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Quomihiabis
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Encore une professeure stagiaire en plein désarroi Empty Encore une professeure stagiaire en plein désarroi

par Quomihiabis Ven 22 Nov - 18:11
Bonsoir,

J'écris ce message car je suis en plein désarroi. Je me sens de plus en plus déprimée et démobilisée par mon travail même si le premier rapport de mon tuteur fait état d'un bilan satisfaisant. Voici les causes de ma souffrance :

- les deux jours de formation à l'INSPE où je trouve que les professeurs stagiaires sont fliqués, infantilisés voire rabaissés (s'ajoute à cela un profond ennui que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps).
- mon affectation dans un établissement classé REP zone prévention violence dont la gestion laisse à désirer.
- l'isolement au sein de mon établissement.
- le manque de considération de la part de l'institution.
- mon inquiétude pour l'avenir du métier (dégradation des conditions d'enseignement, retraites, cap 22).
- le fait que je sois obligée de donner des cours particuliers en attendant mon reclassement (j'ai été contractuelle pendant quelques années et ai plus de charges que lorsque j'avais vingt ans).
- l'impression que mes huit années d'études après le bac ne m'ont pas servi d'un point de vue professionnel.

Avez-vous déjà éprouvé ce type de sensations ? Est-ce que cela vaut le coup de continuer (sur le long terme) ?

J'aurais voulu poster un message plus positif : je termine donc sur une note plus joyeuse en vous souhaitant un bon week-end.

Quomihiabis.
ore
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par ore Ven 22 Nov - 18:18
Bonsoir,

Une chose m'interpelle particulièrement dans ton message, c'est ton sentiment d'isolement au sein de l'établissement. A ton avis, c'est dû à quoi?
Quomihiabis
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par Quomihiabis Ven 22 Nov - 19:02
Je pense que cela est dû à mon statut mais aussi (surtout sans doute) à moi qui me suis recroquevillée sur moi-même depuis quelques semaines car je ne me sens pas épanouie au travail.
Pacific231
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par Pacific231 Ven 22 Nov - 19:07
Ben moi je suis mal placée pour te remonter le moral... en lettres aussi, après 11 ans de bons et loyaux services, je demande une mise en dispo pour élever un enfant de moins de 8 ans... je compte en profiter pour "aller voir ailleurs"... La réforme pour moi a été la grosse goutte d'eau de trop (et maintenant les retraites...)
Quomihiabis
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par Quomihiabis Ven 22 Nov - 19:19
Pacific231,

Je comprends parfaitement ton sentiment. As-tu déjà une idée de ce que tu souhaites faire ? Si tu es "mal placée" pour me remonter le moral, sache néanmoins que cela me fait du bien d'échanger avec des collègues sur ce forum. Je prends en effet beaucoup sur moi pour ne pas montrer mes doutes et mes émotions au travail et en formation.
Marxou
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par Marxou Ven 22 Nov - 19:42
Je suis désolé, mais je ne vais pas être très optimiste. J'ai quelque 25 ans dans l'EN, dans une situation  pourtant plutôt" privilégiée", au lycée, avec des élèves tout mignons (en tout cas cette année), et donc on va dire, dans la dernière ligne droite de ma "carrière". (enfin bon, pas avant 15 ans non plus, vu ce que ces enfoirés nous mettent dans les dents. Mais, je t'avoue, j'en ai ma claque: finalement, l'impression de faire un boulot de forçat, plus tellement gratifiant. Pouvoir d'achat en chute libre, dégradation des conditions de travail, réformes à la con, mépris  total des gvts successifs, qui alimente (comme on  si avait besoin de ça!) celui de la population, violences et incivilités croissantes (auxquelles je ne suis pas confronté): mon énorme soutien aux profs débutants parachutés en REP; moi, perso, je ne pourrais plus.  Et la goutte d'eau: la perspective d'une retraite misérable. Mépris, mépris insupportable. L'impression que le système explose, et je ferai le parallèle avec le système hospitalier et aussi les policiers (ben oui): même processus de dégradation des conditions de travail, salaires ridicules, etc... A un moment, la "foi" ne suffit plus. Bref, les derniers fantassins de la "République"  et du service public qui se prennent la violence sociale en pleine poire, et qui en plus sont  totalement déconsidérés.

