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Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret Empty Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret

par Celeborn Mer 11 Juin 2014, 09:55
Je vous signale la sortie d'un ouvrage du GRIP sur l'analyse grammaticale et l'analyse logique. Il est rédigé par l'excellente Cécile Revéret, une pointure dans le domaine de la grammaire scolaire, et peut à mon avis servir de bible à tous les collègues qui ne se sentent pas parfaitement sûrs d'eux dans ce domaine.

Présentation de l'ouvrage.

Feuilletez le début.

La discussion ayant été ouverte dans la partie primaire du forum, n'hésitez pas à la poursuivre là-bas : lien

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par tannat Mer 11 Juin 2014, 21:24
Merci

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par Invité Mer 11 Juin 2014, 21:34
Merci pour l'info Celeborn !
J'avais lu La Sagesse du professeur de français de Cécile Revéret et m'étais régalée. Je vais acheter l'ouvrage, parce qu'il doit être très agréable à lire, et que j'aime le travail du GRIP.
Merci encore !
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par John Mer 11 Juin 2014, 21:54
Il est rédigé par l'excellente Cécile Revéret, une pointure dans le domaine de la grammaire scolaire
J'ai bien aimé la sagesse du professeur de français, dont on a beaucoup parlé sur le forum à l'époque, mais je ne vois pas quels sont les titres ou ouvrages de Cécile Revéret qui font d'elle "une pointure dans le domaine de la grammaire scolaire" a priori ?
A moins que ce ne soit ce livre-là qui prouve justement que c'est "une pointure" dans ce domaine ? (ce qui est bien possible, mais que je ne saurais infirmer ou confirmer à l'heure actuelle)

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par Celeborn Mer 11 Juin 2014, 22:06
J'avais été mis en contact avec plusieurs documents qu'elle avait produits, lors de formations qu'elle avait assurées.
Véronique Marchais la connaît mieux que moi, pour le coup : elle en parlera certainement mieux Wink.

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par doctor who Mer 11 Juin 2014, 22:22
C'est sûr que si on demande à un didacticien du français pris au hasard de nommer "une pointure de la grammaire scolaire" , il ne citera pas Cécile en premier.
Il n'empêche que Céléborn semble penser que c'est bien une "pointure" de l'enseignement de la grammaire, ce qui ne demande pas d'avoir un doctorat en didactique de la grammaire.

L'expression est maladroite : les "pointures de la grammaire scolaire", càd ceux qui connaissent très bien la théorie et l'histoire de l'enseignement de la grammaire, ce serait plutôt Nina Catach ou André Chervel.

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par Invité Jeu 12 Juin 2014, 12:24
Je viens de passer commande  yesyes 
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par flo Jeu 12 Juin 2014, 18:38
Je viens de commander. Merci pour le lien, Celeborn, parce que je l'avais cherché sur le site du Grip, mais je n'avais pas été fichue de le trouver.
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par F.Lemoine Dim 10 Aoû 2014, 01:02
Ca y est, j'ai reçu l'ouvrage et ai commencé à le lire. J'aime bien le parti-pris de commencer par le verbe et de continuer par le CO (avant de se poser la question du sujet).

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par doctor who Dim 10 Aoû 2014, 15:24
Tiens, c'est vrai, il faut que je le commande aussi.

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par User17706 Dim 10 Aoû 2014, 15:52
Ah ben il traînait justement quelques euros sur mon paypal, ça faisait désordre.
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par adelaideaugusta Dim 10 Aoû 2014, 18:33
doctor who a écrit:C'est sûr que si on demande à un didacticien du français pris au hasard de nommer "une pointure de la grammaire scolaire" , il ne citera pas Cécile en premier.
Il n'empêche que Céléborn semble penser que c'est bien une "pointure" de l'enseignement de la grammaire, ce qui ne demande pas d'avoir un doctorat en didactique de la grammaire.

L'expression est maladroite : les "pointures de la grammaire scolaire", càd ceux qui connaissent très bien la théorie et l'histoire de l'enseignement de la grammaire, ce serait plutôt Nina Catach ou André Chervel.

