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- gauvain31Empereur
"Peut-on enseigner sans être passionné par sa matière ?"
Franchement non sur du long terme. La passion de la discipline (je parle pour le secondaire) est co-substancielle à l'amour de la transmission de cette discipline. L'un ne va pas sans l'autre à mon avis.
Les SVT étaient ma discipline préférée dès la 6ème. Par contre, je n'ai jamais fonctionné à l'affectif même quand j'étais enfant et j'avais pris ma décision de faire professeur de SVT en 1ère S. J'ai eu des professeurs passionnants , d'autres moins intéressants et un seul antipathique qui avait des problèmes de relation avec l'élèves. Ce dernier était PE, a passé son CAPES interne ; il racontait sa vie privée ou avaient des propos parfois déplacés; depuis il est devenu chef d'établissement.
A part ce dernier cas (et encore c'est du relationnel), j'ai eu la chance d'avoir des très bons professeurs. C'est en particulier ceux de la fac de Pau qui m'ont fait apprécier la géologie que je ne maîtrisait pas trop grâce aux sorties de terrain. J'ai gardé le goût de la géologie (au point d'avoir passé un M2 de Sciences de la Terre en plus de ma maîtrise de Sciences Naturelles).
Notre métier est effectivement lourd, voire très lourd d'une point de vue psycho-social comme le dit AsartLilith, on ne peut pas se permettre d'enseigner quelque chose qui ne nous plaît pas, cela relèverait pour moi du masochisme. Il faut forcément une compensation quelque part. Nous la trouvons évidemment en SVT lorsque nous faisons des TP ou lorsque je vois mes petit 6ème avoir leur curiosité et leurs yeux s'émerveiller devant le nouveau . Je ne m'en lasse pas. Mais cette "récompense" suppose d'avoir cette passion de la discipline à la base.
Oui et c'est aussi pour cela qu'il faut se protéger au maximum et se ménager le plus possible pour conserver cette énergie et donc ce plaisir. Cela dépend de pas mal de paramètre : ambiance de l'établissement , richesse en matériel (pour les disciplines expérimentales....)
Franchement non sur du long terme. La passion de la discipline (je parle pour le secondaire) est co-substancielle à l'amour de la transmission de cette discipline. L'un ne va pas sans l'autre à mon avis.
Les SVT étaient ma discipline préférée dès la 6ème. Par contre, je n'ai jamais fonctionné à l'affectif même quand j'étais enfant et j'avais pris ma décision de faire professeur de SVT en 1ère S. J'ai eu des professeurs passionnants , d'autres moins intéressants et un seul antipathique qui avait des problèmes de relation avec l'élèves. Ce dernier était PE, a passé son CAPES interne ; il racontait sa vie privée ou avaient des propos parfois déplacés; depuis il est devenu chef d'établissement.
A part ce dernier cas (et encore c'est du relationnel), j'ai eu la chance d'avoir des très bons professeurs. C'est en particulier ceux de la fac de Pau qui m'ont fait apprécier la géologie que je ne maîtrisait pas trop grâce aux sorties de terrain. J'ai gardé le goût de la géologie (au point d'avoir passé un M2 de Sciences de la Terre en plus de ma maîtrise de Sciences Naturelles).
Notre métier est effectivement lourd, voire très lourd d'une point de vue psycho-social comme le dit AsartLilith, on ne peut pas se permettre d'enseigner quelque chose qui ne nous plaît pas, cela relèverait pour moi du masochisme. Il faut forcément une compensation quelque part. Nous la trouvons évidemment en SVT lorsque nous faisons des TP ou lorsque je vois mes petit 6ème avoir leur curiosité et leurs yeux s'émerveiller devant le nouveau . Je ne m'en lasse pas. Mais cette "récompense" suppose d'avoir cette passion de la discipline à la base.
Fesseur Pro a écrit:Sinon, d'accord avec le fait qu'en vieillissant la passion s'étiole devant la fatigue
Oui et c'est aussi pour cela qu'il faut se protéger au maximum et se ménager le plus possible pour conserver cette énergie et donc ce plaisir. Cela dépend de pas mal de paramètre : ambiance de l'établissement , richesse en matériel (pour les disciplines expérimentales....)
