Gérard Genette est décédé

Je ne pouvais pas plus commenter hier soir désolée mais moi je lui trouvais de l'humour. Il me semble que c'est dans Nouveau Discours du récit qu'il revient sur Les Figures et notamment sur le III. Il était désappointé par ce qu'était devenu son travail dans l'enseignement du français au collège et lycée. Je ne sais plus où j'ai lu cela par contre.

DesolationRow a écrit:Il n'y a rien d'indispensable à lire et encore moins à apprécier  l'œuvre de Genette pour faire des études de lettres
Cette déprime du soir n'est pas justifiée

+1.  On le lit, ça fait partie des cursus. Mais on peut lire, aimer la lecture et enseigner sans Genette et des tas d'autres, vénérés désormais,  qui parlent de la littérature. Je ne dis pas que certaines choses ne sont pas intéressantes, mais le coeur de la littérature, c'est les textes, avec leur éventuelle opacité. "Tout fourmille de commentaires... ", dirait un auteur qui m'est bien plus cher .

Lefteris a écrit:

DesolationRow a écrit:Il n'y a rien d'indispensable à lire et encore moins à apprécier  l'œuvre de Genette pour faire des études de lettres
Cette déprime du soir n'est pas justifiée

+1.  On le lit, ça fait partie des cursus. Mais on peut lire, aimer la lecture et enseigner sans Genette et des tas d'autres, vénérés désormais,  qui parlent de la littérature. Je ne dis pas que certaines choses ne sont pas intéressantes, mais le coeur de la littérature, c'est les textes, avec leur éventuelle opacité.   "Tout fourmille de commentaires... ", dirait un auteur qui m'est bien plus cher .

Là-dessus, nous sommes d'accord, et je pense qu'un certains nombre de chercheurs en littérature actuellement en activité gagneraient à se le faire rappeler.

Une des choses que j'aimais bien, chez Genette, c'était justement le fait qu'il s'appuyait longuement et rigoureusement sur des textes (certes parfois tirés de derrière les fagots...) pour développer ses analyses et ses concepts - m'enfin, le "discours du récit" dans Figures III, quoi !

Mais effectivement, si j'aime bien Genette, je ne suis pas absolument convaincu d'aimer les genettiens

Je n'ai pas une révérence absolue pour Genette, car certaines de ses théories ne tiennent pas la route quand on les confronte à une lecture plus solide (au hasard, ses réflexions sur l'architecture du Moyse Sauvé de Saint-Amant), mais il était une vraie force de propositions. C'est extrêmement précieux qu'il existe ce genre de "touche-à-tout" remarquablement inventifs, capables de lancer des débats dans toutes les directions avec un vrai talent de théorisation. Je trouve la lecture philologique plus fiable et ça me convient mieux, mais Genette m'a souvent donné à penser et j'aime bien que certains assument cette part de risque dans leur recherche. Après on peut discuter, affiner, corriger. Cette forme d'intelligence n'est pas la mienne, mais j'en reconnais bien volontiers la grande utilité.

Très beaux hommages. A tous les critiques essentiels à nos lectures et relectures. Dont Genette.
http://blog.causeur.fr/bonnetdane/

Les uns et les autres furent des hommes-bibliothèques. Rappelez-vous Eco arpentant la sienne… Il n’y a pas qu’en Afrique qu’à la mort de certains vieillards, une bibliothèque brûle. Ce qui disparaît peu à peu, c’est notre capacité à errer dans les livres en les rouvrant sans cesse et en y découvrant toujours de nouvelles richesses. J’essaie de faire passer ça en cours. Mais je ne suis pas Genette, ni Barthes — ni Eco. Juste un bout de leur mémoire.

J'avoue que j'ai eu de la peine. Je trouve que confondre Genette avec tous les prétendus innovateurs et autres désenchanteurs de la littérature est injuste, parce qu'il y avait chez Genette l'acuité particulière d'une intelligence rare, le signe en étant son humour, je suis 100% d'accord avec Thalie. Je ne crois pas que Genette se soit jamais félicité de ce qu'est devenu l'enseignement de la littérature, d'ailleurs je ne crois l'avoir jamais pris en flagrant délit de connivence avec les imbéciles de quelque bord qu'ils soient.