Je pense que ce livre fera rapidement de Cécile Revéret une "pointure de la grammaire française".
Elle a eu l'audace de refuser la nouvelle terminomogie adoptée par des "grammaires pour tous", comme le Bescherelle, (nouvelles éditions) qui rend la grammaire incompréhensible, complètement indigeste pour les malheureux élèves auxquels elle est imposée.

Exemple : rares sont les collégiens qui comprennent ce qu'est le "complément d'objet second".

Le livre comporte de plus de nombreux exercices et leurs corrigés.

Exemple d'une explication du Bescherelle que je ne peux comprendre.

1.   Le verbe.
Radical et terminaison.
Nous chantions.

-chant: radical; il s’agit de l’action de chanter, et non pas de celle de jouer ou de courir.
-ions: terminaison: -ons indique que le verbe est à la 1ère personne du pluriel,
                                i indique que le verbe est à l’imparfait de l’indicatif.

Il                      a                  chant          é.
               désinence         radical        désinence

chant est le radical; la désinence  a... é  se trouve de part et d’autre du radical: elle indique la 3ème personne du singulier (a) et le temps (é, passé composé).

Autre exemple.

4.    Le complément d’objet indirect. (COI )
Définitions.

Il est parfois nommé :
-complément essentiel indirect,
-complément indirect d’objet du verbe,
-fonction complément indirect de verbe.
Nous utiliserons ici l’abréviation COI.
Pour les grammaires qui utilisent le couple de termes : complément essentiel / complément circonstanciel, le COI  fait partie des compléments essentiels. Les compléments essentiels rassemblent tous les compléments qui sont très liés au verbe et ont un caractère indispensable (COD, COI....) Parfois, certains COI  sont nommés compléments d’objet second (COS).
Pour les grammaires qui utilisent le couple de termes: complément de verbe / complément  de phrase, le COI  fait partie des compléments de verbe. On appelle compléments de verbe les compléments intimement liés au verbe, qu’ils soient compléments circonstanciels ou compléments d’objet.

Critères formels de reconnaissance.

On peut identifier le COI  sans faire appel au sens, grâce aux critères suivants:
-on peut difficilement déplacer le COI.: ex: A ses parents il pense.
-le plus souvent, on ne peut pas le supprimer sans détruire la phrase où il se trouve.
ex: Ce jeune homme succédera à ses parents; ce jeune homme succédera.
-il ne joue aucun rôle dans la transformation passive:
ex:La maîtresse  parle à cet enfant; ne peut donner à la voix passive :
          sujet                        coi
   Cet enfant est parlé par la maîtresse.
-on utilise des pronoms spécifiques pour le remplacer.
Dans le cas particulier où le COI est un COS (complément d’objet  second), le pronom se construit  sans préposition et il est placé avant le verbe.
-il se construit avec une préposition.


5.    Complément d’objet second.
Ce COS  remplace le complément d’attribution, entre autres, car ce terme risque de prêter à confusion avec le terme attribut du sujet, avec lequel il n’a rien de commun.
Selon les grammaires, on trouve aussi complément d’objet secondaire, complément d’objet indirect second, (COIs) ou encore complément attributif.  Pour les grammaires qui utilisent le classement : complément essentiel/complément circonstanciel, le COS est  un complément essentiel (quoiqu’on puisse parfois le supprimer).Il fait partie du groupe verbal.
Pour les grammaires  qui utilisent le classement : complément de verbe / complément de phrase, le COS  est un complément de verbe, même s’il fait parfois preuve d’une certaine mobilité.
Pour les grammaires qui n’utilisent ni l’un ni l’autre de ces classements, le COS ou le complément d’attribution est un complément du verbe parmi les autres. (COD, COI, CC).


Symboles utilisés pour désigner le COS.
On rencontre selon les grammaires les symbolisations suivantes:

Pierre                 donne                  du  pain                 aux oiseaux.
        ____________      ____________    _____________    _____________

        Sujet                      verbe                   COD                      COS
        GN1                       v                          GN2                      GN2 prép.
        GN1                       v                          GN2                      GN3 prép.
        GNS                       v                         GNO                      GN prép.
        S                             v                         COD                      COI prép.
        GS                          v                         COD                       COIs
        GN                         v                          GN                         GN pré

 

Ces diverses symbolisations soulignent toutes le fait que le COS est un groupe nominal prépositionnel qui apparaît en plus d’un groupe nominal complément d’objet de construction directe.