- ElaïnaDevin
Perso je voulais être conservatrice de musée ou d'archives. Et puis à l'école des chartes j'ai fait des stages... Je me suis rendu compte que c'était un boulot administratif. Berk. J'ai donc pris la décision de passer l'agrégation d'histoire et je pense très sérieusement que c'est le meilleur choix de ma vie. D'ailleurs j'ai eu des propositions pour aller bosser en archives, j'ai tout refusé, je préfère encore gérer les secondes avec Mathéo qui met son crayon dans ses oreilles, plutôt que d'être dans un bureau administratif. Et en causant avec mes confrères qui bossent en archives, bibliothèques ou musées, je m'aperçois que bien souvent je fais plus d'histoire qu'eux au quotidien. Mais si ça les éclate leur job, ben tant mieux, il en faut pour tout le monde. Enseigner l'histoire n'était ni une vocation ni une passion, mais c'est aujourd'hui ce qui me permet de manger en faisant des trucs que j'aime.
Et je dis souvent que prof d'histoire c'est le plus beau métier du monde, à défaut d'être le plus vieux !
Et je dis souvent que prof d'histoire c'est le plus beau métier du monde, à défaut d'être le plus vieux !
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- tangoExpert spécialisé
Personnellement je pense qu’on peut enseigner sans être passionné par sa matière puisque c'est mon cas. Je ne raffole pas franchement du tertiaire mais durant mes études pour une raison idiote j’ai quitté les sciences (quelle erreur ! Un grand regret dans ma vie) pour le tertiaire. Je ne déteste pas non plus. Je ne suis juste pas franchement intéressée mais je maîtrise bien.
Hé bien j’ai appris à aimer certains thèmes étudiés ! Vraiment ! On ne parle pas de passion mais d’un certain intérêt (pas pour tout non plus). En préparant les cours, en me documentant pour et avec les élèves. Comme quoi ! Alors je n’aime pas tout. Loin s’en faut. Mais franchement ça va.
Par ailleurs, je comprends mieux quand un élève n’aime pas ma matière, puisque moi aussi au départ ! Et cela me permet de réagir : qu’est-ce qui m’a fait apprécier tel ou tel thème ? Ceci ou cela, bien, parlons-en avec les élèves !
Et ça m’aide à dynamiser mes séquences.
Je le prends aussi moins à coeur lorsqu’un élève déteste ce que je leur propose. Alors que si l’on parle de choses qui me passionnent, je suis déçue de ne pas voir un minimum d’intérêt dans le regard de mon interlocuteur. Là au moins, je suis plus détachée. Surout quand on voit les programmes, je râle déjà des modifications sur une discipline qui me plaît très moyennement, ce serait pire si je tenais à la matière ! De même lorsque nous n'avons pas assez de moyens/temps/etc. pour travailler correctement. Je serais très frustrée si j’enseignais l’histoire ou la SVT par exemple. Trop d’affect.
Enfin, transmettre est véritablement ce que j’aime. Ce, quelle que soit la notion que je transmets.
Donc oui on peut enseigner quelque chose que l’on ne trouve pas passionnant. A condition de faire tout de même quelques efforts et d’y trouver son compte par ailleurs.
Hé bien j’ai appris à aimer certains thèmes étudiés ! Vraiment ! On ne parle pas de passion mais d’un certain intérêt (pas pour tout non plus). En préparant les cours, en me documentant pour et avec les élèves. Comme quoi ! Alors je n’aime pas tout. Loin s’en faut. Mais franchement ça va.
Par ailleurs, je comprends mieux quand un élève n’aime pas ma matière, puisque moi aussi au départ ! Et cela me permet de réagir : qu’est-ce qui m’a fait apprécier tel ou tel thème ? Ceci ou cela, bien, parlons-en avec les élèves !
Et ça m’aide à dynamiser mes séquences.
Je le prends aussi moins à coeur lorsqu’un élève déteste ce que je leur propose. Alors que si l’on parle de choses qui me passionnent, je suis déçue de ne pas voir un minimum d’intérêt dans le regard de mon interlocuteur. Là au moins, je suis plus détachée. Surout quand on voit les programmes, je râle déjà des modifications sur une discipline qui me plaît très moyennement, ce serait pire si je tenais à la matière ! De même lorsque nous n'avons pas assez de moyens/temps/etc. pour travailler correctement. Je serais très frustrée si j’enseignais l’histoire ou la SVT par exemple. Trop d’affect.
