- zigmag17Guide spirituel
Comment voir autre chose que de l'abêtissement programmé en observant la portion congrue à laquelle est réduit l'enseignement général en LP (je parle de ce que je connais, je ne sais pas en LGT)? 1,5h/semaine de français en C.A.P. c'est suffisant pour former des élèves à la langue, la littérature...? Alors oui, tous ces jolis mots qui ne veulent rien dire, le "chef-d'oeuvre", la "co-intervention", blablabla, font bien pour remplir les cases et amuser les concepteurs de la pédagogie de "projet". Sur le terrain, j'affirme que nous formons des exécutants qui nous arrivent très mal en point lorsqu'il s'agit de lire, d'écrire et d'exercer leur esprit critique, et qui repartiront la tête farcie de "lire le métier", "comprendre le métier", "expliquer le métier", des gamins qui ne sauront pas davantage décrypter un message même simple et surtout pas comprendre les arcanes d'un contrat de travail.Baldred a écrit:En effet. Quant à la novlangue, elle a toujours été construite comme instrument de tous les pouvoirs, y compris le nôtre. Mais je pensais plutôt à Bradbury et à Farhenheit 451. On n'en retient que la prohibition et la destruction de la culture par les livres. C'est l'autre partie du livre qui est intéressante, et visionnaire. Les livres craignent aujourd'hui moins le feu que la poussière. Alors que les murs écrans préfigurent bien mieux ce que nous vivons.Balthazaard a écrit:Est-ce vraiment une caricature? Orwell ne dit pas autre chose, appauvrir le langage pour qu'on ne puisse plus formuler ou étayer de pensée déviante....mais je pense qu'Orwell s'est trompé, son monde verrouillait l'information, le notre nous en abreuve, au point que le vrai du faux n'est plus discernable...que la théorie du complot omniprésente, qui nait dans l'esprit critique et voudrait se combattre par l'esprit critique, est désormais l'argument massue pour dénier tout discours de quel bord qu'il soit...Baldred a écrit:D'accord avec toi sur l'ensemble sauf cette dernière citation, ca fait sans doute du bien de se défouler, la caricature peut être amusante, mais en l'occurence je ne comprends pas bien ce qu'elle apporte.pseudo-intello a écrit:Blanquer ne veut surtout pas de jeunes futurs citoyens qui sauraient lire et écrire pour de vrai, donc savoir décrypter ses discours, relever les ambiguïtés de formulations, et formuler des démentis clairs et structurés. Il ne rêve pas non plus de citoyens sachant compter, donc déceler le bidouillage de chiffres.
A part ça tu as raison.
Belles perspectives
Mais un projet Blanquerien d'abêtissement programmé. Non.
Bien sûr que oui, le projet blanquérien consiste en toute conscience à abêtir les élèves que nous avons a priori pour charge d'instruire.
Je vous renvoie aux référentiels de ces classes, et aux objets d'étude qu'ils doivent travailler depuis l"avènement" des nouveaux programmes, en plus des horaires honteusement faibles que l'on nous alloue. Quand la langue et la culture générale deviennent du saupoudrage et que cela vire au sabotage, on peut parler de volonté délibérée de nuire.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Verdurette a écrit:C'est un discours que j'ai entendu avec beaucoup d'étonnement dans la bouche d'une enseignante d'une cinquantaine d'années lorsque j'ai débarqué sur la planète EN en 1992. On était dans les remous des réformes Jospin de 1989, de la création des IUFM etc ...
Avec le recul, et en vous lisant, je suis de plus en plus persuadée que malheureusement elle avait raison.
Actuellement on parle beaucoup de la suppression de l'ENA, et j'écoutais hier Roland Cayrol ( politologue et directeur du Centre d’études et d’analyses) évoquer la force d'inertie d'une caste inamovible, confite dans l'entre-soi , qui bouge à peine en fonction des changements politiques et qui oppose à toute réforme qui ne lui convient pas un lourd "Ah, mais ce n'est pas possible". Je me demande à quel point cette ligne directrice très ancienne n'est pas opiniâtrement suivie par les énarques de l'EN avec ou sans des ministres plus ou moins favorables et donc plus ou moins destructeurs (et -trice !! ) qui s'y sont succédé.
La popularité fluctue ensuite selonles oripeauxla communication du ministre.