Lumineux, non ?

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par adelaideaugusta Dim 10 Aoû 2014, 18:51
Excusez-moi pour la présentation un peu défectueuse.

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par Fantômette Lun 11 Aoû 2014, 08:07
Mon dieu! Que gloubi-boulga! C est horrible pour des enfants, ils vont encore moins comprendre...bref à deconseiller vivement aux parents à la rentrée (ils n y comprendront rien non plus). Je conseillerai la grammaire de C. Reveret.
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par adelaideaugusta Lun 11 Aoû 2014, 10:20
Fantômette a écrit:Mon dieu! Que gloubi-boulga! C est horrible pour des enfants, ils vont encore moins comprendre...bref à deconseiller vivement aux parents à la rentrée (ils n y comprendront rien non plus). Je conseillerai la grammaire de C. Reveret.

 yesyes yesyes 

Parlez d'analyse logique à des collégiens : je parie qu'ils ouvriront des yeux ronds !
El la voix passive, combien savent la reconnaître ?

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par abricotedapi Lun 11 Aoû 2014, 10:24
Fantômette a écrit:Mon dieu! Que gloubi-boulga! C est horrible pour des enfants, ils vont encore moins comprendre...bref à deconseiller vivement aux parents à la rentrée (ils n y comprendront rien non plus).
Mon nouveau collège a inscrit le Bescherelle dans la liste des fournitures demandées Sad

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Hélas les hommes ont pris l'habitude de nous manger, au lieu de converser avec nous. Les barbares !
Ne devraient-ils pas être convaincus qu'ayant les mêmes organes qu'eux, les mêmes sentiments, besoins, désirs,
nous avons une âme tout comme eux ; que nous sommes leurs frères ? (Voltaire, La Princesse de Babylone)
Spoiler:
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par adelaideaugusta Lun 11 Aoû 2014, 10:36
J'aime beacoup ce petit pastiche de la façon d'enseigner actuelle.

Lullaby, de Le Clézio
Chronique d’un cours ordinaire.

Un mercredi matin dans un collège rural, au mois de février.
Le professeur de français, après avoir demandé le silence, distribue un polycopié à ses élèves de cinquième : il s’agit de Lullaby, nouvelle de J.M-G. Le Clézio. Dans un premier temps, le texte est lu à voix haute par quatre volontaires, avant d’être rangé dans le classeur.

Le professeur annonce : « Ce texte servira de support à la distinction entre discours et récit, que nous allons désormais aborder. »
Pour les élèves, une nouvelle « séquence » commence, que rythment les questions du maître. A partir d’une réflexion sur la mise en page, ceux-ci en viennent à conclure que le texte est un récit, dont le narrateur reproduit la lettre d’une jeune fille à son père.

C’est à cette lettre que le professeur leur demande d’abord de s’intéresser. Naturellement, leurs remarques se portent sur la situation elle-même. L’un d’eux observe ainsi : « La petite fille écrit à son papa parce qu’ils sont séparés. » A quoi une camarade ajoute : « Elle vit avec sa sœur et sa maman, mais son papa semble lui manquer. »
De telles observations ne sont pourtant pas du goût du maître. Trop simples, elles l’éloignent de l’objet qui constitue le centre de la séance. Aussi reprend-il la parole : « Nous avons travaillé ensemble sur la situation d’énonciation. Qui peut définir la notion ? » Jean, pour une fois éveillé, lève la main :
C’est quand quelqu’un parle à quelqu’un.
Le professeur - Ce n’est pas mal, mais il faudrait aller plus loin. Pauline ?
Pauline - C’est quand le destinateur parle au destinataire.
Le professeur – C’est déjà mieux, mais vous oubliez quelque chose d’important.
Comme les élèves restent muets, le professeur ajoute : «Vous oubliez que le message du destinateur est adressé au destinataire en un temps et un lieu précis. » Après ce rappel, le maître demande aux élèves d’identifier les marques de l’énonciation dans le texte.

