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- BeniguetNiveau 1
LadyOlenna a écrit:C'était par téléphone. Au début j'ai encaissé et suis restée calme et puis au bout d'un moment j'en ai eu marre, j'ai ironisé sur le fait qu'enfin on pouvait se voir et même se rencontrer jeudi matin donc, c'est là qu'elle m'a insultée.Philomène87 a écrit:
@ladyOlenna Et quand c'est comme ça comment mets-tu fin à ce genre de scène ? Tu l'as mise dehors, ou bien elle s'est fatiguée toute seule ?
Je comprends ton ressenti ce doit être traumatisant.
Je ne sais pas comment font certains collègues pour arriver à mettre ça à distance mais moi je n'y arrive plus, ça me bouffe. Peut-être aussi parce que je n'ai pas d'adjoint pour débriefer et en rire.
Courage, LadyO.
Si cela peut te rassurer, j'ai aussi commencé ma journée d'hier avec un appel d'une maman remettant en cause tout ce que fait le collège depuis le début d'année. Et c'est en effet de plus en plus fréquent, et d'autant plus usant quand on n'a pas d'adjoint pour échanger derrière.
- zigmag17Empereur
Beniguet a écrit:LadyOlenna a écrit:C'était par téléphone. Au début j'ai encaissé et suis restée calme et puis au bout d'un moment j'en ai eu marre, j'ai ironisé sur le fait qu'enfin on pouvait se voir et même se rencontrer jeudi matin donc, c'est là qu'elle m'a insultée.Philomène87 a écrit:
@ladyOlenna Et quand c'est comme ça comment mets-tu fin à ce genre de scène ? Tu l'as mise dehors, ou bien elle s'est fatiguée toute seule ?
Je comprends ton ressenti ce doit être traumatisant.
Je ne sais pas comment font certains collègues pour arriver à mettre ça à distance mais moi je n'y arrive plus, ça me bouffe. Peut-être aussi parce que je n'ai pas d'adjoint pour débriefer et en rire.
Courage, LadyO.
Si cela peut te rassurer, j'ai aussi commencé ma journée d'hier avec un appel d'une maman remettant en cause tout ce que fait le collège depuis le début d'année. Et c'est en effet de plus en plus fréquent, et d'autant plus usant quand on n'a pas d'adjoint pour échanger derrière.
A qui les renvoyer dans ces cas-là ? Que faites-vous? Que pouvez-vous faire? Leur dire d'inscrire leur enfant au CNED c'est une bonne réponse? C'est ce que je leur dis en tant que professeur. En LP nous avons des cas d'élèves qui restent inscrits sur les listes parce qu'ils cherchaient un apprentissage, n'ont pas trouvé bien sûr, ou ont été virés, et sont éventuellement prêts à revenir au lycée après avoir pourri les classes ( élèves) et incendié profs et CdE ( parents). Nous sommes démunis.
Je serais pour faire signer aux familles une décharge en début d'année, l'équivalent du panneau que l'on trouve dans les administrations " Celui qui n'est pas poli ne sera pas reçu ", du style " Celui qui n'est pas content du lycée ira inscrire son enfant ailleurs".
Ras-le-bol d'être traités comme des paillassons.
- ZoéNiveau 5
Clecle78 a écrit:Oui et le gars pas content du résultat a ensuite fait annuler le résultat du conseil de discipline. Le gamin qui avait mis à sac l'internat et graffité partout a été réintégré, oui, oui (bon, papa avait aussi de très hautes relations au rectorat).Philomène87 a écrit:Il y a donc vraiment des parents qui débarquent en conseil de discipline avec un avocat
C'est bien ça aussi qui est scandaleux.
On nous marche dessus...et il y a du monde!
- LadyOlennaModérateur
On ne peut pas faire grand chose non. L'institution nous soutient je trouve, mais très vite on rentre dans des démarches lourdes et coûteuses en temps : dépôt de plainte, protection fonctionnelle, interdiction d'accès à l'établissement. Je ne vais pas me lancer là dedans par exemple avec "simplement" ce qui s'est passé hier, sinon ce serait sans fin et je passerais mon temps à la gendarmerie.zigmag17 a écrit:Beniguet a écrit:LadyOlenna a écrit:C'était par téléphone. Au début j'ai encaissé et suis restée calme et puis au bout d'un moment j'en ai eu marre, j'ai ironisé sur le fait qu'enfin on pouvait se voir et même se rencontrer jeudi matin donc, c'est là qu'elle m'a insultée.Philomène87 a écrit:
@ladyOlenna Et quand c'est comme ça comment mets-tu fin à ce genre de scène ? Tu l'as mise dehors, ou bien elle s'est fatiguée toute seule ?
Je comprends ton ressenti ce doit être traumatisant.
Je ne sais pas comment font certains collègues pour arriver à mettre ça à distance mais moi je n'y arrive plus, ça me bouffe. Peut-être aussi parce que je n'ai pas d'adjoint pour débriefer et en rire.
Courage, LadyO.
Si cela peut te rassurer, j'ai aussi commencé ma journée d'hier avec un appel d'une maman remettant en cause tout ce que fait le collège depuis le début d'année. Et c'est en effet de plus en plus fréquent, et d'autant plus usant quand on n'a pas d'adjoint pour échanger derrière.
A qui les renvoyer dans ces cas-là ? Que faites-vous? Que pouvez-vous faire? Leur dire d'inscrire leur enfant au CNED c'est une bonne réponse? C'est ce que je leur dis en tant que professeur. En LP nous avons des cas d'élèves qui restent inscrits sur les listes parce qu'ils cherchaient un apprentissage, n'ont pas trouvé bien sûr, ou ont été virés, et sont éventuellement prêts à revenir au lycée après avoir pourri les classes ( élèves) et incendié profs et CdE ( parents). Nous sommes démunis.
Je serais pour faire signer aux familles une décharge en début d'année, l'équivalent du panneau que l'on trouve dans les administrations " Celui qui n'est pas poli ne sera pas reçu ", du style " Celui qui n'est pas content du lycée ira inscrire son enfant ailleurs".
Ras-le-bol d'être traités comme des paillassons.
Dire d'inscrire son enfant au CNED ce n'est pas possible non plus, puisqu'il faut maintenant une raison médicale pour ce faire. Bon je pourrais leur dire de changer de collège à la limite, mais le plus proche est ensuite à 30mn de route. De toute façon ça ne les calmera pas pour autant.
- Ajonc35Sage
L'analyse est un.peu rapide, mais elle est juste.EdithW a écrit:Mon analyse perso (totalement subjective) serait qu’il y a trois sortes de parents, les anciens cancres / élèves en difficulté qui règlent leurs comptes à travers leurs enfants, les CSP+++ qui nous méprisent (et savent qu’on est à peine plus payés que leur femme de ménage) et ceux qui savent qu’on doit se faire confiance mutuellement pour le bien de leurs enfants/nos élèves. Les deux premières catégories ont tendance à prendre toute la place, forcément…
Parmi les familles agressives, il y a aussi celles qui croient tout savoir et remettent en cause le travail des enseignants, celles qui ont un enfant en difficulté alors que les aînés de la famille étaient dans les clous, celles qui protègent leur enfant qu'elles que soient leurs erreurs. En fait, elles sont frustees et remettent tout en cause.
Et pendant que vous occupez de ces énergumènes, il y a des familles silencieuses qui attendent et qui.meriteraient plus d'attention.
L'école est à l'image de la société, celui qui crie plus fort, celui qui a de l'argent et tous les autres.
Moins on a confiance, plus la violence s'installe.
Lady Olenna, Ganbatte, n'est- il.pas possible d'enregistrer les conversations telephoniques ou au moins de le dire ne serait- ce que pour les rendre plus policées?
Même dans les petites écoles primaires il y a ce genre de souci. Ma fille est au conseil d'école et elle hallucine de certaines situations. La directrice est costaude!
- FeynNiveau 7
@LadyOlenna : je compatis parce que cela est tout simplement intolérable.
J'ai du mal à comprendre pourquoi beaucoup de cde se mettent en quatre et ne renvoient pas dans les cordes ce type de parents. C'est une vraie interrogation : n'est-ce pas montrer de la faiblesse que d'avoir un rendez-vous quand la maman daigne enfin se rendre disponible ? De ne pas raccrocher immédiatement quand le parent manque de respect ? Je veux dire, qu'est-ce que vous risquez à recadrer (en respectant les formes bien sûr) ces parents là ?
Je ne pense pas que dans les autres administrations (pour y avoir travaillé), on accepte ainsi docilement de se laisser emm*** par des "usagers" aussi irresponsables, et qu'on leur ouvre encore grand la porte pour les laisser déverser leur colère. Cela pousse même ces parents à croire que c'est normal de se comporter ainsi, non ?
J'ai du mal à comprendre pourquoi beaucoup de cde se mettent en quatre et ne renvoient pas dans les cordes ce type de parents. C'est une vraie interrogation : n'est-ce pas montrer de la faiblesse que d'avoir un rendez-vous quand la maman daigne enfin se rendre disponible ? De ne pas raccrocher immédiatement quand le parent manque de respect ? Je veux dire, qu'est-ce que vous risquez à recadrer (en respectant les formes bien sûr) ces parents là ?
Je ne pense pas que dans les autres administrations (pour y avoir travaillé), on accepte ainsi docilement de se laisser emm*** par des "usagers" aussi irresponsables, et qu'on leur ouvre encore grand la porte pour les laisser déverser leur colère. Cela pousse même ces parents à croire que c'est normal de se comporter ainsi, non ?
- dandelionVénérable
Je pense que toutes les administrations qui reçoivent du public gèrent des ‘cas’. C’est d’ailleurs la même chose à l’étranger. J’ai fait la queue à la sécu en Angleterre et aux Etats-Unis et les gens qui y travaillent mériteraient leur auréole tant c’est la cour des miracles. Et aux impôts aux Etats-Unis, alors qu’ils ont la réputation d’être très durs (et c’est vrai sur le plan de la loi) un employé expliquait longuement quelque chose d’assez simple concernant l’année civile et la séparation, je crois qu’il a répété dix fois la même chose de dix façons différentes tant la personne en face de lui avait des difficultés à comprendre. Et évidemment, si on travaille dans le secteur médical, c’est bien pire.
Objectivement, je me souviens que c’était tendu quand j’étais élève, mais il y a des choses qui ont changé et rendent impossibles le travail: le droit permanent à une énième chance, quelle que soit la gravité de l’action commise (et merci le contrôle continu arrivé quasi en même temps que l’IA qui génèrent une culture de triche intensive) et les passage à l’acte, violents ou pas. Cela fait deux fois cette année qu’un élève regarde mes notes: une fois mon carnet (là l’élève s’est rendu compte qu’il avait agi sans réfléchir et était honteux) et hier un élève qui se met à feuilleter mes fiches de notation de l’oral, avec un total détachement. J’étais assise face à mes fiches de notation, j’ai posé la main dessus, et refusé de lui donner sa note mais je ne suis pas parvenue à lui faire comprendre qu’il y avait un problème. Je pense profondément que c’est ça qui a disparu, la sacralité de notre espace professionnel, à la fois physique et psychologique.
