- pseudo-intelloSage
Les gens confondent souvent "avoir la vocation" et "trouver son métier intéressant et/ou agréable et/ou utile" ou "aimer enseigner".
Entre le "métier de rêve" et l'horreur des entrepôts Amazon, il me semble qu'il y a tout un panel de nuances.
Entre le "métier de rêve" et l'horreur des entrepôts Amazon, il me semble qu'il y a tout un panel de nuances.
- ForsterÉrudit
Oui mais les exigences données par l'INSPE leur donnent parfois l'impression que devenir enseignant est un sacerdoce, qu'ils ne doivent plus avoir de vie. J'ai l'impression d'avoir passé ces dernières années de tuteur à rassurer des stagiaires parfaitement compétents mais noyés par la masse d'exigences. C'était moins le cas avant. Ils étaient pourtant tous très bosseurs de base et pas effrayés par le travail. Un des stagiaires d'une amie lui a même dit qu'il travaillait plus cette année avec ses 7h de stage et les devoirs de l'INSPE que l'année précédente en passant l'agreg tout en travaillant dans deux emplois. Ce n'est quand même pas normal...
- User20159Esprit éclairé
Forster a écrit:Oui mais les exigences données par l'INSPE leur donnent parfois l'impression que devenir enseignant est un sacerdoce, qu'ils ne doivent plus avoir de vie. J'ai l'impression d'avoir passé ces dernières années de tuteur à rassurer des stagiaires parfaitement compétents mais noyés par la masse d'exigences. C'était moins le cas avant. Ils étaient pourtant tous très bosseurs de base et pas effrayés par le travail. Un des stagiaires d'une amie lui a même dit qu'il travaillait plus cette année avec ses 7h de stage et les devoirs de l'INSPE que l'année précédente en passant l'agreg tout en travaillant dans deux emplois. Ce n'est quand même pas normal...
C'est exactement ça, mais le pire c'est que l'INSPE, ce n'est pas tant pour la charge de travail supplémentaire que pour la charge mentale. Les lubies, les ordres, les contre ordres, les visites (2, 3 parfois 4 ). Pour peu que le stagiaire les écoute et il est submergé de travail. Pour peu que ça ne marche pas en classe et il coule. Et quand un stagiaire coule, le problème c'est que l'institution n'est pas du genre à balancer des bouées mais plutôt à tirer à la carabine.
Et non ce n'est pas normal. L'institution voudrait tout faire pour décourager les "vocations" qu'elles ne s'y prendrait pas autrement.
- LagomorpheFidèle du forum
Forster a écrit:Oui mais les exigences données par l'INSPE leur donnent parfois l'impression que devenir enseignant est un sacerdoce, qu'ils ne doivent plus avoir de vie. J'ai l'impression d'avoir passé ces dernières années de tuteur à rassurer des stagiaires parfaitement compétents mais noyés par la masse d'exigences. C'était moins le cas avant. Ils étaient pourtant tous très bosseurs de base et pas effrayés par le travail. Un des stagiaires d'une amie lui a même dit qu'il travaillait plus cette année avec ses 7h de stage et les devoirs de l'INSPE que l'année précédente en passant l'agreg tout en travaillant dans deux emplois. Ce n'est quand même pas normal...
C'est une remarque intéressante: je suis parfois effaré de voir à quel point les néotits passés par l'INSPE croulent sous un boulot qu'ils s'infligent eux-mêmes. Evaluations formatives à gogo, séances avec travail multiple fait en parallèle par plusieurs groupes (donc boulot de dingue pour préparer tout ça), correction avec ou sans notation de la totalité des travaux d'élèves, DM de rattrapages des DS ratés, réponse au quart de tour aux élèves et aux parents, stupeur et tremblement au moindre mail des IPR (ils connaissent la "lettre de rentrée" par cœur, chez les plus âgés elle est dans les spams et y reste), exécution scrupuleuse et chronophage de la moindre petite ligne d'un PAP. Mais quand vivent-ils ? Combien de temps peuvent-ils tenir ce rythme avant le burn-out ?
Je ne connais rien à l'IUFM/ESPE/INSPE, j'ai été titularisé via un monitorat à la fac, pour moi l'enseignement est mon boulot, une seconde carrière, pas une vocation, mais j'ai l'impression - furtive et mal étayée je l'avoue - que la formation des enseignants leur inculque dangereusement qu'on peut leur demander tout et n'importe quoi sans aucune limite, et qu'un bon prof est un prof qui ne dort pas.
- User20159Esprit éclairé
Lagomorphe a écrit:C'est une remarque intéressante: je suis parfois effaré de voir à quel point les néotits passés par l'INSPE croulent sous un boulot qu'ils s'infligent eux-mêmes. Evaluations formatives à gogo, séances avec travail multiple fait en parallèle par plusieurs groupes (donc boulot de dingue pour préparer tout ça), correction avec ou sans notation de la totalité des travaux d'élèves, DM de rattrapages des DS ratés, réponse au quart de tour aux élèves et aux parents, stupeur et tremblement au moindre mail des IPR (ils connaissent la "lettre de rentrée" par cœur, chez les plus âgés elle est dans les spams et y reste), exécution scrupuleuse et chronophage de la moindre petite ligne d'un PAP. Mais quand vivent-ils ? Combien de temps peuvent-ils tenir ce rythme avant le burn-out ?
Mais beaucoup ne tiennent pas justement, les taux de démission sont hors norme dans une société affligée d'une situation de chômage structurel de masse (et où un emploi stable, quasi à vie demeure tout de même attractif sur le papier).
D'ailleurs c'est pas pour rien que le nombre de candidats ne cesse de baisser : ces choses là se savent : que ce métier est potentiellement un enfer pour un salaire de curé.
- VoltaireNiveau 10
Mais justement non, ce n'est plus fondamental, il est clair qu'on nous demande, en plus d'instruire, d'éduquer nos élèves (sans que nous ayions ni les moyens ni la formation pour cela). Et même instruire, dans les conditions dans lesquelles on nous met, c'est mission quasi impossible.Tangleding a écrit:Le métier n'a pas changé, ce sont les conditions d'exercice qui se dégradent. Mais le métier est fondamentalement le même : transmettre des connaissances disciplinaires à des élèves.
- TangledingGrand Maître
Voltaire a écrit:Mais justement non, ce n'est plus fondamental, il est clair qu'on nous demande, en plus d'instruire, d'éduquer nos élèves (sans que nous ayions ni les moyens ni la formation pour cela). Et même instruire, dans les conditions dans lesquelles on nous met, c'est mission quasi impossible.Tangleding a écrit:Le métier n'a pas changé, ce sont les conditions d'exercice qui se dégradent. Mais le métier est fondamentalement le même : transmettre des connaissances disciplinaires à des élèves.
Je ne suis pas d'accord avec ce discours caricatural. Je suis en collège et le poids de la gestion de classe extrêmement lourd et pénible, néanmoins l'essentiel de mon travail demeure la transmission.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- User16436Niveau 1
Ce n'est pas caricatural mais inquiet, dévoué et de bonne volonté. Tout dépend des conditions dans lesquelles on doit faire son travail, les inégalités sont criantes à cet égard : statutaires, géographiques...
- BaldredSage
Voltaire a écrit:Mais justement non, ce n'est plus fondamental, il est clair qu'on nous demande, en plus d'instruire, d'éduquer nos élèves (sans que nous ayions ni les moyens ni la formation pour cela). Et même instruire, dans les conditions dans lesquelles on nous met, c'est mission quasi impossible.Tangleding a écrit:Le métier n'a pas changé, ce sont les conditions d'exercice qui se dégradent. Mais le métier est fondamentalement le même : transmettre des connaissances disciplinaires à des élèves.
Bonsoir, ce n'est pas de la fausse naïveté, j'ai un peu potassé le sujet mais sans jamais vraiment trouver opérante cette distinction instruire/éduquer (et éventuellement former). J'en saisis bien les nuances mais sans que cela ne m'aide vraiment à me définir, ni à définir ce que je fais. Je précise que je travaille en collège, où la frontière est sans doute plus perméable qu'en Lycée ou dans le supérieur, l'éducation étant supposée faite...
- BalthamosDoyen
Ha@_x a écrit:Forster a écrit:Oui mais les exigences données par l'INSPE leur donnent parfois l'impression que devenir enseignant est un sacerdoce, qu'ils ne doivent plus avoir de vie. J'ai l'impression d'avoir passé ces dernières années de tuteur à rassurer des stagiaires parfaitement compétents mais noyés par la masse d'exigences. C'était moins le cas avant. Ils étaient pourtant tous très bosseurs de base et pas effrayés par le travail. Un des stagiaires d'une amie lui a même dit qu'il travaillait plus cette année avec ses 7h de stage et les devoirs de l'INSPE que l'année précédente en passant l'agreg tout en travaillant dans deux emplois. Ce n'est quand même pas normal...
C'est exactement ça, mais le pire c'est que l'INSPE, ce n'est pas tant pour la charge de travail supplémentaire que pour la charge mentale. Les lubies, les ordres, les contre ordres, les visites (2, 3 parfois 4 ). Pour peu que le stagiaire les écoute et il est submergé de travail. Pour peu que ça ne marche pas en classe et il coule. Et quand un stagiaire coule, le problème c'est que l'institution n'est pas du genre à balancer des bouées mais plutôt à tirer à la carabine.
Et non ce n'est pas normal. L'institution voudrait tout faire pour décourager les "vocations" qu'elles ne s'y prendrait pas autrement.
A part l'INSPE, je pense que le problème vient de notre vision du métier.
Avec une décennie de carrière je me sens enfin prof et je peux faire un certain nombre de tâches parce que je suis à l'aise dans mon métier et j'ai l'expérience. Ces différentes tâches sont utiles pour faire de moi un meilleur prof mais m'étaient totalement impossibles en début de carrière. Cette impossibilité génère frustration, stress, angoisse, découragement, dépréciation. Pourtant en y réfléchissant c'est normal. On (parents, élèves, institution, collègues, etc.) attend trop des jeunes profs alors qu'ils découvrent tout du plus essentiel (enseigner, gestion de classe, etc.) au supplémentaire voire accessoire (PAP, PPRE - application et rédaction, parcours, PP, etc.) L'INSPE, les collègues et l'institution s'attendent à ce qu'un néotit soit aussi performant qu'un enseignant chevronné.
C'est tout l'entrée dans le métier qu'il faudrait revoir et pas seulement la formation initiale.
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- Spoiler:
- AscagneGrand sage
+1000Balthamos a écrit:C'est tout l'entrée dans le métier qu'il faudrait revoir et pas seulement la formation initiale.
Avec deux classes, ma première et ma deuxième année, j'avais à peine l'impression de transmettre ou d'enseigner. Mais il s'agissait d'une classe avec qui j'avais très mal commencé (j'étais débutant) et d'une autre classe ensuite cumulant les problèmes (je ne m'imaginais pas dire "on ne rentre pas en cours à quatre pattes" en première, eh bien, j'ai eu ça et pire !). Même en latin j'ai eu de vrais cas : ça a été très dur à vivre. Et puis comme je n'avais pas d'expérience encore, la véritable résolution était hors de portée sur certains points.Tangleding a écrit:Je ne suis pas d'accord avec ce discours caricatural. Je suis en collège et le poids de la gestion de classe extrêmement lourd et pénible, néanmoins l'essentiel de mon travail demeure la transmission.
