- René ChicheNiveau 5
Le Conseil supérieur de l'éducation, réuni en séance plénière le 21 mars 2018, s'est prononcé à une très large majorité contre le projet de décret mettant en œuvre la réforme du baccalauréat.
Le projet de décret a recueilli 40 voix "contre", 19 voix "pour" et 11 abstentions.
Parmi les voix "contre", celle de l’organisation que je représente évidemment, et qui a voté "contre" tout en saluant les améliorations consenties par le ministère sur deux points, lequel a en effet retenu deux amendements déposés par la CFE-CGC et le SE-UNSA (amendements identiques même si les motivations ne le sont pas). Ainsi, grâce à notre travail sur le texte :
1/ Les enseignements donnant lieu à des épreuves terminales communes ne sont plus qualifiés d'enseignements de culture commune, ni relevant du socle de culture commune (sic), mais tout simplement d'enseignements communs.
2/ Plus important, nous avons obtenu que le second groupe d'épreuves reste constitué d'épreuves orales (2 au choix du candidat portant sur les enseignements obligatoires donnant lieu à des épreuves finales) et non, comme il était auparavant envisagé, que l’élève ait le choix entre l'examen du livret ou une épreuve orale.
Ces deux améliorations n'ont cependant pas suffi à nous faire changer d'avis sur le reste, et notamment sur l'inacceptable contrôle continu qui met en cause un principe qui ne doit souffrir aucune exception, à savoir que les membres du jury ne doivent pas examiner leurs propres élèves. C'est pourquoi nous avons salué l’effort du ministère pour les deux amendements acceptés mais avons tout de même voté "contre".
Le SE-UNSA en revanche, qui avait annoncé dans sa déclaration préalable qu'il voterait "contre", a fini par voter "pour". Il a ainsi rejoint les 18 autres voix pour, parmi lesquelles le SNDPEN-UNSA et le SNALC, chacun d'eux revendiquant tout ou partie de la paternité de cette réforme - ce qui, s'agissant du SNALC, compagnon de lutte contre la réforme du collège, me consterne.
Quant à la FCPE, qui pour une fois partageait de nombreuses analyses avec nous et annonçait également dans sa déclaration préalable qu'elle ne voterait pas ce texte, elle a fini par s'abstenir piteusement, comme 10 autres organisations.
Parmi les 40 voix "contre", outre celle de la CFE-CGC, on évoquera le SNES-FSU, le SNFOLC, SUD, la CGT, le SGL etc.
Je rédigerai dans les meilleurs délais un compte rendu plus précis de cette séance et des votes de chacun sur les différents amendements significatifs ainsi que sur les autres projets examinés, à savoir les projets d'arrêtés fixant les modalités du contrôle continu, les coefficients des épreuves du baccalauréat général et des baccalauréats technologiques. Ils ont évidemment été rejetés par le Conseil supérieur de l'éducation dans les mêmes proportions, refusés et approuvés par les mêmes à peu près.
Je tiens enfin à préciser que, à l'initiative de plusieurs organisations, dont la nôtre, ayant déposé le même vœu demandant le retrait des textes mettant en œuvre la réforme du bac de l'ordre du jour, le Conseil supérieur de l'éducation a commencé par voter à une écrasante majorité le retrait de ces textes de l'ordre du jour. Forte d'une argumentation sophistique dont elle a le secret, l'administration a maintenu l'ordre du jour contre la volonté de l'assemblée qui venait de s’exprimer.
C'est, en un sens, une parfaite illustration de ce que ce gouvernement appelle le "dialogue social"…
Le projet de décret a recueilli 40 voix "contre", 19 voix "pour" et 11 abstentions.
Parmi les voix "contre", celle de l’organisation que je représente évidemment, et qui a voté "contre" tout en saluant les améliorations consenties par le ministère sur deux points, lequel a en effet retenu deux amendements déposés par la CFE-CGC et le SE-UNSA (amendements identiques même si les motivations ne le sont pas). Ainsi, grâce à notre travail sur le texte :
1/ Les enseignements donnant lieu à des épreuves terminales communes ne sont plus qualifiés d'enseignements de culture commune, ni relevant du socle de culture commune (sic), mais tout simplement d'enseignements communs.