Objectivement, je me souviens que c’était tendu quand j’étais élève, mais il y a des choses qui ont changé et rendent impossibles le travail: le droit permanent à une énième chance, quelle que soit la gravité de l’action commise (et merci le contrôle continu arrivé quasi en même temps que l’IA qui génèrent une culture de triche intensive) et les passage à l’acte, violents ou pas. Cela fait deux fois cette année qu’un élève regarde mes notes: une fois mon carnet (là l’élève s’est rendu compte qu’il avait agi sans réfléchir et était honteux) et hier un élève qui se met à feuilleter mes fiches de notation de l’oral, avec un total détachement. J’étais assise face à mes fiches de notation, j’ai posé la main dessus, et refusé de lui donner sa note mais je ne suis pas parvenue à lui faire comprendre qu’il y avait un problème. Je pense profondément que c’est ça qui a disparu, la sacralité de notre espace professionnel, à la fois physique et psychologique.
- menerveOracle
Dandelion je crois que les élèves n'ont plus les règles de base de politesse. Et donc ils touchent à tout comme des gamins de 2 ans....un truc sur le bureau, ça les interpellé et hop ils le prennent en mains....et ils ne voient pas quel est le mal dans leur attitude.
Une fois une collègue a même eu un élève qui lui a touché les cheveux car elle avait une pince originale et l'élève voulait la voir de plus près.
Et la pression du contrôle continu renforce le désir de connaître où on en est...c'est humain. Le système met beaucoup de pression.
Par contre les élèves relient la mauvaise note au bon vouloir du prof et pas du tout à leur travail....et ça c'est problématique et d'autant plus problématique que le goût de l'effort se perd de plus en plus.
Au lieu de se dire " je vais mettre les bouchées doubles pour faire ce travail" on a " c'est trop dur donc je ne fais pas ou je fais faire par une ia".
Et du coup c'est un cercle vicieux.... l'élève est bien conscient qu'il n'a pas le niveau requis et cela génère un stress qui se transforme en agressivité....et c'est toujours plus facile de mettre en cause les autres que soi même.
Une fois une collègue a même eu un élève qui lui a touché les cheveux car elle avait une pince originale et l'élève voulait la voir de plus près.
Et la pression du contrôle continu renforce le désir de connaître où on en est...c'est humain. Le système met beaucoup de pression.
Par contre les élèves relient la mauvaise note au bon vouloir du prof et pas du tout à leur travail....et ça c'est problématique et d'autant plus problématique que le goût de l'effort se perd de plus en plus.
Au lieu de se dire " je vais mettre les bouchées doubles pour faire ce travail" on a " c'est trop dur donc je ne fais pas ou je fais faire par une ia".
Et du coup c'est un cercle vicieux.... l'élève est bien conscient qu'il n'a pas le niveau requis et cela génère un stress qui se transforme en agressivité....et c'est toujours plus facile de mettre en cause les autres que soi même.
- LadyOlennaModérateur
C'est justement parce que je n'ai pas accepté les horaires proposés par la mère (vendredi 19h30 ou samedi matin) et que j'ai tenu bon que les choses se sont envenimées. Donc je n'ai pas le sentiment d'avoir fait preuve de faiblesse, puisque je suis arrivée à mes fins : obtenir un RV sur des horaires normaux (demain à 8h). Mais que d'énerge déployée pour en arriver là, avec une mère qui prétendait ne pas avoir d'autres possibilités que celles proposées.Feyn a écrit:@LadyOlenna : je compatis parce que cela est tout simplement intolérable.
J'ai du mal à comprendre pourquoi beaucoup de cde se mettent en quatre et ne renvoient pas dans les cordes ce type de parents. C'est une vraie interrogation : n'est-ce pas montrer de la faiblesse que d'avoir un rendez-vous quand la maman daigne enfin se rendre disponible ? De ne pas raccrocher immédiatement quand le parent manque de respect ? Je veux dire, qu'est-ce que vous risquez à recadrer (en respectant les formes bien sûr) ces parents là ?
Je ne pense pas que dans les autres administrations (pour y avoir travaillé), on accepte ainsi docilement de se laisser emm*** par des "usagers" aussi irresponsables, et qu'on leur ouvre encore grand la porte pour les laisser déverser leur colère. Cela pousse même ces parents à croire que c'est normal de se comporter ainsi, non ?
Le problème c'est que je dois absolument rencontrer cette famille : il faut caler une ESS, le gamin pose de gros problèmes de comportement. Je l'ai déjà exclu cinq jours sans avoir pu rencontrer la famille, simplement en envoyant la notification par mail, et le comportement de l'élève avant les vacances nécessite une nouvelle sanction. J'ai aussi besoin de savoir s'il prend son traitement (il dit que non) et si non, pourquoi. Dans certaines situations on ne peut pas ne pas travailler avec la famille.