Je vois toute la différence avec mes classes actuellement. Moins chargées, donc gérables, et sans de vrais "cas" comme avant. Mais je note que dans un monde parallèle, j'aurais sans doute démissionné dès la première année... En tout cas, je n'aurais pas tenu si j'avais commencé dans de mêmes conditions, mais avec un statut moins favorable.
- User20159Esprit éclairé
Balthamos a écrit:A part l'INSPE, je pense que le problème vient de notre vision du métier.
Avec une décennie de carrière je me sens enfin prof et je peux faire un certain nombre de tâches parce que je suis à l'aise dans mon métier et j'ai l'expérience. Ces différentes tâches sont utiles pour faire de moi un meilleur prof mais m'étaient totalement impossibles en début de carrière. Cette impossibilité génère frustration, stress, angoisse, découragement, dépréciation. Pourtant en y réfléchissant c'est normal. On (parents, élèves, institution, collègues, etc.) attend trop des jeunes profs alors qu'ils découvrent tout du plus essentiel (enseigner, gestion de classe, etc.) au supplémentaire voire accessoire (PAP, PPRE - application et rédaction, parcours, PP, etc.) L'INSPE, les collègues et l'institution s'attendent à ce qu'un néotit soit aussi performant qu'un enseignant chevronné.
C'est tout l'entrée dans le métier qu'il faudrait revoir et pas seulement la formation initiale.
Mais l'INSPE formate justement beaucoup cette vision du métier, avec notamment son injonction totalement délirante à la perfection. Et surtout aux tâches accessoires : les trucs en P, l'évaluation protéiforme inepte, la servilité envers la hiérarchie, la docilité envers les parents.
Il faut vraiment avoir rencontré les bons collègues au bon moment (ou être d'une dynastie de profs, comme pour certains ), pour se souvenir que le cœur du métier c'est la maîtrise de savoirs disciplinaires pour pouvoir bien les transmettre, et la mise en place des conditions idoines pour le faire, savoir surveiller et punir/éduquer, aka gestion de classe sur les bancs de l'iufm...
Et pour revoir l'entrée dans le métier, peut-être revoir la base ? Des concours disciplinaires exigeants (le CAPES d'il y a 10 ans l'était encore), de la formation par les pairs, de la vraie bienveillance et du soutient pour les entrants, et des salaires revus à la hausse pour tout le monde bien sûr.
- BalthamosDoyen
Ha@_x a écrit:Balthamos a écrit:A part l'INSPE, je pense que le problème vient de notre vision du métier.
Avec une décennie de carrière je me sens enfin prof et je peux faire un certain nombre de tâches parce que je suis à l'aise dans mon métier et j'ai l'expérience. Ces différentes tâches sont utiles pour faire de moi un meilleur prof mais m'étaient totalement impossibles en début de carrière. Cette impossibilité génère frustration, stress, angoisse, découragement, dépréciation. Pourtant en y réfléchissant c'est normal. On (parents, élèves, institution, collègues, etc.) attend trop des jeunes profs alors qu'ils découvrent tout du plus essentiel (enseigner, gestion de classe, etc.) au supplémentaire voire accessoire (PAP, PPRE - application et rédaction, parcours, PP, etc.) L'INSPE, les collègues et l'institution s'attendent à ce qu'un néotit soit aussi performant qu'un enseignant chevronné.
C'est tout l'entrée dans le métier qu'il faudrait revoir et pas seulement la formation initiale.
Mais l'INSPE formate justement beaucoup cette vision du métier, avec notamment son injonction totalement délirante à la perfection. Et surtout aux tâches accessoires : les trucs en P, l'évaluation protéiforme inepte, la servilité envers la hiérarchie, la docilité envers les parents.
