Améliorer les remplacements de courte durée : le nouveau rapport de la Cour des Comptes

Personnellement, tout cela est du bla-bla. On annonce que les absences des enseignants sont remplacées. Non! Celles-ci sont pourtant en partie programmées (congés maladie, formation...). De plus, j'ai été absente 2 mois suite à une chute. Je n'ai été remplacée qu'une heure sur 18 non pas parce que les enseignants ne voulaient pas me remplacer. C'est quand même du grand n'importe quoi!

Bien sûr je n'en veux pas à mes collègues, pour la plupart on ne leur a rien demandé.

Tangleding a écrit:Evidemment cette règle coutumière des 15 jours n'a aucune base réglementaire, mais les collègues ont fini par croire qu'elle était gravée dans le B.O. C'est cocasse.

Les 96% de remplacements de moyenne et longue durée me font bien rire. La situation est catastrophique depuis la rentrée, comme je l'ai dit des élèves de mon collège n'ont pas eu espagnol durant deux mois. DEUX MOIS.

D'autres camarades ont fait part de situations aussi ahurissantes.

Cela prend cette année des proportions ahurissantes, et ce n'est pas une exception locale, c'est un état de fait structurel.

Alors nous enquiquiner avec les RCD c'est de l'obscénité pure. Surtout quand le MEN banalise des heures à la pelle pour son PLE à la noix, son autoévaluation, son projet anti-harcèlement aux contours totalement flous, sa formation laïcité imposée à la truelle.

Dans mon lycée, tous les congés maternités et paternités n'ont pas été remplacés, certains depuis le 1er septembre, et parfois concernant des spécialités de terminales (et pas des maths). Plusieurs postes restés vacants à la rentrée ont mis de longues semaines à être pourvus (pour l'un d'entre eux seulement maintenant). Un départ en retraite en cours d'année n'est pas remplacé pour le moment.
Donc 96 %, laissez-moi rire. On ronge l'os, il n'y a plus aucun vivier, ni d'ailleurs parfois aucune volonté de remplacer certaines absences même longues de la part des rectorats (puisque ce sont des contractuels, c'est de l'argent à sortir).
Rien de nouveau (on pourra trouver des anecdotes de professeurs non remplacés pendant des mois il y a plusieurs décennies déjà) mais là, ça devient systématique, en tout cas dans mon académie...
Alors s'intéresser aux absences d'un jour ou deux, quel intérêt ? A part pour faire de la garderie. C'est juste un moyen de casser nos statuts en prônant l'annualisation et autres fadaises. Le problème n'est pas seulement de "remplacer" les professeurs absents, mais de les remplacer de façon utile, donc avec un professeur formé et qui aura le temps de prendre la classe en main (1h, quel intérêt hormis surveiller une évaluation).

Je n'enseigne pas dans le secondaire, mais je constate chaque année le cirque que nous imposent certains rectorats pour libérer les jeunes collègues recrutés comme ATER ou pour un contrat doctoral. Ça sent davantage la panique que la sérénité ! Il y a trois ans, en plein bras de fer diplomatique, j'avais appris de source rectorale qu'il y avait dans notre académie 140 classes sans professeur de français le jour de la rentrée de septembre. Mais on entendait Blanquer plastronner devant les micros, as usual : "Tout se passe très bien, blablabla".


Le seul conseil que je puisse donner aux collègues du secondaire : n'acceptez jamais l'annualisation. Dans mon université, nous rattrapons les jours fériés (de façon à ce que les étudiants du groupe de TD qui tombe ce jour-là ne soient pas lésés par rapport aux autres, et de toute façon nos services sont vérifiés par l'administration selon un décompte purement mécanique qui ne tient pas compte de ces jours fériés : service dû = 192h, donc il doit y avoir sur le planning des réservations de salles pour 192h). En somme, les jours fériés ne servent qu'à mettre le bazar dans notre emploi du temps !

rapport a écrit:Pour les absences de longue durée, plus de 15 jours, le remplacement est assuré dans 96% des cas.

Ils ne sont pas gênés d'écrire de tels mensonges!