J'ai acheté un bouquin sur ça, Les inamovibles de la République, pas encore lu mais j'ai hâte de le commencer.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- Lisak40Expert spécialisé
zigmag17 a écrit:Comment voir autre chose que de l'abêtissement programmé en observant la portion congrue à laquelle est réduit l'enseignement général en LP (je parle de ce que je connais, je ne sais pas en LGT)? 1,5h/semaine de français en C.A.P. c'est suffisant pour former des élèves à la langue, la littérature...? Alors oui, tous ces jolis mots qui ne veulent rien dire, le "chef-d'oeuvre", la "co-intervention", blablabla, font bien pour remplir les cases et amuser les concepteurs de la pédagogie de "projet". Sur le terrain, j'affirme que nous formons des exécutants qui nous arrivent très mal en point lorsqu'il s'agit de lire, d'écrire et d'exercer leur esprit critique, et qui repartiront la tête farcie de "lire le métier", "comprendre le métier", "expliquer le métier", des gamins qui ne sauront pas davantage décrypter un message même simple et surtout pas comprendre les arcanes d'un contrat de travail.Baldred a écrit:Balthazaard a écrit:Baldred a écrit:
D'accord avec toi sur l'ensemble sauf cette dernière citation, ca fait sans doute du bien de se défouler, la caricature peut être amusante, mais en l'occurence je ne comprends pas bien ce qu'elle apporte.
A part ça tu as raison.
Est-ce vraiment une caricature? Orwell ne dit pas autre chose, appauvrir le langage pour qu'on ne puisse plus formuler ou étayer de pensée déviante....mais je pense qu'Orwell s'est trompé, son monde verrouillait l'information, le notre nous en abreuve, au point que le vrai du faux n'est plus discernable...que la théorie du complot omniprésente, qui nait dans l'esprit critique et voudrait se combattre par l'esprit critique, est désormais l'argument massue pour dénier tout discours de quel bord qu'il soit...
Belles perspectives
En effet. Quant à la novlangue, elle a toujours été construite comme instrument de tous les pouvoirs, y compris le nôtre. Mais je pensais plutôt à Bradbury et à Farhenheit 451. On n'en retient que la prohibition et la destruction de la culture par les livres. C'est l'autre partie du livre qui est intéressante, et visionnaire. Les livres craignent aujourd'hui moins le feu que la poussière. Alors que les murs écrans préfigurent bien mieux ce que nous vivons.
Mais un projet Blanquerien d'abêtissement programmé. Non.
Bien sûr que oui, le projet blanquérien consiste en toute conscience à abêtir les élèves que nous avons a priori pour charge d'instruire.
Je vous renvoie aux référentiels de ces classes, et aux objets d'étude qu'ils doivent travailler depuis l"avènement" des nouveaux programmes, en plus des horaires honteusement faibles que l'on nous alloue. Quand la langue et la culture générale deviennent du saupoudrage et que cela vire au sabotage, on peut parler de volonté délibérée de nuire.
+1000 ! Je ne pourrais pas ëtre plus d'accord avec toi.
- Dame TartineNeoprof expérimenté
Je plussoie les propos de Zigmag17. Après, charge au professeur de contourner les instructions officielles : AP et chef-d’œuvre sont des heures de cours normales pour moi (français ou histoire-géo) et avec un collègue de co-intervention compréhensif, on peut aussi prendre quelques "libertés" Je précise que je ne suis pas la seule à agir de la sorte dans mon établissement...
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J'peux pas, j'ai piscine !
- pseudo-intelloSage
Si Blanquer se préoccupait d'avoir des élèves qui sachent lire et compter, il ne supprimerait pas des heures en français et en maths continuellement. On me dira que dans le second degré, ces suppressions sont des réformes RH, parce qu'il n'y a plus de candidats au CAPES, et c'est vrai aussi. Mais dans le premier degré ? Le PE est devant ses élèves de toutes manières, donc ça ne coûterait même pas plus cher de remettre des heures de français et de maths dès le CP, au détriment de l'anglais (je ne connais pas de collègue d'anglais qui ait vu une amélioration du niveau depuis qu'on a fait entrer l'anglais en primaire et maternelle), de l'informatique, du ramassage de déchets dans la nature et compagnie.
