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par Anaxagore Sam 1 Déc 2018 - 10:03
Un article du Dictionnaire Pédagogique qui pourra intéresser des collègues de lettres.

http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3808

Charles Bigot a écrit:


Voltaire

Raconter la vie de Voltaire et entrer dans les détails de son oeuvre, ce serait pour ainsi dire entreprendre de faire l'histoire du dix-huitième siècle tout entier. Aucun homme n'a autant que celui-ci personnifié toute une époque. On se bornera ici aux traits essentiels, en se proposant seulement pour but de montrer l'unité de cette existence si agitée, et de cette action si multiple.

Né à Paris en février 1694, François-Marie Arouet, qui prit à vingt-quatre ans le nom de Voltaire, fut dès l'adolescence l'enfant prodige. Jamais les jésuites qui enseignaient au collège Louis-le-Grand n'eurent un élève plus brillant, ni qui fit espérer davantage : ses maîtres s'accordaient à promettre au jeune Arouet la plus éclatante fortune littéraire. C'était à lui aussi que Ninon, mourant, avait légué sa bibliothèque.

Voltaire avait vingt et un ans et demi quand mourut le grand roi en 1715. C'est ici qu'il faut s'arrêter un instant si l'on veut bien comprendre cette destinée.

Les trente dernières années du règne de Louis XIV avaient été remplies par l'influence de Mme de Maintenon. On peut résumer en deux mots cette période de notre histoire : jamais il n'y eut en France plus d'orthodoxie apparente et moins de véritable religion. Les querelles du quiétisme et de la bulle Unigenitus, les luttes des jésuites et des jansénistes se prolongeant bien après la destruction de Port-Royal, occupaient les docteurs, la cour, l'opinion aussi bien que le clergé ; elles se partageaient la politique avec les embarras financiers touchant de si près à la banqueroute et les soucis de la guerre de la Succession d'Espagne marquée pour nous par tant de revers. Depuis la révocation de l'édit de Nantes, l'Eglise catholique semblait triomphante l'hérésie avait été vaincue, déracinée, les protestants contraints à la fuite ou à l'abjuration. Et pourtant rien de plus trompeur que ce triomphe. Ce qui régnait depuis plus de vingt années à la cour, à Paris, en France, ce n'était pas la foi, c'était l'hypocrisie. On s'était fait dévot pour plaire à un roi dévot, à une reine dévote : on prenait sa revanche des simagrées officielles dans les conversations privées, on la prenait plus grande encore dans les moeurs et la façon de vivre. Les souffrances, les misères, les humiliations de la fin du règne avaient peu à peu détaché du pouvoir absolu ceux-là mêmes qui avaient vu les splendeurs de la première moitié du règne du grand roi, à combien plus forte raison ceux qui n'assistaient qu'à la seconde moitié du spectacle! Le despotisme apparaissait d'autant plus lourd à supporter qu'il n'était plus racheté par la gloire. Comme un volcan souterrain, grondait sous la France orthodoxe, dévote, humblement inclinée au pied du trône, une France révoltée, toute prête à faire explosion, n'attendant que la mort du maître pour éclater. Notre race a bien des défauts ; elle n'a pas du moins celui de l'hypocrisie. Si elle se résigne à porter un masque, ce n'est jamais qu'à la condition de le rejeter avec horreur aussitôt qu'elle le peut faire. L'explosion après le règne de Mme de Main tenon, ce fut la Régence.

Tout Voltaire est là. Il a grandi, il s'est formé dans les dernières années du règne de Louis XIV. Il y a pris la haine du pouvoir absolu qui s'arroge non pas seulement une autorité sans limites sur les fortunes et les personnes des sujets, mais un droit d'inquisition sur les pensées et les consciences ; il y a pris bien plus encore la haine de ces orthodoxies religieuses toujours prêtes à armer pour les défendre le bras séculier. Il a entendu raconter les dragonnades ; il était enfant quand ont eu lieu les massacres des Cévennes. Il a entendu durant toute son adolescence retentir autour de lui les querelles religieuses qui attisent tant de haines, que suivent tant d'anathèmes et de persécutions: il est sorti d'un bond non pas seulement de toutes les petites églises des uns et des autres, mais du catholicisme, mais du christianisme même : la religion ne lui apparaît plus que comme une horrible invention qui pousse à s'entr'égorger les hommes nés pour s'aimer. Il met au même rang tous les dogmes et toutes les formules. Jansénistes, jésuites, quiétistes, pour lui sont également dupes des mêmes criminelles folies. Tolérance, telle sera la devise de toute sa vie ; il ne verra de salut pour l'humanité que dans la philosophie, dans le progrès de la raison qui doit terrasser enfin la superstition.

A ce premier trait il faut en ajouter un autre. Voltaire ne grandit pas seulement parmi les « libertins», comme on appelait alors ceux qu'on nomma plus tard les libres-penseurs ; il ne grandit pas seulement parmi les grands seigneurs : il grandit aussi parmi les hommes de plaisir, les viveurs, parmi ceux qui tout à l'heure vont s'appeler les « roués ». Ses compagnons préférés, ses amis sont des épicuriens en même temps que des sceptiques. Le jeune duc de Richelieu sera un modèle qu'il aura sans cesse devant les yeux. Il est charmé par ces moeurs faciles, par ces fréquentations aimables, ces soupers fins, cette liberté d'allures qui va tout droit à la licence. Il reçoit là une empreinte qui, elle non plus, ne s'effacera jamais. On nous permettra de ne pas insister sur ce côté de Voltaire ; mais il était nécessaire de l'indiquer. Sa santé faible, son ambition, son goût ou plutôt sa passion pour l'étude, sa hauteur d'intelligence, le sauveront personnellement de ces excès de la débauche auxquels doivent succomber tant d'autres de ses contemporains. Mais un certain goût de libertinage est entré dans son esprit et ne l'abandonnera jamais. Il gardera toute sa vie un faible pour l'équivoque, pour l'obscénité, pour l'ordure, qui dépassera la gauloiserie même des plus hardis parmi nos pères du seizième siècle français. Il donnera la main dans la Renaissance italienne à l'Arioste, à l'Arétin lui-même. Il devra à cette tare originelle une partie de son action sur le dix-huitième siècle français si volontiers dissolu. Il suivra l'exemple tour à tour et le donnera. Par là encore il est bien le contemporain de la génération de la Régence. Le siècle suivant, plus chaste, aura toujours peine à lui pardonner, même en reconnaissant son génie, cette dépravation de l'esprit qui a sali quelques-uns de ses plus admirables ouvrages, qui a été jusqu'au crime le jour où il a essayé volontairement de souiller, pour se divertir et pour divertir, la plus pure de toutes les gloires françaises, Jeanne d'Arc la bonne Lorraine.

