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Pat B
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Érudit

Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ? Empty Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ?

par Pat B Ven 16 Oct 2015 - 21:23
Je sors d'une journée pédagogique (en petit collège privé)... j'en ai encore mal à la tête. Le bazar complet.
Mon chef d'établissement est plus royaliste que le roi, il plébiscite cette réforme à fond ! Mais ils coanimaient à trois, et... c'était pas clair tout ça.

Petit débat houleux de début de journée :
" Le but de la réforme c'est de faire de la pédagogie de projet pour donner du sens aux apprentissages, sur ce plan on a beaucoup à apprendre du primaire.
prof : - Non mais vous voulez rire ? Vous avez vu la baisse de niveau du primaire depuis qu'ils appliquent ce type de pédagogie ? Et vous voulez qu'on s'en inspire ?
- Mais non, il n'y a pas de baisse de niveau ! Chez nous, oui, parce qu'on recrute que des élèves de plus en plus faibles, mais pas ailleurs !
(ben voyons...)
prof : - Ce dont on a besoin en 6ème, c'est de reposer des bases de fondamentaux ! Ils ne savent pas lire et n'ont pas les bases de numération. Alors si on veut aider nos élèves, on profite des heures qu'on nous donne pour renforcer le français et les maths !
- Ah mais non, on sait bien que ça ne marche pas ça, c'est pas en donnant 6h de français aux élèves au lieu de 4 qu'ils seront meilleurs, enfin, on le sait tous
(Là, à ce moment-là j'ai failli claquer la porte...)
- Ce qu'il faut c'est pas plus d'heures, c'est apprendre autrement
prof : - Mais justement, si j'ai des heures en plus je peux leur enseigner autrement les choses !
- Bien sûr que non, on sait tous ce qui se passera si vous avez des heures en plus par matière, ce sera des cours comme les autres ! Et de toute façon avec les élèves qu'on a maintenant, on est obligés de passer par des projets concrets pour donner du sens aux apprentissages, le cours traditionnel ne marche plus !
(j'ai vraiment failli partir...)


Extraits de contradictions :

dérive au fil de la discussion sur les EPI :
- Les EPI, c'est 3h par classe, pris sur les heures matières des profs volontaires qui vont y travailler un morceau de leur programme de façon concrète... oui mais en fait on n'est pas obligés de les faire apparaître dans l'EdT, on peut les travailler au sein de la matière en concertation avec un collègue... donc en fait on y passe le temps qu'on veut, faut démarrer modeste et faire de petits EPI...
(petits EPI, volume qu'on veut... et les 3h ??? Heu, c'est parce qu'on est dans le privé que ça change ou c'est lui qui a rien compris ?)


- les AP elles doivent être fléchées sur l'EdT... 3h élèves, 3h prof, donc vous aurez l'effectif d'une classe mais on peut faire des groupes de niveau en alignant les heures dans les EdT... et c'est pris sur les heures matières des profs qui y participent.
(oh, super l'aide en classe entière)
prof : - C'est pris sur les heures des matières ? Donc les profs qui n'ont qu'une heure en sont exclus de facto ? C'est forcément français-maths-anglais ?
- Ah mais non, vous n'avez rien compris ! Tous le monde peut y participer...
prof : - Ben on va pas enlever 1h de cours en musique ou dessin ! C'ets forcément en français-maths anglais


- "Les 2h75 qu'on nous donne en plus, c'est pour en faire ce qu'on veut, donc on va les mettre sur nos projets de classe, il faut une offre attractive pour les parents, soyez créatifs"
prof : - Et pourquoi ces heures-là on s'en sert pas pour renforcer les bases en français, en lecture ?
- Mais ce n'est pas le but de la réforme !
prof : - Ah, vous avez dit qu'on en faisait ce qu'on veut... donc si c'est ça, le besoin de nos élèves, c'est ça qu'il faut faire !
- Mais non, on n'attirera pas les familles avec ça...

Dialogue de sourd, mais en fait il a déjà tout décidé seul, il fait juste semblant de nous consulter...

