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- DalvaVénérable
En tant que professionnels, notamment enseignants, mais aussi dans notre vie personnelle, nous sommes en contact quotidien avec des enfants et adolescents dont un grand nombre sont victimes de violences, sexuelles notamment, incestueuses en particulier.
Diverses enquêtes et recherches ont pu déterminer que, dans chacune de nos classes, deux enfants en moyenne sont victimes d'inceste.
Les conséquences physiques et psychiques des violences sexuelles, et en particulier de l'inceste, sont nombreuses et gravissimes.
En cas d'inceste, très peu de victimes parlent, la plupart de celles qui parlent le font tard et sont mal ou pas accompagnées, soutenues, entendues.
Nous sommes donc en contact hebdomadaire avec 2 à 80 enfants / ados victimes, dont la plupart taisent les violences qu'ils subissent.
Pensez-vous, en tant qu'enseignant, CPE, chef d'établissement, infirmier, assistant social, surveillant, être à même de repérer, aider, accompagner ces enfants, ou simplement les écouter ?
Pensez-vous être formés, avoir les informations nécessaires non seulement pour réagir au cas où un enfant se confie, mais aussi pour permettre à la parole des enfants de se libérer ?
Pour ma part, bien que très sensible au sujet en raison de mon histoire personnelle (celle de ma famille), je constate avec regret que je côtoie quotidiennement tous ces enfants sans le savoir, et qu'ils se débattent pour la plupart seuls avec cette souffrance qui reste tue.
C'est pourquoi je me suis engagée dans un cycle d'auto-formation grâce à l'action de diverses personnes, associations et collectifs. Le but n'est pas de me substituer aux professionnels censés accompagner les enfants une fois qu'ils révèlent les crimes qu'ils ont subis, mais bien d'être prête à agir et réagir, d'être à l'écoute, et de laisser savoir aux enfants victimes qu'ils peuvent parler.
Ce message a donc pour but de partager avec vous les quelques formations et médias d'information dont j'ai connaissance, que j'ai déjà pu suivre et qui m'ont aidée en m'apportant des connaissances, une conscientisation et, d'une certaine manière, une confiance dans ma capacité à réagir et à écouter.
Par ailleurs, nous réfléchissons avec quelques collègues de mon établissement à la manière dont nous pourrions favoriser la libération de la parole des enfants et ados puis leur accompagnement par des professionnels (psy, santé et justice).
Pour comprendre le problème de l'inceste et du silence qui l'entoure, chez Louie Media, un podcast en six épisodes + une table ronde, d'accès totalement gratuit :
https://louiemedia.com/injustices-2/ou-peut-etre-une-nuit
Pour des connaissances sur la réalité de l'inceste et ses conséquences sur les victimes, le petit module de formation accessible sur le site Mémoire traumatique (travail de Muriel Salmona). Très rapide à suivre, très clair, il est proposé dans une application mais on peut le suivre directement depuis le navigateur :
https://www.memoiretraumatique.org/publications-et-outils/module-de-formation-interactif-sur-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants.html
Pour des connaissances plus larges sur les violences sexuelles, les formations du collectif Nous toutes. En ligne, sur Zoom, gratuites, en dehors des heures de travail (il faut donc être prêt à se connecter entre 20h et 23h ou le dimanche après-midi, car il y a beaucoup de contenu, mais ça passe très vite). Les différents thèmes sont :
Violences sexistes et sexuelles (niveaux 1 et 2) - Culture du viol - Histoire des violences sexistes et sexuelles - Eduquer à la non violence.
Lien pour s'inscrire aux formations : https://docs.google.com/document/d/1IsmJjew8UMqAc5fRSJIYcuTcUKDIOHvr8uCP9F8wpAU/edit
Bien sûr on pourrait ajouter une lourde bibliographie, les enquêtes CVS et Virage, des travaux de recherche, etc. Toutes les références sont données au cours de ces formations, d'ailleurs.
Je n'ai évidemment pas besoin qu'on vienne ici dire que ce n'est pas notre métier.
Il est manifeste que ce n'est le métier de personne.
Si, en tant qu'enseignant par exemple, ce n'est certes pas notre métier d'aller recueillir telle ou telle parole, en tant qu'humain adulte côtoyant un enfant, c'est notre devoir de l'écouter et de savoir repérer les signes pour l'aider.
Diverses enquêtes et recherches ont pu déterminer que, dans chacune de nos classes, deux enfants en moyenne sont victimes d'inceste.
Les conséquences physiques et psychiques des violences sexuelles, et en particulier de l'inceste, sont nombreuses et gravissimes.
En cas d'inceste, très peu de victimes parlent, la plupart de celles qui parlent le font tard et sont mal ou pas accompagnées, soutenues, entendues.
Nous sommes donc en contact hebdomadaire avec 2 à 80 enfants / ados victimes, dont la plupart taisent les violences qu'ils subissent.
Pensez-vous, en tant qu'enseignant, CPE, chef d'établissement, infirmier, assistant social, surveillant, être à même de repérer, aider, accompagner ces enfants, ou simplement les écouter ?
Pensez-vous être formés, avoir les informations nécessaires non seulement pour réagir au cas où un enfant se confie, mais aussi pour permettre à la parole des enfants de se libérer ?
