Livre autobiographique de Najat Vallaud-Belkacem : sortie prévue le 1er mars

trompettemarine a écrit:Mais qui sait, dans quelques années, quand e- l'aura édité et qu'il sera dans tous les manuels scolaires, entre l'éloge et le blâme, il serait bon qu'il y figurât.

Je lui abandonne mes droits sur le deuxième quatrain : j'y ai épuisé ma veine Péguiste - avec une erreur de versification, merci à ipomée qui l'a détectée. Je me lance dans Du Bellay.


Comme le dominant des yaks ou des chameaux
Exsude un profond musc et répand ses humeurs
Grâce à quoi tout va bien : ses femelles demeurent,
l'ennemi se tient coi, et poussent les marmots,

Et comme pour nos nez l'odeur de ce costaud
dépasse les relents de quatre-vingts rameurs,
nous fait tousser, vomir, cracher, penser qu'on meurt,
et que sentir l'enfer nous voudrions plutôt,

Ainsi quand vint la fin de son œuvre sinistre,
D'une plume vantarde et froide, la ministre
Raconta pour le peuple, en roman, son histoire

Et la fit applaudir. Mais rien n'est plus odieux,
à nous qui subissons, que son prêche radieux
Et rien n'est plus affreux que ses sujets de gloire.

Finalement, je me suis lancée moi aussi, avec Hérédia :

Comme un jeune gerfaut loin du pays natal
S’envole en espérant des fortunes lointaines
De l’ouvrière Amiens à l’ENA non sans mal
Elle partit trouver une voie souveraine

Il fallut conquérir un monde bien brutal
Et toujours souriant se montrer inhumaine,
Colombe pour Collomb, loyale pour Royal
Elle servit Ayrault quand il fut capitaine.

Pour danser avec Valls notre jeune cynique
Fit voter une loi à date symbolique
Cassant tout privilège. Et bébé piranha

Elle se fit les dents sur la chair de l’école.
Se souvient-elle encor du roc de Tarpéia
Celle qui déjà rêve aux ors du Capitole ?

e-Wanderer a écrit:Pour tenir compte des remarques des puristes :

e-Wanderer a écrit:Tes désirs sont des ordres (merci au passage pour la rime en -oc ! )

Du coq à l'âne : le destin contrarié d'une jeune bergère

Elle a fui ce pays où affleure le roc,
La terre maternelle empreinte de mystère,
Pour échouer à Amiens, portant en bandoulière
Sa soif de réussir dans le pays du coq.

Comme elle avait gardé les chèvres au Maroc,
On lui offrit ici le plus beau ministère
Pour qu'elle y déployât sa caution populaire
– Sourire carnassier, ambition à bloc.

Mais à peine ministre, indigne sacrilège !
Elle dynamita le latin au collège.
Le peuple furieux brisa son piédestal

Et vissa sur son front l'infamant bonnet d'âne.
Elle qui se rêvait un destin magistral
Cacha piteusement sa honte à Villeurbanne.

Je pointais la difficulté de la versification par plaisanterie, on peut s'amuser sans respecter toutes les contraintes des classiques, parfois très pesantes.  Respecter celle des diérèses et des synérèses est assez frustrant, le champ des possibilités se trouve très réduit ; on ne peut par exemple pas écrire

Et la fit applaudir. Mais rien n'est plus odieux,
à nous qui subissons, que son prêche radieux

ni d'ailleurs « Pour qu'elle y déployât sa caution populaire ».

Ipomee, amusant pastiche (tu as simplement deux syllabes surnuméraires dans les tercets ).

Avis aux cristoliens, Madame notre ministre dédicace le 3 mars à 18h à la FNAC de Créteil!

, mais des -e muets en trop aux vers  11, 13 et 14.

Si tu n'es pas aussi chatouilleuse que Cyrano je te propose :

Contre tout privilège, et, bébé piranha,

Mais te souviendras-tu du roc de Tarpéia
Toi qui te vois déjà au seuil du Capitole ?

Pour moi, la suite, toujours avec Du Bellay.


Comme le vieux guerrier de sa vie sur le soir,
Rappelle ses exploits - mille soldats occis
Mille vierges vendues, mille palais conquis,
- Ordonne que longtemps soit chantée son histoire,

Et comme sacrifiant aux dieux dans son manoir
Sur le foyer fumant versant le vin rubis,
Il revoit des enfants égorgés dans leur lit
Et s'en va sans regret s'endormir dans la gloire

Ainsi notre ministre à la fin de son temps
Au peuple s'adressa, lui dit : "soyons contents,
D'une obscure lignée, j'ai monté comme un astre

Je peux me reposer : vous m'avez vu agir".
Elle clama très haut sa fierté du désastre,
Mais elle, hélas, hélas, escompte revenir.

J'avais corrigé, mais j'aime bien certaines de tes propositions.
Donc, par Oudemia et ipomée :


Comme un jeune gerfaut loin du pays natal
S’envole en espérant des fortunes lointaines
De l’ouvrière Amiens à l’ENA non sans mal
Elle partit trouver une voie souveraine

Il fallut conquérir un monde bien brutal
Et toujours souriant se montrer inhumaine,
Colombe pour Collomb, loyale pour Royal
Elle servit Ayrault quand il fut capitaine.

Pour danser avec Valls notre jeune cynique
Fit voter une loi à date symbolique
Contre tout privilège, et bébé piranha

Elle se fit les dents sur la chair de l’école.
Mais te souviendras-tu du roc de Tarpéia
Toi qui rêves déjà aux ors du Capitole ?

archeboc a écrit:
Pour moi, la suite, toujours avec Du Bellay.


