- epekeina.tes.ousiasModérateur
Et puis, c'est un phénomène connu depuis quelques années. En 2016, il y a avait ~630 pédopsychiatres en France et 6 mois d'attente pour une prise en charge : le premier chiffre baisse (actuellement moins de 600, leur moyenne d'âge augmente), le second a augmenté (dans certains départements, il est de plus d'un an). Et même en comptant ceux qui n'ont pas la formation initiale correspondante, les psy qui ont une expérience etc., leur nombre baisse. Et pourtant il y a un problème de santé psychique des mineurs et des enfants :
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/pourquoi-la-france-manque-t-elle-de-pedopsychiatres-20230321
L'article date d'il y a une dizaine de mois et la situation ne s'est pas améliorée. Il y a même eu un rapport de Cour des comptes qui expliquait que le manque de médecin dans cette spécialité était grave et structurel. Par ex. une consultation est toujours longue, donc leurs revenus sont inférieurs à la moyenne des spécialistes, ce qui rend la spécialité très peu attractive, et crée un cercle vicieux. Car leur âge augmente et le taux de renouvellement baisse. Ce qui fragilise l'existence de la spécialité : car moins de médecins en poste, ça fait moins de lieux d'externats, donc moins de place. Mais cela fait aussi qu'une fac de médecine sur 5 n'a pas d'enseignants dans cette spécialité et il est à prévoir que cela va augmenter aussi…
Autre cercle vicieux : comme les services hospitaliers ont des services de psy en perte de personnels (et de lits et de moyens), on médicamente plus on accueille moins (voire plus du tout dans certains départements). Parce qu'il faut aller au plus vite et au plus urgent — bref : on trie. Et les médecins géné. sont de plus en plus nombreux à être les seuls recours. De sorte que la pure médicamentation, sans suivi dans de nombreux cas, augmente et, avec cela, la chronicité des troubles et les rechutes…
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/pourquoi-la-france-manque-t-elle-de-pedopsychiatres-20230321
«On fait face à un boom des pathologies psychiatriques chez les enfants et les adolescents depuis le confinement», explique la pédopsychiatre Candice Blondeau. Un rapport de la Cour des comptes publié ce mardi estime ainsi «qu'environ 1,6 million d'enfants et adolescents souffrent d'un trouble psychique», et évalue la prévalence de l'ensemble des troubles psychiques, légers comme plus sévères, chez les enfants et les adolescents en France, à 11,2%
L'article date d'il y a une dizaine de mois et la situation ne s'est pas améliorée. Il y a même eu un rapport de Cour des comptes qui expliquait que le manque de médecin dans cette spécialité était grave et structurel. Par ex. une consultation est toujours longue, donc leurs revenus sont inférieurs à la moyenne des spécialistes, ce qui rend la spécialité très peu attractive, et crée un cercle vicieux. Car leur âge augmente et le taux de renouvellement baisse. Ce qui fragilise l'existence de la spécialité : car moins de médecins en poste, ça fait moins de lieux d'externats, donc moins de place. Mais cela fait aussi qu'une fac de médecine sur 5 n'a pas d'enseignants dans cette spécialité et il est à prévoir que cela va augmenter aussi…
Autre cercle vicieux : comme les services hospitaliers ont des services de psy en perte de personnels (et de lits et de moyens), on médicamente plus on accueille moins (voire plus du tout dans certains départements). Parce qu'il faut aller au plus vite et au plus urgent — bref : on trie. Et les médecins géné. sont de plus en plus nombreux à être les seuls recours. De sorte que la pure médicamentation, sans suivi dans de nombreux cas, augmente et, avec cela, la chronicité des troubles et les rechutes…
- BaldredSage
Aperçu par hasard a écrit:beaverforever a écrit:
Est-ce vraiment pire que l'ambiance Guerre froide en 1962 ? L'essentiel de ces problèmes se règlent avec un peu plus redistribution des richesses dans nos sociétés, ce n'est pas un truc extraordinaire.En vrac : la précarité, l'überisation du travail, les inégalités sociales, Trump et Musk, les délires de transhumanisme, le fascisme, l'individualisme, la perte de sens, l'hôpital qui ne peut plus soigner, les réseaux sociaux et l'image de soi, Parcoursup, le COVID et d'autres potentielles épidémies mondiales, l'extinction des espèces. Non c'est vrai, aucune raison de flipper vraiment.
Alors ça...!
Et même chose pour les 3,8° de réchauffement, je suppose?Baldred a écrit:Il y a de sociétés et des cultures plus ou moins anxiogènes : le Danemark, le Canada le sont plutôt moins (sachant que le Paradis n'est pas de ce monde), le Japon, les USA, le sont plutôt moins ( ça dépend où on nait, bien sûr). La France l'est de plus en plus, et se vit comme une société de plus en plus dure, de plus en plus en crise.
Le Japon, une société peu anxiogène pour la jeunesse? Mais enfin, d'où tiens-tu cela?
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/au-japon-le-suicide-des-enfants-au-plus-haut-depuis-30-ans_3025963.html
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20230915-au-japon-la-rentr%C3%A9e-scolaire-entra%C3%AEne-des-vagues-de-suicides-chez-les-enfants
Et même le Canada est devant la France pour le taux de suicide chez les jeunes (pas sûr que les Inuits en particulier aillent très bien).
Pardon de t'avoir donné du travail pour une erreur de mon message qui oppose des pays... en les plaçant dans la même catégorie : Japon et USA sont PLUS et non moins, bien sûr. Je corrige. Désolé.
Quant au Canada, oui, les peuples premiers ne vont pas bien du tout....
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Mais en France, ça ne va pas mieux. Un enfant sur dix au bas mot souffre de troubles psychiques — dont beaucoup ne sont pas pris en charge et ne peuvent pas l'être faute de médecins et de moyens. Situation qui a 15 ans d'âge au moins et qui s'aggrave. Si avec cela, on ne comprend pas pourquoi il y a du diagnostic sauvage et des problèmes…
_________________
Si tu vales valeo.