Pour ma part, bien que très sensible au sujet en raison de mon histoire personnelle (celle de ma famille), je constate avec regret que je côtoie quotidiennement tous ces enfants sans le savoir, et qu'ils se débattent pour la plupart seuls avec cette souffrance qui reste tue.
C'est pourquoi je me suis engagée dans un cycle d'auto-formation grâce à l'action de diverses personnes, associations et collectifs. Le but n'est pas de me substituer aux professionnels censés accompagner les enfants une fois qu'ils révèlent les crimes qu'ils ont subis, mais bien d'être prête à agir et réagir, d'être à l'écoute, et de laisser savoir aux enfants victimes qu'ils peuvent parler.
Ce message a donc pour but de partager avec vous les quelques formations et médias d'information dont j'ai connaissance, que j'ai déjà pu suivre et qui m'ont aidée en m'apportant des connaissances, une conscientisation et, d'une certaine manière, une confiance dans ma capacité à réagir et à écouter.
Par ailleurs, nous réfléchissons avec quelques collègues de mon établissement à la manière dont nous pourrions favoriser la libération de la parole des enfants et ados puis leur accompagnement par des professionnels (psy, santé et justice).
Pour comprendre le problème de l'inceste et du silence qui l'entoure, chez Louie Media, un podcast en six épisodes + une table ronde, d'accès totalement gratuit :
https://louiemedia.com/injustices-2/ou-peut-etre-une-nuit
Pour des connaissances sur la réalité de l'inceste et ses conséquences sur les victimes, le petit module de formation accessible sur le site Mémoire traumatique (travail de Muriel Salmona). Très rapide à suivre, très clair, il est proposé dans une application mais on peut le suivre directement depuis le navigateur :
https://www.memoiretraumatique.org/publications-et-outils/module-de-formation-interactif-sur-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants.html
Pour des connaissances plus larges sur les violences sexuelles, les formations du collectif Nous toutes. En ligne, sur Zoom, gratuites, en dehors des heures de travail (il faut donc être prêt à se connecter entre 20h et 23h ou le dimanche après-midi, car il y a beaucoup de contenu, mais ça passe très vite). Les différents thèmes sont :
Violences sexistes et sexuelles (niveaux 1 et 2) - Culture du viol - Histoire des violences sexistes et sexuelles - Eduquer à la non violence.
Lien pour s'inscrire aux formations : https://docs.google.com/document/d/1IsmJjew8UMqAc5fRSJIYcuTcUKDIOHvr8uCP9F8wpAU/edit
Bien sûr on pourrait ajouter une lourde bibliographie, les enquêtes CVS et Virage, des travaux de recherche, etc. Toutes les références sont données au cours de ces formations, d'ailleurs.
Je n'ai évidemment pas besoin qu'on vienne ici dire que ce n'est pas notre métier.
Il est manifeste que ce n'est le métier de personne.
Si, en tant qu'enseignant par exemple, ce n'est certes pas notre métier d'aller recueillir telle ou telle parole, en tant qu'humain adulte côtoyant un enfant, c'est notre devoir de l'écouter et de savoir repérer les signes pour l'aider.
- VerduretteModérateur
Merci beaucoup, Dalva, pour ces informations. La semaine dernière j'ai écouté plusieurs documents évoquant Camille Kouchner, bien sûr je connaissais l'existence des violences sexuelles et de l'inceste, mais je n'imaginais pas un tel nombre. J'ai été horrifiée d'entendre que chaque classe de CM2 devait compter 2 ou 3 victimes d'inceste, et qu'un pourcentage important de victimes avaient moins de quatre ans. Je pense utile d'avoir des outils pour aborder correctement un questionnement avec un enfant, ça ne s'improvise pas.
Ce n'est pas notre métier, non, mais notre métier nous met en contact avec tant d'enfants et de jeunes que nous ne pouvons pas laisser faire sans rien dire, même si notre action consiste simplement à aider la prise en charge par une personne plus compétente que nous.
Ce n'est pas notre métier, non, mais notre métier nous met en contact avec tant d'enfants et de jeunes que nous ne pouvons pas laisser faire sans rien dire, même si notre action consiste simplement à aider la prise en charge par une personne plus compétente que nous.
- IrulanHabitué du forum
Merci infiniment Dalva de partager avec nous ces ressources ! Apprendre qu'en moyenne, deux élèves de chacune de nos classes ont subi un inceste me laisse sans voix.
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Ad augusta per angusta.
- galibierNiveau 3
Ça me semble vraiment énorme . 2 enfant dans chaque classe ? Ça fait pas loin de 10 % des élèves victimes d'inceste ? Ils sortent d'où ces chiffres ?
- menerveOracle
Merci pour ce fil mais je ne suis pas sûre de pouvoir consulter ces liens. Ce sujet me fait trop mal.
- DalvaVénérable
Menerve, bien sûr, j'aurais dû le préciser dès mon premier message : on n'a pas non plus à s'obliger, à se plonger ou replonger dans la souffrance. Cela s'adresse évidemment à ceux qui peuvent aujourd'hui.
- DalvaVénérable
Ces chiffres sont par définition imprécis et incertains, pour plusieurs raisons :galibier a écrit: Ça me semble vraiment énorme . 2 enfant dans chaque classe ? Ça fait pas loin de 10 % des élèves victimes d'inceste ? Ils sortent d'où ces chiffres ?