Louis XIV est mort. Philippe d'Orléans est régent. Le jeune audacieux, le jeune révolté entre en scène. Il se jette dans la mêlée avec l'impétuosité de son tempérament et avec l'imprudence de son âge. Il est enfermé dix mois à la Bastille pour des couplets contre le feu roi, qu'il se défendra toujours d'avoir écrits. A peine sorti de prison, il fait applaudir à la Comédie-française (1718) son OEdipe imité de Sophocle, écrit presque sur les bancs du collège. Il acquiert du premier coup cette notoriété que le théâtre a toujours donnée aux débutants heureux, qu'il donnait alors plus encore qu'aujourd'hui. Mais ce qui a été applaudi plus que le sujet dramatique lui-même, ce sont les audaces du poète, ses sorties, sous des noms antiques, contre la superstition, contre le règne du prêtre. Il donne encore au théâtre Artémise (1770), Mariamne (1724), l'Indiscret, compose un divertissement pour le mariage du roi (1725). Soudain, malgré sa précoce renommée, il est mis une seconde fois à la Bastille, par une lâche vengeance du chevalier de Rohan. Cette fois il n'y reste qu'un mois, mais à la condition de quitter Paris, de s'expatrier. Il passe en Angleterre (1726).

A Londres, il publie sa Henriade, dont le premier nom, la Ligue, disait bien mieux le vrai sujet. Voltaire avait écrit l'ouvrage presque tout entier durant sa première captivité à la Pastille. Nous ne voyons plus aujourd'hui que les timidités littéraires du poème. Ce que tout le dix-huitième siècle y vit le plus, ce lurent les audaces religieuses. L'horreur des guerres de religion qui arment les frères contre les frères et les (ils contre les pères, l'abomination de s'entr'égorger au nom d'un dieu de paix, la guerre civile mettant un pays à deux doigts de sa perte, l'assassinat et le régicide érigés en vertus, une Saint-Barthélemy inondant la France de sang, tel est lé vrai sujet de la Henriade. Son but, c'est de donner l'horreur de la superstition, c'est d'inspirer à tous ceux qui la liront la sainte passion de la tolérance opposée au fanatisme. Aucun sujet n'était plus hardi quarante ans après la révocation de l'édit de Nantes, au moment où en France même les controverses religieuses allaient chaque jour encore à la persécution. Personne ne s'y trompa. Publiée presque en même temps à Londres et à Genève, la Henriade ne put l'être à Paris. Pendant de longues années elle ne put pénétrer en France que par une tolérance tacite. En vain le poète avait choisi pour héros Henri, le fondateur de la dynastie des Bourbons, en vain il avait loué Richelieu et Mazarin, Louis XIV, Villars, le régent lui-même. Tout le monde, en dépit de ces artifices de l'auteur, sentit où portaient les coups.

Et c'est ici qu'il faut remarquer ce caractère de la poésie de Voltaire, qui sera le caractère de son oeuvre entière. Avant lui, au dix-septième siècle, le poète ou l'écrivain n'est en France qu'un artiste : il cherche à produire des ouvrages accomplis au point de vue de la forme, au point de vue de la peinture de l'humanité, mais sans se préoccuper d'exercer aucune action. La seule ambition d'un Corneille, d'un Racine, d'un La Fontaine, c'est d'écrire des chefs-d'oeuvre. Cette ambition, Voltaire ne l'a pas moins. Il convoite la gloire,, et la gloire immortelle. Il veut que de siècle en siècle son nom soit répété par les générations des hommes. Pour y atteindre, il tentera toutes les voies ; aucun effort ne lui coûtera. Par un travail incessant, il portera à chaque édition ses livres au degré de perfection dont il est capable. Mais produire une oeuvre d'art achevée ne lui suffit pas. Il n'est point un homme de lettres désintéressé. Il se considère comme un apôtre, comme un soldat. Sa plume est avant tout une arme mise au service d'une cause. Quand il écrit, c'est pour défendre certaines idées, c'est pour en attaquer d'autres. S'il souhaite d'être admiré, il tient plus encore à vaincre. Il portera dans ses ouvrages dramatiques, dans ses livres, dans ses poèmes, toutes les passions qui l'agitent et qui agitent ses contemporains. Il sait que le talent est lui aussi une force, qu'il se livre d'autres batailles en ce monde que celles qui se décident l'épée à la main, que l'opinion est une puissance, la plus grande de toutes désormais, et qu'il peut gagner devant ce tribunal les causes qui lui tiennent à coeur. Loin de l'effrayer, la lutte l'attire. Il pourra un jour prendre cette devise : « Ma vie est un combat ». OEdipe avait été sa première bataille contre ce qu'il appelait le « fanatisme ». La Henriade était une seconde bataille contre le même ennemi et d'une bien autre importance.

A Londres, il ne se bornait pas à corriger et à imprimer la Henriade. C'est ici sa seconde jeunesse, sa seconde éducation ; et ici encore il faut s'arrêter un peu. Il en était à cette période de la vie où rien n'est plus fécond que d'ouvrir les yeux, de voyager, d'observer, de rencontrer autre chose que ce que l'on a vu d'abord. Bien des préjugés d'éducation s'en vont à cette comparaison.

L'Angleterre était prospère sous le gouvernement parlementaire et modéré de la maison de Hanovre ; elle développait cette richesse et cette activité qui devaient bientôt nous être si redoutables. Voltaire causa avec tout ce que Londres contenait d'hommes éminents. Il avait déjà lu Bayle dans un séjour de courte durée en Hollande : ici il lut Locke ; il se donna une instruction scientifique au milieu des disciples de Newton. Il prit là le culte de la liberté, le respect et l'amour de la science, le sentiment de ce que peut un homme qui a pour lui la volonté, l'énergie, le talent. Quand il revint d'Angleterre après trois années d'études, d'observations, de réflexions solitaires, il était tout entier lui-même. Il ne lui restait plus qu'à faire son oeuvre. Il avait trente-cinq ans.

Il trouvait Paris bien changé et peu propice à son entreprise. On était bien loin de la licence et des audaces de la Régence. La réaction triomphait maintenant avec l'austère et triste Fleury, les freins étaient serrés. Un téméraire s'exposait cette fois à un autre châtiment qu'à quelques mois de Bastille. Voltaire le vit à l'émoi causé par la pièce de vers qu'il s'avisa de publier sur la mort d'Adrienne Lecouvreur (1730), dont la bière venait d'être jetée au coin d'une borne ; il le vit mieux encore à l'orage soulevé en 1734 par le livre qu'il rapportait de Londres, ses Lettres anglaises, qu'il avait pris cependant la précaution de faire imprimer à Rouen par les soins de Thieriot son ami. Il eut tout juste le temps de fuir devant une nouvelle prise de corps, et de passer la frontière. Il avait connu les prisons d'Etat en sa jeunesse ; il ne se souciait pas d'être, cette fois, enseveli vivant pour de longues années peut-être. Il eut pu renoncer à écrire, se contenter de mener à Paris, comme tant d'autres, une vie de plaisirs et de divertissements, au milieu d'amis spirituels et de femmes élégantes ; d'heureuses spéculations l'avaient fait riche ; le grand succès de l'Histoire de Charles XII (1731), celui plus grand encore de Zaïre (1732), l'avaient fait illustre ; mais une vie d'oisiveté n'était pas pour lui plaire. Il se sentait la main pleine de vérités auxquelles il voulait donner la volée. La mêlée, avec ses émotions, ses aventures, ses périls même, l'attirait seule ; la passion de la gloire s'ajoutait à cette ardeur. Il songea seulement à diminuer les périls dans la mesure où la chose était possible ; Paris n'était pas décidément un lieu sûr pour un homme prêt à jouer le jeu auquel il était résolu. On y était trop près des griffes de la police. C'est alors que Voltaire prend un grand parti. Il s'installe à Cirey, au château de la marquise du Châtelet, son amie, à l'extrême lisière du royaume de France. Pourvu, comme il l'est, de bons amis en haut lieu, il faudra bien du malheur pour qu'il n'ait pas toujours le temps de mettre la frontière entre une lettre de cachet et sa personne. Désormais il se sent, relativement, libre et en sûreté.