Ce qui, noté dans leur classeur, devient : « Dans cette lettre, un « je » s’adresse à un « tu ». La date n’est pas précisée, mais les adverbes « aujourd’hui » et « maintenant » renvoient au moment de l’énonciation. On parle alors de « déictiques ». On peut donc conclure que, formellement, cette lettre se caractérise par la fréquence des déictiques et par la relation étroite avec la situation d’énonciation. »
(Ce qui, on l’admettra, est un constat d’une grande richesse… )

A ce moment, une élève interroge : « Mais le message, Monsieur, comment le comprendre ? »
Le professeur.- Que veux-tu dire ?
L’élève.- Pourquoi Lullaby écrit-elle à son père ?
Alors, les observations du début d’heure refont surface. De toute évidence, si la petite fille écrit à son père, c’est parce qu’il est absent. Mais certains élèves vont plus loin : derrière ses propos anodins, c’est un message d’amour qu’elle lui adresse. Peut-être sa lettre recèle-t-elle une part non avouée de souffrance ?

Doucement, le professeur explique à ses élèves qu’ils font fausse route. Avant de se poser de telles questions, il importe de revenir à l’essentiel : la présence du destinateur et du destinataire dans la lettre ! Et d’ajouter, magistral : « Le « je » affirme nettement sa présence (vingt formes pronominales ou adjectivales de la première personne). Il affirme également la présence de son destinataire (douze formes pronominales de la deuxième personne). Ainsi, une forte relation « je/tu » s’établit dans ce texte. »

A ce stade de la séance, les élèves ne s’intéressent plus aux sentiments de l’héroïne, dont ils ont compris qu’ils ne parleraient pas. S’intéressent-ils encore au cours ? Leur attitude laisse croire le contraire. Qu’importe cependant, puisque le maître peut conclure : « La lettre de Lullaby est un énoncé ancré dans la situation d’énonciation : il se caractérise par la présence des marques de l’énonciation dans le texte lui-même. »
La première heure achevée, le cours se poursuivra, qui portera sur le récit lui-même. De quoi s’agira-t-il ? De montrer que cette fois, l’énoncé est coupé de la situation d’énonciation. Alors viendra le temps de la conclusion générale, proche de celle-ci : « Nous avons étudié ces deux systèmes d’énonciation séparément, mais dans la réalité des textes, ils se combinent.

Dans l’extrait étudié, le récit vient fournir le référent du « je », le « tu », et le déictique « Papa »trouvant leur référent dans l’adresse indiquée par Lullaby sur l’enveloppe. Les déictiques temporels, de la même façon, se chargent d’information dans le récit : « aujourd’hui », un jour, « vers le milieu du mois d’octobre », « ce matin, quand je me suis réveillée » 7 heures 10 puisqu’à « 8 heures 10 » (récit), Lullaby est réveillée « depuis une heure » (discours) ; « là » une ville au bord de la mer (un port ?) sur laquelle le récit ne donnera pas d’autre information. C’est donc progressivement tout le contexte de l’énonciation épistolaire qui se constitue ainsi, dans un dialogue discours/récit. »

Chronique d’un cours ordinaire, reconstitué à partir de L’Enseignement du français au collège…Où l’on découvre que les Sorbonagres de Rabelais ont une postérité inattendue.
De nos jours, l’enseignement du français est devenu le lieu de considérations creuses, dont les victimes sont au nombre de deux : les élèves d’une part, les textes d’autre part. Aux premiers, l’accès au sens est refusé, quand les seconds se voient réduits à une approche formaliste.

Paul-Marie Conti Professeur agrégé de lettres classiques .


« L’enseignement du français aujourd’hui, enquête sur une discipline malmenée. »


Si vous pensez que c'est exagéré, feuilletez un "Livre unique de français", Hatier, pour 5ème, 4ème, 3ème, c'est toujours le même baratin abscons, où l'on mêle un extrait de V.Hugo et de Zinédine Zidane mis sur le même plan, où les mêmes termes sont repris chaque année, car un cerveau normalement constitué est bien incapable de digérer de telles absurdités.

