Nouvelle épreuve orale de l'EAF : questions et réflexions

totoro a écrit:
Ce qui nous inquiète, c’est la façon d’envisager l’EL à l’oral : comment mener un oral qui ne soit pas un catalogue de procédés ou une paraphrase intégrale ? J’ai décidé de m’y coller et de « passer à l’oral » sur ce premier texte en guise de bilan... je le dis que, même pour moi, l’exercice ne va pas être si facile...

Appuie-toi beaucoup sur les mouvements du texte. Rappelle à chaque fois où tu en es et envisage le mouvement suivant comme une découverte incroyable.
Tu peux poser à la maison des questions de préparation qui incitent à des "découvertes "du sens de plus en plus profondes.

Tu peux mener aussi l'exercice suivant en début d'année : pour la conclusion, tu listes les mots clés qui "miment les mouvements du texte" et les principales "découvertes" et tu demandes aux élèves de rédiger la conclusion. S'ils parviennent à rédiger quelque chose de sensé, c'est gagné.
Il faut ensuite leur apprendre à mémoriser une explication linéaire (quelques temps après : ce sera le plus difficile pour eux.)

Tu sais, cette après-midi je viens de faire passer à l'oral des élèves de S pour la session de rattrapage. J'ai eu paraphrase et catalogues de procédés…

J’ai fait 20 vers d’ « une charogne » en 3h la semaine dernière avec une classe (et avec l’autre classe).
Comme vous, je trouve que c’est très chronophage, je ne sais pas comment finir le programme à moins de distribuer certaines EL sur poly (chose que je faisais déjà l’an dernier à raison d’une LA polycopiée par OE). Je suis dépitée.
Je n’ai fait que de larges rappels de grammaire mais je m’aperçois que tout est à reprendre (mes élèves ne savent pas différencier nature et fonction) et ça va être compliqué.

J'ai fini ma première lecture linéaire (sur Phèdre) en 4 h (et encore, en donnant l'introduction toute faite). Non seulement c'est long, mais en plus je fais mon cours au pas de course, au détriment du plaisir du texte.
Il serait bon que notre hiérarchie prenne conscience de ce que cette réforme occasionne, si ça pouvait l'amener à plus de souplesse dans ses exigences avant le bac !...
J'ai fait aussi un cours de grammaire sur l'interrogation : une heure complète pour la leçon + un exercice (avec une bonne classe).

Je suis en train de finir la première analyse linéaire avec les élèves... 3h et elle n'est pas terminée. Une séance aujourd'hui de grammaire: classes grammaticales et fonctions. 1er exercice -assez simple- relever les déterminants et en indiquer le nom. Quelques-uns (minoritaires heureusement): "Je le trouve"   le, article défini  /
Sur un autre exercice où il fallait trouver la classe grammaticale des mots qui composaient une phrase: "J'ai beaucoup dormi"     verbe: ai.
Certains confondent aussi adverbe et adjectif...  :pleurs:  
Là, je me dis qu'il y aura un peu de travail...

C'est ce qui est le plus effrayant: ce dont les élèves ont réellement besoin (bases solides, notions bien implantées) face à la réalité de ce qu'on nous demande de faire. Finalement, on va complètement oublier le plaisir du texte, parce qu'on n'aura plus le temps de simplement en discuter avec eux, ou de prendre le temps de lire ensemble.
Apprendre par cœur et recracher... et comme l'ont dit certains, encore faut-il savoir recracher sans en faire un catalogue de procédés!

Procédez- vous phrase à phrase dans chaque mouvement ? Comment les élèves prennent-ils des notes ?
Votre EL vous conduit-elle ensuite à proposer un plan (je pense aussi à l'écrit...)?
Merci !

Je ne procède pas forcément phrase par phrase: quand il y a un procédé, une idée qui parcourt tout le mouvement, on le voit en entier (métaphore filée, par exemple, ou thème de la nature complice...). Parfois, je peux regrouper deux courtes phrases, et vraiment en décortiquer une autre. Il faut choisir ce qui fait sens.