Il faut vraiment avoir rencontré les bons collègues au bon moment (ou être d'une dynastie de profs, comme pour certains ), pour se souvenir que le cœur du métier c'est la maîtrise de savoirs disciplinaires pour pouvoir bien les transmettre, et la mise en place des conditions idoines pour le faire, savoir surveiller et punir/éduquer, aka gestion de classe sur les bancs de l'iufm...
Et pour revoir l'entrée dans le métier, peut-être revoir la base ? Des concours disciplinaires exigeants (le CAPES d'il y a 10 ans l'était encore), de la formation par les pairs, de la vraie bienveillance et du soutient pour les entrants, et des salaires revus à la hausse pour tout le monde bien sûr.
Déjà je ne suis pas convaincu que l'INSPE "formate".
Puis l'INSPE fait ce qu'on lui demande de faire : former un enseignant en moins d'un an. Dans le délire tout le monde s'imagine qu'avec cette formation le néotitulaire sera aussi performant qu'un enseignant chevronné.
Avec un changement dans l'approche de l'entrée dans le métier, on pourrait demander à l'INSPE d'avoir une autre approche, qui s'intégrerait dans un tout plus important.
- LefterisEsprit sacré
Tout à fait ça, aucune limite. Je suis passé tardivement par l'IUFM (et c'est pire depuis, j'ai eu des stagiaires, et depuis que je n'en ai plus j'en vois encore via le syndicat) et en effet, le temps des enseignants, leur vie hors EN n'ont aucune valeur. Nous n'arrêtions pas de remettre des trucs et des machins (séquence fictive, séance fictive, mémoire, travail sur ceci ou cela, rapport, réunions stériles...), on apprenait qu'il fallait faire des évaluations formatives, sommatives, il fallait tout taper, faire des tableaux. Un vrai travail de procédure et de formalisme, de tâcheron d'huissier, deux idées antinomiques s'affrontant d'ailleurs : tout préparer et sur-préparer, et s'adapter aux situations et aux élèves. Une fois en établissement, sollicitation pour tout, absolument tout : projets, sorties, réunions. J'ai très vite j'ai compris que quelque chose n'allait pas, qu'on nous racontait des salades, mais je dois l'avouer, sans arriver au début, à trier moi-même, à savoir ce qu'il fallait passer par-dessus bord sans que cela change quoi que ce soit face aux élèves.Lagomorphe a écrit:
C'est une remarque intéressante: je suis parfois effaré de voir à quel point les néotits passés par l'INSPE croulent sous un boulot qu'ils s'infligent eux-mêmes. Evaluations formatives à gogo, séances avec travail multiple fait en parallèle par plusieurs groupes (donc boulot de dingue pour préparer tout ça), correction avec ou sans notation de la totalité des travaux d'élèves, DM de rattrapages des DS ratés, réponse au quart de tour aux élèves et aux parents, stupeur et tremblement au moindre mail des IPR (ils connaissent la "lettre de rentrée" par cœur, chez les plus âgés elle est dans les spams et y reste), exécution scrupuleuse et chronophage de la moindre petite ligne d'un PAP. Mais quand vivent-ils ? Combien de temps peuvent-ils tenir ce rythme avant le burn-out ?
Je ne connais rien à l'IUFM/ESPE/INSPE, j'ai été titularisé via un monitorat à la fac, pour moi l'enseignement est mon boulot, une seconde carrière, pas une vocation, mais j'ai l'impression - furtive et mal étayée je l'avoue - que la formation des enseignants leur inculque dangereusement qu'on peut leur demander tout et n'importe quoi sans aucune limite, et qu'un bon prof est un prof qui ne dort pas.
