit:Je crois plus profondément qu'il y a une distorsion totale entre le rêve d'une école égalitaire (voulue par effectivement des décideurs baignés d'idéologie qui tiennent les rênes depuis des décennies, formés par une université et une recherche en sciences de l'éduc qui "baigne dans son jus") et une société et un monde devenus de plus en plus inégalitaires.

Tout est là, en fait.

Le paradoxe réside dans le fait que les idéologues auxquels vous faites allusion se disent "de Gauche", "progressistes", etc., alors que la persistance de la méthode globale à l’École primaire, la renonciation à la transmission de savoirs explicites, notamment en français (vocabulaire, grammaire, conjugaison...) défavorisent essentiellement les enfants des milieux déjà défavorisés. Les parents des autres ont les moyens soit matériels, soit intellectuels ou les deux de réparer les dégâts en les aidant ou en leur faisant donner des cours particuliers. Alors qui sont les plus "réac." ?

Antonio Gramsci fondateur du PCI, emprisonné par les fascistes a dit tout ce qu'il y avait à dire là-dessus et en a payé le prix. Le problème, c'est que l'idéologie officielle de l'EN s'est aligné sur les idées des adversaires (fascistes) de Gramsci et de leurs homologues, en France, sous le régime de Pétain. En résumé : il ne faut pas instruire les enfants des classes populaires. Cherchez l'erreur.

Il suffit de passer quelques jours dans un collège Lamda pour mesurer la responsabilité de l'institution (je ne parle pas des enseignants qui font ce qu'ils peuvent) dans la persistance des  inégalités et des incivilités graves (insultes, violences, brimades, harcèlement...)

L'une des caractéristiques des collèges crées dans les banlieues difficiles de la Fondation pour l’École, outre le souci de transmettre des savoirs explicites et des effectifs limités est l'extrême attention portée aux questions éthiques et comportementales est la cohésion éducative entre les parents, l’administration et les enseignants.
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par Edgar Sam 7 Fév 2015 - 17:33
Iphigénie a écrit:Je crois plus profondément qu'il y a une distorsion totale entre le rêve d'une école égalitaire (voulue par effectivement des décideurs baignés d'idéologie qui tiennent les rênes depuis des décennies, formés par une université et une recherche en sciences de l'éduc qui "baigne dans son jus") et une société et un monde devenus de plus en plus inégalitaires. Tant qu'on continue de rêver, on est juste à côté de la plaque. L'école ne pourra jamais changer le monde, elle ne l'a jamais fait d'ailleurs,(c'est une illusion d'optique) : c'est le monde et ses facteurs économiques qui la changent elle!  , par contre elle doit permettre de pouvoir y nager et prendre sa place, au-delà de prendre ses repères: là elle vise juste à faire couler tout le monde.
Pour le privé, on peut regretter ou rêver de, mais c'est un fait: il y a désormais en France deux systèmes d'enseignement: le public, qui sombre de plus en plus vers un service d'assistance  sociale, et le privé qui répond à la demande de ceux qui veulent autre chose, pour le meilleur ou pour le pire: ce n'est pas un futur à envisager ou refuser, c'est une réalité de fait. Et d'ailleurs le privé est tout autant inégalitaire en interne que dans la concurrence entre public et privé.

Je perçois moi-même en France l'augmentation de la distortion entre les discours politiques qui s'allient aux discours officiels au sein de notre institution et qui me paraissent de moins en moins en lien avec une société de plus en plus pragmatique, réaliste et individualiste : en gros, on ne conteste pas publiquement ni sur le plan idéologique l'idée d'une France unie sur des valeurs communes, une République intégratrice et démocratique (s'y opposer, ce serait moche, ce serait vulgaire et ça ferait FN, c'est mal vu) mais en revanche on se protège de ce que l'on estime être ses corollaires négatifs dont on n'ira jamais ouvertement critiquer la source : on cherche donc à se loger dans un quartier dans lequel on ne sera pas exposé à une école trop ouverte à des jeunes en difficulté/et à problèmes ou d'origine africaine (les deux étant souvent liés) quitte à payer très cher son logement, et même dans ce cas, on cherche à se protéger d'une incapacité du public à gérer les problèmes de discipline en mettant ses enfants dans le privé de plus en plus censé être garant d'une éducation de meilleure qualité que le public (même si les professeurs du privé ne sont pas forcément les meilleurs pédagogues), on préfère éviter l'absentéisme fréquent et non solutionné de certains professeurs du public en dépression, on n'en n'a que faire au fond de la situation sociale dramatique dans laquelle la France post coloniale se trouve aujourd'hui si ce n'est qu'il ne faut pas que l'on soit gêné dans son parcours personnel. On ne votera pas FN, trop populo, mais on en épouse finalement les constats en tentant de se protéger quand on le peut au maximum du marasme dans lequel nous baignons. Ceux qui ne peuvent pas s'en protéger car par assez riches, il leur reste le vote FN, mais c'est mal vu. On est donc tous d'accords sur le fond, chacun fait ensuite selon ses moyens.

