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Contre la lente asphyxie de l'université, une mobilisation clairsemée (Le Monde.fr) Empty Contre la lente asphyxie de l'université, une mobilisation clairsemée (Le Monde.fr)

par nad' Lun 9 Mar 2015 - 19:10

« Service public on t'aime et on veut te sauver ! » A la sortie du métro Place-Monge, des grappes d'étudiants, banderoles enroulées sur les épaules, entonnent déjà les slogans du rassemblement contre l'austérité budgétaire à l'université. Ils filent le pas léger jusque au pied des grilles du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, 21 rue Descartes à Paris, où 300 personnes engorgent le carrefour fermé à la circulation, ce jeudi 5 mars.

Les bannières des syndicats de l'enseignement supérieur flottent au-dessus des têtes. Sous celle de l'UNEF, William Martinet, son président, est appuyé sur une barrière. Ses camarades viennent de remettre au cabinet de Geneviève Fioraso une pétition de 5 000 signatures contre l'austérité budgétaire à la fac. La ministre est absente. Elle se repose à Grenoble après avoir annoncé le même jour sa démission du gouvernement pour raisons de santé. « La situation des universités est catastrophique, assène-t-il. C'est la première fois qu'elles sont confrontées à un budget d'austérité aussi dur : 200 millions manquent pour assurer leur bon fonctionnement et s'ils ne sont pas compensés, les universités devront effectuer des coupes pour équilibrer leur budget, comme c'est le cas déjà à la fac d'Orsay où des cours ont été supprimés et à Lyon-II où les vacataires ne sont plus payés depuis six mois. »

http://campus.lemonde.fr/campus/article/2015/03/06/contre-la-lente-asphyxie-de-l-universite-une-mobilisation-clairsemee_4588866_4401467.html
Ashtrak
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par Ashtrak Lun 9 Mar 2015 - 19:39
Mais qui veut d'une Université qui fasse du bon boulot en France ?

- Les politiques qui l'utilisent pour placer le plus grand nombre et eviter une inscription trop précoce à Pôle Emploi (50% d'une classe d'âge en L3, c'est au moins 25% de trop) ?
- Les Présidents d'Université, qui semblent plus concernés dans leur grande majorité, par leur pouvoir que par autre chose (suivre la CPU et ses travaux est parfois déroutant) ?
- Les chercheurs (certains, trop à mon goût) qui veulent faire de la recherche mais qui ne veulent pas entendre parler d'un financement autre que celui de l'Etat (et qui refusent de voir la réalité en face) ?
- Les étudiants (notamment les syndicats majoritaires) qui ne veulent pas de "droits spécifiques" et qui ainsi appauvrissent l'Université et/ou qui ne veulent pas de sélection à l'entrée du M1 et qui ainsi favorisent la médiocrité et/ou qui rechignent à partir à l'étranger, à parler anglais, etc... et qui ainsi contribuent à la mauvaise image de l'Université française ?
- Les entreprises, qui ne font pas confiance à l'Université et qui possèdent le réflexe "réseau" et/ou "grandes "écoles" ?

Moi qui suis d'une double culture, je peux vous dire que l'Université française est l'exemple parfait du proverbe "l'arbre qui cache la forêt". Pour quelques universités de très grande qualité, on reste stupéfait devant la médiocrité du reste (du président aux étudiants). Il me semble que l'Université n'est plus un symbole pour la France et que la disjonction qui s'annonce avec l'autonomie de celles-ci le montrera bien : d'un coté des Universités (très peu) qui s'inscriront dans une recherche mondiale et de l'autre, de petits établissements de province (au sens péjoratif du terme) qui feront de la formation pour adulte en cours du soir (pour le pognon) et de vagues diplômes non reconnus par le monde de l'entreprise (pour faire plaisir au pouvoir).

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par Marcel Khrouchtchev Lun 9 Mar 2015 - 19:44
Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.
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par Nom d'utilisateur Lun 9 Mar 2015 - 19:56
Ashtrak a écrit:- Les chercheurs (certains, trop à mon goût) qui veulent faire de la recherche mais qui ne veulent pas entendre parler d'un financement autre que celui de l'Etat (et qui refusent de voir la réalité en face) ?