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par adelaideaugusta Lun 11 Aoû 2014, 10:48
abricotedapi a écrit:
Fantômette a écrit:Mon dieu! Que gloubi-boulga! C est horrible pour des enfants, ils vont encore moins comprendre...bref à deconseiller vivement aux parents à la rentrée (ils n y comprendront rien non plus).
Mon nouveau collège a inscrit le Bescherelle dans la liste des fournitures demandées Sad

Autre exemple du "bêtisier" de la grammaire Bescherelle .


Accords du verbe avec des sujets désignant le même objet ou la même personne.

Si les sujets sont de sens absolument distinct, mais désignent le même objet ou la même personne, l’accord se fait au singulier:

Le Premier Ministre et le Président du Conseil peut être le même homme.
sujet sujet singulier

C’est l’année où mourut mon oncle et (mon) tuteur.
singulier sujet sujet

(Dans le deuxième exemple, il est possible de ne pas répéter le déterminant devant le second
sujet :....mon oncle et tuteur)

La personne qui a écrit cet article connaît bien mal les subtilités de la langue française.
C'est l'année où mourut mon oncle et tuteur : il s'agit d'une seule et même personne : verbe au singulier.
C'est l'année où moururent mon oncle et mon tuteur : deux personnes différentes : verbe forcément au pluriel.

Mais je pense qu'une notion aussi complexe ne peut être abordée au collège.

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par adelaideaugusta Lun 11 Aoû 2014, 10:52
Plus grave, car on enseigne (peut-être ??) l'impératif au collège :

Valeur des temps de l’impératif.

Un ordre ou une défense ne peuvent par définition se réaliser qu’après avoir été énoncés.
L’impératif présent ou «passé» a donc nécessairement une valeur temporelle de futur. Reviens à minuit.

Sois revenu à minuit.


Sujet d’un verbe à l’impératif.

A l’impératif, le sujet n’est pas exprimé, il est contenu dans le verbe.

Philippe lance la balle.
Lance la balle!

Remarque: en fait, c’est parce que l’on interprète lance non plus comme un indicatif mais comme un impératif, que la deuxième phrase est possible. Il se trouve que beaucoup de verbes, ayant la même prononciation et la même orthographe à l’indicatif présent et à l’impératif, entretiennent l’illusion d’une suppression possible du sujet. Il suffit, pour s’en convaincre, d’utiliser un autre temps que le présent de l’indicatif :

Pierre lancera la balle. -Lancera la balle!

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par adelaideaugusta Lun 11 Aoû 2014, 10:56
Et celle-là, subtile, non ?


6. Complément du nom.

Le complément du nom ne s’accorde ni en genre ni en nombre avec le nom-noyau,
contrairement à l’adjectif qualificatif.

Ex:Le chien jaune / Les chiens jaunes.
Le chien du voisin / Les chiens du voisin.

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par adelaideaugusta Lun 11 Aoû 2014, 11:01
Et encore :


-"Le COD n'est pas déplaçable. Si on le permute avec le sujet, on modifie le sens de la phrase (....) ou on provoque un non-sens :

Ma voisine a acheté une voiture.
Une voiture a acheté ma voisine.

La place du COD est généralement après le verbe (à droite du verbe dans la phrase écrite), alors que celle du sujet est généralement avant le verbe (à gauche du verbe dans la phrase écrite) (....) En cas de permutation, les noms changent de fonction.

Le chat mange la souris.
sujet --------------cod
La souris mange le chat. (Sic, je n'invente rien!)
sujet---------------cod

J'ai même trouvé une tentative de justification de ces absurdités : "même si cette phrase est peu vraisemblable, elle reste correcte grammaticalement".
-Ou encore : "Le COD est un pronom COD, qui a une forme spécifique en fonction de COD et ne peut être que COD.
La montre que m'a donnée Alain est cassée.

La présence de que spécifie montre comme complément d'objet; Alain ne peut alors être que sujet, même s'il est à droite du verbe donner". (Resic!)

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par F.Lemoine Lun 11 Aoû 2014, 11:20
adelaideaugusta a écrit:J'aime beacoup ce petit pastiche de la façon d'enseigner actuelle.

Lullaby, de Le Clézio
Chronique d’un cours ordinaire.

Un mercredi matin dans un collège rural, au mois de février.
Le professeur de français, après avoir demandé le silence, distribue un polycopié à ses élèves de cinquième : il s’agit de Lullaby, nouvelle de J.M-G. Le Clézio. Dans un premier temps, le texte est lu à voix haute par quatre volontaires, avant d’être rangé dans le classeur.