Je pense que se lamenter sur le recours de plus en plus fréquent au privé est déjà anachronique car le mouvement est lancé et sans espoir de retour. Le pays se transforme et ses valeurs aussi en souterrain. A part dans certains quartiers, et Najat Vallaud Belkacem, en voulant réviser les conditions de sectorisation pour casser les écoles ghettos, ne va faire qu'accélérer la fuite vers le privé même dans des écoles qui étaient encore à peu près préservées. Non qu'elle ait tort sur le plan idéologique, mais sur le plan pratique, c'est je pense la fin de l'école publique à la française qu'elle précipite, s'ouvrant vers une école publique de 2nde classe et une école privée prenant les rênes de ce qui sera considéré comme un environnement social et éducatif favorable. Même les gens défavorisés qui auront une petite ambition pour leurs enfants se débrouilleront pour les mettre dans le privé.  Le mouvement est sans retour. Mais c'est peut-être impossible de faire autrement dans une école massifiée et ouverte à tous. On aurait sûrement pu prédire cela il y a 40 ans.
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par Luigi_B Sam 7 Fév 2015 - 18:12
Précision quand même : après vérification, le privé hors contrat, c'est un dixième des établissements privés. Lesquels ne représentent que 13,6% des établissements (16,7% des élèves) en 2011-12.

Bref on n'est pas loin du 1% de hors contrat. Anne Coffinier, au passage une des égéries de la "Manif pour tous", est mal choisie pour représenter le privé. Et sa proximité avec l'iFRAP, ce think tank libéral qui s'évertue avec une belle constance à dézinguer l'école publique, est effectivement instructive.

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par Presse-purée Sam 7 Fév 2015 - 18:26
ycombe a écrit:
Robin a écrit:Les "officines" privées (sans doute pas toutes) jouent souvent un rôle positif dans l'offre éducative.

C'est un peu vite dit. Il y a pas mal de bahuts privés qui ne valent pas le  public d'à côté. On voit des familles partir en râlant et revenir la queue basse. S

+1

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"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
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par Invité Sam 7 Fév 2015 - 18:37
Robin a écrit:
Le problème, c'est que l'idéologie officielle de l'EN s'est aligné sur les idées des adversaires (fascistes) de Gramsci et de leurs homologues, en France, sous le régime de Pétain. En résumé : il ne faut pas instruire les enfants des classes populaires. Cherchez l'erreur.

Et bien, dans l’amalgame on doit quand même frôler un record du monde...

Robin a écrit:
Il suffit de passer quelques jours dans un collège Lamda pour mesurer la responsabilité de l'institution (je ne parle pas des enseignants qui font ce qu'ils peuvent) dans la persistance des  inégalités et des incivilités graves (insultes, violences, brimades, harcèlement...)

Il faut arrêter : il y des tas de "collèges lambda" où les choses se passent tout à fait correctement. On a l'impression que c'est l'apocalypse sur tout le territoire...
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par Luigi_B Sam 7 Fév 2015 - 18:50
ycombe a écrit:Il y a pas mal de bahuts privés qui ne valent pas le  public d'à côté. On voit des familles partir en râlant et revenir la queue basse.
Il y a peu, j'ai fait passer le bac aux candidats de Daniel et de Daniélou (respectivement lycée privé juif hors contrat à Levallois et lycée privé catholique sous contrat à Rueil-Malmaison).

L'abîme était vertigineux (en faveur de Daniélou).

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par Anaxagore Sam 7 Fév 2015 - 18:54
Tamerlan a écrit:
Robin a écrit:
Le problème, c'est que l'idéologie officielle de l'EN s'est aligné sur les idées des adversaires (fascistes) de Gramsci et de leurs homologues, en France, sous le régime de Pétain. En résumé : il ne faut pas instruire les enfants des classes populaires. Cherchez l'erreur.

Et bien, dans l’amalgame on doit quand même frôler un record du monde...

Ah oui?