Qu'on doive (c'est mon avis) cesser de tourner le dos aux acteurs du secteur économique et, plus généralement, de la société , c'est une chose : savoir que nos étudiants seront possiblement vendeurs, cadre commerciaux, secrétaires, agents immobiliers etc., en tenir compte. Mais pour les financements de la recherche, c'est une toute autre paire de manches ! Si en Eco-Droit, par exemple, les passerelles avec les entreprises se comprennent, en Lettres, LLCE, linguistique, philosophie ou histoire - pour ne citer que ceux-là que je connais à divers titres -, c'est un véritable casse-tête. Aux entreprises, aussi, de... comment dit la chanson ? "Se bouger". Nous avons, à mon avis, des choses à leur offrir dans les plus pointues de nos formations - EDIT : et, partant, de notre recherche - en apparence les moins business-friendly. Sans pour autant modifier perspectives et exigences de ces formations.
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par User5899 Lun 9 Mar 2015 - 20:12
Marcel Khrouchtchev a écrit:Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.
Vous avez pleinement raison. Pourtant, et j'en connais une victime très proche, une bonne partie des facs ne recrutent plus que de prétendus professionnels aux connaissances scientifiques contestables et se vautrent dans ce qui les tuera avec la volupté de Siegfried et Brünhilde à la fin de Siegfried... Je vous plains, vaillants universitaires, je vous plains de tout coeur.
Dr Raynal
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par Dr Raynal Lun 9 Mar 2015 - 20:15
Marcel Khrouchtchev a écrit:Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.

Je rappelle qu'ils ne sont même pas reconnus par l'éducation nationale...
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par dandelion Lun 9 Mar 2015 - 20:20
Je me souviens d'une de mes étudiantes en Angleterre qui passait un diplôme de français et est ensuite entrée dans un cabinet de comptabilité. L'entreprise l'a choisie car elle avait eu de bons résultats, purement académiques, avec séjour à l'étranger, puis s'est chargée de la former. Les grandes universités étrangères professionnalisent-elles également leurs cursus ou innovons-nous là encore?
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par Ashtrak Lun 9 Mar 2015 - 20:38
Marcel Khrouchtchev a écrit:Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.

Si je voulais prendre votre réponse négativement, je dirais : "Voilà exactement le problème français !" Considérer, lorsque l'on est chercheur, que l'Université n'a aucun compte à rendre à la société civile. Et quand je dis société civile, je parle non seulement des entreprises qui recrutent des jeunes mais aussi des jeunes qui vont se former intellectuellement à l'Université pour ensuite s'intégrer au sein de la société par leur travail (qu'ils ne trouveront que si on leur donne du travail). Une opposition stérile, où le perdant est connu à l'avance : d'ailleurs, il a déjà perdu (cf. Les 100 millions qui manquent pour 2016).

Si je voulais prendre votre réponse plus positivement, je dirais que vous ne m'avez pas compris, que vous avez répondu trop vite et que vous êtes enfermé dans cette vision si typiquement française d'une opposition entreprise/université. Mais ce n'est pas mon cas. Pour moi, parler de reconnaissance par le monde de l'entreprise, ce n'est pas inféoder l'université à l'entreprise : c'est pratiquer l'excellence à l'Université de manière à ce que l'entreprise veuille recruter les jeunes issus de cette université pour pouvoir bénéficier de leurs talents. Une stratégie gagnant/gagnant, si l'on veut utiliser ce genre de slogan réducteur : l'université doit former des chercheurs ET doit aussi permettre l'intégration des jeunes qui ne deviendront pas chercheurs ; l'entreprise doit progresser par "acquisition" des connaissances et de la capacité à réfléchir des jeunes diplômés. Or, si l'entreprise ne reconnaît aucune qualité à ces jeunes, elle se détourne de l'Université. Et elle crée, par les chambres de commerce, par le lobbying, par tous les moyens à sa disposition, de quoi détourner les fonds qui devraient revenir à l'Université. Et Où croyez-vous que l'Université va aller chercher les fonds nécessaires à son fonctionnement dans le cadre la loi RCE ?