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- Dame JouanneÉrudit
Blanquer et toute sa clique de hauts fonctionnaires mettent simplement en place un plan social dans L'EN. Qu'ils "produisent" des élèves ou des couches culottes pour eux c'est pareil, l'essentiel est de faire des économies. Les élèves, c'est même mieux, car l'EN est en position monopolistique, il n'y a pas vraiment de concurrence et donc pas vraiment un public à séduire. Le problème de l'EN, à leurs yeux c'est nous, des employés non licenciables, pas très mobiles et donc gênants. L'article de Mediapart me semble assez juste : Blanquer fait du bon travail puisque son ministère fait des économies. L'avenir des élèves et la qualité de l'éducation qu'ils reçoivent ne me semble pas au centre ni même à la périphérie de ses objectifs.
- Lisak40Expert spécialisé
pseudo-intello a écrit:Si Blanquer se préoccupait d'avoir des élèves qui sachent lire et compter, il ne supprimerait pas des heures en français et en maths continuellement. On me dira que dans le second degré, ces suppressions sont des réformes RH, parce qu'il n'y a plus de candidats au CAPES, et c'est vrai aussi. Mais dans le premier degré ? Le PE est devant ses élèves de toutes manières, donc ça ne coûterait même pas plus cher de remettre des heures de français et de maths dès le CP, au détriment de l'anglais (je ne connais pas de collègue d'anglais qui ait vu une amélioration du niveau depuis qu'on a fait entrer l'anglais en primaire et maternelle), de l'informatique, du ramassage de déchets dans la nature et compagnie.
Je suis d'accord avec tout le contenu de ton poste, mais encore plus avec ça. Le niveau de mes élèves est catastrophique (en Tle j'en ai qui ne savent pas que être = to be), et pourtant ils font de l'anglais depuis le primaire et ont Netflix, YT etc. à gogo. Déjà qu'ils maîtrisent les notions fondamentales du français ce serait pas mal (et cela donnerait moins de traductions catastrophiques à base de fautes de français énormes - traduction Google totalement portnawak qui en découle), mais pour cela il faut des heures, surtout dans le pro, où beaucoup d'élèves n'ont pas de parents capables de combler les lacunes de l'école...
- celitianSage
Comme souvent, les dernières réformes en LP sont souvent un essai avant de les généraliser aux autres établissements.Dame Jouanne a écrit:Blanquer et toute sa clique de hauts fonctionnaires mettent simplement en place un plan social dans L'EN. Qu'ils "produisent" des élèves ou des couches culottes pour eux c'est pareil, l'essentiel est de faire des économies. Les élèves, c'est même mieux, car l'EN est en position monopolistique, il n'y a pas vraiment de concurrence et donc pas vraiment un public à séduire. Le problème de l'EN, à leurs yeux c'est nous, des employés non licenciables, pas très mobiles et donc gênants. L'article de Mediapart me semble assez juste : Blanquer fait du bon travail puisque son ministère fait des économies. L'avenir des élèves et la qualité de l'éducation qu'ils reçoivent ne me semble pas au centre ni même à la périphérie de ses objectifs.
Pour la concurrence, il suffit de regarder ce qui se passe dans l'enseignement professionnel, textes votés en faveur de l'apprentissage puis autorisation des CFA privés puis baisse de financement des LP donc moins d'élèves sous statut scolaire donc besoin de moins de professeurs.
- BaldredSage
zigmag17 a écrit:
Comment voir autre chose que de l'abêtissement programmé en observant la portion congrue à laquelle est réduit l'enseignement général en LP (je parle de ce que je connais, je ne sais pas en LGT)? 1,5h/semaine de français en C.A.P. c'est suffisant pour former des élèves à la langue, la littérature...? Alors oui, tous ces jolis mots qui ne veulent rien dire, le "chef-d'oeuvre", la "co-intervention", blablabla, font bien pour remplir les cases et amuser les concepteurs de la pédagogie de "projet". Sur le terrain, j'affirme que nous formons des exécutants qui nous arrivent très mal en point lorsqu'il s'agit de lire, d'écrire et d'exercer leur esprit critique, et qui repartiront la tête farcie de "lire le métier", "comprendre le métier", "expliquer le métier", des gamins qui ne sauront pas davantage décrypter un message même simple et surtout pas comprendre les arcanes d'un contrat de travail.
Bien sûr que oui, le projet blanquérien consiste en toute conscience à abêtir les élèves que nous avons a priori pour charge d'instruire.
Je vous renvoie aux référentiels de ces classes, et aux objets d'étude qu'ils doivent travailler depuis l"avènement" des nouveaux programmes, en plus des horaires honteusement faibles que l'on nous alloue. Quand la langue et la culture générale deviennent du saupoudrage et que cela vire au sabotage, on peut parler de volonté délibérée de nuire.