2/ Plus important, nous avons obtenu que le second groupe d'épreuves reste constitué d'épreuves orales (2 au choix du candidat portant sur les enseignements obligatoires donnant lieu à des épreuves finales) et non, comme il était auparavant envisagé, que l’élève ait le choix entre l'examen du livret ou une épreuve orale.
Ces deux améliorations n'ont cependant pas suffi à nous faire changer d'avis sur le reste, et notamment sur l'inacceptable contrôle continu qui met en cause un principe qui ne doit souffrir aucune exception, à savoir que les membres du jury ne doivent pas examiner leurs propres élèves. C'est pourquoi nous avons salué l’effort du ministère pour les deux amendements acceptés mais avons tout de même voté "contre".
Le SE-UNSA en revanche, qui avait annoncé dans sa déclaration préalable qu'il voterait "contre", a fini par voter "pour". Il a ainsi rejoint les 18 autres voix pour, parmi lesquelles le SNDPEN-UNSA et le SNALC, chacun d'eux revendiquant tout ou partie de la paternité de cette réforme - ce qui, s'agissant du SNALC, compagnon de lutte contre la réforme du collège, me consterne.
Quant à la FCPE, qui pour une fois partageait de nombreuses analyses avec nous et annonçait également dans sa déclaration préalable qu'elle ne voterait pas ce texte, elle a fini par s'abstenir piteusement, comme 10 autres organisations.
Parmi les 40 voix "contre", outre celle de la CFE-CGC, on évoquera le SNES-FSU, le SNFOLC, SUD, la CGT, le SGL etc.
Je rédigerai dans les meilleurs délais un compte rendu plus précis de cette séance et des votes de chacun sur les différents amendements significatifs ainsi que sur les autres projets examinés, à savoir les projets d'arrêtés fixant les modalités du contrôle continu, les coefficients des épreuves du baccalauréat général et des baccalauréats technologiques. Ils ont évidemment été rejetés par le Conseil supérieur de l'éducation dans les mêmes proportions, refusés et approuvés par les mêmes à peu près.
Je tiens enfin à préciser que, à l'initiative de plusieurs organisations, dont la nôtre, ayant déposé le même vœu demandant le retrait des textes mettant en œuvre la réforme du bac de l'ordre du jour, le Conseil supérieur de l'éducation a commencé par voter à une écrasante majorité le retrait de ces textes de l'ordre du jour. Forte d'une argumentation sophistique dont elle a le secret, l'administration a maintenu l'ordre du jour contre la volonté de l'assemblée qui venait de s’exprimer.
C'est, en un sens, une parfaite illustration de ce que ce gouvernement appelle le "dialogue social"…
- CleroliExpert spécialisé
Merci pour cette information (victoire symbolique mais c'est quand même réconfortant).
- JPhMMDemi-dieu
Dialogue social de taille infinie :
-- Oui.
-- Non.
-- Si.
-- Non.
-- Si.
-- Non.
etc.
-- Oui.
-- Non.
-- Si.
-- Non.
-- Si.
-- Non.
etc.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. D'ailleurs, il n'y a point de meilleur moyen pour mettre en vogue ou pour défendre des doctrines étranges et absurdes, que de les munir d'une légion de mots obscurs, douteux , et indéterminés. Ce qui pourtant rend ces retraites bien plus semblables à des cavernes de brigands ou à des tanières de renards qu'à des forteresses de généreux guerriers. Que s'il est malaisé d'en chasser ceux qui s'y réfugient, ce n'est pas à cause de la force de ces lieux-là, mais à cause des ronces, des épines et de l'obscurité des buissons dont ils sont environnés. Car la fausseté étant par elle-même incompatible avec l'esprit de l'homme, il n'y a que l'obscurité qui puisse servir de défense à ce qui est absurde. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- RabelaisVénérable
Je vous prie d'excuser mon inculture politique, ayant décidé relativement récemment de participer à la vie de la société :
Si le projet de décret a été rejeté par la majorité des votes et donc par le CSE, va-t-il pouvoir être proposé tout de même ?