- BaldredSage
epekeina.tes.ousias a écrit:Non, mais, Baldred : les services psychiatriques des hôpitaux, les psychiatres de secteurs et les médecins comme SOS-médecins expliquent qu'ils ont un afflux de patients jeunes (non traités et qu'ils ne peuvent pas accueillir). Cela fait des années que les psychiatres et les pédopsychiatres disent que la situation s'aggrave — les temps d'attente avant consultation passent un ans — et qu'il faut faire quelque chose — et évidemment des années que rien n'est fait .
À chaque fois qu'un palier est franchi, c'est pareil : mais est-on vraiment sûr que… ? Et pourtant, faute de prise en charge, on sait — puisque ce sont des prescriptions tracées — que le remplacement des prises en charge par de la médication sèche est en augmentation.
Mon message, long il est vrai, était en 2 parties . Si la première insistait sur la nécessité de nuancer le "plus en plus" pour les raisons que j'explique , la seconde insistait sur le danger de ne pas croire ou de relativiser cette dégradation de la santé mentale qui n'est pas niable, pour les raisons que tu indiques et que je partage.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Jenny a écrit:Ce discours me parait totalement déconnecté par rapport à ce que vivent nos élèves...
L'article parle des tentatives de suicide, des scarifications, des jeunes sous psychotropes, de la prostitution des mineurs... des choses que personnellement, j'observe fréquemment. Les statistiques sont peu rassurantes. Et là, je lis un discours daté sur le changement global, qu'il vaudrait juste expliquer aux jeunes que la pauvreté recule et que les guerres sont moins fréquentes qu'avant. Je suis perplexe...
Ce qui me paraîtrait surprenant, ce serait de considérer que l'accroissement du mal-être des jeunes serait sans rapport avec les menaces pesant sur la paix en Europe ou ailleurs ou - plus encore, sans doute - de les croire sans rapport avec les prévisions concernant le climat. Ce qui n'empêche pas de prendre en compte l'incidence des réseaux sociaux (comme des sortes d'amplificateurs qui enferment dans des boucles de rumination ou dans des formes de concurrences narcissiques délétères) ou les conséquences dramatiques des défaillances du système de soin.
Mais je suis très sceptique face aux raisonnement qui voudraient faire des jeunes une sorte d'espèce "à part", qui s'inquiéterait d'abord pour de mauvaises raisons, du fait d'une sorte d'immaturité affective (voit-on que les adultes en général brillent par leur maturité? J'ai quelques doutes...), de modes de fonctionnement excessivement centrés sur soi (voit-on que les adultes en général sont particulièrement ouverts aux autres?) ou d'une conscience politique défaillante, particulièrement ignorante de l'histoire ou de l'état réel du monde (voit-on que les adultes, etc.). S'il y a bien pourtant une sensibilité de la jeunesse, parce que c'est un moment d'incertitude où il faut trouver sa place au milieu des autres en même temps que des raisons se projeter dans l'avenir, il me semble alors que le mal-être de la jeunesse est avant tout une sorte de de résonateur et l'un des symptômes les plus visibles de l'inquiétude qui traverse la société en général.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Pour ma part, ce que je trouve le plus préoccupant dans la situation actuelle, c'est que cela ne peut que s'aggraver. Les prises en charge vont nécessairement encore diminuer faute de médecins, donc les problèmes vont augmenter. On peut éventuellement s'interroger sur les causes, mais en réalité cela détourne probablement de mettre en question l'indigence des politiques de santé et le fait que les recours sont catastrophiquement bas.
Moins de 600 pédopsychiatres (spécialité obtenue) en France (dont la moyenne d'âge est autour de 65 ans), cela fait à peine 5 pour 100 000 mineurs de moins de 14 ans et très inégalement répartis géographiquement, et ils sont de moins en moins nombreux au fil des années. On peut le dire autrement : ils sont en extinction. Non seulement la prévalence des troubles psychiques pour les enfants est en augmentation, mais leur prise en charge est à la baisse et très souvent inexistante.
Comment s'étonner d'avoir, dans les classes (2 ou 3 par classe), des enfants de tous âges qui vont très mal ? De ce point de vue, s'intéresser aux causes (l'actualité, les médias, etc.), j'en viens à me dire que c'est un peu l'équivalent de faire du sociétal pour éviter de faire du social.
Moins de 600 pédopsychiatres (spécialité obtenue) en France (dont la moyenne d'âge est autour de 65 ans), cela fait à peine 5 pour 100 000 mineurs de moins de 14 ans et très inégalement répartis géographiquement, et ils sont de moins en moins nombreux au fil des années. On peut le dire autrement : ils sont en extinction. Non seulement la prévalence des troubles psychiques pour les enfants est en augmentation, mais leur prise en charge est à la baisse et très souvent inexistante.
Comment s'étonner d'avoir, dans les classes (2 ou 3 par classe), des enfants de tous âges qui vont très mal ? De ce point de vue, s'intéresser aux causes (l'actualité, les médias, etc.), j'en viens à me dire que c'est un peu l'équivalent de faire du sociétal pour éviter de faire du social.
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Si tu vales valeo.
- GabyshkaJe viens de m'inscrire !
Aperçu par hasard a écrit:Jenny a écrit:Ce discours me parait totalement déconnecté par rapport à ce que vivent nos élèves...
L'article parle des tentatives de suicide, des scarifications, des jeunes sous psychotropes, de la prostitution des mineurs... des choses que personnellement, j'observe fréquemment. Les statistiques sont peu rassurantes. Et là, je lis un discours daté sur le changement global, qu'il vaudrait juste expliquer aux jeunes que la pauvreté recule et que les guerres sont moins fréquentes qu'avant. Je suis perplexe...
Ce qui me paraîtrait surprenant, ce serait de considérer que l'accroissement du mal-être des jeunes serait sans rapport avec les menaces pesant sur la paix en Europe ou ailleurs ou - plus encore, sans doute - de les croire sans rapport avec les prévisions concernant le climat. Ce qui n'empêche pas de prendre en compte l'incidence des réseaux sociaux (comme des sortes d'amplificateurs qui enferment dans des boucles de rumination ou dans des formes de concurrences narcissiques délétères) ou les conséquences dramatiques des défaillances du système de soin.