Comme le vieux guerrier de sa vie sur le soir,
Rappelle ses exploits - mille soldats occis
Mille vierges vendues, mille palais conquis,
- Ordonne que longtemps soit chantée son histoire,

Et comme sacrifiant aux dieux dans son manoir  
Sur le foyer fumant versant le vin rubis,  
Il revoit des enfants égorgés dans leur lit
Et s'en va sans regret s'endormir dans la gloire

Ainsi notre ministre à la fin de son temps
Au peuple s'adressa, lui dit : "soyons contents,  
D'une obscure lignée, j'ai monté comme un astre

Je peux me reposer : vous m'avez vu agir".
Elle clama très haut sa fierté du désastre,  
Mais elle, hélas, hélas, escompte revenir.

Bravo !
On commence à s'amuser ici.

Certes, certes, c'est lui faire trop d'honneur, mais il n'empêche que Le Grand Jacques avait une vue acérée sur le sujet. Comme sur bien d'autres...

Bon, vous êtes trop forts sur le plan poésie déjantée.
C'est vrai que l'on commence vraiment à s'amuser.

ipomee a écrit:Toi qui rêves déjà aux ors du Capitole ?

Génial !

Je n'ai pas le temps (et sans doute pas le talent non plus ) de m'amuser à ça aujourd'hui, mais bravo à tous.

trompettemarine a écrit:Oui, c'est vraiment excellent !
Je sens que je vais faire une séquence sur l'épigramme.
Ce poème en sera.

Merci pour le compliment . Mais même si les théoriciens rapprochent souvent le sonnet de l'épigramme, il faudrait compléter ta séquence par des exemples de brièveté plus typiques :

Un sourire éternel vissé au bord des lèvres
(Attribut si banal de la mondanité)
Najat reste pourtant loin de l'urbanité :
Par réflexe rural, elle nous rend tous chèvres.

Ah, je préfère l'épigramme

ipomee a écrit:
Et la petite fille sans rien qui a fait des études, OK, on peut admirer. Mais la ministre n'est plus une petite fille méritante. Elle est à un niveau que peu d'enfants méritants ont atteint, elle n'est donc pas un exemple.

Des extraits publiés, je retiens qu'elle se découvre une conscience politique en 2002 ... Une dizaine d'année pour se faire une culture politique en baignant dans l'appareil du PS, tu m'étonnes qu'elle n'ait pas produit quoique ce soit de véritablement à gauche. Il n'y a aucun recul, aucune conscience de classe et donc aucune vision si ce n'est celle de quelques think-tank !

Pour imiter e-wanderer :

Tout affamée dans une jungle obscure
Najat osa dévorer tout vivant
Un lion dont elle dédaigna les dents
Etant dotée d'une même denture

"Par réflexe rural, elle nous rend tous chèvres."

Ce n'est pas très gentil pour les chèvres...

Il en pense quoi, Brighelli?

Rho làlà...
pour paraphraser De Funès dans le Corniaud, "Ils m'épatent ils m'épatent ils m'épatent."

J'adore vos poèmes! Bravo!

Allez, à mon tour de tenter quelque chose, cette fois-ci avec l'aide de Monsieur de La Fontaine. Je n'y ai passé qu'une dizaine de minutes, et n'ai pas prêté attention à la métrique... soyez cléments...

Du Bellay? La Bruyère? Péguy? La Fontaine? Diable, diable... est-ce bien raisonnable?

Assurément, ce livre fait beaucoup écrire, avant même sa sortie officielle.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/02/24/01016-20170224ARTFIG00238-enfance-racisme-politique-najat-vallaud-belkacem-se-livre-dans-une-autobiographie.php?pagination=26#nbcomments

Avec un beau panle de commentaires...

Oups!!!! panel!!! Désolé...

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Que voulez-vous que nous fissions face à cette bonimenteuse à l'oeil de biche, qui a parfaitement compris que dans l'opinion la réflexion la mieux construite cède bien facilement au pathos le plus éhonté? Il y a tout, l'enfant souriante et reconnaissante en couverture, la misère au soleil, le racisme, la condition féminine. Cela me fait penser à ces films tire-larmes qu'on nous contraint de ne pas détester parce qu'ils sont "tirés d'une histoire vraie".  Mme le Ministre se présente comme l'incarnation et la preuve vivante de la réussite par l'Ecole. Comment peut-on oser l'accuser dès lors, à moins d'appartenir à l'engeance des pseudos-intellectuels élitistes, d'en être un des pires fossoyeurs?

Quant à Camus, qu'on le laisse un peu tranquille. Un peu marre de le voir servir à tout, mais surtout, comme exemple, au choix:
- d'enfant pauvre qui a miraculeusement réussi grâce à son brave hussard d'instituteur.
- d'intellectuel qui jouait au foot.
Mais moi, quand je veux discuter de La Chute avec eux, les mêmes qui l'invoquent à tout va se débinent.

Najat, La Chute, on en parle?

Sifi, j'aime beaucoup, surtout le grand bec clos par modestie !

e-Wanderer a écrit:

trompettemarine a écrit:Oui, c'est vraiment excellent !
Je sens que je vais faire une séquence sur l'épigramme.
Ce poème en sera.

Merci pour le compliment . Mais même si les théoriciens rapprochent souvent le sonnet de l'épigramme, il faudrait compléter ta séquence par des exemples de brièveté plus typiques :

Un sourire éternel vissé au bord des lèvres
(Attribut si banal de la mondanité)
Najat reste pourtant loin de l'urbanité :
Par réflexe rural, elle nous rend tous chèvres.

Tu as raison.


Bon, il reste aussi l'épigramme en latin, comme en écrivait Martial.
Mais on risque le zorcharte.

Vraiment Bravo à vous tous!!!!! :mdr3: