- DanskaProphète
Toujours sur le thème d'APB (c'est de saison !), un article intéressant du Monde, sur les conseils qui sont donnés aux élèves par les enseignants. Pour avoir testé les deux types d'établissements, je me retrouve assez dans cet article, pour une fois.
L'article (en édition abonnée)
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Tous les établissements s’appuient sur le même schéma de l’Onisep pour présenter l’enseignement supérieur aux parents et aux élèves, [mais] chacun se focalise sur une partie bien précise de celui-ci. Dans les établissements très favorisés, le discours tourne quasi exclusivement autour des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), et un peu sur les filières sélectives de l’université (droit, médecine, etc.). Comme si l’espace de l’enseignement supérieur se résumait à ces filières. L’analyse des affiches ou des brochures des formations du supérieur présentes dans les établissements montre le même phénomène.
Alors que dans les lycées défavorisés, on parle surtout des sections de brevet de technicien supérieur (qui préparent au BTS) et des filières non sélectives de l’université. [...] Selon les milieux, les élèves baignent donc dans des environnements qui « canalisent » leur orientation. Et les jeunes qui font des choix différents sont, de fait, placés dans une position de marginalité.
[…]
Plus on est dans un établissement favorisé et plus les conseils arrivent tôt dans la scolarité – parfois dès la classe de seconde –, plus ils sont personnalisés et stratégiques. In fine, les élèves de ces lycées sont incités à faire des choix ambitieux, et surtout à optimiser leurs chances de les avoir sur l’outil APB. Ce sont des conseils du type : « Si tu veux faire ce genre d’études, voilà la meilleure formation dans le domaine. Mais elle est très sélective, alors tu dois la mettre en premier vœu, suivie de telle autre un peu moins sélective, etc. » [...] Dans les lycées plus défavorisés, les consignes données sont majoritairement d’ordre procédural : « Rappelez-vous que vous devez saisir vos vœux sur APB avant le 20 mars, que vous devez y entrer au moins un vœu, etc. » Ces rappels sont nécessaires, car les élèves des milieux populaires sont bien moins accompagnés par leur famille dans leur orientation, mais la démarche en devient presque bureaucratique.
- LaotziSage
Danska a écrit:Toujours sur le thème d'APB (c'est de saison !), un article intéressant du Monde, sur les conseils qui sont donnés aux élèves par les enseignants. Pour avoir testé les deux types d'établissements, je me retrouve assez dans cet article, pour une fois.
L'article (en édition abonnée)
Plus on est dans un établissement favorisé et plus les conseils arrivent tôt dans la scolarité – parfois dès la classe de seconde –, plus ils sont personnalisés et stratégiques. In fine, les élèves de ces lycées sont incités à faire des choix ambitieux, et surtout à optimiser leurs chances de les avoir sur l’outil APB. Ce sont des conseils du type : « Si tu veux faire ce genre d’études, voilà la meilleure formation dans le domaine. Mais elle est très sélective, alors tu dois la mettre en premier vœu, suivie de telle autre un peu moins sélective, etc. » [...] Dans les lycées plus défavorisés, les consignes données sont majoritairement d’ordre procédural : « Rappelez-vous que vous devez saisir vos vœux sur APB avant le 20 mars, que vous devez y entrer au moins un vœu, etc. » Ces rappels sont nécessaires, car les élèves des milieux populaires sont bien moins accompagnés par leur famille dans leur orientation, mais la démarche en devient presque bureaucratique.
Celui qui dit cela à ses élèves n'a surtout pas compris grand chose à la procédure APB...
L'article ne dit pas forcément quelque chose de faux mais il le rend caricatural : comparer un établissement "très favorisé" type Louis-le-Grand avec un lycée défavorisé où l'on ne conseillerait que des BTS (pour des bacs pros donc ?) n'a pas beaucoup de sens.
Je suis dans un lycée plutôt défavorisé mais l'on incite aussi les élèves, qui le peuvent, à postuler en prépa et l'on organise même une réunion tous les ans avec des professeurs et proviseurs de prépa : je crois que le temps (s'il a jamais existé un jour) où les élèves d'établissements défavorisés ne connaissaient même pas l'existence des classes prépa ou d'autres filières sélectives à l'université est révolu. D'abord parce que les professeurs principaux font un important travail avec leurs élèves, mais aussi parce qu'APB (et c'est bien au moins un intérêt que je lui reconnais) facilite grandement la connaissance des filières du supérieur (par comparaison avec l'époque des dossiers papiers).
Tous les ans, plusieurs élèves de chaque classe de Tle rentrent en classe prépa ou dans des filières sélectives (autres que BTS). Certes, ce n'est probablement pas la majorité, mais les dossiers scolaires ne permettent pas davantage. Et puis c'est aussi à l'Etat de se regarder en face : il y a des dizaines de classes prépas littéraires à Paris, contre deux seulement dans le Val-de-Marne (dont une très récente et l'autre dans le lycée prestigieux du département) : si les élèves de lycées favorisées baignent davantage dans un environnement propice à la prépa, c'est d'abord parce qu'il en existe une dans leur établissement.
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- JennyMédiateur
Laotzi a écrit:je crois que le temps (s'il a jamais existé un jour) où les élèves d'établissements défavorisés ne connaissaient même pas l'existence des classes prépa ou d'autres filières sélectives à l'université est révolue.
Je l'espère (en tout cas, comme élève, je ne connaissais pas les classes prépa et on nous incitait à privilégier les filières courtes).
- neomathÉrudit
Ce temps n'a à mon avis jamais existé.Jenny a écrit:Laotzi a écrit:je crois que le temps (s'il a jamais existé un jour) où les élèves d'établissements défavorisés ne connaissaient même pas l'existence des classes prépa ou d'autres filières sélectives à l'université est révolue.
Je l'espère (en tout cas, comme élève, je ne connaissais pas les classes prépa et on nous incitait à privilégier les filières courtes).
J'enseigne depuis les années 80, en lycée, dans des quartiers populaires. Nous avons toujours conseillé la prépa aux élèves qui étaient susceptible d'y réussir.
Il se trouve que ces élèves ne sont pas dans la même proportion au lycée Hoche qu'à Pablo Neruda. D'où la différence de discours lorsque l'on parle à toute la classe.
Quand on a un ou deux élèves qui peuvent raisonnablement faire une prépa, on les prend à part. C'est une évidence.
Par ailleurs, ce que je raconte ici est de l'histoire ancienne. Il y a belle lurette que les prépas et leur public se sont diversifiés.
L'article cité, comme à peu près tout ce que l'on peut lire dans la presse sur nous, est caricatural jusqu'au mensonge. La reproduction sociale est une réalité. Expliquer que c'est la faute aux enseignants est ridicule et odieux.
- JennyMédiateur
C'est juste une expérience personnelle, qui s'explique peut être par l'absence de classes prépa sur place... (Je viens de vérifier, c'est effectivement le désert). Ma PP de Terminale était particulière, ça explique sans doute aussi des choses.
Il faudrait sans doute aussi mieux informer les élèves défavorisés des aides possibles.
Il faudrait sans doute aussi mieux informer les élèves défavorisés des aides possibles.
- DanskaProphète
neomath a écrit:Ce temps n'a à mon avis jamais existé.Jenny a écrit:Laotzi a écrit:je crois que le temps (s'il a jamais existé un jour) où les élèves d'établissements défavorisés ne connaissaient même pas l'existence des classes prépa ou d'autres filières sélectives à l'université est révolue.
Je l'espère (en tout cas, comme élève, je ne connaissais pas les classes prépa et on nous incitait à privilégier les filières courtes).
J'enseigne depuis les années 80, en lycée, dans des quartiers populaires. Nous avons toujours conseillé la prépa aux élèves qui étaient susceptible d'y réussir.
Il se trouve que ces élèves ne sont pas dans la même proportion au lycée Hoche qu'à Pablo Neruda. D'où la différence de discours lorsque l'on parle à toute la classe.
Quand on a un ou deux élèves qui peuvent raisonnablement faire une prépa, on les prend à part. C'est une évidence.
Par ailleurs, ce que je raconte ici est de l'histoire ancienne. Il y a belle lurette que les prépas et leur public se sont diversifiés.
L'article cité, comme à peu près tout ce que l'on peut lire dans la presse sur nous, est caricatural jusqu'au mensonge. La reproduction sociale est une réalité. Expliquer que c'est la faute aux enseignants est ridicule et odieux.
L'article ne met pas en cause uniquement les enseignants. La sociologue interrogée explique simplement que nous contribuons aussi à cette inégalité dans l'orientation - et justement, le passage que j'ai mis en gras en est une belle illustration.
Exemple récent dans mon établissement : la semaine dernière, réunion parents-profs avec les élèves de Term. Arrive une fille, brillante, discrète, travailleuse... dont la mère me demande si, à mon avis, elle a le niveau pour suivre à la fac. Je lui réponds qu'elle a même le niveau pour faire une double licence voire tenter une classe prépa, il ne faut pas qu'elle se limite à une simple licence à la fac ! Réponse interloquée de l'élève :
"Mais, la prépa, c'est pas pour moi... Personne n'y va dans la classe !"
En fait, si : deux élèves envisageaient en début d'année de tenter Science Po, une autre fille vise une classe prépa... mais, comme tu le dis toi-même, neomath, j'en ai parlé à ces élèves en privé, et non devant toute la classe. Résultat : les autres élèves de cette classe n'ont même jamais envisagé qu'eux aussi, peut-être, pouvait viser plus haut.
Dernier point : l'article évoque aussi la "responsabilité" de l'entourage, notamment des pairs. Et là, ça me semble une évidence, il y a un effet d'entraînement : quand tous les copains envisagent un IUT, un BTS ou une "simple" fac, difficile de penser qu'on peut faire autre chose !
- JEMSGrand Maître
Si nous ne sommes pas derrière nos élèves, nous avons trois à quatre inscrits par classe (sur un effectif de 24)...
Il y a un monde entre des lycéens qui peuvent être accompagnés chez eux et/ou qui ont assez de connaissances pour faire face à cet outil peu intuitif...
L'an dernier, j'ai enregistré une dizaine de gamins pendant mes cours en TD ou sur des créneaux en dehors du temps de travail... et je ne parle pas des dossiers lettres de motivation ou des dossiers à imprimer...
Il y a un monde entre des lycéens qui peuvent être accompagnés chez eux et/ou qui ont assez de connaissances pour faire face à cet outil peu intuitif...
L'an dernier, j'ai enregistré une dizaine de gamins pendant mes cours en TD ou sur des créneaux en dehors du temps de travail... et je ne parle pas des dossiers lettres de motivation ou des dossiers à imprimer...
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