Pour l'autre question, oui, avec les élèves nous avons cherché ce que l'on peut regrouper pour proposer ensuite un plan.

@sifi, pourquoi utiliser ce verbe "recracher"? Non pas mais "réciter, redire, c'est à dire montrer le travail de l'année, montrer ce que l'on a appris: est-ce si condamnable ?

ysabel a écrit:Tu sais, cette après-midi je viens de faire passer à l'oral des élèves de S pour la session de rattrapage. J'ai eu paraphrase et catalogues de procédés…

Tout à fait, et recrachage du plan du prof appris par coeur, peu importe la question posée.

Je ne vois pas bien en quoi la LL impliquerait davantage cette pratique. Pour ma part, je trouve beaucoup de souplesse dans l'exercice, je fais le deuil de tout dire du texte car ils ne pourront pas le faire en 10 minutes, on retient le mouvement, les idées essentielles, les procédés qui font sens et permettent d'éclairer le texte, le parcours, je ne passe pas plus de 2h par texte, impossible.

Je viens de faire ma 2e EL en 2h hier, donc je suis confiante, c'est effectivement plus rapide une fois les bases posées et sur un texte plus abordable que Montaigne.

Aleph, j'ai justement revu les classes grammaticales la semaine dernière avec eux, tu me donnes une idée, je vais tenter tes phrases pour voir si c'est aussi désespérant de mon côté.

Garance, pour ma part je procède phrase par phrase avec un système de couleurs différentes que les élèves utilisent sur le texte pour les différents éléments importants (ce qu'on utiliserait ensuite pour constituer des axes). Les élèves prennent des notes au fur et à mesure dans un tableau à 3 colonnes, je leur cite les éléments, le(s) procédé(s) et l'interprétation. Je leur ai montré comment faire sur la 1re EL, sur la 2e ils ont pris des notes en autonomie, ça avait l'air d'aller.

Je suis en train de mettre en forme ma 3e EL et elle fait 32 lignes (31 et demi exactement). C'est totalement idiot, mais je crains que cela ne pénalise mes élèves...
Ce formalisme excessif de cette épreuve conduit à des absurdités !
L'an passé, l'IPR nous avait dit qu'une vingtaine de lignes, cela pouvait aller jusqu'à 29, je suis presque dans les clous.
Avez-vous eu des informations à ce sujet ?

Bah, tu changes ta police ou tu mets des marges plus étroites…

Tu penses bien que j'ai déjà fait tout ce qui était acceptable, la seule solution serait de diminuer la taille des caractères (je suis en Times 12) mais j'ai des élèves dyslexiques alors déjà le Times, ce n'est pas génial, et si c'est trop petit, cela va devenir compliqué à lire (mais cela me ferait passer à 29 lignes, c'est vrai ! )

oh, 11 ou 12, c'est presque pareil. Pour que cela reste bien lisible il faut juste mettre des interlignes de 1.5.

Merci Ysabel, c'est ce que j'ai fait (et cela ne fait donc que 29 lignes). J'ai vérifié dans notre manuel, je pense que c'et aussi du 11 et non du 12.
C'est vraiment bête comme problème...

Je dirais que normalement, je ne vois pas un examinateur, normalement constitué, couper un texte qui fait une ligne de plus… mais ces 15 dernières années d'EAF me montrent qu'il vaut mieux être méfiant…
Et quand je vois le nb de collègues qui parle de 20 lignes pour le texte en EL et non une vingtaine de lignes, ça m'inquiète un peu.

J'ai les mêmes réticences que toi, je suis devenue méfiante !

J’ai passé mon oral aujourd’hui, 2 fois, sur les « hauts de chausse » de Montaigne : 18 mn en respectant les 2min de lecture (c’est treeeeees long 2 min de lecture...).
Ah ! Et un oral à l’arrache, c’est plus facile le matin que le soir en 4e heure...
je ne me suis pas imposé la question de grammaire.