Il y aurait plusieurs niveaux de réponse à ta remarque.
Le premier serait de te dire que tu as raison : le projet pédagogique et sa novlangue forment un "objet de com" bien loin de ce qu'est enseigner ; et que nous devons gérer, le plus souvent dans la souffrance, la nôtre et celle des élèves, des injonctions contradictoires.
Le deuxième serait de mieux distinguer le constat professionnel que tu dresses sincèrement, et ton (notre) incompréhension du système qui y conduit. De notre point de vue, c'est si contradictoire qu'une réaction normale et d'y voir le projet ou la volonté de nuire que tu y vois. Réaction normale mais aussi aveuglement je pense.
Parce que, et c'est le 3e niveau de lecture, une telle réaction, légitime encore une fois, est caricaturale et empêche de réfléchir à la logique, disons libérale, de l'EN depuis bien longtemps. Pour caricaturer à mon tour, je dirai qu'un élève de CAP n'a pas besoin d'étudier la littérature pour comprendre un contrat de travail, et donc que réduire son coût de formation est prioritaire. Si l'on veut s'opposer, et il faut le faire à partir du scandale éducatif que nous connaissons, je pense qu'il vaut mieux s'interroger sur la logique de l'adversaire que de la simplifier.
- VerduretteModérateur
Baldred a écrit:Verdurette a écrit:C'est un discours que j'ai entendu avec beaucoup d'étonnement dans la bouche d'une enseignante d'une cinquantaine d'années lorsque j'ai débarqué sur la planète EN en 1992. On était dans les remous des réformes Jospin de 1989, de la création des IUFM etc ...
Avec le recul, et en vous lisant, je suis de plus en plus persuadée que malheureusement elle avait raison.
Actuellement on parle beaucoup de la suppression de l'ENA, et j'écoutais hier Roland Cayrol ( politologue et directeur du Centre d’études et d’analyses) évoquer la force d'inertie d'une caste inamovible, confite dans l'entre-soi , qui bouge à peine en fonction des changements politiques et qui oppose à toute réforme qui ne lui convient pas un lourd "Ah, mais ce n'est pas possible". Je me demande à quel point cette ligne directrice très ancienne n'est pas opiniâtrement suivie par les énarques de l'EN avec ou sans des ministres plus ou moins favorables et donc plus ou moins destructeurs (et -trice !! ) qui s'y sont succédé.
La popularité fluctue ensuite selonles oripeauxla communication du ministre.
Pour faire le lien entre la question sur les ministres de l'éducation et la caste dont tu parles, je rappelle que Blanquer a commencé à devenir un rouage de l'EN avec de Robien (directeur adjoint) puis recteur de Créteil sous Darcos ( si, celui qui a vendu 14000 postes de stagiaires et fermé la formation des enseignants contre un joli plat de lentille)puis DGESCO sous Châtel. Le plus redoutable n'est sans doute pas l'énarque amorphe mais bien l'idéologue.
Nos propos ne sont pas du tout incompatibles. Je sais que Blanquer n'est pas énarque et qu'il a sévi dans l'EN bien avant d'être ministre. Ce que j'ai dit, peut-être de façon trop vague, c'est que justement lorsque l'idéologue et les énarques sont en phase (ce qui est le cas en ce moment), ça va encore plus vite, donc très bien de leur point de vue, et pas du tout du nôtre, précisément ce que l'article de Mediapart met en exergue.
- BaldredSage
Verdurette a écrit:
Nos propos ne sont pas du tout incompatibles. Je sais que Blanquer n'est pas énarque et qu'il a sévi dans l'EN bien avant d'être ministre. Ce que j'ai dit, peut-être de façon trop vague, c'est que justement lorsque l'idéologue et les énarques sont en phase (ce qui est le cas en ce moment), ça va encore plus vite, donc très bien de leur point de vue, et pas du tout du nôtre, précisément ce que l'article de Mediapart met en exergue.
En effet, j'allais plutôt dans ton sens avec cette précision.
- Ajonc35Sage
J'ai le souvenir, il y a quelques années d'un ministre des finances qui s'exprimait sur les hauts fonctionnaires du ministère qu'il avait "dirigé", qui sont en place pour une durée bien plus longue qu'un ministre ( le plus souvent). Quand une réforme, idée leur plaisait, ils se dépêchaient de la mettre en place; quand elle leur déplaisait, ils attendaient que le ministre parte. Pour JMB, le problème est plus vaste car il était déjà en place comme haut fonctionnaire et avait déjà contribué à la dégringolade, il poursuit son action comme ministre et quand il ne le sera plus.... je n'ai pas d'inquiétude pour lui, par contre le chantier qu'il laisse ( avec ses prédécesseurs), je ne sais même pas comment le qualifier.Baldred a écrit:Verdurette a écrit:
Nos propos ne sont pas du tout incompatibles. Je sais que Blanquer n'est pas énarque et qu'il a sévi dans l'EN bien avant d'être ministre. Ce que j'ai dit, peut-être de façon trop vague, c'est que justement lorsque l'idéologue et les énarques sont en phase (ce qui est le cas en ce moment), ça va encore plus vite, donc très bien de leur point de vue, et pas du tout du nôtre, précisément ce que l'article de Mediapart met en exergue.
En effet, j'allais plutôt dans ton sens avec cette précision.
- zigmag17Guide spirituel
C'est certain: un élève de C.A.P. n'a pas besoin de culture générale, il sera bien assez bon pour remplir les obligations que tuteurs et patrons voudront lui faire remplir, sans rechigner et en disant merci encore. Je comprends l'ironie de ton intervention mais ce que tu pointes n'est pas la réalité puisque non seulement nos (mes) élèves n'ont pas accès à la culture à laquelle ils auraient droit car on leur donne des miettes d'heures d'EG, mais en plus, comme nous n'avons pas le temps de remédier à leurs insuffisances basiques et elles sont nombreuses (illettrés et analphabètes ne sont pas rares dans mes classes), ils ne sauront pas non plus lire un contrat de travail. Je persiste et signe: pour moi c'est délibéré: créer une société à spectre réduit, à un bout de la chaîne l'exécutant qui n'a pas les moyens intellectuels ou culturels de prendre de la distance par rapport à des demandes indues (= le "petit"), à l'autre, le donneur d'ordres qui s'enrichit et reconduira son mode de vie de père en fils (dynastie). On est de plus en plus proches des caricatures de Daumier dans la représentation du monde ouvrier/social d'aujourd'hui. Retour au XIXe, et retour souhaité par les élites.Baldred a écrit:zigmag17 a écrit:
Comment voir autre chose que de l'abêtissement programmé en observant la portion congrue à laquelle est réduit l'enseignement général en LP (je parle de ce que je connais, je ne sais pas en LGT)? 1,5h/semaine de français en C.A.P. c'est suffisant pour former des élèves à la langue, la littérature...? Alors oui, tous ces jolis mots qui ne veulent rien dire, le "chef-d'oeuvre", la "co-intervention", blablabla, font bien pour remplir les cases et amuser les concepteurs de la pédagogie de "projet". Sur le terrain, j'affirme que nous formons des exécutants qui nous arrivent très mal en point lorsqu'il s'agit de lire, d'écrire et d'exercer leur esprit critique, et qui repartiront la tête farcie de "lire le métier", "comprendre le métier", "expliquer le métier", des gamins qui ne sauront pas davantage décrypter un message même simple et surtout pas comprendre les arcanes d'un contrat de travail.
Bien sûr que oui, le projet blanquérien consiste en toute conscience à abêtir les élèves que nous avons a priori pour charge d'instruire.
Je vous renvoie aux référentiels de ces classes, et aux objets d'étude qu'ils doivent travailler depuis l"avènement" des nouveaux programmes, en plus des horaires honteusement faibles que l'on nous alloue. Quand la langue et la culture générale deviennent du saupoudrage et que cela vire au sabotage, on peut parler de volonté délibérée de nuire.
Il y aurait plusieurs niveaux de réponse à ta remarque.
Le premier serait de te dire que tu as raison : le projet pédagogique et sa novlangue forment un "objet de com" bien loin de ce qu'est enseigner ; et que nous devons gérer, le plus souvent dans la souffrance, la nôtre et celle des élèves, des injonctions contradictoires.
Le deuxième serait de mieux distinguer le constat professionnel que tu dresses sincèrement, et ton (notre) incompréhension du système qui y conduit. De notre point de vue, c'est si contradictoire qu'une réaction normale et d'y voir le projet ou la volonté de nuire que tu y vois. Réaction normale mais aussi aveuglement je pense.
