- CitoyenNiveau 7
Ajonc35 a écrit:En effet, aujourd'hui il y en a qui décident en haut et sans connaitre ce qui se passe en bas parce que ce n'est pas leur souci. C'est vrai dans de nombreux domaines. Aujourd'hui ils nous placent dans un système qui dysfonctionne de plus en plus non pas du fait des exécutants mais de leur fait. C'est vrai dans de nombreux domaines le sanitaire, le social, les secours, la sécurité, la justice, etc.... On ne remplace pas ceux qui partent et ceux qui restent doivent se répartir le travail et ils ne peuvent en faire toujours plus. on peut remplir un verre et un jour il déborde, comme lui nous avons une capacité.
Dans l'enseignement les Français pensent que nous réalisons depuis des décennies toujours les mêmes missions, celles qu'ils ont connues. Je pense ici à un post d'un néo qui au début des années 70, avait deux classes de 6ème et 18 heures de cours ( 3 heures + 3 heures dédoublées pour chaque classe) avec toutes les activités de correction, de préparation, etc. Elle faisait le constat de la dégradation à la fois pour les élèves et pour les enseignants depuis.
J'enseigne depuis longtemps et je constate que nos conditions se dégradent. En plus des activités traditionnelles, nous sommes de plus sollicités pour des tas d'autres activités: projets pour les élèves ( comme si un cours n'était pas un projet déjà), pour l'établissement ( et parfois en mettant les élèves à contribution donc du temps de cours perdus parfois), voyages ( de plus en plus obligatoires. Je pense à une personne de ma connaissance qui a été embauché dans un LEP privé et ce qui était mis en avant c'étaient les projets, les activités annexes comme les voyages, ...), création de partenariats avec les entreprises ( pas seulement pour les stages, ça je connais). Et tout cela avec des horaires disciplines qui diminuent et des élèves de moins en moins en capacité, de moins en moins autonomes. Je n'oublie pas l'inclusion ( quand on parle de jeunes en situation de handicap, je m'interroge), bref de fins connaisseurs, et cela sans temps supplémentaire et sans formation nous devenons orthophonistes, psychomotriciens, etc et cela les parents ne le comprennent pas, ils croient que nous sommes desspécialistescouteaux suisses et pour les plus fragiles attendent beaucoup de nous. De plus on a une messagerie pro et s'en détacher relève de l'exploit ( surtout que j'ai un CDE adjoint qui envoie des do au dernier moment et s'ETONNE d'une réponse aussi lente), sans compter l'agenda électronique que je ne peux remplir après chaque cours, donc c'est le soir quand je rentre ( vu l'indigence de notre équipement en PC en sdp) Dans mon Etbt , c'est l'enseignant qui change de classe ( pas assez de salles et avec le covid c'est encore plus catastrophique).
Il y a 30 ans, j'avais le temps de trainer à la bibliothèque universitaire et emprunter des livres. Aujourd'hui je n'y met plus les pieds et depuis longtemps. Je me suis appauvrie.
Je rajoute que les réunions ne sont pas toujours le fait d'un CDE ou de son adjoint mais aussi de certains collègues dont je me demande parfois s'ils s'ennuient. J'oublie que chaque réunion nécessite souvent une trace écrite afin de se couvrir là où la confiance existait autrefois.
Quels que soient les domaines, il faut constater que le système français est bien malade et s'il tient encore c'est le fait des petites mains sur lesquelles tout le poids de la hiérarchie s'exerce.
Je sors du sujet, mais quand je dis autour de moi que le protocole dans mon lycée n'est pas appliqué, on ne me croit pas non plus. Une entreprise privée agirait de la sorte avec ses personnels, et l'inspection du travail serait informée ( car elle n'agira pas , trop de dossiers encore plus lourds), ce qui oblige les employeurs à être vigilants à la fois pour leurs personnels et leurs clients.
Très bonne description je connais un LEP privé où c'est presque exactement cela. Je rajouterai que certains collègues sont de vrais moteurs pour imposer aux autres, sans concertation, ce type de fonctionnement. Ce qui est regrettable c'est que les autres ne réagissent pas, ni dans les réunions, ni dans la messagerie. Ils ne font que se plaindre en salle des profs, mais discrètement, sans jamais agir. Dans ce type d'établissement il y a très peu de syndiqués, parfois pas de CSE, ou un CSE fantoche (dans le privé les enseignants de droit public sont éligibles et électeurs au CSE).
Le plus grave c'est que l'ambiance se dégrade dans l'équipe, et que la confiance n'y règne plus. Il arrive même que des choses soient dérobées en salle des profs, sans qu'on sache si c'est vraiment des élèves. Les gens deviennent soupçonneux.
- HORAHabitué du forum
Encore une fois, c'est limpide... Mais, au risque de faire dévier le fil, comment expliquer qu'aussi cyniques qu'ils soient, les dirigeants sont tellement nuls ? Dans les compétences des 80 % d'hilotes, dont d'ailleurs les enseignants font déjà partie, il y a savoir lire, écrire, compter. Et on ne peut pas dire que le système éducatif français soit au top dans ce domaine. Or, pisa et cie font le lien entre salaires des enseignants et performances des élèves. Pourquoi le MEN, aka Bercy, est-il à ce point aveugle sur l'aspect complètement contre productif à maintenir les enseignants français dans ce niveau de rémunération de catégorie b au mieux ?Lefteris a écrit:Ils le savent , étant nourris des théories de l'OCDE qui irriguent l'UE. L'école à la française doit disparaître, au profit d'une école d'inspiration anglo-saxonne, tournée vers le marché, l'employabilité". Or, dans ce système, on n'aura besoin que de 20 % de gens très bien formés, et les savoirs n'ont plus leur place en tant que tels, notamment les savoirs abstraits, la culture (voir le massacre du LP) . Il faut pour les 80% restants des "compétences". C'est tout l'objet de la table ronde des entrepreneurs de 2001, dont le dogme principal est que l'école est un service "dans l'intérêt de l'entreprise". C'est le projet affiché ouvertement par un de nos anciens commissaires européens, Pascal Lamy. Dans le même temps, il faut faire des économies d'échelle, à cause de la dette : tout concorde parfaitement. Donc tout se tient : démolition des disciplines, liée à la démolition du statut des enseignants, désengagement maximal de l'Etat et transfert au régions (les personnels administratifs et techniques, et aussi encore une fois le sort du LP illustrent cette orientation), dévaluation des diplômes, qui sont un frein à la déréglementation (conventions collectives, statuts...)Citoyen a écrit:La casse du système éducatif ne me semble pas être un projet de société voulu, ou alors le cynisme de ceux qui nous dirigent dépasse tout ce qu'on peut imaginer.
Je crois plutôt qu'ils ont adhéré à une idéologie "managériale" et qu'ils pensent que ce sera aussi la solution pour améliorer le système éducatif, pour lui donner de l'efficience (c'est à dire plus d'efficacité au moindre coût). Mais comme ils n'ont aucune connaissance du terrain, qu'ils sont "déconnectés", comme diraient certains, ils n'ont pas analysé ce qui pourrait marcher ou pas. Ils n'ont pas compris que la matière "humaine" n'est pas une production industrielle. Et de plus, ils connaissent mal leurs théories, ils ne savent pas en mesurer les résultats, et s'ils ne sont pas là, les biaisent en truquant les règles du jeu (baisse du niveau des examens, élévation artificielle des notes...).
Il va donc falloir revenir sur terre.
- CitoyenNiveau 7
HORA a écrit:Encore une fois, c'est limpide... Mais, au risque de faire dévier le fil, comment expliquer qu'aussi cyniques qu'ils soient, les dirigeants sont tellement nuls ? Dans les compétences des 80 % d'hilotes, dont d'ailleurs les enseignants font déjà partie, il y a savoir lire, écrire, compter. Et on ne peut pas dire que le système éducatif français soit au top dans ce domaine. Or, pisa et cie font le lien entre salaires des enseignants et performances des élèves. Pourquoi le MEN, aka Bercy, est-il à ce point aveugle sur l'aspect complètement contre productif à maintenir les enseignants français dans ce niveau de rémunération de catégorie b au mieux ?Lefteris a écrit:Ils le savent , étant nourris des théories de l'OCDE qui irriguent l'UE. L'école à la française doit disparaître, au profit d'une école d'inspiration anglo-saxonne, tournée vers le marché, l'employabilité". Or, dans ce système, on n'aura besoin que de 20 % de gens très bien formés, et les savoirs n'ont plus leur place en tant que tels, notamment les savoirs abstraits, la culture (voir le massacre du LP) . Il faut pour les 80% restants des "compétences". C'est tout l'objet de la table ronde des entrepreneurs de 2001, dont le dogme principal est que l'école est un service "dans l'intérêt de l'entreprise". C'est le projet affiché ouvertement par un de nos anciens commissaires européens, Pascal Lamy. Dans le même temps, il faut faire des économies d'échelle, à cause de la dette : tout concorde parfaitement. Donc tout se tient : démolition des disciplines, liée à la démolition du statut des enseignants, désengagement maximal de l'Etat et transfert au régions (les personnels administratifs et techniques, et aussi encore une fois le sort du LP illustrent cette orientation), dévaluation des diplômes, qui sont un frein à la déréglementation (conventions collectives, statuts...)Citoyen a écrit:La casse du système éducatif ne me semble pas être un projet de société voulu, ou alors le cynisme de ceux qui nous dirigent dépasse tout ce qu'on peut imaginer.
Je crois plutôt qu'ils ont adhéré à une idéologie "managériale" et qu'ils pensent que ce sera aussi la solution pour améliorer le système éducatif, pour lui donner de l'efficience (c'est à dire plus d'efficacité au moindre coût). Mais comme ils n'ont aucune connaissance du terrain, qu'ils sont "déconnectés", comme diraient certains, ils n'ont pas analysé ce qui pourrait marcher ou pas. Ils n'ont pas compris que la matière "humaine" n'est pas une production industrielle. Et de plus, ils connaissent mal leurs théories, ils ne savent pas en mesurer les résultats, et s'ils ne sont pas là, les biaisent en truquant les règles du jeu (baisse du niveau des examens, élévation artificielle des notes...).
