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par moon Dim 31 Jan 2016 - 14:12
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par nuages Dim 31 Jan 2016 - 16:16
Il faut que je trouve le temps(quand?) de dire à quel point j'ai été enthousiasmée par la mise en scène moderne de l'Avare par Jacques Osinski veneration veneration veneration . Ce jeune metteur en scène surdoué propose une relecture très intelligente et très subtile  de la pièce de Molière avec un regard contemporain qui met en évidence à la fois son intemporalité et son actualité. La mise en scène est très dépouillée, d'une tension tragique redoutable, souvent racinienne, et pourtant continuellement hilarante, un peu comme du théâtre de Beckett, Fin de partie par exemple ,puisqu'il est question de la remise en question des liens familiaux et de leur atroce tyrannie. J'ai adoré et j'en suis sortie à la fois traumatisée et morte de rire ! C'est un regard complètement neuf sur cette pièce qui a pourtant des siècles, il nous la fait redécouvrir même si on connaît le texte par coeur. Le spectacle a été créé en région parisienne il y a quelques mois et il tourne en France. Je crois qu'Osinski est très connu du côté de Grenoble.
C'est Jean-Claude Frissung qui joue remarquablement Harpagon avec une sobriété singulière mais les autres comédiens sont aussi très bons  en particulier Arnaud Simon impressionnant dans le rôle de Cléante , le fils brisé par son père rival qui le dépossède de tout.
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par Hocam Ven 12 Fév 2016 - 11:31
Un jeune spectateur à la sortie de Polyeucte de Brigitte Jaques-Wajeman, au théâtre des Abbesses : « J'ai juste aimé ce que dit Sévère à la fin ». Il s'agit en fait d'un extrait de L'Antéchrist de Nietzsche ajouté au texte de Corneille par la metteuse en scène, et qui commence par « Les martyres, soit dit en passant, furent un grand malheur dans l’histoire : il séduisirent ».

Cette mise en scène ose d'autres innovations. Elle ne sera pas du goût de tout le monde, mais elle a le mérite de faire revivre cette grande tragédie sur la scène parisienne. Certains personnages ont une curieuse tendance à retirer une partie de leurs vêtements sur scène. Maintenant, grâce à Brigitte Jaques-Wajeman, je peux dire « J'ai vu un gouverneur d'Arménie en caleçon ».

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par Leil Sam 13 Fév 2016 - 11:11
 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 175485-amok-de-stefan-zweig-au-theatre-de-poche-montparnasse-200x300
Une pièce sublime ... un comédien époustouflant.

http://www.bricabook.fr/2016/02/amok-stefan-zweig-theatre-de-poche-montparnasse/

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par nuages Sam 13 Fév 2016 - 12:08
La nouvelle de Zweig est impressionnante et terrible, elle peut effectivement se prêter à une belle adaptation au théâtre.
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par Wilde Sam 13 Fév 2016 - 12:36
Je vais la voir semaine prochaine!
Leil
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par Leil Dim 28 Fév 2016 - 11:07
Wilde a écrit:Je vais la voir semaine prochaine!

Alors, tu l'as vue ? Very Happy Quelles sont tes impressions ?


 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 Traces10

Quand le monde s'écroule, 7 artistes sur scène dans l'urgence de créer.

http://www.bricabook.fr/2016/02/traces-les-7-doigts-de-la-main/

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par freche Dim 28 Fév 2016 - 14:08
Mercredi, je suis allée voir mon fiston et deux de ses copains dans Art de Yasmina Reza. La mise en scène était excellente, et les acteurs super.
C'était fantastique !
Laotzi
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par Laotzi Ven 4 Mar 2016 - 22:47
J'ai vu mercredi Les liaisons dangereuses au Théâtre de la Ville, pièce créée au Théâtre National de Bretagne et mise en scène par Christine Letailleur.