Un article récent du Monde (accès abonné) sur le sujet :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/23/dans-les-etablissements-scolaires-recherche-remplacants-desesperement_6103247_3224.html

extrait :

Il fut un temps où recruter un enseignant par « petite annonce » relevait presque de la blague – de la « mauvaise blague », rapportent les proviseurs. L’idée était d’alerter l’opinion sur les défauts de remplacement, de dénoncer les « trous dans la raquette ».
Rentrée après rentrée, face aux difficultés récurrentes à trouver des candidats, les chefs d’établissement sont nombreux à confier s’être résolus au « système D » : poster une offre sur Leboncoin ou dans la presse locale, faire appel à Pôle emploi, demander ici à un assistant d’éducation, là à un accompagnant d’élève handicapé de s’improviser professeur. Faire jouer la « solidarité entre profs », racontent-ils aussi, en demandant aux « présents » de prendre la classe du ou des « absents » (par un échange de cours ou des heures supplémentaires).
L’école primaire n’est pas en reste : il lui faut, quand les remplaçants manquent à l’appel, répartir les élèves entre les classes (« quand bien même le protocole sanitaire demande d’éviter les brassages », tempête une directrice dans le Nord), voire laisser les portes ouvertes et faire travailler un professeur à cheval entre deux salles.
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Deux mois sans français

Cette « crise aiguë » du remplacement, comme disent les enseignants, les parents d’élèves la dénoncent aussi. C’est en cette rentrée, dans un collège de l’académie de Versailles, une classe de 4^e qui additionne deux mois de cours de mathématiques et de français perdus. Ou encore ces deux classes de 5^e, dans un collège de la Seine-Saint-Denis, qui n’ont pas cours de français, et quatre classes qui n’ont plus histoire-géographie.

rapport a écrit:Pour les absences de longue durée, plus de 15 jours, le remplacement est assuré dans 96% des cas.

Je me demande comment ils arrivent à ce chiffre ..
Ca doit être pire que le téléphone arabe : les Eminences de la CC doivent appeler des IG, qui appellent les recteurs, qui appellent les CDE qui leur donnent des infos. Puis à la remontée, chaque niveau doit bidouiller les résultats pour faire bonne figure.
On dirait vraiment que CC ça veut dire aussi bien Cour des Comptes que Café du Commerce. Sauf que Jean-Michel dans son PMU ne gagne pas plus de 10 k€ par mois...

:suspect:ah ouais... 96 %... alors qu'il n'y a plus de TZR ni de contractuels disponibles dans de nombreuses disciplines ?
En ce moment, le nombre de professeurs absents est juste affolant. Je navigue assez pour voir la détresse des adjoints qui tentent comme ils le peuvent de mettre en place des aménagements.

Les chiffres remontent à 2019, donc avant la crise.

C'est un problème structurel en effet. Bien avant la crise, les viviers commençaient à s'épuiser. Bercy tenant les rênes...

On arrive à l'os. C'est devenu un sujet de discussion des élèves, maintenant. Un sujet d'inquiétude des élèves en collège. Je crois que si ces hurluberlus de la CC cherchent des indicateurs, cet indicateur qualitatif tient la corde.

Situation explosive au niveau vie scolaire. J'ai découvert hier que les collègues AED s'étaient mis en grève jeudi. La dernière fois j'avais posé une HMIS pour eux sans succès, j'attendais une demande explicite. Je pense qu'ils seront présents vendredi prochain.

Si les AED se cassent, la situation en collège va devenir explosive très rapidement.

Tangleding a écrit:On arrive à l'os. C'est devenu un sujet de discussion des élèves, maintenant. Un sujet d'inquiétude des élèves en collège. Je crois que si ces hurluberlus de la CC cherchent des indicateurs, cet indicateur qualitatif tient la corde.

Situation explosive au niveau vie scolaire. J'ai découvert hier que les collègues AED s'étaient mis en grève jeudi. La dernière fois j'avais posé une HMIS pour eux sans succès, j'attendais une demande explicite. Je pense qu'ils seront présents vendredi prochain.

Si les AED se cassent, la situation en collège va devenir explosive très rapidement.

Nous sommes à l'os depuis très longtemps. Je lis cette expression depuis quinze ans et comme les grenouilles, nous nous habituons alors que nous mourons (au sens littéral pour certains d'entre nous). Nos os sont brisés depuis des années et là, nous agonisons pour continuer la métaphore.