- toutes les victimes de violences ne parlent pas, si bien que l'on sait que les chiffres qui apparaissent dans les enquêtes sont sous-évalués ;
- les enquêtes ne s'adressent qu'aux adultes, or il est connu qu'être victime de violences sexuelles, notamment dans l'enfance, et plus particulièrement d'inceste, réduit l'espérance de vie (suicides mais aussi nombreuses conséquences sur la santé physique).
En attendant de retrouver les chiffres précis, je vous joins les infographies réalisées suite à l’enquête “Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte”, menée de mars à septembre 2014 par l’association Mémoire Traumatique et Victimologie auprès des victimes de violences sexuelles.
Le rapport est disponible à cette adresse :
https://www.memoiretraumatique.org/publications-et-outils/enquetes.html
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En particulier, les résultats de l'enquête CVS (Cadre de Vie et Sécurité) 2018, sur la période 2011-2017, sont intéressants :
https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/L-enquete-Cadre-de-vie-et-securite-CVS/Rapport-d-enquete-Cadre-de-vie-et-securite-2018
- Clecle78Esprit sacré
Ces chiffres circulaient déjà au debut des années 2000. Je me souviens que je regardais mes classes avec effroi en me disant : qui ? A l'époque l'inceste etait systématiquement passé sous silence et les deux fois où j'ai signalé une situation suspecte (dont une fois avec un père qui m'avait rendu le devoir donné à sa fille, une rédaction qui faisait froid dans le dos) j'ai été désavouée par l'institution et même menacée.
- HimpyExpert spécialisé
Merci pour ce fil, j'évoquais ces chiffres (entendus à la radio cette semaine) avec mon mari pas plus tard qu'hier, il était complètement stupéfait, comme tout un chacun quand il apprend l'ampleur du désastre...
- LédisséEsprit sacré
Même réaction. C'est précieux mais choquant de le savoir. Je m'efforcerai de prendre connaissance de ces documents, quoique le sujet me fasse froid dans le dos : comme tu dis, ce n'est pas notre travail, ce n'est celui de personne, mais savoir que nous passons à côté de ce genre de situation quotidiennement est affreux.Mara-Jade a écrit:Merci infiniment Dalva de partager avec nous ces ressources ! Apprendre qu'en moyenne, deux élèves de chacune de nos classes ont subi un inceste me laisse sans voix.
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- VerduretteModérateur
J'ai regardé également Envoyé Spécial sur "le combat d'Eva", Eva Thomas est l'une des premières femmes qui ait témoigné sur l'inceste, en 1986. Elle avait alors été reçue aux "Dossiers de l'Ecran" et les réactions, tant des lecteurs (par le biais de lettres envoyées) que des participants au débat, sont effarantes, je n'ai pas gardé en mémoire les propos exacts, mais entre ceux qui trouvaient qu'elle avait nui à sa famille, ceux qui adhéraient à une vision pseudo libérée de la sexualité infantile justifiant l'inceste, et le gynécologue qui dit que dans tous les cas qu'il connaît il y a "une infinie tendresse", comment dire ?
Voici un extrait :
https://www.francetvinfo.fr/sante/enfant-ado/video-en-1986-le-premier-temoignage-televise-d-une-victime-d-inceste-suscitait-des-reactions-siderantes_4266851.html
Espérons que tout cela ne soit pas que vains mots, et que tout cela change sur le long terme.
Voici un extrait :
https://www.francetvinfo.fr/sante/enfant-ado/video-en-1986-le-premier-temoignage-televise-d-une-victime-d-inceste-suscitait-des-reactions-siderantes_4266851.html
Espérons que tout cela ne soit pas que vains mots, et que tout cela change sur le long terme.
- Thalia de GMédiateur
C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Je suis effarée par les chiffres donnés : 2 enfants par classe en moyenne - j'emploie à dessein le terme d'enfants et pas d'élèves - et je n'ai connu que 3 cas et une suspicion. Luttez avec vos armes si vous le pouvez.
Je suis effarée par les chiffres donnés : 2 enfants par classe en moyenne - j'emploie à dessein le terme d'enfants et pas d'élèves - et je n'ai connu que 3 cas et une suspicion. Luttez avec vos armes si vous le pouvez.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- LédisséEsprit sacré
C'est monstrueux.
Cette vidéo date de ma toute petite enfance. J'ai peine à imaginer que mes parents font partie d'une génération où il était considéré comme acceptable de "caresser sa fille de dix ans", où un homme accuse quelqu'un qui dénonce l'inceste de "semer la zizanie dans les familles" et de l'empêcher de vivre sa relation avec sa fille adoptive de treize ans. Je n'arrive pas à me représenter que cette société est ma société, à moins de quarante ans près, de mon vivant.
Cette vidéo date de ma toute petite enfance. J'ai peine à imaginer que mes parents font partie d'une génération où il était considéré comme acceptable de "caresser sa fille de dix ans", où un homme accuse quelqu'un qui dénonce l'inceste de "semer la zizanie dans les familles" et de l'empêcher de vivre sa relation avec sa fille adoptive de treize ans. Je n'arrive pas à me représenter que cette société est ma société, à moins de quarante ans près, de mon vivant.
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- egoliosNiveau 2
Ces chiffres sont réalistes et je pense que si notre profession en prend conscience, cela ne peut qu'être positif pour nos élèves victimes.