 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 Les_liaisons_dangereuses_recadrecthierry_depagne

L'adaptation est très fidèle au roman, et, même si le texte est bien entendu adapté à la forme théâtrale (dialogues...), on retrouve avec plaisir tous les moments attendus du roman dans leur quasi intégralité. La pièce est longue (presque 3h sans entracte) mais l'on ne s'ennuie pas une seconde et la forme théâtrale est bien exploitée par quelques choix de mise en scène parfois comiques. La forme épistolaire n'est pas totalement évacuée, au contraire, car les lettres sont très présentes tout au long de la pièce, lues par les personnages, écrites parfois, portées et données et l'on savoure cette langue sublime dans la bouche des acteurs. Le décor, sobre, est composé d'une façade à étage.
J'ai été enthousiasmé par les comédiens. Avant tout, madame de Merteuil est jouée par une sublime Dominique Blanc, à mon sens l'une des plus grandes comédiennes actuelles (elle jouera Agrippine dans Britannicus à la fin de la saison en faisant son entrée à la Comédie française). Elle donne une dimension tragique au personnage et incarne à la perfection une Merteuil manipulatrice et séductrice. A chaque entrée sur scène, elle dégage une présence incroyable. Valmont est très bien incarné par un étonnant Vincent Pérez, même si j'ai eu quelques craintes au tout début (quelques minauderies qui se sont estompées). Les autres acteurs sont très bien, en particulier Julie Duchaussoy qui joue la très prude et tragique Présidente de Tourvel. Je suis un petit peu plus réservé sur le choix sur la très naïve Cécile Volanges qui appuie un peu sur le comique dans les choix de mise en scène et d'interprétation.
La pièce se joue jusqu'au 18 mars à Paris mais je crois que c'est complet. J'ai toujours un peu de mal avec la salle du Théâtre de la Ville (je trouve qu'on est rapidement loin et trop en hauteur et je râle contre le public qui se lève et commence à sortir alors que les acteurs sont encore sur scène - la pièce se finit peu avant minuit certes) mais j'ai passé un excellent moment (Les liaisons dangereuses est un de mes romans préférés, je craignais d'autant plus d'être déçu). J'avais vu il y a quelques semaines Retour au désert de Koltès dans la même salle et j'avais été fort déçu (pas à cause de la salle évidemment, mais en raison d'une mise en scène trop tournée vers le vaudeville et d'acteurs décevants, bien que pourtant très expérimentés comme Hiegel). En revanche, ceux qui n'ont pas encore vu le Cyrano avec Torreton, courrez-y, la performance de l'acteur est magistrale (j'ai apprécié le choix de mise en scène mais cela ne fait pas l'unanimité certainement), il se joue de nouveau, à la Porte St Martin (dans le théâtre même où la pièce fut créée par Rostand).

Pour la suite, j'attends avec impatience le Phèdre(s) avec Isabelle Huppert (bien que pas très amateur de Sarah Kane a priori), j'ai aussi envie d'aller voir le Tartuffe de Luc Bondy (que je n'avais pas vu lors de sa création) joué aux Ateliers Berthier. Et les avis laissés ici sur Amok et sur Racine par la racine m'ont aussi fortement titillé (mais le temps et l'argent manquent pour voir tout ce que l'on souhaite).

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par Gilbertine Sam 5 Mar 2016 - 13:36
Le Tartuffe de Luc Bondy est vraiment très bien, j'ai vu toutes ses créations à l'Odéon et celle-ci est d'une grande finesse. Essaie d'être placé assez près si tu y vas, car certains détails du décor m'ont échappé.