Enfin, transmettre est véritablement ce que j’aime. Ce, quelle que soit la notion que je transmets.
Donc oui on peut enseigner quelque chose que l’on ne trouve pas passionnant. A condition de faire tout de même quelques efforts et d’y trouver son compte par ailleurs.
- EloahExpert spécialisé
C'est une bonne question car me concernant c'est en partie parce que j'étais passionnée par ma discipline initiale (les Lettres) ... que je l'ai quittée pour me reconvertir ! Au bout de quelques années la façon dont on nous demande d'enseigner (par les programmes, les réformes et injonctions diverses) m'a semblé vaine et contre-productive, j'en venais à me demander ce que je faisais là... Je me suis reconvertie, j'ai découvert une toute autre manière d'enseigner qui me convient bien mieux et je garde ma passion pour les Lettres pour moi.
- pseudo-intelloSage
Je pense que parfois, c'est bien de ne pas être trop passionné non plus.
J'étudie rarement mes textes préférés avec mes élèves, parce que leur présenter quelque chose qu'on adore et voir en retour leur indifférence, leur agacement ou leur protestations sur le texte trop difficile / trop long / trop "c'est un texte et moi j'aime pas lire" est susceptible d’envoyer un peu le moral au fond des chaussettes.
J'étudie rarement mes textes préférés avec mes élèves, parce que leur présenter quelque chose qu'on adore et voir en retour leur indifférence, leur agacement ou leur protestations sur le texte trop difficile / trop long / trop "c'est un texte et moi j'aime pas lire" est susceptible d’envoyer un peu le moral au fond des chaussettes.
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- Panta RheiExpert
Je pense que oui. Je connais des professeurs d'anglais qui ne sont ni passionnés par la culture anglo saxonne ni intéressé par les aspects "techniques" de la langue anglaise (linguistique / phonologie). Elles ne sont pas plus férues de didactique. Ce sont mes collègues avec qui je m'entends très bien. Elles font le job comme on dit. Elles font du bon boulot (je le sais car nous sommes un petit collège et nous nous refilons les élèves d'année en année). Elles ne sont habitées par aucune passion. Moi non plus d'ailleurs quand je suis devant 30 élèves.
Je reste passionné par l'enseignement grâce aux cours particuliers que je donne.
Je reste passionné par l'enseignement grâce aux cours particuliers que je donne.
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- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- PunkyNiveau 10
Une petite expérience qui m'a fait réfléchir à ce sujet : il y a quelques années en culture générale, les thèmes étaient l'extraordinaire et je me souviens. Je n'ai trouvé aucun intérêt au premier thème tandis que le deuxième plus littéraire m'a beaucoup plu. Devinez vous le thème préféré par les étudiants ?
- menerveOracle
Eloah a écrit:C'est une bonne question car me concernant c'est en partie parce que j'étais passionnée par ma discipline initiale (les Lettres) ... que je l'ai quittée pour me reconvertir ! Au bout de quelques années la façon dont on nous demande d'enseigner (par les programmes, les réformes et injonctions diverses) m'a semblé vaine et contre-productive, j'en venais à me demander ce que je faisais là... Je me suis reconvertie, j'ai découvert une toute autre manière d'enseigner qui me convient bien mieux et je garde ma passion pour les Lettres pour moi.
Même chose pour moi.
- VoltaireNiveau 10
J'étais passionnée par ma discipline et en même temps j'adore transmettre des connaissances. Tout a très bien fonctionné pendant plus de trente ans, sauf à la fin de ma carrière (il y a cinq ans) où les conditions de travail (essentiellement le désintérêt des élèves pour ce que j'enseignais, y compris quand je faisais un peu d'histoire des maths ou que je racontais des anecdotes illustrant la place des maths dans la vie courante) ont réussi à me dégoûter de ces deux passions. Les parents d'élèves étaient toujours très enthousiasmés par ce que je proposais, mais leurs enfants pas du tout, l'incommunicabilité devenait profonde par absence quasi totale de culture commune (et pour beaucoup d'élèves, de culture tout court). J'ai mis très longtemps à retrouver du plaisir en faisant des maths, par contre j'aime toujours expliquer, aider, enseigner, simplement je le fais dans d'autres domaines que les maths.