Le professeur annonce : « Ce texte servira de support à la distinction entre discours et récit, que nous allons désormais aborder. »
Pour les élèves, une nouvelle « séquence » commence, que rythment les questions du maître. A partir d’une réflexion sur la mise en page, ceux-ci en viennent à conclure que le texte est un récit, dont le narrateur reproduit la lettre d’une jeune fille à son père.

C’est à cette lettre que le professeur leur demande d’abord de s’intéresser. Naturellement, leurs remarques se portent sur la situation elle-même. L’un d’eux observe ainsi : « La petite fille écrit à son papa parce qu’ils sont séparés. » A quoi une camarade ajoute : « Elle vit avec sa sœur et sa maman, mais son papa semble lui manquer. »
De telles observations ne sont pourtant pas du goût du maître. Trop simples, elles l’éloignent de l’objet qui constitue le centre de la séance. Aussi reprend-il la parole : « Nous avons travaillé ensemble sur la situation d’énonciation. Qui peut définir la notion ? » Jean, pour une fois éveillé, lève la main :
C’est quand quelqu’un parle à quelqu’un.
Le professeur - Ce n’est pas mal, mais il faudrait aller plus loin. Pauline ?
Pauline - C’est quand le destinateur parle au destinataire.
Le professeur – C’est déjà mieux, mais vous oubliez quelque chose d’important.
Comme les élèves restent muets, le professeur ajoute : «Vous oubliez que le message du destinateur est adressé au destinataire en un temps et un lieu précis. » Après ce rappel, le maître demande aux élèves d’identifier les marques de l’énonciation dans le texte.

Ce qui, noté dans leur classeur, devient : « Dans cette lettre, un « je » s’adresse à un « tu ». La date n’est pas précisée, mais les adverbes « aujourd’hui » et « maintenant » renvoient au moment de l’énonciation. On parle alors de « déictiques ». On peut donc conclure que, formellement, cette lettre se caractérise par la fréquence des déictiques et par la relation étroite avec la situation d’énonciation. »
(Ce qui, on l’admettra, est un constat d’une grande richesse… )

A ce moment, une élève interroge : « Mais le message, Monsieur, comment le comprendre ? »
Le professeur.- Que veux-tu dire ?
L’élève.- Pourquoi Lullaby écrit-elle à son père ?
Alors, les observations du début d’heure refont surface. De toute évidence, si la petite fille écrit à son père, c’est parce qu’il est absent. Mais certains élèves vont plus loin : derrière ses propos anodins, c’est un message d’amour qu’elle lui adresse. Peut-être sa lettre recèle-t-elle une part non avouée de souffrance ?

Doucement, le professeur explique à ses élèves qu’ils font fausse route. Avant de se poser de telles questions, il importe de revenir à l’essentiel : la présence du destinateur et du destinataire dans la lettre ! Et d’ajouter, magistral : « Le « je » affirme nettement sa présence (vingt formes pronominales ou adjectivales de la première personne). Il affirme également la présence de son destinataire (douze formes pronominales de la deuxième personne). Ainsi, une forte relation « je/tu » s’établit dans ce texte. »

A ce stade de la séance, les élèves ne s’intéressent plus aux sentiments de l’héroïne, dont ils ont compris qu’ils ne parleraient pas. S’intéressent-ils encore au cours ? Leur attitude laisse croire le contraire. Qu’importe cependant, puisque le maître peut conclure : « La lettre de Lullaby est un énoncé ancré dans la situation d’énonciation : il se caractérise par la présence des marques de l’énonciation dans le texte lui-même. »
La première heure achevée, le cours se poursuivra, qui portera sur le récit lui-même. De quoi s’agira-t-il ? De montrer que cette fois, l’énoncé est coupé de la situation d’énonciation. Alors viendra le temps de la conclusion générale, proche de celle-ci : « Nous avons étudié ces deux systèmes d’énonciation séparément, mais dans la réalité des textes, ils se combinent.