Mais je suis très sceptique face aux raisonnement qui voudraient faire des jeunes une sorte d'espèce "à part", qui s'inquiéterait d'abord pour de mauvaises raisons, du fait d'une sorte d'immaturité affective (voit-on que les adultes en général brillent par leur maturité? J'ai quelques doutes...), de modes de fonctionnement excessivement centrés sur soi (voit-on que les adultes en général sont particulièrement ouverts aux autres?) ou d'une conscience politique défaillante, particulièrement ignorante de l'histoire ou de l'état réel du monde (voit-on que les adultes, etc.). S'il y a bien pourtant une sensibilité de la jeunesse, parce que c'est un moment d'incertitude où il faut trouver sa place au milieu des autres en même temps que des raisons se projeter dans l'avenir, il me semble alors que le mal-être de la jeunesse est avant tout une sorte de de résonateur et l'un des symptômes les plus visibles de l'inquiétude qui traverse la société en général.
Je parlerai aussi de morosité en plus de l'inquiétude. Est-ce que l'inquiétude est plus vive qu'avant (au sens large) ou bien est-ce plutôt les moyens de gérer ces angoisses qui sont moins performants ? Je pense notamment à la capacité à rire, faire la fête, bouger, rencontrer l'autre... J'ai l'impression que nous sommes des générations tétanisées. Il y a encore quelques années, il me semble qu'il régnait encore une certaine légèreté, une capacité à faire la fête, à simplement s'amuser. Est-ce une illusion liée à ma relative jeunesse, ou bien les générations précédentes peuvent-elles confirmer cette impression ?
Est-ce que nous adultes, apprenons à nos enfants à "danser sous la pluie" ? Je vais prendre un exemple personnel : une personne très proche de moi, très fine, très cultivée était très angoissée par l'état du monde et les perspectives pour ses enfants. Ses angoisses ont participé à une forte dégradation de son état mental, qui a malheuresement conduit au pire. En craignant le pire à l’échelle globale, elle a causé "le pire" à l’échelle familiale. Et quand c'est arrivé, cela a été très dur, mais celà a aussi été l'occasion pour moi de redonner de la valeur au présent par rapport à l'avenir ainsi qu'aux petites joies du quotidien.
C'est là où je rejoins certaines remarques d'intervenants précédents : la peur qu'il nous tombe des malheurs sur la tête c'est quand même un élément incontournable de la condition humaine, quelque soit l'intensité à un instant T des conflits dans le monde, a minima à l'échelle individuelle. Voir dans l'état actuel du monde la cause du problème pour nos jeunes ne me parait pas leur offrir de solutions. J'irai plutôt du côté de la vie ici et maintenant que nous leur offrons : le rapport aux écrans, et j'insiste encore la morosité générale, le temps passé enfermé, ... et tant d'autres choses mais j'aurais peur de m'éparpiller en developpant davantage ici.
- GaliNéoFidèle du forum
Je reste persuadé que les confinements ont accéléré le phénomène. Ajoutez à cela l'absence de pédopsychiatrie, la surabondance de contenus débiles ou interdits pour leur âge sur internet et l'actualité qui est tout sauf positive, vous avez le résultat actuel.
Moi-même je sais que ma santé mentale est affectée par tout, d'où ma grande déconnexion de l'internet et des médias. Je me recentre sur mes principaux centres d'intérêts : mes enfants, ma famille, mon travail et mes loisirs, c'est bien assez comme ça.
Moi-même je sais que ma santé mentale est affectée par tout, d'où ma grande déconnexion de l'internet et des médias. Je me recentre sur mes principaux centres d'intérêts : mes enfants, ma famille, mon travail et mes loisirs, c'est bien assez comme ça.
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¡ Hermano ! Dale gracias a Dios, que lo que tienes en la mano, no lo tienes por todo el año...
- SeiGrand Maître
Pour compléter l'article, je signale cette série de LSD, consacrée elle aussi à la santé mentale des jeunes. J'avais été vivement intéressée.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-jeunesse-le-mal-de-vivre
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-jeunesse-le-mal-de-vivre
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- roxanneOracle
Je m'en inquiète aussi en voyant dans les couloirs les gamins affalés dans le noir total (quand bien même l'interrupteur est à côté d'eux) ou terrés sur eux-mêmes dans des petits coins, à la seule lumière du portable.
- ElaïnaDevin
Ce qui est surprenant quand même c'est la flambée des comportements type crise d'angoisse à l'école. L'angoisse infantile et juvénile a toujours existé, je ne vois pas qui pourrait le nier (et pour les suicides infantiles : si, ça existe depuis longtemps, il y en a un par exemple dans Jude l'Obscur de Thomas Hardy). Mais ce qui est délicat c'est qu'on est passé de "ferme ta g* y'a des enfants qui meurent de faim en Somalie" à "oh mon pauvre petit comme tu souffres" dès que le moindre obstacle se présente, avec un grand coup de barre à 180°. La première fois que j'ai ressenti ça c'était en 2019, une classe où les parents m'ont accusée de maltraitance (notamment de faire vomir les élèves de terreur avant d'entrer dans mon cours) parce que j'avais mis des zéros pour travail non fait (ils étaient même allés jusqu'à calculer combien de centièmes de points ce zéro pourrait leur faire perdre en moyenne dans leur note de bac).
On avait tous, avant, un élève par an qui souffrait d'un très gros stress, maintenant c'est plusieurs élèves par classe qui pleurent, se décomposent, etc. J'ai aussi l'impression, en tant que professeur, que beaucoup d'élèves n'ont aucune colonne vertébrale et que toute contrariété peut être prétexte à péter un boulard. Et en tant que mère, ce n'est pas si évident de se positionner. Quand mon fils explose parce que sa vie est un enfer (les dix lignes à apprendre sur la Mésopotamie, donc, plus, j'oubliais, dix lignes sur les mélanges en physique chimie), est-ce que je suis une bonne mère si je l'envoie paître en lui disant de relativiser ses problèmes de petit bourgeois, ou bien faudrait-il que je sois davantage à l'écoute pour l'accompagner ? C'est une vraie question.
On avait tous, avant, un élève par an qui souffrait d'un très gros stress, maintenant c'est plusieurs élèves par classe qui pleurent, se décomposent, etc. J'ai aussi l'impression, en tant que professeur, que beaucoup d'élèves n'ont aucune colonne vertébrale et que toute contrariété peut être prétexte à péter un boulard. Et en tant que mère, ce n'est pas si évident de se positionner. Quand mon fils explose parce que sa vie est un enfer (les dix lignes à apprendre sur la Mésopotamie, donc, plus, j'oubliais, dix lignes sur les mélanges en physique chimie), est-ce que je suis une bonne mère si je l'envoie paître en lui disant de relativiser ses problèmes de petit bourgeois, ou bien faudrait-il que je sois davantage à l'écoute pour l'accompagner ? C'est une vraie question.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- DesolationRowEmpereur
Elaïna a écrit:Ce qui est surprenant quand même c'est la flambée des comportements type crise d'angoisse à l'école. L'angoisse infantile et juvénile a toujours existé, je ne vois pas qui pourrait le nier (et pour les suicides infantiles : si, ça existe depuis longtemps, il y en a un par exemple dans Jude l'Obscur de Thomas Hardy). Mais ce qui est délicat c'est qu'on est passé de "ferme ta g* y'a des enfants qui meurent de faim en Somalie" à "oh mon pauvre petit comme tu souffres" dès que le moindre obstacle se présente, avec un grand coup de barre à 180°. La première fois que j'ai ressenti ça c'était en 2019, une classe où les parents m'ont accusée de maltraitance (notamment de faire vomir les élèves de terreur avant d'entrer dans mon cours) parce que j'avais mis des zéros pour travail non fait (ils étaient même allés jusqu'à calculer combien de centièmes de points ce zéro pourrait leur faire perdre en moyenne dans leur note de bac).
On avait tous, avant, un élève par an qui souffrait d'un très gros stress, maintenant c'est plusieurs élèves par classe qui pleurent, se décomposent, etc. J'ai aussi l'impression, en tant que professeur, que beaucoup d'élèves n'ont aucune colonne vertébrale et que toute contrariété peut être prétexte à péter un boulard. Et en tant que mère, ce n'est pas si évident de se positionner. Quand mon fils explose parce que sa vie est un enfer (les dix lignes à apprendre sur la Mésopotamie, donc, plus, j'oubliais, dix lignes sur les mélanges en physique chimie), est-ce que je suis une bonne mère si je l'envoie paître en lui disant de relativiser ses problèmes de petit bourgeois, ou bien faudrait-il que je sois davantage à l'écoute pour l'accompagner ? C'est une vraie question.
Est-ce que tu veux ma réponse ?
- almuixeNeoprof expérimenté
On peut compatir tout en faisant relativiser (enfin en essayant car mes fils sont prêts à aller dans le désert libyen avec les migrants pour échapper à leur vie infernale).
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- Patience et raisonFidèle du forum
DesolationRow a écrit:Elaïna a écrit:Ce qui est surprenant quand même c'est la flambée des comportements type crise d'angoisse à l'école. L'angoisse infantile et juvénile a toujours existé, je ne vois pas qui pourrait le nier (et pour les suicides infantiles : si, ça existe depuis longtemps, il y en a un par exemple dans Jude l'Obscur de Thomas Hardy). Mais ce qui est délicat c'est qu'on est passé de "ferme ta g* y'a des enfants qui meurent de faim en Somalie" à "oh mon pauvre petit comme tu souffres" dès que le moindre obstacle se présente, avec un grand coup de barre à 180°. La première fois que j'ai ressenti ça c'était en 2019, une classe où les parents m'ont accusée de maltraitance (notamment de faire vomir les élèves de terreur avant d'entrer dans mon cours) parce que j'avais mis des zéros pour travail non fait (ils étaient même allés jusqu'à calculer combien de centièmes de points ce zéro pourrait leur faire perdre en moyenne dans leur note de bac).
On avait tous, avant, un élève par an qui souffrait d'un très gros stress, maintenant c'est plusieurs élèves par classe qui pleurent, se décomposent, etc. J'ai aussi l'impression, en tant que professeur, que beaucoup d'élèves n'ont aucune colonne vertébrale et que toute contrariété peut être prétexte à péter un boulard. Et en tant que mère, ce n'est pas si évident de se positionner. Quand mon fils explose parce que sa vie est un enfer (les dix lignes à apprendre sur la Mésopotamie, donc, plus, j'oubliais, dix lignes sur les mélanges en physique chimie), est-ce que je suis une bonne mère si je l'envoie paître en lui disant de relativiser ses problèmes de petit bourgeois, ou bien faudrait-il que je sois davantage à l'écoute pour l'accompagner ? C'est une vraie question.
Est-ce que tu veux ma réponse ?
De toute façon, les professeurs d'HG sont les plus méchants, c'est bien connu...
Ma grande a tenté le coup de "ma prof est trop sévère: on doit rédiger nos réponses, elle enlève un point s'il y a trop de fautes et en plus il faut apprendre le cour par cœur pour le devoir".
Comme j'étais à ce moment là en mode maman-dragon plutôt que maman-biche (copyright déposé), elle a eu droit comme réponse "Oh bichette, c'est tellement dur. Et en plus il faut aussi apprendre par cœur le vocabulaire en allemand et en anglais".
Son frère venait de s'entendre dire "je veux bien t'aider, mais je ne peux pas écrire à ta place: dysgraphique* ou pas, c'est ta main qui doit écrire lisiblement (même si tu fais des lettres d'un centimètre, tu dois écrire)".
* il a déjà des adaptations pour sa dysgraphie mais il a aussi un terrain fertile pour que lui pousse un baobab dans la main.
Pour en revenir au sujet, j'ai vraiment l'impression que mes enfants sont plus angoissés/stressés/inquiets que nous au même âge (à milieu socio-économique équivalent).
_________________
Scio me nihil scire
Ambassadeur de Sparte à Byzance.
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » — Henri Lacordaire
« Quand le droit bavarde, le citoyen ne lui prête plus qu'une oreille distraite » — Rapport du Conseil d'État de 1991, De la sécurité juridique.
"Alors n’oubliez pas : si vous voulez vraiment être productifs, apprenez à travailler avec des outils qui font gagner du temps au lieu de tout refaire à la main. Mais si votre passion, c’est de ne surtout pas utiliser de livres déjà complets, et de réécrire votre propre truc à chaque fois parce que « Je préfère utiliser mes propres outils et je n’arrive pas à utiliser ceux des autres« , alors félicitations :
Vous êtes bons pour rejoindre l’Éducation Nationale française." Odieux ***.
- ElaïnaDevin
Pour ma part, je suis persuadée que c'est en grande partie liée à l'obsession de nos sociétés libérales pour "le projet". Un élève n'a jamais le temps d'être seulement un apprenant, il doit être acteur de son propre savoir, de son orientation, etc. Mais c'est un peu partout pareil : dans les couples, il faut en permanence avoir des projets, je suis toujours très surprise d'entendre les gens autour de moi ne parler de leur couple que sous cette forme : on ne voyage, pas, on n'achète pas son toit pour vivre, on n'a pas des enfants ou un travail, mais on fait un projet voyage, projet maison, projet bébé, projet de nouveau step professionnel.
Alors on a ce décalage entre des élèves qui restent des gamins (et oui à 15, 16 ans, on est un gamin) et à qui on demande de se comporter comme des adultes avec tous les soucis qui vont avec. Et en plus, en obligeant les élèves à se projeter, on amplifie le décalage entre leurs désirs et la réalité. Alors qu'on devrait partir de l'opposé : choisir une orientation en fonction de ce qu'on sait faire, quitte à faire des croix sur certaines choses, plutôt que de dire "je veux faire une école d'ingénieur" alors que depuis la sixième c'est compliqué en maths, ce qui est la meilleure façon de se ramasser des murs bien violents. Ben non en fait : si t'es une quiche en maths, tu seras jamais ingénieur, c'est très triste sur le coup mais c'est la vie et c'est pas grave. Et il vaut mieux faire une croix et passer à autre chose, que de passer toute sa scolarité à se prendre des 4/20 en maths.
ça va donc faire, quoi ? Cinq, six ans ? que je vois des élèves qui pleurent en classe, dans les couloirs, chez les CPE ou à la vie scolaire. Ben oui, papa et maman ont voulu que Chouchou ait un "projet", un foutu projet, déconnecté des réalités de Chouchou, donc Chouchou est en première générale avec spé maths (qui ouvre les portes à tout), sauf que Chouchou est en grande difficulté, Chouchou se ramasse des notes pourries à longueur de journée, papa et maman continuent de dire à Chouchou qu'il a les capacités et qu'il peut réussir quand il aura le déclic, sauf que le déclic, il vient pas, et que le mur, là, il se rapproche dangereusement. Chouchou est pas idiot mais Chouchou craque, et je peux le comprendre.
Alors on a ce décalage entre des élèves qui restent des gamins (et oui à 15, 16 ans, on est un gamin) et à qui on demande de se comporter comme des adultes avec tous les soucis qui vont avec. Et en plus, en obligeant les élèves à se projeter, on amplifie le décalage entre leurs désirs et la réalité. Alors qu'on devrait partir de l'opposé : choisir une orientation en fonction de ce qu'on sait faire, quitte à faire des croix sur certaines choses, plutôt que de dire "je veux faire une école d'ingénieur" alors que depuis la sixième c'est compliqué en maths, ce qui est la meilleure façon de se ramasser des murs bien violents. Ben non en fait : si t'es une quiche en maths, tu seras jamais ingénieur, c'est très triste sur le coup mais c'est la vie et c'est pas grave. Et il vaut mieux faire une croix et passer à autre chose, que de passer toute sa scolarité à se prendre des 4/20 en maths.
ça va donc faire, quoi ? Cinq, six ans ? que je vois des élèves qui pleurent en classe, dans les couloirs, chez les CPE ou à la vie scolaire. Ben oui, papa et maman ont voulu que Chouchou ait un "projet", un foutu projet, déconnecté des réalités de Chouchou, donc Chouchou est en première générale avec spé maths (qui ouvre les portes à tout), sauf que Chouchou est en grande difficulté, Chouchou se ramasse des notes pourries à longueur de journée, papa et maman continuent de dire à Chouchou qu'il a les capacités et qu'il peut réussir quand il aura le déclic, sauf que le déclic, il vient pas, et que le mur, là, il se rapproche dangereusement. Chouchou est pas idiot mais Chouchou craque, et je peux le comprendre.
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Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- PrezboGrand Maître
Elaïna a écrit:Pour ma part, je suis persuadée que c'est en grande partie liée à l'obsession de nos sociétés libérales pour "le projet". Un élève n'a jamais le temps d'être seulement un apprenant, il doit être acteur de son propre savoir, de son orientation, etc. Mais c'est un peu partout pareil : dans les couples, il faut en permanence avoir des projets, je suis toujours très surprise d'entendre les gens autour de moi ne parler de leur couple que sous cette forme : on ne voyage, pas, on n'achète pas son toit pour vivre, on n'a pas des enfants ou un travail, mais on fait un projet voyage, projet maison, projet bébé, projet de nouveau step professionnel.