J'aurais vraiment tendance à te conseiller d'aller voir ailleurs si possible. Tu n'y trouves pas ton compte, et je le comprends parfaitement.  Tu es jeune, et tu n'as pas à avoir déjà  la perspective  d'un emploi ou carrière de "souffrance" ou à tout le moins très pénible! Je ne t'aurais pas dit ça, il y a seulement 10 ans. Je t'aurais conseillé de tenir le coup, que ton année de stage est seulement un moment "délicat" à passer et que ça irait probablement  bien mieux plus tard, dans d'autres conditions et avec l'expérience.

Mais là, mon sentiment est que le "Titanic" EN est en train de sombrer....
dryade
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par dryade Ven 22 Nov - 19:47
Quomihiabis, essaie de tenir le coup. Je ne peux pas te dire à 100 % que ça en vaut la peine, mais attends au moins d'avoir passé cette année difficile à tout point de vue qu'est celle du stage. On est fatigué, stressé, débordé, et le seul soutien que l'on reçoive la plupart du temps c'est de l'infantilisation et de la culpabilisation.
Une fois titularisée, tu seras soulagée et libre de ne pas passer par (toutes) les fourches caudines qu'on nous impose. Et tu pourras quitter l'EN en toute connaissance de cause, si cela te tente !
Bon courage en attendant trefle
dryade
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par dryade Ven 22 Nov - 19:52
J'ai failli répondre quelque chose comme ce qu'a dit Marxou.
Mais il me semble qu'après avoir réussi un concours, mieux vaut tester pour voir, les jobs ne sont pas si faciles à trouver.
On peut toujours quitter le navire après deux-trois ans si on n'y trouve pas son compte.
On peut toujours espérer que la situation va s'améliorer.
Imaginons que l'EN devienne complètement privatisée : il faudra bien qu'on nous paie décemment, comme des cadres du privé, non?
Ou alors la totalité de la société sera dans un état d'esclavagisme avancé.
New Zealand
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par New Zealand Ven 22 Nov - 20:05
J'aurais tendance à dire comme Dryade. Tiens quelques années, et ensuite tu verras. Essaie de te trouver des possibilités de reconversion (formations) entre-temps, fais le minimum syndical (il ne faudrait pas pénaliser les élèves) ; mais si tu as la possibilité et l'envie d'aller voir ailleurs, fais-le. Songe tout de même que sur un CV (si tu n'as pas l'intention de passer un autre concours), avoir été prof quelques années fait meilleure impression qu'avoir abandonné pendant l'année de stage.

Je souhaite devenir prof d'anglais, malgré les conditions actuelles, le cassage du service public, mais je sais aussi que si les conditions ne me convenaient pas, j'aurais la possibilité de chercher autre part (sachant que j'aurais alors un Master d'anglais + CAPES + formation pertinente, le cas échéant). Tu dois être encore jeune, bien plus que moi (40 ans), prends ton temps, et je dirais même, prends ton mal en patience. Je pense que si tu te laisses la possibilité de changer dans quelques années, cette année (et les suivantes) seront bien plus supportables. Ne lâche pas tout sur un coup de tête.

Kimberlite
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par Kimberlite Ven 22 Nov - 20:11
Bonsoir Quomihiabis,
Quomihiabis a écrit:Bonsoir,

J'écris ce message car je suis en plein désarroi. Je me sens de plus en plus déprimée et démobilisée par mon travail même si le premier rapport de mon tuteur fait état d'un bilan satisfaisant. Voici les causes de ma souffrance :

- les deux jours de formation à l'INSPE où je trouve que les professeurs stagiaires sont fliqués, infantilisés voire rabaissés (s'ajoute à cela un profond ennui que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps).
Ceci, au moins, tu ne le subiras pas tous les ans. Essaie d'en rire plutôt que d'en pleurer. Le ridicule des formations dépasse parfois l'entendement quand on ne l'a pas vécu. J'ai eu la chance de côtoyer pas mal de stagiaires qui faisaient semblant, mais se moquaient pas mal de tout ceci. Dans les formations disciplinaires, quand on nous collait en groupes pour concevoir des activités ou travailler sur je-ne-sais-quoi, on passait 80% au moins du temps à échanger sur nos expériences (c'est très enrichissant), et un minimum de temps pour donner l'impression qu'on avait bossé (en réutilisant des séances déjà existantes, en baratinant un maximum...).