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par Ashtrak Lun 9 Mar 2015 - 20:42
Nom d'utilisateur a écrit:
Ashtrak a écrit:- Les chercheurs (certains, trop à mon goût) qui veulent faire de la recherche mais qui ne veulent pas entendre parler d'un financement autre que celui de l'Etat (et qui refusent de voir la réalité en face) ?

Qu'on doive (c'est mon avis) cesser de tourner le dos aux acteurs du secteur économique et, plus généralement, de la société , c'est une chose : savoir que nos étudiants seront possiblement vendeurs, cadre commerciaux, secrétaires, agents immobiliers etc., en tenir compte. Mais pour les financements de la recherche, c'est une toute autre paire de manches ! Si en Eco-Droit, par exemple, les passerelles avec les entreprises se comprennent, en Lettres, LLCE, linguistique, philosophie ou histoire - pour ne citer que ceux-là que je connais à divers titres -, c'est un véritable casse-tête. Aux entreprises, aussi, de... comment dit la chanson ? "Se bouger". Nous avons, à mon avis, des choses à leur offrir dans les plus pointues de nos formations - EDIT : et, partant, de notre recherche - en apparence les moins business-friendly. Sans pour autant modifier perspectives et exigences de ces formations.

Ce casse-tête, comme vous dites est, à mon avis, le problème majeur auquel il faut se confronter dès maintenant. Car l'Université a beaucoup à apporter à condition qu'elle comprenne que sa source future de financement est exactement là où elle pense que se situe l'ennemi, le diable, le grand méchant loup.
L'Université à un rôle qui ne doit pas être celui de récupérer tous les lycéens d'un niveau si affligeant que personne ne veut les accepter.

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par Marcel Khrouchtchev Lun 9 Mar 2015 - 20:57
Ashtrak a écrit:Considérer, lorsque l'on est chercheur, que l'Université n'a aucun compte à rendre à la société civile.

Comme ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout ce que je pense (et à mon avis pas non plus ce que j'ai écrit), je pense que la conversation part du mauvais pied Wink
Pour le reste, n'étant pas très à l'aise avec les discours du genre "gagnant-gagnant", je crois que j'ai effectivement répondu trop vite et perdu une occasion de me taire Very Happy
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par Ashtrak Lun 9 Mar 2015 - 21:05
Cripure a écrit:
Marcel Khrouchtchev a écrit:Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.
Vous avez pleinement raison. Pourtant, et j'en connais une victime très proche, une bonne partie des facs ne recrutent plus que de prétendus professionnels aux connaissances scientifiques contestables et se vautrent dans ce qui les tuera avec la volupté de Siegfried et Brünhilde à la fin de Siegfried... Je vous plains, vaillants universitaires, je vous plains de tout coeur.

Il me semble que ce que vous dites est un bon exemple de ce que j'avance : chaque acteur détruit l'université :
- celui qui recrute un vacataire non qualifié, construit indirectement la futur ignorance
- celui qui ose venir enseigner à l'Université en étant une buse mais qui n'en a pas honte prouve qu'il ne respecte pas cette institution et construit lui aussi (directement) la future ignorance ,
- l'université qui ne vérifie même pas qui effectue les cours (pas de vérification de cv au moins ?) approuve la future ignorance,
- l'Etat, qui impose une rémunération des vacataires tellement faible, avec des délais de six mois minimum de paiement, décourage ceux qui ont du talent mais qui ne veulent pas travailler pour rien, et pousse finalement les universitaires à se tourner vers les buses sus-nommées ; comme de plus, il n'y a pas de recrutement...
- les étudiants, enfin, qui, par la voie de leurs syndicats, ne parlent jamais d'excellence mais qui, au contraire, semblent surtout intéressés par tout ce qui va dans le "sens opposé".

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par Nom d'utilisateur Lun 9 Mar 2015 - 21:18
Ashtrak a écrit: là où elle pense que se situe l'ennemi, le diable, le grand méchant loup.