Donc je dirais que dans les conditions actuelles, c'est mieux d'aimer la matière que l'on enseigne, mais que si on est passionné, il vaut mieux s'abstenir de l'enseigner, la chute peut être cruelle (mais si la réussite est au rendez vous, c'est extraordinairement gratifiant).
Donc je dirais que dans les conditions actuelles, c'est mieux d'aimer la matière que l'on enseigne, mais que si on est passionné, il vaut mieux s'abstenir de l'enseigner, la chute peut être cruelle (mais si la réussite est au rendez vous, c'est extraordinairement gratifiant).
- NLM76Grand Maître
Passionné par la littérature et la grammaire, sans doute. Mais pas passionné par le discours sur la littérature. Mais le problème, c'est que, je crois, je suis capable de me passionner pour toutes sortes de domaines : l'histoire, les mathématiques, les langues étrangères, la musique, la danse, le sport, l'ébénisterie, la gestion d'une entreprise.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- AscagneGrand sage
J'adore mes disciplines, au sens universitaire/général cependant : la matière dans les formats du secondaire, c'est déjà différent. J'aime la transmission, aussi, mais c'est différent d'apprécier les situations d'enseignement au collège ou au lycée et tout le tintouin qui va avec. Je ne me retrouve pas dans le métier.
La passion pour ce que l'on enseigne peut se retourner contre soi, surtout face à des publics rétifs, fermés, difficiles, etc. Mais enseigner-dans-le-secondaire, c'est aussi plein d'autres choses et on peut avoir beau aimer les matières et la transmission sans se sentir à sa place dans cette affaire. Je suis pas mal introverti : ça ne posait pas trop de problème pour enseigner dans le supérieur, mais ça m'épuise face aux élèves en cours et ça s'apparente pour moi à une forme de torture (puisque en gros je fais au quotidien un peu ce qui me fait cauchemarder, mais j'ai cette chance d'avoir peu de cours face à de grosses classes cette année).
La passion pour ce que l'on enseigne peut se retourner contre soi, surtout face à des publics rétifs, fermés, difficiles, etc. Mais enseigner-dans-le-secondaire, c'est aussi plein d'autres choses et on peut avoir beau aimer les matières et la transmission sans se sentir à sa place dans cette affaire. Je suis pas mal introverti : ça ne posait pas trop de problème pour enseigner dans le supérieur, mais ça m'épuise face aux élèves en cours et ça s'apparente pour moi à une forme de torture (puisque en gros je fais au quotidien un peu ce qui me fait cauchemarder, mais j'ai cette chance d'avoir peu de cours face à de grosses classes cette année).
Voire, ce n'est parfois finalement presque que ça : du psycho-social quand on se retrouve avec une classe impossible ou fort difficile.gauvain31 a écrit:Notre métier est effectivement lourd, voire très lourd d'une point de vue psycho-social comme le dit AsartLilith
- TinyNiveau 5
Passionné : le mot est excessif tout de même.
Ce métier est alimentaire comme un autre.
J'aime ma matière mais à la retraite je ne ferai certainement pas de mathématiques et je me débarrasserai illico presto de tous mes livres.
Ce métier est alimentaire comme un autre.
J'aime ma matière mais à la retraite je ne ferai certainement pas de mathématiques et je me débarrasserai illico presto de tous mes livres.
- BaldredSage
Tiny a écrit:Passionné : le mot est excessif tout de même.
Ce métier est alimentaire comme un autre.
J'aime ma matière mais à la retraite je ne ferai certainement pas de mathématiques et je me débarrasserai illico presto de tous mes livres.
Quel métier n'est pas, aussi, alimentaire ?
Mais je donnerais la même définition de la "passion" professionnelle : ce qu'on continue après la retraite tant que c'est physiquement possible sans nécessité financière.
Dans ma famille, je serai le premier homme à prendre ma retraite dans ces conditions. Soit ils sont morts avant, soit ils ont continué.
Pour les profs, même s'il n'est sans doute pas si rare de poursuivre une activité d'enseignement, si la partie transmission s'arrête, l'intérêt disciplinaire perdure-t-il ?