Si le projet de décret a été rejeté par la majorité des votes et donc par le CSE, va-t-il pouvoir être proposé tout de même ?
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- René ChicheNiveau 5
@Rabelais a écrit:Je vous prie d'excuser mon inculture politique, ayant décidé relativement récemment de participer à la vie de la société :
Si le projet de décret a été rejeté par la majorité des votes et donc par le CSE, va-t-il pouvoir être proposé tout de même ?
Bien sûr, en droit, puisque le CSE est un organe consultatif.
Mais en fait, le vote du CSE peut servir à poursuivre et amplifier la mobilisation (mince, voilà que je me mets à parler comme un syndicaliste !)
- FurbyNiveau 9
Le CSE n'est qu'un organe consultatif pour la façade, le gouvernement se fiche de son avis en réalité.
- RabelaisVénérable
Je vous remercie.
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- chmarmottineDoyen
Un des derniers exemples est celui de début juin dernier où le cse avait émis un avis contre le retour à la semaine de de 4 jours, mais le gouvernement n'avait pas suivi.
- archebocEsprit éclairé
Est-ce une vieille habitude, ou bien est-ce sous NVB que le MEN a pris le pli de s'assoir sur les avis du CSE ?
- FanchetteNiveau 5
Le CSE n'a plus un avis consultatif que depuis la précédente présidence, me semble-t-il. Tiens, un peu comme le conseil du patrimoine de la ville de Paris, d'ailleurs.
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21st Century Schizoid Woman - Chaos under construction
- René ChicheNiveau 5
Bonjour,
Un compte rendu détaillé de la séance du 21 mars du CSE sera très prochainement diffusé par courriel en provenance de Action & Démocratie (les serveurs sont actuellement en maintenance). L’organisation au nom de laquelle je m’y exprime a demandé, avec d’autres d’ailleurs, le retrait des textes concernant le baccalauréat de l’ordre du jour. L’administration en a pris acte à sa manière : l’ordre du jour a été maintenu, et comme vous le savez le décret modifiant le code de l’éducation a été amendé et finalement rejeté par une large majorité.
Voici, pour information, la conclusion de la déclaration préalable que j’ai prononcée :
Une réforme intelligente du baccalauréat est encore possible à deux conditions. La première est d’éviter la précipitation, de ne pas susciter une pseudo-adhésion de la population à des mesures dont elle ignore le contenu précis et les effets à court et moyen terme, et de consulter les professeurs sans les sommer d’accepter des choix qu’ils contestent ni leur réserver, à titre de consolation, la négociation de détails. La seconde condition est de procéder avec rigueur en partant des principes, de ne pas chambouler l’organisation d’un examen bicentenaire pour régler des problèmes de fuites de sujet ou alléger la tâche des concepteurs des sujets, d’exposer avec clarté les difficultés qu’on se propose de résoudre et, par-dessus-tout, de ne pas séparer la question du sens du baccalauréat général de la question du sens des baccalauréats technologiques et professionnels. La CFE-CGC considère en effet que les difficultés que connaît le baccalauréat général proviennent en grande partie de ce qu’on fait peser sur lui la charge de fonction que n’assurent plus ou qu’assurent imparfaitement, de leurs côtés, les baccalauréats technologiques et professionnels, et que ce n’est qu’en rendant à ces derniers leur vocation et leur attractivité, c’est-à-dire en en faisant le moyen d’accéder à un enseignement supérieur court pour l’un et à l’emploi immédiat pour l’autre, qu’on rendra par là au baccalauréat général sa vocation initiale, qui est de préparer à des études supérieures longues. Que les finalités de ces diplômes soient enfin clairement définies, qu’on étudie les modalités permettant à tout un chacun de les cumuler s’il le désire, et qu’on cesse parallèlement de pousser vers le baccalauréat général des cohortes d’élèves qui n’ont parfois ni le goût ni la volonté d’entreprendre de longues études, bref, que l’on démocratise enfin l’éducation, au lieu de la laisser se déliter sous l’effet d’une massification subie et fort mal accompagnée, et l’on verra que la plupart des maux se résorberont d’eux-mêmes, sans frénésie réglementaire ni agitation médiatique !