Outre la liberté et la sécurité, il trouve là une sûre affection ; il y trouve surtout le repos et la paix, si utiles à l'écrivain qui veut produire. Ses journées, que n'envahissent plus les importuns, que ne dévorent plus les distractions, lui appartiennent. Il écrit à Paris, chaque jour, et en reçoit des nouvelles, il se tient au courant des intrigues politiques aussi bien que des incidents littéraires ; il est en correspondance avec les hommes les plus éminents de tous les pays ; il reçoit les visites de ses amis et des voyageurs illustres qui tiennent à se faire présentera Cirey ; il travaille surtout.

Le théâtre est pour l'instant sa grande préoccupation. Un goût vif qui a commencé dès l'adolescence, qui durera aussi longtemps que sa longue vie, l'entraîne de ce côté ; les succès qu'il y remporte ne font qu'affermir cette vocation. En Angleterre, il a lu Shakespeare ; si du grand dramaturge il n'a pas compris toute la puissance ni accepté toutes les hardiesses, s'il estime qu'il y a seulement quelques perles à tirer du fumier de cet autre Ennius, il a senti du moins que ce barbare est un génie ; à côté de la tragédie de Corneille et de Racine, il entrevoit une tragédie nouvelle qui prendra plus librement ses sujets dans tous les temps et dans tous les lieux, où l'action tiendra plus de place, où les décors, les costumes, les coups de théâtre saisissants, tour à tour exciteront la curiosité du spectateur, ou soulèveront en lui des émotions profondes. Tantôt il imite Shakespeare, tantôt il le traduit en l'émondant, tantôt il s'efforce d'être lui-même original. Le théâtre, avec les applaudissements, donne la gloire, et fait voler un nom de bouche en bouche : comment mieux acquérir que par le théâtre ce rang glorieux, cette popularité à laquelle il aspire, et qui serviront ensuite à tout ce qu'il entreprendra? Enfin, le théâtre n'est-il pas une tribune, la plus haute, la plus retentissante, la seule qui soit libre en ce moment de compression politique? Quel chemin ne fait pas dans les esprits une pensée hardie, lancée au parterre par la voix d'un acteur admiré! Ce qu'on ne permettrait pas à un écrivain de dire en son propre nom, dans un livre dont il est responsable, comment l'empêcher de l'exprimer sur la scène par la bouche de quelque personnage antique ou moderne derrière lequel il peut toujours s'abriter? Si le personnage couvre l'auteur vis-à-vis des censeurs, le public ne se trompera pas à l'artifice ; c'est l'auteur qu'il reconnaîtra, ce sont ses idées qu'il acclamera et qu'il répètera le lendemain. Ainsi se succèdent Alzire (1736), Mahomet (1741), que le poète osera dédier au pape lui-même, et, tandis que la foule acclame l'Euripide moderne, le troisième grand tragique français, l'émule de Corneille et de Racine, c'est la philosophie même du dix-huitième siècle qui monte sur la scène, et, en de longues tirades que le temps a refroidies, mais qui alors vibraient à toutes les oreilles, harangue le peuple comme le poète athénien dans les parabases de la comédie ancienne.

Ce n'est pourtant là qu'une partie de son labeur. Sa. prodigieuse activité a besoin de se dépenser de vingt façons à la fois et s'exerce en tous genres. Il a installé à Cirey un laboratoire, il se livre à des études mathématiques ; il envoie à l'Académie des sciences des mémoires sur des questions de physique. Il expose et vulgarise le système du monde de Newton. Il écrit des contes en vers, des épîtres, des poésies fugitives, des épigrammes, des satires ; il lance des pamphlets mordants contre ses adversaires littéraires ou autres. Ce ne sont là que des distractions. Une autre étude l'a saisi qui ne le passionne pas moins que le théâtre : l'histoire. Dès sa jeunesse l'histoire l'a attiré, le jour où il a écrit la Henriade qui est moins une épopée qu'un récit. Il entrevoit une histoire non plus sèche, oratoire ou naïve comme celles de Mézeray, de Vertot ou de Rollin, mais une histoire préoccupée d'être vraie, de faire comprendre les évènements, d'expliquer leurs origines et leurs suites nécessaires, qui montrera partout non plus le doigt de la Providence, comme l'Histoire universelle de Bossuet, mais seulement des hommes aux prises avec leurs passions et leurs ambitions diverses, et des causes naturelles donnant la raison de tout. Il ne s'agit plus ici simplement, comme dans ses oeuvres dramatiques, d'un genre littéraire, la tragédie, à transformer et à rajeunir. C'est un genre littéraire à créer. Il crée l'histoire moderne, et servira de modèle à tous ceux qui le suivront. Dans ce sentiment il a déjà publié son alerte récit de la vie de Charles XII, ce roi dont il a entendu parler à Londres par tant d'hommes de guerre et de diplomates. Il conçoit maintenant le projet d'écrire l'histoire du grand roi dont il a vu les derniers jours, et avec son histoire celle du siècle glorieux auquel Louis XIV a donné son nom. Il interroge tous les témoins survivants, il consulte tous les mémoires. Il va donner, en quelques centaines de pages, la substance de cette vaste enquête où rien n'est oublié, des événements de la guerre et de la politique au tableau des moeurs, de la cour aux questions de commerce, aux controverses religieuses. Et ce n'est pas tout encore : un plus vaste dessein l'a tenté. Il se propose d'écrire l'histoire universelle depuis Charlemagne jusqu'aux temps présents, de montrer ce mouvement universel, ce progrès de l'humanité qui à la barbarie du moyen âge a fait succéder la Renaissance, a produit enfin cette civilisation moderne qui n'est pas un déclin, qui est une aurore se levant sur le monde. Le héros de ce livre, ce sera non pas la Providence, mais la raison, mais l'humanité. La même cause que le poète défend au théâtre, l'historien la défendra ; le même ennemi que le poète combat, l'historien le combattra lui aussi. L'oeuvre calme de la raison soutiendra et complètera l'oeuvre de l'imagination.