Du reste, je n'avais pas la "vocation", sinon je n'aurais pas bossé des années ailleurs, et passé le concours tardivement sous le coup de la nécessité (en renonçant même au bénéfice de celui-ci une première fois, quand ma situation était encore récupérable) , en dégringolant d'ailleurs financièrement. Je n'étais simplement pas hostile, c'était un métier comme les autres, avec un point positif puisque cela touchait à ma discipline qui était hors EN mon violon d'Ingres (mais ça, c'est terminé depuis plusieurs années maintenant, je ne pouvais pas le savoir). Je pourrais très facilement m'en passer, je sais que je partirai sans un regret ni même un regard en passant la porte, et en attendant, quand je fais du bénévolat, ce n'est pas dans mon cadre professionnel.
Ce terme tartuffesque de "vocation" sonne d'ailleurs faux et fait partie des éléments de langage appuyés du management, (avec engagement, implication et toute une phraséologie qui évacue le langage professionnel et voit des enfants et non des élèves, des "temps d'échange" et non des "réunions", phraséologie qui mériterait d'ailleurs d'être étudiée à part pur ne pas charger un fil), car il s'agit d'effacer précisément l'aspect statutaire, avec évidemment les droits et revendications qui vont avec, notamment celle de limiter le travail ou de le payer selon des critères bien établis (horaires, qualification...). Et cela produit en outre un discours schizophrène dans une société dont les dirigeants, au service affiché des classes supérieures et de l'argent, affirmant haut et fort qu'il faut "admirer les milliardaires" se targuent de briser les statuts, assimilés à des "rentes", sans manquer jamais une occasion de lancer des boules puantes contre le service public qu'il faudrait remplacer par des sociétés à but lucratif.
La "vocation" semble donc réservée à une partie de la population qui doit accepter toutes les avanies, les crachats même, en coûtant le moins cher possible, pendant que la partie saine, celle des forces vives et des gens qui bossent vraiment met tous ses efforts à gagner l'argent lui permettant de mépriser les premiers. Il y a là tout un travail de bourrage de crâne bien plus élaboré qu'il n'y paraît.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- zigmag17Empereur
Eduquer c'est bien apprendre à un enfant à saluer (bonjour, au revoir), à être poli avec ses semblables, à connaître les limites et les lois, à vivre avec d'autres que lui, différents et respectables, à se dire que par principe la parole de l'adulte est digne a priori de considération et d'écoute?
Instruire c'est bien transmettre des connaissances qui si les pré-requis sus-cités ne sont pas remplis, ne pourront qu'être partielles voire inexistantes car elles n'auront pas pu être entendues?
Oui aujourd'hui on nous demande d'éduquer, à égale proportion avec la transmission de connaissances.
Je parle pour ce que je connais.
Instruire c'est bien transmettre des connaissances qui si les pré-requis sus-cités ne sont pas remplis, ne pourront qu'être partielles voire inexistantes car elles n'auront pas pu être entendues?
Oui aujourd'hui on nous demande d'éduquer, à égale proportion avec la transmission de connaissances.
Je parle pour ce que je connais.
- User20159Esprit éclairé
Balthamos a écrit:Déjà je ne suis pas convaincu que l'INSPE "formate".
Ah mais moi non plus ! Façon de parler, elle en est heureusement parfaitement incapable .
De toute façon, quand on a un cerveau, au bout de la 3e formation de 4h qui se déroule exactement sur le même délirant schéma : 30 minutes de bla bla, 30 minutes de tour de table, 2h d'ateliers et une heure de mise en commun (ne me dites pas que vous ne voyez pas à quoi je fais allusion, je ne vous croirais pas ), le stagiaire standard perd de toute façon tout respect pour cette vénérable institution des années 1990, et sait qu'il doit optimiser son temps (en y amenant ses copies par exemple).
Elle réussit par contre à imprimer des formules dans les crânes, qui laissent songeur, du genre la trace écrite quoi....c'était pas assez compliqué de dire le cours...
Et je ne pense pas que les INSPE soient capables de changer, ça fait 30 ans, qu'on leur adresse les mêmes critiques. La seule chose dont elles sont capables, c'est de changer de nom, à l'instar' des entreprises en faillite.