- mon affectation dans un établissement classé REP zone prévention violence dont la gestion laisse à désirer.
Là, c'est un peu rude pour l'année de stage. En même temps, ce que tu y apprendras te servira certainement.
- l'isolement au sein de mon établissement.
Pas de collègues sur qui compter ou avec qui échanger? (Ou même du personnel autre que profs: ma première année, je discutais beaucoup avec notre gardienne, nos agents d'entretien...). Et j'avoue que neoprofs m'a permis aussi un peu de prendre du recul, ne pas trop culpabiliser sur certaines choses, me sentir moins seule...
- le manque de considération de la part de l'institution.
Ceci est une grande constante... là aussi, mieux vaut en rire. Souvent, j'ai eu l'impression de vivre des situations dans l'EN proches de "la maison qui rend fou" d'Astérix.
- mon inquiétude pour l'avenir du métier (dégradation des conditions d'enseignement, retraites, cap 22).
Je te suis totalement dans cette inquiétude (je réfléchis à mon avenir, moi qui pensait être tranquille, enfin, pour un moment).
- le fait que je sois obligée de donner des cours particuliers en attendant mon reclassement (j'ai été contractuelle pendant quelques années et ai plus de charges que lorsque j'avais vingt ans).  
Là, c'est sûr que c'est rude. Y a pas moyen de faire hâter ce reclassement? Bon, au moins, tu y auras droit. Moi, ils m'ont fait miroiter le reclassement, m'ont emmerdée à demander plein de papier (dont des trucs sur mon ancien boulot en Allemagne...), tout ça pour finalement me répondre que je n'avais droit à rien...
- l'impression que mes huit années d'études après le bac ne m'ont pas servi d'un point de vue professionnel.
Tu as fait une thèse?

Avez-vous déjà éprouvé ce type de sensations ? Est-ce que cela vaut le coup de continuer (sur le long terme) ?
Oui, je connais pas mal de choses dans ce que tu expliques (à part la difficulté financière). Et, pour ma part, je me dis que sur le long terme il peut y avoir des options plus valables (mais en attendant, j'ai quand même un boulot, et une fois en poste, on est quand même moins emmerdé qu'en tant que stagiaire).

Je te donnerais comme conseil de te concentrer sur cette année de stage, tant qu'elle reste supportable. Economise-toi au maximum, prends du recul (face à l'absurdité et à la médiocrité, il ne faut pas se laisser démoraliser, mais contempler d'un œil ironique ce théâtre de la bêtise humaine). Prends aussi du temps pour toi, pour ce qui te semble le plus important. Prends plaisir aux vrais bonheurs de l'enseignement (même si ce n'est pas tous les jours, toutes les heures, ce sont de petits rayons de soleil:  quand un élève mignon en difficulté comprend ou progresse, quand les élèves remercient, posent des questions intéressantes, etc...).

Bon courage,
K[/quote]
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Spoiler:
Pacific231
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par Pacific231 Ven 22 Nov - 22:43
Pour répondre à ta question, pour l'instant je commence à candidater dans l'édition, pour être auteur dans le parascolaire... mais comme ce sont souvent des "missions", ce n'est pas viable financièrement. Je regarde un peu partout, je ne me ferme aucune porte... et en attendant heureusement, j'ai un mari qui gagne bien "notre" vie :-p
Phylia
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par Phylia Ven 22 Nov - 23:59
A l'instar des collègues qui ont répondu, j'ai envie de te dire de ne pas te précipiter : l'année de stage est une année très particulière et qui ne laisse pas forcément de bons souvenirs. Mais cela est inhérent au statut de stagiaire qui nous place dans une position basse par rapport à presque tout le monde, inconfortable et chronophage au regard de la charge de travail que nous devons fournir (on part de rien et on doit tout produire du jour pour le lendemain, pour ainsi dire).
Je comprends ton désir d'aller voir ailleurs, mais sache que partout ailleurs, tu retrouveras ce "parcours initiatique" de formations pas toujours intéressantes (voire franchement inutiles) et parfois infantilisantes et de stagiaire (j'en parle en connaissance de cause pour avoir fait une formation de trois ans comprenant des périodes de stages dans le domaine du social).
Donne-toi le temps d'explorer le métier d'enseignant : pour le moment, tu n'en vois sans doute que les aspects les plus négatifs, ce qui est normal dans le contexte que tu décris. De plus, tu n'as pas encore construit ton identité de professeur et tu commences seulement à travailler sur ton positionnement professionnel : tout cela se bâtit avec le temps, de la patience et de l'humilité, et te permettra un jour, je l'espère, de t'épanouir dans ton métier. Smile
Thermo
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par Thermo Sam 23 Nov - 5:21
Oui il ne faut pas juger d'après l'année de stage, c'est très particulier.
Tu pourras constater que ce métier est pourri par la suite, en toute connaisssance de cause.