Je vais aussi voir Phèdre(s) bounce bounce bounce

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par nuages Sam 5 Mar 2016 - 21:58
Je suis allée voir Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès , mis en scène par Richard Brunel , spectacle qui tourne en province en ce moment après être resté un mois au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis.
J’ai été un peu déçue globalement par ce spectacle qui a pourtant des éclairs d’une beauté fulgurante mais je crois que cela vient autant  de la conception de la pièce que de la mise en scène. L’œuvre de Koltès,  qui s’inspire  du véritable criminel italien Roberto Succo, est une succession d’instants présents qui commencent avec l’évasion de prison de l’assassin jusqu’à sa mort. Ces tableaux fugueurs, fougueux et surtout  très noirs m’ont paru inégaux , certains exaltés par une magnifique prose poétique très lyrique que la mise en scène illumine par des effets de lumière incandescents et d’autres lourdement bavards qui piétinent . Le meurtrier dans sa cavale rencontre plusieurs personnages, dont le plus intéressant est « la gamine » , adolescente révoltée contre une famille de misère qui se lie à lui d’une passion effrénée avant de le trahir, mais les autres manquent de relief et de justification. Il y a trop de rôles secondaires (joués par les mêmes acteurs grimés) dans cette courte pièce pour que chacun soit suffisamment caractérisé, en particulier tous les figurants du « petit Chicago » de la pègre et de la prostitution qui évoquent platement les stéréotypes des films de gangsters .   La mise en scène est à l’image du texte, éblouissante  dans les premières scènes comme l’évasion et la confrontation avec la mère, mais moins inspirée pour les scènes de groupes assez confuses dont rien n’émerge. Pio Marmaï interprète Zucco avec une dimension tragique intense,  un air d’adolescent rimbaldien  alliés à une gestuelle très souple, sensuelle et chorégraphique, qui en font un personnage impulsif plein de rêves d’absolu, plus touchant que dangereux, peut-être parce que sa vie est menacée comme l’était celle de Koltès lorsqu’il écrit cette œuvre peu avant sa mort. Il domine par la cohérence de son jeu les autres acteurs hétéroclites qui ont du mal à défendre des fantoches peu crédibles . La scénographie est fascinante quand elle utilise plusieurs niveaux , le sol et les hauteurs, et que les personnages se déplacent d’un espace à l’autre ,  de l’ombre aux feux des projecteurs. Mais les passages statiques aux longues tirades m’ont paru bien longs.
 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 Roberto_zucco_5


Dernière édition par nuages le Mer 9 Mar 2016 - 20:20, édité 1 fois
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par Izambard Dim 6 Mar 2016 - 9:53
Quelqu'un a vu Lucrece Borgia de Podalydes ?
J'aimerais bien pouvoir échanger à ce sujet.
Leil
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par Leil Dim 6 Mar 2016 - 17:20
 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 DUEL_opus2-211x300

Un spectacle excellent. Un des 2 participait à Quatuor il y a quelques années.

http://www.bricabook.fr/2016/03/duel-opus-2-avec-laurent-cirade-et-paul-staicu/


 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 Les-anciennes-odeurs-au-theatre-du-marais-215x300

Une pièce de théâtre sur l'amour ... perdu ... Très très joli texte de Michel Tremblay
http://www.bricabook.fr/2016/03/les-anciennes-odeurs-theatre-du-marais/

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par nuages Ven 11 Mar 2016 - 21:37
 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 GLORY_Credit_Mikki_Kunttu_01
Spectacle de danse extraordinaire , quelle splendeur! Double programme avec "Lux" sur la musique du Requiem de Fauré et surtout "Glory" sur des musiques de Haendel, chorégraphie éblouissante d'Andonis Foniadakis avec les 22 danseurs fabuleux du ballet du Grand Théâtre de Genève , sur un rythme souvent échevelé d'une virtuosité époustouflante, avec des éclairages et une beauté visuelle exceptionnels! veneration veneration veneration  
(le spectacle est en tournée en France , il ne faut pas le rater!)
J'essaie d'insérer une vidéo pour vous donner une idée...
https://youtu.be/y5d3Jitpo5Y
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par Leil Dim 13 Mar 2016 - 10:34
 - Sur la scène : théâtre en province et à Paris  - Page 2 Affiche-%C3%A0-tort-ou-%C3%A0-raison-bouquet


Cela faisait longtemps que j'avais envie d'y aller, ce fut chose faite cette semaine. Bouquet est magistral ! :clapclap:

http://www.bricabook.fr/2016/03/a-tort-ou-a-raison-michel-bouquet/

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par nuages Jeu 17 Mar 2016 - 20:51
Je sais que le spectacle dont je vais parler a beaucoup d'amateurs mais je m'y suis ennuyée à mourir pendant 2h30 . Il a été créé à l'automne 2015 au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et il tourne en province, c'est le Dibbouk mis en scène par Benjamin Lazar.
Shalom An-Ski, après des recherches approfondies sur  la culture juive russe  écrivit Le Dibbouk ou entre deux mondes  au début du XXème siècle , pièce qui s’appuie à la fois sur des croyances religieuses et des superstitions, tout en développant une intrigue imaginaire basée sur l’amour contrarié et le fantastique. La matière est donc très riche, d’autant plus que le spectacle de Benjamin Lazar mêle plusieurs langues, le français, le yiddish et l’hébreu,  à des partitions musicales traditionnelles et des airs chantés . Un riche marchand avait promis sa fille en mariage au fils de son meilleur ami dès la conception des deux enfants. Les  jeunes gens sont passionnément épris  l’un de l’autre mais l’amoureux n’étant qu’un étudiant pauvre, le père renie sa promesse et force  sa fille à épouser un homme fortuné.  L’étudiant en meurt de chagrin et prend possession du corps de la mariée (un dibbouk est une âme errante qui revient hanter le corps d’un vivant ) qu’il va falloir exorciser. Le thème de la pièce était vraiment très plaisant et aurait pu donner lieu à un spectacle foisonnant aussi divertissant que fantaisiste, de plusieurs tonalités, mais la mise en scène plate est dépourvue de toute inspiration. Dans un décor inexistant et une absence totale d’atmosphère,  les acteurs souvent statiques déclament le texte interminable d’une voix monocorde , aucun effet visuel inventif ne vient surprendre ni enchanter le public , tout est appuyé et démonstratif, particulièrement le procès du père qui comparait devant un tribunal pour avoir renié sa promesse , procès très théâtral au plus mauvais sens du terme. J'étais coincée au milieu d'une rangée d'orchestre qui m'empêchait de m'éclipser et j'ai cru que cette représentation grotesque ne finirait jamais.
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par nuages Dim 27 Mar 2016 - 21:49
Il y a quelques jours j'ai vu la mise en scène d'Ostermeier de La Mouette qui sera à l'affiche de l'Odéon en mai-juin 2016. J'ai été très déconcertée par cette réécriture moderne de la pièce de Tchékhov que j'adore et je n'ai pas accroché à la façon dont Ostermeier s'appropriait l'œuvre, si riche en elle-même, en l'arrachant à son contexte . Le spectacle est interminable (plus de 2h30 sans entracte) parce que le metteur en scène y ajoute en préambule une sorte de sketch assez vulgaire qui semble improvisé par ses propos désinvoltes concernant aussi bien l'actualité de  la Syrie, les migrants que la caricature des clichés du théâtre contemporain  Rolling Eyes  Ensuite c'est bien dans le style de ces innovations modernes tournées en dérision que va enfin commencer le spectacle avec micros, guitare électrique , musique rock assourdissante et une scénographie horrible. Pas de lac russe mais un sinistre mur gris digne d'une salle d'attente d'un cabinet médical,  longé d'une sorte de banc où les acteurs sont assis en attendant leur tour , quand ils ne jouent pas sur l'estrade en bois qui figure, dans un espace très réduit, la scène sur la scène, mise en abyme bien soulignée, qui me semble totalement artificielle puisqu'elle est déjà inscrite dans la pièce de Tchékhov qui parle d'actrices et d'écrivains. Ostermeier y ajoute la peinture car avec une sorte de long balai une femme crée une fresque (dégoulinante) sur le mur du fond élaborant le décor au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue , puis le supprimant pour souligner (lourdement) la destruction des rêves des personnages. Je n'ai trouvé judicieuse et éclairante aucune de ces innovations apportées par cette réécriture moderne incongrue qui cite Houellebecq et Jeanne Moreau :shock:  Comme annoncé par le ton du préambule, Ostermeier opte pour une mise en scène distanciée qui met davantage en valeur l'humour de la pièce que le déchirement des sentiments. En fait, il y a bien longtemps, j'avais vu Juliette Binoche très jeune jouer Nina dans une mise en scène romantique de Konchalovsky à l'Odéon et ce spectacle d'une beauté poignante à l'atmosphère mélancolique, vraiment tchékhovienne, est resté dans ma mémoire un souvenir inoubliable . La nostalgie que j'en ai me rend peut-être hermétique aux innovations modernes sans âme et sans finesse d'une pièce où les êtres sont si fragiles.
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par NLM76 Mar 29 Mar 2016 - 17:18
Autopromo :
jeudi soir 18H30 Chanson de Roland; 20h30 Antigone.
Sinon, ce soir, les copains jouent la Batracho. puis Lysistrata. Demain Les Suppliantes puis à nouveau Lysi.