En prime, concernant les programmes par cycle : parait que les éditeurs ont sorti des livres par cycle, tout bonnement intransportables par les élèves donc il faudra tous passer au numérique... ben voyons...



En tout cas, tous les collègues sont contre la réforme, c'est clair. Mais notre chef d'établissement la trouve géniale ;  et notamment il trouve super cette idée que les enseignants de techno-physique-SVT bossent ensemble, pour que, à termes, il y ait plus de souplesse pour la gestion des personnel... il trouve super de décloisonner les matières et que chaque prof doive bosser autre chose que sa matière... après, il est fraîchement débarqué d'un lycée techno et pro, je crois qu'il a une vision étrange de ce qu'est l'enseignement...
Et il nous a bien répété que de toute façon c'était voté, c'était une loi, et qu'on devait l'appliquer, qu'il était inutile de lutter contre !

Je suis bien déprimée...
Mais je suppose qu'on applique les textes pareil que le public, non ? Ou on a une liberté ?


Dernière édition par Pat B le Ven 16 Oct 2015 - 21:32, édité 1 fois
micaschiste
micaschiste
Monarque

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par micaschiste Ven 16 Oct 2015 - 21:30
Et les cde ont la possibilité de s'exercer à la plonge ? À l'intendance ? À remplacer les cpe ? Parce que c'est cool de faire autre chose que les tâches de son emploi !
furieux L'interdisciplinarité n'importe comment, c'est n'importe quoi !

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"Il ne sert à rien à l'homme de gagner la Lune s'il vient à perdre la Terre". François Mauriac
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Pierre-Henri
Habitué du forum

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par Pierre-Henri Ven 16 Oct 2015 - 21:44
Un CdE du privé assez incompétent, largué, coupé des réalités pour imaginer qu'on n'attire pas les familles en enseignant les bases mènera fatalement son établissement à la ruine. A la réunion parents-professeurs, là où je suis, dans le privé aussi, TOUS les parents me demandent d'ignorer le pipeau pédagol et de reprendre les bases du français. Tous, tous, tous, sans exception. Comment un chef d'établissement peut-il ignorer cela ?
Ancolie
Ancolie
Expert spécialisé

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par Ancolie Ven 16 Oct 2015 - 23:13
Pierre-Henri a écrit:Un CdE du privé assez incompétent, largué, coupé des réalités pour imaginer qu'on n'attire pas les familles en enseignant les bases mènera fatalement son établissement à la ruine. A la réunion parents-professeurs, là où je suis, dans le privé aussi, TOUS les parents me demandent d'ignorer le pipeau pédagol et de reprendre les bases du français. Tous, tous, tous, sans exception. Comment un chef d'établissement peut-il ignorer cela ?

J'ai le même profil d 'établissement que Pat B. Je pense que la demande des parents n'est pas la même partout, ici d'ailleurs les parents ne demandent rien.
Et mes collègues ont tous le même discours , ça va être génial, les élèves vont apprendre autrement, ils vont réussir grâce à al réforme, enfin!
Je suis dépitée.
Lefteris
Lefteris
Esprit sacré

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par Lefteris Ven 16 Oct 2015 - 23:20
Oui et non  : dans les collèges fréquentés pour esquiver les désordres du public, ils vont financer des contre-feux, via les cotisations des parents. J'en connais au moins deux . Mais ici ils sont en position de force, les gens un rien informés feraient n'importe quoi pour éviter le public,  sinistré. Loi de l'offre et de la demande.  D'où les disparités dans l'application de cette abjection.

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Ronin
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Monarque

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par Ronin Sam 17 Oct 2015 - 0:10
Franchement, qu'ils viennent voir dans le primaire tous ces abrutis, le champ de ruines...