_________________
Loi du Management de Weiler : Rien n'est impossible pour celui qui n'a pas à le faire lui-même.
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Quomihiabis
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par Quomihiabis Sam 23 Nov - 18:01
Merci à toutes et à tous pour vos réponses. Cela fait du bien de se sentir soutenue de la sorte. Je vais  vous répondre un à un : gare au pavé !

* Marxou :

Merci pour tes conseils. Cela fait longtemps que l'on dit que l'EN sombre mais j'ai en effet le sentiment que le phénomène s'accélère ces derniers temps. Je te souhaite de pouvoir conserver ta "situation privilégiée" jusqu'à la fin de ta carrière. Ça me fend le cœur de lire des témoignages de cet acabit de la part d'enseignants chevronnés qui ont sans doute beaucoup donné de leur personne pour leurs élèves.

* Dryade :

Merci pour ton soutien et tes encouragements. J'ai bien conscience que cette année de stage est particulière. J'ai été plus heureuse en tant que professeure contractuelle (dans le secondaire également) qu'en tant que stagiaire. Je précise qu'il s'agit d'une expérience personnelle : de fait, je ne minimise en aucun cas les inconvénients de ce statut et les difficultés auxquelles sont confrontés nos collègues contractuels. Ce qui me turlupine, c'est d'être dans un tel état d'esprit deux ans après mon entrée dans l'enseignement. Si ça continue ainsi, qu'est-ce que ça va être dans quinze ans ?

Qui dit EN privatisée ne dit pas forcément, il me semble, paies plus élevées (sauf si on rend obligatoire les heures sup' qui, par voie de conséquence, n'en seront plus).

* New Zealand :

C'est ma troisième année dans l'enseignement car j'ai été contractuelle avant de passer les concours. J'ai déjà en tête des idées de reconversion et ne suis pas effrayée par la charge de travail pourvu que je sois motivée. Si je franchis le pas, je ne veux pas trop flâner en cours de route car je suis (déjà !) à l'aube de ma trentaine.  

Je n'arrive pas à me résoudre à faire le minimum syndical dans mon travail car je culpabilise vis-à-vis des élèves. Ils n'ont pas à pâtir de mon malaise ! Quand je mesure l'écart entre ce que je fais et ce que je devrais faire, je déplore mon manque d'enthousiasme.

Je te souhaite le meilleur pour ton projet professionnel. J'admire ton désir de t'engager dans cette profession en toute connaissance de cause (destruction du service public, etc.).

* Kimberlite :

La plupart de mes camarades stagiaires ne sont pas dupes de la qualité de notre formation. Certains, inquiets pour l'avenir de la profession, songent déjà à une reconversion. D'autres espèrent encore un poste dans le supérieur. De mon côté, j'ai très peu d'illusions à ce sujet. Je ne veux pas passer ma vie à attendre Godot quelque chose en vain.

Dans mon établissement, les échanges avec mes collègues sont limités. C'est en partie de ma faute : je crains que mes propos se retournent contre moi. Cette année de stage me rend un peu parano ! Je serre les dents en attendant que ça passe.

