- MathadorEmpereur
Et tant qu'à faire, leur permettre à nouveau de valider ces années dans leur carrière de fonctionnaire comme c'était possible jusqu'en 2013.Kaga a écrit:J'en profite pour rebondir sur la questions des AeD prépro qui selon moi sont l'un des témoins de bonnes idées laissées de côté. C'est, je le crois, le meilleur statut pour des étudiants souhaitant coupler rémunération, découverte du métier et renforcement disciplinaire. Ils disposent d'une meilleure rémunération que les contractuels-alternants sans leur entière responsabilité, et d'une ancienneté autrement supérieure. Il faudrait généraliser ce système à toutes les matières et pas seulement aux plus déficitaires comme les lettres. Donner cette possibilité d'AeD prépro en parallèle d'un réel renforcement disciplinaire, puis un passage du CAPES en fin de L3 ou M1, avant une mise en stage en responsabilité progressive me semble être une piste intéressante.
À condition de considérer le niveau de référence de l'agrégation comme le M1, ce qui était le cas avant mastérisation et l'est redevenu de fait avec les M2 spéciaux qui préparent à l'agreg.Iridiane a écrit:Personnellement, je ne serais pas contre le fait qu'on propose aux étudiants de passer le CAPES avec "seulement" une L3 en poche, puis qu'on les rémunère ensuite pendant deux années de master. Mais 1/ il faudrait que ce soit à l'issue de la L3 et pas pendant la L3 ; 2/ il faudrait que ce soit à l'issue d'une année de préparation entièrement dédiée au concours (qui permettrait de travailler sur les savoirs fondamentaux bien mieux qu'en MEEF, au final, puisqu'en MEEF on saupoudre tout et ce n'est pas satisfaisant non plus). En gros, ok pour un master à dominante pro (stages et didactique, même si je pense vraiment que l'utilité des cours de didactique à l'INSPE dans l'état actuel des choses est nulle, voire que ces "cours" sont nuisibles), mais à condition d'avoir permis en amont une vraie formation disciplinaire assurée par l'université. Une prépa CAPES en somme, je n'invente rien, c'était le cas à l'époque où le concours se passait après la L3. Du reste, c'est le système qu'il y a pour l'agrégation, qui est une formation très exigeante: je ne vois aucune raison valable de ne pas souhaiter la même chose pour le CAPES. Et un concours sélectif, c'est très bien, c'est la garantie d'un bon niveau. On ne peut pas souhaiter que des gens d'un niveau disciplinaire faible arrivent devant les élèves, c'est honteux.
La plus grosse arnaque étant que dans le texte présenté aux syndicats l'année de M1 n'était pas sous statut de fonctionnaire stagiaire (ce statut, au passage, exige le paiement du traitement minimum de la FP qui est au-dessus des 1400 bruts). Et donc, potentiellement, pas comptabilisée pour la retraite, pour l'ancienneté requise pour les concours internes, etc.Kaga a écrit:Bien sûr, la revalorisation devrait être financière comme morale (place de l'enseignant dans la société et dans l'esprit des élèves et familles, passant par le soutien de l'institution), ainsi que passer par la levée de tous les obstacles au bon exercice de notre métier tant pédagogiquement qu'au niveau de notre propre santé. Tu as raison sur la rémunération, d'autant plus en brut pour un tel montant. C'est une amélioration vis-à-vis de la situation actuelle totalement indécente, mais c'est toujours trop peu pour un fonctionnaire stagiaire de catégorie A.
Surtout quand c'est assorti d'un engagement à servir l'administration et qu'on voit comment certains titulaires galèrent à se reconvertir par concours.Jenny a écrit:Effectivement, c'est aussi enfermer des étudiants dans une profession qui ne leur conviendra peut être pas...
- MathadorEmpereur
Il me semble que même si les diplômes d'ingénieur sont réglementés, le métier ne l'est pas, contrairement aux États-Unis et au Canada.gelth a écrit: Ah oui, les ingénieurs en pédagogie qui utilise un titre qu'il n'ont pas. Ingénieur est un titre en France. Il est délivré par des écoles d'ingénieurs accrédités par la commission des titres d'ingénieur(CTI).