Le texte complet est ici : https://actionetdemocratie.com/wp-content/uploads/2018/03/DECLARATION-AD-CFE-CGC-CSE-21-MARS-2018.pdf
Un compte rendu détaillé de la séance du 21 mars du CSE sera très prochainement diffusé par courriel en provenance de Action & Démocratie (les serveurs sont actuellement en maintenance). L’organisation au nom de laquelle je m’y exprime a demandé, avec d’autres d’ailleurs, le retrait des textes concernant le baccalauréat de l’ordre du jour. L’administration en a pris acte à sa manière : l’ordre du jour a été maintenu, et comme vous le savez le décret modifiant le code de l’éducation a été amendé et finalement rejeté par une large majorité.
Voici, pour information, la conclusion de la déclaration préalable que j’ai prononcée :
Une réforme intelligente du baccalauréat est encore possible à deux conditions. La première est d’éviter la précipitation, de ne pas susciter une pseudo-adhésion de la population à des mesures dont elle ignore le contenu précis et les effets à court et moyen terme, et de consulter les professeurs sans les sommer d’accepter des choix qu’ils contestent ni leur réserver, à titre de consolation, la négociation de détails. La seconde condition est de procéder avec rigueur en partant des principes, de ne pas chambouler l’organisation d’un examen bicentenaire pour régler des problèmes de fuites de sujet ou alléger la tâche des concepteurs des sujets, d’exposer avec clarté les difficultés qu’on se propose de résoudre et, par-dessus-tout, de ne pas séparer la question du sens du baccalauréat général de la question du sens des baccalauréats technologiques et professionnels. La CFE-CGC considère en effet que les difficultés que connaît le baccalauréat général proviennent en grande partie de ce qu’on fait peser sur lui la charge de fonction que n’assurent plus ou qu’assurent imparfaitement, de leurs côtés, les baccalauréats technologiques et professionnels, et que ce n’est qu’en rendant à ces derniers leur vocation et leur attractivité, c’est-à-dire en en faisant le moyen d’accéder à un enseignement supérieur court pour l’un et à l’emploi immédiat pour l’autre, qu’on rendra par là au baccalauréat général sa vocation initiale, qui est de préparer à des études supérieures longues. Que les finalités de ces diplômes soient enfin clairement définies, qu’on étudie les modalités permettant à tout un chacun de les cumuler s’il le désire, et qu’on cesse parallèlement de pousser vers le baccalauréat général des cohortes d’élèves qui n’ont parfois ni le goût ni la volonté d’entreprendre de longues études, bref, que l’on démocratise enfin l’éducation, au lieu de la laisser se déliter sous l’effet d’une massification subie et fort mal accompagnée, et l’on verra que la plupart des maux se résorberont d’eux-mêmes, sans frénésie réglementaire ni agitation médiatique !
Le texte complet est ici : https://actionetdemocratie.com/wp-content/uploads/2018/03/DECLARATION-AD-CFE-CGC-CSE-21-MARS-2018.pdf
- FurbyNiveau 9
Et quel est l'intérêt de faire croire que l'avis du CSE a une quelconque importance aux yeux du gouvernement ?
- CleroliExpert spécialisé
Certes, le gouvernement ne s'en soucie pas mais, pour l'avoir expérimenté lors d'une réunion d'information de parents d'élèves, le rejet par le CSE pousse@Furby a écrit:Et quel est l'intérêt de faire croire que l'avis du CSE a une quelconque importance aux yeux du gouvernement ?
- verdurinHabitué du forum
Et aussi, qui se souvient de l’opposition du CSE à la dernière réforme du collège ?
Personne.
Si mes souvenirs sont bons, il était vraiment favorable.
Je crois que l'avis de quelques incompétents n'a aucune importance.
Même si ils ont raison, c'est par hasard.
Personne.
Si mes souvenirs sont bons, il était vraiment favorable.
Je crois que l'avis de quelques incompétents n'a aucune importance.
Même si ils ont raison, c'est par hasard.
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Contre la bêtise, les dieux eux mêmes luttent en vain.
Ni centidieux, ni centimètres.
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