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Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ? Keshik11
pamplemousses4
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Expert

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par pamplemousses4 Sam 17 Oct 2015 - 0:16
Non mais, attendez: dans le public aussi, quand vous parlez avec les parents d'élèves, c'est la même requête. Ils veulent des cours, du contenu, du soutien disciplinaire, des études surveillées même en lycée, ok une sortie de temps en temps en guise de gratification, mais les trucs et astuces, activités ludiques et numériques sans finalité, ils s'en méfient comme de la peste!
Comme vous, je n'en reviens pas que les huiles du ministère ('fin, si, ça, j'arrive bien à me le représenter) et les CDE ne s'en rendent pas compte.
Rendash
Rendash
Bon génie

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par Rendash Sam 17 Oct 2015 - 0:28
pamplemousses4 a écrit:Non mais, attendez: dans le public aussi, quand vous parlez avec les parents d'élèves, c'est la même requête. Ils veulent des cours, du contenu, du soutien disciplinaire, des études surveillées même en lycée, ok une sortie de temps en temps en guise de gratification, mais les trucs et astuces, activités ludiques et numériques sans finalité, ils s'en méfient comme de la peste!
Comme vous, je n'en reviens pas que les huiles du ministère ('fin, si, ça, j'arrive bien à me le représenter) et les CDE ne s'en rendent pas compte.

Ils s'en rendent compte. Ils s'en foutent. Ce qui compte, c'est pas l'avis de ces abrutis de parents ni de ces demeurés de profs, c'est que les sur-chefs et le ministère soient content et qu'ils aient leur susucre à la fin de l'année.

_________________
Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ? P61r



"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
pamplemousses4
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Expert

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par pamplemousses4 Sam 17 Oct 2015 - 0:34
Oui.

On vient ici de récupérer un nouveau chef, servile comme c'est pas permis. Il passe son temps à diluer les responsabilités, c'est sidérant de manquer de courage à ce point; mais je suis convaincue que le rectorat l'adore.
Leodagan
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Fidèle du forum

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par Leodagan Sam 17 Oct 2015 - 0:59
Pas loin d'ici, la CDE d'un grand collège-lycée privé a dit en réunion de rentrée: "De toute façon, ça ne sert à rien de vous plaindre si vous n'êtes pas d'accord" -- sur un ton agacé.

Comme partout, les parents veulent du classique-solide à l'ancienne. Mais le privé est encore plus à fond que le public par culpabilité mal placée. La fédération des parents d'élèves du privé (APEL) est d'ailleurs le plus actif soutien à la réforme, plus royaliste que le roi.
pamplemousses4
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Expert

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par pamplemousses4 Sam 17 Oct 2015 - 1:04
Leodagan a écrit:Pas loin d'ici, la CDE d'un grand collège-lycée privé a dit en réunion de rentrée: "De toute façon, ça ne sert à rien de vous plaindre si vous n'êtes pas d'accord" -- sur un ton agacé.

Comme partout, les parents veulent du classique-solide à l'ancienne. Mais le privé est encore plus à fond que le public par culpabilité mal placée. La fédération des parents d'élèves du privé (APEL) est d'ailleurs le plus actif soutien à la réforme, plus royaliste que le roi.
Avec quelques sécessions locales tout de même.
CNFA
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Niveau 10

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par CNFA Sam 17 Oct 2015 - 1:04
Rendash a écrit:
pamplemousses4 a écrit:Non mais, attendez: dans le public aussi, quand vous parlez avec les parents d'élèves, c'est la même requête. Ils veulent des cours, du contenu, du soutien disciplinaire, des études surveillées même en lycée, ok une sortie de temps en temps en guise de gratification, mais les trucs et astuces, activités ludiques et numériques sans finalité, ils s'en méfient comme de la peste!
Comme vous, je n'en reviens pas que les huiles du ministère ('fin, si, ça, j'arrive bien à me le représenter) et les CDE ne s'en rendent pas compte.

Ils s'en rendent compte. Ils s'en foutent. Ce qui compte, c'est pas l'avis de ces abrutis de parents ni de ces demeurés de profs, c'est que les sur-chefs et le ministère soient content et qu'ils aient leur susucre à la fin de l'année.
C'est 6000 euros le susucre, non?
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Pierre-Henri
Habitué du forum

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par Pierre-Henri Sam 17 Oct 2015 - 8:00
pamplemousses4 a écrit:Non mais, attendez: dans le public aussi, quand vous parlez avec les parents d'élèves, c'est la même requête. Ils veulent des cours, du contenu, du soutien disciplinaire, des études surveillées même en lycée, ok une sortie de temps en temps en guise de gratification, mais les trucs et astuces, activités ludiques et numériques sans finalité, ils s'en méfient comme de la peste!
Comme vous, je n'en reviens pas que les huiles du ministère ('fin, si, ça, j'arrive bien à me le représenter) et les CDE ne s'en rendent pas compte.

Oui, bien sûr. Privé ou public, combien voit-on de parents qui nous disent "la maitrise du français, la grammaire, l'orthographe, ça sert rien, c'est élitiste. Moi, ce que je veux, c'est que mon fils fabrique des éoliennes en carton" ?

Cependant, les choses sont dites avec moins de scrupules, de vergogne dans le privé, parce que les parents ont accompli de leur propre initiative les démarches d'inscription, et qu'ils paient. Ils sont donc plus ouvertement revendicatifs. En tout cas, chez moi, c'est clair : les parents nous disent franco qu'ils ont inscrit leurs enfants ici pour que nous résistions aux directives ministérielles. A la réunion parents-professeurs de sixièmes, le discours des parents dont les enfants sortent d'une école primaire publique est unanime : "c'était une catastrophe en français, ils n'ont rien fichu, il faut que vous repreniez les bases". Ils ont spécifiquement inscrit leurs enfants à Sainte-Gudule pour ça, et le disent sans se cacher.

Je crois que les responsables du privé n'ont toujours pas intégré ce grand virage. Il n'y a pas si longtemps, l'argument du privé était "nos programmes et nos méthodes sont les mêmes que dans le public". Cela sécurisait les parents. Trop de CdE et de responsables diocésains en sont restés là. Ils ont tort, parce qu'aujourd'hui, les attentes des parents sont le plus souvent inverses.

A ce petit jeu, tout ce qu'ils gagneront, c'est d'ouvrir un boulevard pavé d'or au hors-contrat.
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may68
Expert

Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ? Empty Re: Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ?

par may68 Sam 17 Oct 2015 - 8:37
Pat B a écrit:Je sors d'une journée pédagogique (en petit collège privé)... j'en ai encore mal à la tête. Le bazar complet.
Mon chef d'établissement est plus royaliste que le roi, il plébiscite cette réforme à fond ! Mais ils coanimaient à trois, et... c'était pas clair tout ça.

Petit débat houleux de début de journée :
" Le but de la réforme c'est de faire de la pédagogie de projet pour donner du sens aux apprentissages, sur ce plan on a beaucoup à apprendre du primaire.
prof : - Non mais vous voulez rire ? Vous avez vu la baisse de niveau du primaire depuis qu'ils appliquent ce type de pédagogie ? Et vous voulez qu'on s'en inspire ?

- Mais non, il n'y a pas de baisse de niveau ! Chez nous, oui, parce qu'on recrute que des élèves de plus en plus faibles, mais pas ailleurs !
(ben voyons...)
prof : - Ce dont on a besoin en 6ème, c'est de reposer des bases de fondamentaux ! Ils ne savent pas lire et n'ont pas les bases de numération. Alors si on veut aider nos élèves, on profite des heures qu'on nous donne pour renforcer le français et les maths !
- Ah mais non, on sait bien que ça ne marche pas ça, c'est pas en donnant 6h de français aux élèves au lieu de 4 qu'ils seront meilleurs, enfin, on le sait tous
(Là, à ce moment-là j'ai failli claquer la porte...)
- Ce qu'il faut c'est pas plus d'heures, c'est apprendre autrement
prof : - Mais justement, si j'ai des heures en plus je peux leur enseigner autrement les choses !
- Bien sûr que non, on sait tous ce qui se passera si vous avez des heures en plus par matière, ce sera des cours comme les autres ! Et de toute façon avec les élèves qu'on a maintenant, on est obligés de passer par des projets concrets pour donner du sens aux apprentissages, le cours traditionnel ne marche plus !
(j'ai vraiment failli partir...)


