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- NenyimNiveau 5
Danska a écrit:neomath a écrit:zeprof a écrit:Pour te rassurer, imprime-toi ta feuille de cours et soit, comme c'est conseillé plus haut, tu la gardes à la main, soit tu la poses sur ton bureau et tu t'y réfères si nécessaire...
Voilà. Simple et efficace.
J'ai eu comme étudiant deux ou trois enseignants qui faisaient tout leur cours sans notes. Cela paraît impressionnant au début et puis l'on constate que c'est parce que c'est le même cours rabâché chaque année. Ce ne sont pas ceux là qui m'ont laissé le meilleurs souvenir. Je n'ai jamais cherché à les imiter.
Mouais. Ou alors on peut juste se sentir assez l'aise avec les fondamentaux de sa discipline, les attendus du programme et les documents qu'on a choisis nous-mêmes pour se passer de notes, sans pour autant rabâcher le même cours tous les ans.
Plutôt d'accord, je ne pense pas qu'il y ait une grande corrélation entre les deux. J'ai du faire pas loin d'une vingtaine de fois mon cours sur les proportion et les pourcentages en 5 ans et portant je vais continuer à utiliser mes notes de cours pour la moindre définition.
Je n'ai aucune mémoire et mes formulations ont tendance à être bancales. Donc je peux soit consacrer du temps en classe à réfléchir à comment formuler au mieux ou relire la formulation que j'ai travaillé à tête reposée au préalable, franchement le choix me semble évident et pour un meilleur résultat. Pareil pour mes preuves, oui je suis capable de démontrer sans aide tous les résultats du lycée mais je doute d'arriver à chaque fois sur la rédaction qui me semble la plus pertinente pour les élèves.
Après sur certaines choses je change ou j'adapte en fonction de la manière dont je sens la classe mais je ne fais pas un cours sans note et cela ne changera jamais. Je préfère nettement recopier une formulation que j'ai choisi et réfléchi à tête reposé plutôt que d'en balancer une beaucoup moins pertinente de tête. Après je me rappel de professeur de fac qui faisait 3h de cours sans aucune note et leur cours me semblais parfait, j'admire ce talent mais c'est clairement quelque chose que je n'aurai jamais donc vive mon cours tapé!
- lene75Prophète
Danska a écrit:lene75 a écrit:
Édit : je ne suis pas d'accord sur le fait qu'on maîtrise sa matière. 1000 vies ne suffiraient pas pour connaître tout ce qu'il y a à connaître. D'autant qu'il faut se mettre à jour et que les élèves ont des centres d'intérêt très variés. En revanche il ne faut pas avoir honte de dire aux élèves qu'on n'est "pas spécialiste" de tel ou tel point ou de tel ou tel auteur.
Ça dépend ce qu'on appelle maîtriser sa matière : connaître la réponse à toutes les questions qui s'y rapportent de près ou de loin, non évidemment ; maîtriser en détail ce qu'on est en train d'expliquer oui en revanche.
Je ne trouve pas si évident de savoir circonscrire où sont les limites de ce dont on parle quand on fait un cours les premières fois.
Exemple tout frais. Cours sur les expressions de la sensibilité en spécialité. Déjà à la base j'ai du mal à voir où est la philo là-dedans. Je suis en terrain totalement inconnu. Jamais entendu parler de ça pendant mes études. Jamais lu un bouquin là-dessus depuis.
Je me lance dans un texte d'Adam Smith extrait de la Théorie des sentiments moraux que propose le manuel. Puisqu'ils voient un rapport avec le thème, allons-y. Par chance j’ai étudié l'œuvre de façon assez approfondie à la fac, ça date un peu mais j'ai quelques souvenirs. Je pourrais la relire, mais ce serait plusieurs heures de boulot pour une seule séance de cours. Je vais compter sur mes vieux souvenirs. Évidemment qui dit Adam Smith avec des spé SES dans le groupe dit revoir quelques bases de la Richesse des nations, que je n'ai pas non plus le temps de relire pour l'occasion. Ça ne manque pas. Un élève me pose une question un peu pointue de comparaison des deux œuvres, il cherche la cohérence entre les deux approches. Il a un avantage indéniable par rapport à moi : ses lectures sont toutes fraîches, les miennes ont 20 ans... Je m'en sors même si je n'avais pas anticipé la question.