Anecdote : l'an dernier, stagiaire, je donne un cours d'emc sur les discriminations qui dérive en discussion sur le harcèlement de rue. Une première élève prend la parole pour expliquer qu'elle s'est fait agresser sexuellement dans la rue. Et puis une seconde élève, qui jusqu'ici n'avait jamais participé dans mon cours et avait un comportement globalement en décalage avec les attendus, lève la main. Surprise, je lui donne immédiatement la parole. Et, très dignement, elle raconte en quelques mots l'inceste qu'elle a vécu et le classement sans suite par la justice.
Classe de 5e. Collège privilégié.
Anecdote : l'an dernier, stagiaire, je donne un cours d'emc sur les discriminations qui dérive en discussion sur le harcèlement de rue. Une première élève prend la parole pour expliquer qu'elle s'est fait agresser sexuellement dans la rue. Et puis une seconde élève, qui jusqu'ici n'avait jamais participé dans mon cours et avait un comportement globalement en décalage avec les attendus, lève la main. Surprise, je lui donne immédiatement la parole. Et, très dignement, elle raconte en quelques mots l'inceste qu'elle a vécu et le classement sans suite par la justice.
Classe de 5e. Collège privilégié.
- VerduretteModérateur
En 1986 j'avais 15 ans, et je regardais parfois les Dossiers de l'écran, je ne me rappelle pas de celui-ci et je pense que je n'avais pas non plus du tout conscience de tout cela. Je suis rétrospectivement choquée, et comme dit plus haut j'espère que ce n'est pas qu'un changement superficiel, et que les mentalités vont évoluer en profondeur.
- HocamSage
Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.Thalia de G a écrit:C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Merci en tout cas pour les divers liens.
- ElaïnaDevin
Hocam a écrit:Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.Thalia de G a écrit:C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Merci en tout cas pour les divers liens.
Oui et non. Disons que dans un certain milieu il était de bon ton de trouver cela "normal". Et quand on était choqué, on était un petit bourgeois réac coincé... Mes parents m'ont raconté avoir vu l'émission avec Matzneff, ils étaient choqués. Ils en ont fait part à des connaissances qui leur ont dit "oui mais bon, vous êtes cathos aussi"...(genre vous êtes bien coincés du luc, vous pouvez pas comprendre).
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- montjoie-saintdenisNiveau 7
Un ami m'avait parlé de ces statistiques il y a quelques années. C'est dingue, et je ne peux m'empêcher de penser à posteriori au moment où on était nous même élève, que certains de nos camarades avaient peut-être ce genre de problèmes..
Est-ce qu'il y a des chiffres sur le nombre de cas que l'école permet de signaler ?
Et on en parlait en salle des profs, en pensant aussi qu'il y avait peut-être donc 1 ou 2 collègues qui ont été victimes.
Est-ce qu'il y a des chiffres sur le nombre de cas que l'école permet de signaler ?
Et on en parlait en salle des profs, en pensant aussi qu'il y avait peut-être donc 1 ou 2 collègues qui ont été victimes.
- HonchampDoyen
Il existe un site qui s'appelle ado.justice.gouv, émanation du ministère de la justice pour les élèves.
Avec des fiches sur la justice, du vocabulaire, etc
Jusqu'à peu près 2014 (à voir, mais c'était du temps de Taubirah), il y avait une rubrique "Etudes de cas".
Des petites histoires façon BD, avec des bulles de dialogue et quelques compléments.
Je me rappelle de "Le divorce", "Le racket", et ?
Utile en 4ème où la justice est au programme d'EMC.
Et enfin il y avait une histoire d'attouchement entre oncle et neveu.
J'emmenais mes élèves en salle multimédia, chacun travaillait seul à un ordi. (Une demi-classe travaillait de manière classique "papier" sur la justice des mineurs).
J'avais fait de petits questionnaires, pour tester la compréhension de chacun.
J'imposais de travailler sur le racket et les attouchements.
Et ensuite, au choix.
Je trouvais que c'était très bien, car les élèves travaillaient de manière relativement distanciée , sur l'histoire d'un petit garçon abusé, mais qui n'était pas eux.
Ensuite, je répondais aux questions, on discutait, je donnais des pistes.
un jour, les études de cas ont disparu du site en question. Quelqu'un a dû trouver que ce n'était pas utile...
J'ai envoyé un mail au ministère, personne ne m'a jamais répondu.
Bref, tout ça pour dire qu'il y avait un petit outil à un moment pour les profs. Plus maintenant.
J'ai été interrogée en tant que PP de 3ème à propos d'une élève abusée par son beau-père depuis l'âge de 7 ans jusqu'à son départ en BTS. La police voulait savoir si en tant que PP, j'avais remarqué quelque chose dans le comportement de mon élève.
Elle a dénoncé le beau-père quand il a tenté de continuer lors de son retour à la maison aux vacances.
Donc, quelques temps après l'année de 3ème.
Je n'avais pas cette élève en 4ème. Je me suis toujours demandée si cela aurait changé quelque chose qu'elle soit avec moi et qu'elle ait travaillé avec ce site.
je me suis toujours dit qu'on était passés collectivement à côté de quelque chose au collège.
Il a pris 13 ans de prison, réduits à 11 ans en appel .... Réduits, au nom de quoi ?
Il ne les fera pas, il se tient bien en prison, il aura une réduction de peine. Il reviendra dans notre ville.