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Sites du grip :
  • http://instruire.fr
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Mon site : www.lettresclassiques.fr

«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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par nuages Ven 22 Avr 2016 - 21:04
J'ai vu la très belle mise en scène des Trois soeurs par Jean-Yves Ruf, créée l'an dernier à Saint-Denis , un spectacle bien plus intelligent et respectueux de l'univers de Tchekhov que l'atelier expérimental d'Ostermeier sur La Mouette.

Jean-Yves Ruf, entre la tradition d’une mélancolie de l’âme tchékhovienne et une certaine modernité, offre une belle mise en scène de la vie des trois sœurs, Macha, Irina et Olga, oscillant entre l’ardeur enthousiaste des rêves de jeunesse, le désenchantement puis le triste constat que les illusions se sont envolées sans jamais laisser de place au bonheur . La pièce est poignante, mais particulièrement dans cette mise en scène qui ne souligne pas les effets, laisse place à une certaine légèreté folâtre pour mieux mettre en valeur quelques cris du cœur déchirants. Le metteur en scène nous fait pénétrer subtilement, avec de délicates variations de tonalités, dans la demeure habitée à la fois par l’ivresse et le désenchantement. Il faut avoir beaucoup de talent pour donner vie à chacun de ces nombreux personnages dont les existences  et les réflexions s’entrecroisent , avec leurs désirs amoureux, leur envie de travailler ou de partir loin à Moscou, ou leur fatigue de vivre. Il nous donne à voir leurs élans brisés en juxtaposant des scènes très dynamiques puis soudain des sortes de plans fixes très beaux qui suspendent le temps sur certaines scènes de groupes . Le spectacle est très prenant car il est construit sur une progression dramatique de plus en plus sombre, d’acte en acte, qui procède à un dépouillement scénique en même temps que l’étau de la vie gâchée se resserre sur les personnages brisés par le renoncement. Le texte résonne avec beaucoup de profondeur et nous interroge sur le sens de la vie . Les jeunes actrices sont merveilleuses et bouleversantes, pleines de vitalité et d’une émotion poignante.
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par freche Sam 23 Avr 2016 - 20:41
Bon, ce n'est ni à Paris, ni en province, mais en Angleterre, où j'ai vu une fantastique mise en scène de A Midsummer Night's Dream de Shakespeare. La pièce se passait à Athens, Ohio, avec des costumes et des décors sortis des années 50, un Oberon ressemblant à un héros de science fiction. Génial ! Le tout joué par des comédiens de l'école Lamda (une autre partie est d'ailleurs en tournée en région parisienne pour Dracula, en anglais of course)
https://www.lamda.org.uk/whats-on/productions-and-showcases/lamda-on-tour
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par Leil Dim 30 Oct 2016 - 21:08
Ouh, j'ai une tonne de liens ... mais que des pièces que je recommande vivement ! Smile

Jules Renard, l'homme qui voulait être un arbre : Une lecture d'extraits de récits de Jules Renard. Très joli, mais super triste aussi (auteur marqué par une mère tyrannique et ... très dépressif selon moi) : http://www.bricabook.fr/2016/10/jules-renard-lhomme-qui-voulait-etre-un-arbre-theatre-montparnasse/

La peur de Zweig : Outch', du grand Zweig ... tout y passe. l'amour, la désillusion, la manipulation ... http://www.bricabook.fr/2016/10/la-peur-zweig-theatre-michel/


Le chien de Schmitt : Punaise, pas joyeux non plus, mais sacrée réflexion sur le fameux "l'homme est un loup pour l'homme". http://www.bricabook.fr/2016/10/le-chien-eric-emmanuel-schmitt-theatre-rive-gauche/

Lettre d'une inconnue de Zweig : punaise là encore jolie performance de la comédienne ... très belle mise en scène. Me suis pris un bout de tige de rose sur les genoux ... j'étais au 1er rang ! Razz http://www.bricabook.fr/2016/10/lettre-dune-inconnue-stefan-zweig-mis-en-scene-par-denis-lefrancois/