Il va donc falloir revenir sur terre.
C'est curieux, parce qu'au classement PISA 2018 le Royaume Uni est classé 14° avec 504 points, et la France est classée 23° avec 493 points. Certes l'écart n'est pas énorme, mais je me permets de douter que notre modèle soit "anglo-saxon". Pour moi il n'y a pas vraiment de modèle et nos dirigeants croient qu'ils vont vers un modèle, mais en fait ne savent pas où ils vont, d'où ce recul au PISA.
- pseudo-intelloSage
Mon copain qui enseigne en Écosse m'a dit qu'il y a quelques années, l’Écosse avait mis le paquet sur l'enseignement. Je n'y connais pas grand chose, mais peut-être que le Royaum-Uni connaît une disparité dans ses différents composantes ?
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- LefterisEsprit sacré
Je ne parle pas des méthodes d'enseignement, des statuts, certainement très différents mais de l'idéologie qui préside aux finalités de l'école : "un service rendu à l'entreprise". Le système français, du moins l'enseignement général, visait surtout à former le citoyen, l'esprit critique, sans visées "pratiques", du moins immédiates. Désormais, la tendance qu'on veut lui imposer - comme dans toute l'Europe -est de plus en plus "pratique"très tôt (mot qui revient dans les réformes). Pas un hasard si les matières "inutiles" souffrent tant.Citoyen a écrit:
C'est curieux, parce qu'au classement PISA 2018 le Royaume Uni est classé 14° avec 504 points, et la France est classée 23° avec 493 points. Certes l'écart n'est pas énorme, mais je me permets de douter que notre modèle soit "anglo-saxon". Pour moi il n'y a pas vraiment de modèle et nos dirigeants croient qu'ils vont vers un modèle, mais en fait ne savent pas où ils vont, d'où ce recul au PISA.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- pseudo-intelloSage
Lefteris a écrit:Je ne parle pas des méthodes d'enseignement, des statuts, certainement très différents mais de l'idéologie qui préside aux finalités de l'école : "un service rendu à l'entreprise". Le système français, du moins l'enseignement général, visait surtout à former le citoyen, l'esprit critique, sans visées "pratiques", du moins immédiates. Désormais, la tendance qu'on veut lui imposer - comme dans toute l'Europe -est de plus en plus "pratique"très tôt (mot qui revient dans les réformes). Pas un hasard si les matières "inutiles" souffrent tant.Citoyen a écrit:
C'est curieux, parce qu'au classement PISA 2018 le Royaume Uni est classé 14° avec 504 points, et la France est classée 23° avec 493 points. Certes l'écart n'est pas énorme, mais je me permets de douter que notre modèle soit "anglo-saxon". Pour moi il n'y a pas vraiment de modèle et nos dirigeants croient qu'ils vont vers un modèle, mais en fait ne savent pas où ils vont, d'où ce recul au PISA.
Voilà.
Avec en outre le paradoxe qu'un citoyen formé sans visé "pratique" immédiate de "service rendu aux entreprises" n'était in fine vraiment pas moins efficace au boulot.
L'EN, ou l'art de perdre sur tous les tableaux.
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- CitoyenNiveau 7
pseudo-intello a écrit:Lefteris a écrit:Je ne parle pas des méthodes d'enseignement, des statuts, certainement très différents mais de l'idéologie qui préside aux finalités de l'école : "un service rendu à l'entreprise". Le système français, du moins l'enseignement général, visait surtout à former le citoyen, l'esprit critique, sans visées "pratiques", du moins immédiates. Désormais, la tendance qu'on veut lui imposer - comme dans toute l'Europe -est de plus en plus "pratique"très tôt (mot qui revient dans les réformes). Pas un hasard si les matières "inutiles" souffrent tant.Citoyen a écrit:
C'est curieux, parce qu'au classement PISA 2018 le Royaume Uni est classé 14° avec 504 points, et la France est classée 23° avec 493 points. Certes l'écart n'est pas énorme, mais je me permets de douter que notre modèle soit "anglo-saxon". Pour moi il n'y a pas vraiment de modèle et nos dirigeants croient qu'ils vont vers un modèle, mais en fait ne savent pas où ils vont, d'où ce recul au PISA.
Voilà.
Avec en outre le paradoxe qu'un citoyen formé sans visé "traptique" immédiate de "service rendu aux entreprises" n'était in fine vraiment pas moins efficace au boulot.
L'EN, ou l'art de perdre sur tous les tableaux.
Je crois qu'il faut faire la différence entre l'enseignement général (que ce soit en collège, en Lycée et en LEP) qui doit garder sa dimension de développer l'esprit critique, la réflexion, les connaissances et la culture, et l'enseignement professionnel (en LEP, voire aussi en technologique) qui doit préparer à un métier, ou à un ensemble d'activités professionnelles, dans le contexte des entreprises en rapport avec la spécialité. Mais là aussi, développer la réflexion est importante pour avoir de bons professionnels.
Il me semble que ce soit dans l'enseignement général, ou dans l'enseignement professionnel, s'il y a une idéologie d'orientation libérale et vers l'entreprise, les résultats n'y sont pas, même pour les entreprises...et dans le même temps on sacrifie la qualité de l'enseignement général.
Je reviens donc à l'idée qu'ils ne savent pas bien où ils vont, et que surtout, ils ne savent pas comment y aller. La méconnaissance du terrain y est pour beaucoup.
- HébertismeNiveau 2
Jean789 a écrit:CarmenLR a écrit:Jean789 a écrit:Est-ce vraiment si difficile que ça ? Même dans le cas d'un prof d'anglais? Le problème que j'ai avec la traduction, c'est que mon niveau en Espagnol (ma deuxième langue vivante) n'est pas suffisant pour poursuivre des études dans la plupart des masters.
Attention aux salaires et à l'avenir en traduction...
Et attention aussi à l'option qui consisterait à commencer par l'enseignement de l'anglais en se disant qu'on fera autre chose ensuite.
Personne ne t'attend sur le fameux marché de l'emploi après quelques années de collège et de lycée...
J'ai de l'expérience en traduction freelance (ça a duré un an) et je sais pertinemment bien que c'est un métier où l'insertion professionnelle est difficile et le salaire débutant abyssal, car on doit s'aligner sur les taux au mot les plus bas. C'est pas pour rien que je compte reprendre mes études, après cette expérience infructueuse, afin de faire le master MEEF et devenir prof. Il n'y a aucune sécurité de l'emploi, les jobs en agence sont très compétitifs, ma paire est ultra concurrentielle...
Si je m'oriente, c'est soit vers l'un ou vers l'autre, et pour de bon. Quand on s'engage dans l'éducation nationale, on peut pas faire grand chose à part des cours particuliers, et encore, on a manifestement plus trop le temps d'en faire. Mais je suis quand même surpris par le nombre d'avis négatifs sur le métier, parce que je m'attendais à quelque chose de plutôt positif. Là à part quelques avis qui nuancent ça a l'air infernal. Au fait, je suis reconnu travailleur handicapé, donc j'ai une bonification de 1000 points sur le barême qui devrait me permettre d'éviter les REP/REP+ et de choisir plus ou moins l'établissement dans lequel je souhaite enseigner.
Je suis contractuel d'anglais pour des 6ème depuis deux mois. Ce n'était clairement pas mon objectif de carrière, je suis fraîchement diplômé d'une école d'ingénieur. Seulement ce poste est à côté de chez moi et j'ai voulu tenter l'expérience. C'est un collège rural, le niveau est faible mais globalement les élèves sont corrects et j'arrive à tenir mes classes.
Je ne vais pas écrire un roman, mais te donner un conseil : Enseigne-leur l'anglais, vraiment. De la grammaire à fond, en structurant clairement tes leçons. Je distribue tous mes cours et ne leur fais écrire sur cahier que les exercices. Zéro ludique. Zéro image. Que de la langue, du thème, de la version. L'image et le son, c'est moi en cours. J'essaie de rendre les choses vivantes et je joue vraiment l'heure de cours comme si j'étais un acteur de théâtre, en bougeant beaucoup, en parlant fort, en les surprenant. La plupart ne seront jamais captivés, mais il est possible de les rendre attentifs.
Les progrès sont très impressionnants et des parents me remercient spontanément. À défaut d'avoir un salaire et de la reconnaissance sociale, tu peux avoir la certitude que tu es utile.
- Lisak40Expert spécialisé
@Hebertisme Bon déjà pourquoi mettre "Anglais, Maths, Français" ? A ce que je sache tu n'enseignes pas ces trois matières non ? Mais bref, tu vas dire que je pinaille. Bon par contre, ton message me laisse un peu comme ça : , en mode "le mec est contractuel depuis deux mois, mais lui il sait, et il enseigne l'anglais, le vrai, pas comme tous ses collègues et les autres profs de France qui eux ont l'idée saugrenue de respecter les programmes leur enseigner la pâte à sel pendant leurs heures de cours. Ne le prends pas mal mais je trouve ton message assez déplacé : je ne pense pas qu'après deux mois de travail comme contractuel tu sois à même de dire aux autres comment et quoi enseigner. Alors bon tu n'as pas tort non plus évidemment : oui il faut de la grammaire, oui il faut du vocabulaire, oui il faut du par coeur (je sais pas si tu en fais), oui il faut des exercices bêtes et méchants afin de mettre tout ce la en application, mais enseigner l'anglais ce n'est pas (que) ça ! L'anglais est ne l'oublie pas une langue vivante, c'est à dire qui "vit", que l'on peut entendre / lire tous les jours, et l'idée c'est aussi d'enseigner ces compétences-là aux élèves : être capable de comprendre le monde qui les entoure ; et ce monde qui les entoure utilise la communication audio-visuelle. Même "au bon vieux temps" les cours de langue ne consistaient pas seulement en recopier des règles de grammaire sur le cahier (ou plutôt de lire les photocopies dans ton cas) et de faire les exercices sur la cahier : on décrivait déjà des images, on lisait des textes, on écoutait des chansons, on regardait des films, etc. Si tu ne fais que de la grammaire / du vocabulaire / des exercices, tu vas les perdre, et je ne suis pas sûre qu'avoir l'aval des parents veuille dire grand chose en fait. Attention, hein, je ne dis pas que la grammaire c'est le mal, au contraire, mais simplement ce n'est pas comme ça qu'on enseigne une langue, sinon, autant refiler des livres aux élèves (avec les points de grammaire, le vocabulaire, les exercices et leurs correction) et leur dire de se débrouiller tout seuls, ce qui reviendrait à dire que le prof ne sert à rien et n'est bien qu'un garde-chiourme (là je pense que tu vois où je veux en venir). Quand je fais regarder à mes élèves une vidéo voire même un film, ce n'est pas pour faire un cours "fun" ni même avoir l'air du prof "cool", mais c'est parce que je le répète la compréhension du message audio-visuel est également essentielle. Enfin, d'après ce que tu me décris, tu sembles oublier aussi complètement l'aspect culturel de la langue (mais je peux me tromper) : encore une fois, quand on enseigne une langue, on enseigne aussi sa "culture" pas seulement sa grammaire !
Autre chose : tu dis que tu ne leur fais pas écrire le cours du tout ; très mauvaise idée il me semble, car l'apprentissage passe aussi et surtout par l'écrit, et étant en lycée, j'en vois plein des élèves qui n'ont jamais écrit ni appris un seul cours, qui ont juste "fait des exercices" en collège, ben le résultat est catastrophique (aucun vocabulaire, aucune notion de grammaire ou plutôt plusieurs mais complètement mélangées, sorties de leur contexte, etc.). Je ne dis pas qu'un prof doit céder aux sirènes ambiantes du pédagogisme forcé qui veut qu'un cours ne soit qu'activités, du fun et aucun travail, bien loin de moi cette idée, mais un cours doit être comme sa langue, vivant (ce qui ne veut absolument pas dire que dans mon cours les élèves ne font que des jeux ou des coloriages). Ne pas céder aux délires pédagogico-socio-chais pas quoi de certains fous qui croient qu'une langue ça s'apprend tout seul, en dormant ou en collant des gommettes, certes mais ne pas faire dans le trop austère non plus c'est bien aussi !
Edit : coquilles et rajout.
Autre chose : tu dis que tu ne leur fais pas écrire le cours du tout ; très mauvaise idée il me semble, car l'apprentissage passe aussi et surtout par l'écrit, et étant en lycée, j'en vois plein des élèves qui n'ont jamais écrit ni appris un seul cours, qui ont juste "fait des exercices" en collège, ben le résultat est catastrophique (aucun vocabulaire, aucune notion de grammaire ou plutôt plusieurs mais complètement mélangées, sorties de leur contexte, etc.). Je ne dis pas qu'un prof doit céder aux sirènes ambiantes du pédagogisme forcé qui veut qu'un cours ne soit qu'activités, du fun et aucun travail, bien loin de moi cette idée, mais un cours doit être comme sa langue, vivant (ce qui ne veut absolument pas dire que dans mon cours les élèves ne font que des jeux ou des coloriages). Ne pas céder aux délires pédagogico-socio-chais pas quoi de certains fous qui croient qu'une langue ça s'apprend tout seul, en dormant ou en collant des gommettes, certes mais ne pas faire dans le trop austère non plus c'est bien aussi !
Edit : coquilles et rajout.
- HébertismeNiveau 2
Lisak40 a écrit:@Hebertisme Bon déjà pourquoi mettre "Anglais, Maths, Français" ? A ce que je sache tu n'enseignes pas ces trois matières non ? Mais bref, tu vas dire que je pinaille. Bon par contre, ton message me laisse un peu comme ça : , en mode "le mec est contractuel depuis deux mois, mais lui il sait, et il enseigne l'anglais, le vrai, pas comme tous ses collègues et les autres profs de France qui eux ont l'idée saugrenue derespecter les programmesleur enseigner la pâte à sel pendant leurs heures de cours. Ne le prends pas mal mais je trouve ton message assez déplacé : je ne pense pas qu'après deux mois de travail comme contractuel tu sois à même de dire aux autres comment et quoi enseigner. Alors bon tu n'as pas tort non plus évidemment : oui il faut de la grammaire, oui il faut du vocabulaire, oui il faut du par coeur (je sais pas si tu en fais), oui il faut des exercices bêtes et méchants afin de mettre tout ce la en application, mais enseigner l'anglais ce n'est pas (que) ça ! L'anglais est ne l'oublie pas une langue vivante, c'est à dire qui "vit", que l'on peut entendre / lire tous les jours, et l'idée c'est aussi ces compétences-là aux élèves : être capable de comprendre le monde qui les entoure, et ce monde qui les entoure utilise la communication audio-visuelle. Même "au bon vieux temps" les cours de langue ne consistaient pas seulement en recopier des règles de grammaire sur le cahier (ou plutôt de lire les photocopies dans ton cas) et de faire les exercices sur la cahier : on décrivait déjà des images, on lisait des textes, on écoutait des chansons, on regardait des films, etc. Si tu ne fais que de la grammaire / du vocabulaire / des exercices, tu vas les perdre, et je ne suis pas sûre qu'avoir l'aval des parents veuille diregrand chose en fait. Attention, hein, je ne dis pas que la grammaire c'est le mal, au contraire, mais simplement ce n'est pas comme ça qu'on enseigne une langue, sinon, autant refiler des livres aux élèves (avec les points de grammaire, le vocabulaire, les exercices et leurs correction) et leur dire de se débrouiller tout seuls, ce qui reviendrait à dire que le prof ne sert à rien et n'est bien qu'un garde-chiourme (là je pense que tu vois où je veux en venir). Quand je fais regarder à mes élèves une vidéo voir même un film, ce n'est pas pour faire un cours "fun" ni même avoir l'air du prof "cool", mais c'est parce que je le répète la compréhension du message audio-visuel est également essentielle. Enfin, d'après ce que tu me décris, tu sembles oublier aussi complètement l'aspect culturel de la langue (mais je peux me tromper) : encore une fois, quand on enseigne une langue, on enseigne aussi sa "culture" pas seulement sa grammaire !
Autre chose : tu dis que tu ne leur fais pas écrire le cours du tout ; très mauvais idée il me semble, car l'apprentissage passe aussi et surtout par l'écrit, et étant en lycée, j'en vois plein des élèves qui n'ont jamais écrit ni appris un seul cours, qui ont juste "fait des exercices" en collège, ben le résultat est catastrophique (aucun vocabulaire, aucune notion de grammaire ou plutôt plusieurs mais complètement mélangées sorties de leur contexte, etc.). Je ne dis pas qu'un prof doit céder aux sirènes ambiantes du pédagogisme forcé qui veut qu'un cours ne soit qu'activités et du fun et aucun travail, bien loin de moi cette idée, mais un cours doit être comme sa langue, vivante (ce qui ne veut absolument pas dire que dans mon cours les élèves ne font que des jeux, ou des coloriages).
Merci pour ta réponse détaillée, effectivement je débute donc tout conseil est bon à prendre.
J'ai appris les bases de l'anglais sur un Bled anglais pour 6ème qui comporte quasi-exclusivement des points de grammaire, ensuite j'ai perfectionné mon vocabulaire et ma compréhension orale avec les livres et les films. En cinquième je me baladais totalement et résultat j'enseigne l'anglais après avoir fait une école d'ingénieur.
Seulement là on parle de 6èmes. Ils ne savent RIEN. Je ne vais pas leur faire décrire une image, écouter un enregistrement ou regarder un film alors qu'ils ne sauraient pas reconnaître sujet-verbe-complément dans une phrase. D'où ma focalisation intense sur la grammaire (je fais aussi de la culture et de l'oral en AP). Ensuite effectivement ils seront mis face à des supports différents. Mais faire cela avant qu'ils aient les fondations grammaticales de la langue, je pense que ça ne mène à rien, et d'ailleurs on le voit. Les élèves français ont un niveau pitoyable en anglais.
Je ne vais même pas parler des programmes, le peu que j'en ai lu m'a donné le tournis. Le manuel d'anglais "officiel" est un livre d'images sans aucune structure ou l'élève apprend des bribes de phrases par coeur pour décrire ce qu'il aime ou la vie quotidienne de Shaun l'écossais. Bullshit.
Sur l'utilité du prof, effectivement, pour certains je pourrais me contenter de leur filer les feuilles et de les laisser apprendre tous seuls. Ça marcherait pour peut être 5% des élèves. Pour les autres, je suis là pour expliquer, donner des exemples, répondre aux questions, etc. Je suis très actif en cours.
Je ne fais pas de par coeur pour l'instant, j'ignore si c'est réellement utile. Ma stratégie est plutôt de leur faire appliquer plein de fois une règle (conjuguaison de be, formation du présent simple, place des adjectifs..) afin qu'ils l'assimilent. Pour le vocabulaire, je fais des registres de mots que je veux qu'ils connaissent, et je les répartis dans les exercices en comptant les occurrences.
Enfin, à propos de la copie du cours, je m'interroge. J'ai pris le parti de tout donner après avoir remarqué que l'élève que j'avais en cours particulier recopiait des bêtises sur son cahier. Je veux éviter ça. En plus, je gagne du temps. Je vais tout de même faire attention à ce qu'ils assimilent bien le cours, ta remarque n'est pas tombée dans les yeux d'un aveugle.
- A TuinVénérable
Ah mais là je vais te dire, l'anglais en primaire est une vaste farce.
Ces vacances j'ai voulu regarder un peu avec mon fils de CE2, son cahier d'anglais qui le suit depuis l'an dernier.
En gros pendant les heures d'anglais leur enseignante dédiée leur raconte plein de trucs de civilisation, leur distribue des photocopies avec par exemple le vocabulaire de la maison, ou le vocabulaire des insectes. Après pendant l'heure ils jouent avec le vocabulaire pour le replacer ou deviner ce que signifie tel mot, et à la fin il n'y a jamais de révisions à faire ensuite à la maison pour fixer le vocabulaire. Il y avait même des fiches non faites dans le cahier, que nous avons regardées. Le cahier reste souvent à l'école, et quand il est dans le sac il n'y a pas d'instructions sur ce qu'il faut faire.
J4ai donc eu le ravissement d'apprendre que Mistletoe c'était du gui, que Sleigh c'était le traineau, que stocking c'était la chaussette où on met les bonbons de Noël ou que Pumpkin c'était la citrouille et daffofil c'était les jonquilles (j'ai repris son cahier pour citer, parce que durant toutes mes études de collège, lycée et fac de lettres je n'ai jamais abordé ni appris ces mots d'anglais).
Comme je lui ai dit, ben dis donc si la maîtresse vous les donnait à apprendre régulièrement et s'en reservait ensuite, tu serais un grand savant !
Alors après vous me direz, il sait me raconter tous les détails de Thanksgiving et les pères pèlerins, alors que mes Bac Pro n'y mouftent rien et qu'il faut tout leur mâcher. Il y a quand même des choses qui rentrent. Mais bon.
Donc pour dire si c'est partout sur ce modèle, en gros ils sont farcis de choses qui ne servent pas ensuite, et c'est normal qu'en arrivant en 6e et bien ils ne connaissent rien en grammaire. Par contre ce qui est gênant c'est qu'ils arrivent surement aussi avec des lacunes importants en français, qu'ils auraient eu intérêt à aborder davantage en primaire que de l'anglais cosmétique.
Ces vacances j'ai voulu regarder un peu avec mon fils de CE2, son cahier d'anglais qui le suit depuis l'an dernier.
En gros pendant les heures d'anglais leur enseignante dédiée leur raconte plein de trucs de civilisation, leur distribue des photocopies avec par exemple le vocabulaire de la maison, ou le vocabulaire des insectes. Après pendant l'heure ils jouent avec le vocabulaire pour le replacer ou deviner ce que signifie tel mot, et à la fin il n'y a jamais de révisions à faire ensuite à la maison pour fixer le vocabulaire. Il y avait même des fiches non faites dans le cahier, que nous avons regardées. Le cahier reste souvent à l'école, et quand il est dans le sac il n'y a pas d'instructions sur ce qu'il faut faire.
J4ai donc eu le ravissement d'apprendre que Mistletoe c'était du gui, que Sleigh c'était le traineau, que stocking c'était la chaussette où on met les bonbons de Noël ou que Pumpkin c'était la citrouille et daffofil c'était les jonquilles (j'ai repris son cahier pour citer, parce que durant toutes mes études de collège, lycée et fac de lettres je n'ai jamais abordé ni appris ces mots d'anglais).
Comme je lui ai dit, ben dis donc si la maîtresse vous les donnait à apprendre régulièrement et s'en reservait ensuite, tu serais un grand savant !
Alors après vous me direz, il sait me raconter tous les détails de Thanksgiving et les pères pèlerins, alors que mes Bac Pro n'y mouftent rien et qu'il faut tout leur mâcher. Il y a quand même des choses qui rentrent. Mais bon.
Donc pour dire si c'est partout sur ce modèle, en gros ils sont farcis de choses qui ne servent pas ensuite, et c'est normal qu'en arrivant en 6e et bien ils ne connaissent rien en grammaire. Par contre ce qui est gênant c'est qu'ils arrivent surement aussi avec des lacunes importants en français, qu'ils auraient eu intérêt à aborder davantage en primaire que de l'anglais cosmétique.
- LeclochardEmpereur
HORA a écrit:Encore une fois, c'est limpide... Mais, au risque de faire dévier le fil, comment expliquer qu'aussi cyniques qu'ils soient, les dirigeants sont tellement nuls ? Dans les compétences des 80 % d'hilotes, dont d'ailleurs les enseignants font déjà partie, il y a savoir lire, écrire, compter. Et on ne peut pas dire que le système éducatif français soit au top dans ce domaine. Or, pisa et cie font le lien entre salaires des enseignants et performances des élèves. Pourquoi le MEN, aka Bercy, est-il à ce point aveugle sur l'aspect complètement contre productif à maintenir les enseignants français dans ce niveau de rémunération de catégorie b au mieux ?Lefteris a écrit:Ils le savent , étant nourris des théories de l'OCDE qui irriguent l'UE. L'école à la française doit disparaître, au profit d'une école d'inspiration anglo-saxonne, tournée vers le marché, l'employabilité". Or, dans ce système, on n'aura besoin que de 20 % de gens très bien formés, et les savoirs n'ont plus leur place en tant que tels, notamment les savoirs abstraits, la culture (voir le massacre du LP) . Il faut pour les 80% restants des "compétences". C'est tout l'objet de la table ronde des entrepreneurs de 2001, dont le dogme principal est que l'école est un service "dans l'intérêt de l'entreprise". C'est le projet affiché ouvertement par un de nos anciens commissaires européens, Pascal Lamy. Dans le même temps, il faut faire des économies d'échelle, à cause de la dette : tout concorde parfaitement. Donc tout se tient : démolition des disciplines, liée à la démolition du statut des enseignants, désengagement maximal de l'Etat et transfert au régions (les personnels administratifs et techniques, et aussi encore une fois le sort du LP illustrent cette orientation), dévaluation des diplômes, qui sont un frein à la déréglementation (conventions collectives, statuts...)Citoyen a écrit:La casse du système éducatif ne me semble pas être un projet de société voulu, ou alors le cynisme de ceux qui nous dirigent dépasse tout ce qu'on peut imaginer.
Je crois plutôt qu'ils ont adhéré à une idéologie "managériale" et qu'ils pensent que ce sera aussi la solution pour améliorer le système éducatif, pour lui donner de l'efficience (c'est à dire plus d'efficacité au moindre coût). Mais comme ils n'ont aucune connaissance du terrain, qu'ils sont "déconnectés", comme diraient certains, ils n'ont pas analysé ce qui pourrait marcher ou pas. Ils n'ont pas compris que la matière "humaine" n'est pas une production industrielle. Et de plus, ils connaissent mal leurs théories, ils ne savent pas en mesurer les résultats, et s'ils ne sont pas là, les biaisent en truquant les règles du jeu (baisse du niveau des examens, élévation artificielle des notes...).
Il va donc falloir revenir sur terre.
Je crois que pour les dirigeants, les fonctionnaires de Bercy, les enseignants sont des coûts. Dans cette logique, il faut minimiser au maximum (si je puis dire) les salaires. Les résultats, ils s’en f... car les filières prestigieuses sont préservées. ils sont accompagnés, aidés, soutenus dans leur projet par les gugus qui prétendent qu’on peut faire mieux avec moins de temps d’enseignement grâce aux nouvelles méthodes et aux matériels informatiques (tablettes, cours numériques etc..). La même logique est à l’œuvre ailleurs à n’en pas douter (hôpital, justice..)
En 6eme, j’enseigne 3,5 heures en classe entière. Sérieusement qui peut me soutenir qu’avec un horaire aussi faible je peux permettre aux élèves de progresser ? c’est presque deux fois moins qu’au début des années 2000 et trois moins que dans les années 70.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- CitoyenNiveau 7
Leclochard a écrit:HORA a écrit:Encore une fois, c'est limpide... Mais, au risque de faire dévier le fil, comment expliquer qu'aussi cyniques qu'ils soient, les dirigeants sont tellement nuls ? Dans les compétences des 80 % d'hilotes, dont d'ailleurs les enseignants font déjà partie, il y a savoir lire, écrire, compter. Et on ne peut pas dire que le système éducatif français soit au top dans ce domaine. Or, pisa et cie font le lien entre salaires des enseignants et performances des élèves. Pourquoi le MEN, aka Bercy, est-il à ce point aveugle sur l'aspect complètement contre productif à maintenir les enseignants français dans ce niveau de rémunération de catégorie b au mieux ?Lefteris a écrit:Ils le savent , étant nourris des théories de l'OCDE qui irriguent l'UE. L'école à la française doit disparaître, au profit d'une école d'inspiration anglo-saxonne, tournée vers le marché, l'employabilité". Or, dans ce système, on n'aura besoin que de 20 % de gens très bien formés, et les savoirs n'ont plus leur place en tant que tels, notamment les savoirs abstraits, la culture (voir le massacre du LP) . Il faut pour les 80% restants des "compétences". C'est tout l'objet de la table ronde des entrepreneurs de 2001, dont le dogme principal est que l'école est un service "dans l'intérêt de l'entreprise". C'est le projet affiché ouvertement par un de nos anciens commissaires européens, Pascal Lamy. Dans le même temps, il faut faire des économies d'échelle, à cause de la dette : tout concorde parfaitement. Donc tout se tient : démolition des disciplines, liée à la démolition du statut des enseignants, désengagement maximal de l'Etat et transfert au régions (les personnels administratifs et techniques, et aussi encore une fois le sort du LP illustrent cette orientation), dévaluation des diplômes, qui sont un frein à la déréglementation (conventions collectives, statuts...)Citoyen a écrit:La casse du système éducatif ne me semble pas être un projet de société voulu, ou alors le cynisme de ceux qui nous dirigent dépasse tout ce qu'on peut imaginer.
Je crois plutôt qu'ils ont adhéré à une idéologie "managériale" et qu'ils pensent que ce sera aussi la solution pour améliorer le système éducatif, pour lui donner de l'efficience (c'est à dire plus d'efficacité au moindre coût). Mais comme ils n'ont aucune connaissance du terrain, qu'ils sont "déconnectés", comme diraient certains, ils n'ont pas analysé ce qui pourrait marcher ou pas. Ils n'ont pas compris que la matière "humaine" n'est pas une production industrielle. Et de plus, ils connaissent mal leurs théories, ils ne savent pas en mesurer les résultats, et s'ils ne sont pas là, les biaisent en truquant les règles du jeu (baisse du niveau des examens, élévation artificielle des notes...).
Il va donc falloir revenir sur terre.
Je crois que pour les dirigeants, les fonctionnaires de Bercy, les enseignants sont des coûts. Dans cette logique, il faut minimiser au maximum (si je puis dire) les salaires. Les résultats, ils s’en f... car les filières prestigieuses sont préservées. ils sont accompagnés, aidés, soutenus dans leur projet par les gugus qui prétendent qu’on peut faire mieux avec moins de temps d’enseignement grâce aux nouvelles méthodes et aux matériels informatiques (tablettes, cours numériques etc..). La même logique est à l’œuvre ailleurs à n’en pas douter (hôpital, justice..)
En 6eme, j’enseigne 3,5 heures en classe entière. Sérieusement qui peut me soutenir qu’avec un horaire aussi faible je peux permettre aux élèves de progresser ? c’est presque deux fois moins qu’au début des années 2000 et trois moins que dans les années 70.
Cette approche de gestionnaire indépendante de l'efficacité et des résultats ne peut être raisonnablement encouragée indéfiniment. Le raisonnement selon lequel seule l'élite doit avoir accès à une bonne éducation est un aberration, y compris dans une optique d'économie libérale. En effet, 10 millions de chômeurs, des millions de délinquants, des millions d'extrémistes de tout poil,...ne sont pas favorables à l'émergence d'une économie forte, mais plutôt à la régression. Or, pour sortir de ce schéma, il faut un niveau d'éducation élevé pour tout le monde, que ce soit dans les domaines d'enseignement général, de la culture ou dans la préparation à la vie professionnelle.
Donc ces gestionnaires sont devenus autistes et incompétents.
Certaines entreprises, plus éclairées, s'en sont rendues compte avant l'Etat et les responsables de la fonction publique. C'est quand même un comble!
Je ne dis pas non plus qu'il faut dépenser à tout va : il faut dépenser plus là où c'est nécessaire dans l'enseignement (c'est à dire miser sur la "cheville ouvrière") et moins miser sur la bureaucratie, qui ne sert qu'a s'auto-conserver, ou même à s'auto-développer.
- Pourquoi 3,14159Érudit
Leclochard a écrit:
En 6eme, j’enseigne 3,5 heures en classe entière. Sérieusement qui peut me soutenir qu’avec un horaire aussi faible je peux permettre aux élèves de progresser ? c’est presque deux fois moins qu’au début des années 2000 et trois moins que dans les années 70.
Oh que je suis d'accord !
J'enseigne les réseaux informatiques en professionnel. En 1993 j'étais 16H face aux élèves à l'époque du Minitel. Aujourd'hui je suis 12H45 face aux élèves... à l'époque du tous connectés !!!!
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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
- CathEnchanteur
3h de français en Tle Bac pro "avant", 1h aujourd'hui.
- JacqGuide spirituel
Pourquoi 3,14159 a écrit:Leclochard a écrit:
En 6eme, j’enseigne 3,5 heures en classe entière. Sérieusement qui peut me soutenir qu’avec un horaire aussi faible je peux permettre aux élèves de progresser ? c’est presque deux fois moins qu’au début des années 2000 et trois moins que dans les années 70.
Oh que je suis d'accord !
J'enseigne les réseaux informatiques en professionnel. En 1993 j'étais 16H face aux élèves à l'époque du Minitel. Aujourd'hui je suis 12H45 face aux élèves... à l'époque du tous connectés !!!!
@Leclochard : mais le ministre te le dit, mais tu ne l'écoutes pas, ou tu le comprends mal (c'est ta faute donc) : il faut privilégier le lire-écrire-compter. Donc oui, lui peut te le dire ainsi que la hiérarchie du ministère.
Et puis 3.5h c'est bien... mes CAP qui ont été tant choyés en heures de français au collège sont maintenant à 45 mn par semaine grâce à monsieur Blanquer et ses séides.
Citoyen a écrit: [...]
Je ne dis pas non plus qu'il faut dépenser à tout va : il faut dépenser plus là où c'est nécessaire dans l'enseignement (c'est à dire miser sur la "cheville ouvrière") et moins miser sur la bureaucratie, qui ne sert qu'a s'auto-conserver, ou même à s'auto-développer.
Donc il faut mettre des heures en Education Morale et Civique (Blanquer l'a d'ailleurs promis : plus d'heures d'EMC, qu'il va prendre où ????? en lettres ou français ?), heures grâce auxquelles on ne tire pas sur les flics à coups de mortiers, on ne brûle plus les écoles primaires, on ne crame pas les voitures de son voisin.... L'EMC c'est essentiel !
Et le Grand Oral de 5 minutes (pas plus long qu'un oral de C.A.P, je tiens à le rappeler) ça c'est de l'ambition, qui en plus mobilise l'EPS et le théâtre puisque le candidat est debout (sic notre ministre) c'est essentiel aussi.
Et en LP le chef-d’œuvre en bac pro et en C.A.P, la co-animation, l'apprentissage de la rédaction d'un CV en terminale professionnelle alors qu'ils le font depuis deux voire 3 si c'est traité en 3PP. Tout cela c'est essentiel.
Je ne peux discuter des horaires au collège avec précision mais pour rebondir sur les propos de Citoyen je vais reprendre l'exemple des élèves de C.A.P.
Français-histoire-géographie 1.5h semaine (prof) et 0.5h EMC (prof) : 2h +1h d'Accompagnement personnalisé (en classe entière) : 3h prof de lettres histoire.
Je pense qu'en Math-sciences cela doit être comme pour les lettres-histoire, donc admettons 3h prof.
Chef d'oeuvre : 3h élèves, deux prof au minimum sur deux heures : entre 5h et 6h prof consommées pour du vent.
Co-animation : 1,5 prof lettres, 1,5h math doublé d'un prof de matière pro, 3h prof : 6h prof consommées pour du vent là encore.
On en arrive à 6 heures prof en disciplinaire pour (4 disciplines et 1/2 avec l'EMC) et entre 11 et 12h prof de foutaises.
Mais heureusement, avec toutes les heures de math et de français que les élèves ont eu au collège avec des effectifs permettant de travailler correctement, 45 minutes hebdo, c'est bien suffisant...
Je suis bien d'accord avec toi, Citoyen, mettons déjà les heures là où elles devraient être au lieu de jeter l'argent par les fenêtres avec des projets ambitieux fumeux qui n'arrivent à convaincre que la hiérarchie de l'EN qui effectivement ne pense qu'à ses fesses et les journalistes français qui, c'est bien connu, sont les meilleurs du monde.
- JacqGuide spirituel
Cath a écrit:3h de français en Tle Bac pro "avant", 1h aujourd'hui.
Allons plus loin Cath. L'horaire de français a été plus que divisé par deux depuis le passage du bac pro 4 ans au bac pro 3 ans puis au bac pro pourri (celui de Blanquer). Un élève de BEP avait plus de lettres-histoire-Education-civique en deux ans qu'un élève de bac pro 3 ans sauce Blanquer.
EDIT : et lorsque j'avais débuté il y avait en plus les PPCP, donc encore un prof de lettres potentiellement en doublon avec les prof de pro, plus un véritable accompagnement individualisé puisqu'en BEP j'avais une heure d'AI par classe avec possibilité de convoquer les élèves qui en avaient besoin et non de faire de l'AP en classe entière.
Ah, mais j'oubliais, je suis aussi obtus que Leclochard, je n'écoute pas ou mal : maintenant nous avons les tests de positionnement en seconde. Nous sommes sauvés.
- pseudo-intelloSage
Citoyen a écrit:Leclochard a écrit:HORA a écrit:Encore une fois, c'est limpide... Mais, au risque de faire dévier le fil, comment expliquer qu'aussi cyniques qu'ils soient, les dirigeants sont tellement nuls ? Dans les compétences des 80 % d'hilotes, dont d'ailleurs les enseignants font déjà partie, il y a savoir lire, écrire, compter. Et on ne peut pas dire que le système éducatif français soit au top dans ce domaine. Or, pisa et cie font le lien entre salaires des enseignants et performances des élèves. Pourquoi le MEN, aka Bercy, est-il à ce point aveugle sur l'aspect complètement contre productif à maintenir les enseignants français dans ce niveau de rémunération de catégorie b au mieux ?Lefteris a écrit:
Ils le savent , étant nourris des théories de l'OCDE qui irriguent l'UE. L'école à la française doit disparaître, au profit d'une école d'inspiration anglo-saxonne, tournée vers le marché, l'employabilité". Or, dans ce système, on n'aura besoin que de 20 % de gens très bien formés, et les savoirs n'ont plus leur place en tant que tels, notamment les savoirs abstraits, la culture (voir le massacre du LP) . Il faut pour les 80% restants des "compétences". C'est tout l'objet de la table ronde des entrepreneurs de 2001, dont le dogme principal est que l'école est un service "dans l'intérêt de l'entreprise". C'est le projet affiché ouvertement par un de nos anciens commissaires européens, Pascal Lamy. Dans le même temps, il faut faire des économies d'échelle, à cause de la dette : tout concorde parfaitement. Donc tout se tient : démolition des disciplines, liée à la démolition du statut des enseignants, désengagement maximal de l'Etat et transfert au régions (les personnels administratifs et techniques, et aussi encore une fois le sort du LP illustrent cette orientation), dévaluation des diplômes, qui sont un frein à la déréglementation (conventions collectives, statuts...)
Je crois que pour les dirigeants, les fonctionnaires de Bercy, les enseignants sont des coûts. Dans cette logique, il faut minimiser au maximum (si je puis dire) les salaires. Les résultats, ils s’en f... car les filières prestigieuses sont préservées. ils sont accompagnés, aidés, soutenus dans leur projet par les gugus qui prétendent qu’on peut faire mieux avec moins de temps d’enseignement grâce aux nouvelles méthodes et aux matériels informatiques (tablettes, cours numériques etc..). La même logique est à l’œuvre ailleurs à n’en pas douter (hôpital, justice..)
En 6eme, j’enseigne 3,5 heures en classe entière. Sérieusement qui peut me soutenir qu’avec un horaire aussi faible je peux permettre aux élèves de progresser ? c’est presque deux fois moins qu’au début des années 2000 et trois moins que dans les années 70.
Cette approche de gestionnaire indépendante de l'efficacité et des résultats ne peut être raisonnablement encouragée indéfiniment. Le raisonnement selon lequel seule l'élite doit avoir accès à une bonne éducation est un aberration, y compris dans une optique d'économie libérale. En effet, 10 millions de chômeurs, des millions de délinquants, des millions d'extrémistes de tout poil,...ne sont pas favorables à l'émergence d'une économie forte, mais plutôt à la régression. Or, pour sortir de ce schéma, il faut un niveau d'éducation élevé pour tout le monde, que ce soit dans les domaines d'enseignement général, de la culture ou dans la préparation à la vie professionnelle.
Donc ces gestionnaires sont devenus autistes et incompétents.
Certaines entreprises, plus éclairées, s'en sont rendues compte avant l'Etat et les responsables de la fonction publique. C'est quand même un comble!
Je ne dis pas non plus qu'il faut dépenser à tout va : il faut dépenser plus là où c'est nécessaire dans l'enseignement (c'est à dire miser sur la "cheville ouvrière") et moins miser sur la bureaucratie, qui ne sert qu'a s'auto-conserver, ou même à s'auto-développer.
Ils s'en fichent ; ils ne raisonnent pas en Citoyen, mais en individu qui ne pense qu'à sa propre trajectoire et celle de son entourage.
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- pseudo-intelloSage
Jacq a écrit: le ministre te le dit, mais tu ne l'écoutes pas, ou tu le comprends mal (c'est ta faute donc) : il faut privilégier le lire-écrire-compter. Donc oui, lui peut te le dire ainsi que la hiérarchie du ministère.
Non : il faut dire qu'on privilégie le lire-écrire-compter. Mais pas le faire pour de vrai.
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- pailleauquebecFidèle du forum
Je voulais juste réagir par rapport aux 20 pourcents d'élites qui seraient très bien formés dans le système, et par rapport aux filières d'excellence qui seraient préservées.
Mon épouse qui travaille à l'hôpital constate que les nouvelles générations d'internes qui arrivent sont de moins en moins bien formés. Probablement qu'on ne rattrape pas en médecine 10 ou 15 années d'études qui ont été très superficielles. À cela se conjugue probablement une évolution de la place du travail dans la vie de ces jeunes internes qui n'en font pas une priorité.
Même si j'adhère à votre analyse des causes de la situation actuelle je crois qu'il faut aussi ajouter d'autres facteurs : il me semble que dans nos pays développés la loi du moindre effort s'est peu à peu généralisée.
Mon épouse qui travaille à l'hôpital constate que les nouvelles générations d'internes qui arrivent sont de moins en moins bien formés. Probablement qu'on ne rattrape pas en médecine 10 ou 15 années d'études qui ont été très superficielles. À cela se conjugue probablement une évolution de la place du travail dans la vie de ces jeunes internes qui n'en font pas une priorité.
Même si j'adhère à votre analyse des causes de la situation actuelle je crois qu'il faut aussi ajouter d'autres facteurs : il me semble que dans nos pays développés la loi du moindre effort s'est peu à peu généralisée.
- buttersNiveau 4
Hébertisme a écrit:Lisak40 a écrit:@Hebertisme Bon déjà pourquoi mettre "Anglais, Maths, Français" ? A ce que je sache tu n'enseignes pas ces trois matières non ? Mais bref, tu vas dire que je pinaille. Bon par contre, ton message me laisse un peu comme ça : , en mode "le mec est contractuel depuis deux mois, mais lui il sait, et il enseigne l'anglais, le vrai, pas comme tous ses collègues et les autres profs de France qui eux ont l'idée saugrenue derespecter les programmesleur enseigner la pâte à sel pendant leurs heures de cours. Ne le prends pas mal mais je trouve ton message assez déplacé : je ne pense pas qu'après deux mois de travail comme contractuel tu sois à même de dire aux autres comment et quoi enseigner. Alors bon tu n'as pas tort non plus évidemment : oui il faut de la grammaire, oui il faut du vocabulaire, oui il faut du par coeur (je sais pas si tu en fais), oui il faut des exercices bêtes et méchants afin de mettre tout ce la en application, mais enseigner l'anglais ce n'est pas (que) ça ! L'anglais est ne l'oublie pas une langue vivante, c'est à dire qui "vit", que l'on peut entendre / lire tous les jours, et l'idée c'est aussi ces compétences-là aux élèves : être capable de comprendre le monde qui les entoure, et ce monde qui les entoure utilise la communication audio-visuelle. Même "au bon vieux temps" les cours de langue ne consistaient pas seulement en recopier des règles de grammaire sur le cahier (ou plutôt de lire les photocopies dans ton cas) et de faire les exercices sur la cahier : on décrivait déjà des images, on lisait des textes, on écoutait des chansons, on regardait des films, etc. Si tu ne fais que de la grammaire / du vocabulaire / des exercices, tu vas les perdre, et je ne suis pas sûre qu'avoir l'aval des parents veuille diregrand chose en fait. Attention, hein, je ne dis pas que la grammaire c'est le mal, au contraire, mais simplement ce n'est pas comme ça qu'on enseigne une langue, sinon, autant refiler des livres aux élèves (avec les points de grammaire, le vocabulaire, les exercices et leurs correction) et leur dire de se débrouiller tout seuls, ce qui reviendrait à dire que le prof ne sert à rien et n'est bien qu'un garde-chiourme (là je pense que tu vois où je veux en venir). Quand je fais regarder à mes élèves une vidéo voir même un film, ce n'est pas pour faire un cours "fun" ni même avoir l'air du prof "cool", mais c'est parce que je le répète la compréhension du message audio-visuel est également essentielle. Enfin, d'après ce que tu me décris, tu sembles oublier aussi complètement l'aspect culturel de la langue (mais je peux me tromper) : encore une fois, quand on enseigne une langue, on enseigne aussi sa "culture" pas seulement sa grammaire !
Autre chose : tu dis que tu ne leur fais pas écrire le cours du tout ; très mauvais idée il me semble, car l'apprentissage passe aussi et surtout par l'écrit, et étant en lycée, j'en vois plein des élèves qui n'ont jamais écrit ni appris un seul cours, qui ont juste "fait des exercices" en collège, ben le résultat est catastrophique (aucun vocabulaire, aucune notion de grammaire ou plutôt plusieurs mais complètement mélangées sorties de leur contexte, etc.). Je ne dis pas qu'un prof doit céder aux sirènes ambiantes du pédagogisme forcé qui veut qu'un cours ne soit qu'activités et du fun et aucun travail, bien loin de moi cette idée, mais un cours doit être comme sa langue, vivante (ce qui ne veut absolument pas dire que dans mon cours les élèves ne font que des jeux, ou des coloriages).
Merci pour ta réponse détaillée, effectivement je débute donc tout conseil est bon à prendre.
J'ai appris les bases de l'anglais sur un Bled anglais pour 6ème qui comporte quasi-exclusivement des points de grammaire, ensuite j'ai perfectionné mon vocabulaire et ma compréhension orale avec les livres et les films. En cinquième je me baladais totalement et résultat j'enseigne l'anglais après avoir fait une école d'ingénieur.
Seulement là on parle de 6èmes. Ils ne savent RIEN. Je ne vais pas leur faire décrire une image, écouter un enregistrement ou regarder un film alors qu'ils ne sauraient pas reconnaître sujet-verbe-complément dans une phrase. D'où ma focalisation intense sur la grammaire (je fais aussi de la culture et de l'oral en AP). Ensuite effectivement ils seront mis face à des supports différents. Mais faire cela avant qu'ils aient les fondations grammaticales de la langue, je pense que ça ne mène à rien, et d'ailleurs on le voit. Les élèves français ont un niveau pitoyable en anglais.
Je ne vais même pas parler des programmes, le peu que j'en ai lu m'a donné le tournis. Le manuel d'anglais "officiel" est un livre d'images sans aucune structure ou l'élève apprend des bribes de phrases par coeur pour décrire ce qu'il aime ou la vie quotidienne de Shaun l'écossais. Bullshit.
Sur l'utilité du prof, effectivement, pour certains je pourrais me contenter de leur filer les feuilles et de les laisser apprendre tous seuls. Ça marcherait pour peut être 5% des élèves. Pour les autres, je suis là pour expliquer, donner des exemples, répondre aux questions, etc. Je suis très actif en cours.
Je ne fais pas de par coeur pour l'instant, j'ignore si c'est réellement utile. Ma stratégie est plutôt de leur faire appliquer plein de fois une règle (conjuguaison de be, formation du présent simple, place des adjectifs..) afin qu'ils l'assimilent. Pour le vocabulaire, je fais des registres de mots que je veux qu'ils connaissent, et je les répartis dans les exercices en comptant les occurrences.
Enfin, à propos de la copie du cours, je m'interroge. J'ai pris le parti de tout donner après avoir remarqué que l'élève que j'avais en cours particulier recopiait des bêtises sur son cahier. Je veux éviter ça. En plus, je gagne du temps. Je vais tout de même faire attention à ce qu'ils assimilent bien le cours, ta remarque n'est pas tombée dans les yeux d'un aveugle.
Bonjour, je comprends ce besoin de remettre de la grammaire dans les cours etc..
Mais je trouve important aussi d'apprendre la méthodologie de description d'image (à leur niveau, puis de documents en général par la suite) car les images nous permettent souvent d'anticiper, et surtout pendant 4 ans au collège on leur demandera de décrire quelque chose. Idem avec des méthodologies de compréhension de texte ou de compréhension orale. Pour l'ordre des mots il y a aussi des tableaux que l'on peut faire.
Sinon tu peux prendre un temps en classe pour vérifier leur trace écrite si tu as peur qu'ils notent mal.
Pour finir si tu as un public réceptif c'est bien mais quand ce n'est pas le cas, proposer des supports différents peut t'aider en gestion de classe pour faire des temps différents dans le cours.
Bon courage!
- doubledeckerSage
Hébertisme a écrit:Jean789 a écrit:CarmenLR a écrit:Jean789 a écrit:Est-ce vraiment si difficile que ça ? Même dans le cas d'un prof d'anglais? Le problème que j'ai avec la traduction, c'est que mon niveau en Espagnol (ma deuxième langue vivante) n'est pas suffisant pour poursuivre des études dans la plupart des masters.
Attention aux salaires et à l'avenir en traduction...
Et attention aussi à l'option qui consisterait à commencer par l'enseignement de l'anglais en se disant qu'on fera autre chose ensuite.
Personne ne t'attend sur le fameux marché de l'emploi après quelques années de collège et de lycée...
J'ai de l'expérience en traduction freelance (ça a duré un an) et je sais pertinemment bien que c'est un métier où l'insertion professionnelle est difficile et le salaire débutant abyssal, car on doit s'aligner sur les taux au mot les plus bas. C'est pas pour rien que je compte reprendre mes études, après cette expérience infructueuse, afin de faire le master MEEF et devenir prof. Il n'y a aucune sécurité de l'emploi, les jobs en agence sont très compétitifs, ma paire est ultra concurrentielle...
Si je m'oriente, c'est soit vers l'un ou vers l'autre, et pour de bon. Quand on s'engage dans l'éducation nationale, on peut pas faire grand chose à part des cours particuliers, et encore, on a manifestement plus trop le temps d'en faire. Mais je suis quand même surpris par le nombre d'avis négatifs sur le métier, parce que je m'attendais à quelque chose de plutôt positif. Là à part quelques avis qui nuancent ça a l'air infernal. Au fait, je suis reconnu travailleur handicapé, donc j'ai une bonification de 1000 points sur le barême qui devrait me permettre d'éviter les REP/REP+ et de choisir plus ou moins l'établissement dans lequel je souhaite enseigner.
Je suis contractuel d'anglais pour des 6ème depuis deux mois. Ce n'était clairement pas mon objectif de carrière, je suis fraîchement diplômé d'une école d'ingénieur. Seulement ce poste est à côté de chez moi et j'ai voulu tenter l'expérience. C'est un collège rural, le niveau est faible mais globalement les élèves sont corrects et j'arrive à tenir mes classes.
Je ne vais pas écrire un roman, mais te donner un conseil : Enseigne-leur l'anglais, vraiment. De la grammaire à fond, en structurant clairement tes leçons. Je distribue tous mes cours et ne leur fais écrire sur cahier que les exercices. Zéro ludique. Zéro image. Que de la langue, du thème, de la version. L'image et le son, c'est moi en cours. J'essaie de rendre les choses vivantes et je joue vraiment l'heure de cours comme si j'étais un acteur de théâtre, en bougeant beaucoup, en parlant fort, en les surprenant. La plupart ne seront jamais captivés, mais il est possible de les rendre attentifs.
Les progrès sont très impressionnants et des parents me remercient spontanément. À défaut d'avoir un salaire et de la reconnaissance sociale, tu peux avoir la certitude que tu es utile.
Je suis hors sujet mais je me permets quelques remarques suite à ton message :
Enseigner vraiment, pour reprendre ton terme, l’anglais ce n’est pas faire de la grammaire à fond mais faire de la grammaire pour ce qu’elle est ni plus ni moins. C’est un outil pour communiquer. Pas un objet à sacraliser. Alors en faire à fond c’est forcément au détriment d’autre chose. Et oui on peut faire de la description d’images sans avoir une grammaire parfaite. Si on attend qu’elle soit parfaite on peut attendre longtemps avant qu’un élève se mette à parler.
Tu dis que le son c’est toi. Ok, donc tu as un accent non seulement quasi parfait mais aussi tu sais restituer différents accents pour entraîner l’oreille de tes élèves. Se priver de documents authentiques me semble dommage de ce point de vue. Ok ils ne comprennent sûrement pas tout lorsque je fais écouter des docs chopés sur internet en anglais australien, britannique, américain, jamaïcain ou écossais mais ils entendent ce qu’est la diversité de l’anglais.
A te lire j’ai l’impression que tu es le seul à parler en classe. Un prof n’est pas un acteur, il n’est pas là pour faire un numéro, c’est aux élèves parler dans un cours de langues.
Je ne doute pas que tu fasses progresser tes élèves sur l’aspect formel de la langue mais n’oublie pas que ce n’est pas le seul aspect.
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- A TuinVénérable
Jacq a écrit:
On en arrive à 6 heures prof en disciplinaire pour (4 disciplines et 1/2 avec l'EMC) et entre 11 et 12h prof de foutaises.
Mais heureusement, avec toutes les heures de math et de français que les élèves ont eu au collège avec des effectifs permettant de travailler correctement, 45 minutes hebdo, c'est bien suffisant...
Je suis bien d'accord avec toi, Citoyen, mettons déjà les heures là où elles devraient être au lieu de jeter l'argent par les fenêtres avec des projets ambitieux fumeux qui n'arrivent à convaincre que la hiérarchie de l'EN qui effectivement ne pense qu'à ses fesses et les journalistes français qui, c'est bien connu, sont les meilleurs du monde.
Que tu as pleinement raison, Jacq ! Tu sais qu'en réunion syndicale, on nous avait expliqué que certains nouveaux arrivants dans des établissements, avaient récupéré tout leur service, en intégralité, à coup d'heures bouche-trou de co-inter, AP et chef d'oeuvre ?? Ils ont dû être ravis d'avoir leur PLP pour se retrouver à faire ça de leurs 18h. Ce pur scandale.
- JacqGuide spirituel
A Tuin a écrit:Jacq a écrit:
On en arrive à 6 heures prof en disciplinaire pour (4 disciplines et 1/2 avec l'EMC) et entre 11 et 12h prof de foutaises.
Mais heureusement, avec toutes les heures de math et de français que les élèves ont eu au collège avec des effectifs permettant de travailler correctement, 45 minutes hebdo, c'est bien suffisant...
Je suis bien d'accord avec toi, Citoyen, mettons déjà les heures là où elles devraient être au lieu de jeter l'argent par les fenêtres avec des projets ambitieux fumeux qui n'arrivent à convaincre que la hiérarchie de l'EN qui effectivement ne pense qu'à ses fesses et les journalistes français qui, c'est bien connu, sont les meilleurs du monde.
Que tu as pleinement raison, Jacq ! Tu sais qu'en réunion syndicale, on nous avait expliqué que certains nouveaux arrivants dans des établissements, avaient récupéré tout leur service, en intégralité, à coup d'heures bouche-trou de co-inter, AP et chef d'oeuvre ?? Ils ont dû être ravis d'avoir leur PLP pour se retrouver à faire ça de leurs 18h. Ce pur scandale.
Chez nous les heures augmentent aussi, mais pour de l'accessoire qui permet de combler les heures disciplinaires (dont nos hauts fonctionnaires se moquent éperdument) mais au détriment de l'essentiel : le disciplinaire dont ils souffraient déjà tellement.
Les collègues qui ont essentiellement des CAP n'en peuvent plus de ces heures qui commencent à mobiliser une très grande partie de nos EdT. Un collègue en EREA me disait qu'avec ses classes de CAP qui cumulaient plusieurs sections regroupées en matières générales les heures de Co-Animation (pour rappel : Co-intervention n'est que l'expression choisie par le ministère à la suite des polémiques des prof qui disaient ne pas être des "animateurs", alors moi je reste sur l'intention et le terme premier) se multipliaient à l'infini, non financées souvent, et donc au détriment des dédoublements dans le disciplinaire. Un ami dans l'académie d'Amiens a découvert qu'il lui manquait des heures de disciplinaire (lorsque nous avons comparé nos heures dans deux établissements différents) et constaté que les heures disciplinaires étaient consacrées à ces heures inutiles.
Mes collègues n'enseignant jamais en CAP mais seulement en bac pro trouvent ces heures "sympa"... parce que tout simplement leur EdT n'est pas constitué que de cela !
Il faudrait savoir où l'on met ses heures, sur quelles priorités, et là certains syndicats (je ne vais pas les citer... mais on les connaît tous) ont leur responsabilité.
Pour revenir à ce dont se plaignait Leclochard et ce que soulignait Citoyen : mettons les moyens là où il le faut !
Pour citer notre estimé et remarquable Jupiter : "ça coûte un pognon fou"... Oui mon gars, ça coûte un pognon fou et cela ne sert à rien ! Revenons à l'essentiel sans écouter les incantations stériles et mensongères de JMB.
- A TuinVénérable
Jacq a écrit:
Mes collègues n'enseignant jamais en CAP mais seulement en bac pro trouvent ces heures "sympa"... parce que tout simplement leur EdT n'est pas constitué que de cela !
Je suis sur les bac pro mais tu ne peux pas savoir à quel point ces heures de remplissage me saoulent. Comme on disait avec une collègue : c'est bon le CV et la lettre de motivation, en passant un trimestre chaque année dessus depuis la troisième, ils vont être majestueux nos élèves !
Je pense qu'il y a des choses plus essentielles à travailler dans nos programmes tous les ans qu'une telle gabegie d'heures. Par contre il y a des collègues qui vivent cela comme du bouche-trou et effectivement "c'est bien cool" pour eux parce qu'ils viennent et font de la figuration pendant une heure ! A ce titre effectivement l'heure de glandouille est bien payée quand on sait qu'elles fonctionnent deux par deux à chaque fois.
Et en plus il faut se fâcher parce que sinon sur le binôme ce serait toujours le même qui proposerait les contenus ! C'est vraiment lourd.
Et en plus les élèves s'en fichent comme d'une guigne de cette heure, parce que ce n'est qu'une heure par semaine.
Et tu dis qu'il y a encore plus de ces heures sur les classes de CAP ?
Au-secours
- Lisak40Expert spécialisé
Hébertisme a écrit:Lisak40 a écrit:@Hebertisme Bon déjà pourquoi mettre "Anglais, Maths, Français" ? A ce que je sache tu n'enseignes pas ces trois matières non ? Mais bref, tu vas dire que je pinaille. Bon par contre, ton message me laisse un peu comme ça : , en mode "le mec est contractuel depuis deux mois, mais lui il sait, et il enseigne l'anglais, le vrai, pas comme tous ses collègues et les autres profs de France qui eux ont l'idée saugrenue derespecter les programmesleur enseigner la pâte à sel pendant leurs heures de cours. Ne le prends pas mal mais je trouve ton message assez déplacé : je ne pense pas qu'après deux mois de travail comme contractuel tu sois à même de dire aux autres comment et quoi enseigner. Alors bon tu n'as pas tort non plus évidemment : oui il faut de la grammaire, oui il faut du vocabulaire, oui il faut du par coeur (je sais pas si tu en fais), oui il faut des exercices bêtes et méchants afin de mettre tout ce la en application, mais enseigner l'anglais ce n'est pas (que) ça ! L'anglais est ne l'oublie pas une langue vivante, c'est à dire qui "vit", que l'on peut entendre / lire tous les jours, et l'idée c'est aussi ces compétences-là aux élèves : être capable de comprendre le monde qui les entoure, et ce monde qui les entoure utilise la communication audio-visuelle. Même "au bon vieux temps" les cours de langue ne consistaient pas seulement en recopier des règles de grammaire sur le cahier (ou plutôt de lire les photocopies dans ton cas) et de faire les exercices sur la cahier : on décrivait déjà des images, on lisait des textes, on écoutait des chansons, on regardait des films, etc. Si tu ne fais que de la grammaire / du vocabulaire / des exercices, tu vas les perdre, et je ne suis pas sûre qu'avoir l'aval des parents veuille diregrand chose en fait. Attention, hein, je ne dis pas que la grammaire c'est le mal, au contraire, mais simplement ce n'est pas comme ça qu'on enseigne une langue, sinon, autant refiler des livres aux élèves (avec les points de grammaire, le vocabulaire, les exercices et leurs correction) et leur dire de se débrouiller tout seuls, ce qui reviendrait à dire que le prof ne sert à rien et n'est bien qu'un garde-chiourme (là je pense que tu vois où je veux en venir). Quand je fais regarder à mes élèves une vidéo voir même un film, ce n'est pas pour faire un cours "fun" ni même avoir l'air du prof "cool", mais c'est parce que je le répète la compréhension du message audio-visuel est également essentielle. Enfin, d'après ce que tu me décris, tu sembles oublier aussi complètement l'aspect culturel de la langue (mais je peux me tromper) : encore une fois, quand on enseigne une langue, on enseigne aussi sa "culture" pas seulement sa grammaire !
Autre chose : tu dis que tu ne leur fais pas écrire le cours du tout ; très mauvais idée il me semble, car l'apprentissage passe aussi et surtout par l'écrit, et étant en lycée, j'en vois plein des élèves qui n'ont jamais écrit ni appris un seul cours, qui ont juste "fait des exercices" en collège, ben le résultat est catastrophique (aucun vocabulaire, aucune notion de grammaire ou plutôt plusieurs mais complètement mélangées sorties de leur contexte, etc.). Je ne dis pas qu'un prof doit céder aux sirènes ambiantes du pédagogisme forcé qui veut qu'un cours ne soit qu'activités et du fun et aucun travail, bien loin de moi cette idée, mais un cours doit être comme sa langue, vivante (ce qui ne veut absolument pas dire que dans mon cours les élèves ne font que des jeux, ou des coloriages).
Merci pour ta réponse détaillée, effectivement je débute donc tout conseil est bon à prendre.
J'ai appris les bases de l'anglais sur un Bled anglais pour 6ème qui comporte quasi-exclusivement des points de grammaire, ensuite j'ai perfectionné mon vocabulaire et ma compréhension orale avec les livres et les films. En cinquième je me baladais totalement et résultat j'enseigne l'anglais après avoir fait une école d'ingénieur.
Seulement là on parle de 6èmes. Ils ne savent RIEN. Je ne vais pas leur faire décrire une image, écouter un enregistrement ou regarder un film alors qu'ils ne sauraient pas reconnaître sujet-verbe-complément dans une phrase. D'où ma focalisation intense sur la grammaire (je fais aussi de la culture et de l'oral en AP). Ensuite effectivement ils seront mis face à des supports différents. Mais faire cela avant qu'ils aient les fondations grammaticales de la langue, je pense que ça ne mène à rien, et d'ailleurs on le voit. Les élèves français ont un niveau pitoyable en anglais.
Je ne vais même pas parler des programmes, le peu que j'en ai lu m'a donné le tournis. Le manuel d'anglais "officiel" est un livre d'images sans aucune structure ou l'élève apprend des bribes de phrases par coeur pour décrire ce qu'il aime ou la vie quotidienne de Shaun l'écossais. Bullshit.
Sur l'utilité du prof, effectivement, pour certains je pourrais me contenter de leur filer les feuilles et de les laisser apprendre tous seuls. Ça marcherait pour peut être 5% des élèves. Pour les autres, je suis là pour expliquer, donner des exemples, répondre aux questions, etc. Je suis très actif en cours.
Je ne fais pas de par coeur pour l'instant, j'ignore si c'est réellement utile. Ma stratégie est plutôt de leur faire appliquer plein de fois une règle (conjuguaison de be, formation du présent simple, place des adjectifs..) afin qu'ils l'assimilent. Pour le vocabulaire, je fais des registres de mots que je veux qu'ils connaissent, et je les répartis dans les exercices en comptant les occurrences.
Enfin, à propos de la copie du cours, je m'interroge. J'ai pris le parti de tout donner après avoir remarqué que l'élève que j'avais en cours particulier recopiait des bêtises sur son cahier. Je veux éviter ça. En plus, je gagne du temps. Je vais tout de même faire attention à ce qu'ils assimilent bien le cours, ta remarque n'est pas tombée dans les yeux d'un aveugle.
Tout d'abord, merci de ta réponse : elle est claire et argumentée .
En effet, j'imagine que les 6è ne savent rien, puisque l'anglais au 1aire c'est seulement pour faire joli. Ce n'est pas ironique : honnêtement, tel qu'il est organisé en France l'enseignement de l'anglais en 1aire ne sert à rien, il génère juste la perte d'heures en français , et au final on est toujours aussi mauvais en LV en France. Par contre, non il n'est pas interdit de faire de la grammaire en partant de supports. Et honnêtement, si tu attends qu'ils aient un niveau correct pour lire/comprendre/écrire l'anglais pour leur faire travailler sur des "vrais" matériaux originaux, ben tu peux toujours attendre. Le niveau pour lire (et encore moins écrire comme) Shakespeare, l'élève lambda ne l'aura jamais, tout comme beaucoup de gens ne seront jamais capable de lire Proust, même des francophones, donc la question est : où place-t-on le curseur ? Un apprenti-pianiste ne sera certes pas capable de jouer du Mozart tout de suite, mais ce qui est sûr c'est que si on ne lui fait jamais écouter de Mozart, qu'on ne le laisse faire que des gammes, qu'on essaie pas de le laisser "jouer" pour de vrai à un moment, ben il va avoir du mal s'épanouir et vraiment aimer cette matière, non ? Bref je ne saurais que te conseiller de continuer à y aller à fond dans la grammaire entre autres, mais de ne simplement pas désincarner cet aspect.
Pour ce qui est du fait de faire écrire les élèves ou non, je pense que bien sûr que le prof est là (entre autres) pour expliciter les règles de grammaire que l'élève ne comprend pas. Mais je crois vraiment que faire écrire les élèves c'est essentiel, voire obligatoire. Donc tu écris ou vidéo-projettes les cours au tableau et tu fais recopier le tout par les élèves. Oui, ils écrivent n'importe quoi, oui ils sont super longs, mais ça justement ça fait partie de ton job : tu vérifies qu'ils écrivent bien ce qui est marqué au tableau (tu passes dans les rangs, tu ramasses les cahiers régulièrement avec note à l'appui), tu leur laisse le temps nécessaire pour ça (oui ils écrivent au rythme de tortues croisées avec des escargots boiteux), il faut juste ne pas lâcher face au relou (souvent le plus lent de tous) qui a décidé de commencer à écrire 10 min après tt le monde, juste au moment où tu effaces le tableau, ben c'est tant pis pour lui : il rattrapera le cours comme il peur (si tu notes le cahier il va commencer à flipper, s'il s'en fout déjà, ben c'est plus tellement de ton ressort). Et quand tu me dis que "[tu] gagne[s] du temps", heu par rapport à quoi / qui ? Ca n'a aucun intérêt d'aller à 150 km/h ! Et surtout, vraiment si tu ne leur apprends pas à tenir un cahier (parce que les photocopies ils en font quoi ? ils ont un lutin / trieur / pochette dans lequel les dites photocopies sont bien rangées / annotées ? J'en doute un peu... Sauf si tu leur fais coller les photocopies sur leur cahier juste avant les dits exercices, auquel cas oui cela fonctionne, sinon le truc des cours sur des photocopies volantes et les exercices sur un cahier à côté, c'est au contraire le meilleur moyen pour que ce soit n'importe quoi : une semaine après aucun élève ne saura relier tels exercices à telles leçons !
Ta stratégie de leur faire appliquer la grammaire en multipliant les les exercices est bonne je pense, mais vraiment, je pense qu'il est préférable de leur faire écrire le cours, ou du moins une parie de celui-ci !
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