Face aux déficits, la mobilisation de présidents d'université

L'autre jour, j'ai vu passer une photo de présidents d'université sous la neige devant les grilles du ministère.

Spoiler:

Le Monde s'en fait l'écho:

L’image est inédite : une trentaine de présidents et présidentes d’université qui, sous la neige le 21 novembre à midi, convergent vers le ministère de l’enseignement supérieur, bien décidés à être reçus par le ministre avec qui ils n’avaient pourtant pas rendez-vous.

Voilà que le site de France Universités se pare de rouge et de noir:

https://franceuniversites.fr/actualite/universites-attention-danger/

Avec une revue de presse des articles consacrés à ce que des universités comptent mettre en place sans aide du ministère:
-- réduction de capacités d'accueil (bon, vu que Parcoursup ouvre prochainement, je ne vois pas bien comment);
-- non ouverture de certaines formations;
-- fermetures d'offres dans des antennes ou pôles, voire fermeture des antennes;
-- fermeture/réduction de bibliothèques universitaires;
...
On trouve par exemple des précisions dans le communiqué de l'université de Lorraine: https://www.univ-lorraine.fr/wp-content/uploads/2024/11/cp_ul_universites_attention_danger_nov_2024.pdf

On peut comprendre certaines revendications du communiqué de ''l'université de Lorraine''.
Cependant, il est regrettable que des ''Universitaires'' menacent en cette période décisive et difficile, les élèves de nos classes de Terminales de moins de places sur Parcoursup.

Les collègues du Supérieur devraient se concerter et collaborer plus avec nous pour la préparation de nos élèves qui sont leurs futurs étudiants.

En même temps des menaces et des grèves qui gênent personne ça ne fait pas grand bruit. Ces menaces servent justement à faire réagir.

You a écrit:
Les collègues du Supérieur devraient se concerter et collaborer plus avec nous pour la préparation de nos élèves qui sont leurs futurs étudiants.

Je ne vois absolument pas le rapport mais cela peut faire l'objet d'autres fils si tu veux en ouvrir sur le sujet.

Edit: J'ajoute que la menace Parcoursup est la moins crédible, sauf à avoir le soutien total des rectorats puisque ce sont eux qui fixent les capacités d'accueil sans se soucier le moins du monde des capacités à mettre des enseignants et enseignants-chercheurs devant les futurs étudiants (par ex, nous, la capacité d'accueil fixée par le rectorat, si on l'atteignait, nous conduirait à six groupes de TD à 45 étudiants chacun en L1 alors qu'on ne peut pas faire cours à plus de trois groupes à 45 avec les titulaires, et non titulaires dont nous disposons, tous au-delà de leurs heures statutaires). Chaque demande de réduction est donc avant tout un bras de fer avec le rectorat.

You a écrit:On peut comprendre certaines revendications du communiqué de ''l'université de Lorraine''.
Cependant, il est regrettable que des ''Universitaires'' menacent en cette période décisive et difficile, les élèves de nos classes de Terminales de moins de places sur Parcoursup.

Les collègues du Supérieur devraient se concerter et collaborer plus avec nous pour la préparation de nos élèves qui sont leurs futurs étudiants.

Les méchants universitaires qui menacent les pauvres élèves de terminale… j’étais pas prête. Il n’est plus l’heure d’ouvrir ce forum décidément, je vais aller me coucher

Ergo a écrit:

You a écrit:
Les collègues du Supérieur devraient se concerter et collaborer plus avec nous pour la préparation de nos élèves qui sont leurs futurs étudiants.

Je ne vois absolument pas le rapport mais cela peut faire l'objet d'autres fils si tu veux en ouvrir sur le sujet.

Edit: J'ajoute que la menace Parcoursup est la moins crédible, sauf à avoir le soutien total des rectorats puisque ce sont eux qui fixent les capacités d'accueil sans se soucier le moins du monde des capacités à mettre des enseignants et enseignants-chercheurs devant les futurs étudiants (par ex, nous, la capacité d'accueil fixée par le rectorat, si on l'atteignait, nous conduirait à six groupes de TD à 45 étudiants chacun en L1 alors qu'on ne peut pas faire cours à plus de trois groupes à 45 avec les titulaires, et non titulaires dont nous disposons, tous au-delà de leurs heures statutaires). Chaque demande de réduction est donc avant tout un bras de fer avec le rectorat.

Mon université à utiliser cette menace il y a 3 ans avec d'autres arguments sur le taux d'encadrement faible. Première réponse du rectorat si vous faites ça on ouvrira pas Parcoursup pour vos formations. On voit que le dialogue est "intelligent". Au final, comme l'ensemble des composantes avaient signé, en disant qu'elles diminueraient les capacités d'accueil, le rectorat a dégelé 3 ou 4 postes sur toute l'université. C'est pas grand chose mais déjà ça.