J'ai appelé le rectorat pour mon reclassement : ils m'ont répondu qu'"ils avaient d'autres choses à faire". Ça a le mérite d'être clair Encore une professeure stagiaire en plein désarroi 437980826!

Je ne suis pas docteure : j'ai fait quatre ans de prépa (changement de spécialité et cube) et deux masters.  

Heureusement, il y a quelques rayons de soleil. Cette semaine, plusieurs de mes élèves sont venus me voir pour me dire qu'ils avaient lu leur OI en une soirée !

* Pacific231 :

Bon courage pour ton projet !

* Phylia et Thermo :

Bien que cette année me pèse, je n'ai pas l'intention de tout plaquer sur un coup de tête. Je tâche de travailler sur moi pour changer de regard sur la situation.
cristal
cristal
Expert spécialisé

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par cristal Sam 23 Nov - 20:26
L'année de stage est une année difficile. Ca ira mieux l'année prochaine. Courage! cheers
Et puis, tu verras bien après....
Tu devais peut-être essayer de te rapprocher de tes collègues. Ils pourraient t'aider/ te donner des conseils.
Marxou
Marxou
Habitué du forum

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par Marxou Sam 23 Nov - 23:59
J'ai peut-être été trop pessimiste et noir: comme les autres collègues, je te conseille, quomihiabis, d'aller au bout de ton stage, et d'obtenir ta titularisation, bien sûr. Mais le risque, lorsqu'on entre dans l'EN, c'est qu'on a beaucoup de mal  ensuite à en sortir pour de plus ou moins bonnes raisons!un certain "confort"  (sécurité de l'emploi) qui peut vite virer à un sentiment de pénibilité et d'enfermement dont il est très difficile de s'extirper! Pour préciser les choses, j'ai été pendant un certain temps assez heureux de ce boulot: l'impression que cela avait un sens. Mais maintenant, j'en suis complètement revenu: les hautes sphères se contrefoutent de la situation des élèves, et encore plus de celle des profs. Et l'EN est selon moi, encore une fois, un navire en perdition..., faute de moyens, à cause du cynisme inouï de ses dirigeants (cf: la réforme de Blanquer), et de tout ce qu'ils nous concoctent en terme de statut, de retraite, de conditions de travail: l'horreur...

Après, là, j'ai la chance, cette année,  d'avoir des classes très sympa et désireuses de bosser et d'apprendre: je vis ça comme un don du ciel... C'est dingue non? de considérer cela comme une exception? !!!!

Y a donc un truc qui ne tourne pas rond ds l'éduc nat: le fait de ne pouvoir enseigner et transmettre de façon sereine que dans des conditions exceptionnelles ou miraculeuses. Comment en est-on arrivé là?

Pour ma part, je ne veux plus être  dans la peau d'un flic qui doit discipliner des élèves qui n'ont pas envie d'être là et de bosser. Je crois que j'ai assez donné et je vais tout faire pour éviter ça, mais c'est pas évident, et c'est un peu tard pour moi d'envisager une reconversion.

Car dernier point: ce boulot est extrêmement usant (même si encore une fois, il peut t'apporter une certaine gratification): le fait de faire du "stand-up" permanent, une exposition de soi périlleuse, même le lundi matin, face à la seconde 6 pénible, alors que tu as la tête dans le cul, que tu ne peux pas échapper une seule seconde à ce face-à-face, alors que tu voudrais fuir, ne serait-ce qu'une minute,  cette exposition et extrême tension ....C'est déjà parfois très douloureux, même quand tu as des classes sympa et bienveillantes. Je ne te dis pas l'enfer quand c'est des classes ingérables (même si je l'ai très peu vécu). Et je ne te dis pas la lassitude extrême après 20 ans et beaucoup plus d'années de boulot! C'est d'ailleurs ce que l'opinion publique (si prompte à nous pourrir)  ne capte absolument pas: cette énergie dantesque, chaque jour renouvelée, pour faire face à 35 gamins qui rechignent à être là: c'est ABSOLUMENT DINGUE , quand on y pense, ce boulot!