Et qu'il est donc légal d'occuper un emploi d'ingénieur sans avoir de diplôme d'ingénieur (c'est d'ailleurs mon cas).
PS: j'ai relu le message d'avant, il s'agirait donc d'un diplôme d'ingénierie en pédagogie. Là on frôle en effet la limite de la CTI…
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- epekeina.tes.ousiasModérateur
N.B. C'est le titre “ingénieur diplômé” qui est protégé et garanti par la loi (cf. “DPE”=diplômé par l'État) et non la mention “ingénieur”. En l'occurrence, je crois bien que l'expression est dérivée d'une autre expression : on a inventé “l'ingénierie pédagogique” et la conséquence en a été d'appeler les diplômés de cette filière des “ingénieurs en pédagogie”. N'étant, pour ma part, pas du tout ingénieur en quoi que ce soit, je me garderai bien de me prononcer sur la légitimité ou la valeur de cette appellation.
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Si tu vales valeo.
- Aperçu par hasardModérateur
epekeina.tes.ousias a écrit:Bah… Ça n'arrivera jamais tant qu'aucun responsable politique digne de ce nom ne le décidera pas — en appuyant sur sa décision, en poussant les recteurs à appliquer sans faillir. Autrement dit : avec ordre ferme d'appliquer ou d'être éjecté. Il faudrait quoi ? Quelques mois au maximum.
En réalité, je pense que ça va arriver plus tôt qu'on ne l'imagine. Par ex., annoncer que désormais les notes de brevets devraient refléter un niveau réel, que les élèves pas à niveau iront dans une classe de transition, et qu'à l'issue de celle-ci, ceux qui n'auraient toujours pas acquis le niveau nécessaire iraient dans le professionnel ou nulle part (cf. au-delà de 16 ans, c'est un droit à la poursuite d'études, mais dans le niveau correspondant aux capacités), n'était-ce pas une manière d'aller dans ce sens ? Et a-t-on vu grand monde s'en émouvoir ?
En la matière, je crains fort que ce ne soit qu'une question d'habillage. Alors dans ce cas, on peut peut-être se poser la question : avec ou sans une action pour rétablir le corps enseignants ? Et puis, pour tout dire, cela fait plus de trente ans que je vois sans cesse s'amenuiser le discours sur les exigences ; il faut toujours en rabattre, toujours dire que oui, mais, ça ne se fera pas, et ainsi de suite. À mon sens, il faudrait plutôt faire l'inverse : demander, exiger le plus possible, le maximum. Au point où on en est, de toute façon…
Je crois que le problème est de toute façon vertigineux. Les questions d'une pratique pédagogique réellement exigeante et de la possibilité d'exclure les perturbateurs - deux paramètres non négligeables dans l'exercice du métier d'enseignant, et donc, on peut le supposer, dans son attractivité - ne sont à mon humble avis qu'une petite partie de la partie émergée de l'iceberg.
Il me semble que ce qu'il faudrait, c'est une politique territoriale et urbaine davantage appuyée sur la concertation avec les acteurs locaux et réglée sur une vision à long terme (mais suffisamment souple cependant pour connaître des ajustements réguliers), à même de "déghettoïser" certains quartiers ou de "démarginaliser" (désolé, j'invente des mots, je ne suis pas spécialiste de ces questions) certaines campagnes, de sorte à équilibrer les perspectives sur la globalité du territoire.
C'est une politique qui revitalise le tissu agricole et industriel en tenant compte non seulement des priorités dans un monde profondément affecté par des évolutions climatiques, environnementales et technologiques, mais aussi des possibilités dans un ensemble européen où le développement de ces domaines devrait être pensé en synergie. C'est une valorisation des emplois dans ces secteurs qui passe par une limitation des tâches mécaniques et une meilleure reconnaissance symbolique et financière, et donc - nécessairement - par une répartition équitable des profits. J'ai l'impression que sans cela, certaines filières de l'enseignement professionnel resteront (et cela en dépit de la qualité du travail des collègues qui y enseignent) perçues comme un déversoir pour les "perturbateurs" de l'enseignement général, alors qu'un élève devrait avoir le droit de ne pas se sentir à l'aise dans l'enseignement général sans avoir le sentiment d'être considéré comme un individu de seconde catégorie contraint de subir une forme de relégation.
Et puis, sur la question des exigences, j'ai l'impression qu'on a l'art, dans ce pays, de prendre le problème à l'envers. Durcir les conditions d'accès à tel ou tel niveau, mettre en place des épreuves de la mort au baccalauréat (façon "vous allez voir ce que vous allez voir", un bac enfin "musclé"), c'est assimiler exigence et tri des élèves en bout de parcours. Un tri de surcroît impossible si on prétend l'appliquer dans tout sa rigueur, puisqu'on ne peut pas envoyer tous les élèves qui n'ont pas le niveau apparemment exigé en général vers un enseignement professionnel assimilé (certes pas toujours, mais trop souvent) à une voie de garage, et qu'on ne peut évidemment pas imaginer les mettre simplement à la rue. Alors oui, on bidouille, on triche, on ment, on fait "comme si" tout le monde - ou presque - avait le niveau exigé, sans avoir créé en amont les conditions pour que le plus grand nombre ait effectivement la possibilité d'atteindre ce niveau.
Je crois qu'au contraire une véritable exigence passerait avant tout par un renforcement des conditions d'une acquisition solide des savoirs (avec une bonne base commune) par le plus grand nombre d'élèves possible, couplé à une reconnaissance progressive et équitable de la diversité des profils. Tâche considérable, qui impliquerait, à l'échelle de l'EN, que l'on se donne la peine d'une réflexion de fond menée avec les enseignants (à qui, chose extraordinaire, l'on ferait un peu confiance...) sur la définition des savoirs à acquérir aux différents niveaux/dans les différents secteurs de la formation, sur les programmes, sur les méthodes et les conditions de travail.
Cela étant, je suis assez persuadé que ce seul travail dans le cadre de l'EN n'aurait aucun effet sérieux sans que des solutions efficaces soient apportées aux questions plus générales que j'évoque rapidement plus haut. Je pense que c'est à toutes ces conditions que nous aurions moins de "perturbateurs", que l'"exigence" cesserait de marcher main dans la main avec un tri vexatoire que l'on maquillerait du mot d'"orientation", et que cela contribuerait - peut-être - à ce que le métier d'enseignant retrouve une part du sens qu'il semble avoir perdu et (re)devienne un peu plus attractif.
- trompettemarineMonarque
Entendu à la radio ce matin, le décret sur la réforme des enseignants (passage en L3 avec rémunération des enseignants) ne passera pas. Nicole Belloubet voulait le signer (ou l'a signé ? J'ai mal entendu) au dernier moment. Refus catégorique de Bercy : trop cher.
Je mettrai un lien dès que je verrai un article de presse numérique.
EDIT : article publié hier (je n'ai pas relu le fil, peut-être en a-t-il déjà été question.)
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/17/la-reforme-de-la-formation-des-enseignants-ne-passera-pas-avec-un-gouvernement-en-affaires-courantes_6251636_3224.html
Je mettrai un lien dès que je verrai un article de presse numérique.
EDIT : article publié hier (je n'ai pas relu le fil, peut-être en a-t-il déjà été question.)
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/17/la-reforme-de-la-formation-des-enseignants-ne-passera-pas-avec-un-gouvernement-en-affaires-courantes_6251636_3224.html
Le Monde (en ligne) a écrit:La réforme de la formation des enseignants ne passera pas avec un gouvernement en « affaires courantes »
Au ministère de l’éducation nationale, on évoque une « réforme différée ». Mais au sein des cercles éducatifs, beaucoup estiment désormais que ce projet contesté ne verra jamais le jour.
- IridianeFidèle du forum
trompettemarine a écrit:Entendu à la radio ce matin, le décret sur la réforme des enseignants (passage en L3 avec rémunération des enseignants) ne passera pas. Nicole Belloubet voulait le signer (ou l'a signé ? J'ai mal entendu) au dernier moment. Refus catégorique de Bercy : trop cher.
Je mettrai un lien dès que je verrai un article de presse numérique.
EDIT : article publié hier (je n'ai pas relu le fil, peut-être en a-t-il déjà été question.)
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/17/la-reforme-de-la-formation-des-enseignants-ne-passera-pas-avec-un-gouvernement-en-affaires-courantes_6251636_3224.htmlLe Monde (en ligne) a écrit:La réforme de la formation des enseignants ne passera pas avec un gouvernement en « affaires courantes »
Au ministère de l’éducation nationale, on évoque une « réforme différée ». Mais au sein des cercles éducatifs, beaucoup estiment désormais que ce projet contesté ne verra jamais le jour.
Oui, cela fait en effet plusieurs pages qu’on en parle
C’est quand même une dinguerie absolue: si le machin ne passe pas, ce n’est pas parce que c’est inapplicable, ni parce qu’il serait honteux qu’un gouvernement démissionnaire fasse passer des décrets, pensez vous! C’est juste que c’est trop cher. Comme quoi, même sans la dissolution, même sans la démission du gouvernement, le décret ne serait pas passé parce que la macronie, en la personne de le maire, aurait refusé d’entériner sa propre réforme. On aurait dû se douter que ce qui les gênerait serait le seul aspect positif de ce merdier : la rémunération. Immonde, de bout en bout. Mais enfin du coup cette réforme n’aura effectivement certainement jamais lieu.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
@Aperçu par hasard : je suis tout à fait d'accord avec ce que tu écris — ce n'est pas impossible, mais il faudrait se retrousser les manches, être pragmatique et cesser de croire qu'“il n'y a qu'à dire aux profs” de faire ci ou ça…
Et oui : il y a un problème de coût évident. La population vieillit, il y a donc moins de jeunes qui entrent sur le marché de l'emploi, donc moins de profs potentiels. Jusqu'à un certain point, cela n'a pas forcément d'effet négatif surtout si le taux de naissance baisse, mais quand la balance s'inverse cela provoque ce que l'on on a sous les yeux.
Qui plus est, on est mal armé en France pour affronter ce problème : il est assez évident qu'il y a un mépris fort vis-à-vis de la question de la formation des maîtres et de ses exigences — voire que beaucoup de responsables estiment que c'est une non question. C'est à mon avis le sens de cette réaction : ça coûterait trop cher — qui ne m'étonne presque pas : je dis “presque” parce que la tentation de passer un truc en douce a tout de même dû être forte. Mais devoir payer des étudiants deux années alors qu'“ils ne sont pas employables” : j'ai si souvent vu des réactions outrées sur ce point quand il ne s'agissait que de les rémunérer une année (l'année de stage en M2)… Alors deux ans (déjà, il y a un peu plus de 2 ans, quand on a commencé à entendre parler de cette réforme, j'avais du mal à y croire).
Tout cela pour quoi ? Pour persister à traiter la question à coups de contractuels en se disant que cela ira toujours, comme si les parents et les gens en général ne voyaient pas que cela pose problème. Sachant que la direction de la DGESCO change ce 1er août (décision en conseil des ministres de ce mardi), si cela reste le nouveau mot d'ordre, il y aura peut-être une réforme dans les deux années qui viennent (vu qu'elle n'est pas à fort risque), mais ce sera à la baisse et à l'économie.
Et oui : il y a un problème de coût évident. La population vieillit, il y a donc moins de jeunes qui entrent sur le marché de l'emploi, donc moins de profs potentiels. Jusqu'à un certain point, cela n'a pas forcément d'effet négatif surtout si le taux de naissance baisse, mais quand la balance s'inverse cela provoque ce que l'on on a sous les yeux.
Qui plus est, on est mal armé en France pour affronter ce problème : il est assez évident qu'il y a un mépris fort vis-à-vis de la question de la formation des maîtres et de ses exigences — voire que beaucoup de responsables estiment que c'est une non question. C'est à mon avis le sens de cette réaction : ça coûterait trop cher — qui ne m'étonne presque pas : je dis “presque” parce que la tentation de passer un truc en douce a tout de même dû être forte. Mais devoir payer des étudiants deux années alors qu'“ils ne sont pas employables” : j'ai si souvent vu des réactions outrées sur ce point quand il ne s'agissait que de les rémunérer une année (l'année de stage en M2)… Alors deux ans (déjà, il y a un peu plus de 2 ans, quand on a commencé à entendre parler de cette réforme, j'avais du mal à y croire).
Tout cela pour quoi ? Pour persister à traiter la question à coups de contractuels en se disant que cela ira toujours, comme si les parents et les gens en général ne voyaient pas que cela pose problème. Sachant que la direction de la DGESCO change ce 1er août (décision en conseil des ministres de ce mardi), si cela reste le nouveau mot d'ordre, il y aura peut-être une réforme dans les deux années qui viennent (vu qu'elle n'est pas à fort risque), mais ce sera à la baisse et à l'économie.
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- SolaireNiveau 2
La réforme n'aurait présenté qu'un seul avantage. Elle rehausserait symboliquement, par contraste, le prestige de l'agrégation qui, sans se mouvoir elle-même, se retrouverait deux coudées universitaires au-dessus du reste. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas non plus décisif.
A mon avis, la réforme projetée aurait réussi à enrayer pas mal la crise des vocations. Ce qui aurait eu le fâcheux effet de liquider la question de la revalorisation salariale de tous les profs. Si la réforme est abandonnée, je ne vois pas comment, à terme, cette question pourra être durablement éludée. Si on veut pourvoir, il faudra bien augmenter les traitements, ou en tout cas la rémunération au sens large, les contractuels ne peuvent pas être une réponse de fond au problème de l'attractivité.
A mon avis, la réforme projetée aurait réussi à enrayer pas mal la crise des vocations. Ce qui aurait eu le fâcheux effet de liquider la question de la revalorisation salariale de tous les profs. Si la réforme est abandonnée, je ne vois pas comment, à terme, cette question pourra être durablement éludée. Si on veut pourvoir, il faudra bien augmenter les traitements, ou en tout cas la rémunération au sens large, les contractuels ne peuvent pas être une réponse de fond au problème de l'attractivité.
- JennyMédiateur
Solaire a écrit:A mon avis, la réforme projetée aurait réussi à enrayer pas mal la crise des vocations.
Je n'en suis à vrai dire pas convaincue, pas dans les zones où la vie est chère (et où il manque des enseignants).
- IridianeFidèle du forum
Jenny a écrit:Solaire a écrit:A mon avis, la réforme projetée aurait réussi à enrayer pas mal la crise des vocations.
Je n'en suis à vrai dire pas convaincue, pas dans les zones où la vie est chère (et où il manque des enseignants).
Je n'en suis pas convaincue non plus : 1400€ bruts, c'est sans doute mieux que rien, mais c'est ridicule (et de toute façon c'était déjà trop cher pour Bercy) et par ailleurs, je le répète, mais le salaire est loin d'être le seul frein : les conditions de travail sont souvent exécrables, les établissements (ou les classes) peuvent être extrêmement difficiles, on n'a absolument aucune latitude sur son affectation, les situations familiales peuvent être très compliquées... Qui a envie de se fader tout ça pour 1400€?? Certes, il y aurait peut-être eu un effet d'aubaine, avec davantage d'inscrits au concours (et deux concours parallèles pendant deux ans, en plus) mais m'est avis que le soufflé serait très vite retombé. D'ailleurs, la réforme le prévoyait, d'où le contrat quinquennal pour empêcher à tout prix les gens de démissionner, comme le font beaucoup de stagiaires quand ils se retrouvent confrontés à certaines réalités du métier.
- MatteoNiveau 10
Je suis persuadé que le salaire proposé est un effet signal très négatif : n'importe quel étudiant verra que son job étudiant rapporte plus. Alors ok il gagnera plus après, mais on voit d'abord ce qu'on a en premier.
- KagaNiveau 4
Concernant la latitude sur l'affectation, quelles sont les propositions qui circulent pour changer cela ? On mesure les travers des affectations académiques (des concours aux exigences très diverses et ne faisant pas partout le plein pour les PE, des mutations interacadémiques cloisonnées). Je sais que le mouvement à un tour a existé. Est-ce une solution envisageable pour régler les mutations grippées ?
- JennyMédiateur
Matteo a écrit:Je suis persuadé que le salaire proposé est un effet signal très négatif : n'importe quel étudiant verra que son job étudiant rapporte plus. Alors ok il gagnera plus après, mais on voit d'abord ce qu'on a en premier.