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par Oudemia Dim 30 Oct 2016 - 22:04
Pas triste du tout, une mise en scène enlevée, des comédiens tous parfaits (mention spéciale pour celui qui joue Coquelin) : Edmond est un très bon moment de théâtre.
Laotzi
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par Laotzi Dim 30 Oct 2016 - 22:29
Je vous conseille fort Vladimir Jankélévitch, la vie est une géniale improvisation, qui se joue au Lucernaire jusqu'en décembre. C'est un seul en scène dans lequel Bruno Abraham-Kremer interprète la correspondance (des extraits évidemment) entre Jankélévitch et son ami Louis Beauduc, son cothurne (colocataire) à l'ENS, avec qui il a conservé une relation épistolaire pendant soixante ans. J'ai trouvé la pièce très émouvante, par la sincérité et la modestie du comédien. La lecture (mise en scène, même si le jeu reste évidemment sobre) des lettres permet de suivre le parcours de vie et le parcours intellectuel du philosophe et les épreuves traversées, en particulier sa soutenance, ses premières publications, l'Occupation ou encore Mai 68, son grand intérêt pour la musique aussi. Nul besoin d'être initié à la philosophie de Jankélévitch, ni même à la philosophie tout court d'ailleurs, juste curieux et quand même un peu féru de la vie intellectuelle du XXe siècle (Janké fait quelques allusions au Café de Flore ou aux nouveaux philosophes par exemple). Lorsqu'il a monté la pièce il y a quelques années, il a joué devant huit personnes a-t-il confié après les applaudissements. C'était salle comble mercredi quand je suis allé voir la pièce. Celle-ci se termine par un épisode célèbre de la vie du philosophe, à savoir la lettre qu'il a reçu d'un jeune Allemand Wiard Raveling et la réponse du philosophe : "Cher Monsieur, je suis ému par votre lettre. J'ai attendu cette lettre pendant trente-cinq ans. Je veux dire une lettre dans laquelle l'abomination est pleinement assumée et par quelqu'un qui n'y est pour rien. C'est la première fois que je reçois une lettre d'Allemagne, une lettre qui ne soit pas une lettre d'autojustification plus ou moins déguisée. (...)".

Le Dom Juan de Sivadier à l'Odéon joue encore quelques jours. J'ai beaucoup aimé l'interprétation très énergique et engagée du duo Dom Juan/Sgnanarelle. Beaucoup d'artifices (le mot n'est pas péjoratif ici) dans la mise en scène, qui penche surtout sur la question de l'incroyance de Dom Juan davantage que sur la problématique de l'infidélité amoureuse, une version qui donne beaucoup de plaisir j'ai trouvé.