Alors on a ce décalage entre des élèves qui restent des gamins (et oui à 15, 16 ans, on est un gamin) et à qui on demande de se comporter comme des adultes avec tous les soucis qui vont avec. Et en plus, en obligeant les élèves à se projeter, on amplifie le décalage entre leurs désirs et la réalité. Alors qu'on devrait partir de l'opposé : choisir une orientation en fonction de ce qu'on sait faire, quitte à faire des croix sur certaines choses, plutôt que de dire "je veux faire une école d'ingénieur" alors que depuis la sixième c'est compliqué en maths, ce qui est la meilleure façon de se ramasser des murs bien violents. Ben non en fait : si t'es une quiche en maths, tu seras jamais ingénieur, c'est très triste sur le coup mais c'est la vie et c'est pas grave. Et il vaut mieux faire une croix et passer à autre chose, que de passer toute sa scolarité à se prendre des 4/20 en maths.
ça va donc faire, quoi ? Cinq, six ans ? que je vois des élèves qui pleurent en classe, dans les couloirs, chez les CPE ou à la vie scolaire. Ben oui, papa et maman ont voulu que Chouchou ait un "projet", un foutu projet, déconnecté des réalités de Chouchou, donc Chouchou est en première générale avec spé maths (qui ouvre les portes à tout), sauf que Chouchou est en grande difficulté, Chouchou se ramasse des notes pourries à longueur de journée, papa et maman continuent de dire à Chouchou qu'il a les capacités et qu'il peut réussir quand il aura le déclic, sauf que le déclic, il vient pas, et que le mur, là, il se rapproche dangereusement. Chouchou est pas idiot mais Chouchou craque, et je peux le comprendre.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Mais il se trouve que les données épidémiologiques indiquent clairement la réalité du problème : environ 11% des moins de 14 ans ont des troubles entre transitoires et sévères... Soit un petit tiers de plus par rapport à 2010. (On peut soit choisir de le prendre en compte et essayer d'agir, soit choisir de l'ignorer et ne rien faire. Question : qu'est-ce que nos responsables politiques ont choisi de faire ? Question subsidiaire : en vertu de quel mobile ?)
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Si tu vales valeo.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Elaïna a écrit:Pour ma part, je suis persuadée que c'est en grande partie liée à l'obsession de nos sociétés libérales pour "le projet". Un élève n'a jamais le temps d'être seulement un apprenant, il doit être acteur de son propre savoir, de son orientation, etc. Mais c'est un peu partout pareil : dans les couples, il faut en permanence avoir des projets, je suis toujours très surprise d'entendre les gens autour de moi ne parler de leur couple que sous cette forme : on ne voyage, pas, on n'achète pas son toit pour vivre, on n'a pas des enfants ou un travail, mais on fait un projet voyage, projet maison, projet bébé, projet de nouveau step professionnel.
Alors on a ce décalage entre des élèves qui restent des gamins (et oui à 15, 16 ans, on est un gamin) et à qui on demande de se comporter comme des adultes avec tous les soucis qui vont avec. Et en plus, en obligeant les élèves à se projeter, on amplifie le décalage entre leurs désirs et la réalité.
On en connaît même certains qui ont eu un "projeeet" pour la France qui n'a pas donné exactement tous les résultats escomptés.
Sinon, je suis globalement d'accord avec toi. Mais tu fais bien de préciser "nos sociétés libérales", parce que le mal-être des jeunes n'est pas limité à la France.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2020/05/19/la-sante-mentale-des-jeunes-se-degrade-en-europe_6040102_1651302.html
https://fr.euronews.com/sante/2024/09/29/le-royaume-uni-est-designe-comme-le-pays-le-plus-malheureux-pour-les-enfants-comment-expli
euronews a écrit:L'Europe, et plus particulièrement l'Union européenne, est considérée comme l'une des régions les plus prospères du monde. Pourtant, malgré cette prospérité, de nombreux jeunes à l'intérieur de ses frontières sont confrontés à une baisse croissante de leur bien-être, avec des préoccupations grandissantes en matière de santé mentale.
[...]
Le rapport 2024 Good Childhood Report révèle qu'en moyenne, 16,6 % des jeunes Européens ne sont pas satisfaits de leur vie, ce qui équivaut à environ un jeune sur six sur le continent.
On peut remarquer d'ailleurs que selon les données récoltées dans le cadre de PISA 2022, la situation française ne ferait pas partie des pires.
- BaldredSage
@ETO
Je dirais.... ultralibéralisme ? Et son corollaire d'affaiblissement programmé du service public au service des plus faibles. Ça date de Sarkozy au moins ?
Je dirais.... ultralibéralisme ? Et son corollaire d'affaiblissement programmé du service public au service des plus faibles. Ça date de Sarkozy au moins ?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Je pense aussi que le motif est celui de la recherche du profit à (très) court terme. Ainsi qu'une dose de stupidité difficile à évaluer.
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Si tu vales valeo.
- IridianeFidèle du forum
Je suis désolée, je n'ai pas eu le temps de tout lire et j'arrive après la guerre (c'est bien le cas de le dire) mais je reviens sur l'échange entre BeaverForever et Lady Olenna pour dire que 1/ je suis entièrement d'accord avec Lady Olenna (la fin de l'humanité, je ne pense pas que ce sera de mon vivant mais je ne pense pas que ça tarde non plus, et alors les scientifiques qui vont nous sauver du changement climatique, laissez moi bien rigoler. Je ne veux pas d'enfants pour plein d'autre raisons mais si j'en voulais clairement j'y réfléchirais à deux fois) ; 2/ on vit dans une société d'abondance ? Il faut dire ça à mes étudiants dont beaucoup peinent à manger à leur faim parce qu'ils n'ont pas un rond (sans même parler des gens en situation de précarité en général). Je pense que si on leur explique que tout va bien, on n'a jamais été aussi riches et de quoi se plaignent-ils puisqu'il n'y a pas de guerre dangereuse ahahah, ils vont bien se marrer.
- DesolationRowEmpereur
Je ne suis pas sûr que les deux propositions "nous vivons dans une société d'abondance" et "certains étudiants ne mangent pas à leur faim" sont exclusives... malheureusement.
- IridianeFidèle du forum
DesolationRow a écrit:Je ne suis pas sûr que les deux propositions "nous vivons dans une société d'abondance" et "certains étudiants ne mangent pas à leur faim" sont exclusives... malheureusement.