Il me semble que les 20 lignes, c'est pour le jour du bac. On peut faire une explic. sur un texte plus long; l'examinateur sera censé couper.

Pour l'histoire du nombre d'heures que dure la première explic., j'avoue que je ne vois pas bien où est le problème. Cela fait au moins dix ans que je fais des explications linéaires, et la première me prend toujours beaucoup plus que 3 ou 4 heures. Et je ne m'ennuie pas, et je ne perds pas le plaisir du texte. Par exemple, je fais ma première explic. sur "Le pont Mirabeau" en ce moment, et... nous venons à peine de commencer l'analyse linéaire. Et ça va très bien.

Tiens; une remarque qui m'est venue en discutant avec nos IPR et des collègues, à propos de la peur de l'émiettement des remarques. Chacune des remarques qui sont faites s'articule tout naturellement avec les autres parce qu'à chaque fois on se demande pourquoi tel mot, telle expression, telle structure fait de ce texte un texte intéressant. Chacune des remarques qui sont faites est, d'une certaine façon démonstrative.

P.S. Beaucoup d'entre vous le savent déjà; mais pour les autres, je rappelle que mon site www.lettresclassiques.fr est pratiquement entièrement dédié à la méthode de l'explication linéaire...

NLM76 a écrit:Il me semble que les 20 lignes, c'est pour le jour du bac. On peut faire une explic. sur un texte plus long; l'examinateur sera censé couper.

Pas 20 lignes mais "une vingtaine de lignes", et oui, l'examinateur peut couper, mais si je ne le fais pas, c'est que cela supprime tout l'intérêt du texte, cela m'ennuierait qu'un examinateur coupe cette cohérence pour une stupide histoire de lignes !

Une stupide histoire de lignes : ben oui, c'est compètement IDIOT : arbitraire et stupide.

Garance a écrit:Procédez- vous phrase à phrase dans chaque mouvement ? Comment les élèves prennent-ils des notes ?
Votre EL vous conduit-elle ensuite à proposer un plan (je pense aussi à  l'écrit...)?
Merci !

Cette question m'intéresse. Mes élèves ne savent pas prendre des notes, veulent écrire chaque mot prononcé, mettent toute leur énergie à cela et non à analyser le texte. Cela prend un temps fou pour rien. Ils passent leur temps à se plaindre qu'ils écrivent trop mais refusent de prendre des notes !

Ouais. En même temps, comme me disait naguère une collègue de philo, la bonne façon de prendre des notes, c'est de TOUT noter. Et leur difficulté, c'est de ne pas savoir écrire vite. Parce qu'ils tiennent mal leur stylo, parce qu'ils forment mal leurs lettres, parce qu'ils ne sont pas entraînés à beaucoup écrire vite, parce qu'ils n'ont pas d'orthographe, pas de ponctuation, parce qu'ils ne savent pas abréger, utiliser des symboles.
Mais pratiquement TOUT ce que je raconte en classe est important. Si ce n'était pas important, je ne le dirais pas.
Seules les deux ou trois bêtises que je sors dans l'heure n'ont pas besoin d'être notées.

NLM76 a écrit:ils ne savent pas abréger, utiliser des symboles.

Hier, trouvant ma classe particulièrement lente dans sa prise de notes, je m'arrête et lance : "Rassurez-moi, quand je dis "Hippolyte", vous n'écrivez pas "Hippolyte", vous mettez juste un H en lettre capitale ?" La réponse fut un regard hagard collectif...

NLM76 a écrit:Il me semble que les 20 lignes, c'est pour le jour du bac. On peut faire une explic. sur un texte plus long; l'examinateur sera censé couper.

non, c'est une vingtaine… c'est écrit noir sur blanc dans la NDS sur les épreuves.