Par contre, la menace de fermer certaines formulations, comment dire, le ministère doit se frotter les mains puisque c'est ce qu'il réclame depuis plusieurs années.

Mon université l'a fait aussi, avec mobilisation des étudiants dans un cas, pas de rentrée, et des trucs comme ça qui ont ete assez efficaces. Les collègues voulaient baisser la capacité d'accueil de 40% pour coller à leur taux d'encadrement (et pas d'heure comp). Finalement la baisse a été moindre mais pas négligeable. Et plus d'un tiers des étudiants d'une de ces formations viennent d'autres académies où ils sont refusés parce que les capacités d'accueil sont plus basses que les nôtres.

Pour les formations, certaines peuvent ne pas ouvrir faute d'enseignant dans les spécialités (on ne peut pas tout neutraliser tout le temps, même si...). Et pour les antennes, je suis curieuse, vu le poids politique de certaines villes d'antenne qui refusent des fermetures depuis des années.

Tout cela dit, je suis toutefois fort contente qu'ils lancent ces menaces (pour une fois que ce n'est pas nous qui crions dans le vide).

Mmmm… Je ne peux guère m'empêche de marmonner : il était temps (à moins, justement, qu'il ne soit plus temps).

Et l'idée suivant laquelle le mal principal serait le “manque de concertation de la part des collègues du supérieur”, comment dire… Ah, si, tiens, voilà : l'avantage considérable dans cette manière de voir les choses, c'est que cela dédouane entièrement le MESRI et les Rectorats, ainsi que tous les gouvernements successifs depuis au moins deux décennies. Ce qui n'est pas une mince affaire.
Je n'y avais pas pensé, mais maintenant qu'on me le dit c'est évident : c'est ma faute et celle de mes collègues.

epekeina.tes.ousias a écrit:Mmmm… Je ne peux guère m'empêche de marmonner : il était temps (à moins, justement, qu'il ne soit plus temps).

Ah, la tentation du "on vous l'avait bien dit, non ?" est très très grande (d'autant plus qu'ici, le président, qui était bien devant les grilles et qui râle, et qui dit qu'il refusera tout plan de redressement, était déjà président quand les collègues de l'époque s'étaient mobilisés en vain contre l'autonomie -- et autant dire qu'à l'époque, il ne les avait pas vraiment suivis pour euphémiser...).

Mais bon, l'orchestre a le droit de jouer même quand il est trop tard.

Oui, on verra bien s'ils nous font un remake du Titanic ou plutôt celui de la Dernière Croisade d'Indiana Jones…

Fermeture, banalisation des cours, assemblée générale, rassemblement ou autres actions symboliques… Plusieurs établissements mèneront différentes actions le 3 décembre 2024, à l’occasion d’une "journée de mobilisation nationale 'universités en danger'", apprend AEF info le 29 novembre 2024.

Pour marquer les esprits, l’université de Lille a décidé de fermer ses portes le mardi 3 décembre et de "fonctionner comme un jour férié en pleine semaine". [...] Concrètement, aucun cours, réunion ou échange professionnel ne sera organisé. Les personnels Biatss (titulaires ou contractuels) ne travailleront pas : leur absence sera enregistrée comme justifiée, sans incidence sur leurs congés. Les heures de cours des enseignants, y compris vacataires, seront considérées comme effectuées.

En Île-de-France, plusieurs présidentes et présidents d’établissements du supérieur devraient également se mobiliser le 3 décembre et organiser une conférence de presse suivie d’une action symbolique en Sorbonne.

https://www.aefinfo.fr/depeche/722137-budget-plusieurs-universites-participeront-a-une-journee-de-mobilisation-nationale-le-3-decembre

Malheureusement, il y a aussi des présidents qui pratiquent le coup de Jarnac avec une forme de virtuosité : ainsi de la présidence de l'Université de Reims qui, si mes informations sont justes, aurait décrété brutalement ce vendredi la fermeture de la filière LCA, sans négociation aucune avec les enseignants-chercheurs de latin et de grec concernés. Le ministère doit se frotter les mains de trouver des relais aussi dociles pour faire des économies et supprimer toutes ces formations si coûteuses et, comme chacun sait, parfaitement inutiles. L'effet "Black Friday", probablement : on liquide, on liquide tout !


Où l'on constate une nouvelle fois les bienfaits de la réforme Pécresse sur "l'autonomie des universités", qui a conféré tant de pouvoirs à un seul gus. Si le gus en question a un penchant à la servilité, ça peut être rapidement très dangereux. J'espère que les collègues rémois vont trouver des soutiens et réussiront à sauver leur filière.

Toujours la même histoire, dans le fond. On voit arriver des spécialistes de sciences de la nature, des végétaux ou d'autre chose qui, conscients de leurs responsabilités, égorgent les lettres classiques : à quoi bon le latin par temps de crise (du sanskrit, en pleine guerre, s'exclamait l'un des personnages du Sang noir en désignant Cripur…).