Si oui, alors on peut sans doute parler de "passion" .
- CasparProphète
Tiny a écrit:Passionné : le mot est excessif tout de même.
Ce métier est alimentaire comme un autre.
J'aime ma matière mais à la retraite je ne ferai certainement pas de mathématiques et je me débarrasserai illico presto de tous mes livres.
Je garderai quelques grammaires et dictionnaires, un ou deux livres de civilisation et le reste (manuels, cours...) disparaîtra. Je ne compte pas les romans et autres "lectures-plaisir" en anglais.
- AscagneGrand sage
@Tiny : C'est oublier que la passion peut préexister au métier ou est indépendante de ce dernier. À partir de là beaucoup de situations sont possibles.
- RavenNevermoreNiveau 2
Jenny a écrit:Je suis passionnée par ma discipline mais je pense que j’aurais pu en enseigner une autre et m’épanouir aussi.
Exactement pareil ! Je suis passionnée par l'anglais depuis mes 12 ans mais je suis passionnée de littérature depuis toujours. J'ai d'ailleurs beaucoup hésité entre prof d'anglais et prof de lettres modernes.
Pour répondre à la question posée, en ce qui me concerne c'est clairement un mix des deux : la passion pour ma matière et l'envie de la transmettre.
- CòchoNiveau 5
Le mot de passion est inutilement piégeux. Comme plusieurs l'ont dit, dans le secondaire, on enseigne une discipline, c'est-à-dire un savoir, et le savoir-faire qui permet de l'assimiler et réfléchir (la méthode). « La pédagogie », ça n'existe pas.
Je me méfie beaucoup de l'idée qu'on ferait ce job pour « travailler avec des enfants / jeunes »... Pour ça, il y a des jobs spécifiques, qui relèvent de l'éducatif, du social ou de la garderie.
Je me méfie aussi des prétentions illégitimes, qui sortent du cadre de la discipline de formation, avec sa rigueur et sa méthode, ou de la finalité de notre tâche. Et bien sûr, on a vite fait de se croire légitime. Ça n'empêche pas de s'ouvrir à la généralité du savoir, au contraire.
Je dirais donc qu'il faut être un représentant fiable et constant de sa discipline, pour enseigner dans le secondaire. Ce qui implique évidemment de se vivre comme un mathématicien quand on est prof de maths, et cetera...
Je me méfie beaucoup de l'idée qu'on ferait ce job pour « travailler avec des enfants / jeunes »... Pour ça, il y a des jobs spécifiques, qui relèvent de l'éducatif, du social ou de la garderie.
Je me méfie aussi des prétentions illégitimes, qui sortent du cadre de la discipline de formation, avec sa rigueur et sa méthode, ou de la finalité de notre tâche. Et bien sûr, on a vite fait de se croire légitime. Ça n'empêche pas de s'ouvrir à la généralité du savoir, au contraire.
Je dirais donc qu'il faut être un représentant fiable et constant de sa discipline, pour enseigner dans le secondaire. Ce qui implique évidemment de se vivre comme un mathématicien quand on est prof de maths, et cetera...
- LefterisEsprit sacré
Même chose, notamment ce que j'ai mis en gras. Je dirais même "les discours", puisque cette matière est l'objet de nombreuses querelles jacassières de gros-boutistes et petit-boutistes.NLM76 a écrit:Passionné par la littérature et la grammaire, sans doute. Mais pas passionné par le discours sur la littérature. Mais le problème, c'est que, je crois, je suis capable de me passionner pour toutes sortes de domaines : l'histoire, les mathématiques, les langues étrangères, la musique, la danse, le sport, l'ébénisterie, la gestion d'une entreprise.
Exactement, pour avoir fréquenté les lettres bien avant d'être enseignant (où finalement on est moins en contact avec ce qui nous intéresse et on régresse en bien des points), je ne peux qu'adhérer à cette vision. Cependant, c'est d'être très intéressé (je n'aime pas le terme "passionné"n pas plus que celui de "vocation") qui permet de décrocher les concours, et aussi d'être très à l'aise dans ce qu'on enseigne, même sans être très emballé.Ascagne a écrit:J'adore mes disciplines, au sens universitaire/général cependant : la matière dans les formats du secondaire, c'est déjà différent. J'aime la transmission, aussi, mais c'est différent d'apprécier les situations d'enseignement au collège ou au lycée et tout le tintouin qui va avec. Je ne me retrouve pas dans le métier.
Tout à fait d'accord. Mais l'idée de "travailler avec des jeunes" fait son chemin, je l'ai entendu, et pas qu'une fois. Et pas que de collègues, c'est aussi un des mantras de nombreux "formateurs". Un des premiers entendu à mon arrivée à l'IUFM fut : "Les disciplines ne sont pas ce qu'il y a de plus important".Còcho a écrit:Le mot de passion est inutilement piégeux. Comme plusieurs l'ont dit, dans le secondaire, on enseigne une discipline, c'est-à-dire un savoir, et le savoir-faire qui permet de l'assimiler et réfléchir (la méthode). « La pédagogie », ça n'existe pas.
Je me méfie beaucoup de l'idée qu'on ferait ce job pour « travailler avec des enfants / jeunes »... Pour ça, il y a des jobs spécifiques, qui relèvent de l'éducatif, du social ou de la garderie.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Tiny a écrit:Passionné : le mot est excessif tout de même.
Ce métier est alimentaire comme un autre.
J'aime ma matière mais à la retraite je ne ferai certainement pas de mathématiques et je me débarrasserai illico presto de tous mes livres.
Disons que la matière au sens large ne se superpose pas nécessairement à la discipline scolaire, ni l'intérêt (si ce n'est la passion) à l'engagement dans l'activité d'enseignement. Je ne vois pas comment je pourrais cesser de fréquenter les musées quand je suis en vacances, et je ne pense pas que ce sera davantage possible plus tard, lorsque je serai à la retraite.
- IridianeFidèle du forum
Lefteris a écrit:Même chose, notamment ce que j'ai mis en gras. Je dirais même "les discours", puisque cette matière est l'objet de nombreuses querelles jacassières de gros-boutistes et petit-boutistes.NLM76 a écrit:Passionné par la littérature et la grammaire, sans doute. Mais pas passionné par le discours sur la littérature. Mais le problème, c'est que, je crois, je suis capable de me passionner pour toutes sortes de domaines : l'histoire, les mathématiques, les langues étrangères, la musique, la danse, le sport, l'ébénisterie, la gestion d'une entreprise.Exactement, pour avoir fréquenté les lettres bien avant d'être enseignant (où finalement on est moins en contact avec ce qui nous intéresse et on régresse en bien des points), je ne peux qu'adhérer à cette vision. Cependant, c'est d'être très intéressé (je n'aime pas le terme "passionné"n pas plus que celui de "vocation") qui permet de décrocher les concours, et aussi d'être très à l'aise dans ce qu'on enseigne, même sans être très emballé.Ascagne a écrit:J'adore mes disciplines, au sens universitaire/général cependant : la matière dans les formats du secondaire, c'est déjà différent. J'aime la transmission, aussi, mais c'est différent d'apprécier les situations d'enseignement au collège ou au lycée et tout le tintouin qui va avec. Je ne me retrouve pas dans le métier.Tout à fait d'accord. Mais l'idée de "travailler avec des jeunes" fait son chemin, je l'ai entendu, et pas qu'une fois. Et pas que de collègues, c'est aussi un des mantras de nombreux "formateurs". Un des premiers entendu à mon arrivée à l'IUFM fut : "Les disciplines ne sont pas ce qu'il y a de plus important".Còcho a écrit:Le mot de passion est inutilement piégeux. Comme plusieurs l'ont dit, dans le secondaire, on enseigne une discipline, c'est-à-dire un savoir, et le savoir-faire qui permet de l'assimiler et réfléchir (la méthode). « La pédagogie », ça n'existe pas.
Je me méfie beaucoup de l'idée qu'on ferait ce job pour « travailler avec des enfants / jeunes »... Pour ça, il y a des jobs spécifiques, qui relèvent de l'éducatif, du social ou de la garderie.
C’est catastrophique. Si ce qu’on aime c’est « travailler avec des jeunes » (ce qui ne veut pas dire grand chose) il faut être animateur, pas enseignant. Même si, certes, il ne s’agit pas de détester les jeunes (sinon on s’expose à des déconvenues…), la discipline reste évidemment le plus important. Ne serait-ce que par respect pour les jeunes en question d’ailleurs, notre rôle n’est pas de les divertir mais de les instruire.
- silex74Niveau 1
Bonjour!
J'ai lu avec attention tous ces messages.Expérience modeste et déjà ancienne: prof d'abord en LEP, j'ai eu quelques élèves en CAP très sensibles aux poèmes de Rimbaud, Verlaine. etc...Jeune prof, j'étais "fier" de moi...Les autres?Peu motivés, mais écoutaient...
Certifié, enseignant en collège,l'immense beaucoup d'élèves s'en "fichaient" complètement...J'ai alors pris beaucoup de recul...Admis à l'agrégation, je suis parti le plus vite possible en lycée.Bilan TRES contrasté.J'ai passé des moments exceptionnels avec des élèves captivés par les textes étudiés.Posant des questions, demandant des précisions.D'autres pitoyables: avec des élèves qui n'hésitaient pas à exprimer leur rejet pour la littérature...
Avec le recul d'un retraité,qu'ajouter?Globalement,l'intérêt pour le métier d'enseignant a baissé régulièrement. Les cinq dernières années ont été difficiles: nouveaux programmes,consignes qui changeaient d'un IPR à l'autre,pression des parents pour remonter les notes...Soulagé d'avoir pu partir en retraite!
J'ai le plus grand respect pour tous l es profs en activité.Ménagez-vous: au bout du tunnel,il y a la lumière!!
J'ai lu avec attention tous ces messages.Expérience modeste et déjà ancienne: prof d'abord en LEP, j'ai eu quelques élèves en CAP très sensibles aux poèmes de Rimbaud, Verlaine. etc...Jeune prof, j'étais "fier" de moi...Les autres?Peu motivés, mais écoutaient...
Certifié, enseignant en collège,l'immense beaucoup d'élèves s'en "fichaient" complètement...J'ai alors pris beaucoup de recul...Admis à l'agrégation, je suis parti le plus vite possible en lycée.Bilan TRES contrasté.J'ai passé des moments exceptionnels avec des élèves captivés par les textes étudiés.Posant des questions, demandant des précisions.D'autres pitoyables: avec des élèves qui n'hésitaient pas à exprimer leur rejet pour la littérature...
Avec le recul d'un retraité,qu'ajouter?Globalement,l'intérêt pour le métier d'enseignant a baissé régulièrement. Les cinq dernières années ont été difficiles: nouveaux programmes,consignes qui changeaient d'un IPR à l'autre,pression des parents pour remonter les notes...Soulagé d'avoir pu partir en retraite!
J'ai le plus grand respect pour tous l es profs en activité.Ménagez-vous: au bout du tunnel,il y a la lumière!!
- LefterisEsprit sacré
Une des meilleures professions de foi que j'ai entendues, c'est une collègue, qui n'avait pas fait d'études de lettres, devenue professeur de lettres modernes parce que c'était le concours le plus accessible pour "travailler avec des jeunes". Elle avait pensé à sa matière, mais concours plus difficile (c'était après le désossage disciplinaire du Capes LM , l'oral "entretien d'embauche", et le ratio de candidats bien inférieur au nombre de postes) et moins assuré dans sa matière, PE, mais cela impliquait d'aller dans une académie notoirement peu attirante.Iridiane a écrit:
C’est catastrophique. Si ce qu’on aime c’est « travailler avec des jeunes » (ce qui ne veut pas dire grand chose) il faut être animateur, pas enseignant. Même si, certes, il ne s’agit pas de détester les jeunes (sinon on s’expose à des déconvenues…), la discipline reste évidemment le plus important. Ne serait-ce que par respect pour les jeunes en question d’ailleurs, notre rôle n’est pas de les divertir mais de les instruire.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- ElaïnaDevin
Après, si vraiment on déteste les enfants/ados, c'est quand même compliqué de faire le job, hein...
Je dirais au bout du compte qu'il faut avoir une "passion raisonnable". De fait, on peut très bien être passionné par quelque chose et accepter sans trop de souci que ceux d'en face ne le soient pas, et pourtant être capable d'en parler avec justesse et clarté. Enfin, si je devais me mettre la rate au court-bouillon à chaque fois que les élèves restent sceptiques face à mon enthousiasme délirant pour les romans japonais d'après-guerre, les TAAF ou l'administration ottomane, eh bien, je n'aurais jamais fini.