Tout ceci pour te dire, Quomihiabis, (et désolé pour ma logorrhée), que oui, tente l'enseignement, mais préserve-toi  et envisage une porte de sortie et le plus vite possible: car, comment te dire? Je vois très peu ( sinon aucun) de profs heureux; visages stressés et "burinés" en permanence dans la salle des profs. Ce n'est pas l'extase, non ,  pas du tout , et encore moins avec les projets à venir de ce ptain de gvt.

Je te souhaite une très bonne continuation, quels que soient tes choix! Encore une professeure stagiaire en plein désarroi 1482308650
Amadeb
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par Amadeb Sam 30 Nov - 12:00
J'ai été moi même stagiaire l'année dernière après quelques années comme contractuelle. Je passe également une année difficile de doutes, de difficultés ( REP, retraite, conditions de travail ... ).
Je découvre à quel points l'enseignement est une profession envahissante qui demande beaucoup de bénévolat, des semaines très chargées au début pour un salaire honteux. L'institution exige beaucoup mais donne peu. L'espé nous présente des méthodes d'enseignements difficilement applicables en classe à moins de sacrifier sa vie privée et son temps libre... Je pense que les premières années sont difficiles car on veut bien faire avec toutes ces méthodes de pédagogies innovantes, avec les élèves en inclusion, l'absence de moyens, etc.

Pour ma part, maintenant que je suis titulaire, je découvre qu'il faut aussi savoir se préserver un peu. Se donner du temps. Accepter de ne pas entrer dans le jeu pervers de l'éducation nationale qui nous demande trop de bénévolat sans le valoriser.
Je donne mon maximum dans les conditions imposées. Je sais que je pourrais faire mieux, faire des projets, de la différenciation, et que ce serait mieux pour mes élèves mais si l'institution ne m'en donne pas les moyens, je ne vais pas me crever à la tâche. Ca a été difficile de l'accepter et de savoir que je pouvais faire mieux sans aller jusqu'au bout - j'ai un côté un peu perfectionniste. Mais ça m'a aussi permis d'être plus sereine en classe, de mieux supporter la REP et ses contraintes et finalement d'instaurer une meilleure ambiance de classe, car moins tendue.
marjo
marjo
Grand sage

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par marjo Sam 30 Nov - 12:23
Amadeb a écrit:J'ai été moi même stagiaire l'année dernière après quelques années comme contractuelle. Je passe également une année difficile de doutes, de difficultés ( REP, retraite, conditions de travail ... ).
Je découvre  à quel points l'enseignement est une profession envahissante qui demande beaucoup de bénévolat, des semaines très chargées au début pour un salaire honteux. L'institution exige beaucoup mais donne peu. L'espé nous présente des méthodes d'enseignements difficilement applicables en classe à moins de sacrifier sa vie privée et son temps libre... Je pense que les premières années sont difficiles car on veut bien faire avec toutes ces méthodes de pédagogies innovantes, avec les élèves en inclusion, l'absence de moyens, etc.

Pour ma part, maintenant que je suis titulaire, je découvre qu'il faut aussi savoir se préserver un peu. Se donner du temps. Accepter de ne pas entrer dans le jeu pervers de l'éducation nationale qui nous demande trop de bénévolat sans le valoriser.
Je donne mon maximum dans les conditions imposées. Je sais que je pourrais faire mieux, faire des projets, de la différenciation, et que ce serait mieux pour mes élèves mais si l'institution ne m'en donne pas les moyens, je ne vais pas me crever à la tâche. Ca a été difficile de l'accepter et de savoir que je pouvais faire mieux sans aller jusqu'au bout - j'ai un côté un peu perfectionniste. Mais ça m'a aussi permis d'être plus sereine en classe, de mieux supporter la REP et ses contraintes et finalement d'instaurer une meilleure ambiance de classe, car moins tendue.

Je suis d'accord avec tout ce que j'ai mis en gras. Je mets le paquet sur l'essentiel, à savoir la qualité de mes cours. Le reste (PP, sorties, voyages, projets) je ne fais pas : c'est chronophage, ça nous rend corvéable, c'est plus d'embêtements que de reconnaissance et ça n'épanouit pas. Maintenant que je suis au lycée, je consentirai éventuellement à faire une sortie sympa avec mes latinistes et à emmener des élèves au théâtre (encore que, pas dans n'importe quelles conditions). Mais c'est tout.
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