Cette vision n'est ni la mienne, ni celle de mes collègues immédiats. Je suggérais, en revanche : c'est dans les deux sens qu'il faut aller. Ce que je raconte sur les langues, l'activité de langage et telle langue intéresse au premier chef un conseiller en communication, divers échelons d'une DRH, un publicitaire etc. C'est une bataille pour obtenir que cette information soit présente dans les brochures et dépliants - nous la menons. Aux recruteurs, chercheurs de tête, entrepreneurs, aussi, de s'ouvrir à ces savoir-faire.
Oups, pas le temps de relire..
Ashtrak
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par Ashtrak Lun 9 Mar 2015 - 21:23
Nom d'utilisateur a écrit:
Ashtrak a écrit: là où elle pense que se situe l'ennemi, le diable, le grand méchant loup.

Cette vision n'est ni la mienne, ni celle de mes collègues immédiats. Je suggérais, en revanche : c'est dans les deux sens qu'il faut aller. Ce que je raconte sur les langues, l'activité de langage et telle langue intéresse au premier chef un conseiller en communication, divers échelons d'une DRH, un publicitaire etc. C'est une bataille pour obtenir que cette information soit présente dans les brochures et dépliants - nous la menons. Aux recruteurs, chercheurs de tête, entrepreneurs, aussi, de s'ouvrir à ces savoir-faire.
Oups, pas le temps de relire..

Oui, vous avez raison. C'est pour cela que je parlais aussi, dans mon post initial, de cette paresse des entreprises à ne recruter que selon un "réseau" ou selon un réflexe qui ferait des "grandes écoles" la panacée, même lorsque les "écoles" en question ne sont pas si grandes. Les incompréhensions Université/entreprises sont issues des visions parfois caricaturales que les deux ont chacune de l'autre.

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User5899
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par User5899 Lun 9 Mar 2015 - 21:33
Ashtrak, plein accord.
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par Kimberlite Lun 9 Mar 2015 - 21:37
Ashtrak a écrit:
Marcel Khrouchtchev a écrit:Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.

Si je voulais prendre votre réponse négativement, je dirais : "Voilà exactement le problème français !" Considérer, lorsque l'on est chercheur, que l'Université n'a aucun compte à rendre à la société civile. Et quand je dis société civile, je parle non seulement des entreprises qui recrutent des jeunes mais aussi des jeunes qui vont se former intellectuellement à l'Université pour ensuite s'intégrer au sein de la société par leur travail (qu'ils ne trouveront que si on leur donne du travail). Une opposition stérile, où le perdant est connu à l'avance : d'ailleurs, il a déjà perdu (cf. Les 100 millions qui manquent pour 2016).

Si je voulais prendre votre réponse plus positivement, je dirais que vous ne m'avez pas compris, que vous avez répondu trop vite et que vous êtes enfermé dans cette vision si typiquement française d'une opposition entreprise/université. Mais ce n'est pas mon cas. Pour moi, parler de reconnaissance par le monde de l'entreprise, ce n'est pas inféoder l'université à l'entreprise : c'est pratiquer l'excellence à l'Université de manière à ce que l'entreprise veuille recruter les jeunes issus de cette université pour pouvoir bénéficier de leurs talents. Une stratégie gagnant/gagnant, si l'on veut utiliser ce genre de slogan réducteur : l'université doit former des chercheurs ET doit aussi permettre l'intégration des jeunes qui ne deviendront pas chercheurs ; l'entreprise doit progresser par "acquisition" des connaissances et de la capacité à réfléchir des jeunes diplômés. Or, si l'entreprise ne reconnaît aucune qualité à ces jeunes, elle se détourne de l'Université. Et elle crée, par les chambres de commerce, par le lobbying, par tous les moyens à sa disposition, de quoi détourner les fonds qui devraient revenir à l'Université. Et Où croyez-vous que l'Université va aller chercher les fonds nécessaires à son fonctionnement dans le cadre la loi RCE ?  
On est quand même dans un sacré cercle vicieux en France... et tout n'est pas lié à l'université.
De ce que j'ai pu voir en Allemagne, la formation n'y est pas particulièrement "orientée vers les entreprises"... ce qui n'empêche pas les entreprises de reconnaître les qualités des étudiants ayant atteint un certain niveau (je parle particulièrement du doctorat, mais les masters sont aussi bien vus). Ces qualités ne sont pas l'employabilité directe, mais l'autonomie, la capacité de réflexion, etc...
Les étudiants français n'ont d'ailleurs pas mauvaise réputation à l'étranger (du moins c'était le cas il y a quelques années...): j'ai vu ça en Allemagne, mais aussi en Angleterre (un chercheur m'a d'ailleurs expliqué qu'il trouvait les étudiants français bien plus autonomes que les anglais).