Parce que, et c'est le 3e niveau de lecture, une telle réaction, légitime encore une fois, est caricaturale et empêche de réfléchir à la logique, disons libérale, de l'EN depuis bien longtemps. Pour caricaturer à mon tour, je dirai qu'un élève de CAP n'a pas besoin d'étudier la littérature pour comprendre un contrat de travail, et donc que réduire son coût de formation est prioritaire. Si l'on veut s'opposer, et il faut le faire à partir du scandale éducatif que nous connaissons, je pense qu'il vaut mieux s'interroger sur la logique de l'adversaire que de la simplifier.
- zigmag17Guide spirituel
Pareil pour moi mais il n'empêche que c'est scandaleux de devoir en arriver là.Dame Tartine a écrit:Je plussoie les propos de Zigmag17. Après, charge au professeur de contourner les instructions officielles : AP et chef-d’œuvre sont des heures de cours normales pour moi (français ou histoire-géo) et avec un collègue de co-intervention compréhensif, on peut aussi prendre quelques "libertés" Je précise que je ne suis pas la seule à agir de la sorte dans mon établissement...
- Dame JouanneÉrudit
En fait, je dois corriger mon propos : malheureusement nous ne produisons pas de couches culottes, un produit dont la qualité de la production peut induire un bénéfice. L'avenir des élèves et la qualité de leur éducation n'a pas de réalité financière ni de conséquences économiques immédiates dans un modèle de pensée axé sur les économies à court voir très court terme. Le seul objectif clair des gens qui ont actuellement les commandes de l'EN, c'est réduire les coûts et principalement les coûts salariaux. Tout le reste n'a aucun intérêt à leurs yeux, il suffit juste d'habiller le démantèlement de l'entreprise EN sous un beau vernis de communication. Et je suis d'accord : on commence par les LP, moins visible et prestigieux (et qui n'intéressent pas beaucoup les médias), puis peu à peu on étend le dispositif à l'ensemble des établissements.celitian a écrit:Comme souvent, les dernières réformes en LP sont souvent un essai avant de les généraliser aux autres établissements.Dame Jouanne a écrit:Blanquer et toute sa clique de hauts fonctionnaires mettent simplement en place un plan social dans L'EN. Qu'ils "produisent" des élèves ou des couches culottes pour eux c'est pareil, l'essentiel est de faire des économies. Les élèves, c'est même mieux, car l'EN est en position monopolistique, il n'y a pas vraiment de concurrence et donc pas vraiment un public à séduire. Le problème de l'EN, à leurs yeux c'est nous, des employés non licenciables, pas très mobiles et donc gênants. L'article de Mediapart me semble assez juste : Blanquer fait du bon travail puisque son ministère fait des économies. L'avenir des élèves et la qualité de l'éducation qu'ils reçoivent ne me semble pas au centre ni même à la périphérie de ses objectifs.
Pour la concurrence, il suffit de regarder ce qui se passe dans l'enseignement professionnel, textes votés en faveur de l'apprentissage puis autorisation des CFA privés puis baisse de financement des LP donc moins d'élèves sous statut scolaire donc besoin de moins de professeurs.
Je ne sais pas s'il y a une volonté délibérée d'abêtir les générations futures pour en faire de bons petits salariés taillables et corvéables à merci, mais je suis assez convaincue que Blanquer et les autres hauts fonctionnaires qui pilotent cette destruction organisée de l'éducation se contrefichent des conséquences de cet ordre. Je les crois sans vue à long terme autre que baisser le budget de l'EN. Pour eux l'éducation telle qu'elle est organisée aujourd'hui en France est juste une dépense sans rentabilité immédiate. Leur seule logique est comptable.
- neomathÉrudit
Sur les motivations de Blanquer et sa clique :
Ne jamais oublier que si la gauche défend des idées la droite, elle, défend des intérêts.
Ces gens ont vu ce qui se passait à l'étranger, et en particulier au paradis libéral (aka le Royaume Uni). Ils savent que, comme là bas, la privatisation de l'éducation nationale multipliera les sinécures grassement payées. Et que ces fromages leur reviendront de droit grâce au pantouflage.
Ne jamais oublier que si la gauche défend des idées la droite, elle, défend des intérêts.
Ces gens ont vu ce qui se passait à l'étranger, et en particulier au paradis libéral (aka le Royaume Uni). Ils savent que, comme là bas, la privatisation de l'éducation nationale multipliera les sinécures grassement payées. Et que ces fromages leur reviendront de droit grâce au pantouflage.