Dans l’extrait étudié, le récit vient fournir le référent du « je », le « tu », et le déictique « Papa »trouvant leur référent dans l’adresse indiquée par Lullaby sur l’enveloppe. Les déictiques temporels, de la même façon, se chargent d’information dans le récit : « aujourd’hui »,  un jour, « vers le milieu du mois d’octobre », « ce matin, quand je me suis réveillée » 7 heures 10 puisqu’à « 8 heures 10 » (récit), Lullaby est réveillée « depuis une heure » (discours) ; « là » une ville au bord de la mer (un port ?) sur laquelle le récit ne donnera pas d’autre information. C’est donc progressivement tout le contexte de l’énonciation épistolaire qui se constitue ainsi, dans un dialogue discours/récit. »

Chronique d’un cours ordinaire, reconstitué à partir de L’Enseignement du français au collège…Où l’on découvre que les Sorbonagres de Rabelais ont une postérité inattendue.
De nos jours, l’enseignement du français est devenu le lieu de considérations creuses, dont les victimes sont au nombre de deux : les élèves d’une part, les textes d’autre part. Aux premiers, l’accès au sens est refusé, quand les seconds se voient réduits à une approche formaliste.

Paul-Marie Conti  Professeur agrégé de lettres classiques .


« L’enseignement du français aujourd’hui, enquête sur une discipline malmenée. »


Si vous pensez que c'est exagéré, feuilletez un "Livre unique de français", Hatier, pour 5ème, 4ème, 3ème, c'est toujours le même baratin abscons, où l'on mêle un extrait de V.Hugo et de Zinédine Zidane mis sur le même plan, où les mêmes termes sont repris chaque année, car un cerveau normalement constitué est bien incapable de digérer de telles absurdités.


Il me semble que depuis les efforts prométhéens de V. Marchais sur les listes, la parution de Terre des Lettres (dont les auteurs sont trois, il ne faut pas oublier C.H. Pinon et C. Hars), et d'autres grandes voix qui se sont élevées, il y a eu un frémissement les deux dernières années dans l'édition. Tous les élèves (6e / 5e / 4e) que j'ai eus depuis la sortie du TDL 6e n'ont connu que ce manuel...  J'ai trouvé mon bonheur et je m'y tiens. Je vous conseille de faire de même.
Malheureusement, je pressens de nouveaux programmes, comment dire,  No
Padre P. Lucas
Padre P. Lucas
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Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret Empty Re: Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret

par Padre P. Lucas Dim 04 Jan 2015, 18:59
En tous cas, Cécile Revéret sait maintenant que sa méthode est "profondément novatrice" :
Monika Romani, Défense de la langue française n° 254, a écrit: GRAMMAIRE FRANÇAISE, de Cécile Revéret
Grip Éditions, 2014, 156 p.
Et si l’enseignement de la grammaire devenait une aventure passionnante ? Ce Précis d’analyse grammaticale et logique s’adresse aux enseignants, aux déçus de leurs études passées, aux inquiets face à la tâche qui les attend. Cet ouvrage doit répondre à leurs attentes, car l’auteur, riche de près de quarante années d’enseignement, connaît bien les chausse-trappes qui les guettent. Présentée de façon très claire et élégante, avec des tableaux, des encadrés et de nombreux exercices corrigés et commentés, cette méthode profondément novatrice a tout pour séduire de jeunes professeurs sans expérience. On y trouve aussi, pour le plaisir de lire et relire, de courts extraits classiques : quelques lignes d’Alain-Fournier qui nous replacent dans la salle de classe du Grand Meaulnes, et Maupassant, Balzac, Flaubert…
 
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Ronin
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Monarque

Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret Empty Re: Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret

par Ronin Dim 04 Jan 2015, 20:45
Marrant, je viens juste de le recevoir, mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire.

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charlygp
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Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret Empty Re: Précis d'analyse grammaticale - C. Revéret

par charlygp Dim 10 Mai 2015, 06:51
Merci pour cette découverte. J'ai feuilleté quelques pages en ligne et je pense le commander. La manière d'aborder la grammaire est effectivement plus aisée que d'autres manuels. 

Cependant, un point m'a étonné : elle nomme les déterminants "adjectifs". Je pensais que cette époque était révolue... Elle s'explique mais je ne suis pas convaincu.
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