Je suis donc d'accord pour dire que beaucoup (heureusement pas toutes) d'entreprises françaises cultivent un mépris des formations universitaires... mais je ne vois malheureusement pas de grande solution (si ce n'est arrêter de dégrader l'université, et continuer ce que certaines facs font en cultivant les relations avec le privé sans pour autant en devenir esclaves).

K
PS: j'ai vu, dans une des unis par lesquelles je suis passée, de bonnes expériences où des maîtrises de sciences et techniques arrivaient à insérer très efficacement leurs étudiants, où un réseau des anciens élèves d'une option avait été mis en place, etc...

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Spoiler:
Sulfolobus
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par Sulfolobus Mar 10 Mar 2015 - 0:14
Marcel Khrouchtchev a écrit:Mais les diplômes universitaires ont-ils vocation à être "reconnus par le monde de l'entreprise"? Il y a d'autres voies que l'Université pour cela.
Oui : Mille fois oui. Parce que simplement, si l'on ne regarde que le doctorat, la plupart des docteurs n'auront pas de postes universitaires. Et qu'il est impossible d'avoir des jeunes de très bon niveau qui entre en doctorat s'ils savent qu'ils ont 7 chances sur 10 de finir avec le bec dans l'eau. Et comme la recherche ne tourne beaucoup grâce aux docteurs/post-docs...
Je mets quelques liens qui s'intéressent à la question : http://laviedemix.over-blog.com/2014/12/l-emploi-des-docteurs-en-france.html
http://jfmoyen.free.fr/spip/IMG/article_PDF/fr.wikipedia.org/wiki/ecrire/plugins/blip/local/cache-gd2/spip.php?article304
Mais c'est vrai aussi au niveau Master où la plupart étudiants en M2R n'auront pas de thèse...

Les étudiants français n'ont d'ailleurs pas mauvaise réputation à l'étranger (du moins c'était le cas il y a quelques années...): j'ai vu ça en Allemagne, mais aussi en Angleterre (un chercheur m'a d'ailleurs expliqué qu'il trouvait les étudiants français bien plus autonomes que les anglais).
Ça je me méfierais... Je sais par expérience que les anglais connaissent très bien la dualité GE/Université en France et savent très bien que les exigences ne sont souvent pas les mêmes. Vous pouvez par exemple regarder le site de l'université de Cambridge qui met par exemple des barres d'entrée plus élevées aux étudiants universitaires français qu'aux étudiants de GE et ils insistent énormément à l'oral sur le statut de GE. Par contre, la différence de qualité entre les GE ne semble pas être très connue.

Quant à l'autonomie, de ce que j'ai vu dans deux universités anglaises (forcément ce n'est juste qu'un témoignage) : un étudiant de GE très prestigieuse en sait énormément plus qu'un étudiant d'une très grosse fac anglaise, mais ce dernier est bien plus débrouillard, autonome et capable de se servir de ce qu'il sait.

- les étudiants, enfin, qui, par la voie de leurs syndicats, ne parlent jamais d'excellence mais qui, au contraire, semblent surtout intéressés par tout ce qui va dans le "sens opposé".
Très honnêtement, je ne suis pas sûre du tout que les syndicats étudiants soient représentatifs de quoi que ce soit.
Ashtrak
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par Ashtrak Mar 10 Mar 2015 - 8:12
Sulfolobus a écrit:
Très honnêtement, je ne suis pas sûre du tout que les syndicats étudiants soient représentatifs de quoi que ce soit.

Ils ne sont peut-être pas représentatifs mais ils siègent dans les CA de l'Université et représentent des voix parfois décisives pour les présidents...