Tel fut pendant plusieurs années le repos fécond de Voltaire. Une amitié aussi prudente que vigilante s'appliquait sans relâche à tempérer ses audaces, à lui épargner les périls. Mais, quels que fussent les efforts de la prudence, rien ne pouvait sortir de sa plume où le salpêtre ne grondât. Chaque livre, chaque brochure, même publiée à l'étranger, même anonyme, était l'objet d'une alarme. Un jour l'alarme fut plus vive. Voltaire se retira quelque temps en Belgique, puis en Hollande, auprès du prince héritier de Prusse devenu son ami. La même année (1740), la mort de Frédéric-Guillaume I" appela au trône le jeune prince, et Voltaire fit alors un premier voyage à Berlin. Ce n'était pas sa vanité seulement qui était flattée de l'amitié d'un roi, d'un roi philosophe, d'un roi presque son disciple. Une protection royale, en ce temps de société aristocratique, c'était pour un homme de lettres comme une consécration officielle de son talent. Voltaire avait eu beau être l'auteur le plus lu, le poète le plus acclamé : cette consécration, en France, lui avait toujours manqué! Il l'avait souhaitée de longues années, sans pouvoir jamais l'obtenir. Il avait mal débuté, par la Bastille ; il avait débuté en frondeur, en pamphlétaire, en aventurier de lettres ; Fleury ne l'aimait point, Louis XV moins encore ; avec toute sa renommée, il restait pour beaucoup ce qu'il était pour le duc de Saint-Simon, « un certain Arouet, devenu on ne sait comment une manière de personnage ». Malgré le succès de Mérope (1743), il ne put être élu à l'Académie à la mort de Fleury. Toutefois, la même année, le ministère lui confia une mission diplomatique auprès du roi de Prusse, que les intérêts de la guerre de la Succession d'Autriche rapprochaient de la France. Bientôt après, la nouvelle favorite de Louis XV, Mme de Pompadour, se déclara sa protectrice et le fit charger d'écrire, à l'occasion du mariage du dauphin (1745), une pièce de circonstance, la Princesse de Navarre. Les biens et les honneurs pleuvent alors sur lui, selon son expression, pour une farce de la foire il est fait gentilhomme de la chambre, nommé historiographe du roi, et en 1746 entre enfin, à l'âge de cinquante-deux ans, à l'Académie française dont l'hostilité de Fleury et de Maurepas lui avait jusque-là fermé les portes.

Cette faveur pourtant n'est pas de longue durée ni Voltaire ne plaît longtemps à la cour, ni la cour, avec ses contraintes, ne lui plaît longtemps. Louis XV n'aime pas les railleurs et les sarcastiques. Voltaire, de son côté, n'eût pu demeurer à la cour qu'à la condition de mettre un frein tout à la fois à sa langue et à sa plume : or ce qui, plus que tout, lui tient au coeur, c'est de parler, c'est d'écrire librement. Sur ces entrefaites, la marquise du Châtelet meurt (1749). Voltaire se décide alors, après quelques mois passés à Paris, à se rendre auprès de Frédéric qui l'appelle : il quitte la France pour Berlin. Le voilà chambellan et secrétaire du roi de Prusse, tout chamarré de croix. Tout est plaisir d'abord. Il travaille, il publie, sans avoir à redouter ni censures ni arrêts du parlement, et son Siècle de Louis XIV, et cette histoire universelle qui l'occupe depuis si longtemps déjà, et qu'il intitule Essai sur l'histoire générale et sur les moeurs et l'esprit des nations. Mais la familiarité avec un monarque, même lorsqu'il se dit philosophe, n'est jamais longtemps sans tourner à la servitude. Ce n'est qu'à distance que la royauté et le génie peuvent traiter d'égal à égal. Une première rupture arrive, suivie d'une réconciliation. Une seconde brouille, irrémédiable, suit bientôt. Voltaire rompt le collier d'or qui l'enchaîne. Il s'enfuit. La force armée court après lui pour lui reprendre les manuscrits du roi qu'il emporte et avec lesquels il comptait peut-être divertir les rieurs. Il est bien guéri cette fois d'approcher les puissants. Il n'aura plus désormais d'autre maître que lui-même. Il erre quelques années en Alsace, en Suisse ; il se fixe, enfin, à Genève d'abord (aux Délices), puis à Ferney dans une terre qu'il a achetée. C'est là que vont s'écouler les dix-huit dernières années de sa vie, les plus remplies de toutes par le travail, les plus fécondes par l'action.

A Ferney, Voltaire se sont enfin en complète sécurité. Sa gloire, d'abord, le protège. S'il en était besoin, les frontières le protégeraient aussi. La Suisse est à deux pas, et aussi Genève, et la Savoie aussi.

Voltaire a maintenant plus de soixante-cinq ans. A cet âge, la vie d'un homme ordinaire est finie : il a fait l'oeuvre qu'il était capable de faire, ou ne la fera jamais ; son énergie est épuisée, il ne fait plus que se survivre et attendre la mort. Mais si, par hasard, il a gardé toute l'énergie d'un jeune homme, si la vie continue à déborder en lui, nul âge n'est aussi propre à l'action féconde. Il en a fini avec les plaisirs et les passions. Il a acquis l'expérience de toute une vie ; il est en possession de toutes ses idées. Il sait pleinement ce qu'il veut. Il sait aussi où il faut porter les coups, et comment on peut les porter les plus sûrs et les plus redoutables. Qu'est-ce donc lorsque cet homme est le plus éclatant génie de son siècle, lorsque quarante années de triomphe et de gloire ont tourné vers lui tous les regards, lorsque avec le double prestige de la renommée et de l'âge il apparaît comme le chef autour duquel tous n'ont plus qu'à se ranger, lorsque entre le général et ses lieutenants aucune question d'amour-propre, aucune jalousie ne peuvent plus surgir? Tel fut Voltaire durant ses dix-huit dernières années. N'ayant plus rien à ménager, parce qu'il n'ambitionne plus rien pour lui-même, n'ayant rien à redouter du gouvernement, mieux qu'indépendant, plus que riche pour l'époque, il ne vivra plus que pour son oeuvre. Que l'on soit des amis ou des ennemis de cette oeuvre, c'est là un grand spectacle, un de ceux qu'offre rarement l'histoire, celui d'un homme comblé de tous les dons de la fortune, arrivé à l'âge du repos, qui pourtant ne veut point de repos et pour ainsi parler recommence alors une vie nouvelle.

Des temps nouveaux étaient venus ; une génération nouvelle avait remplacé la génération, jeune en 1715, qui avait eu pour chefs Voltaire et Montesquieu : Buffon, d'Alembert, Diderot, Rousseau, Condillac, Helvétius, d'Holbach, Condorcet étaient apparus. Un incomparable élan poussait les intelligences vers toutes les recherches libres de l'histoire, de la science, de la philosophie. On sentait approcher une ère nouvelle, en qui tous espéraient. Chaque jour ébranlait un préjugé, sapait un abus de la vieille société française. Le mouvement du siècle, un instant entravé par la réaction du ministère Fleury, reprenait appuyé d'une poussée irrésistible. Les femmes ne se montraient pas, dans cet entraînement généreux, moins ardentes que les hommes. Mme de Pompadour, pour mieux résister au parti dévot de la reine et du dauphin, affichait ses sympathies pour les philosophes. Le roi, indolent, laissait faire malgré d'instinctives répugnances. Le premier effet de ce mouvement, ç'avait été l'entreprise de l'Encyclopédie (commencée en 1751. Elle reliait dans une oeuvre commune tout le parti des esprits forts ; elle devait être un puissant instrument de propagande aux mains des philosophes, comme le manifeste de la philosophie. Voltaire avait approuvé l'entreprise ; il lui apporta son concours actif. On connaît ces articles si vifs, si légers d'allure, si hardis au fond, qui réunis ont formé plus tard une partie du Dictionnaire philosophique.