Bien sûr ! Mais du coup, l’argument de la société d’abondance n’a absolument rien à voir avec le schmilblick.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Je me permets d’ajouter à l’éco-anxiété — dont les causes ne se limitent pas au dérèglement climatique mais englobent aussi la biodiversité et quelques autres limites planétaires d’ores et déjà dépassées… — ce que j’appelle la démo-anxiété.
Les jeunes qui vont mal autour de moi sont plutôt beaucoup plus lucides que la majorité des adultes, pas tellement centré·es sur leur nombril mais plutôt sur le désespoir de voir l’humanité agir globalement en dépit de toute prudence et raison — je suppose que le déni est une des réponses de l’âge adulte, quand on ne parvient pas à articuler «pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté».
Il est certain que nous sommes tous et toutes responsables quand nous nous concentrons sur ce qui va mal et que nous oublions de regarder et de mettre en avant toutes les initiatives enthousiasmantes qui pourraient donner foi en l’avenir (allez, le premier qui me passe par la tête, Bergère de France qui devient une scop à son tour). C’est aussi de l’hygiène mentale quotidienne, tout en ayant conscience d’un océan de dangers réels (régimes autoritaires, capitalisme de surveillance, criminalisation des militants, guerres, catastrophes de plus en plus fréquentes et violentes et de moins en moins «naturelles», extinction des espèces, raréfaction des ressources…), que de s’offrir des respirations et de prendre soin des quelques gouttes d’espoir qui existent ici et là, pour qu’elles puissent diffuser… sans oublier les vraies joies que l’on trouve, tout simplement, à créer, confectionner, et/ou à partager.
Mais ce sont des solutions DIY alors que le problème est, à mon avis, en grande partie politique.
L’envie d’avoir moi-même des enfants m’a passé, en effet ; j’ai la quarantaine et je trouve le travail harassant. Soutenir mes beaux-enfants, ados et jeunes adultes, dans un monde où iels peinent à trouver du sens et à se projeter, est déjà un travail de Sysiphe ; contrer le discours anti-humaniste relayé par toutes les fictions catastrophistes, défendre la confiance en l’entraide, collecter et diffuser toutes les alternatives ou futurs désirables est devenu un de mes principaux devoirs vis-à-vis de mes élèves… mais prendre l’entière responsabilité d’ajouter une détresse à toutes celles qui existent, je jette l’éponge
Les jeunes qui vont mal autour de moi sont plutôt beaucoup plus lucides que la majorité des adultes, pas tellement centré·es sur leur nombril mais plutôt sur le désespoir de voir l’humanité agir globalement en dépit de toute prudence et raison — je suppose que le déni est une des réponses de l’âge adulte, quand on ne parvient pas à articuler «pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté».
Il est certain que nous sommes tous et toutes responsables quand nous nous concentrons sur ce qui va mal et que nous oublions de regarder et de mettre en avant toutes les initiatives enthousiasmantes qui pourraient donner foi en l’avenir (allez, le premier qui me passe par la tête, Bergère de France qui devient une scop à son tour). C’est aussi de l’hygiène mentale quotidienne, tout en ayant conscience d’un océan de dangers réels (régimes autoritaires, capitalisme de surveillance, criminalisation des militants, guerres, catastrophes de plus en plus fréquentes et violentes et de moins en moins «naturelles», extinction des espèces, raréfaction des ressources…), que de s’offrir des respirations et de prendre soin des quelques gouttes d’espoir qui existent ici et là, pour qu’elles puissent diffuser… sans oublier les vraies joies que l’on trouve, tout simplement, à créer, confectionner, et/ou à partager.
Mais ce sont des solutions DIY alors que le problème est, à mon avis, en grande partie politique.
L’envie d’avoir moi-même des enfants m’a passé, en effet ; j’ai la quarantaine et je trouve le travail harassant. Soutenir mes beaux-enfants, ados et jeunes adultes, dans un monde où iels peinent à trouver du sens et à se projeter, est déjà un travail de Sysiphe ; contrer le discours anti-humaniste relayé par toutes les fictions catastrophistes, défendre la confiance en l’entraide, collecter et diffuser toutes les alternatives ou futurs désirables est devenu un de mes principaux devoirs vis-à-vis de mes élèves… mais prendre l’entière responsabilité d’ajouter une détresse à toutes celles qui existent, je jette l’éponge
- almuixeNeoprof expérimenté
uneodyssée a écrit:Je me permets d’ajouter à l’éco-anxiété — dont les causes ne se limitent pas au dérèglement climatique mais englobent aussi la biodiversité et quelques autres limites planétaires d’ores et déjà dépassées… — ce que j’appelle la démo-anxiété.
Les jeunes qui vont mal autour de moi sont plutôt beaucoup plus lucides que la majorité des adultes, pas tellement centré·es sur leur nombril mais plutôt sur le désespoir de voir l’humanité agir globalement en dépit de toute prudence et raison — je suppose que le déni est une des réponses de l’âge adulte, quand on ne parvient pas à articuler «pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté».
Il est certain que nous sommes tous et toutes responsables quand nous nous concentrons sur ce qui va mal et que nous oublions de regarder et de mettre en avant toutes les initiatives enthousiasmantes qui pourraient donner foi en l’avenir (allez, le premier qui me passe par la tête, Bergère de France qui devient une scop à son tour). C’est aussi de l’hygiène mentale quotidienne, tout en ayant conscience d’un océan de dangers réels (régimes autoritaires, capitalisme de surveillance, criminalisation des militants, guerres, catastrophes de plus en plus fréquentes et violentes et de moins en moins «naturelles», extinction des espèces, raréfaction des ressources…), que de s’offrir des respirations et de prendre soin des quelques gouttes d’espoir qui existent ici et là, pour qu’elles puissent diffuser… sans oublier les vraies joies que l’on trouve, tout simplement, à créer, confectionner, et/ou à partager.