Extraits de contradictions :

dérive au fil de la discussion sur les EPI :
- Les EPI, c'est 3h par classe, pris sur les heures matières des profs volontaires qui vont y travailler un morceau de leur programme de façon concrète... oui mais en fait on n'est pas obligés de les faire apparaître dans l'EdT, on peut les travailler au sein de la matière en concertation avec un collègue... donc en fait on y passe le temps qu'on veut, faut démarrer modeste et faire de petits EPI...
(petits EPI, volume qu'on veut... et les 3h ??? Heu, c'est parce qu'on est dans le privé que ça change ou c'est lui qui a rien compris ?)


- les AP elles doivent être fléchées sur l'EdT... 3h élèves, 3h prof, donc vous aurez l'effectif d'une classe mais on peut faire des groupes de niveau en alignant les heures dans les EdT... et c'est pris sur les heures matières des profs qui y participent.
(oh, super l'aide en classe entière)
prof : - C'est pris sur les heures des matières ? Donc les profs qui n'ont qu'une heure en sont exclus de facto ? C'est forcément français-maths-anglais ?
- Ah mais non, vous n'avez rien compris ! Tous le monde peut y participer...
prof : - Ben on va pas enlever 1h de cours en musique ou dessin ! C'ets forcément en français-maths anglais


- "Les 2h75 qu'on nous donne en plus, c'est pour en faire ce qu'on veut, donc on va les mettre sur nos projets de classe, il faut une offre attractive pour les parents, soyez créatifs"
prof : - Et pourquoi ces heures-là on s'en sert pas pour renforcer les bases en français, en lecture ?
- Mais ce n'est pas le but de la réforme !
prof : - Ah, vous avez dit qu'on en faisait ce qu'on veut... donc si c'est ça, le besoin de nos élèves, c'est ça qu'il faut faire !
- Mais non, on n'attirera pas les familles avec ça...

Dialogue de sourd, mais en fait il a déjà tout décidé seul, il fait juste semblant de nous consulter...

En prime, concernant les programmes par cycle : parait que les éditeurs ont sorti des livres par cycle, tout bonnement intransportables par les élèves donc il faudra tous passer au numérique... ben voyons...



En tout cas, tous les collègues sont contre la réforme, c'est clair. Mais notre chef d'établissement la trouve géniale ;  et notamment il trouve super cette idée que les enseignants de techno-physique-SVT bossent ensemble, pour que, à termes, il y ait plus de souplesse pour la gestion des personnel... il trouve super de décloisonner les matières et que chaque prof doive bosser autre chose que sa matière... après, il est fraîchement débarqué d'un lycée techno et pro, je crois qu'il a une vision étrange de ce qu'est l'enseignement...
Et il nous a bien répété que de toute façon c'était voté, c'était une loi, et qu'on devait l'appliquer, qu'il était inutile de lutter contre !

Je suis bien déprimée...
Mais je suppose qu'on applique les textes pareil que le public, non ? Ou on a une liberté ?

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Pat B
Pat B
Érudit

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par Pat B Sam 17 Oct 2015 - 9:03
Je crois que ça dépend du secteur où on se trouve. Je suis dans un secteur rural et les parents nous font confiance par tradition en se disant que les élèves seront mieux encadrés. Et le contenu, la plupart font confiance aux instances qui le décident et ne voient pas vraiment quel est le souci avec les nouveaux programmes ; certains sont même ravis qu'on l'applique puisqu'on va enseigner autrement et ainsi remotiver leurs enfants en grande difficulté.

Et notre CdE me fait bien rire en disant qu'il faut profiter de l'occasion pour se rendre enfin attractif pour les bons élèves, et pour cela proposer des projets scientifiques ou culturels ou sportifs en 6ème... mais en mettant les horaires maths-français-anglais au plancher...
Si quelqu'un a des exemples de collèges élitistes qui ouvertement affichent qu'ils vont limiter au maximum les conséquences de la réforme et proposer un vrai contenu disciplinaire, donnez-moi des références, que je les lui apporte !