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Sulfolobus
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par Sulfolobus Mar 10 Mar 2015 - 19:46
Les élus étudiants ne sont pas forcément syndiqués. Certains le sont bien sûr mais pas tous.
Condorcet
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par Condorcet Mer 11 Mar 2015 - 1:25
Ashtrak a écrit:Mais qui veut d'une Université qui fasse du bon boulot en France ?

- Les politiques qui l'utilisent pour placer le plus grand nombre et eviter une inscription trop précoce à Pôle Emploi (50% d'une classe d'âge en L3, c'est au moins 25% de trop) ?
- Les Présidents d'Université, qui semblent plus concernés dans leur grande majorité, par leur pouvoir que par autre chose (suivre la CPU et ses travaux est parfois déroutant) ?
- Les chercheurs (certains, trop à mon goût) qui veulent faire de la recherche mais qui ne veulent pas entendre parler d'un financement autre que celui de l'Etat (et qui refusent de voir la réalité en face) ?
- Les étudiants (notamment les syndicats majoritaires) qui ne veulent pas de "droits spécifiques" et qui ainsi appauvrissent l'Université et/ou qui ne veulent pas de sélection à l'entrée du M1 et qui ainsi favorisent la médiocrité et/ou qui rechignent à partir à l'étranger, à parler anglais, etc... et qui ainsi contribuent à la mauvaise image de l'Université française ?
- Les entreprises, qui ne font pas confiance à l'Université et qui possèdent le réflexe "réseau" et/ou "grandes "écoles" ?

Moi qui suis d'une double culture, je peux vous dire que l'Université française est l'exemple parfait du proverbe "l'arbre qui cache la forêt". Pour quelques universités de très grande qualité, on reste stupéfait devant la médiocrité du reste (du président aux étudiants). Il me semble que l'Université n'est plus un symbole pour la France et que la disjonction qui s'annonce avec l'autonomie de celles-ci le montrera bien : d'un coté des Universités (très peu)  qui s'inscriront dans une recherche mondiale et de l'autre, de petits établissements de province (au sens péjoratif du terme) qui feront de la formation pour adulte en cours du soir (pour le pognon) et de vagues diplômes non reconnus par le monde de l'entreprise (pour faire plaisir au pouvoir).

Tout le monde n'a pas vocation à devenir étudiant en formation initiale et bien au contraire, une formation continue bien pensée et librement consentie, se révèle parfois bien plus épanouissante intellectuellement et professionnellement. Là est le grand tort de cette obsession du chiffre.
Qui voudrait financer, parmi les entreprises, les SHS autrement qu'au compte-gouttes et avec des objectifs bien définis ?
L'asphyxie financière probable des universités est la conséquence logique d'une inflation diplômante sans rapport avec les possibilités offertes par la société française : le mythe de l'ascension sociale par les études en est ressorti très ébranlé. Sans considération sociale, l'université ne trouve plus de relais citoyen pour la défendre et peine à se défendre contre l'accusation de corporatisme (un mal récurrent aussi...). De contrats de projets en appels à candidatures, l'université participe à sa propre débâcle. Elle pourra relire avec profit les Rougon-Macquart ou L'abîme. Pratiquant la gérontocratie à l'italienne, elle empêche en outre ses forces les plus vives de faire dissidence et de revivifier de l'intérieur ce qui peut encore l'être.
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Contre la lente asphyxie de l'université, une mobilisation clairsemée (Le Monde.fr) Empty Re: Contre la lente asphyxie de l'université, une mobilisation clairsemée (Le Monde.fr)

par Ashtrak Mer 11 Mar 2015 - 10:17
Condorcet a écrit:
Ashtrak a écrit:Mais qui veut d'une Université qui fasse du bon boulot en France ?