- zigmag17Empereur
Sauf que là c'est trop tard, Bernard Tapie ne pourra pas les racheter
- BalthamosDoyen
Ha@_x a écrit:
Et je ne pense pas que les INSPE soient capables de changer, ça fait 30 ans, qu'on leur adresse les mêmes critiques. La seule chose dont elles sont capables, c'est de changer de nom, à l'instar' des entreprises en faillite.
Ca fait 30 ans qu'on se plaint de la déconstruction de l'EN...
L'INSPE n'est qu'un outil parmi d'autres, aux mains du ministère.
- beloteHabitué du forum
Il y a une émission sur France Inter sur la crise du recrutement dans une vingtaine de minutes.
- zigmag17Empereur
Merci pour l'info, je vis essayer de suivre d'une oreille (France-Inter depuis un moment me fatigue avec ses émissions inféodées aux idées ministérielles et des témoignages souvent moins qu'objectifs sur notre situation)
- BalthamosDoyen
belote a écrit:Il y a une émission sur France Inter sur la crise du recrutement dans une vingtaine de minutes.
Merci beaucoup de l'info.
Le très souvent excellent "téléphone sonne"
D'ailleurs pour intervenir si pas encore trop tard : 01 45 24 7000
https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-lundi-15-novembre-2021
- VoltaireNiveau 10
Pourquoi persiste t'on à penser qu'un vieux prof est mieux armé face à un public difficile ? C'est plutôt le contraire, ce sont des élèves qu'on a connus en début de carrière, qu'on s'est souvent empressé de "fuir" et on n'a plus l'énergie de la jeunesse pour leur faire face ... par expérience perso, et mes élèves "difficiles" étaient dans une zone bien bourgeoise, juste des gosses mal élevés et qui ne portaient aucun intérêt aux connaissances que j'essayais de leur transmettre.
- LizdarcyFidèle du forum
Déjà, passer rapidement sur la rémunération, bof,quoi!
- BalthamosDoyen
Voltaire a écrit:Pourquoi persiste t'on à penser qu'un vieux prof est mieux armé face à un public difficile ? C'est plutôt le contraire, ce sont des élèves qu'on a connus en début de carrière, qu'on s'est souvent empressé de "fuir" et on n'a plus l'énergie de la jeunesse pour leur faire face ...
L'un exclut peut l'autre ? Oui je pense qu'un prof chevronné est mieux armée face à un public difficile.
Oui un enseignant chevronné ayant commencé en éducation prioritaire a bien mérité un poste dans un établissement plus calme.
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- Spoiler:
- User20159Esprit éclairé
Voltaire a écrit:Pourquoi persiste t'on à penser qu'un vieux prof est mieux armé face à un public difficile ? C'est plutôt le contraire, ce sont des élèves qu'on a connus en début de carrière, qu'on s'est souvent empressé de "fuir" et on n'a plus l'énergie de la jeunesse pour leur faire face ...
Sans aller jusqu'au "vieux prof", un prof qui a 10 ans de bouteille face à un public de début de carrière, est plus efficace face à ce public qu'un prof' néotit' balancé là par hasard. Mais pour les garder face à ce public, il faudrait, au moment où ces vieux profs commencent à avoir un barème qui leur permet d'aller respirer un autre air, les payer beaucoup plus et pas que !
C'est finalement toujours le même problème.
- Dame JouanneÉrudit
D'après l'intervenante, il y a manque de professeurs de maths parce que la matière est difficile à enseigner. D'ailleurs en primaire, les maitres n'aiment ou ont du mal à l'enseigner, dit-elle comme argument...
no comment.
no comment.
- Second souffle et ancienneté.
- Crise de la vocation, manque de profs à la rentrée ...
- Article sur Ragemag : y a-t-il une crise de vocation chez les enseignants?
- Les écoles anglaises devraient toutes, à terme, être privatisées.
- Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais.
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