J'ai conscience que je suis au ras des pâquerettes par rapport à la réflexion menée par Dalva, mais cette histoire me travaille régulièrement et me rend triste.
Je pense à elle, qui a dû être à nouveau bouleversée ces derniers temps.
Donc oui, Dalva, il faut que l'école fasse ce qu'elle a à faire.
(Je précise que pour des raisons de confidentialité, nous n'étions que 4 au collège à être au courant de cette affaire, encore aujourd'hui. Pour préserver la petite. Mais du coup, cela "n'éduque pas" les collègues, qui pensent peut-être que cela ne peut pas arriver dans notre collège ).
Avec des fiches sur la justice, du vocabulaire, etc
Jusqu'à peu près 2014 (à voir, mais c'était du temps de Taubirah), il y avait une rubrique "Etudes de cas".
Des petites histoires façon BD, avec des bulles de dialogue et quelques compléments.
Je me rappelle de "Le divorce", "Le racket", et ?
Utile en 4ème où la justice est au programme d'EMC.
Et enfin il y avait une histoire d'attouchement entre oncle et neveu.
J'emmenais mes élèves en salle multimédia, chacun travaillait seul à un ordi. (Une demi-classe travaillait de manière classique "papier" sur la justice des mineurs).
J'avais fait de petits questionnaires, pour tester la compréhension de chacun.
J'imposais de travailler sur le racket et les attouchements.
Et ensuite, au choix.
Je trouvais que c'était très bien, car les élèves travaillaient de manière relativement distanciée , sur l'histoire d'un petit garçon abusé, mais qui n'était pas eux.
Ensuite, je répondais aux questions, on discutait, je donnais des pistes.
un jour, les études de cas ont disparu du site en question. Quelqu'un a dû trouver que ce n'était pas utile...
J'ai envoyé un mail au ministère, personne ne m'a jamais répondu.
Bref, tout ça pour dire qu'il y avait un petit outil à un moment pour les profs. Plus maintenant.
J'ai été interrogée en tant que PP de 3ème à propos d'une élève abusée par son beau-père depuis l'âge de 7 ans jusqu'à son départ en BTS. La police voulait savoir si en tant que PP, j'avais remarqué quelque chose dans le comportement de mon élève.
Elle a dénoncé le beau-père quand il a tenté de continuer lors de son retour à la maison aux vacances.
Donc, quelques temps après l'année de 3ème.
Je n'avais pas cette élève en 4ème. Je me suis toujours demandée si cela aurait changé quelque chose qu'elle soit avec moi et qu'elle ait travaillé avec ce site.
je me suis toujours dit qu'on était passés collectivement à côté de quelque chose au collège.
Il a pris 13 ans de prison, réduits à 11 ans en appel .... Réduits, au nom de quoi ?
Il ne les fera pas, il se tient bien en prison, il aura une réduction de peine. Il reviendra dans notre ville.
J'ai conscience que je suis au ras des pâquerettes par rapport à la réflexion menée par Dalva, mais cette histoire me travaille régulièrement et me rend triste.
Je pense à elle, qui a dû être à nouveau bouleversée ces derniers temps.
Donc oui, Dalva, il faut que l'école fasse ce qu'elle a à faire.
(Je précise que pour des raisons de confidentialité, nous n'étions que 4 au collège à être au courant de cette affaire, encore aujourd'hui. Pour préserver la petite. Mais du coup, cela "n'éduque pas" les collègues, qui pensent peut-être que cela ne peut pas arriver dans notre collège ).
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- HocamSage
Elaïna a écrit:Hocam a écrit:Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.Thalia de G a écrit:C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Merci en tout cas pour les divers liens.
Oui et non. Disons que dans un certain milieu il était de bon ton de trouver cela "normal". Et quand on était choqué, on était un petit bourgeois réac coincé... Mes parents m'ont raconté avoir vu l'émission avec Matzneff, ils étaient choqués. Ils en ont fait part à des connaissances qui leur ont dit "oui mais bon, vous êtes cathos aussi"...(genre vous êtes bien coincés du luc, vous pouvez pas comprendre).
Oui, mais ce n'est pas contradictoire avec ce que je dis. Les milieux où il était « de bon ton de trouver cela normal », comme tu dis, ont commencé à faire sérieusement profil bas sur ce sujet, publiquement parlant, plus ou moins dans les années 1990. Dans le discours médiatique et l'opinion publique générale, c'est quand même là que le tournant se situe, il ne restait guère que Matzneff et quelques démons de son espèce à afficher publiquement des positions pro-pédophilie dans les années 2000. En 1991, Jack Lang pouvait encore déclarer tranquillement à un magazine que « la sexualité puérile est encore un continent interdit, aux découvreurs du XXIe siècle d’en aborder les rivages » (ce qui fait plus que froid dans le dos au passage, voir ici), il n'aurait probablement pas pu le dire comme cela publiquement dix ans plus tard (ça ne l'a pas empêché de prendre la défense de Polanski et autres par la suite, mais le discours a quand même plus que changé...).
Ce lent éveil et les affaires successives nous amènent aujourd'hui aux effarants constats dont parle Dalva.
- HonchampDoyen
Hocam a écrit:Elaïna a écrit:Hocam a écrit:Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.Thalia de G a écrit:C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Merci en tout cas pour les divers liens.