Dans le groupe d'autres ont une sensibilité plus psy. Avec les littéraires je commence à avoir un peu l'habitude. J'ai fait le cours il y a 2 ans, j'ai un peu anticipé, sympathie, empathie, ils vont me parler de psychopathes, ça ne manque pas. D'autisme, j'y arrive encore. "Est-ce que l'intelligence émotionnelle existe ?", plus ça va plus mes connaissances sont vagues, psychopathe / sociopathe. Est-ce qu'on peut apprendre à ressentir des sentiments à quelqu'un qui n'en a pas ? Youhou, je retombe sur mes pattes, ça tombe pile dans le bouquin du projet auquel j'ai inscrit les élèves et que je viens de passer le weekend à lire. Malgré tout au bout d'un moment je sors le Joker : je ne suis pas psychiatre, mes compétences ont des limites.
Ok, on poursuit. Smith parle du brigand qui a malgré tout de la pitié. Ils ont fait Rousseau l'année dernière. Ça leur parle. C'est la société qui corrompt l'homme. Je suis en terrain connu, les différentes visions de l'état de nature, une question sur la vision de la nature humaine de Kant, ça va, je maîtrise. Mais je n'aurais jamais pensé à réviser ça pour ce cours, pourtant la question est très pertinente et en plein dans le thème... sauf que moi j'avais prévu de parler d'introspection chez Descartes. Là ils m'emmènent clairement ailleurs, mais jusque-là je m'en sors.
Et là la question qui sort de derrière les fagots : et par rapport à Hume ? Hume, p*, Hume, WTF ? Mais qu'est-ce que vous avez fait cet été, les enfants ? Bien sûr, on s'est embarqué dans Kant, alors Hume, Hume, la politique, bord*l, est-ce qu'il en a même parlé ? Je ne suis pas psychiatre mais je suis prof de philo. Hume, p*, dans L'Enquête, sûr que non. Mais ailleurs ? Allez, Joker. Je leur dis que Hume, l'épistémologie, je maîtrise, la politique, Joker.
Allez, c'est reparti. Molière. Molière, mais bien sûr, je n’y avais pas pensé. Génialissime. Mais oui ! Molière ça va. Le Malade imaginaire, Le Médecin malgré lui. Je les ai revus en juin. C'est tout frais.
Dans 5 ans, dans 10 ans, je les connaîtrai par cœur, toutes ces questions. D'ici-là j'aurai tout relu. Mais là tout de suite maintenant, les expressions de la sensibilité, Hume ? Sérieusement ? Mais oui, forcément, Rousseau, Kant... Hume, la psychiatrie, la Richesse des nations, le capitalisme, le marketing, les neurones miroirs, les enfants soldats, Levinas, donc, forcément, le visage, l'autre, Merleau-Ponty. Eh, les enfants, sinon, en contrepoint, j'avais prévu un texte de Sartre sur la honte. Oui, les enfants soldats, oui, l'inconscient, non, je ne sais pas... JE NE SUIS PAS PSYCHIATRE, bordel ! Aaah, vous êtes passionnés d'art... non, pas moi, oui, la philo de l'art, bien sûr... votre prof de littérature vous a dit que... ah oui, c'est bien, elle doit savoir ce qu'elle dit (elle). Oui, bien sûr, l'empathie, le droit, ah, vous voulez faire des études de droit, oui, bah le juge, oui, c'est vrai, la fin du texte, oui, Adam Smith, le juge, l'artiste, le psychopathe, l'état de nature, la Richesse des nations... 2h de cours... Allez, demain on parle de la sensibilité de l'artiste, Kant, Hegel, Baudelaire... et les autres.
Bonne nuit 🤩
- uneodysséeÉrudit
Voilà – j’ai la même en littérature, je te rassure (ou pas).