Mais ce sont des solutions DIY alors que le problème est, à mon avis, en grande partie politique.
L’envie d’avoir moi-même des enfants m’a passé, en effet ; j’ai la quarantaine et je trouve le travail harassant. Soutenir mes beaux-enfants, ados et jeunes adultes, dans un monde où iels peinent à trouver du sens et à se projeter, est déjà un travail de Sysiphe ; contrer le discours anti-humaniste relayé par toutes les fictions catastrophistes, défendre la confiance en l’entraide, collecter et diffuser toutes les alternatives ou futurs désirables est devenu un de mes principaux devoirs vis-à-vis de mes élèves… mais prendre l’entière responsabilité d’ajouter une détresse à toutes celles qui existent, je jette l’éponge
Une fois de plus, je suis totalement d'accord avec toi uneodyssee. Pour contrer la morosité actuelle, il faut du lien et de la joie, des rencontres ce qui était la définition de la fête pour Brel. Mais avec la place démesurée que les écrans occupent et le lycée organisé comme le grand lieu de la compétition de tous par tous pour satisfaire le moloch parcoursup, c'est maintenant bien difficile d'offrir cela aux jeunes.
PS : super nouvelle pour Bergère de France, je ne savais pas.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- egometDoyen
LadyOlenna a écrit:Ben oui moi je fais partie de ceux qui n'ont pas fait d'enfants parce que je n'ai pas foi en l'avenir, je suis même convaincue que je risque de voir la fin de l'humanité de mon vivant. Problèmes climatiques, sécheresses à venir et conflits pour l'eau, réfugiés climatiques et donc conflits potentiels pour les terres, pollution, famines, incendies. Il faut être dans un déni de réalité pour balayer tout ça d'un revers de la main.beaverforever a écrit:Ben, en fait, c'est une question que je trouve fascinante. Comment des personnes qui ont tout (ou presque) : la paix, la prospérité, le confort, la santé, la culture et les loisirs font-ils pour être persuadés qu'ils vivent dans un monde horrible et invivable ?Iridiane a écrit:De quoi se plaignent-ils, ces privilégiés ?
L'exemple que je trouve le plus étonnant c'est "Je ne fais pas d'enfant pour lui épargner de vivre dans un tel monde". C'est très bizarre. Même avec le changement climatique, je ne vois pas comment les conditions de vie pourraient être pires qu'au XVIIIe siècle en Europe par exemple, période où pas grand monde ne développait un discours du type "Ce monde est trop horrible, je ne vais pas faire d'enfant pour lui épargner de souffrir."
(Enfin, je crois. S'il y avait un mouvement anti-nataliste à cette époque avec ce type d'argumentation, cela m'intéresse de l'apprendre.)
- Spoiler:
Tiens, je regardais une vidéo sur l'activité physique l'autre jour, qui disait que les sédentaires occidentaux avaient la même dépense énergétique moyenne que les chasseurs cueilleurs (donnée particulièrement contre-intuitive, quand même). Et elle suggérait qu'en gros le corps serait programmé pour dépenser ces 2 000 kilocalorie/jour quoiqu'il arrive, et que ce qui n'est pas dépensé en activité musculaire est dépensé en stress et en inflammation. Bon, je ne sais pas trop quoi en penser, mais je trouve l'idée intéressante : pour réduire le stress des jeunes, faites les courir 60 mn par jour !
Quand je vois ce fil, je me dis que j'ai de la chance de vivre dans un pays où l'on n'est pas démoralisé et où l'on fait encore des enfants.
Le progrès, je le constate tous les jours au Cambodge depuis 7 ans. Quand ma femme était enfant, sa famille n'avait ni téléphone, ni moyen de transport motorisé. Je ne m'étendrai pas sur ce qu'ont pu vivre mes beaux-parents dans leur adolescence. Quand je leur rends visite, on dort tous dans la salle commune, on se lave avec l'eau contenue dans des grands pots de terre (je déteste ça). Chez d'autres membres de la famille, la plomberie n'est pas toujours très bonne mais elle existe. Les maisons qui se construisent maintenant ont une douche/toilette pour chaque chambre, et ce n'est pas un rêve réservé à une élite, mais la norme pour les classes moyennes. Tout le monde a un smartphone, et il n'y a plus que les étrangers pour se déplacer en vélo. Les adolescents viennent au lycée en moto. Le premier pont sur le Mékong a été construit il y a un peu plus de 20 ans, la première autoroute l'année dernière. Les grandes surfaces se construisent un peu partout.
Certes, il y a encore de la pauvreté au Cambodge, ça reste un des pays les plus pauvres d'Asie, mais c'est une pauvreté du XXIe siècle. On peut légitimement s'inquiéter de la qualité de l'enseignement, mais l'enseignement primaire est maintenant accessible à tous les enfants (alors qu'après les Khmers rouges, le nombre de professeurs survivants se comptait en centaines). On peut s'inquiéter de la corruption généralisée, notamment chez les policiers, mais les rues sont sûres. On ne s'en rend pas compte car on est resté sur des schémas de pensée paternalistes issus de la décolonisation, mais le monde avance à une vitesse folle. On pourrait perdre son temps à constater que tout n'est pas parfait, en oubliant de mesurer le chemin parcouru.
Dans les débats de société, ce serait bien d'avoir un minimum de profondeur historique. Echec scolaire? Il n'y a jamais eu autant de diplômés! Reproduction sociale? Qui fait le même métier que ses parents? Il n'est pas bon de se comparer à une utopie. Regardez simplement si les choses s'améliorent. Les niveaux de vie, même en France, sont meilleurs que dans notre enfance.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Fiche activité bonne santé mentale
- Qu'est-ce qui motive les universités à s'intéresser à la santé mentale des étudiants ?
- Une nouvelle organisation territoriale de santé
- Tribune dans "Le Monde" : "L'exposition des jeunes enfants aux écrans est devenue un enjeu de santé publique majeur"
- Olivier Galland, sociologue : "Sortons d'un discours misérabiliste. La plupart des jeunes se disent heureux et en bonne santé".
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