Disons qu'il devient difficile de faire illusion désormais. Avant tout le monde arrivait à faire comme si tout était normal et seuls les militants syndicaux répétaient en boucle et souvent dans l'indifférence que la situation était catastrophique.

Là, il y a un consensus sur le diagnostic. Reste à s'accorder sur les actions à mener. L'ennui c'est que je suis usé. Et les camarades aussi semblent usés.

Hier, des parents d'élèves sont allés dans la rue devant le rectorat

Les professeurs sont de moins en moins remplacés et les élèves perdent donc de nombreuses heures de cours

Les détails avec @pascalperri sur @LCI pic.twitter.com/HeL2RWvgBI

— La Matinale LCI (@LaMatinaleLCI) December 3, 2021

A nous d'inonder les réseaux sociaux pour faire quelques corrections...

A moins que la pénurie ne soit justement volontairement organisée histoire de foutre en l’air le système ….moi j’ai un peu cette impression depuis quelques temps .
( les dysfonctionnements énormes du bac et du brevet, les tzr sans poste alors qu’on manque de remplacements etc)

Tout a fait d'accord Iphigénie, le système s'ecroule, tout doucement, comme prévu.

Iphigénie a écrit:A moins que la pénurie ne soit justement volontairement organisée histoire de foutre en l’air le système ….moi j’ai un peu cette impression depuis quelques temps .
( les dysfonctionnements énormes du bac et du brevet, les tzr sans poste alors qu’on manque de remplacements etc)

Oui je le crois, comme l'hôpital public. Tout l'effort de communication de ceux qui dirigent fonctionne sur quelques axes qui permettent de continuer à broyer ce qui reste : dire que les réformes sont bonnes, trouver des coupables (les victimes des réformes généralement) en les accusant de ne pas en faire assez, ou jouer les étonnés ("c'est très étrange cette crise du recrutement, hein..."), et s'en prendre avec une grande violence aux contestataires, en laissant entendre que c'est ce genre de comportement qui nuit. L'hôpital et l'éducation sont deux énormes marchés à conquérir pour le privé et deux énormes budgets à diminuer. Donc, on peut sans être grand devin penser que ça va continuer, vu la logique financière et gestionnaire de nos "politiques".

Il n'y a même pas besoin d'organiser des dysfonctionnements. Il suffit de ne toucher à rien, et ça se fait tout seul. Continuer à geler le point d'indice suffit : on manque de gens, donc ça ne fonctionne pas.

La baisse des heures et la multiplication des classes personne n'en parle ? Là où avant on sortait deux fois pour aller au théâtre par exemple, aujourd'hui c'est quatre. Parce que sinon on est injuste et les parents des classes qui sortent pas râlent. Pas entendu un mot à ce sujet depuis hier. C'est valable pour beaucoup d'absences "institutionnelles".

Elberta a écrit:La baisse des heures et la multiplication des classes personne n'en parle ? Là où avant on sortait deux fois pour aller au théâtre par exemple, aujourd'hui c'est quatre. Parce que sinon on est injuste et les parents des classes qui sortent pas râlent. Pas entendu un mot à ce sujet depuis hier. C'est valable pour beaucoup d'absences "institutionnelles".

Depuis hier peut-être, mais ça a été souvent abordé. Les "réformes" , habillées "d'interêt des élèves" ont réduit les heures de cours pour supprimer des postes, tout en collant plus de classes aux enseignants. Nos avons désormais tous une classe de plus en lettres et en maths. La culture du projet, de la sortie, du péri-scolaire, qui permettra d'embaucher des animateurs plus que des professeurs va dans le même sens.

Il y a 2 ans, un collègue ( matières pro - motif sérieux, pas de doute) n'a pas été remplacé à la rentrée. Les élèves ont attendu, attendu.... Le collègue est revenu au printemps mais en mi-temps thérapeutique et miracle un jeune professionnel prend l'autre mi-temps. Tout va bien, enfin, me direz- vous! Ben non, ce jeune, dont les élèves étaient contents parce qu'ils avaient un prof, qu'en plus il était attentif, connaissait son domaine, etc.... est parti. 600 euros pour 4 semaines, il a trouvé mieux. Cherchez le problème. Non, vous savez déjà !