- pseudo-intelloSage
Le Royaume-uni rouvre ses restaurants et terrasses. Ile ont fermé les écoles suffisamment longtemps pour réduire drastiquement la rpésence du virus sur leur territoire.
En France, Blanquer serine depuis septembre que tout va bien, qu'on ne ferme pas, et moralité, on est confinés dur alors que le printemps et là et qu'on arrive au terme des "4 - 6 semaines de patience" demandées par M. Macron.
Donc oui, ça commence à se voir.
En France, Blanquer serine depuis septembre que tout va bien, qu'on ne ferme pas, et moralité, on est confinés dur alors que le printemps et là et qu'on arrive au terme des "4 - 6 semaines de patience" demandées par M. Macron.
Donc oui, ça commence à se voir.
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- HORAHabitué du forum
neomath a écrit:Sur les motivations de Blanquer et sa clique :
Ne jamais oublier que si la gauche défend des idées la droite, elle, défend des intérêts.
Ces gens ont vu ce qui se passait à l'étranger, et en particulier au paradis libéral (aka le Royaume Uni). Ils savent que, comme là bas, la privatisation de l'éducation nationale multipliera les sinécures grassement payées. Et que ces fromages leur reviendront de droit grâce au pantouflage.
D'accord avec ça. Cela doit même beaucoup peser dans la vision et donc dans la tournure que les planqués du "mammouth" impriment à l'EN.
- JacqGuide spirituel
zigmag17 a écrit:C'est certain: un élève de C.A.P. n'a pas besoin de culture générale, [...]Baldred a écrit:
[...] Pour caricaturer à mon tour, je dirai qu'un élève de CAP n'a pas besoin d'étudier la littérature pour comprendre un contrat de travail, et donc que réduire son coût de formation est prioritaire. Si l'on veut s'opposer, et il faut le faire à partir du scandale éducatif que nous connaissons, je pense qu'il vaut mieux s'interroger sur la logique de l'adversaire que de la simplifier.
Une pensée que l'on retrouve malheureusement, surtout à droite (mais pas seulement). Nous avons d'ailleurs échappé à la suppression claire et nette de l'histoire-géo (bien évidemment on aurait gardé l'EMC car médiatiquement c'est impensable de supprimer ce truc totalement inutile lorsqu'on n'a pas la culture générale). On retrouve d'ailleurs cette mentalité chez certains enseignants (j'ai bien écrit : certains) de matières professionnelles. Certains car d'autres collègues, ceux de mon LP en témoignent parmi d'autres, sont largement conscients des lacunes en matières générales qui portent préjudice à leur enseignement professionnel. En matières prof ils souffrent de l'incapacité de élèves à lire et comprendre des consignes professionnelles. Ils seront incapables de les lire lorsqu'ils seront ensuite dans l'exercice réel de leurs fonctions.
Il y a bien la logique libérale du coût de formation (qui est d'ailleurs une erreur totale car en réalité pour qu'une personne devienne employable elle est obligée de poursuivre ses études, donc à la fin le gain de coût de la formation initiale secondaire se perd dans le coût de la formation supérieure elle aussi rabaissée) et de développement de formation privées (évoqué aussi par Neomath.
Mais il y a aussi la logique réactionnaire du retour à une époque bénie (soit disant) où certains n'avaient qu'une formation technique. La droite et une partie de son électorat considérant que la culture générale n'est pas essentielle pour tous. Si le bac pro avait été pensé vers la fin des années 70 et au début des années 80 il a été mis en place avec une véritable logique de gauche (Chevènement aux manettes, entre autre). Je ne prends qu'un exemple : les Arts appliqués sont obligatoires en LP (pour la plus grande incompréhension des élèves parfois) alors que les Arts (j'allais écrire martiaux.... :sourit: ) plastiques (je suis encore MDR à l'idée de ce que j'allais écrire) ne sont qu'une option, parce que, justement, on considérait que ces élèves, parfois sinon souvent issus de milieux ayant moins accès à la culture devaient avoir cet enseignement. Il en est de même pour le fait que les élèves de LP ne peuvent pas avoir cours le mercredi après 12h00 (normalement, sauf vote par le CA) de façon à favoriser la pratique sportive pour les classes "populaires".