Appuyé sur toute une génération nouvelle animée de son esprit, comme lui batailleuse, résolue, prête à tous les combats et qui se sent sûre de vaincre, Voltaire accepte ce rôle de général en chef, de conducteur de toutes les attaques. Il renonce à tous les managements auxquels il s'était astreint jusque-là, il pousse droit à celle qu'il appelle l'infâme, la superstition. Pas une heure il ne s'abandonne. Tandis qu'il entretient la plus vaste correspondance avec Paris et l'étranger, tandis qu'à deux cents lieues il se tient mieux au courant des moindres évènements, des moindres cancans de la grande ville que le plus informé des Parisiens, tandis qu'il emploie son crédit, ses relations, son autorité, sa diplomatie, sa fortune, à soutenir ses amis, à les réconforter dans les défaillances d'une lutte longue et non sans périls, à les secourir dans les épreuves, c'est sa plume surtout qu'il met chaque jour avec une infatigable ardeur au service de la cause commune. Absent, il est présent à toute heure, le premier à la brèche partout où il peut donner l'assaut. Au théâtre il continue a se faire applaudir, à prêcher la philosophie. Il divertit Paris de ses épîtres, de ses épigrammes, autant que de ses lettres qu'on colporte de salon en salon. Mais ce n'est là que l'accessoire ; son génie littéraire s'est transformé: ce qui attire maintenant son imagination, ce n'est plus seulement la tragédie, c'est le roman, c'est le conte philosophique, dont il avait déjà essayé avec Zadig et Micromégas, et qui, sous la forme la plus légère, la plus aimable, la plus licencieuse quelquefois, va répandre et semer partout la pensée la plus hardie. Et Candide, et l'Homme aux quarante écus, et l'Ingénu, et la Princesse de Babylone, et tant d'autres récits ailés s'envolent de sa solitude, et vont partout faire ce qui est pour lui la bonne guerre. Il la fait plus directement encore. Chaque jour, c'est une fantaisie, un dialogue, une légende, un pamphlet, une facétie, qui, pareils à des flèches mortelles, vont atteindre un ennemi ou un autre, rendre un coup terrible pour une persécution, livrer un adversaire au ridicule ou le noter d'infamie. Tout cela est court, léger, souriant, et n'en est que plus redoutable. Ces pamphlets, Voltaire les publiera sous le voile de l'anonyme ; il les désavouera au besoin, mais à ces désaveux personne ne se trompera. Son style ne le trahit-il pas dès les premières lignes? Malheur à qui, gazetier, écrivain, savant, homme politique, touchera à la cause qui lui est chère! Illustre ou obscur, il paiera cher sa témérité. Voltaire, qui dort deux heures chaque nuit, a du temps pour s'occuper de tous, et de l'esprit pour faire face à tous.

Une chose lui manquait encore : cette chose si grande qu'on appelle, en France, la considération. On admirait le poète, l'historien, le conteur, on redoutait le polémiste aux traits impitoyables. Tout en proclamant le génie de l'écrivain, beaucoup refusaient à l'homme leur sympathie. Tout en se divertissant aux saillies d'un pamphlétaire, notre pays a quelque difficulté à l'estimer. Ce qui lui manquait, Voltaire va l'acquérir. Un jour arrive à Genève la famille d'un protestant de Toulouse, accusé d'avoir tué son fils qui voulait se convertir au catholicisme. Il a été condamné par le parlement à être roué, l'arrêt a été exécuté malgré les protestations d'innocence du condamné. Il faut obtenir à Paris la réhabilitation de la mémoire de Calas, la restitution à la famille des biens confisqués. Voltaire prend feu. Il s'agit là, tout à la fois, d'une injustice à réparer, d'une victoire à remporter sur le fanatisme. Il se fait l'avocat de la famille Calas : il publie mémoire sur mémoire, il met en oeuvre toutes les influences dont il dispose. Par son éloquence, par la contagion de son indignation sincère, il intéresse l'Europe entière à la cause de Calas. Après trois années de lutte, il triomphe enfin, il obtient justice. La mémoire de Calas est réhabilitée (176b).

Voltaire, désormais, n'est plus seulement le grand écrivain tant applaudi, si justement admiré : il est mieux que cela. Il est l'ardent ami de l'humanité, le protecteur des malheureux, le réparateur des injustices, le coeur noble et sensible entre tous. Après Calas, Sirven ; après Sirven, le chevalier de Labarre et d'Etallonde, l'ancien gouverneur de l'Inde Lally-Tolendal, deviennent ses clients. La persécution religieuse, la passion politique ne font plus alors une victime sans que tous les regards se tournent vers Voltaire comme vers le défenseur attitré des malheureux, le grand réparateur des torts, le chevalier sans peur toujours prêt à croiser la lame pour la bonne cause.

Nul écrivain n'obtiendra jamais, comme récompense d'une longue vie de travail et d'efforts, dix années comparables à ce que furent les dix dernières années de Voltaire. Il n'est plus discuté ni contesté par personne, il est le patriarche de Ferney. Pour la première fois, dans l'histoire de l'humanité, on voit un homme de lettres devenir, par la supériorité de son génie et la force de l'opinion, un véritable souverain, plus puissant, plus écouté que le roi de France lui-même. Ferney est devenu un lieu de pèlerinage. Là tous les étrangers illustres qui visitent la France désirent être accueillis ; là tous les jeunes gens qui aspirent à quelque gloire littéraire vont en quelque sorte demander leur brevet d'homme de lettres. Une statue par souscription est offerte au grand poète, Pigalle le sculpteur est chargé de l'exécuter. Une lettre de Voltaire devient la plus puissante des recommandations, soit pour un emploi, soit pour l'entrée dans les salons. Un ministre tombé se console en recevant les félicitations de Voltaire ; un ministre qui prend le pouvoir se sent tortillé par son appui. Il entretient une correspondance avec tout ce qui pense à Paris et en Europe. Les souverains de tous les pays, depuis le roi de Prusse, avec lequel il s'est réconcilié, jusqu'à Catherine de Russie, le traitent comme un égal, — disons mieux, se font ses courtisans. C'est à qui, parmi les têtes couronnées, obtiendra de lui la faveur d'une épître en vers. C'est lui qui distribue les distinctions aux majestés, bien loin d'en recevoir d'elles. Nous voilà aux antipodes des gens de lettres pensionnés du dix-septième siècle. Cette haute situation ne l'amollit pas cependant, pas plus qu'elle ne le grise. A quatre-vingts ans passés, son activité ne s'est pas ralentie. Toujours maladif et chétif de corps, il produit inlassablement, il écrit sans cesse, il envoie sans relâche, à Paris, par toute l'Europe, ses pamphlets, ses petites brochures hardies, incisives, railleuses, qui ne cessent de harceler le même ennemi.

Il avait quatre-vingt-quatre ans. Il voulut revoir la grande ville où il était né, où il n'était pas rentré depuis près de trente années, pour laquelle il écrivait sans cesse, où de coeur et d'esprit il habitait toujours. Il se décida, en février 1778, à faire ce grand voyage de Paris. Ce fut un long triomphe que cette visite. Franklin lui amène ses petits-enfants à bénir. L'Académie française l'accueille comme un souverain et le nomme par acclamation président d'honneur. La Comédie-Française représente Irène ; à la fin de la représentation, une couronne d'or est offerte au poète : « Français, s'écriait Voltaire, vous voulez donc me faire mourir de plaisir ! »

Il en devait mourir en effet. Il n'était plus d'âge à supporter tant d'émotions. Il meurt à Paris le 30 mai 1778. Sa mort est l'occasion d'un scandale : le clergé lui refuse la sépulture chrétienne. Son neveu, l'abbé Mignot, fut contraint d'emporter le corps en province et de le faire ensevelir dans son abbaye de Sellière», en Champagne. Il n'y devait pas demeurer longtemps. En juillet 1791, sur un décret de l'Assemblée nationale, les restes de Voltaire furent transportés au Panthéon, en une cérémonie solennelle et magnifique.

Si l'on entreprenait, en finissant, de juger Voltaire, bien des choses seraient à dire, et la part de la critique serait considérable à coup sûr. Notre goût littéraire n'est plus celui du dix-huitième siècle, et bien des oeuvres de Voltaire ont vieilli qu'il considérait sans doute comme ses titres les plus solides à la gloire. Nous admirons le prosateur plus que le poète, l'historien et le conteur plus que le dramaturge ou l'auteur de la Henriade. Bien des querelles passionnées, bien des polémiques ardentes se sont refroidies, et nous ne nous intéressons plus aujourd'hui aux luttes de Voltaire et de Rousseau, ni à Fréron, ni à Larcher, ni à Lefranc de Pompignan, ni à Nonotte ou à Patouillet. Ces débats sont entrés dans la grande paix de la tombe. Il est difficile d'admirer Voltaire tout entier ; son excessive irritabilité d'humeur, ses excès tour à tour dans l'adulation ou l'épigramme, ses complaisances singulières souvent aussi peu justifiables que ses violences, ses rancunes, ses brouilles et ses réconciliations, ses étroitesses d'esprit jointes à tant d'intelligence, son goût pour la licence et l'obscénité, ses faiblesses, quelquefois ses vices, nous étonnent et nous offensent. Nous ne pouvons nous empêcher d'être sévères, et nous le sommes justement. Il importe de ne dissimuler, même lorsqu'il s'agit des plus grands hommes, ni les défaillances du caractère, ni les lacunes du génie. Mais quand on aura confessé tout cela, il n'en faudra pas moins reconnaître que Voltaire tient légitimement sa place parmi les plus grands hommes qu'ait comptés l'humanité. Homme, ses qualités l'emportèrent sur ses défauts. S'il fut injuste, rancunier, violent, terrible en ses haines, plus souvent encore il fut bon, sensible, obligeant, généreux, prêt à aider qui en avait besoin de sa bourse, de son crédit, de son talent. Plus d'un, parmi ses plus acharnés adversaires, avait été d'abord son obligé. Ecrivain, il rajeunit la scène, il crée l'histoire, où il sera dépassé, mais par ses disciples, il renouvelle la prose française ; il lui donne cette l'orme alerte, vive, courte, claire, autant qu'élégante, si propre à faire d'elle le plus admirable instrument de la raison, et la dote de chefs-d'oeuvre qui désormais serviront à tons de modèles. Il est un genre littéraire où il demeure sans égal ni dans son pays, ni ailleurs: le conte et le roman philosophiques. Les lettres de Cicéron seules peuvent être comparées aux siennes.

Par-dessus tout, il domine, il mène, il devance son siècle. Une légion de disciples le suit ; il reste le chef du choeur. Il donne plus qu'il n'a reçu de tous les maîtres anciens ou modernes qui l'ont formé. Aujourd'hui encore que tout un siècle a vécu de sa pensée, il a quelque chose à apprendre à ceux qui l'étudient. Quelques lignes de lui font un sillon lumineux dans une intelligence. Il prend la pensée humaine au lendemain de la mort du grand roi, il la conduit jusqu'à cette explosion éclatante de 1789 dont nul autant que lui n'a hâté l'avènement. Aucune vie, à travers tous les accidents de la destinée, toutes les vicissitudes de la fortune, ne fut plus complètement, plus résolument aussi, consacrée à une entreprise. Aucun homme n'a été plus entièrement que Voltaire possédé par le démon intérieur, aucun n'a davantage sacrifié son repos, son plaisir, toutes les commodités et tous les agréments de la vie, à l'action qu'il croyait utile ; aucun ne s'est fait plus volontairement le serviteur, l'esclave, presque le galérien de son génie. C'est là son titre incomparable à l'admiration des hommes. Dès vingt ans il a entrevu une guerre à poursuivre au nom de la conscience, au nom de la raison, pour délivrer l'humanité de préjugés et d'erreurs qui lui semblent aussi monstrueux que funestes. Toute sa vie sera dirigée, sans répit, sans relâche, vers ce but unique. Quoi qu'il fasse, quelque tiraillé qu'il soit par les curiosités d'un génie presque universel, par une ambition qui veut conquérir toutes les palmes, ce but il ne le perdra jamais de vue. En quelque genre qu'il s'exerce, il fera converger tous ses efforts au triomphe des mêmes idées. Il est tour à tour fantassin, cavalier, artilleur, général ou soldat, mais c'est, toujours dans la même bataille. Suivant le temps et les circonstances, il avancera, il reculera au besoin, masquera ses batteries, rusera avec l'ennemi, le trompera par de fausses manoeuvres ; rien ne le décidera ni à changer de dessein, ni à abandonner la partie. Il a la volonté, la ténacité, il a par-dessus tout la passion. Comme toutes les passions, la sienne est volontiers sans scrupule, prête à trouver bons tous les moyens s'ils sont utiles, cherchant partout des alliés. C'est à la fin de sa vie surtout qu'il faut la voir éclater, lorsqu'il sent ses forces bientôt épuisées, lorsqu'il voit l'ennemi qui fléchit : avec quelle ardeur il se jette dans la mêlée pour décider la victoire, pour précipiter la déroute ! avec quelle énergie il pousse en avant de position en position, enlevant les derniers retranchements, bousculant les fuyards, emportant tout ce qui résiste encore ! On a parfois révoqué en doute la sincérité de Voltaire, on n'a voulu voir en lui qu'un railleur, un sceptique. Quelle sottise ! Eh, quel scepticisme eût pu inspirer cette persévérance, cette passion, cet acharnement obstiné ! Quel scepticisme eût pu faire un homme à ce point ennemi de son propre repos! Si jamais il y eut un homme de foi, ce fut tout au contraire Voltaire. Ce qui lui mit. ce qui lui tint plus de soixante années la plume à la main, ce fut la foi profonde dans la raison, dans ses droits, dans la dignité de l'intelligence humaine, sa foi invincible au progrès s'accomplissant en dépit de tous les obstacles par l'irrésistible force de la vérité. Il eût pu prendre pour devise ces mots : « J'ai cru, c'est pourquoi j'ai haï ».

Pour les uns, cette oeuvre fut sainte ; pour d'autres, elle fut et restera longtemps diabolique. Chacun ici, suivant ses convictions différentes, portera un jugement différent, et nous n'avons à discuter les opinions d'aucun lecteur. On peut croire que, dans cette longue guerre qui a été toute sa vie, Voltaire s'est trompé : ce que nul ne saurait révoquer en doute, c'est sa sincérité ; ce que nul ne saurait méconnaître, c'est son courage. On discutera longtemps encore sur ce qui est la vérité ; mais ce qu'il y a incontestablement de plus noble, de plus enviable sur la terre, c'est une vie tout entière mise par un homme au service de ce qu'il croit être la vérité. Telle fut la vie de Voltaire.

On a quelquefois prétendu que Voltaire méprisait le peuple ; que, dans son dédain aristocratique, il l'appelait la « canaille » ; et, chose singulière, ce reproche lui est adressé, de nos jours, par les représentants du parti qui a toujours été l'adversaire de la démocratie, de l'émancipation intellectuelle, politique et économique des masses. Ce qui a donné lieu à une semblable accusation, ce sont quelques phrases mal comprises, ou perfidement détournées de leur véritable sens. Lorsque Voltaire, dans quelques-unes de ses lettres, parle de la « canaille », ce n'est pas le peuple, la masse ignorante, qu'il désigne par cette expression : ce sont, comme on va le voir, les fanatiques, les fripons, et plus particulièrement les libellistes qui injuriaient les philosophes et la philosophie.

Dans une lettre à Damilaville, du 19 novembre 1765, il écrit, par exemple : « La victoire se déclare pour nous de tous côtés. Je vous assure que dans peu il n'y aura que la canaille sous les étendards de nos ennemis, et nous ne voulons de cette canaille ni pour partisans ni pour adversaires. Nous sommes un corps de braves chevaliers défenseurs de la vérité, qui n'admettons parmi nous que des gens bien élevés. Allons, brave Diderot, intrépide d'Alembert, joignez-vous à mon cher Damilaville, courez sus aux fanatiques et aux fripons ; . détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions et les absurdités sans nombre, empêchez que les gens de bon sens ne soient les esclaves de ceux qui n'en ont point : la génération naissante vous devra sa raison et sa liberté. »

Dans une lettre à d'Alembert du 4 juin 1767, où il se félicite de la défaite du fanatisme, il s'exprime ainsi : « Dieu maintienne votre Sorbonne dans la fange où elle barbote ! La gueuse a rendu un service bien essentiel à la philosophie. On commence à ouvrir les yeux d'un bout de l'Europe à l'autre. Le fanatisme, qui sent son avilissement, et qui implore le bras de l'autorité, fait malgré lui l'aveu de sa défaite. Les jésuites chassés de partout, les évêques de Pologne forcés d'être tolérants, les ouvrages de Bolingbroke, de Frédéric et de Boulanger répandus partout, sont autant de triomphes de la raison. Bénissons cette heureuse révolution qui s'est faite dans l'esprit de tous les honnêtes gens depuis quinze ou vingt années ; elle a passé mes espérances. A l'égard de la canaille, je ne m'en mêle pas ; elle restera toujours canaille. Je cultive mon jardin, mais il faut bien qu'il y ait des crapauds ; ils n'empêchent pas mes rossignols de chanter. » Il est évident qu'ici la canaille s'oppose aux honnêtes gens, comme les crapauds s'opposent aux rossignols.

Néanmoins, il est incontestable que Voltaire n'a pas cru que l'instruction fût accessible au « peuple », du moins à une certaine portion du peuple. Il a vu dans les campagnes une masse ignorante, vouée au travail manuel le plus dur : il a souhaité l'amélioration de sa condition, il a jugé, avec Confucius, que le manouvrier n'était pas « incapable de vertu », et il a demandé que la vertu lui fût prêchée ; mais il redoute que des fanatiques lui parlent de subtilités théologiques, comme au temps des guerres de religion ; il ne veut pas, pour le peuple, d'un « vain simulacre d'éducation, où la raison est insultée avec les formes du raisonnement » (Daunou) ; il juge, comme La Chalotais, que l'essentiel pour les ouvriers est d'apprendre « à dessiner et à manier le rabot et la lime ». Voltaire avait reçu du procureur général du parlement de Bretagne le manuscrit du mémoire où celui-ci se plaignait que « des laboureurs, des artisans, envoyassent leurs enfants dans les collèges faire de mauvaises études qui ne leur apprennent qu'à dédaigner la profession de leur père, et qu'ils se jetassent ensuite dans les cloîtres, dans l'état ecclésiastique, ou prissent des offices de justice, et devinssent souvent des sujets nuisibles à la société ; et que les frères de la doctrine chrétienne, qu'on appelle ignorantins, fussent survenus pour achever de tout perdre » (Voir La Chalotais) ; et il lui écrit à ce propos (28 février 1763) : « Vous intitulez l'ouvrage : Essai d'un plan d'études pour les collèges ; et moi je l'intitule : Instruction d'un homme d'Etat, pour éclairer toutes les conditions. Je trouve toutes vos vues utiles. Que je vous sais bon gré, monsieur, de vouloir que ceux qui instruisent les enfants en aient eux-mêmes! Ils sentent certainement mieux que les célibataires comment il faut instruire l'enfance et la jeunesse. Je vous remercie de proscrire l'étude chez les laboureurs. Moi, qui cultive la terre, je vous présente requête pour avoir des manoeuvres, et non des clercs tonsurés. Envoyez-moi surtout des frères ignorantins pour conduire mes charrues, ou pour les atteler. Je tâche de réparer sur la fin de ma vie l'inutilité dont j'ai été au monde ; j'expie mes vaines occupations en défrichant des terres qui n'avaient rien porté depuis des siècles. Il y a dans Paris trois ou quatre cents barbouilleurs de papier, aussi inutiles que moi, qui devraient bien faire la même pénitence. »

Sur le même sujet, il a écrit trois ans plus tard (1er avril 1766) à Damilaville une lettre que voici :

« Je crois que nous ne nous entendons pas sur l'article du peuple, que vous croyez digne d'être instruit. J'entends par peuple la populace qui n'a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s'instruire ; ils mourraient de raina avant de devenir philosophes. Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n'est pas le manoeuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois, c'est l'habitant des villes ; cette entreprise est assez forte et assez grande.

« Il est vrai que Confucius a dit qu'il avait connu des gens incapables de science, mais aucun incapable de vertu. Aussi, doit-on prêcher la vertu au plus bas peuple ; mais il ne doit pas perdre son temps à examiner qui avait raison de Nestorius ou de Cyril e, d'Eusèbe ou d'Athanase, de Jansénius ou de Molina, de Zuingle ou d'Oecolampade. Et plût à Dieu qu'il n'y eût jamais eu de bons bourgeois infatués de ces disputés ! Nous n'aurions jamais eu de guerres de religion, nous n'aurions jamais eu de Saint-Barthélemy.