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par nuages Jeu 10 Nov 2016 - 22:47
Je vous conseille très vivement Iphigénie en Tauride de Goethe mise en scène par Jean-Pierre Vincent , superbe spectacle que j'ai vu hier soir, qui sera au théâtre des Abbesses fin novembre à Paris. Je ne connaissais pas la pièce de Goethe qui est une tragédie heureuse où la mythologie est habitée par le romantisme . L'histoire prend place dans le légendaire royaume de Tauride où Iphigénie, sauvée par la déesse, est devenue prêtresse de Diane , si loin des rivages de la Grèce dont elle exprime une douloureuse nostalgie , ainsi que des siens dont elle est sans nouvelles.  Le vieux roi veuf Thoas la courtise respectueusement, en vain, tandis qu'un naufragé fou échoue sur cette terre, c'est Oreste en proie aux Erynies accompagné de son ami dévoué Pylade. La poignante pièce de Goethe est une merveille de poésie et d'humanité. Elle célèbre la mélancolique Iphigénie, à la fois comme une fille arrachée à ses origines, pourtant hantées par la malédiction obsédante des Atrides qui revient comme un leitmotiv, et comme une femme libre des hommes qui défend fougueusement et hardiment la vie, la paix et la vérité. Cécile Garcia Fogel , tour à tour forte et blessée, opte pour une diction très mélodieuse, une mélopée incantatoire où les cris de détresse alternent avec l'appel de la liberté. Une spectatrice derrière moi la comparait à Dominique Blanc.  Iphigénie devient paradoxalement dans son exil lointain l'incarnation de la liberté, une femme insoumise et étonnamment moderne qui réussit à faire taire la violence des hommes. C'est une pièce sur la solitude du déracinement mais aussi sur la reconnaissance, dans tous les sens du terme , la gratitude envers la bonté de la divinité et l'amour protecteur du vieux prince mais aussi les retrouvailles avec le frère adoré perdu, à l'esprit égaré. C'est une pièce sur l'amour fraternel , sur l'amitié fidèle de Pylade pour Oreste... Toute la condition humaine est là, entre le vertige du désespoir et la confiance malgré tout en la générosité humaine sur laquelle, au péril de sa vie,  Iphigénie parie audacieusement . Cet optimisme est très beau,  comme un défi qui jaillit vainqueur de l'horreur des malédictions. La mise en scène pure et stylisée de Jean-Pierre Vincent met en valeur la beauté limpide de l'oeuvre au lieu de se l'approprier de façon narcissique . Elle puise sa magie dans le pouvoir d'illusion et d'imagination de la scène. Le décor de ce grand arbre sombre au bord de la mer qui se teinte des couleurs du couchant, où Iphigénie s'assoit sur un rocher près des vestiges d'un temple, a la beauté d'un tableau de Caspar David Friedrich. La scène où Oreste (joué par Vincent Dissez véritablement possédé) en proie au délire se croit descendu au royaume des morts, où tous les supplices se sont arrêtés et les ennemis réconciliés, dégage une émotion à pleurer. Je suis sortie enthousiaste de ce spectacle.
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Écusette de Noireuil
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par Écusette de Noireuil Jeu 10 Nov 2016 - 23:24
Ça à l'air magnifique!
De mon côté j'ai vu projet apocalyptique de Simon Gauchet, un jeune metteur en scène très prometteur. Beaucoup d'énergie sur scène pour ce drôle de projet où 6 personnages s'interrogent sur l'apocalypse et la font advenir sur le plateau. C'est une création, espérons d'autres dates l'an prochain!
Sinon je signale la tournée dans l'ouest de" Ça ira, fin de Louis", de Pommerat: vu l'an dernier aux amandiers à Nanterre, un spectacle événement à ne pas manquer.

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par nuages Sam 3 Déc 2016 - 21:40
Je n'ai pas accroché à l'adaptation scénique du Voyage à Tokyo d'Ozu par Dorian Rossel. Il y a visiblement une nouvelle tendance maintenant à transposer les films au théâtre  et je ne suis pas convaincue que ce soit une bonne idée alors que l'inverse a donné des chefs d’œuvre. Voyage à Tokyo raconte la visite d'un couple japonais âgé à ses enfants trop pris par leur vie active moderne dans la métropole pour pouvoir les accueillir avec disponibilité .  Voilà donc le film d'Ozu cantonné à un immense espace vide unique qui doit évoquer successivement plusieurs lieux invisibles à l'aide de petits accessoires rudimentaires ou de bruitages élémentaires. Mais la scénographie est si limitée, simple et pauvre qu'aucune magie n'opère pour les suggérer à notre imagination dans cette succession de tableaux sans nuances de lumières , si éloignés de la fluidité du cinéma . Les costumes hétéroclites sont laids et la distanciation introduite par de petits panneaux humoristiques coupe toute émotion et toute profondeur . Mais le pire est la distribution . Yoshi Oïda (83 ans) est merveilleux dans le rôle du vieil homme mais c'est le seul Japonais parmi de jeunes acteurs occidentaux qui jouent plusieurs rôles à la fois, d'hommes et de femmes, en se déguisant de façon assez simpliste (ce n'est pas subtil et on s'y perd vite) . Yoshi Oïda et la jeune actrice Elodie Weber (ni âgée ni japonaise) ne fonctionnent pas du tout comme représentation du vieux couple . Cette actrice semble même plus jeune que ses propres enfants!  J'ai bien compris que le spectacle voulait montrer l'évolution de la société japonaise et le fossé des générations mais je n'ai rien senti de cela , et malheureusement pas le temps qui passe (ou si, celui de la représentation,  assez pesant , bien qu'il ne dure qu'1h30)
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