Et effectivement dans les hôpitaux par exemple, tous les panneaux du monde n'empêchent pas les gens agressifs de l'être.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Dans les hôpitaux, même les permanences de police ou de gendarmerie ne parviennent pas à toujours empêcher les violences. Bien sûr qu'il faut les sanctionner quand elles ont lieu. Mais on ne connaît pas de moyen magique de prévention. À part changer de projet de société, je ne vois pas… Dans le présent cas, c'est visiblement une mère de famille dysfonctionnelle (comme on dit) : et on n'a pas les moyens ni le droit de lui imposer une contrainte de soin (qu'elle ne suivrait d'ailleurs sans doute pas).
_________________
Si tu vales valeo.
- dandelionVénérable
J’ai un souci avec un parent d’élève et un élève qui n’acceptent pas les conséquences d’une infraction au règlement, et j’en viens à me demander si ce qui a évolué ce n’est pas tant notre appréhension de la réalité que notre acceptation de la réalité elle-même.
Contrairement aux générations précédentes, cette génération perçoit la vie par le filtre (tout à fait littéral d’ailleurs) des médias. De plus, le storytelling est une technique de manipulation largement employée qui est devenu un moyen de communication des élites envers le peuple. Or, la réalité n’est pas celle des séries télévisées ou de Tik Tok et d’Insta ou du storytelling: les causalités sont complexes, et les résultats jamais garantis (prenons le massage cardiaque: dans une série télé, le patient est ranimé et souriant, dans la vraie vie, dans le meilleur des cas il s’en sortira avec des cotes brisées ce qui incite peu à sourire, forcément, la fiction induit des attentes chez les patients et le cerveau ne parvient pas à gérer la double souffrance du deuil de la bonne santé et de la vie rêvée). Cela nous transforme au mieux tous en Don Quichotte.
Notons également que tous les amortisseurs sociaux que constituaient les groupements humains organisés tendent à disparaître: syndicats, religion, et même familles étendues. Nous voilà tous seuls contre tous, et bercés de contes de fées numériques (les fake news de Trump sont aussi cela, un processus de refus d’un réel trop douloureux illustré dans le film Don’t Look Up). Quand tous les filtres échouent à changer le réel, il faut bien s’en prendre à quelqu’un d’autre qu’à soi pour continuer à survivre.
Les seuls reliquats du groupe, que sont souvent les représentants de l’Etat, se retrouvent à encaisser les coups, ou à les prévenir, tels Sancho Panza.
Contrairement aux générations précédentes, cette génération perçoit la vie par le filtre (tout à fait littéral d’ailleurs) des médias. De plus, le storytelling est une technique de manipulation largement employée qui est devenu un moyen de communication des élites envers le peuple. Or, la réalité n’est pas celle des séries télévisées ou de Tik Tok et d’Insta ou du storytelling: les causalités sont complexes, et les résultats jamais garantis (prenons le massage cardiaque: dans une série télé, le patient est ranimé et souriant, dans la vraie vie, dans le meilleur des cas il s’en sortira avec des cotes brisées ce qui incite peu à sourire, forcément, la fiction induit des attentes chez les patients et le cerveau ne parvient pas à gérer la double souffrance du deuil de la bonne santé et de la vie rêvée). Cela nous transforme au mieux tous en Don Quichotte.
Notons également que tous les amortisseurs sociaux que constituaient les groupements humains organisés tendent à disparaître: syndicats, religion, et même familles étendues. Nous voilà tous seuls contre tous, et bercés de contes de fées numériques (les fake news de Trump sont aussi cela, un processus de refus d’un réel trop douloureux illustré dans le film Don’t Look Up). Quand tous les filtres échouent à changer le réel, il faut bien s’en prendre à quelqu’un d’autre qu’à soi pour continuer à survivre.
Les seuls reliquats du groupe, que sont souvent les représentants de l’Etat, se retrouvent à encaisser les coups, ou à les prévenir, tels Sancho Panza.
- Barnafée la PatouilleNeoprof expérimenté
Philomène87 a écrit:Il y a donc vraiment des parents qui débarquent en conseil de discipline avec un avocat
Oui, dans notre collège de taille moyenne en zone rurale, je l'ai déjà vu. Et nous ne l'avons pas bien vécu en tant que membres du conseil de discipline car cette avocate était très vindicative et pas du tout à l'écoute. Bref, sans sa présence, la sanction aurait été tout autre.
- zigmag17Empereur
LadyOlenna a écrit:On ne peut pas faire grand chose non. L'institution nous soutient je trouve, mais très vite on rentre dans des démarches lourdes et coûteuses en temps : dépôt de plainte, protection fonctionnelle, interdiction d'accès à l'établissement. Je ne vais pas me lancer là dedans par exemple avec "simplement" ce qui s'est passé hier, sinon ce serait sans fin et je passerais mon temps à la gendarmerie.zigmag17 a écrit:Beniguet a écrit:LadyOlenna a écrit:
C'était par téléphone. Au début j'ai encaissé et suis restée calme et puis au bout d'un moment j'en ai eu marre, j'ai ironisé sur le fait qu'enfin on pouvait se voir et même se rencontrer jeudi matin donc, c'est là qu'elle m'a insultée.
Je ne sais pas comment font certains collègues pour arriver à mettre ça à distance mais moi je n'y arrive plus, ça me bouffe. Peut-être aussi parce que je n'ai pas d'adjoint pour débriefer et en rire.
Courage, LadyO.
Si cela peut te rassurer, j'ai aussi commencé ma journée d'hier avec un appel d'une maman remettant en cause tout ce que fait le collège depuis le début d'année. Et c'est en effet de plus en plus fréquent, et d'autant plus usant quand on n'a pas d'adjoint pour échanger derrière.
A qui les renvoyer dans ces cas-là ? Que faites-vous? Que pouvez-vous faire? Leur dire d'inscrire leur enfant au CNED c'est une bonne réponse? C'est ce que je leur dis en tant que professeur. En LP nous avons des cas d'élèves qui restent inscrits sur les listes parce qu'ils cherchaient un apprentissage, n'ont pas trouvé bien sûr, ou ont été virés, et sont éventuellement prêts à revenir au lycée après avoir pourri les classes ( élèves) et incendié profs et CdE ( parents). Nous sommes démunis.
Je serais pour faire signer aux familles une décharge en début d'année, l'équivalent du panneau que l'on trouve dans les administrations " Celui qui n'est pas poli ne sera pas reçu ", du style " Celui qui n'est pas content du lycée ira inscrire son enfant ailleurs".
Ras-le-bol d'être traités comme des paillassons.
Dire d'inscrire son enfant au CNED ce n'est pas possible non plus, puisqu'il faut maintenant une raison médicale pour ce faire. Bon je pourrais leur dire de changer de collège à la limite, mais le plus proche est ensuite à 30mn de route. De toute façon ça ne les calmera pas pour autant.
Quelle galère.
- ElaïnaDevin
J'ai du mal à voir en quoi la présence d'un avocat est si hallucinante que ça. L'avocat est là pour porter la parole des parents, pour faire tampon (et parfois ce n'est pas plus mal), et vérifier que la procédure a bien été respectée. Si le rectorat a fait casser une sanction pour vice de procédure, eh bien... oui c'est heureux qu'il y ait des gens qui vérifient que la procédure soit respectée. Les procédures ne sont pas faites pour les chiens et il est vraiment souhaitable qu'elles soient respectées, ainsi que le droit en général.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- LadyOlennaModérateur
Je mesure aussi l'importance de l'accompagnement des services académiques. Je viens d'avoir un échange avec la directrice de cabinet, le troisième de la journée, au sujet de la situation que j'ai évoquée hier. Une femme remarquable, brillante, disponible, à l'écoute, qui sait communiquer et apaiser les tensions.
Ça fait vraiment la différence au quotidien.
Ça fait vraiment la différence au quotidien.
- JennyMédiateur
LadyOlenna a écrit:Je mesure aussi l'importance de l'accompagnement des services académiques. Je viens d'avoir un échange avec la directrice de cabinet, le troisième de la journée, au sujet de la situation que j'ai évoquée hier. Une femme remarquable, brillante, disponible, à l'écoute, qui sait communiquer et apaiser les tensions.
Ça fait vraiment la différence au quotidien.
Tant mieux (et j'avais aussi apprécié le soutien et l'écoute du rectorat quand j'ai eu besoin, même si on n'a pas le même poste). J'espère que tu vas mieux.
- LadyOlennaModérateur
Oui merciJenny a écrit:LadyOlenna a écrit:Je mesure aussi l'importance de l'accompagnement des services académiques. Je viens d'avoir un échange avec la directrice de cabinet, le troisième de la journée, au sujet de la situation que j'ai évoquée hier. Une femme remarquable, brillante, disponible, à l'écoute, qui sait communiquer et apaiser les tensions.
Ça fait vraiment la différence au quotidien.
Tant mieux (et j'avais aussi apprécié le soutien et l'écoute du rectorat quand j'ai eu besoin, même si on n'a pas le même poste). J'espère que tu vas mieux.
Ce matin je suis allée boire un café en salle des professeurs aussi, une équipe très chaleureuse qui m'a permis de prendre du recul.
- GanbatteFidèle du forum
LadyOlenna a écrit:Oui merciJenny a écrit:LadyOlenna a écrit:Je mesure aussi l'importance de l'accompagnement des services académiques. Je viens d'avoir un échange avec la directrice de cabinet, le troisième de la journée, au sujet de la situation que j'ai évoquée hier. Une femme remarquable, brillante, disponible, à l'écoute, qui sait communiquer et apaiser les tensions.
Ça fait vraiment la différence au quotidien.
Tant mieux (et j'avais aussi apprécié le soutien et l'écoute du rectorat quand j'ai eu besoin, même si on n'a pas le même poste). J'espère que tu vas mieux.
Ce matin je suis allée boire un café en salle des professeurs aussi, une équipe très chaleureuse qui m'a permis de prendre du recul.
C'est bien, que tu travailles avec une équipe qui se rappelle que la bienveillance, c'est dans les deux sens.
- Dame JouanneÉrudit
C'est surtout que souvent ces interventions sont à côté de la plaque et contre-productives.J'ai moi aussi un souvenir d'avocat amené par la famille : il était tellement hors sol qu'il a plus plombé la cause de l'élève qu'autre chose.Elaïna a écrit:J'ai du mal à voir en quoi la présence d'un avocat est si hallucinante que ça. L'avocat est là pour porter la parole des parents, pour faire tampon (et parfois ce n'est pas plus mal), et vérifier que la procédure a bien été respectée. Si le rectorat a fait casser une sanction pour vice de procédure, eh bien... oui c'est heureux qu'il y ait des gens qui vérifient que la procédure soit respectée. Les procédures ne sont pas faites pour les chiens et il est vraiment souhaitable qu'elles soient respectées, ainsi que le droit en général.
- gauvain31Empereur
Ajonc35 a écrit:L'analyse est un.peu rapide, mais elle est juste.EdithW a écrit:Mon analyse perso (totalement subjective) serait qu’il y a trois sortes de parents, les anciens cancres / élèves en difficulté qui règlent leurs comptes à travers leurs enfants, les CSP+++ qui nous méprisent (et savent qu’on est à peine plus payés que leur femme de ménage) et ceux qui savent qu’on doit se faire confiance mutuellement pour le bien de leurs enfants/nos élèves. Les deux premières catégories ont tendance à prendre toute la place, forcément…
Parmi les familles agressives, il y a aussi celles qui croient tout savoir et remettent en cause le travail des enseignants, celles qui ont un enfant en difficulté alors que les aînés de la famille étaient dans les clous, celles qui protègent leur enfant qu'elles que soient leurs erreurs. En fait, elles sont frustees et remettent tout en cause.
Et pendant que vous occupez de ces énergumènes, il y a des familles silencieuses qui attendent et qui.meriteraient plus d'attention.
L'école est à l'image de la société, celui qui crie plus fort, celui qui a de l'argent et tous les autres.
Moins on a confiance, plus la violence s'installe.
Lady Olenna, Ganbatte, n'est- il.pas possible d'enregistrer les conversations telephoniques ou au moins de le dire ne serait- ce que pour les rendre plus policées?
Même dans les petites écoles primaires il y a ce genre de souci. Ma fille est au conseil d'école et elle hallucine de certaines situations. La directrice est costaude!
Théoriquement il n'est pas possible d'enregistrer une conversation sans le consentement de la personne. Ce que nous avions fait l'an passé face à une mère d'élève agressive (propos et ton plus que limite auprès des enseignants) : le proviseur a appelé en personne la mère avec le haut parleur et en lui signifiant qu'il y a à côté de lui une AED et la CPE responsable de la classe. Nous n'avons plus entendu parlé de la mère jusqu'en juin. C'est un truc je pense à faire systématiquement.
- Dame JouanneÉrudit
Il y a aussi des parents qui se permettent d'être d'une grande agressivité quand ils sont au téléphone ou par mail mais osent beaucoup moins lorsqu'ils ont la personne en face. Ce n'est malheureusement pas le cas de tous mais c'est fréquent.gauvain31 a écrit:Ajonc35 a écrit:L'analyse est un.peu rapide, mais elle est juste.EdithW a écrit:Mon analyse perso (totalement subjective) serait qu’il y a trois sortes de parents, les anciens cancres / élèves en difficulté qui règlent leurs comptes à travers leurs enfants, les CSP+++ qui nous méprisent (et savent qu’on est à peine plus payés que leur femme de ménage) et ceux qui savent qu’on doit se faire confiance mutuellement pour le bien de leurs enfants/nos élèves. Les deux premières catégories ont tendance à prendre toute la place, forcément…
Parmi les familles agressives, il y a aussi celles qui croient tout savoir et remettent en cause le travail des enseignants, celles qui ont un enfant en difficulté alors que les aînés de la famille étaient dans les clous, celles qui protègent leur enfant qu'elles que soient leurs erreurs. En fait, elles sont frustees et remettent tout en cause.
Et pendant que vous occupez de ces énergumènes, il y a des familles silencieuses qui attendent et qui.meriteraient plus d'attention.
L'école est à l'image de la société, celui qui crie plus fort, celui qui a de l'argent et tous les autres.
Moins on a confiance, plus la violence s'installe.
Lady Olenna, Ganbatte, n'est- il.pas possible d'enregistrer les conversations telephoniques ou au moins de le dire ne serait- ce que pour les rendre plus policées?
Même dans les petites écoles primaires il y a ce genre de souci. Ma fille est au conseil d'école et elle hallucine de certaines situations. La directrice est costaude!
Théoriquement il n'est pas possible d'enregistrer une conversation sans le consentement de la personne. Ce que nous avions fait l'an passé face à une mère d'élève agressive (propos et ton plus que limite auprès des enseignants) : le proviseur a appelé en personne la mère avec le haut parleur et en lui signifiant qu'il y a à côté de lui une AED et la CPE responsable de la classe. Nous n'avons plus entendu parlé de la mère jusqu'en juin. C'est un truc je pense à faire systématiquement.
- almuixeNeoprof expérimenté
dandelion a écrit:J’ai un souci avec un parent d’élève et un élève qui n’acceptent pas les conséquences d’une infraction au règlement, et j’en viens à me demander si ce qui a évolué ce n’est pas tant notre appréhension de la réalité que notre acceptation de la réalité elle-même.
Contrairement aux générations précédentes, cette génération perçoit la vie par le filtre (tout à fait littéral d’ailleurs) des médias. De plus, le storytelling est une technique de manipulation largement employée qui est devenu un moyen de communication des élites envers le peuple. Or, la réalité n’est pas celle des séries télévisées ou de Tik Tok et d’Insta ou du storytelling: les causalités sont complexes, et les résultats jamais garantis (prenons le massage cardiaque: dans une série télé, le patient est ranimé et souriant, dans la vraie vie, dans le meilleur des cas il s’en sortira avec des cotes brisées ce qui incite peu à sourire, forcément, la fiction induit des attentes chez les patients et le cerveau ne parvient pas à gérer la double souffrance du deuil de la bonne santé et de la vie rêvée). Cela nous transforme au mieux tous en Don Quichotte.