C'est ça. En IdF, c'est un salaire repoussoir (et encore, ils ont pensé à les payer 900 euros bruts. ).
- Clecle78Bon génie
Pas si sûr. Mes élèves apprécieraient un tel salaire, eux qui triment dans les vignes ou sur les marchés tout l'été.
- IridianeFidèle du forum
Clecle78 a écrit:Pas si sûr. Mes élèves apprécieraient un tel salaire, eux qui triment dans les vignes ou sur les marchés tout l'été.
Enfin, ça n'a rien à voir. Être enseignant ne peut pas être un job étudiant! Et puis, trimer tout l'été, ça n'a rien à voir avec trimer pendant deux ans non-stop sans certitude d'être titularisé, avec un salaire pourri, et un contrat quinquennal à rembourser si par malheur on se rend compte que ça ne marche pas. Mais bien sûr, les étudiants ne voient pas cela, et c'est compréhensible: on les enfume.
- Clecle78Bon génie
Mais ce n'est pas si pourri justement, pour eux. Et ça peut leur donner une sécurité. Bien sûr que nous savons que c'est bien plus compliqué mais pour un jeune modeste ce n'est pas nul, 1400 euros tous les mois, y compris les vacances. C'est ce que mon fils était bien content de toucher en tant que contractuel après avoir subi la perte de son entreprise. En tout cas ç'aurait été mieux que rien comme actuellement.
- SolaireNiveau 2
Evidemment.
Les étudiants sont réalistes. Le fonctionnariat dès 3 ans d'études et un gap salarial très correct après 2 ans, c'est attractif.
Il ne faut pas oublier qu'en principe avec une licence à la fac, aujourd'hui, on ne fait plus rien.
Les étudiants sont réalistes. Le fonctionnariat dès 3 ans d'études et un gap salarial très correct après 2 ans, c'est attractif.
Il ne faut pas oublier qu'en principe avec une licence à la fac, aujourd'hui, on ne fait plus rien.
- IridianeFidèle du forum
En attendant, dans ma fac (et pour avoir eu des échos de collègues dans d’autres facs, c’est la même chose), le nombre de futurs L3 voulant passer le CAPES dans la cadre de la réforme était de… 6. Et pourtant, dans le coin où je travaille, ils sont loin de venir de milieux favorisés. Mais très peu veulent enseigner, même avec un salaire à 1400€. Le métier ne fait juste pas envie, en fait.
Par contre, c’est vrai que, pour ceux qui voulaient passer le CAPES quoi qu’il en soit, la réforme était plutôt vue comme une aubaine, avec cette promesse de rémunération. Ça se comprend, de leur point de vue. Mais je le redis, du point de vue des universitaires préparant les étudiants au concours et ayant encore un fond de déontologie, envoyer les étudiants enseigner au niveau L3, c’est honteux. Encore une fois, enseignant ne devrait pas être un job étudiant ou un job alimentaire (aucun mépris dans cette formule, simplement enseigner ça n’est pas servir au macdo).
Par contre, c’est vrai que, pour ceux qui voulaient passer le CAPES quoi qu’il en soit, la réforme était plutôt vue comme une aubaine, avec cette promesse de rémunération. Ça se comprend, de leur point de vue. Mais je le redis, du point de vue des universitaires préparant les étudiants au concours et ayant encore un fond de déontologie, envoyer les étudiants enseigner au niveau L3, c’est honteux. Encore une fois, enseignant ne devrait pas être un job étudiant ou un job alimentaire (aucun mépris dans cette formule, simplement enseigner ça n’est pas servir au macdo).
- IridianeFidèle du forum
Solaire a écrit:Evidemment.
Les étudiants sont réalistes. Le fonctionnariat dès 3 ans d'études et un gap salarial très correct après 2 ans, c'est attractif.
Il ne faut pas oublier qu'en principe avec une licence à la fac, aujourd'hui, on ne fait plus rien.