Oui et non. Disons que dans un certain milieu il était de bon ton de trouver cela "normal". Et quand on était choqué, on était un petit bourgeois réac coincé... Mes parents m'ont raconté avoir vu l'émission avec Matzneff, ils étaient choqués. Ils en ont fait part à des connaissances qui leur ont dit "oui mais bon, vous êtes cathos aussi"...(genre vous êtes bien coincés du luc, vous pouvez pas comprendre).
Oui, mais ce n'est pas contradictoire avec ce que je dis. Les milieux où il était « de bon ton de trouver cela normal », comme tu dis, ont commencé à faire sérieusement profil bas sur ce sujet, publiquement parlant, plus ou moins dans les années 1990. Dans le discours médiatique et l'opinion publique générale, c'est quand même là que le tournant se situe. En 1991, Jack Lang pouvait encore déclarer tranquillement à un magazine que « la sexualité puérile est encore un continent interdit, aux découvreurs du XXIe siècle d’en aborder les rivages » (ce qui fait plus que froid dans le dos au passage, voir ici), il n'aurait probablement pas pu le dire comme cela publiquement dix ans plus tard.
Ne vous focalisez pas sur les milieux chics.
J'ai un copain qui est greffier dans l'Aisne.
Selon lui, la moitié au moins des affaires au pénal est liée à des viols et des attouchements sur mineurs.
Dans mon département, il suffit de suivre dans la presse les CR d'assises et de correctionnelle.
A force d'entendre des horreurs, mon copain est parti au civil . Il avait 2 petites filles, et ne supportait plus.
_________________
"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- HocamSage
Comme le montrent certains des liens postés plus haut, le problème de l'inceste notamment touche tous les milieux, tous les niveaux d'éducation, tous les âges, oui, hélas. Mais ça ne change rien à ce que je dis au niveau de l'inacceptabilité grandissante des déclarations pro-pédophiles dans le discours public, on ne parle pas de la même chose. En revanche, cela doit alerter sur la réponse à apporter et la vigilance à avoir quant à la situation des enfants d'aujourd'hui, oui.
- DalvaVénérable
Je vous remercie tous pour ces réactions et réponses. Sincèrement, je craignais un peu les retours.
En élargissant un tout petit peu le cadre de l'inceste, mon neveu de quatre ans et la nièce d'une amie d'environ 9 ans (mais ça a commencé en maternelle) ont subi des agressions sexuelles par le mari de leur assistante maternelle (pas dans le même département, donc pas par les mêmes personnes).
Et en revenant en arrière, nous pouvons tous penser aux comportements qui pouvaient nous sembler étranges de la part de camarades de classe.
Par exemple, comment se fait-il qu'à l'âge où j'embrassais pour la première fois un garçon sur les lèvres (et pour y arriver, ne sachant comment faire, nous avons dansé un slow dans le silence), donc vers 12 ou 13 ans, ma cousine de seulement un mois mon aînée me laissait comprendre qu'elle avait déjà couché ? Pourquoi elle et sa sœur, plus tard, une fois leurs parents divorcés, fuguaient-elles de chez leur père ? Pourquoi ma sœur est-elle subitement devenue mutique ?
Pourquoi cet(te) élève s'endort sur sa table ? Quelle quantité d'énergie lui faut-il chaque nuit pour se maintenir éveillé(e) dans la crainte ?
Pourquoi tel élève se scarifie ? A la nausée tout le temps ?
Pourquoi à l'école primaire une élève a-t-elle déjà des problèmes gynécologiques de type mycoses ?
Pourquoi cet enfant de 8 ans parle-t-il de choses relatives au sexe complètement hors de propos vu son âge ?
Etc.
Je crois que des indices peuvent nous alerter. Même s'il ne s'agit pas d'inceste, il s'agit toujours de choses graves.
Le problème ensuite, c'est que faire ? L'ASE est débordée, il n'y a même plus assez de places d'accueil pour les enfants censés être placés, les foyers ne sont pas forcément plus sûrs que les familles, et quand on fait un signalement, les services manquent tellement de moyens qu'il ne se passe rien pendant des mois - voire jamais. Alors quoi faire et vers qui se tourner ?
En fait, un témoignage ne vaudra jamais statistique ni généralité, mais il est à peu près certain que nous avons tous des collègues et amis survivants (beaucoup préfèrent ne pas être appelés victimes, personnellement j'ai du mal avec le terme de survivant, mais je respecte ce que les premiers concernés disent préférer). Rien qu'autour de moi, je peux citer deux de mes cousines, ma sœur, ma belle-sœur, et une ancienne camarade de mon mari. Ma sœur est devenue prof-doc (pour peu de temps), ma belle-sœur a enseigné trente ans avant de devenir psy (spécialisée dans la pédo-criminalité d'ailleurs), une cousine travaille dans la mode (nombreux collègues), l'autre à la télé (nombreux collègues). Nous avons tous forcément des collègues et amis, des camarades et anciens camarades, concernés.montjoie-saintdenis a écrit:Un ami m'avait parlé de ces statistiques il y a quelques années. C'est dingue, et je ne peux m'empêcher de penser à posteriori au moment où on était nous même élève, que certains de nos camarades avaient peut-être ce genre de problèmes..
Est-ce qu'il y a des chiffres sur le nombre de cas que l'école permet de signaler ?