Mais bon, il vient du pro où on fonctionne depuis des années par projet (dixit) puisque c'est plus motivant pour leurs élèves... Merveilleux nivellement par le bas...
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Pierre-Henri
Habitué du forum

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par Pierre-Henri Sam 17 Oct 2015 - 9:14
Aucun ne le dira ouvertement. Ils resteront discrets et joueront sur la force d'inertie du mammouth. Entre une décision prise à Paris et son application sur le terrain, il y a des années lumières dans lesquelles des CdE pragmatiques et des établissements solides peuvent s'engouffrer. La bureaucratie pédagogiste est tellement lourde qu'elle finit toujours par étouffer sous son propre poids.

Il suffit de voir avec les compétences. Qui les remplit autrement qu'en vitesse, sur un coin de table, fin juin, en papotant vacances avec les collègues ? Dans les discours officiels, les compétences sont l'alpha et l'oméga de tout enseignement ; dans les faits, elles sont une fiction administrative. Ce sera pareil pour l'essentiel de cette réforme. Les socialistes auront claqué des milliards pour un truc qui ne sera jamais appliqué, pour la simple raison qu'il est inapplicable.
Pat B
Pat B
Érudit

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par Pat B Sam 17 Oct 2015 - 10:00
On n'a pas réussi à l'en convaincre, il est persuadé que cette fois tout a été vraiment révolutionné dans le système et qu'on doit l'appliquer, suivre le mouvement et même le précéder pour se mettre en avant... Qu'on ne pourra pas revenir en arrière... Et que c'est une avancée formidable (!)
Ce qui est marrant c'est que le "formateur" qu'il a fait venir, lui, dit qu'il faut voir comment on peut appliquer la réforme tout en restant sur nos habitudes, bref comment on intègre nos habitudes dans ce nouveau cadre, en restant le plus light possible. Pas le même discours. Et quand je vois ces tracts où on dit que la réforme va faire le jeu du privé qui va s'en détacher... il faudrait qu'il comprenne où est son intérêt !

Bref, je me fais muter l'an prochain. C'était décidé déjà, mais ça se confirme.
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Pierre-Henri
Habitué du forum

Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ? Empty Re: Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ?

par Pierre-Henri Sam 17 Oct 2015 - 10:55
Non sans écrire une lettre d'au-revoir aux parents, afin de leur expliquer les raisons de votre départ... et tout en laissant votre CdE passer quelques semaines sur le site du Pôle Emploi ou au Bon Coin pour trouver un professeur de mathématiques qui ne soit pas un paumé hors de niveau ni incapable d'enseigner au collège. Mwoua ha ha.

Si j'avais un CdE pareil, je ferais la même chose... peut-être même en cours d'année, pour marquer le coup. En maths et en lettres, pour peu de disposer d'une réputation professionnelle suffisante, dans le privé, nous avons cette chance.


Dernière édition par Pierre-Henri le Sam 17 Oct 2015 - 11:04, édité 1 fois
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Cath
Enchanteur

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par Cath Sam 17 Oct 2015 - 11:02
Pat B a écrit:Je crois que ça dépend du secteur où on se trouve. Je suis dans un secteur rural et les parents nous font confiance par tradition en se disant que les élèves seront mieux encadrés. Et le contenu, la plupart font confiance aux instances qui le décident et ne voient pas vraiment quel est le souci avec les nouveaux programmes ; certains sont même ravis qu'on l'applique puisqu'on va enseigner autrement et ainsi remotiver leurs enfants en grande difficulté.

Et notre CdE me fait bien rire en disant qu'il faut profiter de l'occasion pour se rendre enfin attractif pour les bons élèves, et pour cela proposer des projets scientifiques ou culturels ou sportifs en 6ème... mais en mettant les horaires maths-français-anglais au plancher...
Si quelqu'un a des exemples de collèges élitistes qui ouvertement affichent qu'ils vont limiter au maximum les conséquences de la réforme et proposer un vrai contenu disciplinaire, donnez-moi des références, que je les lui apporte !