Il y a une bonne raison à ça : le niveau de la licence est faible. La sélection se fait en master. Les étudiants ne sont pas réalistes, ils croient sincèrement que leur diplôme de licence vaut quelque chose alors que c’est très souvent illusoire. Avec une licence, on n’a pas les connaissances disciplinaires pour enseigner - sauf dans le cas d’excellents étudiants bien sûr, mais parmi eux, rares sont ceux qui se dirigent vers le CAPES.
- MektoubNiveau 2
Iridiane a écrit:En attendant, dans ma fac (et pour avoir eu des échos de collègues dans d’autres facs, c’est la même chose), le nombre de futurs L3 voulant passer le CAPES dans la cadre de la réforme était de… 6. Et pourtant, dans le coin où je travaille, ils sont loin de venir de milieux favorisés. Mais très peu veulent enseigner, même avec un salaire à 1400€. Le métier ne fait juste pas envie, en fait.
Par contre, c’est vrai que, pour ceux qui voulaient passer le CAPES quoi qu’il en soit, la réforme était plutôt vue comme une aubaine, avec cette promesse de rémunération. Ça se comprend, de leur point de vue. Mais je le redis, du point de vue des universitaires préparant les étudiants au concours et ayant encore un fond de déontologie, envoyer les étudiants enseigner au niveau L3, c’est honteux. Encore une fois, enseignant ne devrait pas être un job étudiant ou un job alimentaire (aucun mépris dans cette formule, simplement enseigner ça n’est pas servir au macdo).
Ça me rappelle la pub Blanquer/konbini en 2020.. ils en ont rêvé, ils le font… mac do/ enseignement c’est kif kif
- JennyMédiateur
Petit rappel :
SMIC Brut en 2024 : 1 766,92 €
On parle donc de recruter des futurs fonctionnaires catégorie A en dessous du SMIC et certains trouvent ça très bien.
Je ne vois pas comment on peut se loger décemment et manger à sa faim, payer les transports sans aide familiale dans certains coins y compris les plus déficitaires. Les étudiants les plus défavorisés, ceux qui sont en reconversion, n'auront pas le luxe de pouvoir travailler à ce niveau de rémunération.
Je ne l'aurais pas fait, je n'aurais pas pu me le permettre.
Sur le profil des lauréats de concours, ce n'est pas l'étudiant de 22 ans qui domine. Adopter un tel système, c'est se priver d'une bonne part des candidats actuels.
Source : Note d'information de la DEPP, Profil des admis aux concours enseignants 2022, Novembre 2023
Comment imaginer qu'à 30 ans en moyenne pour l'externe, on puisse se contenter de 1400 euros bruts ?
SMIC Brut en 2024 : 1 766,92 €
On parle donc de recruter des futurs fonctionnaires catégorie A en dessous du SMIC et certains trouvent ça très bien.
Je ne vois pas comment on peut se loger décemment et manger à sa faim, payer les transports sans aide familiale dans certains coins y compris les plus déficitaires. Les étudiants les plus défavorisés, ceux qui sont en reconversion, n'auront pas le luxe de pouvoir travailler à ce niveau de rémunération.
Je ne l'aurais pas fait, je n'aurais pas pu me le permettre.
Sur le profil des lauréats de concours, ce n'est pas l'étudiant de 22 ans qui domine. Adopter un tel système, c'est se priver d'une bonne part des candidats actuels.
Source : Note d'information de la DEPP, Profil des admis aux concours enseignants 2022, Novembre 2023
Comment imaginer qu'à 30 ans en moyenne pour l'externe, on puisse se contenter de 1400 euros bruts ?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Jenny, je suis tout à fait d'accord avec ton analyse. Et je parierais, pour ma part, qu'une réforme de ce type donnerait juste un petit coup de vent ascensionnel avant que la descente ne recommence : des profs payés comme des manutentionnaires, ça s'accompagne d'un certain mépris social qui accentuera la dureté du métier et, à moyen terme (voire à relativement court terme), c'est ce qui jouerait le plus. C'est le sens de certaines discussions que je peux avoir avec d'anciennes étudiantes : entre nous, on se comprend, avec les enfants encore ça va, mais avec les parents qui sont là sans cesse (dans le primaire, c'est très souvent le cas), vu la manière dont ils nous parlent ? et l'inspection ? d'accord, entre deux visites, on est tranquilles, mais ils téléphonent ou mailent de plus en plus souvent, je ne suis pas sûre de tenir encore très longtemps, etc. etc.