Et on en parlait en salle des profs, en pensant aussi qu'il y avait peut-être donc 1 ou 2 collègues qui ont été victimes.
En élargissant un tout petit peu le cadre de l'inceste, mon neveu de quatre ans et la nièce d'une amie d'environ 9 ans (mais ça a commencé en maternelle) ont subi des agressions sexuelles par le mari de leur assistante maternelle (pas dans le même département, donc pas par les mêmes personnes).
Et en revenant en arrière, nous pouvons tous penser aux comportements qui pouvaient nous sembler étranges de la part de camarades de classe.
Par exemple, comment se fait-il qu'à l'âge où j'embrassais pour la première fois un garçon sur les lèvres (et pour y arriver, ne sachant comment faire, nous avons dansé un slow dans le silence), donc vers 12 ou 13 ans, ma cousine de seulement un mois mon aînée me laissait comprendre qu'elle avait déjà couché ? Pourquoi elle et sa sœur, plus tard, une fois leurs parents divorcés, fuguaient-elles de chez leur père ? Pourquoi ma sœur est-elle subitement devenue mutique ?
Pourquoi cet(te) élève s'endort sur sa table ? Quelle quantité d'énergie lui faut-il chaque nuit pour se maintenir éveillé(e) dans la crainte ?
Pourquoi tel élève se scarifie ? A la nausée tout le temps ?
Pourquoi à l'école primaire une élève a-t-elle déjà des problèmes gynécologiques de type mycoses ?
Pourquoi cet enfant de 8 ans parle-t-il de choses relatives au sexe complètement hors de propos vu son âge ?
Etc.
Je crois que des indices peuvent nous alerter. Même s'il ne s'agit pas d'inceste, il s'agit toujours de choses graves.
Le problème ensuite, c'est que faire ? L'ASE est débordée, il n'y a même plus assez de places d'accueil pour les enfants censés être placés, les foyers ne sont pas forcément plus sûrs que les familles, et quand on fait un signalement, les services manquent tellement de moyens qu'il ne se passe rien pendant des mois - voire jamais. Alors quoi faire et vers qui se tourner ?
- Thalia de GMédiateur
[Petite remarque : le type qui, dans la vidéo postée par Verdurette, défend l'inceste est le fameux docteur Gilbert Tordjman, pour ceux qui ne l'auraient pas connu, reconnu]Hocam a écrit:Oui, mais ce n'est pas contradictoire avec ce que je dis. Les milieux où il était « de bon ton de trouver cela normal », comme tu dis, ont commencé à faire sérieusement profil bas sur ce sujet, publiquement parlant, plus ou moins dans les années 1990. Dans le discours médiatique et l'opinion publique générale, c'est quand même là que le tournant se situe, il ne restait guère que Matzneff et quelques démons de son espèce à afficher publiquement des positions pro-pédophilie dans les années 2000. En 1991, Jack Lang pouvait encore déclarer tranquillement à un magazine que « la sexualité puérile est encore un continent interdit, aux découvreurs du XXIe siècle d’en aborder les rivages » (ce qui fait plus que froid dans le dos au passage, voir ici), il n'aurait probablement pas pu le dire comme cela publiquement dix ans plus tard (ça ne l'a pas empêché de prendre la défense de Polanski et autres par la suite, mais le discours a quand même plus que changé...).Elaïna a écrit:Oui et non. Disons que dans un certain milieu il était de bon ton de trouver cela "normal". Et quand on était choqué, on était un petit bourgeois réac coincé... Mes parents m'ont raconté avoir vu l'émission avec Matzneff, ils étaient choqués. Ils en ont fait part à des connaissances qui leur ont dit "oui mais bon, vous êtes cathos aussi"...(genre vous êtes bien coincés du luc, vous pouvez pas comprendre).Hocam a écrit:Exactement, ça m'a fait repenser aux discussions sur l'affaire Matzneff. On a beaucoup réentendu parler, ces derniers temps, de cette fameuse pétition de 1977 en soutien à trois hommes accusés de pédophilie, signée par Kouchner, Lang et bien d'autres personnalités très en vue, mais les 10-15 années suivantes ont aussi leur lot de déclarations et d'attitudes complaisantes envers l'inceste et plus généralement la pédophilie. Les mentalités avaient déjà beaucoup évolué à partir des années 1980, mais en France le curseur a bougé encore d'un cran à partir de 1995-96 avec l'affaire Dutroux et des émissions comme celle de Dumas sur le sujet.Thalia de G a écrit:C'est l'époque de Matzneff à Apostrophes. J'ai regardé la vidéo et j'ai la nausée.
Merci en tout cas pour les divers liens.
Ce lent éveil et les affaires successives nous amènent aujourd'hui aux effarants constats dont parle Dalva.