Mais bon, il vient du pro où on fonctionne depuis des années par projet (dixit) puisque c'est plus motivant pour leurs élèves... Merveilleux nivellement par le bas...
Oui, enfin non...
C'est le rêve des cde (le LP sert de laboratoire, parce que le LP, tout le monde s'en fout) mais en dehors de quelques cas surtout en enseignement pro - et il s'agit d'heures supplémentaires-, les élèves travaillent normalement.
Lefteris
Lefteris
Esprit sacré

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par Lefteris Sam 17 Oct 2015 - 11:23
Pat B a écrit:Je crois que ça dépend du secteur où on se trouve.
Je crois que ça résume tout. Etant dans un secteur quasi sinistré scolairement (une ceinture de REP, REP +, des zones violences, il y a quelques établissements privés sous contrat dont toute la réputation tient sur le fait qu'on y fait de vrais cours, et dans le calme. Il faut commencer à poser des jalons un ou deux avant pour y aller, et les élèves pénibles ou à insuffisance de résultats par paresse sont virés. Ils sont en position de force, car les places sont chères. Et c'est vrai , je connais des proches dans plusieurs, et des enfants de collègues, j'ai vu le volume des cours et les exigences. Si ces établissements laissaient tomber ce pourquoi les parents les sollicitent ce serait terminé.

D'ailleurs, l'un de ces établissements a déjà communiqué immédiatement ses projets pour maintenir langues et options malgré la réforme et rassurer les parents sur la maintien de la qualité.

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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Change!
Niveau 3

Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ? Empty Re: Réforme dans le privé... c'est bien pareil que dans le public ?

par Change! Sam 17 Oct 2015 - 11:53
Il suffit de voir avec les compétences. Qui les remplit autrement qu'en vitesse, sur un coin de table, fin juin, en papotant vacances avec les collègues ? Dans les discours officiels, les compétences sont l'alpha et l'oméga de tout enseignement ; dans les faits, elles sont une fiction administrative. Ce sera pareil pour l'essentiel de cette réforme. Les socialistes auront claqué des milliards pour un truc qui ne sera jamais appliqué, pour la simple raison qu'il est inapplicable.

Je fais le même constat sur les compétences. Depuis 7 ans que j'enseigne, j'ai fait semblant de les appliquer la 1ère année, mais dès la deuxième, je ne faisais plus rien et je n'ai jamais eu de problèmes. Beaucoup de mes collègues sont dans le même cas. Pour la réforme en cours, j'espère que tu auras raison. L'habillage pédagogique, on peut toujours le détourner, en revanche, l'organisation structurelle (EPI) (s'il est possible de la mettre en place, car aujourd'hui je n'ai trouvé aucun exemple de fonctionnement possible pour tous les profs d'un collège) rendra difficile le contournement pour proposer des vrais cours...
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Pierre-Henri
Habitué du forum

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par Pierre-Henri Sam 17 Oct 2015 - 12:09
Pour le moment, je ne vois pas comment organiser les EPI dans un collège. Rien qu'avec les collègues à cheval sur plusieurs établissements (rien qu'avec ça), tout le bazar part en morceaux. Et on trouvera encore plusieurs autres raisons pour lesquelles la mise en oeuvre est inconcevable.

Que feront les CdE ? Ils attribueront les horaires à un professeur donné pour une classe donnée, les EPI deviendront des cours comme les autres, retour à la case départ, et on aura brûlé des caisses de pognon pour rien.
Pat B
Pat B
Érudit

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par Pat B Dim 18 Oct 2015 - 21:12
Non, hélas, pas retour à la case départ : on aura encore perdu 1/2h ou 1h/classe en maths et français et pas mal de notions importantes du programme... Le souci est que ces fichus EPI (et AP) sont pris sur nos heures. Parce que s'ils étaient en plus du reste, pourquoi pas, ça permet de faire d'autres choses, je n'ai rien contre... mais là c'est au détriment du reste donc ça me hérisse !
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