Sans dire que nous sommes à un retour au XIXe, même si je comprends les propos en ce sens, nous sommes face à une réelle politique et libérale et dans les faits totalement réactionnaire qui nous ramène des dizaines d'années en arrière tout en prétendant l'inverse. Le délire des heures de "chef-d’œuvre" et l'introduction forcée (après que les programmes aient été établis, et par la seule volonté du ministre) du thème sur les "compagnons et le chef-d’œuvre" en témoignent.
Cette politique est certes libérale mais elle est aussi totalement et clairement réactionnaire.
Il paraît pourtant que Blanquer, grâce à B. Macron, était la caution de gauche du gouvernement. Eh ben.....
- A TuinVénérable
Leur erreur est que l'époque que tu évoques est celle où les enfants avaient un certificat d'étude avec d'excellentes bases de culture générale acquises en primaire. Je suis pleinement d'accord avec tout ce qui est dit !Jacq a écrit:zigmag17 a écrit:C'est certain: un élève de C.A.P. n'a pas besoin de culture générale, [...]Baldred a écrit:
[...] Pour caricaturer à mon tour, je dirai qu'un élève de CAP n'a pas besoin d'étudier la littérature pour comprendre un contrat de travail, et donc que réduire son coût de formation est prioritaire. Si l'on veut s'opposer, et il faut le faire à partir du scandale éducatif que nous connaissons, je pense qu'il vaut mieux s'interroger sur la logique de l'adversaire que de la simplifier.
Une pensée que l'on retrouve malheureusement, surtout à droite (mais pas seulement). Nous avons d'ailleurs échappé à la suppression claire et nette de l'histoire-géo (bien évidemment on aurait gardé l'EMC car médiatiquement c'est impensable de supprimer ce truc totalement inutile lorsqu'on n'a pas la culture générale). On retrouve d'ailleurs cette mentalité chez certains enseignants (j'ai bien écrit : certains) de matières professionnelles. Certains car d'autres collègues, ceux de mon LP en témoignent parmi d'autres, sont largement conscients des lacunes en matières générales qui portent préjudice à leur enseignement professionnel. En matières prof ils souffrent de l'incapacité de élèves à lire et comprendre des consignes professionnelles. Ils seront incapables de les lire lorsqu'ils seront ensuite dans l'exercice réel de leurs fonctions.
Il y a bien la logique libérale du coût de formation (qui est d'ailleurs une erreur totale car en réalité pour qu'une personne devienne employable elle est obligée de poursuivre ses études, donc à la fin le gain de coût de la formation initiale secondaire se perd dans le coût de la formation supérieure elle aussi rabaissée) et de développement de formation privées (évoqué aussi par Neomath.
Mais il y a aussi la logique réactionnaire du retour à une époque bénie (soit disant) où certains n'avaient qu'une formation technique. La droite et une partie de son électorat considérant que la culture générale n'est pas essentielle pour tous.
Leur deuxième erreur est de minorer les poids de ces enfants exclus du système, ne disposant pas des bases requises en français et histoire-géographie. Ils seront ensuite des adultes disposant du droit de vote, et les perspectives sur ce plan font un peu frémir.
- nigousseHabitué du forum
Blanquer était très proche de Fillon ( avant le penelopegate) et il était pressenti par ce dernier pour occuper exactement le même poste si Fillon avait été élu alors la caution de gauche j'ai beau chercher ( surtout quand on connait son parcours à la DGSCO aux ordres de Chatel/Sarko avec les mirifiques primes dévolues aux recteurs fermant un max de classes...)...
- henrietteMédiateur
Attention, pas de politique générale hors du restreint.
Si c'est la tournure que devait continuer à prendre ce fil, il nous faudrait alors le basculer dans la section restreinte du forum.
A vous de voir, donc, si vous souhaitez qu'il reste en accès public, ou pas.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- pseudo-intelloSage
C'est clair que si à la télé et dans les journaux, on a droit aux images grande-bretonnes avec les gens au restaurant et sur les terrasses, le discours du "ouiii mais en France on ferme pas les écoles, ou juste en tout tout dernier recours quad les soignants sont sur les os, parce que fermer les écoles, ça sert à rien dans la lutte contre le virus, on a raison depuis le début" va perdre toute la crédibilité qu'il avait encore auprès de certains.
Et je vois mal les journaliste ne pas parler de la Grande-Bretagne, ne serait-ce qu'elle doit donner envie de partir en reportage, avec les réouvertures.
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