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Si tu vales valeo.
- MathadorEmpereur
L'engagement à servir l'État après le 3e concours, ou le concours externe passé après un vrai master, aurait clairement fait fuir plus de candidats qu'on n'en aurait gagné avec la rémunération des étudiants en MEEF.Solaire a écrit:A mon avis, la réforme projetée aurait réussi à enrayer pas mal la crise des vocations.
Donc non seulement on aurait eu des pertes d'un point de vue purement chiffré, mais en plus les candidats gagnés auraient eu un niveau moindre que celui des candidats perdus.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- Clecle78Bon génie
Je n'ai pas dit que je trouvais ça très bien, bien sûr que ce n'est pas suffisant ,mais certains parmi les étudiants, oui. Et 30 ans pour se présenter au concours c'est valable pour un master, pas pour un étudiant qui sort de licence. Entre 1400 euros et rien pendant deux ans il vaut mieux 1400. Et en parlant d'aide familiale c'est toujours mieux de compléter 1400 euros pendant un an que de devoir tout assumer pendant deux ans. Je pense qu'il y aurait eu des candidats, sachant tout de même qu'il y avait un statut de fonctionnaire stagiaire et un salaire correct au bout de deux ans. En tout cas on ne le saura pas puisque ce ne sera pas appliqué.Jenny a écrit:Petit rappel :
SMIC Brut en 2024 : 1 766,92 €
On parle donc de recruter des futurs fonctionnaires catégorie A en dessous du SMIC et certains trouvent ça très bien.
Je ne vois pas comment on peut se loger décemment et manger à sa faim, payer les transports sans aide familiale dans certains coins y compris les plus déficitaires. Les étudiants les plus défavorisés, ceux qui sont en reconversion, n'auront pas le luxe de pouvoir travailler à ce niveau de rémunération.
Je ne l'aurais pas fait, je n'aurais pas pu me le permettre.
Sur le profil des lauréats de concours, ce n'est pas l'étudiant de 22 ans qui domine. Adopter un tel système, c'est se priver d'une bonne part des candidats actuels.
Source : Note d'information de la DEPP, Profil des admis aux concours enseignants 2022, Novembre 2023
Comment imaginer qu'à 30 ans en moyenne pour l'externe, on puisse se contenter de 1400 euros bruts ?
- JennyMédiateur
Mais l'aide familiale, tout le monde ne l'a pas justement. Dans mon lycée, on avait beaucoup de stagiaires de M2, aucun ne l'aurait retenté avec un salaire de 1400 euros, ils gagnent plus avec leur job étudiant.
Sur l'âge, c'est se priver de candidats qui représentent aujourd'hui une part non négligeable des reçus. 30 ans de moyenne d'âge, ça veut surtout dire que les reçus ont fait autre chose avant (et je pense que c'est parfois un atout aussi). Refuser les reconversions, c'est aggraver la crise du recrutement.
Sur l'âge, c'est se priver de candidats qui représentent aujourd'hui une part non négligeable des reçus. 30 ans de moyenne d'âge, ça veut surtout dire que les reçus ont fait autre chose avant (et je pense que c'est parfois un atout aussi). Refuser les reconversions, c'est aggraver la crise du recrutement.
- BafjudeNiveau 4
Ceux qui ne peuvent pas bénéficier de cette aide familiale ont souvent un job à côté de leurs études (ou les arrêtent, malheureusement).
Je rejoins Clecle sur ça : même avec la faible rémunération envisagée, je pense qu'il y aurait eu des candidats qui préféreraient passer toute la semaine à travailler sur ce qu'ils veulent devenir (prof), plutôt qu'étudier d'un côté et faire le service en restaurant le soir et les week-end pour avoir au final la même rémunération, voire moins.
Je rejoins Clecle sur ça : même avec la faible rémunération envisagée, je pense qu'il y aurait eu des candidats qui préféreraient passer toute la semaine à travailler sur ce qu'ils veulent devenir (prof), plutôt qu'étudier d'un côté et faire le service en restaurant le soir et les week-end pour avoir au final la même rémunération, voire moins.
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