Je dirais au bout du compte qu'il faut avoir une "passion raisonnable". De fait, on peut très bien être passionné par quelque chose et accepter sans trop de souci que ceux d'en face ne le soient pas, et pourtant être capable d'en parler avec justesse et clarté. Enfin, si je devais me mettre la rate au court-bouillon à chaque fois que les élèves restent sceptiques face à mon enthousiasme délirant pour les romans japonais d'après-guerre, les TAAF ou l'administration ottomane, eh bien, je n'aurais jamais fini.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- Patience et raisonFidèle du forum
Ça vaut pour d'autres métiers...
Quand j'étais gestionnaire d'EPLE, je ne comprenais pas pourquoi les enseignants ne se passionnaient pas sur le principe de double comptabilité (générale et budgétaire), les comptes en T... ^^
Quand j'étais gestionnaire d'EPLE, je ne comprenais pas pourquoi les enseignants ne se passionnaient pas sur le principe de double comptabilité (générale et budgétaire), les comptes en T... ^^
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Scio me nihil scire
Ambassadeur de Sparte à Byzance.
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » — Henri Lacordaire
« Quand le droit bavarde, le citoyen ne lui prête plus qu'une oreille distraite » — Rapport du Conseil d'État de 1991, De la sécurité juridique.
"Alors n’oubliez pas : si vous voulez vraiment être productifs, apprenez à travailler avec des outils qui font gagner du temps au lieu de tout refaire à la main. Mais si votre passion, c’est de ne surtout pas utiliser de livres déjà complets, et de réécrire votre propre truc à chaque fois parce que « Je préfère utiliser mes propres outils et je n’arrive pas à utiliser ceux des autres« , alors félicitations :
Vous êtes bons pour rejoindre l’Éducation Nationale française." Odieux ***.
- Clecle78Bon génie
Je n'ai pas tout comprisLefteris a écrit:Une des meilleures professions de foi que j'ai entendues, c'est une collègue, qui n'avait pas fait d'études de lettres, devenue professeur de lettres modernes parce que c'était le concours le plus accessible pour "travailler avec des jeunes". Elle avait pensé à sa matière, mais concours plus difficile (c'était après le désossage disciplinaire du Capes LM , l'oral "entretien d'embauche", et le ratio de candidats bien inférieur au nombre de postes) et moins assuré dans sa matière, PE, mais cela impliquait d'aller dans une académie notoirement peu attirante.Iridiane a écrit:
C’est catastrophique. Si ce qu’on aime c’est « travailler avec des jeunes » (ce qui ne veut pas dire grand chose) il faut être animateur, pas enseignant. Même si, certes, il ne s’agit pas de détester les jeunes (sinon on s’expose à des déconvenues…), la discipline reste évidemment le plus important. Ne serait-ce que par respect pour les jeunes en question d’ailleurs, notre rôle n’est pas de les divertir mais de les instruire.
- nicole 86Expert spécialisé
Élève puis étudiante, j'ai sans doute aimé résoudre des problèmes de mathématiques, comprendre et manipuler des structures abstraites mais je détestais les sciences expérimentales (qui me le rendaient bien) alors j'ai eu beaucoup de mal avec l'association maths-physique que faisaient quasi systématiquement la plupart de mes collègues (scientifiques ou non) et les élèves. J'ai détesté avoir des programmes incompatibles avec les horaires attribués. J'ai surtout détesté le rôle que l'institution et la société m'ont demandé de jouer : hiérarchiser les élèves et être le passage obligé, j'allais dire le couperet concernant l'orientation. En revanche les cours de DNL étaient un vrai bonheur, pas d'enjeu chiffré, juste le plaisir d'apprendre et de mettre en pratique ce qu'on vient d'apprendre, d'être confronté à des problèmes ouverts où on prend le temps d'élaborer des stratégies et de les mettre en mots.
Il me reste juste quelques livres de niveau universitaire et un ou deux des éditions CEDIC (si cela dit encore quelque chose aux plus anciens).
Il me reste juste quelques livres de niveau universitaire et un ou deux des éditions CEDIC (si cela dit encore quelque chose aux plus anciens).
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