- Les politiques qui l'utilisent pour placer le plus grand nombre et eviter une inscription trop précoce à Pôle Emploi (50% d'une classe d'âge en L3, c'est au moins 25% de trop) ?
- Les Présidents d'Université, qui semblent plus concernés dans leur grande majorité, par leur pouvoir que par autre chose (suivre la CPU et ses travaux est parfois déroutant) ?
- Les chercheurs (certains, trop à mon goût) qui veulent faire de la recherche mais qui ne veulent pas entendre parler d'un financement autre que celui de l'Etat (et qui refusent de voir la réalité en face) ?
- Les étudiants (notamment les syndicats majoritaires) qui ne veulent pas de "droits spécifiques" et qui ainsi appauvrissent l'Université et/ou qui ne veulent pas de sélection à l'entrée du M1 et qui ainsi favorisent la médiocrité et/ou qui rechignent à partir à l'étranger, à parler anglais, etc... et qui ainsi contribuent à la mauvaise image de l'Université française ?
- Les entreprises, qui ne font pas confiance à l'Université et qui possèdent le réflexe "réseau" et/ou "grandes "écoles" ?

Moi qui suis d'une double culture, je peux vous dire que l'Université française est l'exemple parfait du proverbe "l'arbre qui cache la forêt". Pour quelques universités de très grande qualité, on reste stupéfait devant la médiocrité du reste (du président aux étudiants). Il me semble que l'Université n'est plus un symbole pour la France et que la disjonction qui s'annonce avec l'autonomie de celles-ci le montrera bien : d'un coté des Universités (très peu)  qui s'inscriront dans une recherche mondiale et de l'autre, de petits établissements de province (au sens péjoratif du terme) qui feront de la formation pour adulte en cours du soir (pour le pognon) et de vagues diplômes non reconnus par le monde de l'entreprise (pour faire plaisir au pouvoir).

Tout le monde n'a pas vocation à devenir étudiant en formation initiale et bien au contraire, une formation continue bien pensée et librement consentie, se révèle parfois bien plus épanouissante intellectuellement et professionnellement. Là est le grand tort de cette obsession du chiffre.
Qui voudrait financer, parmi les entreprises, les SHS autrement qu'au compte-gouttes et avec des objectifs bien définis ?
L'asphyxie financière probable des universités est la conséquence logique d'une inflation diplômante sans rapport avec les possibilités offertes par la société française : le mythe de l'ascension sociale par les études en est ressorti très ébranlé. Sans considération sociale, l'université ne trouve plus de relais citoyen pour la défendre et peine à se défendre contre l'accusation de corporatisme (un mal récurrent aussi...). De contrats de projets en appels à candidatures, l'université participe à sa propre débâcle. Elle pourra relire avec profit les Rougon-Macquart ou L'abîme. Pratiquant la gérontocratie à l'italienne, elle empêche en outre ses forces les plus vives de faire dissidence et de revivifier de l'intérieur ce qui peut encore l'être.

Je suis bien d'accord avec vous, principalement pour ce que j'ai mis en gras. Et si le formation continue est, en principe, tout à fait remarquable (et j'ajoute que faire cours à des adultes est quasiment toujours un plaisir), en pratique, l'obsession de la rentabilité (je sais de quoi je parle considérant ma formation et ma spécialité) nous dirige lentement vers de la formation pour adultes au rabais : "mais si c'est trop difficile, personne ne viendra !". La débâcle est aussi fille de la "stupidité" intérieure, effectivement.

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par Ashtrak Mer 11 Mar 2015 - 10:23
Sulfolobus a écrit:Les élus étudiants ne sont pas forcément syndiqués. Certains le sont bien sûr mais pas tous.

Syndiqués ou non, ils militent pour la plupart pour plus de "fluidité" à terme destructrice pour l'Université : pas de sélection, pas de droits spécifiques, un maximum de souplesse dans l'orientation (avec des passerelles de partout vers partout), une compensation délirante, pas de note éliminatoire, etc.

Au final, un diplômé de master avec 10 de moyenne générale (pour parler de ceux qui ont fait le minimum, en fonction des règles ci-dessus) est trop souvent totalement inadapté au monde qui l'attend : car tout ce qui précède n'existe pas dans le monde du travail. Tout le monde y perd au final. Car un diplôme évalué comme étant de la m...de, ne permet pas de s'intégrer correctement dans la vie active.

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Marcel Khrouchtchev
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par Marcel Khrouchtchev Mer 11 Mar 2015 - 11:26
De toute façon, que peut-on espérer d'universités qui accueillent ainsi étudiants et professeurs?
http://universiteenruines.tumblr.com/
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