Notons également que tous les amortisseurs sociaux que constituaient les groupements humains organisés tendent à disparaître: syndicats, religion, et même familles étendues. Nous voilà tous seuls contre tous, et bercés de contes de fées numériques (les fake news de Trump sont aussi cela, un processus de refus d’un réel trop douloureux illustré dans le film Don’t Look Up). Quand tous les filtres échouent à changer le réel, il faut bien s’en prendre à quelqu’un d’autre qu’à soi pour continuer à survivre.
Les seuls reliquats du groupe, que sont souvent les représentants de l’Etat, se retrouvent à encaisser les coups, ou à les prévenir, tels Sancho Panza.
Je crois que tu soulèves un point vraiment essentiel dandelion. Le réel qui cogne, cela n'a jamais vraiment fait plaisir, mais les limites franches que les institutions et les appartenances collectives mettaient à l'ego, il y a encore quelques années, obligeait plus fortement à intégrer le réel.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- BaldredSage
Il me semble que les comportements dont nous nous plaignons relèvent moins d'une capacité "à intégrer le réel" et à s'y soumettre, qu'à la perception, très variable de ce qu'est le réel selon qu'on se trouve parmi ceux qui en profite, ou le subisse. Le Monde fait un intéressant article sur l'essai "La tyrannie du mérite" de Michael Sandel qui à l'intérêt de choisir un angle qui nous intéresse particulièrement.
" La réflexion du philosophe prend comme point de départ la question à laquelle chaque intellectuel américain est sommé de répondre : qu’est-ce qui explique le phénomène Trump ? Repoussant les explications traditionnelles, l’insécurité économique ou culturelle, Sandel estime que « la plainte populiste » est l’expression d’une colère contre une caste qui dénigre les milieux populaires. Ce mépris de classe est inspiré d’une culture de l’effort, selon laquelle les gagnants de la mondialisation, généralement détenteurs de prestigieux diplômes, ont réussi, car ils ont trimé dur dès le plus jeune âge. De façon plus ou moins implicite, l’orgueil de cette classe dominante dévalorise les moins fortunés, en laissant entendre qu’ils n’ont pas fait les efforts nécessaires à l’école et au-delà"
Ce reproche suinte du discours traditionnel français sur le "mérite" porté par les profs qui en sont, de moins en moins, les bénéficiaires.
Le philosophe analyse le système américain mais résonne avec nos préoccupations : " De l’éthique protestante du travail à la récente survalorisation des diplômes, Michael Sandel montre également que la méritocratie n’humilie pas seulement les classes populaires, mais plonge aussi les jeunes aspirants aux premiers rôles dans une réelle détresse psychologique. Entourés d’une riche coterie de coachs, de professeurs, de répétiteurs, les adolescents des familles aisées vivent dans la crainte de ne pas être reçus dans l’une des plus prestigieuses universités. La peur du déclassement les fragilise, si bien que la méritocratie continue de tourner grâce au soutien d’un cocktail d’antidépresseurs"
Le prix de la prépa ? Pourquoi pas si cela ne contribuait pas à légitimer un système où le perdant nécessaire se trouve devalué, souvent avant même d'avoir essayé.
En France aussi, où l'on peine à faire réussir les classes sociales défavorisées, on pourrait voir à quel point le discours sur le "Mérite" ferme ce que nous voulons ouvrir
" La réflexion du philosophe prend comme point de départ la question à laquelle chaque intellectuel américain est sommé de répondre : qu’est-ce qui explique le phénomène Trump ? Repoussant les explications traditionnelles, l’insécurité économique ou culturelle, Sandel estime que « la plainte populiste » est l’expression d’une colère contre une caste qui dénigre les milieux populaires. Ce mépris de classe est inspiré d’une culture de l’effort, selon laquelle les gagnants de la mondialisation, généralement détenteurs de prestigieux diplômes, ont réussi, car ils ont trimé dur dès le plus jeune âge. De façon plus ou moins implicite, l’orgueil de cette classe dominante dévalorise les moins fortunés, en laissant entendre qu’ils n’ont pas fait les efforts nécessaires à l’école et au-delà"
Ce reproche suinte du discours traditionnel français sur le "mérite" porté par les profs qui en sont, de moins en moins, les bénéficiaires.
Le philosophe analyse le système américain mais résonne avec nos préoccupations : " De l’éthique protestante du travail à la récente survalorisation des diplômes, Michael Sandel montre également que la méritocratie n’humilie pas seulement les classes populaires, mais plonge aussi les jeunes aspirants aux premiers rôles dans une réelle détresse psychologique. Entourés d’une riche coterie de coachs, de professeurs, de répétiteurs, les adolescents des familles aisées vivent dans la crainte de ne pas être reçus dans l’une des plus prestigieuses universités. La peur du déclassement les fragilise, si bien que la méritocratie continue de tourner grâce au soutien d’un cocktail d’antidépresseurs"
Le prix de la prépa ? Pourquoi pas si cela ne contribuait pas à légitimer un système où le perdant nécessaire se trouve devalué, souvent avant même d'avoir essayé.
En France aussi, où l'on peine à faire réussir les classes sociales défavorisées, on pourrait voir à quel point le discours sur le "Mérite" ferme ce que nous voulons ouvrir
- BaldredSage
Il me semble que les comportements dont nous nous plaignons relèvent moins d'une capacité "à intégrer le réel" et à s'y soumettre, qu'à la perception, très variable de ce qu'est le réel selon qu'on se trouve parmi ceux qui en profite, ou le subisse. Le Monde fait un intéressant article sur l'essai "La tyrannie du mérite" de Michael Sandel qui à l'intérêt de choisir un angle qui nous intéresse particulièrement.