Sinon, par rapport au sujet du fil, j’ai (justement), le fil de mon cours. Je sais où je vais et par où je veux passer (sans compter les détours imposés par les élèves bien sûr). En revanche, plus ça va, et plus je consacre du temps à ma propre formation : me documenter, lire, relire, et moins j’en passe à taper mon cours tout propre. Typiquement, une année ordinaire, je fais un cours tout beau tout propre en septembre-octobre… et je lâche l’affaire ensuite. Cette année, avec la rentrée bouleversée que j’ai eue… j’ai déjà lâché sur le cours tout propre. Pas eu le courage. J’ai ma fiche (brouillon de récup A4 plié en deux) au crayon avec un plan, mots-clefs, numéros de page, et puis ma tête pleine. L’inconvénient c’est que ça se réutilise moins facilement d’un an sur l’autre. Mais comme de toute façon je fais toujours évoluer le cours…
- DanskaOracle
uneodyssée a écrit:
Voilà – j’ai la même en littérature, je te rassure (ou pas).
Ben, de la même façon que parler de délinquance en SES aboutit très vite à des questions ultra précises sur les différences entre le système carcéral des États-Unis et celui de la France, ou parler des marchés financiers sur des questions tout aussi précises sur les modalités concrètes d'une entrée en Bourse pour une entreprise...
Mais avec un peu d'expérience on est tout de même censés savoir à peu près si telle question fait partie des trucs qu'on doit maîtriser ou si vraiment on s'éloigne tellement du programme ou si on entre tellement dans les détails qu'on a bien le droit de ne pas avoir la réponse nous aussi sans être incompétent pour autant.
- pseudo-intelloSage
Ettol a écrit:Merci à tous pour vos nombreux conseils, vraiment !
Pour répondre à la fameuse question, j'enseigne les SES (j'hésitais à mettre la discipline, car comme le forum est public, je crains un peu que l'on ne me reconnaisse...)
Vous m'avez bien cerné, j'ai peu confiance en moi, pour tout d'ailleurs...
En plus, je fais très jeune (beaucoup me prennent pour une seconde !), j'ai l'impression que les élèves ne me trouvent pas crédible... C'est une des raisons de cette volonté de "maîtrise parfaite".
Lene75, ton message m'a énormément parlé, merci, je suis à 100% d'accord avec tes propos !
Si tu fais très jeune et que tu crains ne pas être "crédible", je trouve que justement, le côté "par cœur" peut te desservir, et te donner un peu l'air de l'élève qui récite son exposé. En outre, je pense, comme egomet, que toute cette attention protée au suivi minutieux du cours peut se faire au détriment de celle que tu devrais porter à tes élèves, à la manière qu'il semblent avoir de comprendre ou non ton cours, à a réaction de la classe.
Tu manque manifestement de confiance en toi, mais tu as choisi un métier où il en faut ; belle occasion de te lancer et de dépasser certaines appréhension !
Je trouve les conseils qui te sont donnés très bons : fais des fiches profs de plus en plus légères, en ne rédigeant que les points cruciaux qu'il est impératif de connaître mot à mot (une citation, une définition) ; tu es certifiée, tu maîtrises quand même ce que tu dois expliquer à tes élèves. J’imagine que le besoin du support varie fortement d'une discipline ou d'un niveau à l'autre (un chapitre de révision de conjugaison à ds collégiens, je le sors de derrière le fagots avec juste une craie et un tableau, mais je crois volontiers qu'un cours sur une notion de philo en terminale, c'est différent).
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- uneodysséeÉrudit
Je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres disciplines, mais en HLP les programmes nous décentrent pas mal. En tout cas, je sais que mon collègue de philo, comme lene75, ne sait pas toujours où est la philo…
- EttolNiveau 2
Encore merci pour vos réponses et conseils précieux.
Je vais essayer d'appliquer vos conseils pour demain, je verrais bien ce que cela donne !
Merci également pour le lien à propos du syndrome de l'imposteur, effectivement, je m'y reconnais beaucoup.
Je vais essayer d'appliquer vos conseils pour demain, je verrais bien ce que cela donne !
Merci également pour le lien à propos du syndrome de l'imposteur, effectivement, je m'y reconnais beaucoup.
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