"Et ce n’est pas un hasard si, en 1940 et 1941, le Maréchal Pétain, dont l’attachement à la
démocratisation est bien connu, prend deux mesures destinées à briser ce mouvement : une première
fermeture des Écoles normales qui recrutent alors les maîtres dans le vivier des EPS, et la
suppression de ces dernières transformées par le ministre Jérôme Carcopino en collèges modernes
intégrés au secondaire. Sur les motivations qui ont conduit à cette deuxième décision, aucun doute : il
s’agit bien à l’époque, comme Antoine Prost le reconnaît, de mettre fin à une concurrence qui a
tourné à l’avantage des EPS, et, pour certains, au cauchemar.
   Or les Écoles normales rouvriront en 1945, mais pas les EPS. Et bien que les collèges
modernes aient hérité en partie après la Libération de leurs qualités notamment en recueillant leurs
enseignants, l’aiguillon de la compétition entre le secondaire et une école du peuple ne séparant pas
hautes conceptions théoriques et enseignement pratique a disparu avec elles. En homme clairvoyant,
le très cultivé et très conservateur Jérôme Carcopino avait visé le cœur de la révolution de
l’Instruction publique, déjà bien affaibli puisqu’il ne tentera pas de renaître en 1945. Par cette
exécution, il orientait toute réflexion réformatrice ultérieure sur la voie unanimiste, et moins
dangereuse à ses yeux pour la hiérarchie sociale, de l’école unique...
   Le spectre d’une démocratisation du savoir réalisée dans un système dual et concurrentiel sur le
plan social devait pourtant hanter longtemps encore les décideurs. Commentant la suppression par la
réforme Fouché de 1963 des classes de fin d’études primaires, c’est-à-dire des derniers vestiges, à
l’époque bien délabrés, de l’école buissonnienne, Antoine Prost souligne que cette mesure a été
prise « pour éviter de voir renaître de ses cendres un nouveau primaire supérieur. »
"
LIRE ÉCRIRE COMPTER - LA PÉDAGOGIE OUBLIÉE
Choix d'articles du Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire de Ferdinand BUISSON Textes choisis et commentés par Michel DELORD et Guy MOREL Avant propos.
www.instruire.fr

NB: EPS signifiant Écoles Primaires Supérieures
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par Invité Sam 7 Fév 2015 - 19:05
Anaxagore a écrit:
Tamerlan a écrit:
Robin a écrit:
Le problème, c'est que l'idéologie officielle de l'EN s'est aligné sur les idées des adversaires (fascistes) de Gramsci et de leurs homologues, en France, sous le régime de Pétain. En résumé : il ne faut pas instruire les enfants des classes populaires. Cherchez l'erreur.

Et bien, dans l’amalgame on doit quand même frôler un record du monde...

Ah oui?

"Et ce n’est pas un hasard si, en 1940 et 1941, le Maréchal Pétain, dont l’attachement à la
démocratisation est bien connu, prend deux mesures destinées à briser ce mouvement : une première
fermeture des Écoles normales qui recrutent alors les maîtres dans le vivier des EPS, et la
suppression de ces dernières transformées par le ministre Jérôme Carcopino en collèges modernes
intégrés au secondaire. Sur les motivations qui ont conduit à cette deuxième décision, aucun doute : il
s’agit bien à l’époque, comme Antoine Prost le reconnaît, de mettre fin à une concurrence qui a
tourné à l’avantage des EPS, et, pour certains, au cauchemar.
   Or les Écoles normales rouvriront en 1945, mais pas les EPS. Et bien que les collèges
modernes aient hérité en partie après la Libération de leurs qualités notamment en recueillant leurs
enseignants, l’aiguillon de la compétition entre le secondaire et une école du peuple ne séparant pas
hautes conceptions théoriques et enseignement pratique a disparu avec elles. En homme clairvoyant,
le très cultivé et très conservateur Jérôme Carcopino avait visé le cœur de la révolution de
l’Instruction publique, déjà bien affaibli puisqu’il ne tentera pas de renaître en 1945. Par cette
exécution, il orientait toute réflexion réformatrice ultérieure sur la voie unanimiste, et moins
dangereuse à ses yeux pour la hiérarchie sociale, de l’école unique...
   Le spectre d’une démocratisation du savoir réalisée dans un système dual et concurrentiel sur le
plan social devait pourtant hanter longtemps encore les décideurs. Commentant la suppression par la
réforme Fouché de 1963 des classes de fin d’études primaires, c’est-à-dire des derniers vestiges, à
l’époque bien délabrés, de l’école buissonnienne, Antoine Prost souligne que cette mesure a été
prise « pour éviter de voir renaître de ses cendres un nouveau primaire supérieur. »
"
LIRE ÉCRIRE COMPTER - LA PÉDAGOGIE OUBLIÉE
Choix d'articles du Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire de Ferdinand BUISSON Textes choisis et commentés par Michel DELORD et Guy MOREL Avant propos.
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NB: EPS signifiant Écoles Primaires Supérieures

J'aurais dû être plus clair. Ma remarque était sur le lien direct entre Vichy et situation actuelle...
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Interview d'Anne Coffinier par Jean-Paul Brighelli Empty Re: Interview d'Anne Coffinier par Jean-Paul Brighelli

par Anaxagore Sam 7 Fév 2015 - 19:07
Vous avouerez qu'il y a quand même un gros malaise à la base de la rhétorique "progressiste" de l'après-guerre. Malaise qui n'est pas sans conséquences pour la suite...
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Interview d'Anne Coffinier par Jean-Paul Brighelli Empty Re: Interview d'Anne Coffinier par Jean-Paul Brighelli

par Invité Sam 7 Fév 2015 - 19:11
Anaxagore a écrit:Vous avouerez qu'il y a quand même un gros malaise à la base de la rhétorique "progressiste" de l'après-guerre. Malaise qui n'est pas sans conséquences pour la suite...

Je n'avoue jamais rien. C'est un principe de vie Razz
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