" La réflexion du philosophe prend comme point de départ la question à laquelle chaque intellectuel américain est sommé de répondre : qu’est-ce qui explique le phénomène Trump ? Repoussant les explications traditionnelles, l’insécurité économique ou culturelle, Sandel estime que « la plainte populiste » est l’expression d’une colère contre une caste qui dénigre les milieux populaires. Ce mépris de classe est inspiré d’une culture de l’effort, selon laquelle les gagnants de la mondialisation, généralement détenteurs de prestigieux diplômes, ont réussi, car ils ont trimé dur dès le plus jeune âge. De façon plus ou moins implicite, l’orgueil de cette classe dominante dévalorise les moins fortunés, en laissant entendre qu’ils n’ont pas fait les efforts nécessaires à l’école et au-delà"
Ce reproche suinte du discours traditionnel français sur le "mérite" porté par les profs qui en sont, de moins en moins, les bénéficiaires.
Le philosophe analyse le système américain mais résonne avec nos préoccupations : " De l’éthique protestante du travail à la récente survalorisation des diplômes, Michael Sandel montre également que la méritocratie n’humilie pas seulement les classes populaires, mais plonge aussi les jeunes aspirants aux premiers rôles dans une réelle détresse psychologique. Entourés d’une riche coterie de coachs, de professeurs, de répétiteurs, les adolescents des familles aisées vivent dans la crainte de ne pas être reçus dans l’une des plus prestigieuses universités. La peur du déclassement les fragilise, si bien que la méritocratie continue de tourner grâce au soutien d’un cocktail d’antidépresseurs"
Le prix de la prépa ? Pourquoi pas si cela ne contribuait pas à légitimer un système où le perdant nécessaire se trouve devalué, souvent avant même d'avoir essayé.
En France aussi, où l'on peine à faire réussir les classes sociales défavorisées, on pourrait voir à quel point le discours sur le "Mérite" ferme ce que nous voulons ouvrir.
" La réflexion du philosophe prend comme point de départ la question à laquelle chaque intellectuel américain est sommé de répondre : qu’est-ce qui explique le phénomène Trump ? Repoussant les explications traditionnelles, l’insécurité économique ou culturelle, Sandel estime que « la plainte populiste » est l’expression d’une colère contre une caste qui dénigre les milieux populaires. Ce mépris de classe est inspiré d’une culture de l’effort, selon laquelle les gagnants de la mondialisation, généralement détenteurs de prestigieux diplômes, ont réussi, car ils ont trimé dur dès le plus jeune âge. De façon plus ou moins implicite, l’orgueil de cette classe dominante dévalorise les moins fortunés, en laissant entendre qu’ils n’ont pas fait les efforts nécessaires à l’école et au-delà"
Ce reproche suinte du discours traditionnel français sur le "mérite" porté par les profs qui en sont, de moins en moins, les bénéficiaires.
Le philosophe analyse le système américain mais résonne avec nos préoccupations : " De l’éthique protestante du travail à la récente survalorisation des diplômes, Michael Sandel montre également que la méritocratie n’humilie pas seulement les classes populaires, mais plonge aussi les jeunes aspirants aux premiers rôles dans une réelle détresse psychologique. Entourés d’une riche coterie de coachs, de professeurs, de répétiteurs, les adolescents des familles aisées vivent dans la crainte de ne pas être reçus dans l’une des plus prestigieuses universités. La peur du déclassement les fragilise, si bien que la méritocratie continue de tourner grâce au soutien d’un cocktail d’antidépresseurs"
Le prix de la prépa ? Pourquoi pas si cela ne contribuait pas à légitimer un système où le perdant nécessaire se trouve devalué, souvent avant même d'avoir essayé.
En France aussi, où l'on peine à faire réussir les classes sociales défavorisées, on pourrait voir à quel point le discours sur le "Mérite" ferme ce que nous voulons ouvrir.
- ThalieGrand sage
J'ai du mal à me représenter cette classe dont il parle. La culture de l'effort ? Sérieux ? Pour des personnes issues déjà de familles aisées aux réseaux influents et aux parcours de vie déjà tout tracés dès la naissance, les fameux "nepo babies". Les gagnants de la mondialisation ne le sont-ils pas de père en fis depuis quelques générations déjà ?Baldred a écrit: Ce mépris de classe est inspiré d’une culture de l’effort, selon laquelle les gagnants de la mondialisation, généralement détenteurs de prestigieux diplômes, ont réussi, car ils ont trimé dur dès le plus jeune âge. De façon plus ou moins implicite, l’orgueil de cette classe dominante dévalorise les moins fortunés, en laissant entendre qu’ils n’ont pas fait les efforts nécessaires à l’école et au-delà"
- RogerMartinBon génie
Attention aux positions sur la prépa -- en sciences, elle permet l'accès à des formations d'ingénieurs, et il y a autant voire plus de places en écoles que dans les prépas, donc il n'y a pas véritablement de "perdants nécessaires" si ce n'est qu'on se retrouve à un endroit selon son niveau. En lettres, les écarts de débouchés selon les prépas et le niveau d'un élève sont plus flagrants, et l'effet prépa pas toujours probant. Quant aux familles aisées +++, j'en ai côtoyé très brièvement durant la scolarité de mon fils, et le parcours prépa ne les intéresse pas du tout. Pas assez d'entre soi je pense.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
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User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
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