Dans certains milieux, ils avaient les moyens intellectuels de parer ces pratiques de discours libertaires, ceux de Lang que tu cites, mais aussi Françoise Dolto
- Spoiler:
- interrogée sur des cas de viols incestueux de petites filles par leur pères, Dolto répond : « Dans l'inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère ! », avant de minimiser la responsabilité du père et d'affirmer : « Il n'y a pas de viol du tout, elles sont consentantes. » Puis, interrogée sur la réponse qu'elle donnerait à une femme ayant été, petite fille, victime d'un inceste, Dolto affirme qu'elle lui dirait ceci : « Elle ne l'a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l'aimait et qu'il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l'amour avec lui. » Elle ajoute que cela entraîne un traumatisme qui « vient du fait que sa sexualité ne peut pas se développer normalement, puisque la sexualité se développe à partir de l'interdit de l'inceste ». Dolto développe ainsi cette affirmation : « C'est l'interdit de l'inceste qui valorise la sexualité. Cet interdit intervient quand l’enfant désire l’inceste, c’est-à-dire à partir de trois ans jusqu’à 13 ans environ. Quand tout se passe bien, la sexualité se déplace et ne se fixe plus sur le père ou sur la mère. Le fait qu’un enfant doit faire plaisir à ses parents est déjà une forme d’inceste. » Interrogée plus tard sur ces propos, Catherine Dolto affirme qu'il s'agit de « citations tirées de leur contexte, dans lesquelles Françoise Dolto parl[ait] de l'inconscient et non du registre conscient »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_Dolto#Jeunesse_et_formation
_________________
Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- ElyasEsprit sacré
Dalva a écrit:Je vous remercie tous pour ces réactions et réponses. Sincèrement, je craignais un peu les retours.En fait, un témoignage ne vaudra jamais statistique ni généralité, mais il est à peu près certain que nous avons tous des collègues et amis survivants (beaucoup préfèrent ne pas être appelés victimes, personnellement j'ai du mal avec le terme de survivant, mais je respecte ce que les premiers concernés disent préférer). Rien qu'autour de moi, je peux citer deux de mes cousines, ma sœur, ma belle-sœur, et une ancienne camarade de mon mari. Ma sœur est devenue prof-doc (pour peu de temps), ma belle-sœur a enseigné trente ans avant de devenir psy (spécialisée dans la pédo-criminalité d'ailleurs), une cousine travaille dans la mode (nombreux collègues), l'autre à la télé (nombreux collègues). Nous avons tous forcément des collègues et amis, des camarades et anciens camarades, concernés.montjoie-saintdenis a écrit:Un ami m'avait parlé de ces statistiques il y a quelques années. C'est dingue, et je ne peux m'empêcher de penser à posteriori au moment où on était nous même élève, que certains de nos camarades avaient peut-être ce genre de problèmes..
Est-ce qu'il y a des chiffres sur le nombre de cas que l'école permet de signaler ?
Et on en parlait en salle des profs, en pensant aussi qu'il y avait peut-être donc 1 ou 2 collègues qui ont été victimes.
En élargissant un tout petit peu le cadre de l'inceste, mon neveu de quatre ans et la nièce d'une amie d'environ 9 ans (mais ça a commencé en maternelle) ont subi des agressions sexuelles par le mari de leur assistante maternelle (pas dans le même département, donc pas par les mêmes personnes).
Et en revenant en arrière, nous pouvons tous penser aux comportements qui pouvaient nous sembler étranges de la part de camarades de classe.
Par exemple, comment se fait-il qu'à l'âge où j'embrassais pour la première fois un garçon sur les lèvres (et pour y arriver, ne sachant comment faire, nous avons dansé un slow dans le silence), donc vers 12 ou 13 ans, ma cousine de seulement un mois mon aînée me laissait comprendre qu'elle avait déjà couché ? Pourquoi elle et sa sœur, plus tard, une fois leurs parents divorcés, fuguaient-elles de chez leur père ? Pourquoi ma sœur est-elle subitement devenue mutique ?
Pourquoi cet(te) élève s'endort sur sa table ? Quelle quantité d'énergie lui faut-il chaque nuit pour se maintenir éveillé(e) dans la crainte ?
Pourquoi tel élève se scarifie ? A la nausée tout le temps ?
Pourquoi à l'école primaire une élève a-t-elle déjà des problèmes gynécologiques de type mycoses ?
Pourquoi cet enfant de 8 ans parle-t-il de choses relatives au sexe complètement hors de propos vu son âge ?
Etc.
Je crois que des indices peuvent nous alerter. Même s'il ne s'agit pas d'inceste, il s'agit toujours de choses graves.
Le problème ensuite, c'est que faire ? L'ASE est débordée, il n'y a même plus assez de places d'accueil pour les enfants censés être placés, les foyers ne sont pas forcément plus sûrs que les familles, et quand on fait un signalement, les services manquent tellement de moyens qu'il ne se passe rien pendant des mois - voire jamais. Alors quoi faire et vers qui se tourner ?
Le problème est que beaucoup de victimes n'ont pas ce type de comportements. Elles intériorisent et deviennent introverties. J'ai eu l'an dernier une élève régulièrement violée par son grand-père. Cela a été découvert en 6e. Je n'ai jamais entendu le son de sa voix. Je n'ai pas cherché à la bousculer. Je connais très bien d'autres victimes qui n'ont aucune réaction étrange à l'école. C'est à la maison que les comportements étranges (se faire du mal, mal dormir etc) se produisent.
C'est très difficile d'intervenir pour nous, enseignants, dans ce genre d'affaires. Je n'ai pas spécialement rencontré d'enseignants très malins dans ce genre de choses. En fait, comme dans les familles, même si ça semble en train de changer, beaucoup de gens ont une réaction hostile face aux victimes de pédo-criminalité. Le corps enseignant n'échappe pas à cette réalité. Peut-être que cela va changer.
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