Toutes les querelles de cette espèce ont commencé par des gens oisifs et qui étaient à leur aise Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu. »

Il est évident qu'ici raisonner signifie déraisonner, à la façon des « bons bourgeois infatués de disputes », et que la phrase doit être entendue ainsi : Quand ce ne sont plus seulement les bourgeois oisifs, mais les travailleurs utiles, qui se mettent à se quereller à propos de Jansénius et de Molina, alors tout est perdu, c'est-à-dire qu'on est prêt à s'entr'égorger pour la satisfaction des prêtres.

Voltaire termine ainsi : « Je suis de l'avis de ceux qui veulent faire de bons laboureurs des enfants trouvés, au lieu d'en faire des théologiens. Au reste, il faudrait un livre pour approfondir cette question, et j'ai à peine le temps, mon cher ami, de vous écrire une petite lettre. »

Il existe une lettre écrite à Linguet, le 15 mars 1767, à propos de la Théorie des lois civiles que l'auteur avait envoyée à Voltaire, où se précisent et s'éclairent les idées simplement indiquées dans la lettre à Damilaville. Linguet ne voulait pas que le peuple sût lire, de peur qu'il cessât de vouloir travailler :

« Ne craignez pas — lui écrit Voltaire, après s'être un peu moqué de Grotius et de son « éloquence de collège » — que le bas peuple lise jamais Grotius ou Puffendorf ; il n'aime pas à s'ennuyer. Il lirait plutôt (s'il le pouvait) quelques chapitres de l'Esprit des lois, qui sont à la portée de tous les esprits, parce qu'ils sont très naturels et très agréables. Mais distinguons, dans ce que vous appelez peuple, les professions qui exigent une éducation honnête, et celles qui ne demandent que le travail des bras et une fatigue de tous les jours. Cette dernière classe est la plus nombreuse. Celle-là, pour tout délassement et pour tout plaisir, n'ira jamais qu'à la grand'messe et au cabaret, parce qu'on y chante, et qu'elle y chante elle-même ; mais pour les artisans plus relevés, qui sont forcés par leurs professions mêmes à réfléchir beaucoup, à perfectionner leur goût, à étendre leurs lumières, ceux-là commencent à lire dans toute l'Europe. Vous ne connaissez guère, à Paris, les Suisses que par ceux qui sont aux portes des grands seigneurs, ou par ceux à qui Molière fait parler un patois inintelligible, dans quelques farces ; mais les Parisiens seraient étonnés s'ils voyaient dans plusieurs villes de Suisse, et surtout dans Genève, presque tous ceux qui sont employés aux manufactures passer à lire le temps qui ne peut être consacré au travail. Non, monsieur, tout n'est point perdu quand on met le peuple en état de s'apercevoir qu'il a un esprit. Tout est perdu au contraire quand on le traite comme une troupe de taureaux ; car, tôt ou tard, ils vous frappent de leurs cornes. Croyez-vous que le peuple ait lu et raisonné dans les guerres de la Rose rouge et de la Rose blanche en Angleterre, dans celle qui fit périr Charles Ier sur un échafaud, dans les horreurs des Armagnacs et des Bourguignons, dans celles même de la Ligue? Le peuple, ignorant et féroce, était mené par quelques docteurs fanatiques qui criaient : Tuez tout au nom de Dieu ! Je défierais aujourd'hui Cromwell de bouleverser l'Angleterre par son galimatias d'énergumène, Jean de Leyde de se faire roi de Munster, et le cardinal de Retz de faire des barricades à Paris. Enfin, monsieur, ce n'est pas à vous d'empêcher les hommes de lire, vous y perdriez trop. »

Dans un petit écrit intitulé Idées républicaines, par un citoyen de Genève (1762), Voltaire a émis, par la bouche d'un Genevois, ces maximes, qui ne sont pas d'un aristocrate :

« Si une communauté d'hommes est maîtrisée par un seul ou par quelques-uns, c'est visiblement parce qu'elle n'a eu ni le courage ni l'habileté de se gouverner elle-même.

« Un peuple est ainsi subjugué ou par un compatriote habile qui a profité de son imbécillité et de ses divisions, ou par un voleur appelé conquérant, qui est venu avec d'autres voleurs s'emparer de ses terres, qui a tué ceux qui ont résisté et qui a fait esclaves les lâches auxquels il a laissé la vie.

« Ce voleur, qui mériterait la roue, s'est fait quelquefois dresser des autels. Le peuple asservi a vu dans les enfants du voleur une race de dieux ; ils ont regardé l'examen de leur autorité comme un blasphème, et le moindre effort pour la liberté comme un sacrilège.

« Le plus absurde des despotismes, le plus humiliant pour la nature humaine, le plus contradictoire, le plus funeste, est celui des prêtres ; le plus criminel est sans contredit celui des prêtres de la religion chrétienne.

« Nous avons repris le gouvernement municipal, et il a été illustré et affermi par cette liberté achetée de notre sang. Nous n'avons pas connu cette distinction odieuse et humiliante de nobles et de roturiers, qui dans son origine ne signifie que seigneurs et esclaves. Nés tous égaux, nous sommes demeurés tels, et nous avons donné les dignités, c'est-à-dire les fardeaux publics, à ceux qui nous ont paru les plus propres à les soutenir.

« Il n'y a jamais eu de gouvernement parfait, parce que les hommes ont des passions ; et, s'ils n'avaient point de passions, on n'aurait pas besoin de gouvernement. Le plus tolérable de tous est sans doute le républicain, parce que c'est celui qui rapproche le plus les hommes de l'égalité naturelle. »

Dans l'Essai sur les moeurs, Voltaire a écrit :

« Ceux qui disent que tous les hommes sont égaux disent la plus grande vérité, s'ils entendent que les hommes ont un droit égal à la liberté, à la propriété de leurs biens, à la protection des lois. Ils se tromperaient beaucoup s'ils croyaient que tous les hommes doivent être égaux par les emplois, puisqu'ils ne le sont pas par les talents. »

Terminons par ce passage célèbre d'une lettre au marquis de Chauvelin (2 avril 1764), où Voltaire annonce la Révolution française :

« Tout ce que je vois jette les semences d'une révolution qui immanquablement arrivera, et dont je n'aurai pas le plaisir d'être le témoin. Les Français arrivent tard en tout, mais ils arrivent. La lumière est tellement répandue qu'elle éclatera à la première occasion : alors ce sera un beau tapage. Les jeunes gens sont bien heureux ; ils verront de belles choses. »

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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne

"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."

"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
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par Oxford Sam 1 Déc 2018 - 16:56
Merci beaucoup !

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par Lédissé Sam 1 Déc 2018 - 19:14
Merci. C'est un plaisir à lire, et donne envie de s'y replonger.

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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde


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par e-miette Mer 5 Déc 2018 - 12:40
Génial, ça se lit comme une épopée ! On réalise que les combats de Voltaire n'ont rien à envier à ceux de Hugo... et pourtant dans l'imaginaire collectif de nos élèves, le second est loin devant. C'est trop injuste calimero Je vais me faire illico le chantre de l'ami Voltaire !
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